Test DVD / Mob Land, réalisé par Nicholas Maggio

MOB LAND réalisé par Nicholas Maggio, disponible en DVD le 23 août 2024 chez Program Store.

Acteurs : John Travolta, Shiloh Fernandez, Stephen Dorff, Kevin Dillon, Ashley Benson, Tia DiMartino, Timothy V. Murphy, Robert Miano…

Scénario : Nicholas Maggio & Rob Healy

Photographie : Nick Matthews

Musique : David Gerald Steinberg

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Un shérif tente de maintenir la paix lorsqu’un père de famille désespéré braque violemment une fabrique de pilules avec son beau-frère, alertant ainsi un homme de main de la mafia de la Nouvelle-Orléans.

Tiens mais oui au fait, il devient quoi John Travolta ? Au-delà du fait que le comédien ait été salement touché par le destin en perdant de façon prématurée son épouse Kelly Preston en 2020 (à l’âge de 57 ans) et leur premier fils en 2009 (disparu à 16 ans de maladie), son dernier succès au cinéma remonte déjà à 2012, avec Savages d’Oliver Stone. Depuis, l’ancien Tony Manero et Danny Zuko n’a eu de cesse d’enchaîner les panouilles dans quelques DTV peu reluisants (euphémisme). Peu se souviennent (et à raison) de Face à Face Killing Season de Mark Steven Johnson dans lequel il donne la réplique (avec un accent à couper au couteau de chasse) à Robert De Niro, du pourtant sympatoche The Revenge I Am Wrath de Chuck Russell, de l’improbable La Victoire dans le sangTrading Paint de Karzan Kader où il a pour partenaire la chanteuse Shania Twain et qui lui vaudra une nomination aux Razzie Awards, de l’immonde The Poison Rose de George Gallo où Morgan Freeman ressemble à un épouvantail mal cousu. À 70 piges, l’ami John, après avoir partagé l’affiche de Paradise City avec Bruce Willis, paraît reprendre le flambeau de ce dernier ainsi que la même éponge pour coiffer son crâne luisant, qu’il accepte enfin de montrer à l’écran (et qu’il ne recouvre plus d’un hérisson écrasé) avec Mob Land, dans lequel il n’apparaît que comme une guest-star de luxe, en pointillés, en laissant la place principale à ses confrères. Bruce Willis ayant raccroché après avoir tourné plus de trente films en dix ans (quasiment tous destinés à la VOD) et prenant un repos bien mérité auprès des siens qui l’aident dans son aphasie, John Travolta continue son bonhomme de chemin et vient d’ailleurs d’emballer deux thrillers avec le dénommé Randall Emmett, habituellement producteur de multiples williseries (la trilogie Detective Knight, 10 Minutes Gone et bien d’autres). Mais pour l’heure, il participe à Mob Land, premier long-métrage écrit et mis en scène par un certain Nicholas Maggio (inconnu au bataillon), où il incarne le shérif d’une petite bourgade du Sud des États-Unis, touchée par les affaires de la mafia de la Nouelle-Orleans. Si l’histoire rappelle (de loin) les récits de James Lee Burke, notamment la saga Dave Robicheaux, Mob Land (production Corey Large, autre responsable de williseries comme Gasoline Alley, Vendetta, White Elephant) est complètement anecdotique, pas folichon, ni calamiteux, passe le temps sans se forcer et ce grâce à la participation de l’excellent Stephen Dorff, dont le personnage prend de l’ampleur au fur et à mesure, au point de voler la vedette. Il est incontestablement le gros atout de ce film qui s’autodétruit immédiatement de votre mémoire sitôt le déroulé du générique de fin.

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Test Blu-ray / Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, réalisé par Sergio Martino

TON VICE EST UNE CHAMBRE CLOSE DONT MOI SEUL AI LA CLÉ (Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Edwige Fenech, Anita Strindberg, Luigi Pistilli, Ivan Rassimov, Angela La Vorgna, Enrica Bonaccorti, Daniela Giordano, Ermelinda De Felice, Marco Mariani, Nerina Montagnani, Franco Nebbia…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Adriano Bolzoni & Sauro Scavolini, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Oliviero est un ancien grand écrivain qui a perdu son inspiration et vit dans une ferme avec sa femme, tandis que sa mère décédée domine son existence et son imagination. Parallèlement, il a des liaisons avec une ancienne écolière et la servante de leur maison. Lorsque son ancienne élève est retrouvée assassinée, la police le considère comme le suspect numéro un. Les choses se compliquent encore lorsque sa jeune, belle et confiante nièce, Floriana, vient vivre avec eux. Au milieu de tout cela, le chat noir d’Oliviero, qui fait horreur à sa femme Irène, joue un rôle curieux.

Dernier volet de la trilogie informelle dite « du vice » avec Edwige Fenech dirigée par Sergio Martino, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la cléIl tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (ou L’Œil du chat noir, ou bien encore L’Escalade de l’horreur) est mis en route immédiatement après Toutes les couleurs du viceTutti i colori del buio, la sortie des deux films n’étant espacée que de six mois seulement en Italie. Autant dire que le scénariste Ernesto Gastaldi, alors très occupé (huit films qu’il a écrit sortent en 1972, dont Amigo!… Mon colt a deux mots à te dire de Maurizio Lucidi, Les Rendez-vous de Satan de Giuliano Carnimeo et La Mort caresse à minuit de Luciano Ercoli), a parfois été moins inspiré et c’est étrangement le cas pour Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe. Le scénariste le reconnaîtra d’ailleurs lui-même, il s’agit là sans doute d’un des opus les plus faibles de son réalisateur, quand bien même celui-ci réserve quelques bons moments. Mais ils sont bien trop dispersés et l’ensemble manque cruellement d’originalité, surtout après la transposition de Roger Corman sortie dix années auparavant, la nouvelle de Poe ayant aussi déjà été adaptée en 1934 par Edgar G. Ulmer dans le cadre des Universal Monsters et le sera encore après par Lucio Fulci en 1981 (et 1977 si l’on compte aussi L’Emmurée vivante) et Dario Argento dans l’une des deux parties de Deux Yeux maléfiques (1990). Rétrospectivement, Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave n’a du giallo post-L’Oiseau au plumage de cristal que son tueur ganté, vêtu d’un chapeau, d’un imperméable et armé d’une lame courbée, car le dit assassin est expédié après cinquante minutes plutôt poussives. C’est alors qu’entre enfin en scène Edwige Fenech (au bout d’une demi-heure pour être exact), qui relance la machine et dont le personnage et les motivations renvoient au genre plus classique, nappé d’horreur gothique. Il faut donc attendre patiemment pour que l’histoire démarre, faire avec des protagonistes très antipathiques (à ce jeu-là, Anita Strindberg et Luigi Pistilli sont impeccables, car imbuvables) qui prennent un malin plaisir à s’humilier en permanence, même si le final s’avère décevant car trop prévisible. Demeure « la Fenech » comme on disait en Italie, qui explose une fois de plus l’écran de son talent et de son insolente sensualité.

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Test Blu-ray / Toutes les couleurs du vice, réalisé par Sergio Martino

TOUTES LES COULEURS DU VICE (Tutti i colori del buio) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : George Hilton, Edwige Fenech, Ivan Rassimov, Julián Ugarte, George Rigaud, Maria Cumani Quasimodo, Nieves Navarro, Marina Malfatti, Luciano Pigozzi…

Scénario : Ernesto Gastaldi & Sauro Scavolini

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Victime d’un traumatisme dans son enfance, Jane est sujette à des cauchemars où elle se voit la proie d’un meurtrier. De plus, elle croit reconnaître cet assassin dans la personne d’un inconnu qui semble la suivre. Sa soeur Barbara lui conseille de consulter un psychiatre. Jane, entraînée par une nouvelle voisine, s’adonne à des pratiques de sorcellerie avant d’être reprise en main par le psychiatre qui la confie à un couple âgé à la campagne. Ses protecteurs ayant été tués, Jane menace de sombrer dans une dépression et songe au suicide. Son amant arrive cependant à déceler dans ces divers incidents un complot criminel ourdi pour priver Jane d’un héritage.

Sergio Martino-Edwige Fenech deuxième ! Ciak motore ! Azione ! Après le triomphe international de L’Étrange Vice de Madame Wardh, le réalisateur enchaîne avec un autre giallo, La Queue du scorpionLa Coda dello scorpione, interprété par George Hilton et la suédoise Anita Strindberg, Edwige Fenech venant de mettre au monde son unique enfant et devant alors laisser sa place à sa consœur. Qu’à cela ne tienne, la belle Edwige revient pour Toutes les couleurs du vice (ou L’Alliance invisible, titre d’exploitation hexagonal à sa sortie), sorte de relecture italienne de Rosemary’s Baby, qui imprègne non seulement le scénario d’Ernesto Gastaldi et Sauro Scavolini (Le Cynique, l’infâme, le violent, Amour et mort dans le jardin des dieux, Cité de la violence), mais aussi la mise en scène même de Sergio Martino, alors sous influence. Cette référence forcément avouée se retrouve même dans le décor principal, celui de la résidence de Jane, immeuble édouardien, qui rappelle fortement le Dakota Building où se déroule le chef d’oeuvre de Roman Polanski. Voulant sans cesse se renouveler, malgré les difficultés liées au genre qui demandait de respecter un cahier des charges établi dans le but de livrer aux spectateurs ce qu’ils étaient venus chercher en payant leur place de cinéma, Sergio Martino parvient à tirer son épingle du jeu, tout en reprenant les mêmes ingrédients ou presque de son modèle. En renouant avec le même trio vedette de L’Étrange Vice de Madame Wardh, Edwige Fenech, George Hilton et Ivan Rassimov, le cinéaste emmène son public et ses protagonistes sur un territoire pour le moment peu exploré, en mêlant mystère, magie et épouvante, en entremêlant le rêve et la réalité, en faisant progressivement disparaître la frontière friable entre les deux dimensions, afin de mettre en relief la psyché perturbée de son personnage central. Encore une immense réussite imputable aussi bien au réalisateur qu’à ses scénaristes.

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Test Blu-ray / L’Étrange Vice de Mme Wardh, réalisé par Sergio Martino

L’ÉTRANGE VICE DE MADAME WARDH (Lo strano vizio della Signora Wardh) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : George Hilton, Edwige Fenech, Conchita Airoldi, Manuel Gil, Carlo Alighiero, Ivan Rassimov, Alberto de Mendoza…

Scénario : Vittorio Caronia, Ernesto Gastaldi & Eduardo Manzanos Brochero

Photographie : Emilio Foriscot

Musique : Nora Orlandi

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Julie Wardh cache un secret derrière sa vie bourgeoise et son extraordinaire beauté. Pendant un séjour à Vienne avec son mari, elle doit faire face à son vice qu’elle croyait enterré dans son passé. Un mystérieux tueur au rasoir cherche à la tuer et sème la terreur dans la ville.

C’est clairement une étape, un film matriciel, une pierre angulaire. L’Étrange Vice de Madame WardhLo strano vizio della signora Wardh est le premier giallo de Sergio Martino (né en 1938), emblématique réalisateur du cinéma d’exploitation italien. Quelques titres en vrac ? Le Continent des hommes poissons L’Isola degli uomini pesce (1979), Le Grand alligator Il Fiume del grande caimano (1979), La Montagne du dieu cannibale La Montagna del dio cannibale (1978), Mort suspecte d’une mineureMorte sospetta di una minorenne (1975), Rue de la violenceMilano trema: La polizia vuole giustizia (1973), 2019 après la chute de New York 2019 – Dopo la caduta di New York (1983)…Il y en a tant, il y en a d’autres…Mais ce que les fans retiendront donc surtout en priorité de Sergio Martino, ce sont ses gialli. En l’espace de trois années, de 1971 à 1973, le cinéaste va signer cinq fleurons du genre, L’Étrange Vice de madame Wardh Lo Strano vizio della Signora Wardh, La Queue du scorpionLa Coda dello scorpione, Toutes les couleurs du vice Tutti i colori del buio, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (dont le titre « apparaît » déjà dans L’Étrange Vice… par l’intermédiaire d’une lettre) et TorsoI corpi presentano tracce di violenza carnale, dont trois avec la sublime Edwige Fenech. Cette dernière, qui sortait de L’Île de l’épouvante5 bambole per la luna d’agosto de Mario Bava, allait voir sa carrière décoller véritablement, au point de devenir une icône du genre alors en pleine explosion, depuis sa remise à neuf par Dario Argento et L’Oiseau au plumage de cristalL’uccello dalle piume di cristallo en 1970. À mi-chemin entre le giallo dit à l’ancienne et celui récemment mis au goût du jour, L’Étrange Vice de Madame Wardh est un savoureux tour de force, aussi passionnant sur le fond que sur la forme, un mètre étalon en la matière, qui réunit tous les ingrédients attendus, les triture, les malaxe, pour livrer aux spectateurs un divertissement haut de gamme qui demeure encore aujourd’hui spectaculaire.

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Test Blu-ray / Retour de manivelle, réalisé par Denys de La Patellière

RETOUR DE MANIVELLE réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Michèle Morgan, Daniel Gélin, Peter van Eyck, Bernard Blier, Michèle Mercier, François Chaumette, Pierre Leproux, Jean Olivier, Hélène Roussel…

Scénario : Denys de La Patellière, d’après le roman de James Hadley Chase

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Maurice Thiriet

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Fréminger, un riche homme d’affaires se suicide après avoir supprimé la clause du suicide de son testament. Sa veuve, Hélène, tente alors de maquiller sa mort en meurtre après avoir fait croire que le défunt est encore en vie. Elle fait appel à Robert, le chauffeur, qui devient son amant. Mais le plan tourne mal…

Quand on évoque la grande carrière de Denys de La Patellière (1921-2013), le cinéphile pense instantanément à ses nombreuses et fructueuses collaborations avec Jean Gabin, six films tournés de 1958 à 1972, des Grandes familles au Tueur, près de 18 millions d’entrées au total. Parmi les autres succès du réalisateur on peut aussi citer son premier long-métrage, Les Aristocrates (2,9 millions), Un taxi pour Tobrouk (4,9 millions) et Retour de manivelle (2 millions). Moins connu que ses autres opus, ce dernier sorti en septembre 1957 apparaît comme un chaînon manquant entre Assurance sur la mort Double Indemnity (1944) de Billy Wilder et Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot. Avouez qu’on a déjà fait pire comme références, surtout que ce thriller dramatique et psychologique parvient sans mal à trouver sa propre identité et ce grâce à un formidable trio d’acteurs au sommet de leur art, Michèle Morgan, Daniel Gélin et Bernard Blier, exceptionnels et qui se délectent des répliques concoctées par Michel Audiard. Une très belle année pour le dialoguiste puisqu’il signait également en même temps celles de Trois Jours à vivre et Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier, Maigret tend un piège de Jean Delannoy et aussi celles des Grandes familles du même Denys de La Petellière. Le cinéaste n’est pas en reste et livre un quasi-huis clos étouffant, prenant du début à la fin, un film noir à la française qui vaut assurément d’être réhabilité.

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Test Blu-ray / La Corruption de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem

LA CORRUPTION DE CHRIS MILLER (La Corrupción de Chris Miller) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, Marisol, Barry Stokes, Perla Cristal, Rudy Gaebel, Gérard Tichy, Alicia Altabella, Mariano Vidal Molina…

Scénario : Santiago Moncada

Photographie : Juan Gelpí

Musique : Waldo de los Ríos

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Années 1970, dans le Pays basque espagnol – Ruth Miller réside dans sa propriété avec sa belle-fille, Chris, psychologiquement instable à la suite d’un viol. Ruth, quant à elle, souffre de névrose après avoir été abandonnée par son mari. Les deux femmes vivent dans un climat de peur, d’autant que, depuis plusieurs mois, la région est le théâtre d’une série de meurtres. Lors d’une nuit d’orage, un vagabond, Barney Webster, vient se réfugier dans la grange des Miller. Après un moment d’hésitation, Ruth l’engage comme homme à tout faire…

Quelle étrange filmographie que celle de Jean Seberg…Après les années 1960 où elle a collaboré avec Claude Chabrol, Philippe de Broca, Robert Rossen, Jean Becker et Jacques Besnard, la comédienne s’exporte à l’international et apparaît dans Airport de George Seaton, La Kermesse de l’Ouest Paint Your Wagon de Joshua Logan, dans lequel elle pousse la chansonnette auprès de Clint Eastwood (énorme four au box-office). Après deux films mis en scène par son compagnon Romain Gary (Les Oiseaux vont mourir au Pérou et Kill), Jean Seberg se promène aussi bien en Italie (Un amour insolite Questa specie d’amore d’Alberto Bevilacqua, Les Tueurs à gages Camorra de Pasquale Squitieri) qu’en Espagne, où elle tourne La Corruption de Chris Miller La Corrupción de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem. Ce giallo ibérique, rejeté par Jean Seberg qui n’accepta le film que pour le gros cachet qu’on lui proposait, est une grande découverte et s’avère même marquant à plus d’un titre. D’une part pour son ambiance étouffante et immersive, d’autre part pour la prestation de son trio vedette, Jean Seberg donc, peu importe ce qu’elle a pu en dire par la suite, Josefa Flores González, plus connue sous le pseudo de Marisol, chanteuse très célèbre dans son pays, et Barry Stokes, impeccable dans la peau de l’énigmatique Barney Webster, qui va s’immiscer dans le quotidien de Ruth Miller et de sa belle-fille Chris…Une expérience cinématographique à part entière, à mi-chemin entre le film de genre et le film d’auteur expérimental.

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Test Blu-ray / Échec au gang, réalisé par Umberto Lenzi

ÉCHEC AU GANG (La Banda del Gobbo) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Tomas Milian, Pino Colizzi, Isa Danieli, Guido Leontini, Solvi Stubing, Luciano Catenacci, Carlo Gaddi, Alessandra Cardini, Sal Borgese…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Federico Zanni

Musique : Franco Micalizzi

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Le criminel italien surnommé le Bossu retourne à Rome après son emprisonnement en Corse. Avec son jeune frère et d’autres complices, il envisage un raid sur un camion blindé. Mais les choses tournent mal.

Outre Nico Giraldi, personnage de flic à la Serpico qu’il a incarné près d’une douzaine de fois de 1976 à 1985, de Flics en jeans Squadra antiscippo à Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay, tous réalisés par Bruno Corbucci, l’autre rôle récurrent ayant largement contribué à la renommée de Tomás Milián en Italie demeure « Poubelle ». Le comédien aura interprété « Er Monnezza » à trois reprises, dans La Mort en sursis Il trucido e lo sbirro (1976) et Échec au gang La Banda del Gobbo (1978) d’Umberto Lenzi et L’Exécuteur vous salue bienLa Banda del trucido (1977) de Stelvio Massi et reste aujourd’hui iconique avec sa chevelure bouclée (la même perruque qu’Alain Delon dans Le Gang sans doute), des yeux surlignés d’eyeliner, ses Adidas claires et sa dégaine de prolo romain, tandis que l’acteur Ferruccio Amendola (également la voix de Robert De Niro, Al Pacino, Sylvester Stallone…) lui apportait son accent et son phrasé inimitables. Échec au gang apparaît comme un caprice, ou comment Tomás Milián surfait encore sur ses succès précédents, tout en tâchant d’innover autant que faire se peut ici en campant un double-rôle, deux frères, notre Sergio Marazzi, alias Poubelle donc, mais aussi cette fois-ci son frangin, le Bossu, déjà apparu dans Brigade spéciale Roma a mano armata en 1976…même s’il ne s’appelait pas Vincenzo Marazzi, mais Vincenzo Moretto. Allez comprendre. Ces deux frères jumeaux sont réunis grâce à la magie des effets spéciaux rudimentaires (rien d’exceptionnel, Louis Jouvet se dédoublait de la même façon trente ans avant dans Copie conforme), en gros l’écran a été divisé en deux parties pour ainsi permettre à Tomás Milián d’apparaître en même temps, dans le même cadre, à la fois dans la peau de Vincenzo et dans celle de Sergio, pour un dernier baroud d’honneur, y compris pour le tandem Lenzi-Milián, après six collaborations. Il en résulte une comédie-policière certes sympathique, mais nullement indispensable, à moins d’être un fou furieux du cubain protéiforme, dont le cabotinage de génie annonçait alors celui d’un Nicolas Cage sous substances. Divertissant, Échec au gang vaut essentiellement pour cette double prestation, plutôt que son histoire qui peine à convaincre sur la durée.

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Test Blu-ray / Le Syndrome de Stendhal, réalisé par Dario Argento

LE SYNDROME DE STENDHAL (La Sindrome di Stendhal) réalisé par Dario Argento, disponible en Édition 2 Blu-ray + Livret le 31 janvier 2024 chez Extralucid Films.

Acteurs : Asia Argento, Marco Leonardi, Thomas Kretschmann, Luigi Diberti, Paolo Bonacelli, Julien Lambroschini, John Quentin, Franco Diogene, Lucia Stara, Sonia Topazio, Lorenzo Crespi, Vera Gemma, Veronica Lazar, Cinzia Monreale…

Scénario : Dario Argento & Franco Ferrini, d’après le livre de Graziella Magherini

Photographie : Giuseppe Rottuno

Musique : Ennio Morricone

Durée : 2h

Année de sortie : 1996

LE FILM

Une jeune inspectrice de police, victime du « syndrome de Stendhal », est sujette à des hallucinations et des vertiges en plein musée des Offices de Florence. Elle devient ensuite la proie du maniaque sexuel qu’elle cherche à arrêter.

De l’avis quasi-général, Le Syndrome de Stendhal reste et demeurera probablement le dernier grand film de Dario Argento. C’est aussi la seconde collaboration entre le cinéaste et sa fille Asia, deux ans après Trauma, dans lequel elle tenait déjà le rôle principal. Si cette dernière est somme toute peu crédible dans la peau d’une flic, elle est de ce fait bien trop jeune pour le rôle, la comédienne qui avait joué chez Lamberto Bava (Démons 2), Michele Soavi (Sanctuaire), Nanni Moretti (Palombella rossa), Patrice Chéreau (La Reine Margot) et Michele Placido (Les Amies de coeur) s’en tire mieux et s’avère même plus convaincante dans la descente aux enfers de son personnage, après qu’Anna ait été victime du fameux malaise éponyme, syndrome dit « du voyageur » ou « de Florence ». Celui-ci se définit par un ensemble de troubles psychosomatiques (accélération du rythme cardiaque, vertiges, suffocations, voire hallucinations) survenant chez certaines personnes exposées à une œuvre d’art qui prend une signification particulière, ou à une profusion de chefs-d’œuvre en un même lieu dans un même temps. C’est en lisant l’ouvrage de la psychiatre et psychanalyste Graziella Magherini, alors chef du service de psychiatrie de l’hôpital Santa Maria Nuova du centre historique de Florence, consacré au syndrome de Stendhal, que Dario Argento imagine une policière souffrant de ce mal être la proie d’un tueur en série. Redoutablement immersif, La Sindrome di Stendhal contient parmi les plus belles scènes du cinéma de son auteur, les plus brutales et violentes aussi, se révèle être un hommage percutant à l’art pictural, mais aussi à sa propre fille, qu’il filme sous tous les angles, qu’il manipule comme une poupée de porcelaine, caresse et maltraite du début à la fin, pour au final lui offrir un éternel écrin dans lequel il la sublime et compare à la Pietà de Michel-Ange. Un opus inoubliable.

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Test Blu-ray / Le Sang des innocents, réalisé par Dario Argento

LE SANG DES INNOCENTS (Non ho sonno) réalisé par Dario Argento, disponible en Édition Blu-ray + Livret le 31 janvier 2024 chez Extralucid Films.

Acteurs : Max von Sydow, Stefano Dionisi, Chiara Caselli, Gabriele Lavia, Paolo Maria Scalondro, Roberto Zibetti, Rossella Falk, Roberto Accornero, Barbara Lerici…

Scénario : Dario Argento, Franco Ferrini & Carlo Lucarelli

Photographie : Ronnie Taylor

Musique : Goblin

Durée : 1h58

Année de sortie : 2001

LE FILM

A Turin, un tueur assassine des jeunes filles dans des circonstances identiques à celles d’une série de meurtres perpétrés vingt ans auparavant. La police piétine et le commissaire Ulysse Moretti, qui fut autrefois chargé de l’enquête, reprend du service. Il est aidé par Giacomo Gallo, un jeune homme dont la mère fut jadis victime du meurtrier sanguinaire.

Après le four tant critique que commercial rencontré par Le Fantôme de l’Opéra en 1998, Dario Argento décide de revenir au giallo pur et dur avec Le Sang des innocents, mis en route afin de faire oublier ce que beaucoup considéraient comme un nanar éhonté, porté par des acteurs calamiteux, qui laissaient penser que le réalisateur n’avait plus rien à offrir à ses fans de la première heure. C’était évidemment sans compter sur le désir du cinéaste de rebondir, d’expérimenter à nouveau et pourquoi pas de toucher une nouvelle génération. C’est là qu’arrive Non ho sonno (en français, « je n’ai pas sommeil »), thriller qui reprend les motifs du genre qui a fait la renommée du maître italien depuis L’Oiseau au plumage de cristalL’Uccello dalle piume di cristallo en 1970, tout en calquant son scénario sur l’un de ses plus grands succès, Les Frissons de l’angoisseProfondo Rosso (1975). Retour notamment à Turin, ville que Dario Argento affectionne tout particulièrement, qui devient le terrain de jeu d’un nouveau tueur en série, recherché par un ancien flic à la retraite et touché par la maladie d’Alzheimer, impeccablement campé par Max von Sydow, qui reprend du service près de vingt ans après avoir classé l’affaire suite à la mort présumée de l’assassin. Dario Argento livre un opus soigné, tant sur le fond que sur la forme, parsème son récit de petites touches gores assez brutales et de psychologie, même si certains éléments peuvent aisément se deviner avant la supposée révélation finale. Un bon voire un excellent cru.

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Test Blu-ray / Lunettes noires, réalisé par Dario Argento

LUNETTES NOIRES (Occhiali neri) réalisé par Dario Argento, disponible en Édition Blu-ray + Livret le 31 janvier 2024 chez Extralucid Films.

Acteurs : Ilenia Pastorelli, Asia Argento, Andrea Gherpelli, Mario Pirrello, Maria Rosaria Russo, Gennaro Iaccarino, Andrea Zhang, Paola Sambo…

Scénario : Dario Argento & Franco Ferrini

Photographie : Matteo Cocco

Musique : Arnaud Rebotini

Durée : 1h32

Année de sortie : 2022

LE FILM

Une prostituée italienne rendue aveugle par un tueur en série lors d’une attaque, recueille un jeune chinois, dont la vie a également été détruite par les actions du maniaque. Il va devenir son allié dans une lutte terrifiante pour se débarrasser définitivement du tueur en série…

En 2012, Dario Argento présente Dracula 3D en Sélection officielle du Festival de Cannes. Un magnifique nanar. Jadis, le cinéaste aurait fait le bonheur des cinéphiles avides de fantastique et d’épouvante. Mais ça, c’était avant. Tous les spectateurs étaient unanimes, son vingt-quatrième long-métrage et premier tourné en relief, était absolument horrible, ce qui ne les avait pas empêchés de saluer l’entreprise par une standing ovation. Il fallait le voir pour le croire. Coécrite par quatre scénaristes, dont le réalisateur lui-même, cette énième version cinématographique du mythe du vampire transylvanien, créé par Bram Stoker, repoussait les limites de la laideur. S’il avouait s’être inspiré du Cauchemar de Dracula de Terence Fisher (1958), avec Christopher Lee dans le rôle-titre, qu’il considérait comme étant la meilleure adaptation, Dario Argento se rapprochait plutôt du consternant Charlots contre Dracula de Jean-Pierre Vergne. Un seul acteur parvenait à tirer son épingle du jeu dans tout ce marasme, Rutger Hauer, qui semblait être le seul à croire à toute cette soupe et campait un Abraham Van Helsing convaincant. Difficile pour Dario Argento de se relever de cet opus repoussant, avec ses décors en animatique, une mise en scène digne d’un sketch de Groland, une post-synchronisation anglaise au rabais, des effets numériques hideux et fauchés, tout droit sortis d’une production télé des années 90 (mention spéciale à la mante religieuse géante), ainsi que pour la partition insipide de Claudio Simonetti. Pas étonnant que le maître italien ait ensuite déserté les studios de cinéma pour écrire son autobiographie et apparaître aux quatre coins du monde où on désirait lui rendre hommage. 2022, Asia Argento retrouve le scénario de Lunettes noires Occhiali neri, remontant au début des années 2000, projet mis au placard après une affaire financière impliquant le producteur Vittorio Cecchi Gori. Convaincu par sa fille de revenir derrière la caméra, l’amico Dario, après avoir revu le scénario avec son complice Franco Ferrini, lui offre le rôle principal, qu’elle décline, tout en acceptant d’y participer et en produisant le film. Si Occhiali neri n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut, ce thriller s’avère foncièrement sympathique et certains éléments restent en tête bien après, preuve que tout n’est pas totalement foutu pour son auteur contrairement à ce que beaucoup pouvaient encore penser.

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