Test Blu-ray / Le Secret des Marrowbone, réalisé par Sergio G. Sánchez

LE SECRET DES MARROWBONE (El Secreto de Marrowbone ou Marrowbone) réalisé par Sergio G. Sánchez, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juillet 2018 chez Metropolian Vidéo

Acteurs :  George MacKay, Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton, Mia Goth, Matthew Stagg, Kyle Soller, Nicola Harrison, Tom Fisher…

Scénario : Sergio G. Sánchez

Photographie : Xavi Giménez

Musique : Fernando Velázquez

Durée : 1h51

Année de sortie : 2018

LE FILM

Pour ne pas être séparés, Jack, 20 ans, et ses frères et sœurs plus jeunes, décident de cacher à tout le monde le décès de leur mère qui les élevait seule. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes dans la ferme familiale isolée, mais bientôt, d’étranges phénomènes indiqueraient qu’une présence malveillante hante leur unique refuge…

Alors oui, bien sûr, on a déjà sûrement vu ça plusieurs fois au cinéma ces quinze dernières années, mais Le Secret des MarrowboneEl Secreto de Marrowbone ou tout simplement Marrowbone (titre international) est un film très prometteur. Même si le tournage s’est fait en langue anglaise, le titre espagnol renvoie à ses décors naturels (tout le film y a été tourné), mais aussi et surtout à son cinéaste et scénariste Sergio G. Sánchez. Né en 1973, il signe ici son premier long métrage en tant que réalisateur, après avoir écrit les deux premiers films de J.A. Bayona, L’Orphelinat (2007) et The Impossible (2012). D’ailleurs l’oeuvre de ce dernier, jusque dans la musique composée par Fernando Velázquez (Quelques minutes après minuit), imprègne chaque plan et même l’histoire du Secret des Marrowbone. C’est même ce qui en fait sûrement son relatif point faible, puisque le spectateur un tant soit peu intéressé par le cinéma de genre, surtout ibérique, parviendra à anticiper les rebondissements et le twist à la M. Night Shyamalan. Toutefois, la mise en scène, la beauté de la photographie et l’excellence de ses interprètes valent largement le déplacement.

Lorsque leur mère décède, Jack, ses deux frères et leur sœur se réfugient à Marrowbone, une ferme isolée abandonnée depuis des années et qui appartenait à leur grand-tante. Par peur d’être séparés et placés dans des foyers différents, ils décident d’enterrer le cadavre de leur mère dans le jardin et continuent à faire croire qu’elle est toujours vivante. Un jour, alors qu’ils sont isolés du monde extérieur, un notaire débarque chez eux pour demander à leur mère de signer un testament. La demeure est également hantée et renferme un secret dans le grenier…

En fait, raconter l’histoire du Secret des Marrowbone en dit déjà presque trop. Sans « singer » le cinéma de celui qui lui a donné sa chance dans le milieu, qui apparaît ici en tant que producteur et avec lequel il a fait ses premières armes sur des films importants, Sergio G. Sánchez démontre surtout ici un don pour le storytelling, pour la direction d’acteurs et pour instaurer une ambiance inquiétante, tout en privilégiant l’émotion et les liens entre les personnages. Pas étonnant que le metteur en scène se soit vu remettre le Prix Goya du meilleur nouveau réalisateur en 2018. En fait ce que l’on retient avant tout du Secret des Marrowbone, également influencé par les incontournables du genre (Les Innocents de Jack Clayton, Rebecca d’Alfred Hitchcock, Les Autres d’Alejandro Amenábar), c’est avant tout les comédiens.

Le rôle principal est tenu par le britannique George MacKay, l’une des révélations du magnifique Captain Fantastic de Matt Ross (2016), vu également dans la série 22.11.63 adaptée de l’oeuvre de Stephen King. Magnétique et à fleur de peau, George MacKay est assurément l’un des grands acteurs en devenir et porte admirablement le film de Sergio G. Sánchez. C’est aussi le cas de la désormais incontournable Anya Taylor-Joy. Après The Witch de Robert Eggers, Morgan de Luke Scott et Split de M. Night Shyamalan (bientôt dans Glass), la comédienne confirme son aura, son charisme et l’art d’inspirer les réalisateurs de genre. Le reste du casting est du même acabit avec Charlie Heaton (Stranger Things), Mia Goth (A Cure for Life) et Kyle Soller (la série Poldark), tous vraiment épatants.

Le Secret des Marrowbone a du mal à se sortir d’un certain cahier des charges. On sent le nouveau réalisateur appliqué, chaque plan étant particulièrement soigné, également soutenu par le travail du chef opérateur Xavi Giménez, ancien collaborateur de Jaume Balagueró sur La Secte sans nom ou de Brad Anderson sur The Machinist. Une pléthore de talents réunis à la fois devant et derrière la caméra. Si au final ce conte émeut bien plus qu’il donne les frissons, Le Secret des Marrowbone, présenté en ouverture de Gérardmer en 2018, qui mélange allègrement thriller, horreur, fantastique et histoire d’amour, n’est en aucun cas déplaisant et mérite l’attention des spectateurs et des cinéphiles.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Secret des Maroowbone, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Point de making-of à l’horizon, ni d’interviews, mais une grande quantité de scènes coupées (28’). Ces séquences prolongeaient notamment la relation entre Jack et Allie, ainsi que d’autres moments clés du film. Mais la plupart des scènes laissées sur le banc de montage dévoilaient également trop le twist final et l’on comprend aisément pourquoi le réalisateur les a écartées. On se demande également pourquoi elles avaient été écrites tant celles-ci paraissaient trop explicites. Une fin alternative, très jolie, est également disponible.

L’interactivité comporte également une bande-démo avant/après l’incrustation des effets visuels, ainsi que des bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Metropolitan est synonyme d’excellence : relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes sont chatoyantes et chaque détail aux quatre coins de l’écran est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par un encodage AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Heureusement, les scènes sombres sont logées à la même enseigne. Ce master HD du Secret des Marrowbone permet de découvrir le film dans de superbes conditions. Le léger grain inhérent à la photo d’origine est respecté.

Le spectateur est littéralement plongé dans l’atmosphère du film grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français. La composition de Fernando Velázquez est distillée par l’ensemble des enceintes. Nous sommes en plein conte et les latérales, ainsi que les frontales et le caisson de basses remplissent parfaitement leur fonction, à savoir distiller un lot conséquent d’effets qui font sursauter, même à bas volume. Les conditions acoustiques sont donc soignées, amples, précises, les voix des comédiens jamais noyées. Une piste Audiodescription est également disponible, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Fille de Dracula, réalisé par Jess Franco

LA FILLE DE DRACULA réalisé par Jess Franco, disponible en combo DVD/Blu-ray le 5 juin 2018 chez Artus Films

Acteurs :  Carmen Yazalde, Anne Libert, Alberto Dalbés, Howard Vernon, Daniel White, Jesús Franco, Fernando Bilbao, Carmen Carbonell

Scénario :   Jess Franco

Photographie : José Climent

Musique : René Sylviano, Daniel White

Durée : 1h22

Année de sortie : 1972

LE FILM

Louisa se rend dans le manoir familial où l’attend sa grand-mère, la baronne Karlstein. Celle-ci, mourante, lui dévoile la malédiction qui pèse sur leur famille depuis des générations. En effet, dans la crypte, repose leur ancêtre, Dracula, qui a toujours besoin de sang de jeunes femmes.

Ancien assistant d’Orson Welles sur Falstaff, Jesús Franco Manera dit Jess Franco (1930-2013) a réalisé près de 200 films, depuis son premier succès L’horrible docteur Orloff (1961). Agrémentant ses films d’horreur d’un érotisme aussi esthétique que sulfureux, il va enchaîner les films à un rythme infernal, adaptant Sade, Masoch, Mirbeau. Sa muse, Soledad Miranda, disparue, il trouve en Lina Romay sa nouvelle et ultime égérie, qu’il magnifiera de films en film. Bien plus qu’un simple artisan boulimique de pellicules, Jess Franco, également connu sous les pseudonymes de Clifford Brown, Adolf M. Frank, J.P. Johnson, David Khune et Jess Frank, restera un véritable auteur, un cinéaste doué et prolifique. Les titres de ses films restent très explicites : Le Sadique Baron Von Klaus (1962), Le Diabolique docteur Z (1966), Sumuru, la cité sans hommes (1969), Les Inassouvies (1970), Le Journal intime d’une nymphomane (1972), Les Expériences érotiques de Frankenstein (1973) et bien d’autres.

Production franco-portugaise sortie en 1972, La Fille de Dracula n’est clairement pas l’un de ses meilleurs opus et décontenancera même les amateurs de petits films d’horreur, puisque ce qui intéresse une fois de plus Jess Franco c’est de mettre toutes ses comédiennes à poil dès qu’il en a l’occasion. Soyons honnêtes, cet opus n’apporte absolument rien au mythe et cette variation ennuie souvent pendant ses 82 minutes.

Une jeune fille, Luisa, rend visite à sa grand-mère mourante, la baronne Karlstein, dans sa demeure. Avant de mourir, elle lui dévoile la malédiction qui pèse sur leur lignée familiale depuis des générations. La crypte dans le sous-sol de sa maison renferme l’ancêtre Karlstein, connu sous le nom de Dracula, et l’on doit s’assurer qu’il ne boira plus jamais de sang. Mais ce dernier, toujours avide de chair fraîche, sort de sa tombe et oblige Luisa, en la plongeant dans une transe sexuelle, à séduire de jeunes filles pour ensuite les ramener à lui pour qu’il suce leur sang. Mais Luisa, vampirisée par ce dernier, y prend également goût…

Bon, La Fille de Dracula n’est pas non plus mauvais hein, c’est juste que Jess Franco passe un peu trop de temps à filmer les corps nus, certes désirables et sensuels, de ses comédiennes, en jouant avec le zoom sur les poitrines tendues vers la caméra ou sur les pubis généreux. Tout cela pendant qu’un piano de bastringue s’emporte pour essayer de donner du rythme à cette succession de cadres redondants. On en viendrait même à oublier que le film est tout d’abord pensé comme une relecture d’une des grandes figures du cinéma d’horreur. Heureusement, quelques gros plans sur des incisives aiguisées, des cous recouverts de ketchup (ou de tabasco) et un cercueil qui s’ouvre sur le célèbre comte Dracula, « interprété » par un Howard Vernon fardé qui passe son peu de temps à l’écran allongé ou à se relever légèrement pour s’étirer, nous sortent un peu de la léthargie.

A côté de cela, les séquences saphiques sont plutôt jolies à regarder et Jess Franco parvient à plonger les spectateurs dans une sorte de transe chaleureuse et agréable. Sur un rythme en dents de (vampires) scie, le réalisateur espagnol compile les séquences très réussies à l’instar de la première scène de « voyeurisme » très giallesque, qui alterne les gros plans sur un oeil écarquillé et ceux sur la jeune femme épiée en prenant son bain, avec d’autres beaucoup plus anecdotiques liées à l’enquête policière. La Fille de Dracula, un des neuf films que Jess Franco mettra en scène en 1972, comblera donc les fans de belles poupées dénudées, surtout la troublante Britt Nichols qui ne laisse pas du tout indifférent, mais risque de frustrer celles et ceux qui s’attendaient à un véritable film d’épouvante.

LE BLU-RAY

La Fille de Dracula est disponible chez Artus Films, dans un très beau combo DVD/Blu-ray. La jaquette au visuel soigné est glissée dans un boîtier de couleur noire. Le menu principal est fixe et muet.

En plus d’un diaporama, l’éditeur propose une intervention de Jean-François Rauger (19’), disponible dans une qualité fort médiocre, comme si le directeur de la programmation de la Cinémathèque avait été enregistré via sa webcam. Toujours est-il que cet entretien est comme d’habitude passionnant, riche en anecdotes sur la carrière de Jess Franco, auquel Jean-François Rauger semble très attaché. La Fille de Dracula est replacé dans la filmographie du cinéaste. Notre interlocuteur évoque également les intentions, mais surtout l’approche du mythe de l’épouvante par le réalisateur, et n’hésite pas à comparer Jess Franco à Jean-Luc Godard dans ses partis pris de déconstruction du cinéma classique.

L’Image et le son

Qui aurait pu croire qu’une œuvre de Jess Franco serait choyée de la sorte ? Si certains points blancs restent visibles sur les très nombreux zooms, la copie restaurée est très élégante et l’apport HD n’est pas sans donner un nouvel intérêt à La Fille de Dracula. Le piqué est éloquent, la patine argentique heureusement conservée, les couleurs très appréciables et les détails indéniables sur les décors. Très beau lifting.

Seule la version française est disponible. Le confort acoustique est assuré, l’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis. Aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre.

Crédits images : © Artus FilmsCaptures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Insidious : la dernière clé, réalisé par Adam Robitel

INSIDIOUS : LA DERNIÈRE CLÉ (Insidious: The Last Key) réalisé par Adam Robitel, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2018 chez Sony Pictures

Acteurs :  Leigh Whannell, Lin Shaye, Angus Sampson, Kirk Acevedo, Caitlin Gerard, Spencer Locke, Josh Stewart, Bruce Davison…

Scénario :   Leigh Whannell

Photographie : Toby Oliver

Musique : Joseph Bishara

Durée : 1h45

Année de sortie : 2018

LE FILM

Le docteur Elise Rainier, la brillante parapsychologue, va affronter le cas le plus effrayant et le plus personnel de son histoire : elle doit intervenir dans sa propre maison…

Annoncé comme étant le dernier volet de la saga (avant un reboot à la Saw dans quelques années ?), Insidious : La Dernière Clé se déroule en fait avant les événements du premier film réalisé par James Wan en 2010. Si l’on a constamment l’impression que les producteurs ont tout fait pour tirer sur la corde en espérant engranger le maximum de billets verts grâce à la renommée des précédents opus, surtout des deux premiers en fait, ce quatrième chapitre n’est pas déplaisant. La Dernière Clé fait « suite » à Insidous : Chapitre 3 de Leigh Whannell (2015), préquel aux deux précédents volets (vous suivez ?), qui se focalisait sur le personnage d’Elise Rainier, médium qui devenait finalement la protagoniste de la franchise puisque celle-ci apparaît dans chaque épisode.

Des années avant les événements des trois précédents films, durant la jeunesse d’Elise Rainier dans le Nouveau-Mexique, cette dernière commence à être hantée par un esprit maléfique et démoniaque dans sa propre maison, la poussant plus profondément dans le Lointain (« The Further »). Plusieurs années après, une famille dit être victime d’événements paranormaux et fait appel à Elise. Seulement cette fameuse famille habite dans sa maison d’enfance et le démon dévoreur d’âmes qui hantait Elise dans le passé, semble être revenu. Secondée par deux parapsychologues, Tucker et Specs, Elise accepte alors de tenter d’entrer en contact avec les morts. Forcée de s’aventurer dans les tréfonds de l’au-delà, Elise va affronter le pire ennemi qu’elle ait jamais rencontré…

Oui bon d’accord, les scénaristes raclent les fonds de tiroir pour épuiser le filon. Toutefois, Insidious : La Dernière Clé est loin d’être honteux ou décevant. C’est juste qu’il n’a pas la prétention de rivaliser avec les deux films signés James Wan, encore producteur ici. Après Leigh Whannel, scénariste et co-créateur de la saga avec James Wan et interprète du chasseur de fantômes Specs, la mise en scène est cette fois confiée à Adam Robitel, réalisateur, monteur, producteur et scénariste (Paranormal Activity 5 : Ghost dimension) du formidable film d’épouvante L’Etrange cas Deborah Logan, qui prenait alors la forme d’un documenteur, avec quelques témoignages face caméra et extraits de journaux télévisés.

Insidious : La Dernière Clé n’est pas vraiment un film d’horreur. Bien sûr, nous retrouvons quelques éléments qui ont fait le succès de la franchise, comme l’errance dans le « Lointain », mais ce quatrième chapitre fonctionne surtout du point de vue dramatique. L’enfance d’Elise en 1954 est racontée à travers un excellent prologue qui fait froid dans le dos, sans trop en faire, grâce à une excellente utilisation du son et l’interprétation d’une jeune comédienne très convaincante. La suite du film est un peu plus chaotique, mais fonctionne grâce à l’investissement de Lin Shaye, qui retrouve pour la quatrième fois, et probablement la dernière, son personnage de médium charismatique. Le film n’est pas dépourvu d’humour grâce à ses deux acolytes. Elise fait face à un démon également très réussi avec ses doigts munis de clés qui lui permettent de « fermer » le clapet de celles et ceux qui hurlent devant lui, mais aussi de cloîtrer leurs esprits.

Alors certes, Insidious : La Dernière Clé, toujours produit par Jason Blum, ne fait pas vraiment peur, mais le spectacle et le divertissement sont facilement assurés. Le public s’est d’ailleurs déplacé en masse, le film étant devenu le plus grand succès de la saga dans le monde entier, y compris en France. Mais il est temps de passer à autre chose maintenant !

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Insidious : La Dernière Clé repose un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est fixe et musical.

Cette édition comprend huit scènes coupées (sobrement intitulées « scènes effrayantes effacées ») qui n’apportent pas grand-chose au final et qui ont visiblement été écartées pour des questions de rythme (19’). La fin alternative (3’) montrait la libération des âmes perdues après la mort de Key Face.

S’ensuivent trois featurettes promotionnelles, Rencontrez le Nouveau Démon – Déverrouillez les clés (2’30), Voyage dans le Lointain (3’30) et Incarner Elise (5’30). Le réalisateur, les acteurs, la chef costumière, la chef décoratrice et les producteurs présentent les enjeux d’Insidious : La Dernière Clé avec professionnalisme, sans en faire des tonnes, donnant envie d’en savoir plus sur ce dernier volet. Des images de tournage, des maquillages et des effets spéciaux sont également au programme.

L’Image et le son

Insidious : La Dernière Clé est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Toby Oliver (Get Out, Happy Birthdead). Les volontés artistiques sont donc respectées, sans aucune perte du piqué et des détails dans les scènes les moins éclairées. Ce master HD demeure impressionnant de beauté, le cadre est sublime, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale. Un vrai régal pour les yeux. Un disque de démo.

Les deux versions DTS-HD Master Audio 5.1 font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est littéralement plongé dans ce quasi-huis clos, la spatialisation reste solide tout du long et le caisson de basses est utilisé à bon escient. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique, ainsi que sur le report des voix.

Crédits images : © Sony Pictures Releasing France / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / L’Enfer des zombies, réalisé par Lucio Fulci

L’ENFER DES ZOMBIES (Zombi 2) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 2 mai 2018 chez Artus Films

Acteurs :  Tisa Farrow, Ian McCulloch, Richard Johnson, Al Cliver, Olga Karlatos, Auretta Gay, Stefania D’Amario, Ugo Bologna…

ScénarioDardano Sacchetti, Elisa Briganti

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h31

Année de sortie : 1979

LE FILM

Un voilier semblant abandonné dérive lentement dans la baie de New York. Les garde-côtes interviennent et se font agresser par une créature monstrueuse qui y gisait caché. Après avoir résisté aux balles, la créature plonge dans l’eau et disparaît. Anne Bowles (Tisa Farrow), la fille du propriétaire du bateau, alors porté disparu, décide d’en savoir plus. En compagnie de Peter West (Ian McCulloch), un journaliste, elle se rend sur l’île de Matoul, dans les Antilles, d’où provient le navire. Sur place, ils rencontrent le docteur Ménard (Richard Johnson), un scientifique confronté depuis plusieurs semaines à de curieux phénomènes. Les morts sortent de leurs tombes pour dévorer les vivants…

Lucio Fulci (1927-1996), qui se destinait d’abord au monde de la médecine, décide de se tourner vers le cinéma et intègre le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, en suivant les cours de Michelangelo Antonioni et de Luchino Visconti. Il devient l’assistant du réalisateur Marcel L’Herbier sur Les Derniers Jours de Pompéi en 1950. Mais c’est avec le cinéaste Steno, de son vrai nom Stefano Vanzina, que Fulci fait réellement ses classes, sur des comédies interprétées par Totò. Progressivement, Lucio Fulci devient scénariste et signe Une fille formidable de Mauro Bolognini, Un Americano a Roma de Steno avec l’immense Alberto Sordi. Il passe enfin derrière la caméra en 1959 avec I Ladri, une comédie portée par… Totò. La boucle est bouclée. Dans les années 1960, Lucio Fulci enchaîne moult comédies avec le duo aussi célèbre en Italie qu’improbable chez nous, Franco Franchi et Ciccio Ingrassia. Si le succès est au rendez-vous, il commence sérieusement à vouloir changer son fusil d’épaule et démontrer qu’il est capable de réaliser autre chose que des comédies. Il signe un western avec Franco Nero (Le Temps du massacre, 1966), un drame (Liens d’amour et de sang, 1969). Mais le véritable tournant s’opère en 1969 avec le giallo Pervertion Story – La Machination (Una sull’altra).

Un an après l’onirique, poétique, sensuel, cruel, oppressant, kafkaïen Le Venin de la peurUna lucertola con la pelle di donna, et la même année que sa comédie érotique Obsédé malgré lui, Lucio Fulci signe un de ses films les plus célèbres, La Longue nuit de l’exorcismeNon si sevizia un paperino. S’ensuivent deux aventures de Croc-Blanc (1973 et 1974), Les Quatre de l’apocalypse (1975) et L’Emmurée vivante (1977). A la fin des années 1970, la carrière de Lucio Fulci bat de l’aile après quelques échecs successifs, tandis que sa fille connaît un très grave accident et que son divorce l’a laissé sur la paille. Contre toute attente, le producteur Fabrizio De Angelis lui confie les commandes de L’Enfer des Zombies, titre opportuniste surfant sur le triomphe du Zombie de George A. Romero, dont le montage européen avait été confié à Dario Argento. Sur un scénario écrit par Dardano Sacchetti (Le Chat à neuf queues, La Baie sanglante, Le cynique, l’infâme, le violent, L’emmurée vivante) même si crédité sous le nom de sa femme Elisa Brigranti, L’Enfer des Zombies va non seulement relancer la carrière de Lucio Fulci, comme il n’aurait jamais pu l’espérer, être à l’origine de tout un tas d’ersatz, et surtout devenir et rester un des films les plus emblématiques du genre.

Alors oui, merci à George A. Romero et à Dario Argento. Mais quand même, L’Enfer des Zombies n’a rien du plagiat longtemps évoqué, en particulier par le second, plus outré par l’utilisation opportuniste du titre que par la réelle copie de Zombie. D’une part, parce que Lucio Fulci et Dardano Sacchetti ne traitent pas la figure du mort-vivant de la même façon que leurs prédécesseurs (modernes chez Romero qui fustige la société de consommation, renvoyant aux sources du vaudou chez Fulci), d’autre part parce que L’Enfer des Zombies est un pur film de mise en scène, virtuose du début à la fin, qui porte la griffe du cinéaste à chaque plan. Si Zombi 2 est un film de commande pour lequel Lucio Fulci était loin d’être le premier choix (Enzo G. Castellari avait demandé un salaire astronomique, puis rapidement remercié), ce dernier se l’est bel et approprié pour en faire une œuvre personnelle, sans doute comme un exutoire. Car L’Enfer des Zombies est non seulement un film hypnotique, qui se regarde comme un véritable cauchemar éveillé, mais c’est aussi et surtout un thriller dramatique très violent, dans lequel le réalisateur a pour la première fois recours à des séquences particulièrement gore. Ces scènes ont marqué le public et participé au triomphe international de Zombi 2. Aujourd’hui encore, elles demeurent d’une redoutable efficacité, grâce aux incroyables maquillages et effets spéciaux à l’instar de l’énucléation par l’écharde de bois. Plus qu’aux films de zombies qui l’ont précédé, L’Enfer des Zombies s’apparente souvent à une relecture de L’Île du docteur Moreau version Earl C. Kenton (1932) matinée du Vaudou de Jacques Tourneur (1943).

 Lucio Fulci est lui-même épaulé par des valeurs sûres avec notamment Sergio Salvati, qui signe une magnifique photographie éthérée, moite, poisseuse, crépusculaire, réalisée en CinémaScope. Les plans sur la baie de Manhattan restent gravées dans toutes les mémoires, tout comme la célèbre séquence de plongée où la comédienne Auretta Gay, à peine vêtue d’un string-ficelle, se retrouve nez à nez avec un requin…et un zombie au fond de l’océan ! L’épilogue, tourné sans aucune autorisation sur le pont de Brooklyn, est également inoubliable, tandis que la partition de Fabio Frizzi reste bien longtemps dans un coin de la tête.

Pierre angulaire du film d’horreur en Italie, L’Enfer des Zombies sait jouer avec les nerfs des spectateurs, prenant même le risque de le faire patienter au beau milieu du film (avec l’aide de quelques plans topless très agréables ceci dit), pour mieux le surprendre et le plonger dans un déferlement de violence graphique, de terreur, de torrents de chair et d’hémoglobine, dans un dernier acte absolument fascinant. Et l’expérience proposée par Lucio Fulci est encore intacte.

LE BLU-RAY

Attention, attention ! Voilà probablement l’un des plus beaux objets que vous pourrez trouver sur le marché en 2018 ! Artus Films a concocté un magnifique et luxueux Mediabook estampillé « Collection Lucio Fulci », au visuel clinquant et en plus doux au toucher. Cette édition se compose du Blu-ray et du DVD glissés dans des compartiments cartonnés, ainsi que d’un incroyable livre de 80 pages (Fulci, zombies et opportunisme : quand les morts-vivants ont envahi le cinéma italien) rédigé par Lionel Grenier (rédacteur en chef du site luciofulci.fr), Gilles Vannier (Psychovision), David Didelot (Videotopsie), Didier Lefèvre (Medusa), le tout supervisé par le premier. Vous y trouverez de fabuleux visuels, photos et affiches, des extraits d’entretiens, un retour sur la genèse du film, des extraits du scénario original, une analyse sur la figure du zombie chez Lucio Fulci, une autre sur le cinéma d’épouvante en Italie, etc. Nous ne reviendrons pas sur la polémique stérile quant à l’absence des bonus anciennement disponibles sur l’édition DVD Neo Publishing. Artus Films livre un vrai et grand travail éditorial et a mis toute sa passion pour le genre dans ce Mediabook, sans oublier l’incroyable beauté de la copie HD.

Spécialiste et auteur de Lucio Fulci – le poète du macabre, écrit avec Jean-François Rauger, mais aussi rédacteur en chef du site luciofulci.fr, Lionel Grenier nous propose une formidable présentation, analyse et critique de L’Enfer des zombies (19’). Il replace le film dans la carrière du maître, évoque sa genèse, l’équipe technique, le casting, les conditions de tournage, les accusations de plagiat de la part de Dario Argento. Dans un second temps, il se penche davantage sur le fond et les partis pris du film.

S’ensuit un long entretien avec le scénariste de Dardano Sacchetti (41’). Sans langue de bois, l’auteur des Guerriers du Bronx, Pulsions cannibales, L’au-delà, 2072, les mercenaires du futur donne sa version de la mise en route de L’Enfer des zombies, de l’arrivée de Lucio Fulci sur le projet et du tournage du film qui nous intéresse. Notons que quelques-uns en prennent pour leur grade comme le producteur Fabrizio De Angelis (« qui ne se gênait pas pour copier les autres »), tout en se couvrant de louanges : « j’étais le seul qui faisait mourir de peur les mémés ! […] j’ai créé le slasher avec La Baie sanglante, et l’autre con nous pond un Vendredi 13 qui en est un plagiat total ! ».

C’est au tour du maquilleur Maurizio Trani de revenir sur son travail sur L’Enfer des zombies (20’). Fils et neveu de créateurs de maquillages pour le cinéma, notre interlocuteur évoque sa collaboration avec son maître Giannetto De Rossi et bien sûr ses créations les plus marquantes sur le film de Lucio Fulci. Les anecdotes de tournage sont savoureuses. Notons une apparition rapide de Rosario Prestopino, confrère de Maurizio Trani, décédé en 2008.

Le dernier entretien se déroule en compagnie d’Alain Petit (11’). Fidèle complice d’Artus Films, l’historien du cinéma se souvient surtout ici de la programmation inespérée de L’Enfer des zombies dans le cadre de l’émission Quartier interdit, diffusée de septembre 1998 à août 2002. Comme une réponse à son propre Cinéma de quartier, Jean-Pierre Dionnet y présentait ici des films déviants, gore, avec bien sûr une prédilection pour les séries B et Z interdites aux moins de 13 et 18 ans. Nous apprenons que Dionnet (et Petit donc, alors assistant), avaient réussi à programmer la version intégrale du film de Lucio Fulci, mais uniquement en vostf à une heure avancée de la nuit, alors que la version française censurée avait été proposée juste avant. Ce qui avait décontenancé quelques cinéphiles qui avaient voulu réenregistrer la VF de L’Enfer des zombies sur leur VHS originale et qui s’étaient finalement retrouvés avec un montage coupé ! En 2002, Dominique Farrugia, alors président de Canal+, décide de mettre fin à l’émission.

L’interactivité se clôt sur le film-annonce original (qui annonçait aux spectateurs qu’un sac à vomi sera mis à leur disposition à l’entrée du cinéma) et la bande-annonce française d’époque.

L’Image et le son

C’est sublime. Comment dire les choses autrement ? Artus Films livre un master HD restauré 2K qui comblera de joie même les plus difficiles. Les splendides partis-pris esthétiques du directeur de la photographie Sergio Salvati trouvent en Blu-ray un nouvel écrin et se voient entièrement respectés, y compris dans les défauts originaux liés à la pellicule, qui font partie du charme du film. Point de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret (même sur les plans légèrement enfumés, difficiles à consolider), la photo ouatée et suintante est savamment restituée pour les scènes sur l’île, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est probant. Le format 2.35 est conservé, la profondeur de champ très appréciable. L’encodage AVC est solide, la gestion des noirs impeccable, la stabilité indéniable, la propreté exceptionnelle (un ou deux points blancs sans importance) et le niveau de détails impressionnant, y compris lors de l’incroyable séquence sous-marine. L’Enfer des zombies qui affiche déjà près de quarante ans au compteur peut se targuer d’un lifting de premier ordre et d’un transfert d’une folle élégance. Le film est présenté dans sa version intégrale non censurée. Notons également que l’éditeur est reparti du négatif original transféré en 2K (puis nettoyé et restauré en France), puisque celui restauré et fourni par les ayants droits avait entre autres complètement perdu sa patine argentique. Autant dire qu’Artus ne s’est pas laissé aller à la facilité comme certains auraient pu être tentés de le faire !

Alors oui il n’y a pas de version anglaise sur le Blu-ray. Et alors ? A l’instar des films de Sergio Leone qui réunissaient des vedettes internationales, qui s’exprimaient d’ailleurs dans leur langue d’origine, L’Enfer des zombies n’a pas de « réelle » version originale en dehors de la langue italienne puisque production transalpine avant tout. Certes les comédiens s’exprimaient dans la langue de Shakespeare au moment des prises de vue, mais la version officielle est et demeure l’italienne, présente sur cette édition, alors que demander de plus ? Les versions italienne et française bénéficient d’une piste DTS-HD Master Audio Stéréo 2.0 exemplaire et limpide, restituant les dialogues avec suffisamment d’efficacité, ainsi que l’enivrante bande originale signée Fabio Frizzi qui jouit d’un coffre inédit, surtout dans le dernier acte. Les effets sont solides, le confort acoustique largement assuré. La piste française est par moments légèrement désynchronisée, mais ce problème est d’origine et en aucun cas imputable à l’éditeur. Le mixage français est peut-être sensiblement moins riche mais contentera les habitués de cette version, d’autant plus que le doublage vaut souvent son pesant. Nous échappons heureusement à un remixage 5.1 inutile. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Euro Immobilfin Srl – Rome, Italy. Licenced by Variety Communications Srl – Rome, Italy. All Rights reserved. / Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Street Trash, réalisé par Jim Muro

STREET TRASH réalisé par Jim Muro, disponible en DVD et combo DVD-Blu-ray-Livret le 24 avril 2018 chez ESC Editions

Acteurs :  Mike Lackey, Bill Chepil, Vic Noto, Marc Sferrazza, Jane Arakawa, Nicole Potter, Pat Ryan, Clarenze Jarmon, Roy Frumkes…

ScénarioRoy Frumkes

Photographie : David Sperling

Musique : Rick Ulfik

Durée : 1h42

Année de sortie : 1987

LE FILM

Fred et Kevin sont deux adolescents paumés qui vivent dans une décharge, au royaume des clochards. Par misère ou méchanceté, tous ceux qui gravitent autour du bidonville leur en veulent et essaient d’avoir leur peau, sans compter un alcool frelaté qui transforme les buveurs en une flaque de bouillie jaunâtre.

Street Trash est un film culte, un vrai. Ne ressemblant à aucun autre, unique en son genre encore trente ans après, le seul long métrage réalisé par Jim Muro reste emblématique du cinéma d’horreur des années 1980. A la seule évocation du titre, l’affiche nous apparaît avec ces deux chevilles encore fumantes plantées dans des godasses posées devant des toilettes, avec une bouteille d’alcool vidée de son contenu. Comédie d’épouvante, Street Trash n’est certes pas un chef d’oeuvre, mais cela ne l’a pas empêché de traverser le temps et d’être toujours aussi chéri par les aficionados.

Dans les tréfonds de sa réserve, le propriétaire d’une petite boutique de spiritueux découvre par hasard une caisse d’un alcool frelaté de marque Viper. Mises en vente à 1$ pièce, les bouteilles trouvent très vite preneurs, achetés par les marginaux et clochards qui peuplent une casse automobile du quartier. Ses effets sont dévastateurs, le breuvage d’origine inconnue décapant de l’intérieur ceux qui l’ingurgitent, dans un éventail de couleurs. Un flic brutal, Bill, décide de mener l’enquête sur ces étranges disparitions. Son travail le mène à Bronson, vétéran du Vietnam, chef autoproclamé des sans-abri, qui règle sur la casse et le quartier à l’aide d’un fémur humain transformé en couteau aiguisé.

Bienvenus dans Street Trash ! Ici, la crasse, la violence et la mort sont reines et omniprésentes. A peine le film commence qu’un personnage se retrouve derrière un autre qui lui lâche une grosse caisse au nez, avant même la première réplique. Mais ce qui frappe aussi d’emblée, c’est la mise en scène. Devenu l’un des plus grands spécialistes du steadicam, James M. Muro, alias Jim Muro, alors âgé de 21 ans, plonge le spectateur dans une sorte de monde parallèle planté à quelques kilomètres de Manhattan puisque les tours du World Trade Center apparaissent au loin. En glissant littéralement sur le bitume craquelé avec sa caméra, Jim Muro présente le territoire de ces laissés-pour-compte vivant dans la fange, qui ont appris à faire avec et dont la vie se résume à une loi de la jungle régie par la consommation d’alcool qui permet de faire passer le temps. Quant aux femmes, également présentes, leurs vies se résument à assouvir les pulsions sexuelles des mecs toujours en rut.

S’il ne signera que quelques épisodes de séries diverses en tant que metteur en scène (Southland, Animal Kingdom, Longmire), Jim Muro aura surtout travaillé avec les plus grands en tant que cameraman, chez Michael Mann (Heat, Révélations, Miami Vice – Deux flics à Miami), James Cameron (Abyss, Titanic, Terminator 2 : Le Jugement Dernier), Brian de Palma (L’Esprit de Caïn), Oliver Stone (JFK, L’Enfer du dimanche), Martin Scorsese (Casino) ou Kathryn Bigelow (Point Break – Extrême limite, Strange Days). Bon, son C.V. indique également Brett Ratner (Dragon rouge, X-Men: L’affrontement final, Rush Hour 3), mais quand même ! Son talent explose dans Street Trash. S’il a aujourd’hui totalement renié son film, Jim Muro livre pourtant une œuvre souvent jubilatoire, constamment inventive, qui parvient même à contourner la censure en utilisant des giclées multicolores Pop art lors des séquences d’horreur (effets spéciaux encore très réussis aujourd’hui), quand les personnages fondent après avoir bu leur gnôle.

Sous ses allures de gros délire gore réalisé par des étudiants en cinéma de la School of visual arts de New-York sous la houlette d’un de leurs professeurs, Roy Frumkes, Street Trash peut également se voir comme un « document » sur celles et ceux qui représentent la face cachée de la politique libérale reaganienne, les rebuts du rêve américain. Alors que les buildings brillent de mille feux dans la brume (ou la pollution), les bâtisses branlantes et les boutiques mal famées font le quotidien des habitants qui ont atterri là parce qu’ils ne pouvaient sans doute pas faire autrement.

Le problème de Street Trash, qui était à l’origine un court-métrage, c’est son manque de rythme. Le film s’apparente à une série de sketches reliés par le fil rouge des bouteilles d’alcool frelaté. Si Jim Muro parvient à maintenir l’intérêt sur 1h40 au moyen de quelques séquences savoureuses et mythiques, dont une partie de football américain où une bite tranchée remplace le ballon ovale, Street Trash contient quelques ventres mous et l’ennui peut s’installer. Et dire que le montage original durait 2h40 !

Satire sociale désopilante et pourtant bien acérée sur les bas-fonds dégueulasses de la société new-yorkaise, bourrée d’idées visuelles à chaque plan, Street Trash est loin de proposer un discours neutre sur les conditions de vie de ses protagonistes. C’est sans doute pour cela que cette série B au budget de 500.000 dollars a su rester une référence et qu’il dépasse de loin son simple statut de film d’horreur. En fait, Street Trash peut se voir comme un remake trash d’Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola. Ce qui n’est pas un mince compliment.

LE BLU-RAY

Street Trash, disponible chez ESC Editions, est disponible en DVD et en édition Médiabook combo 2 DVD + Blu-ray + livret exclusif de 24 pages. Superbe objet aux couleurs étincelantes et livret concocté par Marc Toullec. Le menu principal est animé et musical sur le Blu-ray, fixe et muet sur le DVD bonus.

Le premier supplément disponible sur le Blu-ray est le court-métrage Street Trash, à l’origine du film (15’). Quand Roy Frumkes, professeur de Jim Muro découvre le film de fin d’études de ce dernier, il lui propose d’en faire un vrai long métrage. On y retrouve évidemment ce qui fera le succès de la version cinéma, à savoir les clochards, la boisson frelatée et bien sûr les personnages qui se mettent à fondre après absorption du tord-boyaux.

Le bonus suivant croise les propos souvent passionnants de Nicolas Stanzick des Cahiers du cinéma et de Fausto Fasulo de Mad Movies (33’). Le premier se souvient de sa découverte de Street Trash, film gore inventif et explosif, repoussant et pourtant jubilatoire, qui l’avait marqué à l’adolescence. Le second insiste sur le côté « film odorant, devant lequel on se sent sale ». Ensuite, les deux journalistes dressent le portrait du réalisateur Jim Muro, qui signait ici son unique long métrage, évoquent la genèse de Street Trash et les conditions de tournage de la version long métrage. La mise en scène, les décors, le premier montage de 2h40, les thèmes, les personnages, les effets visuels, l’utilisation de la couleur, l’affiche et le statut culte du film sont ensuite passés au crible sans aucun temps mort.

L’interactivité du Blu-ray se clôt sur deux bandes-annonces du film.

Mettez ensuite le DVD Bonus dans votre lecteur, pour savourer l’incroyable documentaire rétrospectif sur Street Trash, d’une durée de 120 minutes et réalisé à l’occasion du vingtième anniversaire du film. Si Jim Muro est évidemment absent (sauf via quelques images d’archives) puisqu’il refuse aujourd’hui de parler du film (qu’il a par ailleurs renié), c’est Roy Frumkes, producteur, scénariste et ancien professeur du réalisateur, qui monopolise la parole ici. Néanmoins, la plupart des comédiens et techniciens du film ont également accepté de participer à ce documentaire : Mike Lackey (Fred, également responsable des maquillages), Robert Marcucci (décorateur), Denise Labelle (directrice artistique), Vic Noto (Bronson), Tony Darrow (Nick Duran), Clarence Jarmon (Burt), David Sperling (directeur de la photographie), Bryan Singer alors assistant et bien d’autres.

La genèse, l’écriture du scénario, le parcours de Jim Muro, les conditions des prises de vues, l’élaboration du storyboard, la postproduction, la Première du film, l’affiche, la critique, sa mauvaise exploitation dans les salles et son triomphe en VHS sont longuement abordés. Le tout illustré par des photos et même des images de tournage, ainsi que des essais des comédiens et des scènes coupées au montage !

L’Image et le son

Jusqu’ici, Street Trash était disponible uniquement en DVD chez Opening, dans une copie au format original respecté 1.85 (16/9). Cette nouvelle copie restaurée proposée par ESC Editions est annoncée en 1.77, ceci à la demande du producteur, en accord avec Jim Muro. Si l’apport de la HD demeure peu indispensable pour Street Trash, force est de constater que l’image est très lumineuse, avec des couleurs éclatantes. En revanche, la texture argentique manque à l’appel. Cela est très regrettable puisque le grain original faisait non seulement partie de la photographie de David Sperling, mais rajoutait également au côté sordide des décors et des conditions de vie des protagonistes. Cette image trop lisse à notre goût est néanmoins très propre, malgré divers points blancs, le piqué est évident et les contrastes revus à la hausse.

La version française, puisque de nombreux spectateurs ont découvert puis revu le film ainsi, est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0. Si la piste est propre, les dialogues sont parfois très forts et frôlent la saturation. Cela n’empêche pas d’apprécier les propos particulièrement fleuris. La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1, aux sous-titres français non imposés. Cela profite essentiellement à la composition de Rick Ulfik, bien présente sur l’ensemble des canaux. Plus homogène, cette version est également plus dynamique avec quelques effets de basses sympathiques, même si le volume des voix aurait pu être plus élevé.

Crédits images : © Roy Frumkes / ESC Editions/ Captures Blu-ray et DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Frightmare, réalisé par Pete Walker

FRIGHTMARE réalisé par Pete Walker, disponible en DVD chez Uncut Movies le 3 avril 2017

Avec :  Sheila Keith, Rupert Davies, Deborah Fairfax, Kim Butcher, Paul Greenwood, Fiona Curzon…

Scénario : Pete Walker, David McGillivray

Photographie : Peter Jessop

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Quinze ans après avoir été emprisonné pour avoir commis les crimes les plus horribles et les plus violents, Dorothy et Edmund Yates sont libérés dans la collectivité. Mais malgré les efforts déployés d’Edmund, Dorothy retrouve ses tendances cannibales et elle est bientôt encore rendue à commettre des meurtres horribles. Pendant ce temps, leur fille et belle-fille Debbie et Jackie commencent à être tirées dans leur étrange spirale de violence, et l’une d’elles pourrait même avoir hérité du goût de la chair humaine de Dorothy…

La même année que FlagellationsHouse of Whipcord, le réalisateur Pete Walker et le scénariste David McGillivray remettent le couvert avec ce qui reste aujourd’hui leur collaboration la plus célèbre, Frightmare. Né en 1939, Pete Walker débute par des courts-métrages dénudés (Soho Striptease, The Girl That Boys Dream About, Please Do Not Touch) qu’il produit lui-même et revend sous le manteau, avant de passer au long-métrage en 1968 avec The Big Switch. Suivront alors des œuvres aux titres explicites L’Ecole du sexe, Der Porno-Graf von Schweden, Four Dimensions of Greta en relief !. Puis, il change de registre en abordant l’épouvante avec Meurs en hurlant, Marianne et Le Rideau de la mort. Si pour les aficionados, les cinéphiles et les amateurs de films de genre, Flagellations reste leur film de prédilection, Frightmare est unanimement salué comme étant son œuvre la plus ambitieuse et la plus réussie, à tel point que certains en viennent à préférer ce film au Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, sorti la même année et avec lequel il partage quelques points communs.

Dorothy Yates vit avec son mari Edmund dans une petite ferme isolée à l’abri des regards indiscrets. La vieille femme dissimule en réalité un terrible passé puisqu’elle fut internée pendant de nombreuses années aux côtés de son époux pour avoir commis une série de meurtres brutaux sur fond de cannibalisme. Aujourd’hui libérée et réintégrée dans la société Dorothy mène une vie tranquille sous l’œil bienveillant de son mari hier complice par amour des crimes de son épouse. En réalité la vieille femme n’a rien perdu de sa démence et va de nouveau céder à l’appel de la chair humaine dont elle se révèle après toutes ces années de psychanalyse toujours aussi friande ! Dorothy attire ainsi secrètement chez elle ses victimes pour leur tirer les cartes avant de les massacrer avec sauvagerie et de se repaitre de leur cervelle encore tiède. Seule Jackie, la fille d’Edmund, semble prendre conscience de la nouvelle dérive meurtrière de sa belle-mère. Parviendra-t-elle à mettre un terme à ce carnage qui ensanglante de nouveau la campagne anglaise ?

Avec Flagellations (1974), Frightmare (1974) et Mortelles confessions (1976), le cinéaste Pete Walker mérite largement d’être réévalué, reconnu et réhabilité. Sur un sujet scabreux et à ne pas mettre devant tous les yeux, le réalisateur britannique fait preuve d’une incroyable virtuosité et instaure progressivement une peur, une angoisse sourde avec pourtant une économie d’effets frontaux. Particulièrement dérangeant, Frightmare happe d’emblée le spectateur avec un prologue en N&B, qui se déroule en 1957 dans le décor d’une fête foraine désertée. S’ensuit le meurtre hors-champ d’un homme, puis le procès d’un couple reconnu comme étant les assassins. En entendant la sentence, cet homme et cette femme, dont nous ne voyons pas les visages, se prennent la main. Retour à la couleur, place au sang, quinze ans plus tard. Pete Walker aborde le cannibalisme dans une famille dégénérée, où le goût du sang et des viscères se transmet génétiquement.

La photographie de Peter Jessop appuie la crasse environnante, désormais théâtre des histoires de monstres à visages humains. Si le casting est comme d’habitude soigné, la comédienne Sheila Keith tire une fois de plus son épingle du jeu dans le rôle de Dorothy Yates, celle par qui le mal arrive dans la famille. Comme dans Flagellations et avant Mortelles confessions, l’actrice se délecte d’un rôle difficile qui lui permet de créer un personnage repoussant, tout en lui insufflant une évidente humanité. Pete Walker joue avec l’empathie du spectateur puisqu’il démontre une fois de plus que les institutions sont incapables de prendre en charge et de soigner un tel cas pathologique et schizophrénique. Quelques années après avoir été enfermée avec son époux Edmund, complice de ses meurtres, Dorothy Yates ressort d’un institut psychiatrique après avoir été jugée apte à être réinsérée dans la société. Seulement voilà, sitôt remise en liberté, Dorothy replonge immédiatement, avec le soutien de son époux, amoureux transi, et de sa belle-fille Debbie (excellente Deborah Fairfax) qui essaye de déjouer l’appétit déviant de sa belle-mère. Mais c’était sans compter le mal qui s’est transmis à la fille de Dorothy et d’Edmund.

Véritable film d’horreur moderne et thriller psychologique produit en totale indépendance, Frightmare n’a rien à envier à Texas Chain Saw Massacre avec son ambiance oppressante. Son final très sombre n’a pas fini de triturer les méninges.

LE DVD

Uncut Movies frappe fort avec cette édition DVD Collector limitée et numérotée à 1000 exemplaires de Frightmare ! Le disque repose dans un sublime Digipack constitué d’un livret de 28 pages merveilleusement illustré, avec en introduction un mot de l’éditeur et la présentation du label Uncut Movies, puis un petit focus sur les maîtres de l’horreur britannique et une analyse de quelques-uns des films les plus célèbres de Pete Walker. Sans oublier un petit poster collector du film tiré de son exploitation italienne. Le menu principal est animé et musical. Un très bel objet de collection.

Cette édition de Frightmare s’accompagne d’une galerie de photos, du trailer original du film, de bandes-annonces Uncut Movies et surtout d’une large présentation de l’oeuvre de Pete Walker qui nous intéresse ici, par l’expert, monsieur David Didelot. 1H17 en compagnie de ce dernier, cela ne se refuse pas. Le co-fondateur du fanzine Vidéotopsie revient armé jusqu’aux dents de VHS, d’ouvrages et de DVD pour illustrer ses propos toujours aussi passionnants et qui donnent furieusement envie de se jeter sur tous les titres Bis évoqués. Pas un seul moment de répit pour David Didelot qui dresse un fabuleux portrait du réalisateur Pete Walker. Ses débuts au cinéma, ses films, ses partis pris, ses intentions, sa rencontre déterminante avec le scénariste David McGillivray, mais également son ambiguïté sont passés au crible. Ne tarissant pas d’éloges sur ce réalisateur indépendant qu’il affectionne tout particulièrement, David Didelot déclare que Pete Walker mériterait d’être reconsidéré à sa juste valeur. Au bout de 50 minutes, Frightmare est analysé – dans le fond comme dans la forme – par notre spécialiste du Bis, évoquant également le casting, l’accueil critique, la sortie du film et les divers titres d’exploitation.

L’Image et le son

Ce DVD permet de (re)découvrir le film de Pete Walker dans de très bonnes conditions techniques. Souvent nette et précise, la copie est bien restaurée avec des contrastes appréciables, une image propre, le grain argentique préservé, un piqué élégant et des détails qui étonnent souvent par leur précision, en particulier les gros plans. Le prologue en N&B est plus altéré avec des points, poussières et autres scories visibles. Cela s’améliore dès le passage à la couleur. La photo hivernale, grisâtre, sombre du chef opérateur Peter Jessop (Schizo, Mortelles confessions) est élégamment restituée avec ses teintes fanées. N’oublions pas la stabilité d’ensemble.

Point de version française ici. Le mixage anglais aux sous-titres français (non imposés) instaure une écoute propre avec parfois quelques sensibles chuintements dans les aigus, mais rien de bien méchant.

Crédits images : © Uncut Movies / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test DVD / Another Wolfcop, réalisé par Lowell Dean

ANOTHER WOLFCOP réalisé par Lowell Dean, disponible en DVD chez Factoris Films le 6 mars 2018

Avec :  Leo Fafard, Yannick Bisson, Amy Matysio, Jonathan Cherry, Serena Miller, Devery Jacobs…

Scénario : Lowell Dean

Durée : 1h15

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Quelques mois ont passé depuis que l’éclipse noire a transformé notre valeureux policier en WolfCop.
Et bien que les mécréants qui contrôlaient la ville aient été éliminés, Woodhaven est loin d’être revenue à la normale. De plus, ses transformations les soirs de pleine lune ont gravement mis à l’épreuve sa relation avec l’officier Tina Walsh, devenue chef de la police. C’est alors qu’un nouvel assassin émerge de l’ombre, cherchant à terminer ce qu’avaient commencé ses prédécesseurs.
Et pour vaincre cet adversaire, il faudra plus qu’un loup solitaire armé d’un pistolet…

On nous avait prévenus, Lou Garou, le flic borné, paresseux, alcoolique et lycanthrope, qui fait profiter de ses talents à la petite ville de Woodhaven est de retour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur et scénariste canadien Lowell Dean a poussé les curseurs à fond pour ce second volet qui joue ou plutôt surjoue la surenchère jusqu’à l’outrance, à tel point que même notre flic loup-garou combattant le crime paraît lui-même dépassé par l’entreprise.

Cette fois, il doit affronter un homme d’affaires excentrique aux intentions maléfiques, qui a décidé de s’emparer de la petite ville tranquille de Woodhaven. On se demande bien pourquoi, mais c’est ainsi. Nous retrouvons donc Lou Garou, toujours aussi porté sur la bibine. Alors qu’il avait pris l’habitude de se réveiller dans les endroits les plus improbables avec une sérieuse gueule de bois, Lou doit maintenant se cacher dans quelques hangars miteux au moment de sa mutation. Il doit encore user de sa vue, de son ouïe et de son flair, ou plus exactement son odorat décuplé, pour défendre sa ville et aider ses amis. Another Wolfcop peine à retrouver la fraîcheur du premier épisode. Pour cette raison, Lowell Dean et sa clique y vont à fond dans les effets sanglants et les scènes nawak, à l’instar d’une séquence où notre héros (non transformé) s’accouple avec une She-Wolf (avec queue et fourrure), dans toutes les positions possibles et imaginables, avec moult détails graveleux en sus. Le règlement de comptes sur la patinoire vaut également son pesant.

Sur un montage alerte, le récit court et ramassé sur 1h15 tient à peu près la route. L’histoire est évidemment un prétexte pour retrouver notre héros atteint de lycanthropie galopante, qui tente de devenir un homme meilleur le jour alors qu’il est un animal la nuit. Le premier Wolfcop avait profité d’un buzz monumental créé avant même le tournage du film. Ce second opus est un délire complètement assumé, une comédie d’horreur frappadingue, mais dans le bon sens du terme, autrement dit une frénésie cinématographique contagieuse, respectueuse du genre et ne croulant pas sous les références lourdingues. Ici le ton comique et ironique est bienvenu, les séquences crades font leur effet, tout comme les maquillages qui s’avèrent amusants, les acteurs y vont à fond, en particulier Leo Fafard, qui s’éclate dans l’attachant rôle-titre. Un certain Kevin Smith vient faire également une apparition.

Bien rythmé, bien allumé, bien tout court, Another WolfCop est une attraction généreuse et potache pour les fanas du cinéma déviant et on lui pardonne volontiers ses quelques écarts scénaristiques. Le résultat est là, c’est délicieusement vintage, bourré d’imagination malgré un évident manque de moyens. Que les fans soient rassurés, un troisième tour de piste est d’ores et déjà annoncé dans l’épilogue. Répondrez-vous présents aux prochaines aventures de Lou Garou, le film alcoolique qui se transforme en lycanthrope et qui utilise cette malédiction pour faire régner la justice dans sa petite bourgade pleine de péquenauds ?

LE DVD

En juin 2015, le premier Wolfcop avait bénéficié d’une édition Blu-ray chez Factoris Films. Trois ans plus tard, le même éditeur accueille tout naturellement Another Wolfcop dans sa musette, mais point de galette bleue pour ce second opus ! Le menu principal – qui parodie celui de l’affiche de Cobra avec Sylvester Stallone – et musical accueille le spectateur. Signalons que les deux films sont également disponibles sur un disque dans une autre édition, mais uniquement en DVD.

Seule la bande-annonce en version française est proposée comme suppléments, là où le premier disposait de bonus plus conséquents.

L’Image et le son

Ce master au format respecté 1.78 (16/9) de Antoher WolfCop présente une propreté irréprochable. Néanmoins, les partis pris donnent parfois du fil à retordre et l’image de ce DVD qui demeure parfois perfectible. La copie est certes immaculée, mais les couleurs restent un peu trop ternes à notre goût et manquent de peps. L’excentricité des maquillages et des effets spéciaux aurait pu être encore plus mise en valeur, les contrastes manquent de temps en temps de fermeté et quelques légers flous sporadiques sont à déplorer. Les personnages se détachent sans mal devant des fonds unis, entre chaud et froid, les gros plans sont bien restitués avec un lot de détails parfois confondant, à l’instar de la fourrure de Lou Garou. Les noirs paraissent tantôt concis tantôt sensiblement poreux en tirant sur le vert et dénaturent quelque peu le piqué. Mais cela reste anecdotique. Le codec fait alors ce qu’il peut pour consolider le tout et évite les fourmillements intempestifs.

La piste anglaise est la seule à bénéficier d’une DTS 5.1 qui instaure une spatialisation musicale souvent saisissante et distille de belles ambiances naturelles. Les dialogues sont solidement délivrés par la centrale et au jeu des comparaisons, cette option acoustique écrase la version française Dolby Digital 5.1 au doublage rigolo. La DTS 5.1 anglaise est évidemment plus ample, plus homogène et frappante dans les scènes d’action, et les transformations du personnage. L’ensemble des enceintes est mis à contribution, le caisson de basses a souvent l’occasion de participer à la mise en valeur de la musique. La version originale bénéficie également d’une piste Dolby Digital 5.1 également percutante.

Crédits images : © Factoris Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Ça, réalisé par Andy Muschietti

ÇA (It) réalisé par Andy Muschietti, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Warner Bros. le 24 janvier 2018

Avec :  Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Finn Wolfhard, Jack Dylan Grazer, Sophia Lillis, Jeremy Ray Taylor, Wyatt Oleff, Chosen Jacobs…

Scénario : Chase Palmer, Cary Fukunaga, Gary Dauberman d’après le roman Ça de Stephen King

Photographie : Chung Chung-hoon

Musique : Benjamin Wallfisch

Durée : 2h14

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

À Derry, dans le Maine, sept gamins ayant du mal à s’intégrer se sont regroupés au sein du « Club des Ratés ». Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles favorites des gros durs de l’école. Ils ont aussi en commun d’avoir éprouvé leur plus grande terreur face à un terrible prédateur métamorphe qu’ils appellent « Ça »…
Car depuis toujours, Derry est en proie à une créature qui émerge des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier. Un cycle qui a commencé un jour de pluie lorsqu’un petit garçon poursuivant son bateau en papier s’est retrouvé face-à-face avec le Clown Grippe-Sous … 

Tout d’abord, revenons en arrière. C’est une madeleine pour beaucoup de (télé)spectateurs, une mini-série culte qui compte des millions de fans à travers le monde et qui en gagne sans cesse de nouveaux, notamment en France où elle est très régulièrement diffusée sur la TNT après avoir été programmée pendant des années sur M6, sa première diffusion à la télé française remontant à octobre 1993 : Ça, plus connu en France sous le titre « Il » est revenu. Périodiquement, la ville de Derry dans le Maine est hantée par une terrible créature, un clown pervers capable de changer à loisir d’apparence afin de personnifier les peurs les plus intimes de ses victimes. Dans les années 1950, des événements tragiques se produisent à nouveau. S’attaquant uniquement aux enfants, qui disparaissent ou qui sont retrouvés morts dépecés, «Ça» est un jour vaincu par un groupe de sept jeunes amis de onze ans, six garçons et une fille, ayant fait la promesse de toujours poursuivre l’odieuse entité, qui a disparu dans les égouts abandonnés. Trente ans plus tard, alors que chacun mène une vie paisible aux quatre coins du pays, «Ça» réapparaît à nouveau à Derry. Conformément à leur promesse, le groupe des sept devra se reformer à l’âge de 40 ans pour affronter ses peurs d’enfants.

En 1990, cette adaptation est un événement. Certes, les plus passionnés du chef d’oeuvre absolu de Stephen King publié en 1986 trouveront toujours à redire sur sa transposition, le ton édulcoré pour toucher une plus large audience, les changements inévitables apportés pour le passage du livre à l’écran, mais Ça demeure une véritable référence et finalement le livre et la mini-série en deux parties se complètent parfaitement. D’ailleurs, ceux qui auront vu la mini-série avant de lire le roman, projetteront inévitablement le visage des comédiens au fil de mots du maître de l’horreur.

Le casting est remarquable, que ce soit les enfants ou les adultes, tous extrêmement attachants et solidement dirigés par Tommy Lee Wallace (Halloween 3 : Le Sang du sorcier, Vampire, vous avez dit vampire ? 2), qui par ailleurs soigne sa mise en scène et regorge d’inventions pour faire peur et divertir. L’alchimie entre les deux groupes est indéniable et participe à l’immersion du spectateur dans cette histoire fantastique, qui en a traumatisé plus d’un, au point d’en devenir coulrophobiques, autrement dit phobique des clowns. Il faut dire que Tim Curry est particulièrement angoissant dans le rôle-titre et signe une de ses plus grandes performances après The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman et Legend de Ridley Scott. Si ses apparitions sont finalement limitées sur plus de trois heures, chacune demeure marquante et donne de nombreuses sueurs froides, tant aux personnages qu’aux spectateurs.

Si la télévision ne bénéficiait pas des mêmes budgets et de la même liberté créatrice qu’aujourd’hui, Ça« Il » est revenu fait partie de ces rares productions devenues des classiques dès leur première diffusion. Avec son aspect film-noir, notamment avec le personnage de Mike Hanlon qui mène son enquête et dont les mémoires sont dites en voix-off, combiné à une histoire fantastique, d’horreur, d’épouvante, dramatique, d’amour et d’amitié (les retrouvailles du Club des paumés 30 ans après sont très émouvantes), Ça traverse les décennies sans prendre de rides – à part au niveau des effets spéciaux, mais est-ce bien là le plus important ? – et reste précieux dans le coeur des spectateurs.

En juillet 2015, alors qu’il travaille sur une nouvelle transposition du roman de Stephen King, le réalisateur Cary Fukunaga (la première saison de True Detective) quitte finalement le projet suite à des divergences avec la production, qui trouve alors ses idées trop sombres, d’autant plus que le studio souhaitait faire un seul et unique long métrage et non deux comme le désirait le réalisateur. Dommage, d’autant plus le comédien Will Poulter (glaçant dans Detroit de Kathryn Bigelow), qui devait interpréter Pennywise, quitte également le navire. Néanmoins, la Warner Bros. fait finalement appel au cinéaste argentin Andrés Muschietti, révélé par Mamá, pour reprendre le flambeau. Moins torturée, moins sanglante et sexuelle que l’approche de son prédécesseur, Andrés Muschietti livre néanmoins une version très prenante du roman de Stephen King. A titre de comparaison, cette nouvelle mouture 2017 fait moins peur que le téléfilm original et effraie beaucoup moins que le livre. Néanmoins, marqué par des références aux productions Amblin (la première partie a d’ailleurs été déplacée dans les années 1980), Ça version 2017 peut compter sur un casting admirable, avec tout d’abord la nouvelle incarnation du Clown par Bill Skarsgård.

Fils de l’acteur Stellan Skarsgård et frère d’Alexander (True Blood, Melancholia, Tarzan), le jeune comédien de 27 ans s’avère remarquable et sa prestation ne cherche jamais à rivaliser ou à égaler celle inoubliable de Tim Curry. Il s’agit d’un autre Pennywise, plus monstrueux, et bien que ses apparitions restent dispersées sur 2h15, Bill Skarsgård crève l’écran. Cette première partie se focalise uniquement sur l’enfance des personnages, contrairement au téléfilm qui croisait les deux époques. Le chapitre 2 prévu dans les salles en septembre 2019, se concentrera sur la partie adulte, avec quelques flashbacks sur les personnages enfants. Le nouveau club des ratés se compose d’exceptionnels comédiens, bourrés de talent et au charisme magnétique : Jaeden Lieberher – Bill Denbrough (Midnight Special), Finn Wolfhard – Richie Tozier (Mike Wheeler dans la série Stranger Things), Sophia Lillis – Beverly Marsh (immense révélation), Jack Dylan Grazer – Eddie Kaspbrak, Wyatt Oleff – Stan Uris, Jeremy Ray Taylor – Ben Hanscom et Chosen Jacobs – Mike Hanlon. Un casting haut de gamme et tous très prometteurs.

Pour celles et ceux qui attendaient une adaptation fidèle au roman, sachez que ce n’est pas le cas ici. Si la première séquence, celle qui oppose le petit Georgie au Clown dans le caniveau se révèle être plus sanglante, Ça 2017 surfe plutôt sur la nostalgie des divertissements des années 1980, dans ses partis pris et dans son atmosphère. Certes, cela peut paraître déconcertant, mais le film d’Andy Muschietti est un fabuleux et très attachant divertissement, excellemment mis en scène, photographié et interprété, drôle, poétique, mélancolique et qui contient son lot de séquences morbides à défaut d’être réellement effrayantes.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Ça, disponible chez Warner Bros., est disposé dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

Contrairement au Blu-ray d’Il est revenu sorti en 2016, l’éditeur ne vient pas les mains vides et propose une heure de suppléments.

Le premier module se focalise sur la transformation et la performance de Bill Skarsgård en Pennywise (16’), à travers quelques images de tournage et les propos des comédiens, de la productrice Barbara Muschietti (sœur du cinéaste) et du réalisateur Andy Muschietti. Pas un mot sur l’ancienne version et le travail de Tim Curry, mais Bill Skarsgård indique point par point comment il a su s’approprier ce rôle emblématique. Chose amusante, l’acteur a su faire des économies à la production en se passant d’effets visuels pour la lèvre inférieure pendante du personnage, ainsi que son strabisme et même pour l’ensemble des cascades. Pour l’anecdote, Bill Skarsgård n’est arrivé sur le plateau que deux mois après le début des prises de vue et n’est apparu devant ses jeunes partenaires qu’au dernier moment afin de préserver la surprise.

Le documentaire suivant donne cette fois la parole à l’ensemble du club des losers (16’). Les merveilleux jeunes acteurs interviennent à tour de rôle pour parler de leurs personnages, mais aussi et surtout de la véritable alchimie et l’amitié nées sur le plateau. De nombreuses images de tournage viennent également illustrer l’ensemble.

Place au maître Stephen King en personne (14’), qui propose un retour sur les origines et ses inspirations de son roman Ça. Nous sommes étonnés d’apprendre que de nombreux faits divers survenus à Bangor (dans le Maine) ont grandement inspiré l’histoire, tout comme la topologie de la ville.

Les scènes coupées ou rallongées (15’) n’apportent pas grand-chose, si ce n’est un prologue tourné comme un gag raté (en gros Georgie récupère son bateau et Pennywise pousse un juron devant son échec) et la Bar Mitsvah dans son intégralité de Stan durant laquelle le jeune homme fustige l’aveuglement des adultes sur les mystérieuses d’enfants à Derry depuis toujours.

L’Image et le son

Sublime. Warner Bros. soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, y compris sur séquences sombres, avec une image sans cesse affûtée. La clarté demeure frappante, le piqué est acéré, les gros plans riches, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les volontés artistiques du chef opérateur Chung-hoon Chung (Mademoiselle, Stoker, Old Boy). Ce Blu-ray offre de fabuleuses conditions pour revoir le film d’Andy Muschietti et profiter de la superbe photographie. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 (ou Dolby Atmos si votre installation vous le permet) est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique de Benjamin Wallfisch (Blade Runner 2049, A Cure for Life) bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets fracassants.

Crédits images : © WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / I Wish – Faites un voeu, réalisé par John R. Leonetti

I WISH – FAITES UN VOEU (Wish Upon) réalisé par John R. Leonetti, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 28 novembre 2017

Avec :  Joey King, Ryan Phillippe, Ki Hong Lee, Mitchell Slaggert, Shannon Purser, Sydney Park, Kevin Hanchard, Sherilyn Fenn…

Scénario : Barbara Marshall

Photographie : Michael Galbraith

Musique : tomandandy

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Pas facile de survivre à l’enfer du lycée, Clare Shannon et ses copines en savent quelque chose. Du coup, quand son père lui offre une ancienne boîte à musique dont les inscriptions promettent d’exaucer tous ses vœux, Clare tente sa chance. Et ça marche ! Argent, popularité, petit ami, tout semble parfait. Mais le rêve a un prix : au fur et à mesure de ses souhaits, des personnes de son entourage meurent dans des conditions particulièrement atroces. Clare le sait : elle doit se débarrasser de la boîte pour sauver sa vie et celle de ses proches avant de faire le voeu de trop.

Qui dit excellent directeur de la photographie, ne veut pas forcément dire bon réalisateur. C’est le cas de John R. Leonetti, chef opérateur sur Chucky 3, Hot Shots ! 2, The Mask, Mortal Kombat, qui a connu un second souffle grâce aux films de James Wan, Dead Silence, Death Sentence, Insidious et sa première suite, sans oublier Conjuring : Les Dossiers Warren. Une belle carte de visite. En 1997, John R. Leonetti signe son premier long métrage, Mortal Kombat : Destruction finale, considéré – à juste titre – comme l’une des pires suites de l’histoire du cinéma. Ses autres coups d’essai ne sont pas plus fameux avec un Effet papillon 2 en 2006 et le soporifique Annabelle en 2014, spin-off de la franchise Conjuring centré sur la poupée maléfique. Si en 2016, Wolves at the Door est resté inédit en France, I Wish – Faites un vœu ou Wish Upon en version originale, a connu une exploitation dans nos salles l’été 2017 où il a attiré plus de 300.000 spectateurs fans de cinéma fantastique. Rien ne distingue ce film de genre du tout venant contemporain. Mollement réalisé, interprété par des jeunes comédiens sans aucun charisme, mal écrit, I Wish – Faites un vœu fait penser à un mauvais épisode de La Quatrième Dimension.

Clare Shannon, âgée de 17 ans, est hantée par le souvenir du suicide de sa mère. Son père Jonathan, un ancien musicien et collectionneur compulsif qui passe son temps à fouiller dans les bennes à ordures, trouve une boîte à musique chinoise et la lui donne comme cadeau d’anniversaire. Sympa le padre. Comme par hasard, Clare étudie le chinois au lycée et parvient à traduire l’une des nombreuses inscriptions sur la boîte : « Sept souhaits ». Subissant les moqueries et les brimades d’une dénommée Darcie, Clare fait sans trop y croire le vœu que sa rivale se mette à pourrir. Carrément. Le lendemain, cette dernière se lève et constate que sa peau ressemble à du charbon qui s’effrite. Le même jour, Clare retrouve Max son chien mort, dévoré par des rats dans l’espace souterrain de sa maison. Clare se rend compte que la boîte octroie des vœux, mais ne réalise pas encore que ses souhaits ont des conséquences. Elle fait néanmoins un second souhait, celui que Paul, le garçon le plus prisé du lycée tombe « désespérément » amoureux d’elle. Et ainsi de suite, Clare va pouvoir se faire plein de tune, emballer le mec de ses rêves, faire en sorte que son père arrête de faire les poubelles et surtout devenir la fille la plus populaire de son bahut. Bon en contrepartie, son oncle, son chien, sa voisine préférée meurent tous dans des conditions étranges, mais c’est pas grave, Clare peut se payer plein de jupes et du mascara pour souligner son strabisme.

I Wish – Faites un vœu ne fait rien ou pas grand-chose pour donner un peu d’originalité à son histoire qui ne se gêne pas pour piller ses idées sur l’excellente saga Destination Finale ou sur Wishcraft de Richard Wenk (2002). Du coup, les passages à trépas sont attendus en plus d’être vus et revus. On serait méchant, on pourrait dire qu’avec ses acteurs en carton, son scénario en carton et sa mise en scène en carton que I Wish – Faites un vœu est un film Linda de Suza.

Du haut de ses 18 ans, l’actrice principale Joey King compte déjà de nombreuses apparitions au cinéma, principalement dans des productions fantastiques (World Invasion: Battle Los Angeles, The Dark Knight Rises, Le Monde fantastique d’Oz, Independence Day: Resurgence) ou d’horreur (En quarantaine, Conjuring : Les Dossiers Warren). Si son charisme rappelle celui d’une Barbra Streisand juvénile, la jeune comédienne en fait souvent des tonnes avec ses yeux écarquillés, sa moue boudeuse et ses bras qui moulinent quand elle se met à courir. Une tête à claques jamais attachante. Elle n’est guère aidée par ses partenaires, qui se contentent du minimum syndical, en particulier le revenant des années 1990 Ryan Phillippe, cantonné au rôle du père qui ne se rend pas compte dans quelles catastrophes s’est embarquée sa fille. Notons tout de même l’apparition de Sherilyn Fenn, la merveilleuse Audrey de la série Twin Peaks.

Si l’on a déjà vu bien pire, I Wish – Faites un vœu est représentatif du cinéma fantastique d’aujourd’hui, fait à la chaîne pour les adolescents, une malbouffe hollywoodienne réalisée par des types soucieux de faire plaisir à leurs sponsors, de vendre des tonnes de popcorn et des litres de soda à l’entrée du cinéma. Il n’est pas interdit de se faire uniquement plaisir au cinéma, surtout pas, c’est même la base du septième art, c’est juste qu’il y a un minimum syndical à respecter quant à la gueule du produit finit proposé à une jeune audience qui n’est même plus capable de distinguer le bon du mauvais cinéma de genre.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de I Wish – Faites un vœu, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Minimum syndical pour cette édition HD puisque TF1 Studio ne livre que cinq petites featurettes (11 minutes au total), composées d’interviews de l’équipe (acteurs, réalisateur, producteurs) et d’images de plateau. Promotionnels à fond, ces modules se focalisent notamment sur le tournage de la scène du grenier.

L’Image et le son

I Wish – Faites un voeu est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Michael Galbraith. Les volontés artistiques sont donc respectées mais entraînent quelques pertes occasionnelles du piqué et des détails dans les scènes les moins éclairées. Néanmoins, ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale.

Que votre choix se soit porté sur la version française ou la version originale DTS-HD Master Audio 5.1., le confort acoustique est total et la piste anglaise l’emporte du point de vue homogénéité des voix et des effets annexes. Le pourvoir immersif des deux mixages est fort plaisant. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets sont souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Broad Green Pictures / Steve Wilkie / Paramount Pictures / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / It Comes at Night, réalisé par Trey Edward Shults

IT COMES AT NIGHT réalisé par Trey Edward Shults, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studios le 7 novembre 2017

Acteurs :  Joel Edgerton, Christopher Abbott, Carmen Ejogo, Riley Keough, Kelvin Harrison Jr., Griffin Robert Faulkner, David Pendleton…

Scénario : Trey Edward Shults

Photographie : Drew Daniels

Musique : Brian McOmber

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.

Etrange film que cet It Comes at Night, deuxième long métrage du jeune réalisateur, scénariste et producteur américain Trey Edward Shults, né en 1988, remarqué en 2016 avec Trisha, Prix de la critique à Deauville en 2015. Ayant fait ses classes auprès d’un certain Terrence Malick sur le tournage de The Tree of Life en tant qu’assistant cameraman, il s’inspire pour son second film de la mort de son père, qui l’a profondément affecté. It Comes at Night est né de ces questions sur la fin de vie, sur ses propres peurs, sur la transmission. Moins un film d’horreur qu’un drame intimiste et thriller psychologique, It Comes at Night déstabilise souvent et ne manque pas d’attraits, même si tout est loin d’être parfait.

Toujours affublé d’un masque à gaz, Paul vit reclus et isolé, avec femme et enfant, dans une maison en bois au milieu de la forêt. Il se voit dans l’obligation d’accueillir une famille chez lui, alors qu’un virus semble avoir mis à mal la civilisation telle qu’on la connaît. Il essaie d’instaurer certaines règles : il faut toujours sortir à deux, passer par la même porte et ne surtout pas s’aventurer dans le bois. Mais ces beaux principes sont mis à mal quand d’étranges événements se produisent.

« Lorsque tombe la nuit » comme nos amis québécois ont intitulé le film, ne révolutionne pas le genre. Voilà ça c’est dit. Il n’en a pas la prétention d’ailleurs. Mais son approche de la peur, celle liée à ses cauchemars, à l’inconnu, au noir et à ce qu’il renferme interpelle bel et bien. Si le rythme est souvent très (trop) lent, Trey Edward Shults a incontestablement le sens du cadre et de la grammaire cinématographique. Sur un postulat simple et bénéficiant d’un budget minuscule de 2,5 millions de dollars, le metteur en scène parvient à tirer profit de son décor limité, une cahute plantée au milieu de nulle part, de son intrigue serrée sur une demi-douzaine de personnages réunis dans la même habitation. Il peut également compter sur de très bons comédiens parmi lesquels se démarquent l’australien Joel Edgerton (Midnight Special, Bright), dont la présence inquiétante et ambigüe met souvent mal à l’aise, ainsi que Riley Keough (Mad Max: Fury Road, Logan Lucky), petite-fille d’Elvis Presley, qui commence à faire sa place à Hollywood.

Trey Edward Shults sait filmer et rendre menaçant une simple forêt en jouant sur les effets suggérés. La menace, puisque menace il y a, vient de l’extérieur et profite souvent de la nuit pour s’engouffrer dans le refuge de la famille principale. Aucun effet gratuit ni tape à l’oeil, la peur et l’angoisse des personnages sont contagieuses, surtout lorsque le réalisateur adopte le point de vue de l’adolescent de la famille, en prise avec ses visions d’horreur et ses premiers émois qu’il est obligé de réfréner. La « routine » de la famille de Paul est ainsi troublée par l’intervention d’un autre couple et de leur enfant. Comment réapprendre à faire confiance quand on a appris à se méfier de tout et de tout le monde ? Où s’arrête l’humanité et où commence l’animalité ? Les sens s’aiguisent dans cet espace fermé, les sentiments contradictoires se déploient et se confrontent, l’instinct de survie prime sur le reste, quitte à réaliser de mauvais choix que l’on pourra sans doute regretter après.

Avec sa photo ténébreuse signée Drew Daniels, ses changements de formats qui soulignent la détresse anxiogène des personnages, sa sécheresse qui rappelle parfois The Witch de Robert Eggers, par ailleurs produit par le même studio A24, It Comes at Night est un film post-apocalyptique maîtrisé, ambitieux, qui peut laisser froid et de marbre certains spectateurs, mais qui n’en demeure pas moins intéressant, au point qu’il n’a de cesse de mûrir encore bien après, et qui révèle surtout un jeune auteur prometteur.

LE DVD

Le DVD d’It Comes at Night, disponible chez TF1 Studio, repose dans un boîtier classique transparent. Changement de visuel par rapport à l’affiche originale, pour la sortie du film dans les bacs. Le menu principal est animé et musical.

Cette édition comprend un seul supplément, un making of de 28 minutes. Sans surprise, ce documentaire se compose d’interviews du réalisateur et des comédiens, ainsi que d’images de tournage. Trey Edward Shults intervient sur la genèse de son second long métrage, ses intentions et partis pris (le cadre, le son, le montage), tandis que les acteurs abordent les thèmes du film. Attention tout de même aux nombreux spoilers. Notons que le metteur en scène indique avoir enregistré un commentaire audio, non disponible sur le DVD français.

L’Image et le son

Pour la photo léchée de son film, Trey Edward Shults a demandé à son chef opérateur Drew Daniels de jouer avec les formats et les ambiances très sombres. Tourné en numérique avec la caméra numérique Arri Alexa XT, prenant comme partis-pris de restreindre le champ visuel, en usant des bords noirs comme dans une toile du Caravage dans les séquences de nuit, le directeur de la photographie plonge ainsi les personnages dans une pénombre froide et angoissante, en passant du format 2.35 au 2.55, jusqu’au format 3.00. Si nous devons vous donner un conseil, c’est de visionner It Comes at Night dans une pièce sans aucune luminosité, afin de mieux plonger dans l’ambiance. Le DVD édité par TF1 Studio restitue habilement la profondeur des contrastes, même si le résultat est forcément moins probant qu’en HD. Par ailleurs, certaines séquences apparaissent plus poreuses et l’on perd parfois en détails. Malgré ces menus défauts, le piqué reste ferme, les fourmillements limités. Ce master SD s’en tire avec les honneurs et contentera ceux qui ne seraient pas passés à la Haute Définition.

Les versions anglaise et française disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1 et Stéréo. La spatialisation satisfait amplement et fait sursauter aux moments opportuns grâce à ses effets latéraux et frontaux particulièrement fins. Le caisson de basses participe à cette immersion, les dialogues sont exsudés avec force sur la centrale et les ambiances naturelles et dérangeantes ne manquent pas. La piste anglaise s’en tire le mieux du point de vue richesse acoustique et ardeur, surtout du point de vue musical. Les versions Stéréo sont évidemment moins enveloppantes, mais de fort bonne facture. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Films / TF1 Studios / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr