Test Blu-ray / Soudain…les monstres !, réalisé par Bert I. Gordon

SOUDAIN…LES MONSTRES ! (The Food of the Gods) réalisé par Bert I. Gordon, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Marjoe Gortner, Pamela Franklin, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino, Belinda Balaski

Scénario : Bert I. Gordon d’après le roman de H.G. Wells

Photographie : Reginald H. Morris

Musique : Elliot Kaplan

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Morgan et ses amis partent chasser sur une île canadienne isolée, quand ils sont attaqués par un essaim de guêpes géantes. Alors qu’il cherche de l’aide, Morgan tombe par hasard sur une grange habitée par un énorme poulet tueur. Peu à peu, il découvre que l’île est devenue le territoire d’animaux géants, les plus dangereux étant les rats, qui n’entendent pas laisser leur île aux intrus humains…

Pour beaucoup de cinéphiles, Soudain…les monstres !, The Food of the Gods, demeure une véritable madeleine. Réalisé par l’américain Bert I. Gordon (né en 1922), ce petit film fantastique sorti en 1976 reflète la fascination et la passion du cinéaste pour le gigantisme. Révélé en 1955 avec King Dinosaur, Bert I. Gordon est ensuite devenu le spécialiste du genre humain face à des créatures géantes, dans des œuvres aux titres explicites : The Cyclops (1957), The Amazing Colossal Man (1957), War of the Colossal Beast (1958), Village of the Giants (1965), Soudain…les monstres ! (1976), L’Empire des fourmis géantes (1977). Par ailleurs, ses initiales font que le monde du cinéma le surnommait tout simplement « BIG ». Le film qui nous intéresse est tiré du roman La Nourriture des dieux (également connu sous le titre Place aux Géants) de H.G. Wells publié en 1904, ou tout du moins « basé sur une partie du roman » comme l’indique le générique.

Morgan, un joueur de football professionnel et son ami Davis ont décidé de passer quelques jours de détente sur une île canadienne quasiment déserte. Rapidement, Davis disparaît mystérieusement. Morgan décide alors d’examiner les alentours et se fait attaquer par un poulet géant. S’étant sorti difficilement des ergots acérés du gigantesque volatile, notre héros fait la connaissance d’une fermière des environs qui lui fait une bien étrange révélation. En effet, la terre de l’île recèle une étrange matière étrange qui, mélangée aux aliments, a la particularité de faire grandir tout animal qui l’absorbe. Morgan, comprenant vite que l’île est infestée de bêtes aux proportions inimaginables va tenter, en compagnie des autochtones, touristes et autres financiers peu scrupuleux désirant exploiter la substance extraite du sol, de survivre aux assauts des bestioles affamées devenues très agressives. Soudain…les monstres ! montre le savoir-faire de Bert I. Gordon, également en charge de la plupart des effets spéciaux, mais force est d’admettre qu’il n’est guère aidé par un casting particulièrement mauvais, ce qui toutefois n’est en rien dérangeant pour un film de cet acabit, bien au contraire. Nous sommes ici en plein film Bis avec des comédiens qui en font des tonnes, mention spéciale à l’acteur principal Marjoe Gortner, spécialiste du genre, que nous verrons plus tard dans Starcrash, le choc des étoiles, Les Guerriers de la jungle et American Ninja 3: Blood Hunt. Il faut le voir rouler des yeux, en hyperventilation du début à la fin, que ça soit en chassant, en conduisant, en prises avec un poulet géant, ou en tirant sur des rats surdimensionnés. Un vrai bonheur pour les bisseux que nous sommes.

Bert I. Gordon fait fi d’un budget somme toute modeste et prend soin des effets spéciaux, certes naïfs comme les rats supposés géants qui s’avèrent de mignons rongeurs filmés en gros plan en train d’escalader une maquette ou une voiture Majorette, mais qui n’en demeurent pas moins bourrés de charme. Ces bestioles sont aussi remplacées par des têtes animées pour les plans où ils se retrouvent face aux humains. Finalement, Soudain…les monstres ! se révèle être un film bien mené doublé d’un message écologique simple mais pas bête, où l’on se prend beaucoup plus d’affection pour les rats géants que pour les insupportables et idiots personnages. On prend d’ailleurs beaucoup de plaisir à les voir se faire bouffer. Le film se permet même un petit hommage aux Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Néanmoins, il semble que les rats aient subi pas mal de mauvais traitements, à l’instar des éclats de confiture de fraise supposés être des blessures causées par les balles, ou tout simplement les pauvres bêtes quasi-noyées dans le déluge final. Hormis des guêpes géantes franchement ratées et transparentes, des vers et chenilles dégoûtants (que combat la mythique Ida Lupino), ainsi qu’un poulet rigolo de deux mètres, Soudain…les monstres fonctionne fonctionne bien. Même s’il faut accepter le fait que les personnages trouvent cette situation quasi-normale, sans se poser de questions ou tout simplement en prenant l’air surpris quelques secondes avant d’accepter de se retrouver face à des poulets que n’aurait pas renié le Tricatel de L’Aile ou la cuisse de Claude Zidi.

Soudain…les monstres ! deviendra rapidement un film culte (qui a dit un chef d’oeuvre du nanar ?), récompensé par la Licorne d’or au Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction, et connaîtra même une suite en 1989 intitulée La Malédiction des rats, réalisé par Damian Lee.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Soudain…les monstres !, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des Bisseux, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

A l’instar du Blu-ray de Nuits de cauchemar, cette édition HD ne contient qu’un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec. L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies se focalise essentiellement sur le réalisateur Bert I. Gordon dont il dresse le portrait et détaille la filmographie placée sous le signe du gigantisme. Puis, notre interlocuteur revient sur Soudain…les monstres !, avec notamment quelques informations sur les conditions de tournage.

L’Image et le son

Si l’on excuse les points, une rayure verticale à droite de l’écran qui subsiste en ouverture et diverses scories qui demeurent occasionnelles du début à la fin, alors ce master HD (au format 1080p) de Soudain…les monstres ! tient ses promesses. Il ne faudra pas être trop exigeant, mais la copie trouve rapidement une stabilité convenable, les couleurs sont correctes et les détails appréciables. Certains plans, notamment à effets spéciaux, avec les rats géants incrustés aux côtés des comédiens, s’avèrent plus altérés avec un grain plus accentué et une perte de la définition. Un côté système D qui ne dérange cependant pas outre mesure et qui en rajoute dans le côté Bis.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie du doublage d’époque très réussi et amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets et la délivrance de la musique. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Movinside  / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Nuits de cauchemar, réalisé par Kevin Connor

NUITS DE CAUCHEMAR (Motel Hell) réalisé par Kevin Connor, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Rory Calhoun, Paul Linke, Nancy Parsons, Nina Axelrod, Wolfman Jack, Elaine Joyce

Scénario : Robert Jaffe, Steven-Charles Jaffe

Photographie : Thomas Del Ruth

Musique : Lance Rubin

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Bienvenue dans ce petit motel accueillant, un peu à l’écart des grandes artères routières, tenu par un couple des plus folkloriques, Vincent et Ida Smith. Ici on offre tout pour attirer le client en manque de tranquillité et de dépaysement. En prime, la maison fabrique un superbe saucisson, dont la qualité est reconnue dans toute la région environnante. Mais les paisibles tenanciers ont une drôle de recette secrète pour obtenir avec amour et dévouement le plus succulent des produits régionaux !

Un souvenir d’enfance revenait souvent dans la tête de l’auteur de ces mots. Agé de dix ans, je passe devant la télévision où passait un film étrange. Les images montraient des personnes enterrées dans une sorte de jardin, où ne dépassaient que leurs têtes. A cela s’ajoutaient les râles et grognements, comme si ces personnes, visiblement prisonnières, ne pouvaient plus parler. Ces images sont restées très longtemps dans ma mémoire et m’avaient valu quelques mauvais rêves. Quelques années plus tard, au fil de recherches grâce aux débuts d’internet, j’avais pu enfin mettre un titre sur ce film. Mais il aura fallu attendre 2017 pour que je puisse enfin voir ce long métrage d’horreur qui s’intitule Nuits de cauchemar ou Motel Hell en version originale. Moi qui croyais que Nuits de cauchemar était un film d’épouvante, je suis finalement tombé sur une vraie comédie d’horreur, réalisée par le cinéaste, producteur et scénariste britannique Kevin Connor, né en 1937, dont le premier film Frissons d’outre-tombeFrom Beyond the Grave démontrait déjà son goût pour le cinéma de genre. Metteur en scène touche-à-tout, capable de passer d’un film d’horreur à la série télévisée L’Amour en héritage, Kevin Connor est appelé pour réaliser Nuits de cauchemar, après que les producteurs aient un temps envisagé de faire appel à Tobe Hooper. Le cinéaste accepte à condition que le scénario très premier degré soit revu et surtout que de l’humour soit injecté. Les studios United Artists acceptent. Pour le meilleur et pour le rire.

Vincent Smith et sa sœur Ida sont des fermiers qui tiennent par ailleurs un motel, attenant à leur ferme. Vincent propose en outre à la vente de la viande fumée très réputée. Mais l’origine de sa viande est inhabituelle, car il s’agit en fait de viande humaine qu’il arrive à se procurer en kidnappant puis en tuant des touristes de son motel. Vincent, c’est Rory Calhoun (1922-1999), mythique comédien de westerns de séries B vu dans Le Gaucho de Jacques Tourneur, Crépuscule sanglant de Jack Arnold, Vengeance à l’aube de George Sherman, et deux fois aux côtés de Marilyn Monroe dans Comment épouser un millionnaire et La Rivière sans retour. S’il s’est fait plus rare dans les années 1970, le comédien trouve dans Nuits de cauchemar ce qui est considéré par certains cinéphiles comme étant son plus grand rôle. Il faut dire qu’il est excellent, brillant, charismatique en diable avec son sourire chevalin inquiétant et qu’il a l’air de prendre un malin plaisir à jouer ce redneck, accueillant au premier abord, qui se révèle être un psychopathe et tueur en série. On le voit kidnapper les clients de son motel (le fantôme de Norman Bates n’est pas loin), les endormir, leur couper les cordes vocales et les planter comme des carottes dans son potager pour ensuite les gaver comme des oies, afin de les dépecer ensuite avec l’aide de sa sœur Ida (démente Nancy Parsons), pour transformer les corps en viande fumée, particulièrement appréciée dans toute la région.

Rapidement devenu un film culte, Nuits de cauchemar a profité des belles heures de la VHS. Plus de 35 ans après la sortie du film, l’humour noir et sarcastique fonctionne encore à plein régime, la photo de Thomas Del Ruth (Breakfast Club, Running Man) est très riche et participe, comme la musique de Lance Rubin, à la plongée du spectateur dans ce coin paumé et glauque de l’Amérique profonde. Motel Hell est un film qui ne se prend pas au sérieux, mais qui n’est en rien bâclé malgré son manque évident de moyens. On rit tout autant qu’on frissonne et l’affrontement final à la tronçonneuse dans l’abattoir peut autant faire glousser que donner la chair (fumée) de poule quand on voit le fermer péter littéralement les plombs – alors qu’il pensait avoir trouvé la solution pour lutter contre la surpopulation et le manque de nourriture – et arborer une tête de porc en poussant un rire machiavélique.

Le film de Kevin Connor tient une place à part dans le coeur des cinéphiles, d’autant plus qu’il traverse les années sans prendre de rides et qu’il peut être vu encore différemment à l’heure où les Etats-Unis viennent de commencer un nouveau et angoissant chapitre.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Nuits de cauchemar, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des nombreux fans du film de Kevin Connor, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Un seul supplément au programme, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec. L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies passe en revue l’histoire de Nuits de cauchemar, les références à Massacre à la tronçonneuse et à Psychose, la genèse du film, le fait que Tobe Hooper ait été un temps pressenti pour le réaliser, le choix de Kevin Connor pour le remplacer, la révision du scénario par celui-ci, qu’il trouvait trop déviant (la sœur couchait avec un porc et un dindon) et l’ajout d’humour noir, sans oublier le casting (Harry Dean Stanton a été envisagé) et les conditions de tournage. Ne visionnez pas ce bonus si vous n’avez jamais vu Nuits de cauchemar puisque Marc Toullec évoque de nombreuses séquences y compris le dénouement de l’intrigue.

L’Image et le son

Cette édition HD redonne un petit coup de jeune à Motel Hell, tout en respectant son caractère vintage. La restauration de ce master au format 1080p – AVC, 1.85 compatible 16/9, semble dater et quelques tâches et points subsistent, surtout lors du générique en ouverture. Le grain est heureusement conservé, la plupart du temps bien géré, sauf sur divers plans, plus grumeleux, en particulier lors des séquences plus sombres. Nuits de cauchemar est un film essentiellement nocturne, mais les couleurs froides signées Thomas Del Ruth, à tendance verdâtre et jaune, sont bien restituées, à l’instar de l’éclairage spécifique du potager. La stabilité est de mise, les noirs profonds, l’ensemble est plus que correct, comme les contrastes, même s’il ne faut pas non plus demander des miracles pour un film tourné avec peu de moyens et doté d’une image déjà « sale » à l’origine. Mais le confort de visionnage est indéniable.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie d’un doublage très réussi et amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets, la délivrance de la musique et des grognements contestataires de nos pauvres touristes enterrés. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Movinside – MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Chien des Baskerville, réalisé par Terence Fisher

LE CHIEN DES BASKERVILLE (The Hound of the Baskervilles) réalisé par Terence Fisher, disponible en DVD et Blu-ray le 6 décembre 2016 chez The Corporation

Acteurs : Peter Cushing, André Morell, Christopher Lee, Maria Landi, David Oxley

Scénario : Peter Bryan d’après le roman de Sir Arthur Conan Doyle

Photographie : Jack Asher

Musique : James Bernard

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

S’élevant dans les brouillards de Darmootor, Baskerville Hall se dresse fièrement dans les ténèbres. Son occupant, Charles Baskerville est retrouvé mort sur la lande sauvage dans de mystérieuses circonstances. Sir Charles aurait pu être la victime de la soi-disant « malédiction des Baskerville » selon laquelle une bête mortelle erre dans la campagne environnante. Imperturbable face à cette légende, l’héritier Sir Henry Baskerville décide d’accepter la succession de la famille, sous l’égide du célèbre détective Sherlock Holmes et de son associé le Dr Watson…

Apparu en 1887 dans le roman Une étude en rouge, le personnage de Sherlock Holmes a été le héros de 4 romans et 56 nouvelles signés Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930). Ce dernier a également mis en scène son héros dans 3 pièces de théâtre et 2 textes parodiques.

Le Chien des Baskerville est un roman publié dans le Strand Magazine en 1901 et 1902. Pourtant, Sherlock Holmes était mort dix ans plus tôt dans la nouvelle Le Dernier problème (recueil Les Mémoires de Sherlock Holmes). Mais Sir Arthur Conan Doyle cédera aux pressions de ses lecteurs et lui rendra la vie avec cette enquête, devenue la plus célèbre qu’il ait écrite.

Le roman ne s’inscrit pas dans la chronologie des aventures de Holmes, et ne fait aucune référence à la mort supposée du détective. Les lecteurs devront attendre 1903 et la parution de la nouvelle La Maison vide (recueil Le Retour de Sherlock Holmes) pour avoir l’explication de la fausse mort de leur héros.

Le Chien des Baskerville est sans doute l’aventure de Sherlock Holmes qui a connu le plus grand nombre d’adaptations, 9 pour le cinéma (entre 1914 et 1978), 13 pour la télévision (entre 1955 et 2011), sans compter celles réalisées pour la radio, les bandes dessinées et les pièces de théâtre ! L’adaptation qui nous intéresse est mise en scène par le célèbre réalisateur Britannique Terence Fisher (1904-1980), grande figure de la Hammer Film Productions, qui venait de signer Frankenstein s’est échappé (1957), Le Cauchemar de Dracula (1958) et La Revanche de Frankenstein (1958). Après avoir remis au goût du jour (et en couleur) ces quelques monstres qui ont fait les belles heures des Studios Universal dans les années 1930-40, le cinéaste s’attaque au mythe de Sherlock Holmes.

Réalisé en 1959, Le Chien des BaskervilleThe Hound of the Baserkervilles reste aujourd’hui un des fleurons du genre et un des films les plus célèbres du studio. Alors qu’il vient d’incarner le Baron Victor Frankenstein, le docteur Van Helsing et Dr Victor Stein dans les trois films mentionnés, l’immense comédien anglais Peter Cushing, qui tournera près d’une quinzaine de fois avec Terence Fisher, prête ses traits singuliers et son immense talent au célèbre détective, rôle qu’il reprendra dix ans plus tard dans la saison 2 d’une série télévisée de la BBC, puis en 1984 dans le téléfilm Les Masques de la mort. Il est l’incarnation idéale du personnage. Son célèbre compère, le Docteur Watson est quant à lui incarné par l’excellent André Morell, vu dans Le Pont de la rivière Kwai et Ben-Hur. Les deux comédiens sont également épaulés par l’illustre Christopher Lee, qui de son côté venait d’incarner à l’écran la créature de Frankenstein et le Comte Dracula, rôles qui l’avaient lancé deux ans plus tôt après une dizaine d’années de figuration.

Merveilleusement photographié en Technicolor par le chef opérateur Jack Asher et mis en musique par James Bernard, deux grands noms de la Hammer, Le Chien des Baskerville est un chef d’oeuvre du genre et également la première adaptation cinématographique en couleur du roman éponyme de Sir Arthur Conan Doyle. Pensé d’abord comme le premier volet d’une nouvelle saga de films consacrés à Sherlock Holmes avec Peter Cushing dans le rôle principal, Le Chien des Baskerville est finalement resté une adaptation unique en raison du mécontentement des cinéphiles adeptes des monstres de la Hammer, qui déploraient alors l’absence de créatures horrifiques. Cela n’empêche pas le film d’être un savoureux whodunit teinté de fantastique, filmé dans des décors gothiques sublimes. Le malaise est palpable dès l’installation particulièrement sadique de dix minutes, qui invite le spectateur à prendre connaissance de l’origine de la malédiction qui pèse sur les Baskerville.

En dépit des digressions avec le roman original, le récit se tient admirablement et tous les éléments fusionnent pour notre plus grand plaisir. Le mystère est prenant, l’atmosphère est suintante à souhait, les couleurs stylisées (mention spéciale aux giclées de sang), les immenses acteurs bouffent l’écran et prennent un évident plaisir à se renvoyer la balle.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Chien des Baskerville, disponible chez The Corporation, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. A l’intérieur, nous trouvons un livret de 12 pages, proposant la fiche technique du film, les suppléments disponibles sur le disque, ainsi que les adaptations du Chien des Baskerville au cinéma et à la télévision. Le boîtier est glissé dans un surétui qui reprend le même visuel, élégant, de la jaquette. Le menu principal est animé et musical.

Pour cette sortie sur le territoire français du Blu-ray du Chien des Baskerville, The Corporation a repris un documentaire présent sur l’édition HD disponible outre-Manche chez Arrow Films. Il s’agit du Chien des studios HammerRelease the Hound ! (30’), réalisé en 2015 par Ewan Cant. Composé d’entretiens de l’acteur et écrivain Mark Gatiss, de l’auteur et critique Kim Newman, du troisième assistant-réalisateur Hugh Harlow, de Margaret Robinson, créatrice du masque du chien, ce module ne propose pas vraiment d’analyse sur l’oeuvre qui nous intéresse, mais revient surtout sur la figure de Sherlock Holmes. Certains propos, notamment tout ce qui concerne la création du maquillage du chien, sont vraiment trop longs, l’ensemble manque de rythme et peu d’anecdotes retiennent finalement d’attention. Cocréateur et coproducteur de la série Sherlock (avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman), dans laquelle il interprète également le rôle de Mycroft Holmes, Mark Gatiss s’avère le plus intéressant du lot.

Le trésor de cette interactivité demeure l’interview de Sir Arthur Conan Doyle (11’), réalisée en 1928 par Fox Movietone News, qui constitue l’un des premiers enregistrements synchronisant son et image. L’auteur et scientifique, s’exprime ici sur la création de son personnage mythique, avec un air quelque peu blasé et dépassé par ce succès (selon lui, certains croient même que le détective est une personne réelle) qui l’a contraint à écrire de nouvelles aventures après avoir fait mourir Sherlock Holmes. On sent l’écrivain beaucoup plus heureux de parler de son autre passion, le spiritualisme. Egalement scientifique, Sir Arthur Conan Doyle étudie alors cette branche depuis plus de 40 ans au moment de cet entretien et déclare vouloir y consacrer le reste de sa vie.

Un petit plus pour les amateurs de Sherlock Holmes, l’éditeur joint également un deuxième film consacré aux aventures de notre cher détective. Il s’agit de Silver Blaze ou Murder at the Baskervilles, Sherlock Holmes contre Moriarty dans nos contrées. D’une durée de 65 minutes, ce film est l’adaptation de la nouvelle Flamme d’argent, écrite en 1892 par Sir Arthur Conan Doyle pour le Strand Magazine, puis publiée dans le recueil Les Mémoires de Sherlock Holmes. Proposé comme une suite du Chien des Baskerville, ce film introduit les personnages de Sir Henry Baskerville, ainsi que le professeur Moriarty. C’est également le dernier d’une série de cinq films adaptés des aventures de Sherlock Holmes où Arthur Wontner joue le rôle du détective. Le favori d’un grand steeple est enlevé la veille de la course : le jockey et l’entraîneur sont trouvés assassinés. Sherlock Holmes est chargé de découvrir l’auteur de cette tragédie qui n’est autre que son ennemi Moriarty à qui il doit laisser la vie sauve en échange de celle du maladroit professeur Watson, tombé entre ses mains.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale et sur les cinq premières minutes de la version du Chien des Baskerville réalisée en 1939 par Sidney Lanfield, avec Basil Rathbone et Nicgel Bruce.

Dommage que l’éditeur n’ait pas pu récupérer les droits de l’interview de Christopher Lee sur le film, ainsi que deux extraits du roman lu par ce dernier.

L’Image et le son

Ce master HD 1.66 (16/9) au format 1080p du Chien des Baskerville présente une propreté quasi-irréprochable et les mêmes particularités que le Blu-ray Arrow. La magnifique photographie du film est signée par Jack Asher (Les Deux visages du Dr Jekyll, Les Maîtresses de Dracula, La Malédiction des pharaons), qui fait la part belle aux éclairages rouges, marrons, verts, roux, que l’on croirait parfois inspirés par certaines oeuvres du Caravage. Les décors gothiques bénéficient d’un nouveau relief et certains détails inédits sont appréciables. Les contours peuvent manquer de précision, même si les gros plans sont bien restitués. Les noirs paraissent tantôt concis tantôt poreux. Un léger grain cinéma est heureusement conservé donnant une texture non déplaisante à l’image, les contrastes paraissent raffermis et équilibrés, le piqué est souvent plaisant. Le codec AVC consolide l’ensemble avec brio et évite au maximum les fourmillements intempestifs, surtout sur les nombreuses scènes sombres, tandis que les fondus enchaînés demeurent fluides, sans décrochages. Un nouvel écrin idéal pour redécouvrir ce chef-d’oeuvre de la Hammer, présenté ici dans les meilleures conditions techniques à ce jour, à défaut d’être réellement optimales, à l’instar de la profondeur de champ qui déçoit quelque peu.

En anglais comme en français, les deux mixages sont proposés en DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Ces deux options acoustiques s’avèrent dynamiques et limpides, avec une belle restitution des dialogues et de la musique. Les effets sont solides bien que certains paraissent plus étouffés, mais le confort est assuré. Pas de souffle constaté. Au jeu des différences, la version originale l’emporte car plus riche et précise, même si son homologue s’avère peut-être plus propre. Mais cette dernière se focalise trop sur le report des voix et le doublage laisse quelque peu à désirer. Dans les deux cas, l’écoute demeure très correcte, parfois chuintante, sans véritable souffle parasite.

Crédits images : © MGM – The Corporation / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Fantôme vivant, réalisé par T. Hayes Hunter

LE FANTOME VIVANT (The Ghoul) réalisé par T. Hayes Hunter, disponible en DVD et combo Blu-ray-DVD le 25 janvier 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Boris Karloff, Cedric Hardwicke, Ernest Thesiger, Dorothy Hyson, Anthony Bushell, Kathleen Harrison

Scénario : Rupert Downing, Roland Pertwee, John Hastings Turner

Photographie : Günther Krampf

Musique : Louis Levy, Leighton Lucas

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1933

LE FILM

Le professeur Morlant, passionné d’égyptologie, acquiert un bijou, la « Lumière éternelle », qui aurait le pouvoir de conférer l’immortalité. Rongé par la maladie, il fait promettre à son fidèle serviteur de l’enterrer avec le joyau, le menaçant de revenir le hanter si sa volonté n’est pas respectée. Mais Morlant est inhumé sans le précieux médaillon, qui attise de nombreuses convoitises. Par une nuit de pleine lune, le professeur revient alors d’entre les morts pour se venger…

Comment surfer sur le succès et la nouvelle popularité des films d’épouvante américains et notamment de La Momie ? Un studio concurrent à Universal, ici la Gaumont British Picture Corporation, souhaite décliner la recette de ce qui a fait le triomphe de Karl Freund avec Boris Karloff dans le rôle d’Imhotep. Ce dernier est appelé immédiatement à Londres pour Le Fantôme vivantThe Ghoul que doit mettre en scène T. Hayes Hunter (1884-1944) en 1933. Pour cela, le comédien doit subir à nouveau un maquillage, pas aussi contraignant que pour La Momie cependant, pour incarner cette fois un scientifique excentrique passionné par l’Egypte. Mourant, voyant son corps décharné et rongé par la maladie, il parvient à acquérir un médaillon inestimable, la Lumière éternelle, qui selon les croyances ancestrales donnerait la vie éternelle à celui qui la porterait le jour de sa mort. Mais rien ne se passe comme prévu. Un homme, son domestique Laing, convoite le bijou égyptien et le dérobe à la main bandée du défunt le jour de ses funérailles. Morlant revient à la vie, mais sa vengeance sera terrible.

The Ghoul, titre original du Fantôme vivant, premier film britannique étiqueté H comme « Horrifique » et premier film d’horreur anglais de l’ère du parlant, faisait partie des films que l’on croyait définitivement perdus sur une liste de 10.000 titres. Il s’agit d’une curiosité à plus d’un titre puisque Boris Karloff y rejoue, sous une autre apparence, un personnage inspiré du monstre de Frankenstein et celui de La Momie, qu’il venait d’incarner au cinéma. Mais cette fois l’histoire ne fonctionne pas vraiment. La mise en scène de T. Hayes Hunter est correcte, mais le réalisateur ne se foule pas trop pour insuffler un rythme à son récit, linéaire, qui manque de rebondissements et surtout d’intérêt. Le scénario écrit à quatre mains, d’après une pièce de théâtre de Frank King, déçoit à plus d’un titre et peine à donner de la substance aux personnages, notamment aux deux héritiers de Morlant, qui se chamaillent et qui emmènent le film vers la comédie maladroite.

Le Fantôme vivantThe Ghoul n’est pas déplaisant, c’est juste qu’il est anecdotique, y compris au niveau de la photographie de Günther Krampf, pourtant chef opérateur non crédité du Nosferatu de F.W. Murnau, qui ne maîtrise pas autant les contrastes que son imminent confrère Karl Freund. Si le prologue est très prometteur, le scénario s’enlise rapidement et ne sait plus où aller ni que faire de ses comédiens. A voir cependant pour le jeu de Boris Karloff, ici bien épaulé par le toujours excellent Cedric Hardwicke et le jeune Ralph Richardson.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD du Fantôme vivant, disponible chez Elephant Films en combo Blu-ray-DVD, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Jean-Pierre Dionnet est devenu très complice avec l’éditeur et nous propose une fois de plus une présentation du film qui nous intéresse (7’). Cette fois, le journaliste-critique nous parle de la production du Fantôme vivant, du casting, du chef opérateur. Mais Dionnet évoque également le fait que The Ghoul faisait partie des films qui étaient vraisemblablement perdus, jusqu’à ce qu’une première copie, incomplète et avec des sous-titres incrustés soit enfin retrouvée dans les archives nationales tchèques, puis une autre copie en bien meilleur état et en version intégrale en Angleterre.

L’interactivité se clôt sur un lot conséquent de bandes-annonces de films disponibles chez l’éditeur qui barrit, une galerie de photos et les credits de ce Blu-ray.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit en DVD et en Blu-ray en France, Le Fantôme vivant débarque sous la houlette d’Elephant Films. Fort d’un master au format respecté 1.37 et d’une compression AVC, ce Blu-ray au format 1080p en met souvent plein les yeux, même si tout n’est pas parfait. La restauration est fort acceptable, les contrastes denses, parfois trop sans doute avec des noirs bouchés, la copie est stable dès le générique, les gris riches. La gestion du grain est aléatoire mais c’est au niveau des très nombreuses séquences sombres que cela pose problème avec un piqué dénaturé et une conséquente perte de détails.

La seule version originale bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. L’espace phonique se révèle probant, le confort est indéniable, et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque de vivacité. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Double assassinat dans la rue Morgue, réalisé par Robert Florey

DOUBLE ASSASSINAT DANS LA RUE MORGUE (Murders in the Rue Morgue) réalisé par Robert Florey, disponible en DVD et combo Blu-ray-DVD le 25 janvier 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Bela Lugosi, Sidney Fox, Leon Ames, Bert Roach, Betty Ross Clarke, Brandon Hurst

Scénario : Robert Florey, Tom Reed, Dale Van Every d’après la nouvelle Double assassinat dans la rue Morgue (The Murders in the Rue Morgue) d’Edgar Allan Poe

Photographie : Karl Freundt

Durée : 0h58

Date de sortie initiale : 1932

LE FILM

Paris, 1845. Dans la même semaine, trois femmes sont retrouvées mortes dans la Seine, s’étant apparemment suicidées. En examinant les corps, Pierre Dupin, étudiant en médecine, remarque de petites entailles sur les bras des victimes. Ces jeunes femmes sont en fait des cobayes du Dr Mirakle, un scientifique fanatique qui cherche à démonter le lien de parenté entre l’homme et le singe…

Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski démarre, comme Dracula un an auparavant. « Based on the immortal classic by Edgar Allan Poe » indique le générique de Double assassinat dans la rue Morgue, libre adaptation d’une des nouvelles les plus célèbres de l’écrivain américain parue en avril 1841 dans le Graham’s Magazine, traduite en France en 1856 par Charles Baudelaire pour le recueil Histoires extraordinaires. On doit cette transposition de 1932 au réalisateur français naturalisé américain Robert Florey (1900-1979), aujourd’hui oublié et dont subsiste l’inénarrable Tarzan et les sirènes avec la dernière apparition de Johnny Weissmuller dans le rôle-titre. Alors qu’il envisageait l’adaptation de Frankenstein de Mary Shelley avec Béla Lugosi dans le rôle principal, le cinéaste se voit finalement confier par les studios Universal, alors en plein âge d’or, ce Double assassinat dans la rue MorgueMurders in the Rue Morgue tâche dont il s’acquitte formidablement, même s’il gardera un goût amer de s’être fait voler son projet au profit de son confrère James Whale.

Robert Florey est épaulé par un certain John Huston aux dialogues, mais aussi et surtout du mythique chef opérateur Karl Freund, qui avait officié derrière la caméra pour Dracula de Tod Browning, Metropolis de Fritz Lang et Le Dernier des hommes de F.W. Murnau. Freund crée un Paris imaginaire et ténébreux du XIXe siècle et très largement inspiré de l’expressionnisme allemand avec des décors à l’architecture penchée et macabre, des ombres portées menaçantes, des noirs denses. La sublime photographie est l’un des atouts majeurs de ce petit film horrifique d’une heure montre en main. Tourné avec un budget somme toute limité, Double assassinat dans la rue Morgue demeure un excellent moment d’épouvante qui vaut également pour l’interprétation inspirée de Béla Lugosi.

C’est notamment grâce à lui que nous suivons l’histoire du jeune étudiant en médecine Pierre Dupin (Leon Ames), plongé dans ses recherches concernant des corps de jeunes femmes retrouvées dans la Seine. Persuadé qu’elles ne se sont pas noyées, mais assassinées avant d’être livrées au fleuve, le chercheur en herbe découvre des marques similaires au creux de leur bras. C’est alors qu’au cours de la fête du carnaval de Paris, il tombe par hasard avec sa ravissante fiancée Camille (Sidney Fox) et leurs amis, sur le discours d’un scientifique énigmatique et excentrique, le Docteur Mirakle (Béla Lugosi), accompagné de son singe Erik (un vrai primate pour les gros plans, un acteur costumé pour les plans larges), qui mène d’étranges recherches sur les liens de parenté entre gorilles, dont il déclare parler le langage, et les humains. En réalité, pour mener à bien ses études, il enlève des jeunes filles et se sert d’elles comme cobayes en leur injectant du sang de singe. L’échec est flagrant, car les victimes du savant-fou finissent inévitablement par succomber aux expériences menées sur elles. C’est alors que Mirakle entreprend d’enlever Camille, d’autant plus que le singe Erik semble attirer par la mademoiselle.

En une heure de temps, Robert Florey sait aller à l’essentiel, et livre un divertissement bien rythmé, mis en scène (la scène de la balançoire avec la caméra embarquée est étonnante) et interprété, qui ne manque pas d’humour (voir la scène où les trois témoins s’affrontent sur la langue du coupable), qui a su conserver un charme indéniable. N’oublions pas quelques éléments qui annoncent étonnamment le King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack réalisé un an plus tard, similitudes troublantes – à une autre échelle certes – que ne manqueront pas de noter les cinéphiles pour tout ce qui concerne le lien du singe avec l’héroïne et la fuite sur les toits. Raison de plus pour réhabiliter ce petit classique souvent oublier des Universal -Monsters.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de Double assassinat dans la rue Morgue, disponible chez Elephant Films en combo Blu-ray-DVD, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Sans surprise mais toujours avec le même plaisir, nous retrouvons l’imminent Jean-Pierre Dionnet qui nous présente le film de Robert Florey (10’). Il cite les propos du réalisateur tirés de deux lettres, dans lesquelles Florey partage sa joie de bientôt mettre en scène Frankenstein avec Béla Lugosi dans le rôle-titre. Un projet finalement avorté au profit de James Whale. Suite à ce revirement il se voit confier les rênes de Double assassinat dans la rue Morgue. Jean-Pierre Dionnet parle ensuite de la photographie de Karl Freund, des décors, des thèmes du film, des éléments qui préfigurent King Kong réalisé un an après, sans oublier le casting passé au peigne fin.

L’interactivité se clôt sur un lot conséquent de bandes-annonces de films disponibles chez l’éditeur qui barrit, une galerie de photos et les credits de ce Blu-ray.

L’Image et le son

Ce Blu-ray au format 1080p proposée par Elephant Films contient une formidable version restaurée de Double assassinat dans la rue Morgue. La copie – dans son format original 1.37 – se révèle fort enthousiasmante, même si de très légers points demeurent, ainsi que diverses rayures verticales et griffures, notamment sur les séquences comprenant des vues incrustées ou détourées. Des fondus enchaînés décrochent légèrement mais l’encodage AVC reste solide et l’image est stable. Le magnifique noir et blanc de Karl Freund retrouve une véritable fermeté, les noirs sont denses et la clarté est de mise sur diverses scènes. D’autres parviennent à sortir du lot grâce à un relief impressionnant, à l’instar du carnaval en début de film, tandis que les contrastes demeurent assurés. Le grain cinéma est évidemment conservé et le nettoyage numérique évident. Un apport HD évident.

La bande-son, uniquement disponible en version originale, a été restaurée. Cette piste est proposée en DTS HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, sont propres et distincts. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, mais le souffle est discret. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Massacres dans le train fantôme (version longue non censurée), réalisé par Tobe Hooper

MASSACRES DANS LE TRAIN FANTOME (The Funhouse) réalisé par Tobe Hooper, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 23 novembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Elizabeth Berridge, Shawn Carson, Jeanne Austin, Jack McDermott, William Finley, Sylvia Miles, Cooper Huckabee, Largo Woodruff

Scénario : Lawrence Block

Photographie : Andrew Laszlo

Musique : John Beal

Durée : 1h35 (version longue non censurée), 1h32 (version française)

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

C’est la fête ! Un parc d’attractions vient de s’installer en ville. Quatre adolescents délurés décident de passer la nuit à l’intérieur du manège le plus imposant de la fête : un mystérieux train fantôme. Alors que le parc ferme, les ennuis commencent pour nos quatre héros.

Massacres dans le train fantômeThe Funhouse, demeure un film injustement mal aimé. Après le phénomène Massacre à la tronçonneuse (1974), son second long métrage, Tobe Hooper enchaîne avec Le Crocodile de la mort, un nouveau film d’horreur gore avec Marilyn Burns, Mel Ferrer et William Finley, récompensé dans de nombreux festivals. Le cinéaste a alors le vent en poupe. Pour la télévision, il adapte Salem, le chef d’oeuvre et best-seller de Stephen King, dans un téléfilm de trois heures. En 1981, il fait son retour au cinéma avec Massacres dans le train fantôme, qui sera un échec à sa sortie. Le public attendait forcément une débauche d’hémoglobine du début à la fin et a dû être décontenancé par la très longue et pourtant passionnante installation. En effet, il faut attendre près d’une heure pour que le premier meurtre se déroule à l’écran et les spectateurs avides de sang ont dû trouver le temps long. Pourtant, Massacres dans le train fantôme est un film formidable qui repose entièrement sur la mise en scène de Tobe Hooper et un scénario qui rend hommage au grand classique de Tod Browning, Freaks, la monstrueuse parade (1932), mais aussi aux Universal Monsters des années 1930-40.

Dès la première séquence, hommage à Psychose d’Alfred Hitchcock et à Halloween, la nuit des masques de John Carpenter, Tobe Hooper happe le spectateur par l’intermédiaire d’une caméra subjective. Un individu rôde dans une chambre décorée de figurines, de masques et de posters d’épouvante (dont Frankenstein de James Whale), ainsi que de fausses armes de torture et d’araignées en silicone. Plan suivant, la charmante actrice Elizabeth Berridge nous gratifie d’un superbe topless (rien en silicone de son côté) puisqu’elle se prépare à prendre une douche. De son côté, l’individu louche revêt un des masques d’horreur et se dirige vers la salle de bain. Chanceux que nous sommes, nous partageons l’eau tiède avec la jeune femme, Amy Harper, quand nous apercevons la porte s’ouvrir doucement à travers le rideau de douche. A l’instar de Psychose, celui-ci est écarté brutalement tandis qu’une main brandit une arme blanche qui s’abat directement sur la (belle) poitrine et les hanches de la jeune femme. Quelques cris, mais pas de sang. L’arme est factice et l’individu louche s’avère en réalité le jeune frère d’Amy qui voulait lui donner la peur de sa vie. S’il a réussi à l’effrayer, Amy empoigne sévèrement son frère Joey et jure de lui rendre la monnaie de sa pièce et de façon encore pire qu’il puisse l’imaginer. Peu de temps après, Amy part avec son boyfriend et un couple d’amis pour la fête foraine qui vient de s’installer dans les environs. Malgré l’interdiction du père d’Amy de s’y rendre en raison de l’assassinat inexpliqué de deux fillettes dans cette fête foraine peu de temps auparavant, les quatre adolescents sont bien décidés à prendre du bon temps, à flirter, à assister à quelques spectacles de magie, bref à profiter de leur jeunesse. De son côté, Joey fait le mur, pour aller faire des tours de manège.

Tobe Hooper prend le temps d’installer son très beau décor principal, les personnages, une ambiance de plus en plus inquiétante, angoissante et anxiogène. La photo du chef opérateur Andrew Laszlo (Les Guerriers de la nuit, Rambo, Les Rues de feu) est superbe et sublime même chaque plan composé par le cinéaste, qui invite son audience à venir visiter un nouveau musée des horreurs peuplé de vaches difformes, avec deux museaux, un fœtus placé dans une cuve de formol. Le malaise et la peur sont donc inattendus et présents là où on ne le soupçonnait pas. C’est alors qu’en guise de défi, les personnages décident de passer la nuit à l’intérieur du train fantôme gardé par un homme portant un masque de la créature de Frankenstein. Un peu plus tard dans la nuit, tapis dans l’ombre de l’attraction, ils assistent au brutal assassinat d’une vieille diseuse de bonne aventure par l’homme au masque, qui se révèle être le fils du gérant du train fantôme. Après un coup de malchance, les adolescents se font remarquer. Conscient qu’ils ont dû assister à toute la scène, le boss lance son fils à leur poursuite. Ce dernier retire son masque de monstre, qui dissimule en réalité un autre mais vrai être difforme, tout droit sorti de l’enfer (maquillage signé Rick Baker), avec des dents aiguisées et des yeux rouges. Les quatre adolescents se retrouvent coincés dans le manège. Eux qui voulaient faire le plein d’émotions fortes vont être servis !

A la fois slasher et survival, The Funhouse parvient à sortir des sentiers battus grâce à sa forme (inspirée) mais aussi par le drame social qui se joue en filigrane, notamment les rapports familiaux dans la société américaine à la fin des années 1970. Un fossé générationnel n’a de cesse de se creuser et de faire de chaque membre des freaks à part entière. C’est là toute la force du cinéma de Tobe Hooper, ici en pleine possession de ses moyens (plutôt confortables d’ailleurs), à la fois divertissement généreux et fable ironique sur ses contemporains. Bien que le film soit rentable, Massacres dans le train fantôme est considéré comme un échec. Le producteur Steven Spielberg, qui souhaitait déjà le voir réaliser E.T. l’extra-terrestre, engage Tobe Hooper pour un film fantastique. Son titre ? Poltergeist. Bien que plus moins connu que ce dernier, Massacres dans le train fantôme est absolument à réhabiliter et mérite surtout d’être réévalué !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Massacres dans le train fantôme, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Elephant Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. A noter que le DVD propose uniquement la version cinéma, tant en version originale qu’en français, alors que la version longue non censurée est uniquement disponible en anglais et en Blu-ray !

En guise de barbe à papa, l’éditeur nous gratifie d’une présentation du film par le critique Stéphane Du Mesnildot (18’) officiant aux Cahiers du Cinéma. Cet exposé revient sur le troisième film pensé comme étant le dernier volet d’une trilogie consacrée à l’Amérique et à ses mythes. Stéphane Du Mesnildot passe en revue le thème des freaks, les références aux films de monstres Universal, analyse quelques séquences et les thèmes abordés de manière sous-jacente par Tobe Hooper.

Elephant Films joint également 5 minutes de scènes coupées, en réalité des séquences ajoutées pour la première diffusion de Massacres dans le train fantôme à la télévision, afin de compenser les coupes réalisées sur les séquences violentes ou à caractère sexuel. Nous voyons donc le père d’Amy s’entretenir plus longuement avec Buzz, avant qu’ils partent s’amuser, tandis que Joey lit l’histoire d’Hansel et Gretel dans sa chambre avant de se faire la malle.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et des bandes-annonces. Cette édition contient également un livret de 23 pages (non reçu), intitulé Faux slasher, vrai film de monstre, écrit par Lionel Grenier.

L’Image et le son

Massacres dans le train fantôme arrive dans les bacs français dans une très belle édition HD (1080p) entièrement restaurée. Le travail est impressionnant et l’image est très propre, débarrassée de la majeure partie des poussières, griffures et autres résidus qui ont dû être minutieusement enlevés image par image. Les images endommagées ont été réparées et les problèmes de densité et de stabilité ont été considérablement améliorés. Tout au long du processus de restauration, un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails, la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir Massacres dans le train fantôme sous toutes ses coutures avec une magnifique patine argentique. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting et retrouve pour l’occasion une nouvelle vivacité. Si la gestion du grain et des contrastes demeure aléatoire et plus altérée sur les séquences sombres, au moins pas de réduction de bruit à l’horizon, les détails et le piqué sont plus qu’honorables. N’oublions pas la stabilité de la copie soutenue par un codec AVC exigeant.

En anglais (version longue) comme en français (version cinéma), les deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 contenteront les puristes. Ces deux options acoustiques s’avèrent dynamiques et limpides, avec une belle restitution des dialogues et de la musique. Les effets sont solides bien que certains paraissent plus étouffés, mais le confort est assuré. Pas de souffle constaté.

Crédits images : © Elephant Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Ça – « Il » est revenu, réalisé par Tommy Lee Wallace

Ça – « Il » est revenu (It) réalisé par Tommy Lee Wallace, disponible en Blu-ray le 12 octobre 2016 chez Warner Bros.

Acteurs : Tim Curry, Harry Anderson, Dennis Christopher, Richard Masur, Annette O’Toole, John Ritter, Seth Green…

Scénario : Lawrence D. Cohen, Tommy Lee Wallace d’après le roman Ça (It) de Stephen King

Photographie : Richard Leiterman

Musique : Richard Bellis

Durée : 3h07

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Octobre 1957. ÇA se réveille et la petite ville tranquille de Derry dans le Maine ne sera plus jamais la même. Stephen King révèle au grand jour toutes les peurs et les phobies de l’enfance, alors que sept enfants font face à une horreur inimaginable qui apparaît sous plusieurs formes, et notamment « Grippe-sou », un clown qui vit, chasse et tue dans les égouts de la ville. Des années plus tard, ces adultes qui ont survécu, sont assez courageux pour retourner à Derry et arrêter cette tuerie, et cette fois pour de bon…

C’est une madeleine pour beaucoup de (télé)spectateurs. Une mini-série culte qui compte des millions de fans à travers le monde et qui en gagne sans cesse de nouveaux, notamment en France où elle est très régulièrement diffusée sur la TNT après avoir été programmée pendant des années sur M6, sa première diffusion à la télé française remontant à octobre 1993 : Ça, plus connu en France sous le titre « Il » est revenu. Périodiquement, la ville de Derry dans le Maine est hantée par une terrible créature, un clown pervers capable de changer à loisir d’apparence afin de personnifier les peurs les plus intimes de ses victimes. Dans les années 1950, des événements tragiques se produisent à nouveau. S’attaquant uniquement aux enfants, qui disparaissent ou qui sont retrouvés morts dépecés, «Ça» est un jour vaincu par un groupe de sept jeunes amis de onze ans, six garçons et une fille, ayant fait la promesse de toujours poursuivre l’odieuse entité, qui a disparu dans les égouts abandonnés. Trente ans plus tard, alors que chacun mène une vie paisible aux quatre coins du pays, «Ça» réapparaît à nouveau à Derry. Conformément à leur promesse, le groupe des sept devra se reformer à l’âge de 40 ans pour affronter ses peurs d’enfants.

En 1990, cette adaptation est un événement. Certes, les plus passionnés du chef d’oeuvre absolu de Stephen King publié en 1986 trouveront toujours à redire sur sa transposition, le ton édulcoré pour toucher une plus large audience, les changements inévitables apportés pour le passage du livre à l’écran, mais Ça demeure une véritable référence et finalement le livre et la mini-série en deux parties se complètent parfaitement. D’ailleurs, ceux qui auront vu la mini-série avant de lire le roman, projeteront inévitablement le visage des comédiens au fil de mots du maître de l’horreur.

Le casting est remarquable, que ce soit les enfants ou les adultes, tous extrêmement attachants et solidement dirigés par Tommy Lee Wallace (Halloween 3 : Le Sang du sorcier, Vampire, vous avez dit vampire ? 2), qui par ailleurs soigne sa mise en scène et regorge d’inventions pour faire peur et divertir. L’alchimie entre les deux groupes est indéniable et participe à l’immersion du spectateur dans cette histoire fantastique, qui en a traumatisé plus d’un, au point d’en devenir coulrophobiques, autrement dit phobique des clowns. Il faut dire que Tim Curry est particulièrement angoissant dans le rôle-titre et signe une de ses plus grandes performances après The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman et Legend de Ridley Scott. Si ses apparitions sont finalement limitées sur plus de trois heures, chacune demeure marquante et donne de nombreuses sueurs froides, tant aux personnages qu’aux spectateurs.

Si la télévision ne bénéficiait pas des mêmes budgets et de la même liberté créatrice qu’aujourd’hui, Ça« Il » est revenu fait partie de ces rares productions devenues des classiques dès leur première diffusion. Avec son aspect film-noir, notamment avec le personnage de Mike Hanlon qui mène son enquête et dont les mémoires sont dites en voix-off, combiné à une histoire fantastique, d’horreur, d’épouvante, dramatique, d’amour et d’amitié (les retrouvailles du Club des paumés 30 ans après sont très émouvantes), Ça traverse les décennies sans prendre de rides – à part au niveau des effets spéciaux, mais est-ce bien là le plus important ? – et reste précieux dans le coeur des spectateurs.

Il sera difficile pour la nouvelle adaptation cinématographique prévue dans les salles en 2017, envisagée un temps par le cinéaste Cary Fukunaga mais finalement réalisée par Andrés Muschietti (Mama) avec Bill Skarsgård dans le rôle de Pennywise, de toucher autant l’audience que la mini-série de Tommy Lee Wallace, même si les producteurs promettent une transposition beaucoup plus fidèle au roman original, autrement dit plus sombre, plus sanglante et sexuelle.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Ça, disponible chez Warner Bros., repose dans un boîtier Steelbook du plus bel effet ! Le visuel est reconnaissable entre mille. Le menu principal est fixe et muet. Contrairement à l’édition DVD 2003, le téléfilm est bel et bien présenté dans son intégralité sur une seule face.

Le seul supplément présent sur ce disque est le commentaire audio (non sous-titré) du réalisateur Tommy Lee Wallace, accompagné des comédiens Dennis Christopher (Eddie Kaspbrak adulte), Tim Reid (Mike Hanlon adulte), Richard Thomas (Bill Denbrough adulte) et John Ritter (Ben Hanscom adulte) décédé en 2003. Ce commentaire se suit sans déplaisir, malgré une ambiance un peu triste et de nombreux blancs, sur une durée qui excède quand même plus de trois heures. Tommy Lee Wallace est enregistré de son côté et livre quelques informations intéressantes sur la production de Ça. Les acteurs se livrent à quelques anecdotes liées au tournage et partagent leurs bons souvenirs.

L’Image et le son

Pour son quart de siècle (et même un peu plus), Ça bénéficie d’un lifting de premier ordre et d’une édition Haute-Définition 1080p (AVC). Le résultat est probant, même si le master 1.33 (4/3) n’est pas parfait, compte tenu des conditions de production originales. Ce qui frappe d’emblée, c’est avant tout la luminosité inédite sur les séquences diurnes, notamment l’été durant lequel les gamins font connaissance. Il en est de même pour la colorimétrie ravivée avec des teintes rutilantes sur les scènes des années 1950 et sur le costume bleu, rouge et jaune du personnage éponyme. Toutefois, la gestion du grain demeure aléatoire, y compris au cours d’une même séquence où la patine argentique est sensiblement différente dans un champ-contrechamp. Dans l’ensemble, les noirs sont profonds. L’image est d’une propreté absolue, les contrastes solides et en toute honnêteté, en dépit de quelques fléchissements et un piqué duveteux, sur le long terme, nous n’avions jamais vu Ça dans de telles conditions techniques. Ce grand classique méritait bien pareil traitement et rend caduque l’édition DVD éditée en 2003 !

Parlons des choses qui fâchent : le doublage français disponible ici n’est pas celui réalisé pour la télévision française dans les années 1990, mais bel et bien celui refait pour la sortie en DVD en 2003. Non seulement le doublage a été refait, mais en plus nous ne retrouvons pas les trois quarts des voix originales. Heureusement, Jacques Ciron prête toujours son timbre inimitable à Grippe-Sou le clown, mais toutes les voix des enfants ont évidemment changé, en dehors de Ritchie. Seuls les personnages de Bill adulte et d’Audra bénéficient également du même doublage. Les puristes risquent d’être vraiment déçus. Passée cette déconvenue, le mixage Stéréo se focalise sur les dialogues au détriment de quelques ambiances annexes et la musique. Bien qu’indiquée en DTS-HD Master Audio 5.1 sur le visuel, la piste anglaise n’est proposée qu’en DTS-HD Master Audio 2.0. Moins connue, et pour cause, que la version française, il est amusant de constater que Ça paraît beaucoup plus sombre dans l’interprétation originale de Tim Curry. Du point de vue technique, ce mixage l’emporte aisément du point de vue homogénéité entre les voix, la composition de Richard Bellis et les effets sonores, très riches et précis. D’ailleurs, certains semblent avoir été rajoutés pour le nouveau mixage du téléfilm au début des années 2000 pour élargir le spectre.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard

 

Test DVD / Le Triangle du Diable, réalisé par Sutton Roley

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LE TRIANGLE DU DIABLE ( Satan’s Triangle) réalisé par Sutton Roley, disponible en DVD le 18 octobre 2016 chez Showshank Films

Acteurs : Kim Novak, Doug McClure, Alejandro Rey, Ed Lauter, Jim Davis, Michael Conrad

Scénario : William Read Woodfield

Photographie : Leonard J. South

Musique : Johnny Pate

Durée : 1h11

Date de sortie initiale : 1975

LE TELEFILM

Un hélicoptère et ses deux sauveteurs partent secourir un bateau en perdition. A son bord, des cadavres et une seule survivante… Au beau milieu de l’océan, la tempête se lève. Leurs coordonnées semblent indiquer qu’ils se trouvent au centre d’un endroit mystérieux surnommé le Triangle du Diable…

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Difficile à croire en découvrant ce téléfilm en 2016, mais Le Triangle du Diable, Satan’s Triangle, produit par la chaîne ABC, diffusée le 14 janvier 1975 aux Etats-Unis, puis en France en novembre 1975, mais surtout le 4 février 1979, a traumatisé toute une génération pour sa diffusion à une heure de grande écoute, un dimanche en début de soirée. Réalisé par Sutton Roley, grand habitué de la télévision avec une multitude de séries à son actif depuis la fin des années 50-60 (Mannix, Le Magicien) jusqu’aux années 1980 (Supercopter, Mike Hammer), Le Triangle du Diable demeure toujours aussi chéri par celles et ceux qui l’ont découvert quand ils étaient jeunes, même s’il faut bien avouer qu’il a considérablement mal vieilli.

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On comprend ce qui a pu choquer à l’époque puisque Le Triangle du Diable est un téléfilm sombre, parfois violent et macabre, avec une petite touche fantastique qui a dû effrayer les enfants qui se demandaient alors ce qu’on pouvait bien leur offrir de gentil et de propre dans la petite lucarne. Le Triangle du Diable vaut surtout aujourd’hui pour revoir Kim Novak, qui se faisait déjà rare sur les écrans. Sa dernière grande apparition au cinéma remontait déjà à 1969 dans Le Plus grand des hold-up d’Hy Averback, bien que la comédienne fît également une apparition dans le quatrième segment du film à sketchs Tales That Witness Madness en 1973. Hormis cette diffusion invraisemblable en fin de week-end alors que les petits n’avaient pas encore pris leur bain, on se demande pourquoi Le Triangle du Diable, modeste fiction à petit budget, est devenu aussi culte puisque le récit – écrit par William Read Woodfield, grand manitou de la série Mission Impossible – sous forme de flashbacks imbriqués apparaît aujourd’hui bien classique, efficace mais platement mis en scène, interprété par des acteurs peu concernés, notamment une Kim Novak complètement éteinte. Le twist final fonctionne, tout comme l’épilogue, mais le reste n’est souvent qu’ennui, il ne se passe rien et l’ensemble s’avère aussi passionnant qu’une partie de pêche à l’espadon diffusée à 3h du matin.

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C’est là tout le mystère de la fibre nostalgique, tout comme celui du Triangle des Bermudes qui sert ici de prétexte pour une entourloupe de 70 minutes, mais où il n’y a que les cinq dernières à sauver.

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LE DVD

Le DVD du Triangle du Diable, disponible chez Showshank Films, repose dans un Digipack un peu léger et fragile. Le visuel, cheap, mentionne « Le Film qui a traumatisé toute une génération » et vise ceux qui recherchaient activement ce téléfilm depuis des années.

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L’éditeur ne vient pas les mains vides ! En effet, nous trouvons une présentation du Triangle du Diable, ou plutôt de son contexte singulier de diffusion à la télévision française, par Jérôme Wybon (13′). Nous avons beaucoup de plaisir à retrouver l’auteur de Nos années Temps X : Une histoire de la science-fiction à la télévision française et le réalisateur de nombreux suppléments rétrospectifs présents sur moult DVD et Blu-ray. Jérôme Wybon replace ce téléfilm dans son contexte, puis donne quelques indications sur le scénariste, le réalisateur, le compositeur et le casting. Vous en saurez également un peu plus sur le sujet du Triangle des Bermudes abordé au cinéma et à la télévision.

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L’interactivité se clôt sur le générique français d’époque (« qui vous a fait frissonner ») et un petit comparatif avant/après la restauration.

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L’Image et le son

Le Triangle du Diable est un téléfilm. Le master plein cadre 1.33 (4/3) d’origine proposé par Showshank Films s’avère honnête, même s’il demeure marqué par l’usure du temps et ce malgré une restauration. Les couleurs retrouvent un certain éclat par rapport au master original, le grain est parfois très marqué et sa gestion reste aléatoire, certains moirages sont visibles, tout comme les stock-shots lors de la partie de pêche. Divers plans sont toujours flous et inhérents aux partis pris esthétiques qui privilégient un aspect cotonneux lors de l’arrivée du prêtre sur le voilier. La copie trouve néanmoins une stabilité, malgré des fourmillements à foison.

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La version originale Mono est beaucoup plus étouffée que la piste française, dynamique, aux dialogues et aux effets nettement plus élevés. De plus, le doublage est très bon, avec notamment Marcel Bozzuffi, Pierre Garin et Serge Lhorca (la voix de Yoda dans les épisodes V et VI de Star Wars).

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Crédits images : © Showshank Films / Captures DVD et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Chronique du Blu-ray / Exte : Hair Extensions, réalisé par Sono Sion

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EXTE : HAIR EXTENSIONS (Ekusute – エクステ) réalisé par Sono Sion, disponible en Édition Limitée Blu-ray + DVD le 12 octobre 2016 chez HK Vidéo

Acteurs : Chiaki Kuriyama, Ren Osugi, Megumi Satô, Tsugumi, Eri Machimoto, Miku Satô, Yûna Natsuo

Scénario : Sono Sion, Masaki Adachi, Makoto Sanada

Photographie : Hiro’o Yanagida

Musique : Tomoki Hasegawa, Sono Sion

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2007

LE FILM

Lors d’une inspection de containers sur le port, des agents des douanes découvrent le cadavre d’une jeune femme dont la chevelure continue de croître. Cet étrange phénomène n’échappe pas au gardien de la morgue qui entreprend de fabriquer des extensions pour les revendre aux salons de coiffure. Mais tous ignorent que ces extensions, douées d’une vie propre, sont muées par des pulsions meurtrières. Accompagnée de sa nièce, une apprentie coiffeuse va tenter de démêler le mystère avant que d’autres décès ne surviennent…

Parfois, la vie ne tient qu’à un cheveu…parfois non (tagline de l’affiche originale)

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Imaginez le Blob, cette créature gélatineuse qui serait remplacée par…des extensions de cheveux ! Et ces rajouts capillaires, symboles de l’obsession de la beauté, de l’apparence et de la mode chez les jeunes filles, ne cesseraient de s’étendre, jusqu’à engloutir les êtres humains qui voudraient les couper ! Bienvenus dans le monde du réalisateur déjanté et prolifique Sono Sion ! Réalisé en 2007, Exte – Hair Extensions est un film « d’horreur » à voir au 36e degré, jamais effrayant en raison de d’effets spéciaux au rabais du type Asylum, mais rigolos. Un film foutraque et pourtant maîtrisé, souvent complètement barré, parfois émouvant, un véritable univers, toujours original, dans lequel on plonge volontiers.

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Le metteur en scène de Suicide Club (2002), Love Exposure (2008) et Guilty of Romance (2011) confie le rôle principal à la délicieuse Chiaki Kuriyama (Kill Bill : volume 1, Battle Royale), poupée de porcelaine plongée dans une histoire rocambolesque, dans laquelle une apprentie coiffeuse de 20 ans devra affronter des extensions de cheveux « vivantes » provenant du corps d’une jeune femme décédée, dont la chevelure n’a de cesse de s’étendre. Malgré des baisses de rythme et une absence de rebondissements, on ne s’ennuie jamais. Sono Sion n’a pas son pareil pour dresser le portrait de personnages déglingués, à l’instar de celui du croquemitaine (Ren Osugi), fétichiste des cheveux, habillé en salopette ornée d’un smiley et d’un gros coeur, complètement cinglé et donc souvent hilarant.

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Exte – Hair Extensions prend souvent des allures de manga filmé avec des extérieurs ouatés aux couleurs pastel, une violence graphique (jamais gore) qui n’a pas la prétention d’être « réaliste », ainsi qu’un affrontement final what the fuck entre le gore et l’humour potache. Malgré ces débordements fantastiques, certaines maladresses et facilités, les personnages ne sont jamais oubliés et l’on s’attache très vite à Yûko et sa nièce Mami, petite fille battue par une mère indigne et immature, arrachée bien trop vite à l’enfance et à l’innocence par la monstruosité de l’homme. A l’instar des extensions capillaires, le drame social se greffe sur l’histoire fantastique et cela prend parfaitement !

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Le cinéma nippon peut dire merci à Sono Sion, véritable auteur atypique, qui en 2016 compte près d’une cinquantaine de réalisations, entre courts et longs métrages, documentaires et séries TV. Si les idées foisonnantes ne sont pas toujours exploitées à fond, Exte – Hair Extensions est une œuvre rappelant certaines productions des années 80, jubilatoire, bourrée d’imagination, et surtout très généreuse avec les spectateurs. Ça décoiffe !

LE BLU-RAY

Exte – Hair Extensions, est disponible dans une édition limitée Blu-ray+DVD, chez HK Vidéo. Le test de l’édition HD a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sombre, musical et légèrement animé sur le visuel le plus célèbre tiré du film. L’édition originale contient un livret exclusif de 12 pages.

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L’éditeur propose quelques suppléments pour les aficionados de Sono Sion.

Un module se focalise sur la présentation du film par les acteurs et le réalisateur (9’), au cinéma Sunshine dans le quartier d’Ikebukuro de Tokyo. Devant une salle bondée, les comédiens parlent des personnages, du scénario, du travail avec le réalisateur…

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Cette première du film se prolonge au café Ariapita (5’), situé dans le même quartier, customisé pour l’occasion en Café Exte – Hair Extensions. Des éléments repris du film ornent les murs, notamment des cheveux, et les comédiens se plient au jeu des interviews dans ce décor singulier.

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Adeptes du karaoké, vous serez ravis d’apprendre que la chanson entêtante du personnage de Yamazaki est proposée ici (2’). Les paroles sont disponibles en phonétique pour les spectateurs français.

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Envie d’un décalage culturel ? Alors ne manquez pas la rencontre de la comédienne Chiaki Kuriyama avec des étudiants (12’). L’actrice évoque brièvement son personnage dans Exte – Hair Extensions, l’ambiance sur le plateau, le travail avec ses partenaires, avant de se voir poser des questions du genre « quelles stars connaissez-vous ? », « comment faites-vous pour garder la ligne ? », « quelle musique écoutez-vous ? », vous lisez dans les transports ? », « à quels jeux vidéo jouez-vous ? », « quel shampooing utilisez-vous ? ». Vous l’aurez compris, il s’agit d’un débat absolument palpitant !

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Deux petites scènes coupées (1’) basées sur la relation de Yûko avec sa chef sont également au programme.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale, le film-annonce international et quelques trailers de films disponibles chez HK Vidéo.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Ce master (1.77, 16/9) n’est pas « décevant », mais le film de Sono Sion date déjà de 2007 et l’image ne peut rivaliser avec les standards HD actuels. Le piqué est émoussé en raison de partis pris esthétiques souvent vaporeux et aux sources d’éclairages parfois trop luminescentes. Les couleurs sont froides, les détails peu nombreux, les contrastes légers et l’ensemble bien trop lisse.

Deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 au choix ! Le doublage français est amusant, malgré des voix trop mises en avant. Pour plus de naturel et une meilleure homogénéité entre les dialogues, les effets et la musique, privilégiez évidemment la piste japonaise. Même si celle-ci s’avère moins dynamique sur les frontales, le spectacle acoustique est quand même assuré sur les séquences plus agitées. Le caisson de basses intervient à bon escient.

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Crédits images : © HK Vidéo / Captures des suppléments : Franck Brissard