Test Blu-ray / La Fille de Dracula, réalisé par Jess Franco

LA FILLE DE DRACULA réalisé par Jess Franco, disponible en combo DVD/Blu-ray le 5 juin 2018 chez Artus Films

Acteurs :  Carmen Yazalde, Anne Libert, Alberto Dalbés, Howard Vernon, Daniel White, Jesús Franco, Fernando Bilbao, Carmen Carbonell

Scénario :   Jess Franco

Photographie : José Climent

Musique : René Sylviano, Daniel White

Durée : 1h22

Année de sortie : 1972

LE FILM

Louisa se rend dans le manoir familial où l’attend sa grand-mère, la baronne Karlstein. Celle-ci, mourante, lui dévoile la malédiction qui pèse sur leur famille depuis des générations. En effet, dans la crypte, repose leur ancêtre, Dracula, qui a toujours besoin de sang de jeunes femmes.

Ancien assistant d’Orson Welles sur Falstaff, Jesús Franco Manera dit Jess Franco (1930-2013) a réalisé près de 200 films, depuis son premier succès L’horrible docteur Orloff (1961). Agrémentant ses films d’horreur d’un érotisme aussi esthétique que sulfureux, il va enchaîner les films à un rythme infernal, adaptant Sade, Masoch, Mirbeau. Sa muse, Soledad Miranda, disparue, il trouve en Lina Romay sa nouvelle et ultime égérie, qu’il magnifiera de films en film. Bien plus qu’un simple artisan boulimique de pellicules, Jess Franco, également connu sous les pseudonymes de Clifford Brown, Adolf M. Frank, J.P. Johnson, David Khune et Jess Frank, restera un véritable auteur, un cinéaste doué et prolifique. Les titres de ses films restent très explicites : Le Sadique Baron Von Klaus (1962), Le Diabolique docteur Z (1966), Sumuru, la cité sans hommes (1969), Les Inassouvies (1970), Le Journal intime d’une nymphomane (1972), Les Expériences érotiques de Frankenstein (1973) et bien d’autres.

Production franco-portugaise sortie en 1972, La Fille de Dracula n’est clairement pas l’un de ses meilleurs opus et décontenancera même les amateurs de petits films d’horreur, puisque ce qui intéresse une fois de plus Jess Franco c’est de mettre toutes ses comédiennes à poil dès qu’il en a l’occasion. Soyons honnêtes, cet opus n’apporte absolument rien au mythe et cette variation ennuie souvent pendant ses 82 minutes.

Une jeune fille, Luisa, rend visite à sa grand-mère mourante, la baronne Karlstein, dans sa demeure. Avant de mourir, elle lui dévoile la malédiction qui pèse sur leur lignée familiale depuis des générations. La crypte dans le sous-sol de sa maison renferme l’ancêtre Karlstein, connu sous le nom de Dracula, et l’on doit s’assurer qu’il ne boira plus jamais de sang. Mais ce dernier, toujours avide de chair fraîche, sort de sa tombe et oblige Luisa, en la plongeant dans une transe sexuelle, à séduire de jeunes filles pour ensuite les ramener à lui pour qu’il suce leur sang. Mais Luisa, vampirisée par ce dernier, y prend également goût…

Bon, La Fille de Dracula n’est pas non plus mauvais hein, c’est juste que Jess Franco passe un peu trop de temps à filmer les corps nus, certes désirables et sensuels, de ses comédiennes, en jouant avec le zoom sur les poitrines tendues vers la caméra ou sur les pubis généreux. Tout cela pendant qu’un piano de bastringue s’emporte pour essayer de donner du rythme à cette succession de cadres redondants. On en viendrait même à oublier que le film est tout d’abord pensé comme une relecture d’une des grandes figures du cinéma d’horreur. Heureusement, quelques gros plans sur des incisives aiguisées, des cous recouverts de ketchup (ou de tabasco) et un cercueil qui s’ouvre sur le célèbre comte Dracula, « interprété » par un Howard Vernon fardé qui passe son peu de temps à l’écran allongé ou à se relever légèrement pour s’étirer, nous sortent un peu de la léthargie.

A côté de cela, les séquences saphiques sont plutôt jolies à regarder et Jess Franco parvient à plonger les spectateurs dans une sorte de transe chaleureuse et agréable. Sur un rythme en dents de (vampires) scie, le réalisateur espagnol compile les séquences très réussies à l’instar de la première scène de « voyeurisme » très giallesque, qui alterne les gros plans sur un oeil écarquillé et ceux sur la jeune femme épiée en prenant son bain, avec d’autres beaucoup plus anecdotiques liées à l’enquête policière. La Fille de Dracula, un des neuf films que Jess Franco mettra en scène en 1972, comblera donc les fans de belles poupées dénudées, surtout la troublante Britt Nichols qui ne laisse pas du tout indifférent, mais risque de frustrer celles et ceux qui s’attendaient à un véritable film d’épouvante.

LE BLU-RAY

La Fille de Dracula est disponible chez Artus Films, dans un très beau combo DVD/Blu-ray. La jaquette au visuel soigné est glissée dans un boîtier de couleur noire. Le menu principal est fixe et muet.

En plus d’un diaporama, l’éditeur propose une intervention de Jean-François Rauger (19’), disponible dans une qualité fort médiocre, comme si le directeur de la programmation de la Cinémathèque avait été enregistré via sa webcam. Toujours est-il que cet entretien est comme d’habitude passionnant, riche en anecdotes sur la carrière de Jess Franco, auquel Jean-François Rauger semble très attaché. La Fille de Dracula est replacé dans la filmographie du cinéaste. Notre interlocuteur évoque également les intentions, mais surtout l’approche du mythe de l’épouvante par le réalisateur, et n’hésite pas à comparer Jess Franco à Jean-Luc Godard dans ses partis pris de déconstruction du cinéma classique.

L’Image et le son

Qui aurait pu croire qu’une œuvre de Jess Franco serait choyée de la sorte ? Si certains points blancs restent visibles sur les très nombreux zooms, la copie restaurée est très élégante et l’apport HD n’est pas sans donner un nouvel intérêt à La Fille de Dracula. Le piqué est éloquent, la patine argentique heureusement conservée, les couleurs très appréciables et les détails indéniables sur les décors. Très beau lifting.

Seule la version française est disponible. Le confort acoustique est assuré, l’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis. Aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre.

Crédits images : © Artus FilmsCaptures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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