Test Blu-ray / La Promesse verte, réalisé par Édouard Bergeon

LA PROMESSE VERTE réalisé par Édouard Bergeon, disponible en DVD et Blu-ray le 17 septembre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Alexandra Lamy, Félix Moati, Sofian Khammes, Antoine Bertrand, Julie Chen, Adam Fitzgerald, Michael Schnörr, Olivier Ythier, Yothin Udomsanti…

Scénario : Edouard Bergeon & Emmanuel Courcol

Photographie : Éric Dumont

Musique : Thomas Dappelo

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Pour tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels.

Dans la carrière d’Alexandra Lamy, il y a eu plusieurs étapes. Un gars, une fille bien entendu, puis Ricky de François Ozon (un des films les plus étranges du réalisateur), qui lui offrait son premier grand rôle dramatique. Depuis, la comédienne n’a eu de cesse de passer d’un registre à l’autre, même si le succès avait tout d’abord du mal à suivre. Après quelques apparitions dans Brice de Nice, Les Infidèles et Lucky Luke aux côtés de Jean Dujardin, alors son compagnon, Jamais le premier soir obtient enfin les faveurs du public en 2014. Parallèlement, tout en continuant dans la comédie (Bis, Retour chez ma mère, L’Embarras du choix, Tout le monde debout, Le Sens de la famille, Le Test), Alexandra Lamy continue d’apparaître là où on l’attend le moins, tout en affinant son jeu dans le drame. Possessions, J’enrage de son absence, Par instinct, La Chambre des merveilles et Après moi le bonheur sont tous de grandes réussites. Même chose dans La Promesse verte, second long-métrage d’Édouard Bergeon, qui revient derrière la caméra cinq ans après le hit rencontré par Au nom de la terre (2 millions d’entrées), dans lequel l’actrice trône de façon impériale et s’inscrit définitivement parmi les plus grandes de sa génération. Magistralement mis en scène, passionnant, édifiant, La Promesse verte est une œuvre d’intérêt public, réunit le cinéma populaire et à grand spectacle et s’impose comme étant l’un des films les plus indispensables de l’année 2024.

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Test DVD / Boléro, réalisé par Anne Fontaine

BOLÉRO réalisé par Anne Fontaine, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos, Vincent Perez, Anne Alvaro, Sophie Guillemin, Alexandre Tharaud, Serge Riaboukine…

Scénario : Anne Fontaine & Claire Barré, d’après le livre de Marcel Marnat

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Paris, les années folles. Les oreilles de Maurice Ravel bourdonnent quand Ida, chorégraphe sensuelle et audacieuse, lui commande la musique de son prochain ballet. Tétanisé, Ravel ne sait plus où chercher l’inspiration. C’est en puisant dans ses souvenirs et en s’inspirant des femmes de sa vie que le compositeur créera sa plus grande œuvre : Le Boléro.

« Il ne s’écoule jamais plus d’un quart d’heure sans qu’on entende le Boléro de Ravel quelque part dans le monde » indique un panneau en guise de conclusion du film d’Anne Fontaine. Mais près de deux heures avant cela, le générique d’ouverture montre déjà que l’oeuvre du compositeur n’a eu de cesse d’être empruntée, détournée, mixée, samplée ou tout simplement réinterprétée depuis sa création (et son triomphe) en 1928. Boléro, titre simple, concis, entier, est le dix-neuvième long-métrage réalisé par Anne Fontaine en un peu plus de trente ans, qui trois après sa fantaisie où elle imaginait le retour politique de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, unis contre l’imminence au pouvoir de Marine Le Pen dans Présidents, livre un faux biopic, non pas sur la figure même de Maurice Ravel, mais sur celle de la création de son œuvre la plus célèbre au monde, le Boléro. Le film démarre d’ailleurs en 1903, alors que le jeune musicien est âgé de 28 ans, jusqu’à son décès en 1937. Mais le Boléro est et demeure le pivot central du récit, comme il l’a finalement été dans la vie de Maurice Ravel. Anne Fontaine observe son personnage principal avec admiration et aussi beaucoup de questionnements, comme si elle savait elle-même qu’en dépit des moyens présentés par le cinéma, elle ne pourrait pas mettre à jour la face cachée du compositeur, sonder son âme perturbée, décoder ses secrets, dévoiler son processus créatif. La force de Boléro provient de Raphaël Personnaz, indéniablement dans un de ses meilleurs rôles et qui livre sans doute sa plus grande prestation à ce jour. Tout en intériorité, le comédien rend compte du bouillonnement qui s’emparait au quotidien de Maurice Ravel, qui ne vivait que pour la musique, au point qu’il n’arrivait pas à s’exprimer autrement, sans jamais être satisfait de ce qu’il entreprenait, malédiction des artistes. Boléro est un sommet dans la carrière de la cinéaste et de sa tête d’affiche.

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Test DVD / Quelques jours pas plus, réalisé par Julie Navarro

QUELQUES JOURS PAS PLUS réalisé par Julie Navarro, disponible en DVD le 7 août 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Benjamin Biolay, Camille Cottin, Amrullah Safi, Makita Samba, Saadia Bentaïeb, Loula Bartilla Besse, Olivier Charasson, Andranic Manet, Hippolyte Girardot…

Scénario :Julie Navarro et Marc Salbert, d’après le roman de ce dernier, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire

Photographie : Sylvestre Dedise

Musique : Arnaud Rebotini

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours croit-il, d’héberger Daoud, un jeune Afghan.

Oui bon d’accord, le cinéma français bien-pensant blabla, les bobos de cinquante piges, les écouteurs vissés sur les oreilles en train d’écouter The Kinks ou The Zombies, confortablement installés dans leur 50m² à Barbès (car ils aiment le melting-pot), en train de découvrir le monde (les migrants quoi), qui se découvrent une âme de militant (par hasard, après avoir reçu un coup sur la tronche ici) et qui décident (malgré eux) de recueillir un demandeur d’asile. C’est Quelques jours pas plus, premier long-métrage écrit et réalisé par Julie Navarro, ancienne assistante de Véra Belmont, Jean-François Davy, Jean-Marc Vallée et ancienne directrice de la distribution (sur La Science des rêves, Mariage à Mendoza, Hippocrate, Médecin de campagne…). Cependant, si le pitch peut effectivement faire peur, Quelques jours pas plus est une première œuvre extrêmement attachante et contre toute attente, on suit le cheminement de son protagoniste, critique musical qui commence à avoir de la bouteille et qui semble revenu de tout, qui se retrouve embringué dans le quotidien d’une association caritative, spécialisée dans l’accueil des migrants et réfugiés à Paris. Ce dernier est en outre interprété par Benjamin Biolay, qui mine de rien s’est construit une vraie filmographie depuis une quinzaine d’années. Depuis ses débuts devant la caméra de Vincent Dietschy (dans Didine), l’interprète multi-récompensé de Comment est ta peine ? n’a eu de cesse d’enchaîner les rôles (une bonne cinquantaine désormais), en prenant petit à petit une véritable épaisseur et un charisme qui s’est encore plus sculpté avec les années. Après Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Personal Shopper d’Olivier Assayas, Irréprochable de Sébastien Marnier, Les Apparences de Marc Fitoussi (pour ne citer que ceux-là), Benjamin Biolay trouve incontestablement l’un de ses meilleurs personnages dans Quelques jours pas plus (adaptation du roman de Marc Salbert, compagnon de la metteuse en scène, dénommé De l’Influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire publié en 2015 sous Le Dilettante), dans lequel il est criant de vérité. Un joli film sincère, émouvant, drôle aussi, à la frontière du documentaire, qui ne tombe pas dans le piège du message enfoncé à coups de marteau dans le crâne des spectateurs, mais qui lui expose des faits, sans en rajouter. Une belle découverte.

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Test DVD / Mob Land, réalisé par Nicholas Maggio

MOB LAND réalisé par Nicholas Maggio, disponible en DVD le 23 août 2024 chez Program Store.

Acteurs : John Travolta, Shiloh Fernandez, Stephen Dorff, Kevin Dillon, Ashley Benson, Tia DiMartino, Timothy V. Murphy, Robert Miano…

Scénario : Nicholas Maggio & Rob Healy

Photographie : Nick Matthews

Musique : David Gerald Steinberg

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Un shérif tente de maintenir la paix lorsqu’un père de famille désespéré braque violemment une fabrique de pilules avec son beau-frère, alertant ainsi un homme de main de la mafia de la Nouvelle-Orléans.

Tiens mais oui au fait, il devient quoi John Travolta ? Au-delà du fait que le comédien ait été salement touché par le destin en perdant de façon prématurée son épouse Kelly Preston en 2020 (à l’âge de 57 ans) et leur premier fils en 2009 (disparu à 16 ans de maladie), son dernier succès au cinéma remonte déjà à 2012, avec Savages d’Oliver Stone. Depuis, l’ancien Tony Manero et Danny Zuko n’a eu de cesse d’enchaîner les panouilles dans quelques DTV peu reluisants (euphémisme). Peu se souviennent (et à raison) de Face à Face Killing Season de Mark Steven Johnson dans lequel il donne la réplique (avec un accent à couper au couteau de chasse) à Robert De Niro, du pourtant sympatoche The Revenge I Am Wrath de Chuck Russell, de l’improbable La Victoire dans le sangTrading Paint de Karzan Kader où il a pour partenaire la chanteuse Shania Twain et qui lui vaudra une nomination aux Razzie Awards, de l’immonde The Poison Rose de George Gallo où Morgan Freeman ressemble à un épouvantail mal cousu. À 70 piges, l’ami John, après avoir partagé l’affiche de Paradise City avec Bruce Willis, paraît reprendre le flambeau de ce dernier ainsi que la même éponge pour coiffer son crâne luisant, qu’il accepte enfin de montrer à l’écran (et qu’il ne recouvre plus d’un hérisson écrasé) avec Mob Land, dans lequel il n’apparaît que comme une guest-star de luxe, en pointillés, en laissant la place principale à ses confrères. Bruce Willis ayant raccroché après avoir tourné plus de trente films en dix ans (quasiment tous destinés à la VOD) et prenant un repos bien mérité auprès des siens qui l’aident dans son aphasie, John Travolta continue son bonhomme de chemin et vient d’ailleurs d’emballer deux thrillers avec le dénommé Randall Emmett, habituellement producteur de multiples williseries (la trilogie Detective Knight, 10 Minutes Gone et bien d’autres). Mais pour l’heure, il participe à Mob Land, premier long-métrage écrit et mis en scène par un certain Nicholas Maggio (inconnu au bataillon), où il incarne le shérif d’une petite bourgade du Sud des États-Unis, touchée par les affaires de la mafia de la Nouelle-Orleans. Si l’histoire rappelle (de loin) les récits de James Lee Burke, notamment la saga Dave Robicheaux, Mob Land (production Corey Large, autre responsable de williseries comme Gasoline Alley, Vendetta, White Elephant) est complètement anecdotique, pas folichon, ni calamiteux, passe le temps sans se forcer et ce grâce à la participation de l’excellent Stephen Dorff, dont le personnage prend de l’ampleur au fur et à mesure, au point de voler la vedette. Il est incontestablement le gros atout de ce film qui s’autodétruit immédiatement de votre mémoire sitôt le déroulé du générique de fin.

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Test Blu-ray / Immaculée, réalisé par Michael Mohan

IMMACULÉE (Immaculate) réalisé par Michael Mohan, disponible en DVD & Blu-ray le 23 août 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Sydney Sweeney, Simona Tabasco, Benedetta Porcaroli, Álvaro Morte, Niccolò Senni, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Giampiero Judica…

Scénario : Andrew Lobel

Photographie : Elisha Christian

Musique : Will Bates

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…

Qui arrêtera Sydney Sweeney ? Découverte en 2010 dans The Ward : L’hôpital de la terreur de John Carpenter dans lequel elle interprétait le personnage de Mika Boorem dans son enfance, l’actrice née en 1997 n’a eu de cesse de grimper les échelons. Vue au cinéma par la suite dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, The Voyeurs de Michael Mohan, elle s’impose aussi à la télévision dans les séries In the Vault, Everything Sucks!, The Handmaid’s Tale, Sharp Objects, The White Lotus et surtout Euphoria depuis 2019. 2023, elle passe la vitesse supérieure en tenant le rôle-titre de Reality de Tina Satter, qui la place directement parmi les comédiennes les plus convoitées du moment, enquille avec un énorme succès personnel au box-office avec la comédie-romantique Tout sauf toi Anyone but You de Will Gluck (220 millions de dollars de recette) et apparaît dans le Spider-Verse dans le lénifiant Madame Web de S. J. Clarkson (dans lequel elle est l’un des rares éléments à sauver). Non seulement Sydney Sweeney est l’une des plus belles créatures apparues dans le cinéma américain depuis un bail (il faut sans doute remonter à Scarlett Johansson période Match Point pour retrouver un tel engouement hormonal), mais elle est aussi une artiste dingue, doublée d’une productrice ambitieuse. Après avoir financé Tout sauf toi, elle sauve un film d’horreur destiné à tomber dans les oubliettes, Immaculée, projet qui remontait alors à une dizaine d’années et auquel elle n’a cessé de croire. Sydney Sweeney produit donc cet Immaculate et a fait appel elle-même au réalisateur Michael Mohan, avec lequel elle avait déjà collaboré sur Everything Sucks! et The Voyeurs. Imprégné d’un parfum d’antan, celui qui accompagnait la nunsploitation (aaaah L’Autre enfer de Bruno Mattei, Les Démons du sexe de Jess Franco, Les Diables de Ken Russell…), Immaculée est un immense tour de force, remarquablement mis en scène, viscéral, court, rapide, porté par un casting magistral sur lequel trône Sydney Sweeney, quasiment de toutes les scènes et qui livre une nouvelle prestation que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

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Test Blu-ray / La Rose de la mer, réalisé par Jacques de Baroncelli

LA ROSE DE LA MER réalisé par Jacques de Baroncelli, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 juin 2024 chez Pathé.

Acteurs : Denise Bosc, Fernand Ledoux, Roger Pigaut, Lily Baron, Noël Roquevert, Palau, Georges Lannes, Jane Maguenat…

Scénario : Marc-Gilbert Sauvajon, d’après le roman de Paul Vialar

Photographie : Jean Isnard

Musique : Louiguy

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Jérôme possède un bateau, La Rose de la Mer, avec son truand d’oncle. Ils naviguent avec une bande de forbans engagés par l’oncle pour saborder le navire et toucher la prime d’assurance. Mais Jérôme n’est pas de cet avis et s’oppose au reste de l’équipage.

En 2021, l’auteur de ces mots faisait la découverte d’un film, d’un chef d’oeuvre, La Femme et le pantin (1929) et surtout de son réalisateur, dont il n’avait alors jamais entendu parler, Jacques de Baroncelli (1881-1951). Complètement oublié aujourd’hui, celui-ci aura pourtant signé une belle version des Mystères de Paris (1943), une adaptation de La Duchesse de Langeais (1942) d’Honoré de Balzac, avec Edwige Feuillère, et l’on peut aussi citer Belle étoile (1938) avec Michel Simon et Jean-Pierre Aumont et Je serai seule après minuit (1931), sur un scénario de Henri-Georges Clouzot. Jacques de Baroncelli était un passionné de cinéma, un amoureux des comédiens auxquels il était d’ailleurs fidèle (il collaborera plus de quinze fois avec Charles Vanel, fera aussi tourner à plusieurs reprises Pierre Brasseur, Edwige Feuillère…) et enchaînait les films aussi divers que variés, avec pour priorité le désir de se renouveler. La Rose de la mer est l’un de ses derniers longs-métrages, peut-être pas le plus représentatif de son œuvre générale, mais qui se démarque par son savoir-faire et sa tonalité sombre, le film ayant été tourné après la Seconde Guerre mondiale. D’après un scénario écrit par Marc-Gilbert Sauvajon (Le Canard à l’orange, Michel Strogoff, Non coupable), transposition d’un roman de Paul Vialar, le cinéaste dirige une bande de comédiens qui en dehors du légendaire Noël Roquevert et du respecté Fernand Ledoux ne sont pas vraiment passés à la postérité, mais qui n’en restent pas moins convaincants, même si leur jeu reste représentatif des « codes » d’une certaine époque. La Rose de la mer demeure un drame assez prenant, culotté, romanesque, teinté de thriller, où la violence peut éclater à n’importe quel moment et ce jusqu’à la fin. Une étonnante curiosité donc.

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Test Blu-ray / Boulevard, réalisé par Julien Duvivier

BOULEVARD réalisé par Julien Duvivier, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 juin 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Pierre Léaud, Monique Brienne, Magali Noël, Pierre Mondy, Jacques Duby, Robert Pizani, Julien Verdier, Georges Adet…

Scénario : Julien Duvivier & René Barjavel, d’après le roman de Robert Sabatier

Photographie : Roger Dormoy

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Jojo a été abandonné par son père qui a refait sa vie avec une mégère abusive. II habite tout seul dans une chambre du 6e étage et s’efforce, vis-à-vis des voisins, de ne pas avoir l’air abandonné. Pour cela, il joue au dur, méprise la gentille Marietta dont les parents le reçoivent souvent pour compléter sa maigre pitance, et préfère son autre voisin, l’artiste, ou bien la danseuse de strip-tease Jenny, qu’il épie par le trou de la serrure et voudrait bien approcher de plus près. Plusieurs tentatives pour gagner sa vie lui confirmeront que le monde des adultes n’est pas tendre. Il parvient à se faire un peu d’argent en vendant des illustrés et prépare une petite fête en rapportant quelques bouteilles chez Jenny. Celle-ci le traitera plutôt maternellement, réservant ses faveurs au boxeur Dicky qu’elle entretient aveuglément.

À l’occasion de la sortie en Blu-ray de Marie-Octobre, du Diable et les 10 commandements et de La Femme et le Pantin, nous sommes déjà revenus longuement sur la longue, prolifique et éclatante carrière de Julien Duvivier (1896-1967). Pour y situer Boulevard, disons qu’il s’agit d’un de ses derniers films, puisque le réalisateur ne signera plus que quatre longs-métrages après celui-ci. Boulevard, c’est comme qui dirait la rencontre entre le cinéma classique et le septième art moderne représenté par l’arrivée mouvementée de la Nouvelle vague. Ou quand un cinéaste estimé (dont les œuvres ont attiré pas loin de 60 millions de spectateurs dans les salles) dirige la star des Quatre Cents Coups de François Truffaut, Jean-Pierre Léaud, alors âgé de 16 ans. Le jeune comédien apporte avec lui une vérité (24 images par seconde) et Boulevard n’est d’ailleurs pas dépourvu d’une réalité documentaire, notamment quand Julien Duvivier rend compte du Paris de l’époque, en posant sa caméra entre Pigalle et la place de Clichy, pas loin de Montmartre. S’il reconstitue admirablement un immeuble en studio grâce au savoir-faire du décorateur Robert Bouladoux (Le Monocle rit jaune, 125 rue Montmartre, Le Sang à la tête), pour des facilités de tournage, nombreuses sont les images capturées dans la rue qui restent en mémoire après le visionnage, où l’on aperçoit des cinémas disparus depuis belle lurette (avec à l’affiche Recours en grâce de László Benedek ou L’Amérique insolite de François Reichenbach, ce qui date les prises de vue autour de mai-juin 1960), des night-clubs devenus des sex-shops ou des peep-shows, des primeurs ayant laissé place à des Monoprix, ou des pharmacies…qui le sont encore aujourd’hui. Au-delà de ce témoignage d’un présent qui s’est volatilisé et dont plus rien ou presque ne subsiste, Boulevard est le portrait dressé d’un adolescent pour ainsi dire comme les autres, car si les époques changent, les êtres humains demeurent les mêmes et le film de Julien Duvivier rend compte de ce premier carrefour d’une existence, quand un adolescent se retrouve bloqué entre l’enfance et le monde adulte. Un sujet ô combien éternel et universel.

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Test Blu-ray / Les Amants de Brasmort, réalisé par Marcello Pagliero

LES AMANTS DE BRASMORT réalisé par Marcello Pagliero, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Nicole Courcel, Frank Villard, Henri Génès, Line Noro, Robert Dalban, Philippe Nicaud, Mona Goya, Jacky Flynt…

Scénario : Jacques Dopagne & Robert Scipion

Photographie : Roger Hubert

Musique : Georges Auric

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Jean Michaut est un marinier sans le sou qui vit près d’un cimetière de péniches appelé le « Bras-mort ». Il tombe amoureux de Monique la fille de son oncle qui est un riche armateur fluvial. Elle finit par l’aimer mais leurs différences sociales rendent difficile leur relation. Monique décide malgré tout de vivre avec Jean et de l’épouser.

Le bras-mort du titre du film de Marcello Pagliero, c’est le « Bras Favé » de l’île-du-Devant à Conflans-Sainte-Honorine, bras mort de la Seine donc, qui accueillait d’anciennes embarcations en bois, demeures habitées par des personnes sans véritables ressources, en particulier des familles d’anciens mariniers. C’est là que le réalisateur français d’origine italienne a entièrement tourné Les Amants de Bras-Mort, dans cette commune des Yvelines qui servait de carrefour aux voies fluviales. Si ce long-métrage mérite d’être redécouvert aujourd’hui, c’est pour sa dimension documentaire, celle d’une France qui a totalement disparu au profit d’une modernisation inévitable des travaux d’hier. L’histoire est sans doute simple, mais les personnages attachants, notamment le couple formé par la belle Nicole Courcel – alors au début de sa carrière et qui avait déjà tourné pour Jacques Becker, Henri Decoin, Jean Dalannoy et Marcel Carné – et Franck Villard, dont la présence est forte et marquante. Si la mise en scène est plus ou moins fonctionnelle et illustrative, Les Amants de Bras-Mort possède un charme inaltérable, rend compte admirablement des métiers d’antan et repose sur une distribution solide.

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Test Blu-ray / Au coeur de minuit – Heart of Midnight, réalisé par Matthew Chapman

AU COEUR DE MINUIT (Heart of Midnight) réalisé par Matthew Chapman, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Brenda Vaccaro, Jack Hallett, Nicholas Love, James Rebhorn, Tico Wells, Sam Schacht, Nina Lora, Steve Buscemi, Frank Stallone, Denise Dumont, Peter Coyote…

Scénario : Matthew Chapman

Photographie : Ray Rivas

Musique : Yanni

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Carol est une femme ayant récupéré d’une récente dépression nerveuse. Elle vient d’hériter de « Midnight », une boîte de nuit anciennement détenue par son oncle, le regretté Fletcher. Elle quitte le domicile familial et entreprend de rénover le Nightclub. Cependant, elle découvre rapidement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être… par le passé, une section du club semble avoir été réservée à une clientèle libertine et sadomasochiste.

Plus connu comme scénariste (Jeux d’adultes Consenting Adults de Alan J. Pakula, Color of Night de Richard Rush, Le Maître du jeu Runaway Jury de Gary Fleder) que comme réalisateur, Matthew Chapman (né en 1950) n’a il est vrai que peu tourné. Pourtant, dans sa poignée de films et téléfilms se distingue Au coeur de minuit Heart of Midnight, drame psychologique indéniablement sous influence de David Lynch dont le Blue Velvet a semble-t-il laissé quelques traces et qui annonce étrangement d’autres opus du cinéaste à venir comme Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001). Au centre de Heart of Midnight, une comédienne, immense, magnétique, qui aura d’ailleurs attendu 2017 (la série Twin Peaks: The Return) pour tourner pour David Lynch avec lequel elle se devait de collaborer, Jennifer Jason Leigh, qui n’a eu de cesse d’impressionner et ce depuis sa première apparition au cinéma dans Appels au meurtre – Eyes of a Stranger de Ken Wiederhorn en 1981. Elle explose littéralement durant cette décennie et se montre tout aussi géniale dans la comédie (Ça chauffe au lycée Ridgemont Fast Times at Ridgemont High d’Amy Heckerling) et l’aventure médiévale (La Chair et le Sang Flesh and Blood de Paul Verheoeven), avant de bifurquer vers le thriller avec le mythique Hitcher de Robert Harmon. Dans Heart of Midnight elle crève l’écran une fois de plus et trouve l’un de ses rôles comme qui dirait matriciel, celui d’une jeune femme névrosée, fragile, dépressive, hyper-sensible, prête à sombrer définitivement dans la folie. Avec son récit labyrinthique, écrit par Matthew Chapman lui-même, Heart of Midnight entraîne le spectateur dans une spirale infernale, une psyché perturbée, les méandres d’un esprit malade et offre indiscutablement à sa tête d’affiche l’un des plus beaux et grands rôles.

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Test DVD / Une vie, réalisé par James Hawes

UNE VIE (One Life) par James Hawes, disponible en DVD & Blu-ray le 26 juin 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Anthony Hopkins, Lena Olin, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter, Tim Steed, Matilda Thorpe, Daniel Brown, Alex Sharp, Jirí Simek, Romola Garai…

Scénario : Lucinda Coxon & Nick Drake, d’après le livre de Barbara Winton, If It’s Not Impossible…: The Life of Sir Nicholas Winton

Photographie : Zac Nicholson

Musique : Volker Bertelmann

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où six cent soixante-neuf enfants juifs trouveront refuge.

Grand succès de 2024 en France avec plus d’1,5 million d’entrées, ce qui le place pour l’instant dans le top 10 de l’année, entre Bob Marley:One Love et Maison de retraite 2, Une vie One Life est le premier long-métrage de James Hawes, réalisateur ayant fait ses classes à la télévision depuis plus de trente ans. Remarqué et parfois même récompensé pour son travail sur les séries Doctor Who, Slow Horses, Snowpiercer, Penny Dreadful, Mad Dogs et Black Mirror (les épisodes Hated in the Nation de la saison 3 et Smithereens de la saison 5), ou pour son téléfilm Enid (2009) avec Helena Bonham Carter, le metteur en scène adapte le livre If It’s Not Impossible…The Life of Sir Nicholas Winton de Barbara Winton, qui narrait sur la vie de son père Nicholas Winton (1909-2015), surnommé le « Schindler britannique ». Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique, That’s Life !, invite Nicholas à témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants – désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui dans les années 1930. Certes, ce récit est incroyable, mais le film pâtit d’un académisme ronflant et bien pépère. Nous sommes ici en plein biopic réalisé en mode automatique, sans relief, sans imagination. Une mise en images fonctionnelle où rien ne dépasse, où les plans s’enchaînent comme un vulgaire téléfilm. Sir Anthony Hopkins, 86 ans au moment du tournage, n’a pas grand-chose à faire durant les trois-quarts du long-métrage, dans lequel il n’apparaît qu’en pointillés, se contentant la plupart du temps de se faire un thé, de nager, de regarder par la fenêtre. En revanche, il laisse la place à Johnny Flynn, qui incarne Nicholas Winton jeune. Essentiellement connu pour sa carrière musicale, il est également apparu au cinéma, comme à deux reprises chez Olivier Assayas (Sils Maria, Après mai). Le biopic est un genre qu’il connaît pour avoir incarné David Bowie dans Stardust (2020) de Gabriel Range et Ian Fleming dans La Ruse Operation Mincemeat (2021) de John Madden. Rebelote pour l’acteur né en 1983, qui se taille la part du lion dans Une vie et qui a plus de choses à défendre que son aîné dans le même rôle, mais à un demi-siècle de séparation. En l’état, One Life se laisse regarder et le propos interpelle forcément, mais l’ensemble ne laisse au final pas grand-souvenir, à part le moment déjà connu (celui de l’émission), dont la reconstitution apparaît quelque peu factice, comme par ailleurs le reste du film.

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