Test Blu-ray / Nuits de cauchemar, réalisé par Kevin Connor

NUITS DE CAUCHEMAR (Motel Hell) réalisé par Kevin Connor, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Rory Calhoun, Paul Linke, Nancy Parsons, Nina Axelrod, Wolfman Jack, Elaine Joyce

Scénario : Robert Jaffe, Steven-Charles Jaffe

Photographie : Thomas Del Ruth

Musique : Lance Rubin

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Bienvenue dans ce petit motel accueillant, un peu à l’écart des grandes artères routières, tenu par un couple des plus folkloriques, Vincent et Ida Smith. Ici on offre tout pour attirer le client en manque de tranquillité et de dépaysement. En prime, la maison fabrique un superbe saucisson, dont la qualité est reconnue dans toute la région environnante. Mais les paisibles tenanciers ont une drôle de recette secrète pour obtenir avec amour et dévouement le plus succulent des produits régionaux !

Un souvenir d’enfance revenait souvent dans la tête de l’auteur de ces mots. Agé de dix ans, je passe devant la télévision où passait un film étrange. Les images montraient des personnes enterrées dans une sorte de jardin, où ne dépassaient que leurs têtes. A cela s’ajoutaient les râles et grognements, comme si ces personnes, visiblement prisonnières, ne pouvaient plus parler. Ces images sont restées très longtemps dans ma mémoire et m’avaient valu quelques mauvais rêves. Quelques années plus tard, au fil de recherches grâce aux débuts d’internet, j’avais pu enfin mettre un titre sur ce film. Mais il aura fallu attendre 2017 pour que je puisse enfin voir ce long métrage d’horreur qui s’intitule Nuits de cauchemar ou Motel Hell en version originale. Moi qui croyais que Nuits de cauchemar était un film d’épouvante, je suis finalement tombé sur une vraie comédie d’horreur, réalisée par le cinéaste, producteur et scénariste britannique Kevin Connor, né en 1937, dont le premier film Frissons d’outre-tombeFrom Beyond the Grave démontrait déjà son goût pour le cinéma de genre. Metteur en scène touche-à-tout, capable de passer d’un film d’horreur à la série télévisée L’Amour en héritage, Kevin Connor est appelé pour réaliser Nuits de cauchemar, après que les producteurs aient un temps envisagé de faire appel à Tobe Hooper. Le cinéaste accepte à condition que le scénario très premier degré soit revu et surtout que de l’humour soit injecté. Les studios United Artists acceptent. Pour le meilleur et pour le rire.

Vincent Smith et sa sœur Ida sont des fermiers qui tiennent par ailleurs un motel, attenant à leur ferme. Vincent propose en outre à la vente de la viande fumée très réputée. Mais l’origine de sa viande est inhabituelle, car il s’agit en fait de viande humaine qu’il arrive à se procurer en kidnappant puis en tuant des touristes de son motel. Vincent, c’est Rory Calhoun (1922-1999), mythique comédien de westerns de séries B vu dans Le Gaucho de Jacques Tourneur, Crépuscule sanglant de Jack Arnold, Vengeance à l’aube de George Sherman, et deux fois aux côtés de Marilyn Monroe dans Comment épouser un millionnaire et La Rivière sans retour. S’il s’est fait plus rare dans les années 1970, le comédien trouve dans Nuits de cauchemar ce qui est considéré par certains cinéphiles comme étant son plus grand rôle. Il faut dire qu’il est excellent, brillant, charismatique en diable avec son sourire chevalin inquiétant et qu’il a l’air de prendre un malin plaisir à jouer ce redneck, accueillant au premier abord, qui se révèle être un psychopathe et tueur en série. On le voit kidnapper les clients de son motel (le fantôme de Norman Bates n’est pas loin), les endormir, leur couper les cordes vocales et les planter comme des carottes dans son potager pour ensuite les gaver comme des oies, afin de les dépecer ensuite avec l’aide de sa sœur Ida (démente Nancy Parsons), pour transformer les corps en viande fumée, particulièrement appréciée dans toute la région.

Rapidement devenu un film culte, Nuits de cauchemar a profité des belles heures de la VHS. Plus de 35 ans après la sortie du film, l’humour noir et sarcastique fonctionne encore à plein régime, la photo de Thomas Del Ruth (Breakfast Club, Running Man) est très riche et participe, comme la musique de Lance Rubin, à la plongée du spectateur dans ce coin paumé et glauque de l’Amérique profonde. Motel Hell est un film qui ne se prend pas au sérieux, mais qui n’est en rien bâclé malgré son manque évident de moyens. On rit tout autant qu’on frissonne et l’affrontement final à la tronçonneuse dans l’abattoir peut autant faire glousser que donner la chair (fumée) de poule quand on voit le fermer péter littéralement les plombs – alors qu’il pensait avoir trouvé la solution pour lutter contre la surpopulation et le manque de nourriture – et arborer une tête de porc en poussant un rire machiavélique.

Le film de Kevin Connor tient une place à part dans le coeur des cinéphiles, d’autant plus qu’il traverse les années sans prendre de rides et qu’il peut être vu encore différemment à l’heure où les Etats-Unis viennent de commencer un nouveau et angoissant chapitre.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Nuits de cauchemar, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des nombreux fans du film de Kevin Connor, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Un seul supplément au programme, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec. L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies passe en revue l’histoire de Nuits de cauchemar, les références à Massacre à la tronçonneuse et à Psychose, la genèse du film, le fait que Tobe Hooper ait été un temps pressenti pour le réaliser, le choix de Kevin Connor pour le remplacer, la révision du scénario par celui-ci, qu’il trouvait trop déviant (la sœur couchait avec un porc et un dindon) et l’ajout d’humour noir, sans oublier le casting (Harry Dean Stanton a été envisagé) et les conditions de tournage. Ne visionnez pas ce bonus si vous n’avez jamais vu Nuits de cauchemar puisque Marc Toullec évoque de nombreuses séquences y compris le dénouement de l’intrigue.

L’Image et le son

Cette édition HD redonne un petit coup de jeune à Motel Hell, tout en respectant son caractère vintage. La restauration de ce master au format 1080p – AVC, 1.85 compatible 16/9, semble dater et quelques tâches et points subsistent, surtout lors du générique en ouverture. Le grain est heureusement conservé, la plupart du temps bien géré, sauf sur divers plans, plus grumeleux, en particulier lors des séquences plus sombres. Nuits de cauchemar est un film essentiellement nocturne, mais les couleurs froides signées Thomas Del Ruth, à tendance verdâtre et jaune, sont bien restituées, à l’instar de l’éclairage spécifique du potager. La stabilité est de mise, les noirs profonds, l’ensemble est plus que correct, comme les contrastes, même s’il ne faut pas non plus demander des miracles pour un film tourné avec peu de moyens et doté d’une image déjà « sale » à l’origine. Mais le confort de visionnage est indéniable.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie d’un doublage très réussi et amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets, la délivrance de la musique et des grognements contestataires de nos pauvres touristes enterrés. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Movinside – MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Elsie, monogame en série, réalisé par Christina Zeidler et John Mitchell

ELSIE, MONOGAME EN SERIE (Portrait of a Serial Monogamist) réalisé par John Mitchell et Christina Zeidler, disponible en DVD le 24 février 2017 chez Outplay

Acteurs : Diane Flacks, Carolyn Taylor, Vanessa Dunn, Robin Duke, Gavin Crawford, Sabrina Jalees

Scénario : John Mitchell, Christina Zeidler

Photographie : Celiana Cárdenas

Musique : Don Pyle

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Elsie, la quarantaine, est productrice de télévision dont les relations sont plutôt agitées. Pour elle, les ruptures sont devenues une routine, et trouver une nouvelle petite-amie – et tout de suite ! – est aussi une pratique bien rodée. Elle a enfin une relation sérieuse avec Robyn, jusqu’à ce qu’elle décide encore de rompre. Elle réalise petit à petit qu’elle pourrait avoir quitté le grand amour…

Vous êtes fan de comédies-romantiques, mais vous en avez marre de voir toujours la même histoire ? Ça tombe bien Elsie, monogame en série change de l’ordinaire et pourrait faire votre bonheur. Réalisé par John Mitchell et Christina Zeidler et financé en partie par la communauté lesbienne/queer de Toronto, Portrait of a Serial Monogamist est un premier long métrage qui suit le terrain balisé de la rom-com américaine, sauf que l’on suit le personnage d’Elsie, productrice d’une émission de radio et lesbienne jusqu’alors heureuse en couple avec Robyn. Mais depuis son plus jeune âge, comme nous le montre divers flashbacks désopilants, Elsie n’a qu’une peur, être larguée. Du coup, persuadée que sa compagne souhaite rompre après cinq ans de vie commune, Elsie préfère prendre les devants et rompt de manière maladroite. Elsie, la quarantaine, se retrouve seule, paumée, et va trouver le réconfort auprès de ses copines, tout en se demandant si elle n’a pas agi sur un coup de tête, effrayée à l’idée d’avoir fait déguerpir l’amour de sa vie.

Elsie, monogame en série est tout d’abord l’occasion de découvrir une actrice formidable et pétillante, Diane Flacks, créatrice de la série The Kids in the Hall et comédienne vue dans le superbe Take This Waltz de sa compatriote canadienne Sarah Polley. Elle porte le film sur ses épaules avec un naturel confondant et campe un personnage immédiatement attachant, qui n’est pas sans rappeler celui tenu par Sarah Jessica Parker dans la série Sex and the City, le bling-bling en moins. Drôle, enlevé, le film est également dépaysant puisque l’histoire se situe au sein de la communauté queer de la ville de Toronto. Diane Flacks donne la savoureuse et intelligente réplique à d’autres comédiennes tout aussi excellentes, notamment la divine Vanessa Dunn, Carolyn Taylor et bien d’autres malheureusement inconnues dans nos contrées et que l’on a plaisir à découvrir.

Si le film n’est pas parfait (le personnage qui brise le quatrième mur pour s’adresser directement aux spectateurs est un peu lassant), s’égare parfois et accuse quelques baisses de rythme, notamment quand l’action se focalise sur le travail d’Elsie, la simplicité et la fraîcheur avec lesquelles est jouée cette comédie décalée et dans l’air du temps fait du bien et saura toucher tous les spectateurs qui voudront bien accorder 80 minutes de leur temps à Elsie et ses déboires sentimentaux.

LE DVD

Le DVD d’Elsie, monogame en série, disponible chez Outplay, repose dans un boîtier classique avec une jaquette au visuel attractif. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur n’est pas venu les mains vides et même si la durée de chaque supplément n’excède pas 4 minutes.

Quelques séquences coupées sont proposées, tout comme un petit bêtisier peu drôle, une séquence issue des répétitions entre Diane Flacks et Vanessa Dunn, ainsi qu’une vidéo promotionnelle réalisée par certaines comédiennes pour récolter des fonds pour le film.

L’Image et le son

Elsie, monogame en série débarque en DVD dans un format 1.77 (16/9 compatible 4/3). Le transfert est classique, clair, les contrastes soignés. La définition n’est certes pas optimale avec un piqué sans doute trop lisse à notre goût, mais le confort de visionnage est suffisamment assuré.

Elsie, monogame en série n’est pas un film à effets et le mixage anglais Dolby Digital 5.1 ne fait pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est souvent canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne systématiquement d’ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la musique du film, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes. Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, et le caisson de basses libère quelques vibrations bien senties aux moments opportuns. La piste Stéréo est également de fort bon acabit et les sous-titres français non verrouillés. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Outplay / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Chansons du deuxième étage, réalisé par Roy Andersson

CHANSONS DU DEUXIEME ETAGE (Sånger från andra våningen) réalisé par Roy Andersson, disponible en Blu-ray le 6 décembre 2016 chez Potemkine Films

Acteurs : Lars Nordh, Stefan Larsson, Tommy Johansson, Jöran Mueller, Torbjörn Fahlström

Scénario : Roy Andersson

Photographie : István Borbás, Jesper Klevenås

Musique : Benny Andersson

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Un soir quelque part dans notre hémisphère, une série d’événements étranges s’enchaînent sans logique apparente : un employé est licencié de façon humiliante, un immigré est violemment agressé dans la rue… Parmi ces personnages singuliers se détache Karl, au visage couvert de cendres. Il vient de mettre le feu à son magasin de meubles afin de toucher la prime d’assurance. Cette nuit-là, personne ne parvient à trouver le sommeil. Le lendemain, les signes d’un chaos imminent commencent à apparaitre. Karl prend conscience de l’absurdité du monde et combien il est dur d’être humain.

A ce jour, le cinéaste suédois Roy Andersson compte à son actif cinq longs métrages depuis ses débuts en 1970 avec le très remarqué Une histoire d’amour suédoise (Grand Prix du Festival de Berlin 1970), qu’il autofinance grâce à ses spots publicitaires. Ingmar Bergman le considérait d’ailleurs comme le plus grand réalisateur dans ce domaine. Pourtant, son travail dans le cinéma est tout aussi indispensable. 

Sorti en 2000, Chansons du deuxième étage marque le retour de Roy Andersson au cinéma, 25 ans après son deuxième long métrage réalisé en 1975, Giliap. C’est aussi le premier volet de la « Trilogie des Vivants ou comment être un être humain ». Alors que le soir tombe, une grande ville de l’hémisphère Nord devient le théâtre d’événements plus ou moins bizarres, parfois cruels, souvent inquiétants. Un vieil homme qui vient d’être licencié s’accroche désespérément aux pieds de son patron, sous les regards presque indifférents de ses collègues. Un immigré est tabassé en pleine rue, sans raison apparente, par des loubards aux allures de gentlemen. Un magicien qui devait «couper» un homme en deux rate son tour. Un homme visiblement épuisé met le feu à sa propre boutique dans le but de toucher l’assurance. Désormais sans travail, il erre dans les rues de la ville, paralysée par des embouteillages monstres…

Prix du Jury au Festival de Cannes en 2000, Chansons du deuxième étage installe ce qui sera désormais le style Andersson : succession de cadrages fixes, en grand angle et en une quarantaine de longs plans-séquences sophistiqués tournés en studio dans des décors stylisés, qui s’apparentent à des tableaux vivants. Andersson travaille comme un peintre et utilise sa caméra comme un pinceau. Il recherche constamment le plan parfait, tout comme la profondeur de champ et la perspective. Pas étonnant que le tournage de Chansons du deuxième étage se soit étendu sur quatre années ! Roy Andersson a pour habitude de ne jamais utiliser de scénario, ni de se reposer sur un planning de tournage. Le réalisateur préfère élaborer et peaufiner les scènes au fil de nombreuses répétitions, avec l’aide de ses comédiens, la plupart du temps non-professionnels, préférant les «gens authentiques et qui ont une véritable présence à l’écran». Ces délais hors-normes de production, sans compter le manque d’argent qui a occasionné plusieurs arrêts des prises de vue, font la marque de fabrique de Roy Andersson. Chaque couche doit être visible, du premier au dernier plan.

A l’instar des deux volets suivants, Nous, les vivants (2007) et Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (Lion d’or à la Mostra de Venise 2014), les œuvres des peintres allemands Otto Dix et Georg Scholz ont influencé le cadre et l’atmosphère : le visage des comédiens est blafard et fardé ; les couleurs sont ternes et désaturées ; l’ambiance est froide, parfois glaciale, et lugubre ; l’humour noir ironique et ravageur prédomine, même quand la mort est présente. Une fois ces partis pris acceptés par le spectateur, l’ensemble respire, vit, nous touche et une mélancolie transpire à chaque plan.

En outre, cet humour burlesque et poétique, que n’auraient pas renié Jacques Tati, Eugène Ionesco ou Pierre Etaix, naît de cette bizarrerie finalement quotidienne, alors que le monde semble être au bord du chaos. Roy Andersson est un humaniste, même s’il est réputé comme un artisan acharné, parfois tyrannique, lorsqu’il lui faut obtenir ce qu’il estime être la perfection. Dans ce conte moral constitué d’une suite de sketchs, il s’intéresse à la confrontation des êtres, à leur conversation ou plutôt à l’absence de communication, voire au dialogue de sourds. Mais il croit en cette interaction, au bonheur et au rire.

Le style singulier de Roy Andersson met ainsi en relief l’absurdité de la vie, de la solitude, des désirs inassouvis et du manque d’amour dans un monde quasi incolore, funèbre et déprimant. Malgré tout, l’espoir de s’en sortir, de trouver l’interlocuteur et de penser que demain sera un autre jour, ne cessent de démentir toutes ces premières impressions. Chansons du deuxième étage est un bijou froid totalement inclassable qui trouve dès lors le moyen de réchauffer le cœur tout en incitant à la réflexion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Chansons du deuxième étage, disponible chez Potemkine, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

En 2001, Arte Vidéo avait édité Chansons du deuxième étage en DVD. Une galette qui comprenait moult suppléments : un commentaire audio du réalisateur, un documentaire sur le réalisateur : « Obsessions du deuxième étage », deux courts-métrages Monde de gloire et Quelque chose est arrivé, un making of, des scènes inédites, des tests et une scène alternative. Si le film fait peau neuve en Haute-Définition chez Potemkine, les suppléments de l’ancienne édition ont tous disparu ! Il faut se contenter d’un rapide entretien avec Roy Andersson (4’) durant lequel le cinéaste évoque l’humour particulier du film, l’envie de surprendre les spectateurs, le travail avec les acteurs non-professionnels.

Nous trouvons également deux publicités réalisées (en plan-séquence) par Roy Andersson, la première pour Trygg Hansa, une société d’assurance (44 secondes), le second pour HSB, une coopérative immobilière (30 secondes).

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Les rares scènes diurnes tournées en extérieur s’accompagnent d’un piqué aussi pointilleux que possible. La photo particulière est ici conforme aux souhaits du réalisateur, les contrastes sont aléatoires, les noirs denses, les teintes bleutées, froides, grisâtres et vertes sont merveilleusement mises en valeur. La copie est très propre et parvient à tirer quelques avantages de la Haute-Définition.

L’éditeur dispose d’un mixage suédois DTS-HD Master Audio 5.1. La piste ne déçoit pas par son envergure et son entrain, tant au niveau de la délivrance des dialogues que des effets latéraux. La balance frontale est riche et plonge facilement le spectateur dans l’ambiance surprenante du film.

Crédits images : © Potemkine Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Kids in love, réalisé par Chris Foggin

KIDS IN LOVE réalisé par Chris Foggin, disponible en DVD le 18 janvier 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Will Poulter, Alma Jodorowsky, Cara Delevingne, Sebastian De Souza, Preston Thompson, Jamie Blackley, Pip Torrens, Geraldine Somerville

Scénario : Sebastian De Souza, Preston Thompson

Photographie : Dirk Nel

Musique : Rael Jones

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Refusant de suivre le chemin tout tracé par ses parents, Jack voit ses repères chamboulés lorsqu’il rencontre la belle Evelyn. À ses côtés, il va s’immerger dans l’univers des soirées sélectives de la scène londonienne, suivant ses nouveaux amis, dont la pétillante Viola. Dans ce quotidien tourbillonnant, de fêtes en festivals, à l’aube de l’âge adulte, Jack va devoir déterminer qui il est, et, surtout, qui il veut devenir.

Il y a des petits films, sortis en catimini, dont nous n’attendions rien, qui ne révolutionneront pas le cinéma certes, mais qui méritent d’être vus au moins une fois. Kids in love ne laissera pas un grand souvenir, mais s’avère une très agréable comédie romantique destinée aux jeunes spectateurs. Tourné durant l’été 2013 pendant quatre petites semaines, à Londres, avec notamment le carnaval de Notting Hill en fond et le quartier de Soho, Kids in love ne propose pas une amourette vulgaire ou bas de plafond, mais s’avère mature, mélancolique, avec des personnages très attachants et réalistes.

Chris Foggin, jeune réalisateur né en 1985, signe ici son premier long métrage après avoir fait ses classes en tant que troisième assistant sur des films aussi divers que W.E. de Madonna (2011), le magnifique Deep Blue Sea de Terence Davies (2011), My Week with Marilyn de Simon Curtis (2011) et Le Dernier pub avant la fin du monde d’Edgar Wright (2013). Après quelques courts métrages, il décide d’adapter un scénario écrit par ses amis Sebastian De Souza et Preston Thompson, qui se sont également réservés les rôles respectifs de Milo, le petit ami d’Evelyn, et de Cassius, le pote bon vivant. Au générique, si le nom de Will Poulter ne dira pas forcément grand-chose aux spectateurs, ils reconnaîtront immédiatement sa tête (et ses sourcils) s’ils ont vu Les Miller, une famille en herbe, dans lequel il jouait le simplet Kenny. Vu depuis dans Le Labyrinthe et The Revenant, prochainement chez David Michôd et Kathryn Bigelow (excusez du peu), il porte ici brillamment le film sur ses épaules. Il fait dire qu’il est aussi très bien accompagné, puisque l’objet de son affection n’est autre que la divine Alma Jodorowsky, petite-fille d’Alejandro Jodorowski, aperçue dans La Vie d’Adèle et Juillet août de Diastème. Notons également la participation de Cara Delevingne, dans un rôle très secondaire, mais dont le visage désormais connu (tous comme les sourcils elle aussi) aide aujourd’hui à la distribution de Kids in love.

Ce qui fait la qualité de Kids in love, c’est le portrait juste et mélancolique d’une génération, prise entre le monde adolescent qu’ils viennent de quitter et le monde adulte qu’ils ne savent pas comment aborder. Jack (Will Poulter) est admis à Bristol et pense étudier l’histoire et le droit, pour devenir avocat. Du moins c’est ce que ses parents envisagent pour lui. Mais avant cela il décide de s’offrir une année sabbatique avec un de ses potes d’enfance. C’est alors qu’il rencontre Evelyn, jeune parisienne qui suit ses études à Londres, mais qui préfère faire la fête, profiter de la nuit et de ses amis bohèmes. Troublé, Jack découvre qu’il peut devenir maître de propre vie et ne pas se laisser dicter ses choix, quitte à décevoir ses parents. En d’autres termes, Jack devient un adulte.

Si le film peut parfois être redondant quand Jack et ses nouveaux amis passent de fiesta en fiesta, Kids in love se révèle être un film tendre, bien écrit et interprété, qui révèle la sensibilité d’un nouveau réalisateur et de ses scénaristes. Un bon et sympathique divertissement pour résumer.

LE DVD

Le test du DVD de Kids in love, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Pour la sortie de ce DTV dans les bacs, l’éditeur a honteusement mis Cara Delevingne au centre de la jaquette, où elle prend d’ailleurs tout le verso ! Mention spéciale au verso qui stipule « Après La Face cachée de Margo, l’égérie Chanel et Burberry, Cara Delevingne, se dévoile à nouveau dans un rôel qui lui colle à la peau ». Will Poulter et Alma Jodorowski doivent se contenter d’une toute petite apparition sur les angles supérieurs. L’arnaque de l’année quoi. Le menu principal est animé et musical.

Les suppléments se résument à la bande-annonce du film.

L’Image et le son

Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, aux teintes pastel, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres.

Kids in love n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares et le caisson de basses s’anime lors des scènes de fiesta. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long. Même chose pour les deux pistes Stéréo. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

Crédits images : © Capelight pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Victoria, réalisé par Justine Triet

VICTORIA réalisé par Justine Triet, disponible en DVD et Blu-ray le 18 janvier 2017 chez Le Pacte

Acteurs : Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaux, Laure Calamy, Alice Daquet, Sophie Fillières

Scénario : Justine Triet, Thomas Lévy-Lasne

Photographie : Simon Beaufils

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime.
Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu’elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria.

Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, la jeune réalisatrice et scénariste Justine Triet (née en 1978) signe en 2013 son premier long métrage avec La Bataille de Solférino, aboutissement et synthèse de ses courts et moyens métrages, Sur place (2006), Des ombres dans la maison (2009) et Vilaine fille mauvais garçon (2012). Son univers ? Basculer fréquemment d’un ton à l’autre au coeur de chaque scène, d’une situation familière à un événement collectif, tout en s’interrogeant sur la place de l’individu au sein d’un groupe. Etrange symbiose de comédie, de drame et de film à suspense, La Bataille de Solférino s’avérait beaucoup plus réussi dans son dispositif – une fiction plongée dans la véritable foule réunie devant le siège du Parti Socialiste au moment de l’annonce de la victoire de François Hollande le 6 mai 2012 – que dans son histoire centrée sur des personnages dont on ne parvenait pas vraiment à s’attacher, malgré d’excellents comédiens. Trois ans après, la réalisatrice transforme ce coup d’essai avec Victoria, une succulente comédie et offre son plus beau rôle à la délicieuse Virginie Efira.

L’actrice belge interprète Victoria, une jeune avocate en pleine tourmente. Alors qu’elle assiste à un mariage, une jeune femme est blessée d’un coup de couteau et c’est l’un de ses amis (le compagnon de la femme) qui est accusé. Bien que gênée à l’idée de défendre l’une de ses connaissances, elle accepte finalement l’affaire. Dans le même temps, débordée par la gestion de son quotidien, elle embauche Sam, un ancien dealer qu’elle a défendu, comme « homme au pair » pour garder ses deux petites filles. Elle découvre par ailleurs que son ex, qui ambitionne d’être écrivain, a publié sur internet un récit inspiré de leur histoire en l’accablant de tous les maux. Malgré son dynamisme, Victoria est au bord de la crise, tant professionnellement que sentimentalement.

Justine Triet dresse un formidable portrait de femme moderne en télescopant à la fois la vie intime et la vie professionnelle de son héroïne. Un nouveau rôle en or pour Virginie Efira après le récent Caprice d’Emmanuel Mouret qu’elle illuminait à chaque apparition. En inscrivant son histoire dans le registre de la comédie burlesque aux dialogues raffinés, Justine Triet se penche sur les problèmes sentimentaux et sexuels d’une pré-quadra d’aujourd’hui, prise malgré elle dans un quotidien tourbillonnant avec la préparation du procès durant lequel elle doit défendre son ami Vincent (Melvil Poupaud), ou bien encore le harcèlement de son ex David, qui s’inspire des affaires personnelles de Victoria pour nourrir ses histoires publiées sur un blog à succès, sans oublier Samuel (Vincent Lacoste), qui l’encourage à vivre sa vie de femme. Aux côtés de tout ce beau monde, sans oublier l’indispensable Laure Calamy, Virginie Efira crève l’écran dans la peau de cette femme complexe, au bout du rouleau, mais maman célibataire dévouée, qui se retrouve à un carrefour de sa vie. Ou quand la vie professionnelle fait imploser la vie personnelle.

Malgré toutes ces catastrophes qui lui tombent dessus en même temps, Victoria ne s’avoue pas vaincu et va enfin pouvoir renaître. De l’aveu même de Justine Triet, ses références vont de Billy Wilder à Howard Hawks, en passant par Blake Edwards, James L. Brooks et Woody Allen. La réalisatrice a bien digéré ces illustres modèles pour les transposer en comédie française, décalée, sophistiquée, sociale et très attachante, tout en marquant le film de petites touches surréalistes, à l’instar de la scène du procès en présence d’animaux, notamment un dalmatien appelé à la barre, que Victoria semble bien décider à démontrer que son témoignage ne tient pas debout. Ou couché c’est selon.

Radieuse, sexy, naturelle, émouvante et évidemment très drôle, Virginie Efira, en état de grâce, ne fait qu’une avec Victoria, un rôle qui va définitivement marquer sa carrière et pour lequel elle devrait logiquement être nommée aux César de la meilleure actrice en 2017.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Victoria, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissée dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité démarre tout d’abord par le making of (21’) composé évidemment d’images du tournage et d’interviews de la réalisatrice et des comédiens. Justine Triet revient sur la genèse de Victoria, les thèmes qu’elle a voulu explorer, tandis que les acteurs abordent la psychologie des personnages. Ce segment se clôt sur des images de la présentation de Victoria à l’UGC Ciné Cité les Halles.

En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint également quelques scènes coupées, certaines visiblement improvisées où Virginie Efira a du mal à se retenir de rire face à Vincent Lacoste. D’autres petites scènes montrent Victoria jouer du piano et chanter quelques airs mélancoliques (14’).

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p de Victoria ne manque pas d’attraits… La clarté est bienvenue, la colorimétrie chatoyante, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Remarqué ces dernières années pour ses superbes photographies de Fidelio, l’odyssée d’Alice de Lucie Borleteau et Les Opportunistes de Paolo Virzì, le chef opérateur Simon beaufils voit ses partis pris esthétiques savamment respectés. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes affichent une constante solidité et l’encodage AVC emballe l’ensemble avec brio.

Nous trouvons ici une piste française DTS-HD Master Audio 5.1. Disons le d’emblée, le soutien des latérales est anecdotique pour un film de cet acabit. Les enceintes arrière servent essentiellement à spatialiser la musique du film et quelques ambiances naturelles. Les dialogues et la balance frontale jouissent d’une large ouverture, et parviennent à instaurer un confort acoustique suffisant. La Stéréo est également très bonne et contentera largement ceux qui ne seraient équipés uniquement que sur la scène avant. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ecce Films – Audoin Desforges / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Roi de coeur, réalisé par Philippe de Broca

LE ROI DE COEUR réalisé par Philippe de Broca, disponible en DVD et Blu-ray le 24 janvier 2017 chez L’Atelier d’images

Acteurs : Alan Bates, Pierre Brasseur, Jean-Claude Brialy, Geneviève Bujold, Michel Serrault, Adolfo Celi, Françoise Christophe, Julien Guiomar, Micheline Presle, Jacques Balutin, Marc Dudicourt…

Scénario : Daniel Boulanger et Philippe de Broca, d’après une idée de Maurice Bessy

Photographie : Pierre Lhomme

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Octobre 1918, le soldat britannique Charles Plumpick est envoyé comme éclaireur dans une petite ville française récemment évacuée. Il découvre que les habitants de l’hôpital psychiatrique sont restés, et qu’ils ont investi la ville selon leur fantaisie. Loin de la guerre, un général Géranium, un Duc de Trèfle ou une délicieuse Coquelicot l’accueillent chaleureusement comme « Roi de Coeur » dans leur univers…

« Vous voyez bien qu’il y a une barrière entre ce monde et nous ! »

En 1960, Philippe de Broca signe son premier film, Le Farceur. Il collabore à nouveau avec Jean-Pierre Cassel pour Les Jeux de l’amour (1960) et L’Amant de cinq jours (1961), avant de connaître son premier très grand succès avec Cartouche (1962). Suivront deux sketches réalisés pour les films collectifs Les Sept péchés capitaux (1962) et Les Veinards (1963), le triomphe international de L’Homme de Rio (1964), puis une nouvelle comédie avec Jean-Pierre Cassel, Un monsieur de compagnie (1964) et un autre grand succès avec Jean-Paul Belmondo, Les Tribulations d’un Chinois en Chine (1965), d’après Jules Verne. Le cinéaste a donc le vent en poupe quand il s’attaque à son projet le plus personnel, Le Roi de coeur, qu’il coécrit avec Daniel Boulanger, d’après une idée de Maurice Bessy.

Les soldats allemands et écossais s’affrontent près de Marville, un petit village du nord de la France dans les derniers mois de la Première Guerre mondiale. Menacé de destruction par les allemands, qui ont prévu de tout faire exploser quand sonnera minuit, le village est abandonné par l’occupant et ses habitants. Seuls les fous internés dans l’asile restent dans les lieux, qu’ils vont investir le temps d’une véritable récréation, sous les yeux éberlués des militaires. Avertis, les alliés chargent le soldat britannique Plumpick (Alan Bates) de trouver les explosifs et de les désamorcer. Les aliénés l’accueillent à bras ouverts, notamment Xénophon alias le duc de Trèfle (Jean-Claude Brialy), le Général Géranium (Pierre Brasseur), l’évêque Marguerite (Julien Guiomar), monsieur Marcel le coiffeur (Michel Serrault), la tenancière de la maison close madame Eglantine (Micheline Presle) et l’une de ses pensionnaires, la jeune et ravissante Coquelicot (Geneviève Bujold). Ils reconnaissent en lui leur roi bien-aimé. Il est désormais le Roi de Coeur. Le sacre se prépare à la cathédrale, mais bien qu’il s’attache rapidement à ces habitants insolites, Plumpick n’oublie pas sa mission, surtout que le compte à rebours a commencé.

« Vous ne voyez pas comment ils sont méchants de ce côté-là ? »

La critique française a été glaciale à la sortie du film en décembre 1966, qui résumait Le Roi de coeur à une « histoire avec des fous ». Totalement incomprise dans nos contrées où l’échec commercial atteint profondément le réalisateur (au point qu’il envisage d’arrêter le cinéma), qui avait produit son film pour la première fois de sa carrière, l’oeuvre de Philippe de Broca est cependant un immense succès aux Etats-Unis – il reste près de dix ans en exclusivité à Boston – et demeure aujourd’hui un vrai film culte. Il faudra attendre 2016-2017 pour que Le Roi de coeur soit enfin considéré à sa juste valeur en France, à savoir un des chefs d’oeuvre oubliés du maître de Broca. Car il faut bien avouer que ce long métrage anticonformiste et antimilitariste est un véritable bijou à réhabiliter de toute urgence. Le cinéaste fait de ses fous de véritables héros, qui ont su affronter le conflit armé en préférant se réfugier dans leur univers. Les aliénés forment une véritable communauté faite d’entraide et d’amitié, où chacun vit heureux et libre.

« Le merlan aime la friture…« 

Le casting est exceptionnel puisque les personnages sont interprétés par de véritables monstres du cinéma. Alan Bates (bondissant, malgré une cheville cassée sur le tournage !), Micheline Presle (sublime), Michel Serrault (dont le personnage annonce celui de La Cage aux folles), Pierre Brasseur (truculent), Julien Guiomar (hilarant), Jean-Claude Brialy (raffiné), Françoise Christophe (élégante), Geneviève Bujold (lumineuse et sensuelle), sans oublier Adolfo Celi dans le rôle inattendu d’un colonel écossais.

A mi-chemin entre le cinéma d’Ernst Lubitsch et de Blake Edwards, Le Roi de coeur, comédie décalée et sophistiquée est trop en avance pour les spectateurs de 1966. C’est dire l’importance de (re)découvrir aujourd’hui cette fantaisie poétique, intelligente et mélancolique, qui va à cent à l’heure, illuminée par la photographie de Pierre Lhomme et portée par la sublime partition de Georges Delerue, dont le thème du « Retour à l’asile » risque de s’inscrire pour longtemps dans la mémoire des cinéphiles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray « Edition Royale » du Roi de coeur, disponible chez L’Atelier d’images, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné très élégant, reprenant le visuel de l’affiche réalisée pour la ressortie du film au cinéma dans sa version restaurée en janvier 2017. Le menu principal est animé et musical.

Dans un premier segment, le grand directeur de la photographie Pierre Lhomme (La Vie de château, Mortelle randonnée, Cyrano de Bergerac) revient sur son amitié et sa collaboration avec Philippe de Broca. Au fil de cet entretien (10’), illustré par d’exceptionnelles images du tournage (avec le réalisateur à l’oeuvre) du Roi de coeur dénichées par Jérôme Wybon, le chef opérateur évoque leurs débuts respectifs dans le monde du cinéma, les conditions de tournage du film qui nous intéresse, le tout ponctué par quelques anecdotes liées aux conditions des prises de vue et sur la sortie du film en France (un échec cuisant) et aux Etats-Unis (un film culte).

Le bonus suivant est composé de séquences du film montées sur un témoignage audio de Michelle de Broca (9’). Epouse du cinéaste de 1958 à 1961, productrice du Roi de coeur, Michelle de Broca se penche sur le tournage du film, l’accident d’Alan Bates survenu pendant les prises de vue (l’acteur s’est cassé la cheville), la mauvaise promo du film en France à sa sortie et l’excellent accueil critique et public du Roi de coeur aux Etats-Unis, porté par les étudiants américains qui voyaient dans cette histoire un parallèle avec la Guerre du Viêt Nam.

Document réalisé le 13 août 1966, un module d’archives compile les propos de certains comédiens du Roi de coeur sur le plateau. Jean-Claude Brialy, Julien Guiomar, Pierre Brasseur, Alan Bates, Michel Serrault, Geneviève Bujold, Micheline Presle et Marc Dudicourt. A tour de rôle, les acteurs évoquent le style de Broca, le rythme et l’univers du cinéaste et dressent au final un formidable portrait du réalisateur.

Un segment d’archives propose également un extrait d’interview de Philippe de Broca, réalisée le 6 février 1967 (1’30). Le cinéaste y parle de sa condition de metteur en scène et de son art qui lui permet de voyager dans l’univers du rêve, de l’irréel et de l’irrationnel, afin d’échapper au quotidien.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Roi de coeur a été restauré en 2015 par Technicolor pour Alex Productions. Les travaux de restauration et d’étalonnage ont été réalisés en 4K à partir du négatif original monté en 35mm Techniscope, sous la supervision du chef opérateur Pierre Lhomme. Et c’est superbe ! Dès le premier plan, l’image affiche une stabilité jamais démentie, un sublime grain original heureusement conservé et surtout excellemment géré. La propreté du master est tout simplement hallucinante, aucune scorie n’a survécu au nettoyage numérique. Ce Blu-ray au format 1080p, redonne aux couleurs une nouvelle harmonie ainsi qu’un éclat inédit, le cadre large n’est pas avare en détails, les contrastes sont denses. On en prend plein les yeux et ce master HD permet de redécouvrir ce film maudit de Philippe de Broca dans les meilleures conditions techniques. Nous ne pouvions pas rêver mieux !

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Georges Delerue trouve un nouvel et remarquable écrin phonique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © L’Atelier d’images / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Insaisissables 2, réalisé par Jon M. Chu

INSAISISSABLES 2 (Now You See Me 2) réalisé par John M. Chu, disponible en DVD et Blu-ray le 30 novembre 2016 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Daniel Radcliffe, Dave Franco, Morgan Freeman, Michael Caine, Lizzy Caplan, Jay Chou

Scénario : Ed Solomon, Pete Chiarelli

Photographie : Peter Deming

Musique : Brian Tyler

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un an après avoir surpassé le FBI et acquis l’admiration du grand public grâce à leurs tours de magie exceptionnels, les 4 cavaliers reviennent. Pour leur retour sur le devant de la scène, ils vont dénoncer les méthodes peu orthodoxes d’un magnat de la technologie à la tête d’une vaste organisation criminelle. Ils ignorent que cet homme d’affaires, Walter Marbry, a une longueur d’avance sur eux, et les conduit dans un piège : il veut que les magiciens braquent l’un des systèmes informatiques les plus sécurisés du monde. Pour sortir de ce chantage et déjouer les plans de ce syndicat du crime, ils vont devoir élaborer le braquage le plus spectaculaire jamais conçu.

Réalisé par Louis Leterrier, Insaisissables avait créé la surprise en 2013 en devenant le plus grand, le plus fun et ludique des divertissements de l’été , qui s’est d’ailleurs soldé par un succès fracassant dans nos salles avec plus de 3 millions de spectateurs et en empochant plus de 350 millions de dollars au box-office mondial. Porté par un casting de choc avec Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Mark Ruffalo, Isla Fisher, Mélanie Laurent, Dave Franco, Michael Caine, Morgan Freeman et une petite apparition amusante de José Garcia, Insaisissables reposait sur un scénario malin, rempli de rebondissements en tous genres, aussi constants qu’inattendus. Ce qui faisait également la force du film, c’était également la mise en scène de Louis Leterrier qui emballait élégamment son attraction en 35 mm (très belle photographie) tant sur les scènes d’action que sur les grandes illusions, usant le plus possible de véritables trucages et tours de magie sur scène. Sa caméra virevoltait sans faire mal à la tête, le montage restait alerte sans pour autant rendre incompréhensible ce qui se déroulait à l’écran. L’alchimie entre les comédiens demeurait l’un des principaux attraits de ce divertissement qui se doublait d’une originale et entière réflexion sur le cinéma et la notion du divertissement.

Film d’action, de casse, comédie, d’aventures – l’histoire se déroulait entre Las Vegas, La Nouvelle-Orléans, New York et Paris – le tout teinté de fantastique, Insaisissables était, n’ayons pas peur des mots, un vrai joyau réalisé par un mec qui aime le cinoche pour ce qu’il est avant tout, pour les spectateurs désireux de passer un super moment de détente.

Les producteurs auraient dû savoir qu’il ne faut jamais demander à un magicien de refaire deux fois le même tour sous peine de découvrir le truc. Peu importe, car alléchés par l’odeur de l’argent, la suite d’Insaisissables a rapidement été mise en chantier. Si Louis Leterrier a poliment refusé la mise en scène pour aller filmer l’excellent Grimsby – Agent trop spécial, les studios LionsGate ont fait appel au dénommé John M. Chu, auteur (ou responsable c’est selon) de Sexy Dance 2, Sexy Dance 3D, Justin Bieber : Never Say Never (oui bon…) et le plaisir (même pas coupable) G.I. Joe : Conspiration qui avait rapporté près de 400 millions de dollars à la Paramount. Avant d’aller filmer les nouveaux tours de magie de notre bande, le réalisateur a réussi à mettre en boite une adaptation live de Jem et les Hologrammes, énorme four. Ce qui nous intéresse c’est donc le comeback des magiciens d’Insaisissables, qui ont tous répondu à l’appel, ou presque. Exit Mélanie Laurent (qui n’a pas été rappelée pour le coup) et Isla Fisher, alors en congé maternité, bienvenue à la délicieuse Lizzy Caplan, vue dans Cloverfield de Matt Reeves et surtout la série Masters of Sex, qui interprète le nouveau personnage de Lula, magicienne spécialisée dans le gore. Les autres reprennent leurs rôles respectifs, auxquels se joint Daniel Radcliffe, qui incarne ici le grand méchant (d’1m65) – Harry Potter passé du côté obscur – qui s’en prend aux Horsemen, avec une délectation plutôt contagieuse.

Insaisissables 2 est typique de la suite mise en route uniquement pour surfer sur le triomphe du premier film et de l’attachement des spectateurs pour les héros. Si on les retrouve effectivement avec plaisir, tout comme les ingrédients qui ont fait la réussite de la recette originale, cette séquelle n’a absolument plus rien à dire et tout est fait ici pour faire vendre du popcorn. John M. Chu fait de son mieux pour insuffler un rythme trépident à cette entreprise, mais le gros problème d’Insaisissables 2 c’est que la magie n’opère plus. Là où le premier privilégiait les illusions « réalistes, crédibles et authentiques » le second a trop souvent recours aux images de synthèse (l’arrêt de la pluie, sérieusement ?), ce qui rompt complètement le charme original. Le ton est ici un peu plus sombre, le film se déroule d’ailleurs quasiment entièrement de nuit, mais les rebondissements ne fonctionnent pas. Pourquoi ? L’audience s’est déjà faite entourloupée. Alors quand les Horsemen sont montrés en fâcheuse posture, les spectateurs savent d’emblée qu’ils ont plus d’un tour dans leur sac et/ou que tout avait déjà été prévu grâce à un « plan qui se déroule sans accroc ».

Malgré une baguette magique agitée dans tous les sens, peu de scènes marquantes viennent relever l’attention – à part celle du casse, bien qu’interminable – et ce n’est pas le dernier acte, complètement raté car sans cesse prévisible, qui sauvera l’entreprise. Les acteurs font le boulot sans y croire vraiment cette fois, à part Woody Harrelson qui s’amuse (et nous aussi) dans un double-rôle de frères jumeaux qui se détestent cordialement. A cette occasion, le comédien porte postiche, fausses dents et bronzage artificiel, et fait furieusement penser à son pote Matthew McConaughey ! Vous y penserez la prochaine fois. Lizzy Caplan s’agite un peu trop, Jesse Eisenberg semble se demander ce qu’il fait là, Dave Franco sourit, Mark Ruffalo garde la tête penchée en mode en Grumpy Cat, Morgan Freeman et Michael Caine gardent les mains dans les poches en attendant que ça se passe en se promenant entre Macao et Londres. Bon, aller, on va dire qu’on a déjà vu bien pire, mais après la grande réussite du premier opus, la déception est immense.

Si le film a connu un échec commercial aux Etats-Unis en récoltant un peu plus de 60 millions de dollars, soit deux fois moins que le premier, Insaisissables 2 a bien fonctionné dans le reste du monde avec notamment 2 millions d’entrées chez nous. Avant même la sortie du second, un troisième volet était déjà annoncé. Mais devant les chiffres décevant au box-office US, sa mise en route reste suspendue.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Insaisissables 2, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, musical et ponctué par quelques scènes du film en version française.

Le premier supplément, Un casting de choix (21’) revient sur la mise en chantier de ce second volet, marqué par le retour des comédiens au grand complet, ou presque, avec la présentation des nouveaux personnages. Les comédiens s’expriment sur les conditions de tournage, le producteur se frotte les mains, le scénariste présente les enjeux de cette suite et le réalisateur et les consultants en magie parlent du travail avec les acteurs. En grande partie, nous assistons à un concours de louanges avec les superlatifs attendus, le tout saupoudré des coulisses du tournage et notamment de la création du double-rôle campé par Woody Harrelson.

Le segment suivant, Ne les quittez pas des yeux (17’), accueille les mêmes participants, qui se focalisent cette fois sur les lieux de tournage, en particulier Macao et Londres. Le directeur de la photo, la chef déco et les créateurs des effets spéciaux se mêlent à la partie et analysent quelques séquences clés du film.

Enfin, le module Donner vie à la magie (16’) donne la parole aux magiciens qui ont officié comme consultants sur Insaisissables 2, y compris David Copperfield, également co-producteur. Des images montrent la préparation et l’entraînement des comédiens à la manipulation puisque le producteur désirait garder au maximum l’authenticité du premier volet en laissant faire aux acteurs le maximum de tours de magie en live.

Si vous désirez en savoir un peu plus sur Insaisissables 2, pourquoi pas revoir le film en compagnie du réalisateur John M. Chu, qui commente son film (en vostf) avec beaucoup d’entrain et suffisamment d’anecdotes pour qu’on ne s’ennuie pas une seconde. S’il brasse un peu tout ce qui est abordé au fil des suppléments en vidéo, ce commentaire s’avère distrayant, rythmé et intéressant. En revanche, bien qu’il indique avoir beaucoup laissé de scènes sur le banc de montage, nous aurions aimé les trouver dans les bonus ! Nous apprenons également que Louis Leterrier a donné un coup de main à la mise en scène, en particulier pour la séquence où la bande s’évade à moto.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Un très bel objet que ce master HD d’Insaisissables 2. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes léchés, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre. Certains plans nocturnes sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute Définition. Les gros plans peuvent être analysés sans problème puisque la caméra numérique (Arri Alexa XT Plus, Red Epic Dragon) de John M. Chu colle parfois au plus près des personnages, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement avec des scènes ambrées en extérieur et plus froids dans les extérieurs, notamment à Macao avec les buildings éclairés aux néons. En dépit de quelques légers fléchissements, ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et restitue les partis pris esthétiques du talentueux chef opérateur Peter Deming (Evil Dead 2, Mulholland Drive, La Cabane dans les bois) avec parfois un très beau grain.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre pas moins de quatre mixages, deux français et deux anglais DTS-HD Master Audio 5.1 et 7.1 ! Ces options s’avèrent particulièrement bluffantes, surtout dans les scènes de représentations, mais également dans les séquences plus calmes. Les quelques pics d’action peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets en tous genres qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. Seuls les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, comme bien souvent chez l’éditeur. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun, notamment durant le dernier acte se déroulant à Londres. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également une piste française en Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Trois vies et une seule mort, réalisé par Raoul Ruiz

TROIS VIES ET UNE SEULE MORT réalisé par Raoul Ruiz, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 15 novembre 2016 chez Blaq Out.

Acteurs : Marcello Mastroianni, Anna Galiena, Melvil Poupaud, Chiara Mastroianni, Arielle Dombasle, Marisa Paredes, Féodor Atkine, Pierre Bellemare, Smaïn, Lou Castel

Scénario : Pascal Bonitzer, Raoul Ruiz

Photographie : Laurent Machuel

Musique : Jorge Arriagada

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1996

LE FILM

Quatre personnages étonnamment semblables mènent des vies pourtant fort différentes. Mateo Strano, un commis-voyageur, rentre chez lui après une très longue absence et retrouve sa tendre et charmante épouse. Le professeur d’«anthropologie négative» Georges Vickers tombe dans la mendicité et s’éprend d’une promeneuse de petite vertu des rues de Pigalle, qui porte le nom de Tania. Quant à Luc Allamand, un homme d’affaires, il s’invente une famille pour justifier certaines opérations financières, puis s’étonne lorsqu’il apprend que «les siens», qu’il croyait fictifs, s’apprêtent à lui rendre visite. Enfin, un vieux majordome accueille dans une riche et somptueuse demeure le couple d’amants misérables qui vient très curieusement d’en hériter…

Chef d’oeuvre de Raoul Ruiz, Trois vies et une seule mort est un vibrant hommage au métier d’acteur doublé d’un portrait de son acteur principal, l’immense Marcello Mastroianni, dans son avant-dernier rôle au cinéma. Par ailleurs, « rôle » devrait s’écrire au pluriel puisque l’acteur italien, âgé de 72 ans, campe pas moins de quatre personnages, qui habitent en réalité le même corps. Tantôt riche personnage qui aide un jeune couple, professeur en Sorbonne qui devient clochard ou maître d’hôtel, Marcello Mastroianni campe un personnage affecté par le syndrome de la multiplication de la personnalité. Pris dans le tourbillon de ce conte fantastique, cet homme vit plusieurs vies et assume trois destins qui ne cesseront de s’entrecouper. Ce sont les histoires d’abord successives, puis tragiquement entremêlées, du commis-voyageur Mateo Strano, de retour auprès de sa femme Maria, après une longue absence… du célèbre professeur d’anthropologie Georges Vickers, tombé dans la mendicité et amoureux d’une « maîtresse » de Pigalle, Tania… du puissant homme d’affaires Luc Allamand, pris au piège d’un énorme mensonge devenu réalité… Ces histoires entre cauchemar et comédie n’en forment qu’une, parce que ces trois hommes n’en sont donc en réalité qu’un seul, affligé du syndrome connu de la « personnalité multiple ». Et s’il dispose ainsi plusieurs vies, il n’a comme tout le monde qu’une seule mort. Une mort en l’occurrence tragique…car on ne vit pas impunément plusieurs vies.

Non seulement Raoul Ruiz dresse un portrait du caractère protéiforme de son mythique comédien, mais il dresse également celui du cinéma italien en adoptant la forme d’un film à sketches…qui n’en est pas vraiment un ! On suit l’itinéraire de ce vieil homme, qui mécontent de la vie qui s’offrait à lui a décidé « malgré-lui » de se démultiplier afin de connaître plusieurs existences en parallèle. Personnalités qui doivent bientôt s’affronter pour n’en former qu’une seule, quand ce vieil homme mystérieux arrive à la fin de sa véritable vie. Ces histoires sont marquées par les interventions de Pierre Bellemare, dont la célèbre voix – qui a su raconter moult histoires criminelles – sert de transition entre les diverses existences de notre protagoniste. A 70 ans passés, Marcello Mastroianni n’a rien perdu de sa verve et s’amuse comme un gamin dans ce(s) rôle(s) aux mille facettes. Tendre, inquiétant, drôle, émouvant, sensible, le comédien réalise un de ses derniers tours de piste avec une virtuosité de tous les instants.

Le scénario coécrit par Raoul Ruiz et Pascal Bonitzer est à ce titre jubilatoire et agit comme une spirale étourdissante dans laquelle sont aspirés à la fois les personnages et les spectateurs. Pensé comme une « œuvre à la manière cubiste » par son réalisateur, Trois vies et une seule mort est une œuvre dense et riche, labyrinthique, passionnante, singulière, surréaliste, poétique et baroque, à la fois intellectuelle et populaire, qui joue avec les actions simultanées dans un même temps que le réalisateur aime distordre pour mieux affronter sa nature inéluctable. Aux côtés de Marcello Mastroianni, citons également les prestations de sa fille Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud, Anna Galiena, Marisa Paredes, Arielle Dombasle et Féodor Atkine, plongés malgré eux dans les vies dissociées de Mateo Strano, ou Georges Vickers, ou Luc Allamand, ou bref.

Malgré l’excellence de ses partenaires, nous n’avons d’yeux que pour Marcello Mastroianni, silhouette fatiguée mais l’oeil toujours aussi vif et pétillant, qui allait alors enchaîner avec son dernier film, Voyage au début du monde de Manoel de Oliveira. Emballés par cette grande expérience cinématographique, Pascal Bonitzer et Raoul Ruiz collaboreront à nouveau pour le non moins excellent Généalogies d’un crime.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Généalogies d’un crime, disponible chez Blaq Out, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, fixe et musical.

Cette édition ne comporte qu’un seul supplément et non des moindres puisqu’il s’agit d’un documentaire intitulé Raoul Ruiz, contre l’ignorance fiction !, réalisé en 2016 par Alexandra Rojo. Pendant plus d’une heure, ce module donne la parole à quelques amis et/ou collaborateurs du réalisateur franco-chilien, comme son fidèle producteur Paulo Branco, le compositeur Jorge Arriagada, les comédiens Ricardo Pereira et Melvil Poupaud, le philosophe Andrés Claro, le poète Waldo Rojas, et propose une fabuleuse plongée dans le cinéma de Raoul Ruiz. Quelques extraits de ses films et d’images de tournage de Ce jour-là (2003) viennent illustrer certains propos. A l’instar de ses longs-métrages, ce documentaire propose quelques pistes pour mieux appréhender le cinéma complexe et atypique de Raoul Ruiz, ainsi que ses influences (poétiques, scientifiques, politiques), sans pour autant en dévoiler les clés, qui n’appartenaient d’ailleurs qu’à son auteur, dont la voix survole parfois les images et qui n’apparaît vraiment à l’écran qu’à la fin.

L’Image et le son

Trois vies et une seule mort est disponible en Haute-Définition, dans un master restauré à 2K par l’incontournable Immagine Ritrovata de la Cinémathèque de Bologne. La propreté de l’image de ce Blu-ray (1080p, AVC) flatte les mirettes, d’autant plus que les couleurs retrouvent une belle vivacité. En dehors de divers plans plus ternes sur les séquences sombres, le relief est palpable, y compris sur les plans en intérieur, tout comme le piqué, vif et acéré. Les noirs retrouvent une certaine densité, les contrastes sont plutôt solides. Le grain original est heureusement respecté, mais certains fourmillements demeurent à plusieurs reprises. Cela n’empêche pas d’apprécier ce nouveau et très beau master HD qui instaure un excellent confort de visionnage.

Que ce soit en DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0, le confort acoustique est indéniable. La musique est doucement spatialisée, les dialogues bien installés sur la centrale et les effets riches sur les frontales. Si la Stéréo est évidemment plus « plate », elle s’avère tout aussi dynamique. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Copyright Blaq Out / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / La Brune brûlante, réalisé par Leo McCarey

LA BRUNE BRULANTE (Rally ‘Round the Flag, Boys !) réalisé par Leo McCarey, disponible en DVD le 2 novembre 2016 chez Esc Conseils

Acteurs : Paul Newman, Joanne Woodward, Joan Collins, Jack Carson, Dwayne Hickman, Tuesday Weld, Gale Gordon

Scénario : Claude Binyon, Leo McCarey d’après le roman de Max Shulman

Photographie : Leon Shamroy

Musique : Cyril J. Mockridge

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Harry Bannermam vit à Putnam’s Landing, une petite ville américaine avec sa femme Grace et leurs deux enfants. Les multiples activités civiques de Grace commencent à exaspérer Harry qui se croit délaissé. Alors même qu’Angela, voluptueuse brune s’offre à lui pour le consoler, l’annonce que la ville va devenir le centre d’un projet militaire ultra-secret inquiète la population. Harry est chargé d’aller à Washington pour tenter de dissuader les autorités.

Avec La Brune brûlanteRally ‘Round the Flag, Boys !, le maître de la comédie de mœurs – mais pas que – américaine sophistiquée Leo McCarey (1898-1969) signe l’avant-dernier film d’une œuvre éclectique et dense, avec plus de 100 films répertoriés, parmi lesquels de nombreuses collaborations avec Laurel & Hardy. Capable de passer de la comédie au drame en passant par la romance et le mélodrame avec une rare dextérité, à l’instar de ses chefs d’oeuvre La Soupe au canard (1933) avec les Marx Brothers, L’Extravagant M. Ruggles (1935) avec Charles Laughton et Elle et lui (1939) avec Irene Dunne et Charles Boyer, Leo McCarey est un réalisateur malheureusement trop souvent oublié en France, malgré l’extrême richesse de sa filmographie.

Après avoir porté de nombreux sujets à l’écran, dont certains qui lui portaient plus particulièrement à coeur comme le somptueux Au crépuscule de la vie (1937), également connu sous le titre Place aux jeunes, son film le plus personnel et paradoxalement son plus grand échec public, le cinéaste ralentit fortement le rythme au cours des années 1940. Il entame ensuite les années 1950 avec un drame My son John, avant de réaliser son propre remake d’Elle et lui avec cette fois Cary Grant et Deborah Kerr. La Brune brûlante est également la dernière comédie de Leo McCarey, qui mettra en scène son dernier long métrage en 1962, Une histoire de ChineSatan never sleeps avec William Holden. En 1958, Paul Newman est encore au tout début de sa carrière. Il vient d’enchaîner les tournages successifs de Marqué par la haine et Femmes coupables de Robert Wise, Les Feux de l’été de Martin Ritt, Le Gaucher d’Arthur Penn et La Chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks. Le comédien vient aussi d’épouser celle avec qui il passera le reste de sa vie, l’actrice Joanne Woodward. Réunis pour la première fois devant la caméra de Martin Ritt dans Les Feux de l’été, ils se retrouvent devant celle de Leo McCarey pour La Brune brûlante. Cela va sans dire que l’alchimie entre les deux crève l’écran et fait le sel de cette comédie débridée, même si l’histoire, riche en rebondissements, a tendance à partir un peu dans tous les sens.

Le générique composé de dessins donne le ton. Le Technicolor est lumineux, la musique entraînante et une voix-off formidablement ironique installent le décor. Les américains n’hésitent pas à faire 3 heures de train par jour pour aller travailler à New York. Ils profitent aussi de l’alcool servi à bord des transports avant de rentrer à la maison où les attendent leurs femmes permanentées, qui s’occupent des enfants (ou les laissent devant la télévision) tout en préparant le dîner. Nous sommes dans une petite et paisible bourgade de banlieue, Putnam’s Landing, située au nord de la Grosse Pomme. Contrairement à certains de ses camarades, Harry (Paul Newman) reproche à sa femme Grace (Joanne Woodward) de ne pas passer de temps avec lui à cause des enfants, mais surtout parce que Grace a son emploi du temps surchargé en raison de toutes ses activités civiques, assemblées écologistes et meetings féministes. Ils ont pour voisine Angela (Joan Collins, la fameuse brune éponyme), une femme voluptueuse, qui n’est pas insensible au charme de Harry. Lors d’une réunion municipale, les habitants apprennent l’implantation d’une base militaire dans les environs. Grace est à nouveau désignée comme porte-parole de la ville afin de contrecarrer ce projet. Au grand désespoir de Harry, qui se faisait une joie d’avoir enfin pu planifier un petit séjour avec son épouse. Femme délaissée, Angela, décide d’attirer Harry entre ses griffes. Devant cette femme fatale pétillante et séductrice, incendiaire et aux atours affriolants, Harry va devoir lutter pour ne pas succomber.

En dépit d’un rythme en dents de scie, de dialogues parfois trop abondants et d’une deuxième partie – celle avec les militaires – plutôt décevante, La Brune brûlante demeure largement conseillé. La satire sociale de l’American Way of Life, récurrente dans l’oeuvre de Leo McCarey, fonctionne très bien, tout comme le thème également cher au réalisateur de la relation homme/femme où la femme possède un fort tempérament et l’homme doit se plier et se taire devant elle. Les comédiens sont tous formidables (Jack Carson, hilarant dans le rôle du Capitaine Hoxie, Tuesday Weld en adolescente émoustillée pour un rien) et toute la première partie du film reflète tout le savoir-faire du cinéaste en matière de quiproquos cocasses, de joutes verbales, de slapstick à la limite du vaudeville, de direction d’acteurs, sans oublier évidemment la vivacité de la mise en scène et un montage percutant. Peu importent donc les faiblesses du film, car La Brune brûlante est l’occasion d’admirer l’immense talent et la beauté des trois acteurs principaux, notamment Paul Newman, survolté, qui s’avère remarquable dans le registre de la comédie et dont le jeu physique n’est pas sans rappeler celui du James Stewart des années 1930.

LE DVD

Le DVD de La Brune brûlante repose dans un boîtier Amaray classique, lui-même glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est estampillée du logo de la collection Hollywood Legends, disponible chez ESC Conseils. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint une présentation du film par Olivier Père (22’), intitulée Dernier feu d’artifices. Le directeur du cinéma d’Arte France se penche tout d’abord sur la carrière du cinéaste Leo McCarey, qu’il qualifie – avec raison – comme étant un des plus grands réalisateurs hollywoodiens. Il évoque quelques-uns de ses films les plus célèbres, les grandes étapes de sa longue et prolifique carrière, avant d’en venir à La Brune brûlante, en analysant à la fois le fond et la forme. Olivier Père aborde également les thèmes et le casting du film.

L’Image et le son

Présenté dans un nouveau master restauré en Haute-Définition, La Brune brûlante ravit les yeux. Le grain original est respecté et on ne peut qu’apprécier de (re)découvrir cette comédie de Leo McCarey dans de telles conditions techniques. Les points forts de ce nouveau master restauré étant sans nul doute sa luminosité, sa stabilité et sa propreté irréprochable. Les contrastes sont traités avec une belle délicatesse, tout comme le Technicolor, formidablement restitué. N’oublions pas une compression solide comme un roc, ainsi qu’un piqué parfois étonnant.

L’acoustique de cette édition s’avère très plaisante, en anglais comme en français. La musique accompagne les dialogues de manière très harmonieuse, les voix des comédiens demeurent claires et l’ensemble possède une dynamique exquise dépourvue du moindre souffle. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Conseils – 20th Century Fox / Captures Blu-ray : Franck Brissard

Test Blu-ray / Désirs volés, réalisé par Shōhei Imamura

DESIRS VOLES (Nusumareta yokujô) réalisé par Shôhei Imamura, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 15 novembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Osamu Takizawa, Shin’ichi Yanagisawa, Hiroyuki Nagato, Kô Nishimura, Toshio Takahara, Shôjirô Ogasawara

Scénario : Toshiro Suzuki

Photographie : Kuratarô Takamura

Musique : Toshirô Mayuzumi

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

A Osaka, dans un quartier populaire, une troupe de Kabuki se voit contrainte pour faire venir le public et survivre de proposer des strip-teases en première partie. Mais lorsque le théâtre ferme, la troupe, fragilisée par des conflits amoureux et pécuniaires, est obligée de reprendre la route.

Sorti en 1958, Désirs volés est le premier long métrage réalisé par Shōhei Imamura (1926-2006), découvert en France avec La Femme insecte en 1963. Le cinéaste japonais se penche sur une troupe d’acteurs de théâtre itinérant de seconde zone expulsée d’Osaka. A la campagne, les comédiens reçoivent un accueil bien plus enthousiaste qu’en ville et rencontrent un vif succès. Cependant, des tensions existent dans la troupe entre le jeune metteur en scène Shinkishi qui a étudié à l’université, et les acteurs plus âgés. Il souhaiterait moderniser le répertoire et faire des répétions pour améliorer les pièces. Il est de plus amoureux de Chidori, une des filles du chef de la troupe pourtant mariée à l’acteur principal, tout en étant convoité par l’autre sœur, Chigusa.

Shōhei Imamura a fait ses classes en tant qu’assistant auprès d’illustres réalisateurs comme Nagisa Oshima et Yasujiro Ozu. Il aura une très mauvaise expérience auprès de ce dernier et voudra très tôt s’en démarquer. Inspiré par le cinéma européen, notamment par le néoréalisme italien, Désirs volés montre déjà l’attirance du cinéaste pour les personnages marginaux confrontés à la violence de la réalité sociale. S’il n’est pas un chef d’oeuvre, ce premier film est un vrai coup de maître et demeure impressionnant de maîtrise, de sensualité (pour ne pas dire de sexualité), d’humour et de sensibilité, qui détonne radicalement avec l’ensemble des productions japonaises de l’époque. On suit l’itinéraire de cette petite troupe de théâtre fauchée, menée par un auteur frustré, découragé en voyant que seuls les numéros de jeunes filles dénudées attirent les spectateurs durant la première partie. Certains membres expriment leur désir de quitter l’aventure.

La mise en scène d’Imamura impressionne par la beauté et la composition du cadre large – Nikkatsu Scope (le plan aérien d’ouverture est sublime), ainsi que par son énergie, mais également quand elle s’attarde sur les corps, tout en rendant compte des tromperies et de la perversité de certains personnages. Tout ce beau petit monde cohabite sous le même chapiteau, tandis que les ruraux ont du mal à calmer leurs ardeurs devant les atouts affriolants des danseuses, au point d’aller les reluquer sous la douche. Si l’intrigue peut paraître parfois confuse, Imamura commence à observer ses concitoyens avec l’oeil acéré d’un entomologiste. Le ton y est réaliste et provocateur, avec quelques touches poétiques et de cynisme, mélancolique et tendre.

Le cinéaste parvient d’emblée à imposer son univers, tout en posant les bases (les désirs contrariés et donc humains) d’une œuvre qui s’étendra sur près de 45 ans et qui sera récompensée par deux Palme d’or, pour La Ballade de Naramaya (1983) et pour L’Anguille (1997). Désirs volés est le premier jalon indispensable de la filmographie d’un des grands maîtres de la Nouvelle vague japonaise.

LE BLU-RAY

Désirs volés est édité en combo par Elephant Films dans sa collection Cinéma Master Class – La Collection des Maîtres, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique contenant le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.

En plus d’un livret de 20 pages intitulé Shōhei Imamura, maître des désirs inassouvis par Bastian Meiresonne, de bandes-annonces (dont celles de la première salve Imamura sortie fin 2015 chez l’éditeur), d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une courte mais très bonne présentation de Désirs volés par Stephen Sarrazin (8’). Notre interlocuteur, spécialiste du cinéma japonais expose les débuts de Shōhei Imamura dans le cinéma, notamment en tant qu’assistant de Yasujiro Ozu, puis les thèmes abordés dans son premier long métrage, qui seront ensuite repris dans ses autres films. L’histoire de Désirs volés est passée au crible, tout comme le traitement des personnages et l’opposition entre le corps et la culture.

L’Image et le son

Franchement, nous ne nous attendions pas à un résultat aussi beau. Malgré quelques imperfections, un léger fourmillement, des fondus enchaînés qui décrochent légèrement et des contrastes parfois déséquilibrés, ce nouveau master restauré HD (1080p, AVC) s’impose aisément comme l’une des plus belles surprises de cette fin d’année. Ce qui frappe d’emblée, mis à part le fantastique usage du cadre large, c’est la densité du N&B et la profondeur de champ qui est souvent admirable. La photo est formidablement nuancée avec une large palette de gris, un blanc lumineux et des noirs profonds. La gestion du grain est fort plaisante. La copie est lumineuse et le rendu des textures est très réaliste.

Seule la version originale DTS HD Master Audio Mono 1.0 est disponible (qui s’en plaindra ?) et se révèle heureusement riche et propre. La musique est joliment restituée, le report des voix est appréciable, évite toutes saturations exagérées et l’ensemble est au final suffisamment dynamique et sans souffle parasite.

Crédits images : © Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard