Test DVD / Aurore, réalisé par Blandine Lenoir

AURORE réalisé par Blandine Lenoir, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Diaphana

Acteurs :   Agnès Jaoui, Thibault de Montalembert, Pascale Arbillot, Sarah Suco, Lou Roy Lecollinet, Philippe Rebbot, Laure Calamy, Marc Citti…

Scénario :  Blandine Lenoir, Jean-Luc Gaget, Benjamin Dupas, Anne-Françoise Brillot, Océane Michel, Agnès Jaoui d’après une histoire originale de Blandine Lenoir

Photographie : Pierre Milon

Musique : Bertrand Belin

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Aurore est séparée, elle vient de perdre son emploi et apprend qu’elle va être grand-mère. La société la pousse doucement vers la sortie, mais quand Aurore retrouve par hasard son amour de jeunesse, elle entre en résistance, refusant la casse à laquelle elle semble être destinée. Et si c’était maintenant qu’une nouvelle vie pouvait commencer ?

Excellente comédienne, notamment vue chez Gaspar Noé (Carne, Seul contre tous), Blandine Lenoir est aussi la réalisatrice de sept courts-métrages, d’Avec Marinette (2000) à L’Amérique de la femme (2015), traitant souvent de l’amitié et de la solidarité entre femmes, du rapport mère-fille et de la sexualité féminine. Ces thèmes sont d’ailleurs au centre de son premier long métrage, Zouzou, sorti en 2014, qui évoquait entre autres la sexualité après 60 ans. Son second film, Aurore, découle de ses œuvres précédentes et s’avère un film-somme de tous les sujets que la réalisatrice avait abordés. Né d’expériences personnelles, notamment l’angoisse d’arriver à la quarantaine et tout simplement la peur universelle de vieillir et du temps qui passe, Aurore est une comédie délicate qui témoigne d’une qualité d’écriture déjà évidente dans les courts-métrages de Blandine Lenoir, notamment Ma Culotte (2005) et L’Amérique de la femme déjà mentionné. Le film offre également un de ses meilleurs rôles à Agnès Jaoui, lumineuse, de tous les plans, attachante, belle, pour ainsi dire caressée par la cinéaste et la photo de Pierre Milon.

Elle incarne Aurore, 50 ans, divorcée, qui apprend cour sur coup qu’elle perd son travail, que sa fille aînée Marina attend un enfant et donc qu’elle va être grand-mère, que sa plus jeune fille Lucie souhaite quitter le domicile familial pour rejoindre son copain, que son ex-mari va se remarier avec une femme plus jeune. Mais le pire pour Aurore, ce sont ces bouffées de chaleur dues à la ménopause. Consciente d’être à un carrefour de sa vie – « Vous êtes en train de passer d’abeille à reine des abeilles » lui dit-on – Aurore va faire le point sur sa propre existence et penser à elle pour la première fois. C’est alors que ressurgit le premier homme de sa vie, Christophe alias Totoche. Sur les conseils de sa meilleure amie Mano, Aurore apprend à accepter et surtout à recevoir les belles choses qui lui arrivent.

Aurore est une comédie en apparence simple, mais qui traite de la vie sentimentale et sexuelle d’une femme de plus de cinquante ans, rarement représentée au cinéma, avec une énergie revigorante et une douceur qui réchauffe le coeur. Le choix d’Agnès Jaoui est aussi malin qu’évident, puisque la comédienne apparue pour la première fois à l’écran dans Le Faucon de Paul Boujenah en 1983 (oui oui, le film où Francis Huster souhaite manger un hamburger), devenue célèbre en 1996 grâce à Cuisine et dépendances de Philippe Muyl qu’elle avait coécrit avec Jean-Pierre Bacri, d’après leur pièce de théâtre, a su traverser les années ou jouant et en profitant de ses nouveaux atouts physiques de femme mûre et plantureuse comme dans Comme un avion de Bruno Podalydès en 2015. Elle est parfaite dans Aurore, drôle et émouvante, féminine et sensuelle, toujours séduisante. La comédienne s’épanouit devant la caméra de Blandine Lenoir dans la peau de ce personnage qui lui va comme un gant. Elle est également solidement épaulée, notamment la toujours pétillante Pascale Arbillot, Thibault de Montalembert, Sarah Suco (la révélation de Discount), Lou Roy-Lecollinet (découverte dans Trous souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin), sans oublier les apparitions des indispensables Samir Guesmi, Marc Citti, Laure Calamy, Florence Muller (la scène de Pôle Emploi est hilarante) et Philippe Rebbot.

Aurore est une comédie lumineuse et optimiste, tendre et spontanée, engagée et pertinente, rythmée par ses répliques soignées et le peps de ses acteurs. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui un feel-good movie.

LE DVD

Le test du DVD d’Aurore, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Après Aurore, précipitez-vous sur les courts-métrages de Blandine Lenoir proposés en guise de suppléments et qui évoquent les thèmes et certains motifs repris dans Zouzou et le second long métrage de la réalisatrice. Ne manquez pas la leçon sur le clitoris par la sublime Laure Calamy dans L’Amérique de la femme.

Ma culotte (2005 – 14’), avec Christine Boisson, Anaïs Demoustier : Claire, la cinquantaine, a très envie de faire l’amour avec ce type qu’elle a ramené chez elle. Depuis le temps qu’elle attend ça, un homme. Comment fait-on déjà ?

Pour de vrai (2006 – 12’), avec Nanou Garcia, Anaïs Demoustier : Une femme de quarante-cinq ans, bouleversée à l’idée de perdre son enfant actuellement dans le coma, erre chez elle, paralysée par son désespoir et son impuissance. Elle est totalement accaparée par sa petite voix intérieure qui répète toujours les mêmes mots d’amour fou pour son enfant endormi, et l’obsession de sa culpabilité de n’avoir pu éviter la chute fatale. Il y a quand même un truc qui cloche dans tout ce désespoir.

L’Amérique de la femme (2014 – 18’), avec Jeanne Ferron, Florence Muller, Laure Calamy, Sarah Grappin : Trois sœurs entre trente-cinq et quarante-cinq ans (Agathe, Lucie et Marie) débarquent chez leur mère, Solange, pour un week-end prolongé à la campagne. La fille d’Agathe, Zouzou, est là depuis une semaine, et d’après Solange, le séjour s’est bien passé. Mais quand les quatre femmes découvrent que la jeune fille de quatorze ans est en train de faire l’amour à l’étage, certainement pour la première fois, c’est la panique.
Qu’est-ce qu’on fait ? On monte les voir ? On les interrompt ?
Un dialogue commence alors autour de la question de l’éducation sexuelle : est-ce qu’Agathe a bien préparé sa fille ? Est-ce qu’elle a su mettre les mots ?

Finissez par le très bon entretien de Blandine Lenoir (18’) réalisé en juin 2017. La cinéaste revient sur la genèse d’Aurore, né d’observations sur ses amies et sur elle-même au moment de l’arrivée de la quarantaine et plus particulièrement sur les inégalités entre les hommes et les femmes de 40 voire plus de 50 ans. Son deuxième long métrage est aussi issu de l’envie de parler de la vie amoureuse et sociale d’un personnage féminin de 50 ans, peu représenté au cinéma. Blandine Lenoir évoque ensuite le choix d’Agnès Jaoui (dont elle voulait filmer le corps) pour incarner le rôle principal, mais aussi les autres comédiens qui l’accompagnent depuis de nombreuses années. Les thèmes du film sont longuement analysés et l’ensemble ne manque pas d’anecdotes de tournage.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Seule l’édition DVD a pu être testée. Evidemment, le piqué n’est pas aussi pointu qu’en Blu-ray et la colorimétrie peut avoir tendance à baver quelque peu, mais cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la photographie de Pierre Milon (Les Neiges du Kilimandjaro, Au fil d’Ariane). La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole. La piste Stéréo est de fort bon acabit et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.

Crédits images : © Eddy BrièreKaré Productions / Diaphana Distribution / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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