Chronique du DVD / L’Agent invisible contre la gestapo, réalisé par Edwin L. Marin

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L’AGENT INVISIBLE CONTRE LA GESTAPO (Invisible Agent) réalisé par Edwin L. Marin, disponible en DVD le 21 septembre 2016 chez Elephant Films.

Acteurs : Ilona Massey, Jon Hall, Peter Lorre, Cedric Hardwicke, J. Edward Bromberg, Albert Bassermann, John Litel, Holmes Herbert

Scénario : Curt Siodmak

Photographie : Lester White

Musique : Hans J. Salter

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1942

LE FILM

Frank Raymond, le petit-fils de «l’homme invisible», vit sous une fausse identité à New York. Mais il est repéré par deux agents secrets, le baron Ikito et Conrad Stauffer, qui oeuvrent pour les forces de l’Axe. Ceux-ci veulent à tout prix mettre la main sur la fameuse formule permettant de devenir invisible. Frank parvient à leur échapper et se met alors au service des Alliés. Parachuté sur Berlin, il a pour mission d’aider au démantèlement d’un réseau d’espions infiltrés aux Etats-Unis…

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Suite au succès de la comédie-fantastique La Femme invisible, les studios Universal comptent bien exploiter le filon, d’autant plus que les deux derniers épisodes ont su renouveler la franchise Invisible man. Cependant, il faudra attendre 1942 pour que l’Homme invisible fasse son retour sur les écrans. Alors que la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939 et que les Etats-Unis entrent à leur tour dans le conflit armé suite à l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, le cinéma soutient l’effort de guerre à travers quelques films. Le patriotisme est mis à l’avant, les horreurs nazies sont évoquées, les agents secrets ont la cote. C’est alors le bon moment pour qu’Universal dégaine un Agent invisible contre la GestapoInvisible Agent, réalisé par l’américain Edwin L. Marin (1899-1951). Ancien assistant opérateur à la MGM et à la RKO, il devient réalisateur au début des années 1930 et signera une œuvre éclectique, entre le western et le film-musical, comptant une soixantaine de longs métrages, parmi lesquels A Christmas Carol (1938) adapté de Charles Dickens, ou bien encore L’Amazone aux yeux verts (1944) avec John Wayne.

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Alors qu’il vient d’achever le script du Loup-garou, Curt Siodmak reprend du service pour celui de cet Agent invisible, évidemment plus axé sur les événements qui secouent le monde entier. Le comédien qui prêtera ses traits, ou plutôt sa voix comme on ne le verra quasiment pas du film, est Jon Hall, jeune premier vu dans quelques séries B d’aventures aux titres explicites Pago-Pago, île enchantée, Aloma, princesse des îles ou bien encore The Tuttles of Tahiti. L’Agent invisible contre la gestapo lui permet de changer de registre et de s’affirmer devant la caméra. Il donne la réplique à l’actrice et chanteuse d’origine hongroise Ilona Massey, mais la véritable vedette du film est un des comédiens les plus inoubliables des années 1930-1940, il s’agit bien sûr de Peter Lorre dans le rôle du Baron Ikito. Son jeu inimitable, son faciès inquiétant, les petites lunettes rondes qu’il arbore, sa voix calme, font de lui le personnage le plus mémorable, surtout lorsqu’il se prépare à trancher les doigts de Frank Raymond pour « le faire parler ». Par ailleurs, son personnage rappelle celui du Major Arnold Toht des Aventuriers de l’Arche perdue de Steven Spielberg. Après sa participation au Retour de l’homme invisible, Cedric Hardwicke est à nouveau de la partie, mais dans un autre rôle, celui du perfide Conrad Stauffer.

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Véritable film d’espionnage typique de l’époque, agrémenté bien évidemment de touches fantastiques avec la « présence » de l’Homme invisible, L’Agent invisible contre la gestapo est un divertissement haut de gamme doublé d’un film de propagande. La recherche du sérum d’invisibilité est ici prétexte pour montrer les méthodes d’interrogation de la gestapo, à l’instar de l’introduction qui place le petit-fils de l’ancien Homme invisible, en fâcheuse posture. Les forces de l’Axe veulent s’emparer de cette invention qui pourrait devenir une arme redoutable pour remporter la guerre. Japonais et Allemands font front commun, mais après l’attaque de Pearl Harbor (visible à travers quelques images d’actualités), les Etats-Unis et l’Angleterre sont bien décidés à renverser la situation et parviennent à convaincre Frank Raymond, alors détenteur du sérum, de devenir lui-même un agent pour aider son pays. Devenant invisible, il est parachuté au-dessus de Berlin et son enquête commence. Il est chargé de collecter des renseignements sur un possible attentat visant les Etats-Unis.

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Le film oscille entre un portrait chargé sur le IIIe Reich et un décalage humoristique quelque peu déplacé, surtout lorsque le nazi (ou une caricature plutôt) Karl Heiser, interprété par J. Edward Bromberg, est ridiculisé à table par Frank. La scène est sans doute très réussie et drôle, tout comme le fait que Frank se tartine de crème hydratante pour être vu, mais ce changement de ton déséquilibre l’ensemble. Ajoutez à cela des allemands qui parlent évidemment anglais entre eux ! Mais L’Agent invisible contre la gestapo est une réussite. Les dialogues sont percutants, le dernier acte, plus grave, s’avère plus sobre avec quelques scènes mémorables. Les effets spéciaux du maître John P. Fulton sont également très soignés et impressionnants, tout comme les péripéties rencontrées par notre héros invisible. La saga Invisible man est décidément la meilleure des Universal Monsters !

LE DVD

Le test du DVD de L‘Agent invisible contre la gestapo, disponible dans l’indispensable collection Cinéma Monster Club éditée chez Elephant Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Mention spéciale au visuel, très réussi, de la jaquette et du fourreau cartonné.

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En guise d’interactivité, le journaliste Jean-Pierre Dionnet nous livre une présentation du film (12′) en le replaçant surtout dans son contexte historique. Le casting qu’il juge « éblouissant » est ensuite passé au peigne fin, tout comme une partie de l’équipe technique.

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On retrouve également un module où Dionnet expose le thème de l’Homme Invisible (13′), décliné à travers les arts, de la littérature (H.G. Wells bien sûr) et au cinéma, du film de James Whale en 1933, ses suites qui suivront dans les années 1940, tout en passant rapidement sur les films de John Carpenter et de Paul Verhoeven. Jean-Pierre Dionnet évoque également les effets spéciaux miraculeux de John P. Fulton.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, les credits du disque ainsi que les nombreuses bandes-annonces des films disponibles dans la même collection.

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L’Image et le son

Le master de L’Agent invisible contre la gestapo est présenté dans son format respecté 1.33. La copie s’avère claire et lumineuse, propre, stable. Les contrastes sont élégants, les noirs denses flattent les mirettes. Remercions encore Elephant Films de nous permettre de (re)découvrir ce film d’espionnage-fanstastique dans de belles conditions.

La bande-son a été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, sont dynamiques et le confort acoustique très appréciable.

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Crédits images : © Elephant Films

 

Chronique du Blu-ray / Grimsby – Agent trop spécial, réalisé par Louis Leterrier

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GRIMSBY – AGENT TROP SPECIAL (Grimsby) réalisé par Louis Leterrier, disponible en Blu-ray et DVD le 24 août 2016 chez Sony Pictures

Acteurs : Sacha Baron Cohen, Mark Strong, Isla Fisher, Rebel Wilson, Gabourey Sidibe, Penélope Cruz, Annabelle Wallis, Ian McShane

Scénario : Sacha Baron Cohen, Phil Johnston, Peter Baynham

Photographie : Oliver Wood

Musique : David Buckley, Erran Baron Cohen

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Nobby Butcher n’a pas de boulot, mais cela ne l’empêche pas d’être heureux. Il a tout ce dont il peut rêver dans la vie : le foot, une petite amie géniale… et neuf gamins. Pour que son bonheur soit complet, il ne lui manque que son petit frère, Sebastian, dont il a été séparé quand ils étaient enfants.
Après trente ans de recherches, Nobby retrouve finalement la trace de Sebastian à Londres. Il ignore que celui-ci est devenu le meilleur agent du MI6…
Leurs retrouvailles tournent à la catastrophe, et voilà les deux frères en cavale. C’est alors qu’ils découvrent un complot visant à détruire le monde…
Pour sauver l’humanité – et son frère – Nobby va devoir se lancer dans sa plus grande aventure. Pourra-t-il passer de l’état de bouffon niais à celui d’agent secret ultrasophistiqué sans faire trop de dégâts ?

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Le réalisateur français Louis Leterrier (Le Transporteur et sa suite, Danny the Dog, L’Incroyable Hulk) est aussi « insaisissable » que le titre de son dernier carton au box-office mondial et son plus grand succès en France. Sur le tournage d’Insaisissables, il rencontre Sacha Baron Cohen, venu rendre une petite visite à sa femme, la délicieuse Isla Fisher. Il lui propose de mettre en scène le scénario qu’il a coécrit avec Phil Johnston (Zootopie, Les Mondes de Ralph) et Peter Baynham (Hôtel Transylvanie), celui de Grimsby, comédie d’espionnage nécessitant le savoir-faire d’un réalisateur spécialisé dans les scènes d’action. Louis Leterrier accepte. Il ne pouvait pas mieux tomber que sur Sacha Baron Cohen pour l’emmener sur de nouveaux territoires !

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L’acteur, scénariste et humoriste découvert dans les années 1990 dans la peau du personnage Ali G, qui aura d’ailleurs son propre film en 2002, mais qui a véritablement explosé en 2006 avec Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, a ensuite confirmé son goût (et son talent) pour camper des personnages controversés et haut en couleur comme Brüno en 2009 et The Dictator en 2012. Dix ans après Borat, Sacha Baron Cohen débarque avec une sorte de parodie de James Bond qui semble vouloir repousser toutes les limites. Grimbsy – Agent trop spécial va à fond dans le vulgaire et n’a pas peur d’y aller ou même de s’y vautrer. Au contraire, le sperme (d’éléphant), les testicules (où s’est plantée une fléchette empoisonnée et dont il faut sucer le venin), un étron (long comme un anaconda, mais que nous ne verrons pas à l’écran ceci dit), l’anus (dans lequel on plante des fusées de feu d’artifice) tiennent autant de place dans l’intrigue que les retrouvailles de deux frères fusionnels, séparés pendant leur enfance. Si Nobby (SBC) est resté dans la ville ouvrière paumée de Grimsby dans l’est de l’Angleterre, son frère Sebastian (Mark Strong, qui s’amuse encore plus que dans Kingsman : Services secrets), dont il n’a pas de nouvelles depuis près de 30 ans, est devenu un des meilleurs agents du MI6. Nobby vit avec ses neuf enfants et sa compagne (Rebel Wilson en mode Sharon Stone dans Basic Instinct) et passe sa journée à boire avec ses potes hooligans au pub au lieu de chercher du boulot. Sebastian est seul et ne vit que pour son boulot, qui de toute façon lui laisse peu de temps pour construire une famille. Par un concours de circonstances, les deux frères se retrouvent au cours d’une mission périlleuse de Sebastian. Alors que ce dernier tente de prendre la fuite, Nobby est cette fois bien décidé à ne plus perdre de vue son petit frère qui lui a tant manqué.

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Et c’est parti pour 1h20 de quiproquos hallucinants. On y croise un sosie de Daniel Radcliffe qui se fait accidentellement contaminer par le sang d’un jeune malade du SIDA, qui contaminera à son tour un homme politique américain à perruque en passe d’accéder à la Maison-Blanche. Le studio Sony aurait d’ailleurs tenté de saborder la promotion du film aux Etats-Unis en raison de cette scène. Mais ce n’est pas la séquence la plus dingue (euphémisme) de Grimbsy – Agent trop spécial. Celle que l’on retiendra longtemps c’est celle où les deux frangins, poursuivis en Afrique du Sud par une bande de tueurs implacables, trouvent refuge…dans l’utérus d’une femelle éléphant. Oui. Bien cachés, ils attendent patiemment que les tueurs s’en aillent. C’est alors qu’un troupeau d’éléphants en rut s’amène, tous bien décidés à féconder cette femelle en question. Les deux frères se retrouvent pris au piège et ne peuvent que subir…non, mieux vaut arrêter là, puisque de toute façon cette scène est à voir pour le croire. C’est d’ailleurs tout le film qu’il faut visionner impérativement tant ces 80 minutes donnent la patate et musclent les abdominaux.

Initialement prévu dans les salles françaises et américaines en juillet 2015, Grimbsy – Agent trop spécial s’est vu décalé en mars 2016 aux USA et en avril 2016 chez nous. Sorti en catimini, le film s’est soldé par un échec aussi cuisant qu’injuste au box-office avec seulement 6 millions de dollars de recette sur le sol américaine et 16 millions dans le reste du monde. Le premier bide pour Louis Leterrier, qui de son côté livre pourtant de formidables scènes d’action, notamment celle qui introduit le personnage de Sebastian dans ses œuvres filmées en caméra subjective.

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Dommage pour ce rejet du public et de la critique, car nous aurions aimé une suite déjantée à l’instar d’Austin Powers et retrouver les frangins de Grimsby dans de nouvelles aventures hilarantes et trash.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Grimsby – Agent trop spécial repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette diffère de l’affiche française, en se concentrant uniquement sur les deux frères. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.

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L’essentiel de l’interactivité de ce Blu-ray repose sur les scènes supprimées (2’), coupées (9’) et étendues (9’).

Dans le premier cas, il s’agit essentiellement d’improvisations de Sacha Baron Cohen, qui essaye diverses répliques.

En ce qui concerne les 3 scènes coupées, précipitez-vous sur l’entretien d’embauche de Nobby, qui tente de faire bonne figure devant l’employé de l’agence pour l’emploi, ou bien celle hilarante mettant en scène un membre de l’équipe scientifique qui aime goûter les substances non-identifiées récoltées sur le terrain. Autant dire qu’il contracte un bel herpès en savourant les « traces » laissées par Nobby.

Les séquences étendues valent surtout pour celle déjà culte de l’éléphant. Si vous croyiez avoir tout vu au cinéma, détrompez-vous. Les deux compères allaient encore plus loin, au point d’être littéralement noyés dans…vous savez. La scène où Nobby apprend à Sebastian à devenir un vrai hooligan est aussi géniale.

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Le making of (12’) remplit efficacement son contrat avec de nombreux propos du réalisateur Louis Leterrier, des comédiens et des producteurs. Les images de tournage abondent et montrent l’ambiance qui régnait sur le plateau, surtout lors des prises de vues de la « cachette » dans l’éléphant, avec un réalisateur vêtu d’une combi de plongée et aussi noyé que ses acteurs. Ce qui ne manque pas de déplaire à Sacha Baron Cohen.

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Evidemment, la séquence de l’éléphant possède son module à part (4’) avec les mêmes intervenants et d’autres images de tournage, aussi poilantes que la séquence finale. Mention spéciale à l’équipe technique qui a procédé à différents tests afin d’obtenir la bonne texture pour le sperme de l’éléphant.

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L’interactivité se clôt sur un bêtisier (2’) et un lot de bandes-annonces.

L’image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur Sony soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de formidables conditions pour découvrir cette comédie survoltée et profiter de la belle photographie signée Oliver Wood, chef-opérateur talentueux de Volte/face, U-571 et les trois premiers Jason Bourne.

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Dans les séquences d’action et même dans celles où Nobby fait la fête avec ses amis, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières, à l’instar de la scène finale dans le stade, de l’explosion de la chambre et des diverses bastons. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle souvent à ce spectacle acoustique.

grimsby-agent-trop-special3Crédits images : © Sony Pictures

 

Chronique du DVD / La Femme Invisible, réalisé par A. Edward Sutherland

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LA FEMME INVISIBLE (The Invisible Woman) réalisé par A. Edward Sutherland, disponible en DVD le 21 septembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Virginia Bruce, John Barrymore, John Howard, Charles Ruggles, Oskar Homolka, Edward Brophy, Margaret Hamilton…

Scénario : Joe May, Kurt Siodmak, Robert Lees, Frederic I. Rinaldo, Gertrude Purcell

Costumes : Vera West

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h09

Date de sortie initiale : 1940

LE FILM

L’excentrique Professeur Gibbs, brillant mais imprévisible, financé par un riche et séducteur avocat, invente une machine qui a la particularité de rendre invisible. Il cherche à faire l’essai sur un cobaye et trouve Kitty Carroll, une très jolie mannequin, qui pense que devenir invisible l’aidera un peu plus dans la vie. Les complications surviennent lorsque trois gangsters volent la machine pour l’utiliser sur leur patron. Mais leur butin ne sera que plus difficile à préserver face à la détermination de la femme Invisible !

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Au début des années 1940, les Studios Universal se frottent les mains. La créature de Frankenstein, le Loup-garou, Dracula, la Momie et l’Homme Invisible ont désormais leurs propres sagas et les suites sont produites à la pelle. C’est ainsi que Le Retour de l’Homme invisible de Joe May a permis une remise en avant et avec un grand succès cet homme ayant la faculté de disparaître grâce à un sérum révolutionnaire, qui a cependant pour effets secondaires de le rendre fou et dangereux.

A peine un an sépare La Femme invisible de l’épisode précédent. Non seulement les studios ont décidé cette fois de rendre une actrice invisible, mais en plus la production a voulu changer de registre en intégrant cette fois cet élément fantastique dans une screwball comedy à la Howard Hawks ou à la George Cukor. Ce n’est pas le réalisateur de L’Impossible Monsieur Bébé ni celui de Sylvia Scarlett que l’on retrouve derrière la caméra, mais un certain A. Edward Sutherland.

the-invisible-woman4Cinéaste britannique (1895-1973) jusqu’alors spécialisé dans les comédies mettant en scène le nez de W.C. Fields, le duo Laurel et Hardy et la croupe de Mae West, A. Edward Sutherland signe ici un vrai petit chef d’oeuvre burlesque et débridé, mené à cent à l’heure.

La femme invisible éponyme c’est Virginia Bruce, sublime révélation aperçue au cinéma dans Parade d’amourThe Love Parade d’Ernst Lubitsch. Quasi-inconnue à l’époque et aujourd’hui totalement oubliée, cette jeune comédienne de 30 ans est pourtant ici extraordinaire. Un talent comique à couper le souffle, une énergie contagieuse, une beauté qui crève l’écran. Ses scènes avec l’immense John Barrymore sont souvent hilarantes et on ne peut que se demander comment une telle actrice n’a pas réussi à percer véritablement au début des années 1940. Mention spéciale également au comédien John Howard, le troisième homme d’Indiscrétions (The Philadelphia Story) de George Cukor, déjà rompu à ce genre d’exercice, celui de la comédie aux dialogues enlevés, qui se chevauchent, qui emportent tout. Même chose pour Charles Ruggles (L’Impossible Monsieur Bébé), hilarant valet, qui n’arrête pas de se prendre les pieds dans le tapis et de se relever en gardant son flegme.

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Cette œuvre brillante, écrite entre autres par le spécialiste Curt Siodmak, joue habilement avec la censure de l’époque avec quelques sous-entendus coquins, surtout lorsque l’on sait que la femme invisible – excellents effets spéciaux par ailleurs – se promène évidemment nue sous le nez des passants. La Femme invisible ne devrait pas le rester et chaque cinéphile devrait se ruer immédiatement sur ce joyau de la comédie-fantastique.

LE DVD

Le test du DVD de Blu-ray de La Femme Invisible, disponible dans l’impressionnante et indispensable collection Cinéma Monster Club éditée chez Elephant Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et muet. Mention spéciale au visuel, très réussi, de la jaquette et du fourreau cartonné.

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En guise d’interactivité, le journaliste Jean-Pierre Dionnet nous livre une présentation du film (9′) en avouant d’emblée avoir découvert La Femme Invisible pour la première fois à l’occasion de sa sortie en DVD. « Et quelle surprise » dit Dionnet qui n’hésite pas à qualifier le film de vrai chef d’oeuvre, en comparant le jeu de Virginia Bruce à celui de Katharine Hepburn. Le reste du casting est ensuite passé au peigne fin, tout comme une partie de l’équipe technique.

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On retrouve également un module où Dionnet expose le thème de l’Homme Invisible (13′), décliné à travers les arts, de la littérature (H.G. Wells bien sûr) et au cinéma, du film de James Whale en 1933, ses suites qui suivront dans les années 1940, tout en passant rapidement sur les films de John Carpenter et de Paul Verhoeven. Jean-Pierre Dionnet évoque également les effets spéciaux miraculeux de John P. Fulton.L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, les credits du disque ainsi que les nombreuses bandes-annonces des films disponibles dans la même collection.

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L’image et le son

Le N&B est clair, léger, mais l’ensemble manque de concision. La gestion des contrastes est aléatoire, divers fourmillements demeurent, certains effets de pompage également. Le grain cinéma est heureusement restitué, tout comme les partis pris de rendre plus ouatés les plans sur Virginia Bruce. Les scènes comprenant des effets visuels sont les plus déséquilibrés en raison des trucages avec plusieurs images superposées et incrustations. Ces séquences appuient les points, griffures et tâches inhérentes aux conditions de la postproduction. Dans l’ensemble l’image est propre et offre de belles conditions pour (re)découvrir ce bijou.

La bande-son a été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, sont dynamiques et le confort acoustique très appréciable.

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Crédits images : © Elephant Films

 

 

Chronique du Blu-ray / Le Retour de l’Homme Invisible, réalisé par Joe May

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Réalisation : Joe May
Acteurs : Cedric Hardwicke, Vincent Price, Nan Grey, John Sutton, Cecil Kellaway, Alan Napier, Forrester Harvey
Scénario : Lester Cole, Curt Siodmak, d’après les personnages et le roman créés par H.G. Wells
Musique : Hans J. Salter, Frank Skinner

Combo Blu-ray/DVD disponible chez Elephant Films le 21 septembre 2016.

LE FILM

Condamné à mort pour un crime qu’il n’a pas commis, Sir Geoffrey Radcliffe reçoit la visite du docteur Frank Griffin – le frère de l’homme invisible. Persuadé de l’innocence de Radcliffe, Griffin lui fournit le sérum d’invisibilité, lui permettant ainsi de s’échapper, et de se lancer sur les traces du coupable…

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Réalisé par Joe May, cinéaste allemand né Julius Otto Mandl (1880-1954), Le Retour de l’Homme invisibleThe Invisible Man Returns, est comme son titre l’indique la suite directe du chef d’oeuvre de James Whale mis en scène en 1933 et inspiré du roman de H.G. Wells publié en 1897. Ce second opus de la franchise Universal Monsters – Invisible Man s’avère tout à fait digne du premier et saura relancer une franchise qui comptera au final cinq films, six si l’on compte l’épisode parodique avec Abbott et Costello, Deux nigauds contre l’homme invisible, réalisé au début des années 1950. Le scénario de ce très attendu Retour, est confié aux scénaristes Lester Cole et Curt Siodmak. Si le premier demeure malheureusement plus connu pour avoir été une des victimes du maccarthysme et inscrit sur la Liste noire à Hollywood, le second, frère du cinéaste Robert Siodmak, deviendra un habitué du genre fantastique. Il sera l’auteur du Loup-Garou (1941), Frankenstein rencontre le Loup-Garou (1942), Le Fils de Dracula (1943) et La Maison de Frankenstein (1944). A partir d’un petit bijou de scénario, Joe May livre un vrai chef d’oeuvre du genre, qui parvient à respecter l’oeuvre originale, le plus grand succès des studios Universal en 1933, tout en offrant quelque chose de frais et de nouveau aux spectateurs.

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Si Le Retour de l’Homme invisible est moins sombre que le film de James Whale, il n’en demeure pas moins que l’aventure est au rendez-vous du début à la fin. Même si les effets visuels étaient déjà épatants en 1933, ils se sont encore améliorés en sept années et certaines séquences restent encore bluffantes aujourd’hui grâce encore une fois au travail du pionnier en la matière, John P. Fulton. La magie fonctionne, tout comme l’enquête policière et les changements de ton. A ce titre, le sérum permettant l’invisibilité change progressivement la mentalité et les desseins de celui qui se l’est fait injecté. Du coup, un homme, accusé à tort d’un meurtre, parvient à s’évader de prison juste avant d’être exécuté, grâce à l’aide inespérée du frère de Dr. Jack Griffin, (anti)héros du premier film (dont les faits se déroulent 9 ans avant), qui détient la formule tant convoitée. Menant son enquête grâce à ce nouveau don, Geoffrey Radcliffe va découvrir ce pouvoir et surtout ce qu’il est désormais capable d’accomplir. Devant la femme qui l’aime et celui qui l’a aidé à s’en sortir, il commence à avoir des rêves de grandeur, à devenir cynique, violent et menaçant. Ce personnage est incarné par l’immense Vincent Price, dans une de ses premières apparitions au cinéma. Même s’il « n’apparaît » que de manière subliminale à l’écran, le comédien possède autant si ce n’est une plus grande présence que son prédécesseur Claude Rains, déjà immense dans le rôle-titre. Doté d’une des plus grandes voix de l’histoire du cinéma, Vincent Price crève l’écran, même quand « n’apparaît pas » à l’écran. Il est assurément un si ce n’est le plus grand Homme invisible de l’Histoire du cinéma.

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Avec quelques touches d’humour, des rebondissements rythmés, une mise en scène énergique (la séquence des fumigènes est un sommet), des effets visuels étonnants (nommés pour un Oscar en 1941), une interprétation au diapason, Le Retour de l’Homme invisible s’impose comme une des plus belles, une des plus grandes réussites fantastiques des Studios Universal des années 1940.

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LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Retour de l’Homme invisible, disponible chez Elephant Films dans la désormais impressionnante et indispensable collection Cinéma Monster Club, a été réalisé à partir d’un check-disc. L’édition HD est accompagnée du DVD dans un combo élégamment présenté. Le menu principal est animé et musical.

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Du point de vue bonus, le journaliste Jean-Pierre Dionnet nous livre une présentation du film (12′) et revient particulièrement sur le réalisateur, les scénaristes et le casting.

On retrouve également un module où Dionnet expose le thème de l’Homme Invisible (13′), décliné à travers les arts, de la littérature (H.G. Wells bien sûr) et au cinéma, du film de James Whale en 1933, ses suites qui suivront dans les années 1940, tout en passant rapidement sur les films de John Carpenter et de Paul Verhoeven. Jean-Pierre Dionnet évoque également les effets spéciaux miraculeux de John P. Fulton.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, les credits du disque ainsi que les nombreuses bandes-annonces des films disponibles dans la même collection.

L’Image et le son

Ce Blu-ray au format 1080p proposée par Elephant Films contient une version restaurée du Retour de l’Homme invisible. La copie – dans son format original 1.33 – est vraiment très belle, même si quelques points et petites scories se font encore voir, mais cela demeure anecdotique. Des fondus enchaînés décrochent légèrement et un bruit vidéo est notable sur les séquences à effets spéciaux, mais l’encodage AVC reste solide. Le noir et blanc est ferme, la luminosité des séquences diurnes fait plaisir. Certaines scènes parviennent à sortir du lot grâce à un relief impressionnant, tandis que les contrastes sont assurés. Le grain cinéma est évidemment conservé avec un véritable équilibre.

La bande-son a été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en DTS HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts. Le confort acoustique est très appréciable et les craquements, inhérents à l’âge du film, ne sont pas du tout gênants.

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Chronique du DVD / Superman : l’intégrale des cartoons de Max Fleisher

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Réalisation : Dave Fleischer

Voix en VO : Bud Collyer, Joan Alexander

Histoire originale : Joe Shuster, Jerry Siegel d’après leurs personnages de comic books

Scénario : Seymour Kneitel, Izzy Sparber, Jay Morton

Musique : Sammy Timberg, Winston Sharples

DVD disponible chez Elephant Films le 5 avril 2016.

La série animée

Look ! Up in the sky ! It’s a bird !

It’s a plane !

It’s Superman!

Avant la destruction de la planète Krypton, une petite nacelle est envoyée sur Terre. À son bord, Kal-el, un bébé recueilli par un couple de fermiers du Kansas. Quelques années plus tard, le jeune homme cache sa force surhumaine et ses superpouvoirs sous l’identité de Clark Kent, journaliste au Daily Plannet de Metropolis. Aux côtés de Lois Lane, Clark enquête sur les criminels menaçants la sécurité de la Terre, qu’il neutralise sous les traits de Superman !

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Les cartoons Superman issus des Studios Fleischer (les deux frères Max et Dave) ont 75 ans en 2016. Il s’agit de la première série de courts-métrages animés en Technicolor consacrés à l’Homme d’acier de DC Comics. Il y aura 17 dessins animés, 9 produits par les Fleischer Studios entre 1941 et 1942, et huit produits par les Famous Studios de 1942 à 1943 après que la Paramount ait repris les affaires en main suite à une brouille entre les deux frères. Aujourd’hui, ces cartoons réalisés en rotoscopie – les animateurs dessinaient sur de véritables performances d’acteurs – sont tombés dans le domaine public, bien que les éléments originaux 35mm demeurent la propriété des Studios Warner.

This looks like a job for Superman !

Le super-héros et icône culturelle américaine est né en janvier 1933 sous la plume de l’écrivain américain Jerry Siegel et sous le pinceau de l’artiste canadien Joe Shuster. Mais il faudra attendre le numéro d’Action Comics publié en juin 1938 pour que Superman soit révélé au monde entier. Très vite, Superman devient un véritable phénomène. Les pièces radiophoniques et les émissions de télévision s’en emparent. Ses valeurs morales, sa puissance, tout comme son justaucorps rouge, bleu et jaune, sa cape, deviennent célèbres partout. Il n’est donc pas étonnant que Superman devienne le héros d’une série animée au milieu de la Seconde Guerre mondiale dans laquelle il affronte entre autres des savants fous mais surtout les japonais dont il détruit l’arsenal, tout comme les nazis qui ne font pas un pli devant les bottes rouges moulantes.

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Au cours de ses (coûteuses) 17 aventures de 9 minutes en moyenne, Superman – qui vole ici pour la première fois de son histoire alors qu’il ne faisait que bondir jusqu’alors par-dessus les buildings – devra combattre un sosie, un gorille géant, des civilisations inconnues qui s’en prennent à Lois Lane – aux allures de pin-up propre aux années 40 – qui se met chaque fois dans le pétrin afin d’obtenir un scoop, sauf dans le dernier cartoon dans lequel elle n’apparaît pas. Il devra aussi stopper un train rempli d’or qui s’est emballé, arrêter une éruption volcanique, un tremblement de terre, des braqueurs, des machines infernales, un monstre venu de l’Arctique, un télescope magnétique et même une momie ! Autant dire que le surhomme de Krypton, défenseur de la veuve et de l’orphelin, n’a pas chômé dès sa première adaptation !

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Le symbole de la puissante Amérique

Le dernier épisode est différent des autres par son animation, plus « réaliste », par l’absence de Lois Lane et par son ton « film noir » (où Hitler et sa moustache font même une apparition) quand Clark Kent se prend pour un véritable espion avant de prendre son dernier envol, tout en prenant le soin de saluer le drapeau américain flottant au vent. Superman est devenu un véhicule de propagande. Aujourd’hui, les cartoons vintage de Superman n’ont rien perdu de leur saveur et demeurent une réjouissante curiosité, bien dessinée, pleine d’action et de charme, qui titille la fibre nostalgique des fans dès le prologue et la musique devenus cultes.

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LE DVD

Le test du DVD édité par Elephant Films a été réalisé à partir d’un check-disc, sans packaging, que nous ne pouvons donc pas détailler. De plus, Elephant n’a pas pu mettre la main sur un quelconque supplément pour célébrer le 75e anniversaire de la série. Le menu principal est animé et musical, tandis qu’un carton indique que quatre épisodes n’ont jamais bénéficié de doublage français.

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L’image et le son

Les épisodes de ce Superman vintage ont été restaurés en Haute-Définition et sont issus de nouvelles sources respectant le format original 1.33. Le Technicolor n’est certes pas flamboyant, mais les couleurs retrouvent néanmoins une nouvelle fraîcheur sur la plupart des épisodes. La stabilité est de mise, la qualité visuelle au rendez-vous et les partis pris esthétiques sont respectés sans lissage excessif du grain. Les contrastes sont plaisants, même si quelques épisodes font apparaître plus de scories, rayures verticales, points et autres résidus. Le style crayonné spécifique à l’époque est superbement retranscrit et la compression solide. Pour information, la série Superman des Studios Fleischer est tombée récemment dans le domaine public. Les Studios Warner qui disposaient des pellicules originales sont à l’origine de la restauration de la série dont on pouvait jusqu’alors retrouver les épisodes disséminés à travers le coffret Blu-ray dédié à la saga cinématographique de l’Homme d’acier.

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En version originale, les voix nasillardes saturent, mais les dialogues demeurent intelligibles. La piste française apparaît étonnamment plus claire, mais il semble que le doublage ait été effectué plus récemment. La musique tient également une grande place dans les épisodes et l’accompagnement sonore se révèle aléatoire. Certaines séquences s’avèrent plus couvertes, d’autres plus grinçantes, et l’ensemble a souvent du mal à trouver un juste équilibre. On déplorera un petit manque d’ardeur dans les premières aventures et une prédominance des aigus qui irritent quelque peu les tympans. Les épisodes 2, 8, 11 et 17 n’ont jamais bénéficié de doublage et sont donc proposés uniquement en version originale sous-titrée en français. Les deux pistes sont disponibles en Dolby Digital 2.0.

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Crédits images : © Elephant Films

Critique et Chronique du Blu-ray / L’Homme qui venait d’ailleurs, réalisé par Nicolas Roeg

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Réalisation : Nicolas Roeg
Acteurs : David Bowie, Rip Torn, Candy Clark, Buck Henry, Bernie Casey, Jackson D. Kane
Scénario : Paul Mayersberg d’après le roman de Walter Tevis
Musique : John Phillips, Stomu Yamashta

Blu-ray disponible chez Potemkine Films le 9 juin 2016.

LE FILM

Thomas Jérôme Newton semble avoir survécu à un crash aérien au Nouveau Mexique. Il se dit britannique et apporte avec lui 9 brevets scientifiques révolutionnaires. Propulsé à la tête d’un empire financier colossal, il manifeste très vite un comportement étrange qui trahira ses véritables origines.

David Bowie, un alien de la musique…et au cinéma

En 1975, David Bowie arrive dans sa période soul/funk. Accro à la cocaïne, il sombre dans la paranoïa et les délires mystiques. Incapable de contrôler son image publique, il change à nouveau de « peau » pour se diriger vers un autre courant musical. C’est dans ces conditions que la rockstar tourne L’Homme qui venait d’ailleurs (The Man Who Fell to Earth), réalisé par Nicolas Roeg en 1975. Le cinéaste de Ne vous retournez pas et de Walkabout va alors contribuer au mythe de David Bowie en se servant de son aura, de son physique, de sa présence, et l’imprimer sur pellicule pour ce qui s’avère être son film le plus étrange. Bowie y incarne un alien échoué sur Terre afin de trouver de l’eau pour lutter contre la sécheresse qui dévaste sa planète. Il y a laissé sa femme et ses enfants, qui apparaissent sous forme de rêves et de flash-backs. Ayant pris forme humaine et sous l’identité du brinnatique Thomas Jérôme Newton, il parvient à bâtir un empire industriel en déposant neuf brevets scientifiques révolutionnaires, notamment dans le domaine des films à développement instantané. Cette maîtrise de technologies futuristes et les secrets autour de son identité attirent la curiosité de personnes mal intentionnées. Devenu milliardaire, il fait construire un vaisseau spatial par une de ses sociétés, afin de pouvoir regagner sa planète. Il rencontre alors Mary-Lou, qui vient alors bouleverser l’ordre des choses.

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Un conte philosophique de science-fiction

Les questions existentielles, les rapports entre l’homme et la femme, de l’homme à la nature (ici une catastrophe écologique qui ravage une autre planète) sont cette fois encore au centre du quatrième long métrage de Nicolas Roeg, même s’il s’agit ici d’un récit de science-fiction. Les chanteurs ont toujours inspiré le réalisateur. Après Mick Jagger dans Performance (co-réalisé avec Donald Cammell) en 1970 et avant Art Garfunkel dans Enquête sur une passion en 1980, c’est donc au tour de David Bowie d’être dirigé par Nicolas Roeg, dans son premier vrai rôle au cinéma. Enfin dirigé est un bien grand mot tant la rockstar a semble t-il envoûté le réalisateur qui se contente essentiellement de le filmer sous tous les angles. Comme s’il cherchait lui-même à percer le mystère qui entourait alors cet être hors-du-commun. Film singulier, qui ne ressemble à aucun autre, qui déconcerte, agace, ennuie, subjugue et hypnotise par son récit éclaté, L’Homme qui venait d’ailleurs, librement adapté du roman L’Homme tombé du ciel de l’écrivain américain Walter Stone Tevis publié en 1963, est un pur film de Nicolas Roeg. Un kaléidoscope d’images, de séquences qui s’opposent et qui se répondent à la fois, une expérience sensorielle, qui ne livrera jamais toutes ses clés même au fil de nombreux visionnages. Le charisme androgyne unique de David Bowie est immense. Ce rôle lui va évidemment comme un gant, d’autant plus que son personnage finit par devenir une rock-star en sortant un album sous le nom de The Visitor à la fin du film. Un album réalisé dans l’espoir que la femme qu’il aime et qui l’attend, puisse l’entendre à la radio. Un vecteur de communication, comme Bowie lui-même avec ses fans à travers le monde.

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La légende Bowie

Roeg s’amuse à jouer avec les frontières entre Bowie et son personnage, et participe donc à sa légende. A la mort de l’artiste en 2016, une grande partie de la presse a titré « Mort de l’Homme qui venait d’ailleurs ». La boucle est bouclée. Enfin presque, puisque le film a connu une suite au théâtre, imaginée par David Bowie himself. La comédie musicale Lazarus s’est jouée à Broadway fin 2015 avec l’excellent Michael C. Hall dans le rôle principal, quelques jours seulement avant la disparition de Bowie en janvier 2016.

En plus d’être un film de science-fiction important des années 70, L’Homme qui venait d’ailleurs a largement contribué au mythe David Bowie. Quasiment de tous les plans, ce dernier semble traverser le film en lévitation avec son charisme extraordinaire imprimé pour toujours par l’immense réalisateur Nicolas Roeg.

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LE BLU-RAY

Le visuel concocté par Potemkine pour la sortie de L’Homme qui venait d’ailleurs en Haute-Définition est très beau et reprend celui du DVD édité en 2015 par le même éditeur. Il en est de même pour le menu principal, animé et musical. La version intégrale Director’s cut du film (139′) est proposée ici, les séquences érotiques coupées pour son exploitation ayant été réintégrées.

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Peu de bonus à se mettre sous la dent !

Jusqu’à présent en France, L’Homme qui venait d’ailleurs bénéficiait d’une édition collector en DVD, disponible uniquement en occasion maintenant et souvent à plus de 100 euros ! Cette édition deux DVD disposait des deux versions du film, d’un documentaire Watching the Alien (24′) et un autre intitulé Songes d’une nuit d’un E.T. (16′), ainsi que d’une galerie photos, une plaquette publicitaire et le script dialogué.

Le seul supplément disponible sur ce Blu-ray Potemkine est un entretien croisé (25′) avec Jean-Marc Lalanne, rédacteur en chef des Inrockuptibles, et Linda Lorin, animatrice à Radio Nova. Les deux intervenants replacent tout d’abord L’Homme qui venait d’ailleurs dans la carrière de David Bowie, en insistant particulièrement sur son look. N’attendez pas une analyse du film, mais plutôt un portrait du David Bowie comédien, de L’Homme qui venait d’ailleurs à Furyo, en passant par Le Prestige, Les Prédateurs, La Dernière tentation du Christ et Twin Peaks: Fire Walk with Me.

L’Image et le son

Potemkine livre un très beau master HD restauré qui permet de redécouvrir le film de Nicolas Roeg sous toutes ses coutures. Les splendides partis pris esthétiques du directeur de la photographie Anthony B. Richmond (One + One, Ne vous retournez pas, The Indian Runner) trouvent en Blu-ray (1080p) un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret (exit les poussières, scories, griffures et tâches en tous genres), la photo est savamment restituée, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est probant. Le magnifique cadre large est conservé, la profondeur de champ fort appréciable et seuls quelques plans flous, mouvements de caméra entraînant quelques pertes de la définition et des visages légèrement rosés empêchent d’attribuer la note maximale. Néanmoins, l’encodage AVC demeure solide, la gestion des noirs impeccable, la propreté exceptionnelle et le niveau de détails impressionnant. L’Homme qui venait d’ailleurs qui affiche déjà quarante ans au compteur peut se targuer d’un lifting de premier ordre et d’un transfert d’une folle élégance.

L’encodage DTS-HD Master Audio Stéréo anglais, seule piste disponible sur cette édition, donne un nouveau coffre à la bande originale. Les voix sont claires, les ambiances annexes dynamiques et le confort acoustique largement assuré. Ce mixage est propre et aucun souffle n’est constaté. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

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Crédits images : Potemkine Films