GENEALOGIES D’UN CRIMEréalisé par Raoul Ruiz,disponible en combo Blu-ray+DVD le 15 novembre 2016 chez Blaq Out
Acteurs : Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Melvil Poupaud, Andrzej Seweryn, Bernadette Lafont, Mathieu Amalric…
Scénario : Pascal Bonitzer, Raoul Ruiz
Photographie : Stefan Ivanov
Musique : Jorge Arriagada
Durée : 1h57
Date de sortie initiale: 1997
LE FILM
Jeanne, une analyste freudienne, croit voir dans son neveu, âgé de cinq ans, des tendances homicides. Or elle sait que – selon un mot de Freud – à l’âge de cinq ans « tout est joué » pour tout individu. Elle décide donc d’étudier l’évolution inexorable de ses penchants criminels, jusqu’au moment où il commet le crime tant attendu : il tue sa tante, seule personne à connaître ses penchants. Le jeune criminel, René, est défendu par Solange, une avocate qui cherchera à démonter les mécanismes du jeu subtil auquel se sont livrés la victime et le futur criminel, pendant plus de dix ans. Peu à peu, le jeune homme commence à voir dans l’avocate, sa tante morte. Et l’avocate voit dans le jeune homme, son propre fils, mort dans un accident. Voilà donc que le fantôme de Jeanne, la victime, s’incarne dans Solange, l’avocate, pour ainsi peut-être donner une nouvelle chance au jeune criminel.
Généalogies d’un crime de Raoul Ruiz (1941-2011) n’est pas du cinéma mais LE Cinéma, libre, inventif, rafraîchissant. Véritable jeu de pistes, mais aussi jeu de reflets, de mots, d’ombres, de miroirs sans tain et teinté de peinture, jouant avec virtuosité avec la caméra (sans cesse en mouvement), les récits et époques (d’où le pluriel du titre) entrelacées de manière vertigineuse, nous sommes bien devant une œuvre, un chef d’oeuvre du réalisateur franco-chilien et conteur baroque par excellence. Impossible de résumer Généalogies d’un crime tant le film regorge de tiroirs, de fantasmes, de non-dits, de mensonges, de points de vue, parfois tout cela pendant une même séquence.
Magnifiquement mise en scène, photographiée par Stefan Ivanov et bercée par la splendide composition de Jorge Arriagada (Les Femmes du 6e étage), cette histoire renversante s’amuse avec les spectateurs en lui faisant croire que ce qu’il voit est réel ou inventé au cours du récit. Dès la première séquence introduite par la citation de Saint-Just « Rien ne ressemble à la vertu comme un grand crime », le cinéaste happe l’attention du spectateur et ne le relâchera pas une seconde pendant près de deux heures, en démontrant que l’histoire – ici inspirée par la véritable affaire Hermine Von Hug-Hellmuth – n’est finalement qu’un éternel recommencement et que les êtres humains ne sont que des pantins manipulés par une force qui les domine.
Après La Vocation suspendue (1977) et Trois vies et une seule mort (1995), Pascal Bonitzer et Raoul Ruiz collaborent à nouveau pour offrir un formidable et jubilatoire drame-policier bourré d’humour, un film inclassable qui jongle constamment avec les genres et qui offre à tous ses magnifiques comédiens, Catherine Deneuve (blonde et rousse, sublime), Melvil Poupaud, Michel Piccoli (magistral), Bernadette Lafont, Mathieu Amalric et même Patrick Modiano dans une courte apparition, l’occasion de briller et surtout de s’amuser au jeu du chat et de la souris, dont les rôles ne font que s’inverser sans cesse, à travers une intrigue de plus en plus hermétique qui n’est pas sans rappeler l’univers de Raymond Chandler.
Certes, Généalogies d’un crime peut laisser (et lasser) quelques spectateurs en cours de route avec son ton dispersé et unique et qui n’appartient qu’à son auteur, mais ceux qui voudront bien se laisser emporter par ce brillant exercice de style, à la fois intellectuel, psychologique, littéraire et populaire, ne le regretteront pas, surtout que le twist final s’avère remarquable et l’on demeure ravi de s’être fait manipuler et surtout d’avoir joué. Réalisé entre Trois vies et une seule mort (1995) et Le Temps retrouvé (1998) d’après Marcel Proust, Généalogies d’un crime a obtenu l’Ours d’argent au Festival de Berlin en 1997.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de Généalogies d’un crime, disponible chez Blaq Out, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, fixe et musical.
Seul supplément disponible sur cette édition Blu-ray, l’interview de Raoul Ruiz (25’), réalisée par Philippe Piazzo en juin 2009. A l’instar de ses films, le réalisateur entrecroise les sujets, parle de la magie, de l’art de s’échapper, de littérature, de l’évolution du cinéma, du numérique, de son style, de ses « collections d’apocalypses », de faits à accomplir. Il n’est pas interdit de se perdre au fil de cette interview, illustrée par des extraits tirés de plusieurs de ses films. C’est non seulement conseillé, mais également inévitable.
L’Image et le Son
Généalogies d’un crime est disponible en Haute-Définition, dans un master restauré à 2K par l’incontournable Immagine Ritrovata de la Cinémathèque de Bologne. La propreté de l’image de ce Blu-ray (1080p, AVC) flatte les mirettes, d’autant plus que les couleurs retrouvent une belle vivacité, notamment les bleus, quasiment omniprésents. En dehors de divers plans plus ternes, le relief est palpable, y compris sur les plans en intérieur, tout comme le piqué, vif et acéré. Les noirs sont denses, les contrastes solides, et les superbes partis pris de la photo du chef opérateur Stefan Ivanov trouvent ici l’écrin idéal avec le grain respecté.
Que ce soit en DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0, le confort acoustique est indéniable. La musique est doucement spatialisée, les dialogues bien installés sur la centrale et les effets riches sur les frontales à l’instar de la pluie en ouverture. Si la Stéréo est évidemment plus « plate », elle s’avère tout aussi dynamique. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.
Copyright Blaq Out / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
THE CREATION OF THE HUMANOIDSréalisé par Wesley Barry,disponible en coffret DVD Prestige « La Guerre des Robots » le 6décembre2016 chez Artus Films
Acteurs : Don Megowan, Erica Elliott, Frances McCann, Don Doolittle, David Cross, Richard Vath, Reid Hammond, Malcolm Smith…
Scénario : Jay Simms
Photographie : Hal Mohr
Musique : Edward J. Kay
Durée : 1h15
Date de sortie initiale: 1962
LE FILM
Dans un monde post-apocalyptique, des robots aident la race humaine mourante en leur donnant des corps androïdes.
Après plusieurs explosions nucléaires, une voix-off bercée par les notes dissonantes d’un thérémine annonce « Cela s’est produit. La Guerre atomique ». Elle fut très brève et ne dura que 48 heures. En deux semaines, 92 % de la population a disparu, victimes des bombardements et des radiations. Les rescapés se sont lancés dans l’automatisation robotique afin de reconstruire les villes et pour garder un niveau de vie élevé. L’intelligence artificielle a connu un bond en avant, au point que les humanoïdes furent créés. Mais devant cette avancée inattendue, les hommes deviennent hostiles à ces robots ultra-perfectionnés et anthropomorphes, qu’ils traitent avec mépris et qu’ils appellent les « cliqueurs ». Ces robots-humanoïdes au visage bleuté à la Fantômas, au crâne dégarni à la Dr Evil et aux yeux métalliques – maquillages conçus par l’immense Jack Pierce (Frankenstein, Dracula) – sont contrôlés par le Comité de Surveillance de l’Ordre de Chair et de Sang, afin qu’ils demeurent à leur « place ». Malgré les contrôles quotidiens, les robots-humanoïdes préparent l’extermination progressive des êtres humains, en les remplaçant par leurs répliques mécaniques. Et si certains individus ignoraient qu’ils étaient eux-mêmes des humanoïdes ?
Etrange film que ce The Creation of the Humanoids, réalisé par Wesley Barry (1907-1994) en 1962, qui aura commencé sa carrière en tant qu’acteur, puis qui passera occasionnellement derrière la caméra, mais qui sera principalement assistant-réalisateur jusqu’aux années 1970. D’après un scénario de Jay Simms, auteur du sympathique The Giant Gila Monster de Ray Kellogg (1959) et de Panique année zéro de et avec Ray Milland (1962), ce film de SF vintage interroge sur les rapports de l’homme avec la machine. Bien sous tous rapports et ayant pour seul objectif de protéger l’Homme contre ce qui le menace, les robots vont s’affranchir de leur devise Servir, obéir et protéger l’homme de tout danger, même si finalement ils en viendront à vouloir protéger l’homme contre lui-même en programmant leur extinction. Si le fond est souvent passionnant, The Creation of the Humanoids est aussi et surtout un film très pesant et qui ennuie souvent en raison de dialogues interminables et trop explicatifs.
Au-delà des décors fauchés et des costumes futuristes qui rappellent les pyjamas de Star Trek et de Cosmos 99, l’intrigue est très théâtrale, comme si elle était composée de plusieurs actes figés, quasiment dans des décors uniques et confinés. Ainsi on passe de la séquence dans le repaire des robots à celle du laboratoire, puis à celle de la conférence, de l’appartement puis à nouveau dans le repaire pour la révélation finale. Certains échanges interpellent, mais ces éléments sont à glaner dans d’interminables logorrhées qui mettent souvent la patience du spectateur à rude épreuve, surtout qu’aucune scène d’action (à part une complètement ratée) ne vient le secouer de temps en temps. De plus, le maquillage des comédiens en robots peut faire sourire tout du long et contraste avec le sérieux de l’entreprise. Car The Creation of the Humanoids a laissé tout humour de côté pour un ton premier degré, afin de sensibiliser l’audience sur ce sujet, quasi-révolutionnaire et novateur pour l’époque.
Mais la mise en scène demeure figée, tout comme le jeu des comédiens, qui ont l’air d’avoir été placés sur un balai et qui récitent leur texte sans y croire, en particulier Don Megowan (Capt. Kenneth Cragis), dont le visage inexpressif peut à la fois paraître risible et également servir son personnage, dont la nature est révélée dans les cinq dernières minutes. The Creation of the Humanoids n’est pas déplaisant en soi, c’est juste que cette petite série B d’exploitation aux couleurs psychédéliques (que l’on doit au chef opérateur oscarisé Hal Mohr), n’a rien de réellement divertissant. En revanche, ce film se révèle être un traité ambitieux, ambigu et pessimiste sur la nature humaine. Intéressant malgré ses nombreux défauts.
LE DVD
The Creation of the Humanoids, est pour le moment uniquement disponible dans le coffret DVD La Guerre des Robots disponible chez Artus Films. Sont également disponibles dans ce coffret, Objectif Terre (Target Earth) de Sherman A. Rose (1954), Le Maître du monde – Tobor the Great de Lee Sholem (1954) déjà chroniqués dans nos colonnes, et Cyborg 2087 de Franklin Adreon (1966), qui sera testé prochainement.
Un premier menu (fixe et muet) nous propose de sélectionner le film à visionner, ici Le Maître du monde – Tobor the Great ou Creation of the Humanoids. Puis un menu principal fixe et musical nous accueille. En guise d’interactivité, nous trouvons la bande-annonce originale, ainsi qu’un diaporama d’affiches et de photos d’exploitation. Le superbe Digipack – qui comblera les cinéphiles pour Noël – renferme les deux galettes, ainsi qu’un livret de douze pages Alerte aux robots – Le Robot au coeur de l’Age d’or de la SF cinématographique américaine (par Pr Brave Ghoul) et quatre reproductions de lobby cards reprenant les affiches des quatre films disponibles dans ce coffret.
L’Image et le son
Cela commence assez mal avec des tâches et des points partout, une image qui tremble, un grain hasardeux, un manque de netteté qui fait venir les larmes aux yeux, des couleurs ternes et de multiples effets de pompage. Heureusement, le master s’arrange peu après et parvient à trouver un équilibre convenable. Les teintes baves très légèrement, le piqué est doux et la propreté est plus évidente. La gestion des contrastes s’avère plus ferme, tout comme la gestion de la patine argentique.
Seule la version anglaise est disponible avec des sous-titres français non verrouillés. Les craquements, chuintements et le souffle sont plutôt rares. Les dialogues s’avèrent aérés, propres et fluides, tout comme la musique électronique réalisée au thérémine.
TCHAO PANTINréalisé par Claude Berri,disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7décembre2016 chez Pathé
Acteurs : Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral, Philippe Léotard, Mahmoud Zemmouri, Ahmed Ben Ismaël…
Scénario : Claude Berri et Alain Page, d’après le roman d’Alain Page Tchao Pantin
Photographie : Bruno Nuytten
Musique : Charlélie Couture
Durée : 1h40
Date de sortie initiale: 1983
LE FILM
Lambert, le regard fatigué et l’oeil rougi par l’alcool, traine sa solitude dans un garage parisien. Il est pompiste de nuit. Bensoussan, jeune dealer, fuit la police et se réfugie dans la station. Ils deviennent amis. Un jour, Bensoussan est assassiné…
Tchao Pantin est un film culte. Pourtant, qui aurait pu parier sur le succès, voire le triomphe de l’oeuvre de Claude Berri réalisée en 1983 ? En 1970, le producteur-réalisateur avait offert à Coluche, alors inconnu du grand public, son premier rôle au cinéma dans Le Pistonné. Les deux hommes se retrouveront onze ans plus tard pour Le Maître d’école, grand succès de l’année 1981 avec 3 millions d’entrées. Au début des années 1980, Coluche est au sommet du box-office et vient d’enchaîner les triomphes commerciaux avec Inspecteur la bavure, Deux heures moins le quart avant J.C., Banzaï et La Femme de mon pote, tous produits par Claude Berri. En revanche, la vie personnelle du comédien part à vau-l’eau. Sa femme vient de le quitter en emmenant les enfants, son meilleur ami Patrick Dewaere met fin à ses jours en juillet 1982 en utilisant l’arme que Coluche lui avait offert et les dettes s’accumulent. Il se perd dans la drogue.
C’est alors que Christian Spillemaecker, secrétaire particulier et ami de Coluche, découvre le roman Tchao Pantin d’Alain Page. Alors que Claude Berri est sur le point de prendre l’avion pour rejoindre le tournage de L’Africain de Philippe de Broca dont il est le producteur, Spillemaecker lui conseille de découvrir ce livre en imaginant Coluche dans le rôle principal pour une possible adaptation. Claude Berri a le coup de foudre et décide de transposer lui-même ce roman dont il achète les droits pour le cinéma. Le tournage est prévu pour l’été 1983, en décors naturels dans le XVIIIe arrondissement. Halluciné par la transformation physique et la performance de Coluche devant sa propre caméra, Claude Berri parvient à faire avancer la sortie du film à décembre 1983, persuadé que le comédien obtiendra le César du meilleur acteur. Effectivement, Coluche obtiendra la compression lors de la cérémonie en mars 1984.
Il faut dire qu’il est exceptionnel dans la peau de Lambert, le pompiste alcoolique aux yeux tombants qui trompe son ennui la nuit en enchaînant les verres d’alcool. Le comédien incarne ce personnage avec une vérité époustouflante. Une nuit pluvieuse, Youseff Bensoussan (Richard Anconina), qui semble suivi par une voiture de police, parvient à s’abriter dans la station-service de Lambert. Il prétend vouloir remplacer la bougie de sa mobylette, mais Lambert n’est pas dupe. Ils engagent la conversation. Le jeune homme juif-arabe lui tient compagnie jusqu’à l’aube et les deux prennent un café. Lambert, homme solitaire, s’attache très vite à Bensoussan. Mais le jeune homme est en réalité plongé dans un trafic de drogue. Il deale la nuit pour le compte du propriétaire d’un bar du quartier de Belleville. Après s’être fait voler sa marchandise, Bensoussan est poursuivi par deux motards et assassiné dans la station-service de Lambert, devant ses yeux. On apprend que ce dernier est un ancien inspecteur de police, qui suite au décès de son fils à la suite d’une overdose, a sombré dans la dépression après que sa femme l’ait quitté. Lambert, qui voyait en Bensoussan comme un fils de substitution, décide de mener son enquête afin de retrouver les commanditaires de son assassinat.
Il rencontre Lola (Agnès Soral, superbe), une jeune punk dont Bensoussan était amoureux. Elle assiste à un règlement de comptes durant lequel Lambert tue un des responsables de la mort de Bensoussan. Si Lola représente une lueur d’espoir dans ce qui lui reste de vie, et si un officier de police (Philippe Léotard) suspecte le pompiste de vouloir mettre son nez là où il ne devrait pas, Lambert est bien décidé à aller jusqu’au bout de sa vengeance, même s’il doit y laisser la vie.
Chef d’oeuvre absolu de noirceur et de mélancolie, filmé près du métro aérien dans le quartier crasseux et glauque de la Chapelle à Paris (avant sa rénovation et sa réhabilitation), Tchao Pantin fascine toujours autant plus de trente ans après sa sortie. Epaulé par la photo – césarisée – du chef opérateur Bruno Nuytten, qui donne un aspect spectral à la station-service (éclairée aux néons froids) et la composition aussi marquante qu’inquiétante de Charlélie Couture (dont la chanson Les nuits sont trop longues), Claude Berri signe un de ses plus beaux films. Magistralement réalisé, Tchao Pantin doit également sa réussite à son ton parfois très réaliste qui fait froid dans le dos. Le personnage de Lambert collera tellement à la peau de Coluche, que le comédien gardera son costume tout du long, même en dehors du tournage. Une façon pour lui d’exorciser tout ce qui n’allait pas dans sa vie. De son côté, Richard Anconina trouve également un de ses rôles les plus marquants, pour lequel il sera récompensé par deux César, le premier pour le meilleur espoir masculin, le deuxième pour le meilleur second rôle. Tchao Pantin est un triomphe et attire plus de 3,8 millions de spectateurs en décembre 1983.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Tchao Pantin a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé sur un montage de séquences tirées du film.
Près de deux heures de suppléments sont proposées, principalement repris de l’édition DVD Prestige sortie en 2006, même s’il manque l’interview de Coluche par France Roche !
Le principal bonus est le documentaire rétrospectif Il était une fois Tchao Pantin (51’), réalisé par Fabrice Ferrari et conçu par Serge July en 2003, composé d’entretiens de Christian Spillemaecker (producteur associé), Claude Berri (réalisateur et scénariste), Alain Page (romancier et dialoguiste), Fred Romano (compagne de Coluche), Paul Lederman (impresario-producteur qui a lancé Coluche), Didier Lavergne (maquilleur), Richard Anconina (« Bensoussan »), Mahmoud Zemmouri (« Rachid »), Agnès Soral (« Lola »), Bruno Nuytten (directeur de la photographie), Patrick Bordier (régisseur), Jacques Attali (conseiller politique) et Pierre Benichou (journaliste). A noter que le documentaire, jusqu’alors scindé en plusieurs modules sur le DVD Collector et en version tronquée, est ici présenté dans sa version intégrale.
Malgré quelques légères digressions (sur la présentation de Coluche à l’élection présidentielle de 1981), vous y découvrirez tout ce qu’il faut savoir sur la genèse de Tchao Pantin, l’adaptation du roman d’Alain Page, le pari de confier le rôle principal à Coluche (qui traversait l’une des pires périodes de sa vie et sous l’emprise de la drogue), la préparation des comédiens (Agnès Soral qui a vécu avec des punks dans quelques squats), les partis pris esthétiques (la station-service éclairée aux néons), les conditions de tournage la nuit, durant deux mois, au milieu de véritables trafiquants de drogue et en décors naturels. Au-delà de l’aspect informatif, on apprécie le portrait de l’homme complexe qu’était Coluche, dressé au fil de ce documentaire.
L’interview croisée de Richard Anconina et d’Agnès Soral (2003-29’) reprend peu ou prou les mêmes souvenirs de tournage racontés dans le documentaire précédent. Même s’ils sont assis l’un à côté de l’autre, les deux comédiens n’apparaissent étrangement jamais ensemble à l’écran. Agnès Soral revient sur la façon dont Claude Berri l’a engagée et lui a demandé de se préparer pour son personnage, tandis que Richard Anconina, explique comment il a obtenu le rôle grâce à son ami Coluche, qui lui a conseillé de mentir sur son âge et de dire qu’il avait 22 ans (alors qu’il en avait 31). Les deux comédiens évoquent également le travail avec Coluche et Claude Berri, le triomphe du film, celui aux César et l’après-Tchao Pantin.
A l’instar de l’entretien précédent, l’éditeur reprend également celui de Claude Berri (10’) réalisé en 2003. Les propos tenus ici sont une fois de plus redondants avec ce qui a pu être entendu dans le film de Serge July ou lors de l’interview des deux acteurs. Une fois de plus, ce bonus revient sur l’adaptation du livre d’Alain Page, les personnages, le choix de Coluche pour incarner Lambert, les partis pris de la photo de Bruno Nuytten, la musique de Charlélie Couture. Seul argument inédit, Claude Berri évoque un remake qu’aurait dû réaliser et interpréter Al Pacino.
Seul élément inédit, l’interview de Xavier Castano (18′), réalisée par Jérôme Wybon. L’assistant-réalisateur donne beaucoup d’éléments nouveaux sur le tournage de Tchao Pantin. Notre interlocuteur revient notamment sur une des premières fois où le film a été abordé avec Coluche (qui avait déjà trouvé la tête de son personnage), ainsi que sur la situation personnelle du comédien (« à un carrefour de sa vie ») et sur ce qui a pu le motiver pour se lancer dans ce projet après le tournage difficile de La Femme de mon pote et surtout la mort de Patrick Dewaere son meilleur ami. Quelques images de tournage inédites viennent illustrer cet excellent entretien, qui indique aussi comment se déroulaient les prises de vue, les partis pris de la photo de Bruno Nuytten et le fait que Claude Berri lui-même ne croyait pas au succès du film en raison de sa noirceur et du contre-emploi de Coluche.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale (qui insiste sur la performance dramatique de Coluche et que l’on compare à Raimu, Fernandel et Bourvil), ainsi que sur le célèbre extrait (raccourci malheureusement) de la cérémonie des Césars en 1984 (3’).
L’Image et le son
Tchao Pantin rejoint le plan de restauration du catalogue Pathé. La copie en 4K du film de Claude Berri est livrée dans un écrin Blu-ray au format 1080p. La photo signée par le grand chef opérateur Bruno Nuytten, qui a d’ailleurs supervisé la restauration en 2014 par les laboratoires Eclair, est ici respectée avec des couleurs très froides (aux teintes bleutées), volontairement délavées et une patine argentique très appréciable. L’image (1.66, 16/9 compatible 4/3) a été savamment nettoyée, la copie est vraiment très propre, l’ensemble est stable, le cadre ne manque pas de détails. Le piqué doux demeure agréable pour les mirettes, les contrastes sont élégants, bien que Tchao Pantin se déroule essentiellement de nuit et que certaines séquences s’avèrent très sombres. Si les noirs manquent légèrement de concision et tirent également sur le bleu, l’édition HD de Tchao Pantin demeure très soignée.
L’éditeur propose un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Comme pour l’image, le son a également subi un dépoussiérage par L.E. Diapason. La piste est propre, mais les dialogues sont parfois sensiblement étouffés, pour ne pas dire plats. Toutefois, l’écoute reste supérieure à celle des anciennes diffusions télévisées, certains effets se distinguent (la pluie au début du film) et la musique de Charlélie Couture possède même un coffre inédit. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles. Nous trouvons également une piste Audiovision.
Le Maître du monde(Tobor the Great) réalisé par Lee Sholem,disponible en coffret DVD Prestige « La Guerre des Robots » le 6décembre2016 chez Artus Films
Acteurs : Charles Drake, Karin Booth, Billy Chapin, Taylor Holmes, Steven Geray, Henry Kulky, Franz Roehn, Hal Baylor…
Scénario : Philip MacDonald
Photographie : John L. Russell
Musique : Howard Jackson
Durée : 1h14
Date de sortie initiale: 1954
LE FILM
A l’ère de la conquête spatiale, le Dr. Ralph Harrison, en charge d’un projet de mission spatiale, démissionne de la Commission Interplanétaire Fédérale Civile, en refusant que des humains soient utilisés comme pilotes-cobayes, lors des tests de prototypes de fusées. Il est contacté par le Professeur Arnold Nordstrom qui lui propose de travailler avec lui sur Tobor, un robot destiné à aller dans l’espace. Un espion s’introduit dans la conférence de presse visant à présenter Tobor aux reporters. Après une tentative infructueuse de voler les plans de conception de Tobor, l’espion et ses complices enlèvent Nordstrom et son petit-fils. Tobor pourra-t-il les tirer de cette fâcheuse posture ?
« C’est une histoire du futur, mais un futur proche » nous indique la géniale (et sérieuse) exposition de Tobor the Great, connu chez nous sous le titre Le Maître du monde – on se demande d’ailleurs pourquoi, y compris l’affiche qui ne représente en rien le film – ou bien encore Tobor le Grand en Belgique. Réalisé en 1954 par Lee Sholem (1913-2000), metteur en scène de Tarzan et la fontaine magique (1949) et Tarzan et la belle esclave (1950) avec Lex Barker dans le rôle-titre, sans oublier Superman et les nains de l’enfer (1951) avec George Reeves, Le Maître du monde explique d’emblée au spectateur que la course à l’espace est devenue l’une des priorités de toutes les nations du monde. A cette occasion, le gouvernement américain a créé la Commission Civile des Voyages Interplanétaires, dont les essais sont financés par le Congrès.
Une explosion atomique nous rappelle que la Seconde Guerre mondiale est encore dans les mémoires et que les avancées scientifiques, techniques et technologiques ont connu un bond en avant sans précédent. Les recherches concernent les nouveaux matériaux fissiles, les alliages non fissiles et surtout les navigations spatiales, l’astrophysique et l’aérodynamique. Mais alors qu’en est-il du facteur humain ? C’est là qu’intervient le Dr. Ralph Harrison (Charles Drake), qui rejette tous les tests effectués sur les pilotes destinés à envoyer un homme dans l’espace en raison de tous les risques que cela comporte. A la suite d’un énième test d’un pilote harnaché dans une centrifugeuse, il démissionne. Harrison est alors soutenu dans ses positions par l’éminent Professeur Arnold Nordstrom (Taylor Holmes) qui souhaite alors l’engager pour travailler à ses côtés sur un projet révolutionnaire. Dans son atelier bourré de gadgets, Nordstrom a mis au point un robot doté d’une intelligence artificielle et de la capacité à ressentir les émotions (amour, amitié, hostilité), qu’il a baptisé Tobor (comprenez Robot écrit à l’envers). Ce robot sera destiné à prendre la place des pilotes humains dans les fusées envoyées dans l’espace.
Nordstrom vit avec sa fille Janice (Karin Booth) et son petit-fils Gadge (Billy Chapin), le père de ce dernier étant décédé durant la guerre de Corée. Gadge est un enfant surdoué, passionné par la science et les travaux de son grand-père. Après avoir finalisé leur robot, Nordstrom et Harrison décident de présenter à la presse le fruit de leurs recherches. Mais Tobor attire bien vite les convoitises et quelques espions, probablement russes, décident de s’en emparer.
Le Maître du monde – Tobor the Great est le prototype même de la série B SF vintage que les cinéphiles chérissent tout particulièrement. Le charme désuet de ce petit film repose sur un scénario malin écrit par le solide Philip MacDonald (La Patrouille perdue de John Ford, La Fiancée de Frankenstein de James Whale, Rebecca d’Alfred Hitchcock, Le Récupérateur de cadavres de Robert Wise) qui compile les éléments fantastiques alors à la mode : conquête spatiale, nouvelles technologies, fascination des robots et de l’intelligence artificielle. Certes, le spectateur d’aujourd’hui devra accepter certains éléments bien naïfs, mais Le Maître du monde – Tobor the Great n’a absolument rien perdu de son pouvoir divertissant, malgré son budget visiblement modeste (d’où l’usage de stock-shots), et demeure l’un des premiers films du genre à montrer l’amitié entre un enfant et un robot qui tape à la machine à écrire et qui s’entraîne à piloter sur ce qui s’apparente à un jeu d’arcade ! Les comédiens Charles Drake (Harvey, Le Météore de la nuit), Karin Booth (La Danse inachevée), le jeune Billy Chapin (La Nuit du chasseur) et Taylor Holmes (Les Hommes préfèrent les blondes) sont tous très attachants et nous font croire à cette histoire déjà marquée par l’espionnage industriel.
Le spectacle s’adresse tout aussi bien aux enfants, qui se reconnaîtront dans le personnage de Gadge qui devient « ami » avec le robot (ou un simulacre d’homme électronique comme le préfère l’inventeur), qu’aux adultes cinéphiles adeptes de SF. Ces derniers ne manqueront pas de dresser un parallèle entre la présentation de Tobor à la presse, avec la séquence de RoboCop de Paul Verhoeven, lors de la première mise en route du ED 209. Mais bon, la conclusion n’est pas la même on vous rassure. Après la sortie du film sur les écrans, les producteurs ont essayé de vendre le robot Tobor à la télévision. Si un épisode pilote a été tourné, la série Here Comes Tobor prévue sera finalement avortée.
LE DVD
Le Maître du monde – Tobor the Great, est pour le moment uniquement disponible dans le coffret DVD La Guerre des Robots disponible chez Artus Films. Sont également disponibles dans ce coffret, Objectif Terre (Target Earth)de Sherman A. Rose (1954) déjà chroniqué dans nos colonnes, Creation of the Humanoids de Wesley Barry (1962) et Cyborg 2087 de Franklin Adreon (1966), qui seront chroniqués prochainement.
Un premier menu (fixe et muet) nous propose de sélectionner le film à visionner, ici Le Maître du monde – Tobor the Great ou Creation of the Humanoids. Puis un menu principal fixe et musical nous accueille. En guise d’interactivité, nous trouvons la bande-annonce originale, ainsi qu’un diaporama d’affiches et de photos d’exploitation. Le superbe Digipack – qui comblera les cinéphiles pour Noël – renferme les deux galettes, ainsi qu’un livret de douze pages Alerte aux robots – Le Robot au coeur de l’Age d’or de la SF cinématographique américaine (par Pr Brave Ghoul) et quatre reproductions de lobby cards reprenant les affiches des quatre films disponibles dans ce coffret.
L’Image et le son
A l’instar du master d’Objectif Terre, la copie – 1.37 – 16/9 compatible 4/3 – du Maître du monde s’avère plutôt propre et stable, en dehors de quelques tâches, points, poussières et rayures, surtout durant l’introduction. Sinon, le N&B est honnête avec des blancs clairs et des noirs solides. La gestion du grain original est un peu plus aléatoire, surtout sur les stock-shots supposés représenter les avancées dans la course à l’espace. En dehors de quelques plans flous, le confort demeure assuré et participe à la (re)découverte de cette série B.
Le film de Lee Sholem bénéficie d’un doublage français. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française (au doublage rétro et réussi) s’avère grinçante et grésille quelque peu, même si le volume des voix y est plus élevé. Si elle manque peut-être d’intelligibilité, la piste anglaise s’avère plus homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.
OBJECTIF TERRE (Target Earth) réalisé par Sherman A. Rose,disponible en coffret DVD Prestige « La Guerre des Robots » le 6décembre2016 chez Artus Films
Acteurs : Richard Denning, Kathleen Crowley, Virginia Grey, Richard Reeves, Robert Roark, Mort Marshall, Arthur Space, Whit Bissell, James Drake…
Scénario : William Raynor, ,James H. Nicholson, Wyott Ordung d’après la nouvelle The Deadly City de Paul W. Fairman
Photographie : Guy Roe
Musique : Paul Dunlap
Durée : 1h11
Date de sortie initiale: 1954
LE FILM
Une grande ville a été entièrement évacuée. Une force extra-terrestre venue de Vénus composée de robots l’a envahie et a réduit l’humanité à néant ! Frank et une poignée d’autres personnes se réveillent dans une ville déserte. Non seulement ils vont devoir échapper aux patrouilles de robots, mais ils vont également devoir faire face à un psychopathe qui s’est joint à eux. Pendant ce temps-là, les scientifiques sont entrés dans une folle course contre la montre pour tenter de sauver la Terre de l’annihilation…
Voilà typiquement le genre de film que l’auteur de ces mots adore visionner à l’approche des fêtes de fin d’année. Cela lui rappelle son adolescence, quand à plus de minuit il se blottissait dans une couverture, vautré dans le canapé et qu’il enchaînait ces séries B jusqu’à l’aube pendant les vacances de Noël. Disponible dans le coffret édité chez Artus Films « La Guerre des Robots » avec trois autres films du même acabit, Objectif Terre – Target Earth, réalisé par Sherman A. Rose en 1954 et coécrit par Wyott Ordung (Le Pionnier de l’espace) d’après la nouvelle Deadly City de Paul W. Fairman publiée en 1953 dans un magazine SF, est un tout petit film où quelques d’individus se réveillent dans une ville américaine (on nous montre Los Angeles vue du ciel, mais l’action est supposée se dérouler à Chicago) où ils sont visiblement les seuls survivants. Aucune voiture dans les rues, les radios sont coupées, tout comme l’électricité et l’eau courante. Si visiblement cela ne les inquiète pas trop – même les personnages féminins gardent le sourire en s’accrochant à leur sac à main – ils vont vite se rendre compte que la ville est en réalité envahie par une armée d’une centaine de robots extraterrestres. En fait, nous n’en verrons qu’un en activité (bah oui, faute de budget), qui s’apparente à un assemblage de cartons passés à la couleur métallisée, avec un gyrophare meurtrier en guise de tête et qui adopte la même démarche que la créature de Frankenstein.
La résistance (passive) s’organise en faisant un gueuleton ou en ouvrant des bouteilles de Bollinger 1948, en jouant du piano et en piquant un petit roupillon. Pendant ce temps, l’armée, qui a visiblement mal fait son boulot en oubliant certains habitants lors de l’évacuation, se met à la recherche du point faible des robots. Cela pourrait-il venir du tube cathodique situé dans leur tête ? Nos héros réussiront-ils à s’en sortir ?
Les robots exterminateurs semblent venir de Vénus comme l’indique un des personnages principaux, qui étaye d’ailleurs sa théorie à l’aide de nombreux arguments contre lesquels il est difficile de s’opposer. Dans ce groupe, il y a Nora (Kathleen Crowley), jeune femme qui se réveille brutalement en début d’après-midi. Elle croyait d’ailleurs ne jamais rouvrir les yeux puisqu’elle avait pris une dose massive de somnifères pour en finir avec la vie. Bon, puisqu’elle se réveille et que son plan a visiblement échoué, elle se lève tranquillement, le temps pour les spectateurs de l’époque d’admirer sa nuisette. Mais Nora découvre très vite que ses voisins ne répondent pas et que les rues paraissent étonnamment calmes. Excellente exposition avec un décor et une ambiance inquiétante. Puisque c’est ainsi, Nora s’en va flâner nonchalamment, même si les magasins s’avèrent déserts. C’est alors qu’elle tombe sur le cadavre d’une femme. Elle crie. Un homme débarque. Nora pense qu’il l’a tuée et s’enfuit en moulinant des bras. L’homme, Frank (Richard Denning), la rattrape très vite, tente de lui dire qu’il n’a rien à voir avec ce meurtre. Nora est vite soulagée, surtout après qu’il lui ait collé une belle baffe pour la résonner. D’autant plus que Frank est bel homme, alors comment a-t-elle pu croire une chose pareille ! Pourquoi ne pas continuer la promenade à deux ? Frank et Nora font connaissance comme si de rien n’était alors que tout est désert. Enfin presque tout. Ils entendent un air de piano provenant d’un restaurant. Ils entrent. Un homme (Richard Reeves) et une femme (Virginia Grey), éméchés, entourés de bouteilles de champagne et de victuailles, ont décidé de faire la fête. Frank et Nora se joignent rapidement à eux et festoient. C’est alors que l’ombre d’un robot géant fait son apparition sur la façade d’un building. Cette fois, ils prennent peur et partent se réfugier dans l’immeuble en face.
Formidable série B surannée, dynamique (à la base Sherman A. Rose était monteur), produite en toute indépendance par Herman Cohen, futur producteur de I Was a Teenage Werewolf, I Was a Teenage Frankenstein et Sherlock Holmes contre Jack l’Éventreur, tournée en seulement sept jours avec un budget inférieur à 100.000 dollars (et l’aide de stock-shots), Objectif Terre – Target Earth fera encore aujourd’hui le bonheur des cinéphiles adeptes des mini-films SF qui pullulaient alors sur les écrans dans les années 1950. Si les apparitions du robot au rayon laser sont finalement très limitées, Objectif Terre reste bien divertissant, kitsch à souhait, plaisant et surtout très attachant.
LE DVD
Objectif Terre – Target Earth, est pour le moment uniquement disponible dans le coffret DVD La Guerre des Robots disponible chez Artus Films. Sont également disponibles dans ce coffret, Le Maître du Monde (Tobor le Grand) de Lee Sholem (1954), Creation of the Humanoids de Wesley Barry (1962) et Cyborg 2087 de Franklin Adreon (1966), qui seront chroniqués prochainement.
Un premier menu (fixe et muet) nous propose de sélectionner le film à visionner, ici Objectif Terre – Target Earth ou Cyborg 2087. Puis un menu principal fixe et musical nous accueille. En guise d’interactivité, nous trouvons la bande-annonce originale, ainsi qu’un diaporama d’affiches et de photos d’exploitation. Le superbe Digipack – qui comblera les cinéphiles pour Noël – renferme les deux galettes, ainsi qu’un livret de douze pages Alerte aux robots – Le Robot au coeur de l’Age d’or de la SF cinématographique américaine (par Pr Brave Ghoul) et quatre reproductions de lobby cards reprenant les affiches des quatre films disponibles dans ce coffret.
L’Image et le son
C’est pas mal du côté de l’image. La copie – 1.66 – 16/9 compatible 4/3 – est plutôt propre et stable. Les tâches, points et griffures sont assez rares, le N&B est honnête avec des blancs clairs et des noirs solides. La gestion du grain original est un peu plus aléatoire, surtout sur les stock-shots supposés représenter les forces de l’armée qui se préparent à contre-attaquer et les quelques plans tournés à la sauvette puisque la production n’avait pas demandé l’autorisation pour certaines prises de vue. Le confort est assuré et participe à la (re)découverte de cette excellente série B.
Même chose en ce qui concerne l’acoustique, de fort bon niveau et peu marquée par quelques parasites imputables aux conditions de conservation ou tout simplement aux affres du temps. Les sous-titres français ne sont pas verrouillés et seule la version originale Dolby Digital mono est proposée ici. Les dialogues sont clairs et distincts, la musique dynamique, tout comme les effets sonores à l’instar du clic-clic de la démarche du robot ou de son rayon meurtrier.
LE BGG – Le Bon Gros Géant (The BFG)réalisé par Steven Spielberg,disponible en Blu-ray, Blu-ray 3D et DVD le 1er décembre2016 chez Métropolitan Vidéo
Acteurs : Mark Rylance, Ruby Barnhill, Penelope Wilton, Jemaine Clement, Rebecca Hall, Rafe Spall, Bill Hader…
Scénario : Melissa Mathison, d’après le roman Le Bon Gros Géant de Roald Dahl
Photographie : Janusz Kaminski
Musique : John Williams
Durée : 1h57
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Le Bon Gros Géant ne ressemble pas du tout aux autres habitants du Pays des Géants. Il mesure plus de 7 mètres de haut et possède de grandes oreilles et un odorat très fin. Il n’est pas très malin mais tout à fait adorable, et assez secret. Les géants comme le Buveur de sang et l’Avaleur de chair fraîche, sont deux fois plus grands que lui et aux moins deux fois plus effrayants, et en plus, ils mangent les humains. Le BGG, lui, préfère les schnockombres et la frambouille. À son arrivée au Pays des Géants, la petite Sophie, une enfant précoce de 10 ans qui habite Londres, a d’abord peur de ce mystérieux géant qui l’a emmenée dans sa grotte, mais elle va vite se rendre compte qu’il est très gentil. Comme elle n’a encore jamais vu de géant, elle a beaucoup de questions à lui poser.
Le BGG emmène alors Sophie au Pays des Rêves, où il recueille les rêves et les envoie aux enfants. Il va tout apprendre à Sophie sur la magie et le mystère des rêves. Avant leur rencontre, le BGG et Sophie avaient toujours été livrés à eux-mêmes, chacun dans son monde. C’est pourquoi leur affection l’un pour l’autre ne fait que grandir. Mais la présence de la petite fille au Pays des Géants attire bientôt l’attention des autres géants. Sophie et le BGG quittent bientôt le Pays des Géants pour aller à Londres voir La Reine et l’avertir du danger que représentent les géants. Mais il leur faut d’abord convaincre la souveraine et sa domestique, Mary que les géants existent bel et bien ! Tous ensemble, ils vont mettre au point un plan pour se débarrasser des méchants géants une bonne fois pour toutes…
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les adaptations au cinéma des œuvres de Roald Dahl (1916-1990) ne sont pas légion. Parmi les meilleures demeurent Matilda de Danny DeVito (1996), James et la Pêche géante (1997) réalisé par Henry Selick et Fantastic Mr. Fox, film d’animation réalisé par Wes Anderson en 2009. Nous ne parlerons pas de Charlie et la Chocolaterie de Tim Burton, qui avait déjà commencé son entrée dans le blockbuster puéril et laid, jusqu’à son rebond inattendu en 2016 avec Miss Peregrine et les enfants particuliers. Si Le BGG – Le Bon Gros Géant avait déjà connu une adaptation animée en 1989, il aura fallu attendre 2016 pour voir le film live réalisé par Steven Spielberg tiré du livre écrit en 1982 par Roald Dahl et publié dans plus de quarante langues.
Immédiatement après l’excellent Pont des espions, le cinéaste s’est attelé à la mise en scène du BGG – Le Bon Gros Géant en confiant le rôle-titre à Mark Rylance, tout juste auréolé de l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour ce film d’espionnage à succès écrit par les frères Coen. Pour transformer le comédien en géant de 7,5 mètres de haut, Steven Spielberg a eu recours à la désormais incontournable capture de mouvements, Rylance étant criblé de capteurs qui enregistraient sa performance en direct. Certes, Le BGG – Le Bon Gros Géant est et restera un film mineur dans l’immense carrière du maître, mais ce divertissement pour toute la famille, même si les enfants y trouveront plus leur compte que leurs parents, démontre encore à quel point Steven Spielberg demeure un des plus grands raconteurs d’histoires du cinéma.
Il aura fallu près de 25 ans au cinéaste pour pouvoir concrétiser ce projet, longtemps envisagé avec Robin Williams dans le rôle-titre, mais les effets spéciaux et notamment les images de synthèse alors à leurs balbutiements ne lui permettaient pas encore de créer le monde dont il rêvait. Avec Janusz Kaminski à la photographie, Rick Carter aux décors, Michael Kahn au montage, Joanna Johnston aux costumes, Joe Letteri aux effets visuels et bien évidemment John Williams à la baguette, le metteur en scène s’entoure de collaborateurs fidèles. Devant ces personnages solitaires en quête d’amour et d’une famille, on comprend aisément ce qui a poussé Steven Spielberg à réaliser Le BGG – Le Bon Gros Géant, même si l’humour est ici marqué par une certaine noirceur qui a toujours été une composante de son cinéma, mais qui s’est encore plus appuyée dès la fin des années 1990. Ce mélange des tons est directement issu du roman original et reflète les sentiments propres aux enfants.
Steven Spielberg est un réalisateur toujours soucieux de son public et donc très généreux. Toutefois, malgré la beauté des images, l’excellence de Mark Rylance (doublé en VF par Dany Boon) et l’immense réussite des effets spéciaux (par les génies de Weta Digital), tout comme celle des neuf ogres qui en font voir à notre héros, Le BGG – Le Bon Gros Géant manque singulièrement de rythme, s’avère même poussif et l’ennui peut parfois s’installer. Du coup, l’ensemble fait penser à une superbe galerie d’effets spéciaux (voir la très belle scène de la chasse aux rêves), mais l’intérêt s’émousse et le film reste froid, pour ne pas dire distant. De plus, ce n’est pas l’horripilante actrice principale Ruby Barnhill qui nous intéresse, puisque à force de gesticuler dans tous les sens et de grimacer, le personnage de Sophie est finalement peu attachant. Les enfants trouveront sans doute quelques accroches avec la petite fille de dix ans, mais les parents risquent de se fatiguer très vite.
Mais Spielberg est malin et la dernière partie poético-burlesque, celle où le BGG rencontre la Reine d’Angleterre (interprétée par Penelope Wilton, lady Crawley de la série Downton Abbey) dans le Palais de Buckingham relève nettement le niveau jusqu’à la fin. Comme dans tous les contes, celui du BGG comporte quelques longueurs, que l’on excuse finalement devant tant de virtuosité.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray du BGG – Le Bon Gros Géant, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical.
Les suppléments de cette édition sont principalement destinés aux jeunes spectateurs. Le making of est d’ailleurs présenté par la jeune comédienne Ruby Barnhill, qui joue avec sa caméra et évoque ses impressions sur le tournage du film (27’). En plus de nombreuses images volées sur le plateau, ce documentaire se compose également d’interviews des comédiens, de Steven Spielberg, des producteurs, de la fille de Roald Dahl, des créateurs des effets visuels, de la scénariste. Les effets spéciaux sont passés au crible, tout comme le livre de Roald Dahl, la genèse de l’adaptation cinématographique, l’évolution du scénario, la préparation, le casting, les prises de vues réalisées en motion-capture. Divertissant et informatif.
Le petit module suivant intitulé Le BGG et moi (2’) est réalisé en animation et présente la relation du Bon Gros Géant avec le petit garçon qui a vécu avec lui.
Si vos enfants ont envie d’apprendre Le Merveilleux charabia du BGG (3’), l’éditeur propose une petite leçon particulière pour les initier au gobblefunk à travers quelques animations cette fois encore.
Un documentaire de cinq minutes se focalise ensuite sur la création des Géants. C’est encore l’occasion de comparer le tournage réalisé en motion-capture, avec le résultat final. Un procédé toujours impressionnant.
L’interactivité se clôt sur un module-hommage à la scénariste Melissa Mathison, décédée en novembre 2015 à l’âge de 65 ans. Auteure de L’Etalon noir, E.T., l’Extra-terrestre et Kundun, ex-femme d’Harrison Ford, Melissa Mathison était une amie très proche de Steven Spielberg. Le cinéaste, les producteurs Kathleen Kennedy et Frank Marshall parlent ici de leur étroite collaboration.
L’Image et le son
Seule la version 2D a été testée. Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT, Panavision Primo Lenses, Le BGG – Le Bon Gros Géant doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est ciselé (surtout sur les scènes diurnes), les couleurs impressionnantes. Seules quelques séquences plus agitées mettant en scène les géants apparaissent parfois moins nettes et occasionnent quelques pertes de la définition. Il n’empêche que les contrastes sont léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures (étoffes, boiseries, dorures) est subjuguant.
La version française est proposée en DTS-HD Master Audio 7.1 tandis que la piste anglaise bénéficie d’une acoustique Dolby Atmos. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches et explosives, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées ou même quand les géants ne font que marcher tranquillement. Un grand, très grand spectacle ! L’éditeur joint également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Copyright Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
ILS SONT PARTOUTréalisé par Yvan Attal,disponible en DVD le 30 novembre2016 chez Wild Side Vidéo
Acteurs : Yvan Attal, Benoît Poelvoorde, Valérie Bonneton, Dany Boon, Charlotte Gainsbourg, Grégory Gadebois, Denis Podalydès, Gilles Lellouche, François Damiens…
Scénario : Yvan Attal, Emilie Frèche
Photographie : Rémy Chevrin
Musique : Evgueni Galperine, Sacha Galperine, Julien Jaouen
Durée : 1h45
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Yvan se sent persécuté par un antisémitisme grandissant et il a l’habitude de s’entendre dire qu’il exagère, qu’il est paranoïaque. Lors de séances chez son psy, Yvan parle donc de ce qui le concerne : son identité, être français et juif aujourd’hui. Mais ces rendez-vous sont aussi et surtout une sorte de fil rouge reliant entre elles plusieurs histoires courtes qui tentent de démonter, sur le mode tragi-comique, les clichés antisémites les plus tenaces.
Recherche succès désespérément ! Depuis maintenant dix ans, le succès semble avoir déserté Yvan Attal, en tant qu’acteur mais aussi comme réalisateur. Si ses deux premiers longs métrages avaient emporté les faveurs du public, Ma femme est une actrice (2001) et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (2003), son sketch de New York, I Love You (2008) et son affreux remake de Humpday intitulé Do Not Disturb (2012) sont passés complètement inaperçus. Même chose, à part Le Serpent d’Eric Barbier et Rapt de Lucas Belvaux, toutes ses prestations ont sérieusement laissé à désirer. Ils sont partout, son nouveau film en tant que réalisateur, est un projet de longue date, coécrit avec Emilie Frèche, femme de lettres engagée dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, déjà scénariste de 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi d’Alexandre Arcady. En réalité, le désir de faire ce film remontait bien avant l’affaire Ilan Halimi en 2006 et les attentats meurtriers commis par Mohamed Merah à Toulouse en 2012. Malgré ce désir urgent de réaliser un film sur l’antisémitisme grandissant, comme un cri de colère, Yvan Attal a préféré miser sur le ton humoristique pour faire passer son message et plus particulièrement en usant du film à sketches inspiré du cinéma italien.
Si le film s’avère inégal, le casting vaut le déplacement : Benoît Poelvoorde, Valérie Bonneton, Dany Boon, Charlotte Gainsbourg, Grégory Gadebois, Denis Podalydès, Gilles Lellouche, François Damiens, Claude Perron, Marthe Villalonga, Robert Castel, Popeck, Patrick Braoudé et Yvan Attal lui-même. Ils sont partout souffre de longueurs et d’apartés trop écrits (et trop récités) avec Attal, dans son propre rôle, face à son psy auquel il confie ses angoisses et son obsession de se sentir persécuté en tant que juif. On apprécie beaucoup la partie avec Poelvoorde/Bonneton, tous les deux bien vachards et notamment la seconde dans un rôle inspiré de Marine Le Pen qui se retrouve face à son mari arriviste (et d’extrême-droite comme elle), qui souhaite devenir calife à la place du calife, mais qui se rend compte qu’il est en fait d’origine juive. Le sketch avec Boon/Gainsbourg fait sourire, même si la comédienne en fait des tonnes dans le rôle de la prolo vulgaire coincée dans une tour de la banlieue parisienne. Oublions la partie Gadebois/Podalydès, d’un ennui mortel où deux talmudistes échangent. Dans son sketch, Gilles Lellouche interprète Jésus, enfin un agent du Mossad qui voyage dans le temps et qui deviendra le nouveau prophète sous le nom de Norbert. Mention spéciale à François Damiens et Claude Perron dans la dernière partie, ainsi qu’à Braoudé, excellent en clone de François Hollande.
Ils sont partout est un projet qui tenait particulièrement au comédien/réalisateur de 50 ans, désireux de faire entendre son malaise dans la société française d’aujourd’hui, en tant que juif. Attal se sert de la comédie grinçante pour mieux faire ressortir les clichés antisémites (« ils » sont riches, « ils » ont tué Jésus, « ils » s’entraident) et les nombreux préjugés sur lesquels se fonde cette discrimination. La critique sociale de cette « tragicomédie dramatique » (dixit Yvan Attal) fonctionne gentiment, même si on pouvait s’attendre à un film beaucoup plus corrosif et percutant, moins grossier. Au moins, Ils sont partout fait réfléchir et peut entraîner le débat, ce qui n’est déjà pas si mal.
LE DVD
Le test du DVD d’Ils sont partout, disponible chez Wild Side Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical. Suite à l’échec commercial du film (168.000 entrées), pas de sortie en Blu-ray pour le film d’Yvan Attal.
En revanche, le cinéaste apparaît dans les suppléments et présente deux scènes coupées, ou plutôt proposées dans leur version intégrale. Ces séquences ont été raccourcies, « édulcorées et arrangées » pour reprendre les mots du cinéaste, en raison de leurs dialogues qui auraient pu choquer certains spectateurs français, même s’il les a laissées ainsi pour l’exploitation du film à l’étranger. Il s’agit d’un monologue d’Yvan Attal chez le psy, qui revient sur « le peuple élu » et qui se demande comment « les antisémites parviennent à ne pas se décourager ».
S’ensuit un entretien avec Jérôme Lament, créateur du site internet www.ilsontpartout.com, qui recense tous les tweets et les commentaires Facebook antisémites. Notre interlocuteur revient sur sa collaboration avec Yvan Attal pour son film.
L’interactivité se clôt sur des liens internet et les credits.
L’Image et le son
Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes sombres sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Rémy Chevrin (La Délicatesse, Les Chansons d’amour) est bien restituée. Dommage pour l’absence de Blu-ray.
Ils sont partout repose essentiellement sur les dialogues. La piste Dolby Digital 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film, omniprésente. Une spatialisation concrète, immersive et efficace. L’éditeur joint également une piste Stéréo dynamique et vive, une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
NOS MEILLEURES ANNEES (La Meglio Gioventù)réalisé par Marco Tullio Giordana,disponible en Blu-ray et DVD le 2novembre2016 chez Pyramide Vidéo
Acteurs : Luigi Lo Cascio, Alessio Boni, Adriana Asti, Sonia Bergamasco, Fabrizio Gifuni, Maya Sansa, Jasmine Trinca, Riccardo Scamarcio…
Scénario : Sandro Petraglia, Stefano Rulli
Photographie : Roberto Forza
Durée : 6h00
Date de sortie initiale: 2003
LE FILM
A la fin des années soixante, deux frères d’une famille italienne, Nicola et Matteo, partagent les mêmes rêves, les mêmes espoirs, les mêmes lectures et les mêmes amitiés, jusqu’au jour où la rencontre avec Giorgia, une jeune fille souffrant de troubles psychiques, détermine le destin de chacun : Nicola décide de devenir psychiatre, alors que Matteo abandonne ses études et entre dans la police. Leur parcours ainsi que celui du reste de leur famille s’inscrit en parallèle avec les événements qui ont joué un rôle crucial dans l’histoire de l’Italie : l’inondation de Florence, la lutte contre la mafia en Sicile, les grands matchs de football de l’équipe nationale…
C’est l’oeuvre de toute une vie. Trois ans après Les Cent pas – I Cento passi, Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes, le réalisateur italien Marco Tullio Giordana se voit proposer Nos meilleures années – La Meglio Gioventù, commande de la Rai écrite par Sandro Petraglia (Bianca et La Messe est finie de Nanni Moretti) et Stefano Rulli (Les Clefs de la maison, Romanzo Criminale). Mis en scène à l’origine pour la télévision, ce film-fleuve de six heures est ensuite scindé en deux parties, deux époques distinctes et exploité ainsi dans les cinémas du monde entier. Plus de dix ans après sa sortie, Nos meilleures années est devenu un vrai film culte.
Le succès critique et public a été instantané et ne s’est jamais démenti. Dans Nos meilleures années, le cinéaste retrace 40 ans de l’histoire italienne, de 1966 au début des années 2000, en suivant une famille romaine, et plus particulièrement le destin de deux frères, Matteo (Alessio Boni) et Nicola (Luigi Lo Cascio). La vie va les opposer suite à leur rencontre avec Giorgia (Jasmine Trinca, révélation de La Chambre du fils, Palme d’or d’Or 2001), une jeune femme fragile dont ils tombent tous les deux amoureux. Un jour, Matteo, qui vient d’abandonner son examen de littérature et qui trouve un emploi en tant qu’accompagnateur de personnes handicapées mentales, décide « d’enlever » Giorgia, une patiente d’un institut psychiatrique où elle subit des électrochocs, pour la ramener chez elle, dans sa famille. Il entreprend le voyage avec Nicola. Les trois se retrouvent sur la route, mais Giorgia est finalement récupérée par la police. Cet événement va précipiter la rupture entre les deux frères. Matteo ne s’adaptera jamais et passera sa vie, à laquelle il mettra fin tragiquement, à fuir sa famille, les femmes et l’attachement, en se consacrant à son travail. Le film suit cette famille sur quatre décennies marquées par les soubresauts politiques et sociaux en Italie : la mobilisation de la jeunesse suite aux inondations de Florence, l’affaiblissement du mouvement ouvrier, les avancées de la psychiatrie, les années de plomb et les Brigades rouges, les ravages de la mafia en Sicile avec notamment l’assassinat du juge Falcone en 1992.
Lauréat du Prix Un certain regard au Festival de Cannes, Nos meilleures années demeure un monument du cinéma italien et s’avère toujours aussi bouleversant. Véritable miracle extrait d’un cinéma devenu l’ombre de lui-même, La Meglio Gioventù est une œuvre romanesque, qui n’est pas sans rappeler Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola, mais qui parvient à s’affranchir de cette immense référence à travers les portraits de ses personnages. Ces derniers s’avèrent tous attachants, merveilleusement interprétés, n’oublions pas Adrianna Asti, Sonia Bergamasco, Fabrizio Gifuni, Maya Sansa, Valentina Carnelutti, certains portés par leurs idéaux, d’autres qui s’en trouvent au contraire déçus, à l’instar de Matteo, élève brillant promis à un grand avenir, qui décidera de tout plaquer pour s’engager dans l’armée puis dans la police. Son frère Nicola, décide lui de devenir psychiatre et thérapeute, après avoir vécu sa vie d’étudiant derrière les barricades en 1968.
Nos meilleures années agit comme si un arbre généalogique s’incarnait devant nos yeux. Une branche en emmène à une autre, d’un personnage à l’autre, tout en étant rattachée à l’ensemble. Vertigineux, le récit dense et virtuose qui entrecroise la grande histoire avec celle des protagonistes, nous transporte à Rome en été 1966 à Turin en février 1968, puis en un plan au printemps 1974, Palerme en été 1977, Turin en été 1982, Palerme dix ans plus tard, jusqu’à 2003. Sans caricature, La Meglio Gioventù, titre tiré d’un recueil de poèmes de Pier Paolo Pasolini et inspiré des propres souvenirs des deux scénaristes, est un témoignage indispensable, une fresque entre rires et larmes, passionnée et passionnante, universelle et intemporelle, dont la fin laisse littéralement en miettes. Nos meilleures années est un film que l’on garde dans le coeur. Magnifique.
LE DVD
Le test du coffret DVD de Nos meilleures années, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. A l’instar de la précédente édition sortie chez Océan en 2004, celle-ci se compose de deux DVD consacrés aux deux actes de trois heures du film, puis d’une troisième galette consacrée aux suppléments. Le menu principal de chaque DVD est identique, animé et musical.
Cette nouvelle édition est annoncée avec un supplément inédit. Certes, mais en dehors du making of d’époque que nous retrouvons ici, tous les autres bonus se sont faits la malle ! Un comble ! Exit les interviews du producteur Angelo Barbagallo, celle du scénariste Stefano Rulli, les bio-filmographies, la bande-annonce, l’arbre généalogique de la famille Carati, les clips représentant chaque décennie et même l’interview d’époque de Marco Tullio Giordana !
A la place, nous trouvons un entretien (en français) avec ce dernier réalisé le 23 juin 2016, pour cette nouvelle édition. Marco Tullio Giordana raconte son coup de foudre – même si le défi lui a d’abord fait peur – à la lecture du scénario qui lui avait été remis par Sandro Petraglia et Stefano Tulli : « C’était comme si je l’avais écrit, nous sommes de la même génération, nous avons vécu les mêmes expériences, entendu la même musique du temps ». Pour raconter la vie de ces hommes et femmes dans la grande histoire italienne, le cinéaste n’avait qu’une exigence, être totalement libre sur le choix des comédiens. Si le film a été tourné initialement pour la télévision italienne en quatre parties d’1h30, il a été présenté à Cannes dans la sélection Un Certain regard, point de départ de l’extraordinaire succès international du film. Le réalisateur se souvient de projections au Japon ou en Chine, où cette histoire , pourtant ancrée dans la vie italienne, a touché le public.
Le making of repris de la précédente édition (10’) est illustré par de (trop) nombreux extraits du film et des propos du réalisateur, des comédiens. Chacun revient sur l’histoire, les personnages et les thèmes.
L’Image et le son
Pyramide Vidéo annonce que le film a été remasterisé. A l’origine, les prises de vue de Nos meilleures années ont été réalisées en 16 mm, puis le film a été transféré sur support numérique pour sa diffusion à la télévision. A l’occasion de sa projection au Festival de Cannes, l’ensemble a été gonflé en 35 mm à partir du support numérique. Autant dire que l’image originale a quelque peu morflée et en toute honnêteté, le master de la présente édition ne change pas beaucoup par rapport au précédent. Les moirages et fourmillements demeurent, la définition reste aléatoire, tout comme la gestion du grain. Mais la copie est heureusement claire et lumineuse, propre, avec des couleurs qui flattent souvent les rétines. Le piqué est peut-être un peu doux, mais rappelons que le film a été tourné il y a presque quinze ans déjà et le résultat final ne saurait rivaliser avec la définition d’un film plus récent.
Les pistes française et italienne Dolby Digital 5.1 demeurent facultatives, mais quelques sensibles ambiances naturelles parviennent à poindre sur les enceintes latérales, tout comme la bande son composée de multiples chansons qui reflètent les années où se déroule l’intrigue. Si certains dialogues manquent parfois de mordant, les frontales assurent un bon confort acoustique. Privilégiez évidemment la version originale, aux sous-titres français imposés, de fort bon acabit, dynamique et précise, bénéficiant d’une large ouverture des enceintes. Le changement de langue est verrouillé.
INDEPENDENCE DAY : RESURGENCEréalisé par Roland Emmerich,disponible en Ultra HD Blu-ray 4K, Blu-ray et DVD le 23 novembre2016 chez 20th Century Fox
Acteurs : Liam Hemsworth, Jeff Goldblum, Jessie T. Usher, Bill Pullman, Maika Monroe, Sela Ward, William Fichtner, Judd Hirsch, Brent Spiner, Vivica A. Fox, Angelababy, Charlotte Gainsbourg…
Scénario : Nicolas Wright, James A. Woods, Dean Devlin, Roland Emmerich, James Vanderbilt
Photographie : Markus Förderer
Musique : Harald Kloser, Thomas Wanker
Durée : 2h00
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Nous avons toujours su qu’ils reviendraient. La terre est menacée par une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Pour la protéger, toutes les nations ont collaboré autour d’un programme de défense colossal exploitant la technologie extraterrestre récupérée. Mais rien ne peut nous préparer à la force de frappe sans précédent des aliens. Seule l’ingéniosité et le courage de quelques hommes et femmes peuvent sauver l’humanité de l’extinction.
En 1996, le rouleau compresseur cinématographique s’intitulait Independence Day. Alors qu’il vient de connaître un succès surprise avec Stargate, y compris en France où le film a attiré plus de 2,6 millions de spectateurs, le réalisateur allemand Roland Emmerich a l’idée de son prochain film au moment de la promotion mondiale de son dernier long métrage. Quand on lui demande s’il croit à l’existence d’aliens, il répond par la négative, mais imagine très vite ce que l’affrontement entre les Terriens et des êtres hostiles venus d’ailleurs pour s’emparer des richesses naturelles de notre planète pourrait donner à l’écran. Si le scénario, écrit en trois semaines, tient sur un papier OCB, le budget confortable – mais modeste pour une production de cet acabit – de 75 millions de dollars passe essentiellement dans les effets visuels, alors à la pointe de la technologie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’argent est visible à l’écran. Avec ses truquages hybrides, combinant à la fois les nouvelles images de synthèse et le tournage de maquettes, Independence Day apparaît comme un chant du cygne du blockbuster du XXe siècle.
En dépit de ses scénarios qui ne volent souvent pas haut, avec son humour au ras des pâquerettes, son patriotisme américain « hénaurme » et ses dialogues amusants, Roland Emmerich est un des réalisateurs les plus généreux du genre et sait combler les attentes des spectateurs. Film de catastrophe/science-fiction, piochant allègrement ses idées sur La Guerre des mondes de Byron Haskin, Star Wars, Top Gun, Alien, Tremblement de terre de Mark Robson et encore bien d’autres classiques, Independence Day n’est rien d’autre qu’un gigantesque divertissement populaire. Si la critique a conspué le film à sa sortie, le public lui a fait un triomphe. Avec 5,7 millions d’entrées en France et 816 millions de dollars de recette mondiale (environs 1,3 milliard aujourd’hui), Independence Day est devenu le plus grand succès de 1996, très loin devant Twister et Mission Impossible, situés sur la deuxième et la troisième marche du podium. Aujourd’hui, Independence Day, que l’on nomme également ID4, est devenu un gentil nanar aux effets spéciaux qui ont pris un sacré coup de vieux. Le discours du Président des Etats-Unis avant d’aller au combat, le génie en informatique qui sauve la planète en ayant implanté un virus dans le vaisseau-mère grâce à un simple Mac, la vision de la Zone 51, l’explosion de la Maison Blanche, l’avion Air Force One qui échappe de peu à la vague de feu qui raye Washington D.C. de la carte, ID4 regorge de scènes et de dialogues cultes. Tout cela est involontairement drôle certes, encore plus avec les années qui ont passé, mais Independence Day demeure incontournable.
ID4, est une valeur sûre, un film devant lequel on ne s’ennuie pas. On le revoie toujours avec plaisir en citant les répliques de Will Smith (qui sortait tout juste du Prince de Bel-air), Bill Pullman, Jeff Goldblum, Judd Hirsch, Robert Loggia et Randy Quaid (« Hello Boys ! I’m back ! »), en pouffant de rire devant les effets téléphonés, devant le fait que 3 milliards de personnes périssent dans le monde et que les américains se marrent à la fin en fumant le cigare, bref, c’est très bête, ça l’a toujours été, mais Independence Day est et restera un des plus grands divertissements des années 1990 !
Mais alors, pourquoi Independence Day : Resurgence, suite longtemps « attendue » ne fonctionne pas ?
Réputé pour être le spécialiste de la destruction massive, le réalisateur Roland Emmerich a connu un sérieux revers avec son pourtant sympathique White House Down. Sentant le vent tourner, il était peut-être temps pour lui de se pencher sur la suite tant demandée (par le passé) de son plus gros hit, Independence Day. Si la Fox avait voulu enchaîner immédiatement avec un deuxième volet, au point de cibler le 4 juillet 1998 comme date de sortie, Roland Emmerich et son complice Dean Devlin avaient préféré se concentrer sur leur version de Godzilla, leur film de monstre où Jean Reno peste contre le mauvais café et ses collègues français Jean-Luc, Jean-Marc et Jean-Claude. Le projet d’Independence Day 2 est longtemps resté dans les tiroirs, jusqu’au jour où le cinéaste s’est enfin décidé à se lancer dans cette nouvelle (super)production.
A trois mois près, Independence Day : Resurgence sort sur les écrans 20 ans après le premier. Doté d’un budget de 165 millions de dollars et aidé par le retour de quelques acteurs du premier film, Jeff Goldblum, Bill Pullman, Judd Hirsch, ainsi que la participation de Vivica A. Fox pour titiller la fibre nostalgique des spectateurs, ce second volet pouvait être intéressant. Le producteur et coscénariste Dean Devlin explique « Nous avons résisté à l’idée de créer une suite pendant des années mais nous voulons toujours faire honneur au premier film. C’est ce film qui a propulsé notre carrière, nous avons une affection particulière pour lui (…) nous ne voulions pas faire de film juste parce que c’était une bonne idée financièrement parlant, mais parce que nous avions une idée et un concept qui fasse honneur au premier film ». En découvrant Independence Day : Resurgence on se demande pourquoi il aura fallu attendre vingt ans pour…ça ! Le scénario reprend peu ou prou la même histoire et les rebondissements du premier opus, vingt ans après les événements survenus dans le premier film. A cela, les scénaristes y greffent de nouveaux personnages, interprétés par des jeunes comédiens sans charisme, quelques éléments pour montrer que l’humanité s’est enfin unie et a su s’emparer de la technologie extraterrestre pour se reconstruire, mais aussi et surtout pour surveiller l’espace et créer de nouvelles armes prêtes à être dégainées si les aliens avaient dans la tête de pointer à nouveau le bout de leur nez.
David Levinson (Goldblum) est devenu le grand manitou du programme de défense international, tandis que l’ancien Président Whitmore (Pullman) est devenu grabataire et sujet à de nombreuses crises de démence. Heureusement, il retrouvera l’usage de sa jambe en vrac après s’être rasé la barbe et lavé les cheveux. Ne riez pas, c’est vrai. Will Smith n’a pas voulu revenir ? Pas grave, les scénaristes ont fait mourir son personnage dans un accident après s’être porté volontaire dans la mise en route de nouveaux modules aériens inspirés des vaisseaux extraterrestres, un chasseur alien hybride à pulsion électromagnétique pour être exact. Heureusement, il avait un petit garçon dans le premier film, Dylan, qu’il avait eu avec Vivica A. Fox. Cette dernière n’est d’ailleurs plus gogo-danseuse mais dirige cette fois un hôpital. Belle reconversion en 20 ans, respect. Le Président Whitmore avait une fille aussi, qui a également bien grandi puisqu’elle est interprétée par Maika Monroe (It Follows). Mais les deux rejetons Dylan/Patricia ne sont pas amoureux, puisque cette dernière a jeté son dévolu sur la tête brûlée Jake Morrison (l’endive Liam Hemsworth), également pilote casse-cou(illes). Ah oui, le Dr. Brakish Okun (Brent Spiner) n’est finalement pas mort dans le premier, puisqu’il fait son retour ici et sort du coma en ayant d’ailleurs gardé la même tête et la même coupe de cheveux. De son côté, Julius Levinson (Hirsch) a écrit un livre sur les événements qui se sont déroulés il y a 20 ans. Il en fait la promo dans les maisons de retraite. Il y a aussi notre Charlotte Gainsbourg nationale qui fait ses premiers pas dans un blockbuster dans le rôle de Catherine, psychologue française, ancien grand amour de David Levinson, spécialisée dans les traumas post-invasion. La comédienne traverse le film comme si elle s’était trompée de plateau.
Voilà, tout ce beau monde essaye de s’unir à nouveau pour bouter les méchants aliens à tentacules hors de nos frontières. Ces derniers n’ont rien trouvé de mieux que de débarquer à nouveau le jour de la fête nationale américaine, en garant leur vaisseau spatial, qui atteint cette fois les 5000 kilomètres de diamètre, sur tout l’océan Atlantique. On apprend qu’ils vont tenter à nouveau – on nous l’avait bien caché dans le premier volet – de percer la croûte terrestre afin de s’emparer du noyau de la planète ! Non, mais des fois ! En voilà des façons ! Heureusement, la jeune génération qui se rend compte de rien, prend les commandes de leurs nouveaux joujoux pour leur montrer de quel bois se chauffent les êtres humains ! Mais c’était sans compter sur l’apparition d’une intelligence artificielle, qui a pris l’apparence d’une grosse boule de Pokémon, tout comme celle de la Reine des aliens qui mesure cinquante mètres de haut. Bref, soyez les bienvenus dans le joyeux bordel de Roland Emmerich.
Ce n’est pas qu’on attendait forcément la suite d’un nanar, mais connaissant la générosité de Roland Emmerich, pourquoi pas après tout ! Le problème, c’est qu’Independence Day : Resurgence arrive probablement trop tard. Roland Emmerich a déjà fait tout exploser (ou inonder) dans ses précédents films, au point qu’il racle les fonds de tiroir ici. L’arrivée du vaisseau-mère dans notre atmosphère entraîne un dérèglement de la gravité, ce qui aspire les villes de Singapour et de Dubaï dans les airs, pour finalement être rejetées sur Londres. Il est comme ça Roland ! Cela fait des belles images de verre qui explose avec des passants qui se demandent ce qui se passe. Les effets spéciaux ont évidemment connu de grandes évolutions en 20 ans et le résultat à l’écran demeure bluffant. Malheureusement, le réalisateur s’embourbe dans une multitude de personnages jamais intéressants et le rythme demeure constamment poussif pendant deux heures. Cette séquelle s’apparente en fait presque à un remake (avec le même humour involontaire), mais on s’ennuie beaucoup et très vite devant cette succession de scènes sans imagination et prévisibles, par ailleurs très mal montées. Le film se résume surtout à l’affrontement aérien entre les pilotes de l’armée américaine (alors que l’invasion est supposée être mondiale) soutenue par un soldat africain qui combat avec sa machette (sans blaguer hein) et les navettes extraterrestres, puis entre les mêmes pilotes et la Reine des aliens qui a décidé d’aller faire un petit tour dans le désert de sel près de la Base 51. On pouvait s’attendre à mieux comme climax qu’une poursuite entre un monstre à la Godzilla et un bus scolaire ! Mais de l’aveu même de Roland Emmerich et comme l’indique la dernière scène, ce volet était censé préparer le suivant, pensé comme une bataille intergalactique terriens/aliens engagée après un voyage interstellaire initié par l’intelligence artificielle sphérique. Suite à l’échec commercial du film, 388 millions de dollars de recette (103 millions sur le sol américain) pour un budget de 165 millions (coût hors promotionnel était paraît-il faramineux), il semble que cette suite ait été aussitôt mise aux oubliettes.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray d’Independence Day : Resurgence, disponible chez Fox, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Roland Emmerich est seul derrière le micro pour commenter Independence Day : Resurgence. Vraisemblablement enregistré avant la sortie américaine du film, le réalisateur se révèle enthousiaste et confiant quant à la bonne réception de cette suite. S’il allait déchanter quelques semaines après, cela n’empêche pas Roland Emmerich de partager sa joie d’avoir retrouvé une bonne partie de l’équipe du premier ID4. S’il lui faut un petit moment pour se lancer vraiment dans les informations intéressantes, Emmerich ne manque pas d’anecdotes, aborde la construction de chaque séquence, évoque le casting, la genèse du film, le gigantesque travail avec l’équipe des effets spéciaux. Très optimiste, Emmerich aborde ce que pourrait être – ou ce qu’aurait pu être, puisque le film est considéré comme un échec commercial – la suite de Resurgence avec les indices donnés dans la scène finale. Ce commentaire audio est disponible avec les sous-titres français.
Nous trouvons huit scènes coupées (8′), dont un prologue alternatif. Celui-ci se déroulait sur une base lunaire de Saturne, Rhéa, tenue par les Russes, qui après une panne électrique générale (gloups !) deviennent témoins d’une apparition extraterrestre. Les autres séquences sont plutôt pas mal, notamment la destruction de la Maison-Blanche (qui semblait pourtant sauvée dans le film cette fois) défoncée par un pieu géant, tout comme la mort du Président Lanford (écrasée par la Reine alien) dont le sort reste indéterminé dans le montage final. Ces scènes coupées sont également proposées avec les commentaires de Roland Emmerich en option.
S’ensuit un faux documentaire consacré à la « Guerre de 1996 » (5′). Un présentateur de télévision rend hommage à ceux qui ont combattu les aliens en 1996, y compris au personnage interprété par Will Smith dans le premier film et où on nous apprend sa mort accidentelle, tout en montrant comment les nations du monde se sont ensuite unies pour se reconstruire et se préparer au cas où les aliens reviendraient un jour. Les spectateurs français y verront Jacques Chirac entouré de Boris Eltsine et du Président Whitmore (Bill Pullman) sur un joli photo-montage.
Le module suivant intitulé It’s early ABQ ! (3′) ne sert à rien et s’apparente à un sketch au cours duquel Julius Levinson vient présenter son livre sur les événements de 1996, dans une émission diffusée à 5 heures du matin à Albuquerque. Son fils David Levinson arrive sur le plateau et l’ambiance dégénère quelque peu.
Le making of (55′) proposé s’avère complet et bien rythmé. Il est évidemment composé d’images issues du plateau (on y voit que du bleu partout), d’interviews promotionnelles et quelque peu ronflantes, de dessins conceptuels. L’ensemble est surtout focalisé sur la création des effets spéciaux, sur celle des décors et des véhicules spatiaux, sans oublier celle des aliens.
L’interactivité se clôt sur un bêtisier pas drôle (6′), une large galerie de dessins conceptuels, deux bandes-annonces et un spot tv.
L’Image et le son
L’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie marquée par les décors métalliques et bleus reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques caractéristiques de ce 2016 uchronique, aseptisé dans les salles de contrôle, immaculé, des décors aux costumes. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.
Sans surprise, seule la version originale bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 7.1 qui met à contribution chacune des enceintes de toute bonne installation qui se respecte. Evidemment, cette option acoustique est à privilégier puisque la version française ne dispose que d’une DTS 5.1 ! Avec l’arrivée du vaisseau-mère au-dessus de la Lune et son atterrissage sur notre planète, les quelques séquences de destructions massives, les affrontements de l’armée américaine contre les aliens, la DTS-HD Master Audio 7.1 s’impose comme une vraie piste de démonstration. Une vraie déferlante d’effets en tous genres, mais surtout durant la dernière partie où le feu et les explosions environnent le spectateur. La musique est constamment spatialisée et le caisson de basses a fort à faire. Dommage pour la version française, qui fait ce qu’elle peut, mais reste à la traîne derrière son homologue en matière d’effets et de dynamique.
NEVADAréalisé par Edward Killy,disponible en DVD le 21 novembre 2016 chez Sidonis Calysta
Acteurs : Robert Mitchum, Anne Jeffreys, Guinn « Big Boy » Williams, Nancy Gates, Richard Martin, Craig Reynolds…
Scénario : Norman Houston, d’après le roman Nevada de Zane Grey
Photographie : Harry J. Wild
Musique : Paul Sawtell
Durée : 1h00
Date de sortie initiale: 1944
LE FILM
Avec les 7.000 $ qu’il vient de gagner au jeu, Jim « Nevada » Lacy entreprend d’acheter l’équipement nécessaire à la prospection des minerais d’or et d’argent. Quelque chose dont se charge son camarade Ben Ide qui tombe peu après sous les balles de Powell, un tueur à la solde de Burridge, un homme prêt à tout pour faire main basse sur les gisements de la région. Accusé du meurtre, Nevada est jeté en prison. Conscients qu’il n’aura aucun mal à prouver son innocence, Powell et Burridge incitent les habitants de Carson City à le lyncher. Délivré par ses amis Dusty et Chito, Nevada leur fausse compagnie…
Nevada est un petit western – devenu un vrai genre à part entière à la fin des années 1930 – anecdotique, mais qui vaut le détour puisque Robert Mitchum apparaît dans un de ses premiers rôles en tant que vedette. Né en 1917, le comédien commence sa carrière par des apparitions non créditées ou sous le nom de Bob Mitchum, comme c’est encore le cas ici dans Nevada. La RKO l’engage ensuite et sa notoriété va alors exploser au sein de l’industrie hollywoodienne. Nevada est réalisé par Edward Killy (1903-1981), un honnête artisan, ancien assistant de George Cukor. Ce petit film efficace et rapide d’une heure montre en main restera un de ses derniers en tant que metteur en scène puisqu’il deviendra par la suite seulement second assistant, notamment sur Nous avons gagné ce soir de Robert Wise en 1949. Nevada demeure un de ses plus grands succès et un de ses films les plus populaires.
Adapté du roman de Zane Grey, ce western à petit budget est resté dans certaines mémoires comme étant le film qui a permis à Robert Mitchum de se faire réellement connaître. Agé de 27 ans, le comédien va voir sa carrière monter en flèche et retrouvera d’ailleurs Edward Killy dès l’année suivante pour A l’Ouest du Pecos, également adapté de Zane Grey. Ce roman avait déjà connu deux adaptations, la première en 1927 avec Gary Cooper, la seconde en 1935 avec Buster Crabbe, la vedette des Nouvelles aventures de Tarzan l’intrépide et de Flash Gordon.
Nevada fonctionne encore très bien, avec cette petite nostalgie propre au genre et à son charme désuet. En une heure, le récit – classique, pour ne pas dire rabattu – va à l’essentiel, les personnages sont attachants, Mitchum est déjà génial et bourré de charisme, la mise en scène est correcte et bien emballée, les scènes d’aventures et de fusillades s’enchaînent aussi vite que les répliques bien senties et le reste du casting est à l’avenant. Il n’en faut pas plus pour redécouvrir Nevada, un vrai petit plaisir de série B !
LE DVD
Le test du DVD de Nevada, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. La jaquette est typique de cette grande collection des Westerns de Légende chère à Sidonis Calysta. Le menu principal est animé et musical.
Outre une galerie de photos, nous retrouvons le grand Patrick Brion qui nous présente très brièvement Nevada (7’). N’attendez donc pas une masterclass, mais plutôt un rapide portrait du réalisateur Edward Killy et des comédiens du film, en particulier de Robert Mitchum. Patrick Brion ne fait pas dans la surenchère inutile et déclare que Nevada est une petite série B sans prétention, mais réussie et dans laquelle brille déjà le comédien. Notre interlocuteur parle également des westerns sortis en 1944 (une mauvaise année selon lui), mais aussi du romancier Zane Grey et des deux précédentes adaptations du roman Nevada au cinéma avant celle qui nous intéresse.
L’éditeur joint également un petit module de sept minutes consacré à Robert Mitchum. Uniquement composé de photographies diverses issues des films du comédien, ce supplément proposé par Jean-Claude Missiaen se contente d’évoquer brièvement la carrière, les personnages, les partenaires prestigieux (et prestigieuses), les plus grands films et la légende de la star hollywoodienne. Là-dessus un texte à lire apparaît, puis une galerie de photos qui défile sur la musique du film El Dorado.
L’Image et le son
Un carton en introduction indique que l’image affiche encore de nombreux défauts, malgré la restauration. Ce DVD de Nevada propose une copie médiocre du film d’Edward Killy, qui affiche tout de même plus de 70 ans. L’image n’est pas catastrophique et se révèle même parfois correcte, en dehors de nombreux scories, points, effets de pompage, diverses tâches, raccords de montage et griffures. Des fondus enchaînés décrochent légèrement, un bruit vidéo est notable. Le N&B retrouve une certaine luminosité, certaines séquences parviennent à sortir du lot, mais la définition reste passable. La gestion des contrastes s’avère aléatoire.
La piste anglaise unique et aux sous-titres imposés, reste sourde, couverte, émaillée de craquements, de dialogues parfois couverts et d’un bruit de fond. Cependant, aucun souffle n’est réellement constaté.