Test Blu-ray / Cheeseburger Film Sandwich, réalisé par Joe Dante, John Landis, Peter Horton, Carl Gottlieb et Robert K. Weiss

CHEESEBURGER FILM SANDWICH (Amazon Women on the Moon) réalisé par Joe Dante, Carl Gottlieb, Peter Horton, John Landis et Robert K. Weiss, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 14 décembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Rosanna Arquette, Michelle Pfeiffer, Carrie Fisher, B.B. King, Bryan Cranston, Russ Meyer, Henry Silva, Griffin Dunne, Joe Pantoliano, Steve Guttenberg, Robert Picardo, Ed Begley Jr., Kelly Preston

Scénario : Michael Barrie, Jim Mulholland

Photographie : Daniel Pearl

Musique : Ira Newborn

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Une suite improbable de sketches surréalistes, parodies de publicités et de films à petits budgets des années 50 à 80 ; avec en toile de fond la diffusion du film « Amazon Women on the Moon », qui est sans cesse interrompue…

Dix ans après le cultissime The Kentucky Fried Movie, baptisé dans nos contrées Hamburger Film Sandwich, John Landis décide de remettre le couvert pour Amazon Women on the Moon aka Cheeseburger Film Sandwich. Cette fois, bien que les ZAZ manquent à l’appel au scénario et s’il ne s’agit en aucun cas d’une suite, John Landis n’est pas seul derrière à la barre de ce désopilant film à sketches. Joe Dante (qu’on ne présente plus), Carl Gottlieb (scénariste des Dents de la mer et de ses deux suites directes), Peter Horton (comédien inconnu en France) et Robert K. Weiss (producteur de The Blues Brothers, Police Squad et plus tard de la trilogie Y a-t-il un flic pour sauver…?) se sont relayés pour les multiples segments, ou devrait-on dire ingrédients qui composent ce « Cheeseburger » hautement recommandé.

Rien ne relie ces petites histoires courtes, burlesques et d’humour noir, si ce n’est la diffusion d’un pseudo-film de science-fiction à petit budget des années 1950. Il s’agit bien évidemment d’une parodie géniale de ce genre de séries B (voire Z) qui fleurissaient à cette époque, avec ici une Sybil Danning à se damner en reine des amazones. Bien que le film soit annoncé sans aucune interruption publicitaire, ce ne sera pas vraiment le cas puisque la copie ancienne (avec des marques du genre Gindhouse) se déchire ou brûle. À chaque reprise, le présentateur annonce une année de production différente. Le nom indiqué pour le réalisateur est « Samuel L. Bronkowitz », un nom fictif déjà utilisé à de multiples reprises par John Landis lui-même dans Hamburger Film Sandwich, alors que ce segment a été mis en scène par Robert K. Weiss.

Ces cinq cinéastes se relaient pour des sketchs, certes inégaux comme c’est souvent le cas dans ce genre de productions, mais qui n’en demeurent pas moins efficaces et franchement tordants. Certes, les scénaristes Michael Barrie et Jim Mulholland n’ont pas l’humour dévastateur ni le génie des ZAZ, mais tout de même, certains segments restent hilarants, surtout ceux réalisés par John Landis lui-même. C’est le cas du prologue intitulé Mondo Cordo, qui montre un homme (Arsenio Hall vu dans Un Prince à New York) qui doit faire face à de multiples dangers domestiques tandis qu’un inconnu l’appelle sans cesse au téléphone pour parler à une certaine Selma. Landis dirige également Michelle Pfeiffer, Griffin Dunne et Peter Horton dans le sketch Hospital, l’histoire d’une femme qui vient d’accoucher à la clinique et qui apprend avec son mari que leur bébé a été « temporairement égaré ».

Citons également en vrac (comme le film et c’est pourquoi c’est si bon) :

Pethouse Video : Taryn Steele (la sublime playmate Monique Gabrielle) nous parle de sa vie en toute simplicité, déambulant dans la rue dans le plus simple appareil.

Murray in Videoland : Murray (Lou Jacobi) découvre les joies de la télécommande… mais se retrouve bientôt lui-même prisonnier du petit écran en passant de film en film…jusqu’à ce qu’il se retrouve dans les mains de King Kong ou en charmante compagnie (encore Monique Gabrielle) dans un jacuzzi.

Hair Looming : Une publicité pour un procédé révolutionnaire de transplantation de cheveux.

Blacks Without Soul : Le véritable B.B. King participe à une publicité pour une campagne de dons visant à réintégrer dans la société des « personnes noires sans âme ».

Two I.D.’s : Jerry (Steve Guttenberg), un séducteur invétéré, espère courtiser Karen (Rosanna Arquette), mais celle-ci lui demande deux pièces d’identité et obtient, grâce à une machine révolutionnaire, le détail des précédentes conquêtes de son prétendant. Ce qui va couper court aux espoirs du malheureux.

Bullshit or not ? : Le comédien Henry Silva présente une émission télévisée enquêtant sur les grands mystères de l’humanité. Aujourd’hui, on apprend, reconstitution à l’appui, que Jack l’Eventreur était probablement le Monstre du Loch Ness !

Critic’s Corner : Dans cette émission culturelle, deux critiques cinématographiques échangent leur point de vue sur des films récents. Aujourd’hui ils présentent leur nouvelle rubrique « Real Life Reviews » dans laquelle ils critiquent la vie d’un de leurs téléspectateurs alors que celui-ci regarde le show en direct, avant de s’écrouler devant l’écran, terrassé par une crise cardiaque annoncée quelques secondes auparavant par les critiques.

Silly Paté : Une publicité pour un pâté élastique révolutionnaire qui saura égayer vos soirées entre amis.

Roast Your Loved One : Une cérémonie funèbre avec un éloge pas vraiment élogieux !

Video Pirates : Après avoir pris possession d’un navire adverse, des pirates mettent la main sur une cargaison de vidéos (et même de Laserdiscs) arrivées sur le marché de manière illégale. Les flibustiers s’esclaffent en découvrant le message d’avertissement du FBI en début de programme d’un des films piratés.

Son of the Invisible Man : La suite tant attendue de L’Homme Invisible, le classique de 1933. Sauf que le fils de l’homme invisible n’a plus tous ses esprits et n’est pas aussi invisible qu’il se l’imagine. Il déambule donc nu comme un vers au milieu des piliers de bar, visiblement habitués à cette crise de démence.

Art Sale : Le Cosmopolitan Museum of Art arrivant au terme de son bail, le musée brade toute sa collection auprès du grand public.

Titan Man : Un jeune homme sur le point de conclure avec sa petite amie (Kelly Preston) se rend dans une pharmacie pour y acheter des préservatifs en toute discrétion (du moins le pense-t-il).

Video Date : Un jeune homme, Ray (Marc McClure), cherche une vidéo pour occuper son samedi soir. Le vendeur du vidéo-club (Russ Meyer) lui propose une cassette très particulière puisque les protagonistes du film s’adressent à lui directement.

Reckless Youth : Mary Brown (Carrie Fisher) vient se confier à un docteur (Paul Bartel) qui lui diagnostique une « maladie sociale » après s’être fourvoyée avec des personnes peu recommandables.

Voilà tout le programme qui vous attend. Un film concept à la zapping extrêmement généreux (y compris en donzelles dénudées), politiquement incorrect, vraiment drôle (et encore plus en version française) et même soigné sur la forme avec des parodies très réussies dans lesquelles « lots of actors » – comme ils sont crédités au générique – s’amusent comme des gamins.

LE BLU-RAY

Cheeseburger Film Sandwich est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

La section des suppléments démarre par un bêtisier tordant, avec la regrettée Carrie Fisher, lumineuse et au sourire désarmant. C’est aussi l’occasion de voir que certains comédiens improvisaient sur le plateau en proposant certaines répliques alternatives.

L’éditeur propose également près de 20 minutes de scènes coupées. En plus d’une ouverture originale, nous trouvons surtout un sketch très sombre intitulé The Unknown Soldier, réalisé par Peter Horton, avec Ronny Cox et Robert Loggia. Durant la Seconde Guerre mondiale, des hauts gradés américains font appeler un jeune soldat et l’informent qu’ils l’ont désigné pour devenir le Soldat Inconnu. En effet, toutes les victimes ayant été identifiées et rapatriées et devant impérativement revenir au bercail avec un soldat inconnu à enterrer, le jeune soldat possède le profil rêvé puisque sans famille et sans attache. Après une cigarette et une bonne coupe de champagne, le soldat finit par se laisser convaincre par son supérieur et doit alors mettre fin à ses jours pour passer plus vite à la « postérité ». Deux autres sketches réalisés par Joe Dante, l’un qui annonce les funérailles placées sous le signe du rire et un autre à base de marionnettes française et américaine échangées (avec Dick Miller, l’acteur fétiche du cinéaste), sont également disponibles.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces, une galerie de photos et les credits.

L’Image et le son

Merci à Elephant Films de nous permettre d’ajouter Cheeseburger Film Sandwich à notre collection de Blu-ray, d’autant plus que le film était alors inédit en DVD dans nos contrées ! Pour son passage en HD grâce aux bons soins de notre pachyderme préféré, ce film à sketches se refait une petite beauté. Une fois passé le générique un peu grumeleux, on perçoit le travail de restauration effectué puisque presque les scories et poussières ont été éliminées, sauf bien sûr quand elles sont d’origine sur les pastiches. L’ensemble est plutôt riche et stable, la gestion du grain équilibrée et les fourmillements limités grâce au codec AVC. Le piqué demeure peu pointu. Les contrastes sont corrects. Certaines séquences tirent agréablement profit de cette élévation HD, à l’instar du film Amazon Women on the Moon avec ses costumes et ses décors colorés.

Trois mixages au choix en DTS-HD Master Audio 2.0 : deux versions française et la piste anglaise. Si nous pouvions vous donner un conseil, sélectionnez le doublage français original, absolument dantesque et qui ne se gêne pas pour appuyer certains gags avec une traduction parfois libre, mais toujours tordante. L’autre version française disponible est plus récente et si elle s’avère plus respectueuse des dialogues et situations, elle s’avère moins drôle et plus en retenue. La version originale s’avère plus riche et propre, mais dans les trois cas le confort acoustique est assuré.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Beignets de tomates vertes, réalisé par Jon Avnet

BEIGNETS DE TOMATES VERTES (Fried Green Tomatoes) réalisé par Jon Avnet, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2017 chez Movinside

Acteurs : Kathy Bates, Mary Stuart Masterson, Mary-Louise Parker, Jessica Tandy, Cicely Tyson, Chris O’Donnell, Grace Zabriskie

Scénario : Fannie Flagg, Carol Sobieski d’après le roman « Beignets de tomates vertes » (Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe) de Fannie Flagg

Photographie : Geoffrey Simpson

Musique : Thomas Newman

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

De nos jours, en Alabama, Evelyn Couch, femme au foyer, mène une existence monotone jusqu’à ce qu’elle rencontre Ninny Threadgood, une vieille dame extraordinaire, qui va lui redonner goût à la vie. Celle-ci lui raconte sa jeunesse, 60 ans plus tôt, à Whistle Stop, petite bourgade du sud des Etats-Unis. L’histoire que raconte Ninny est celle de l’amitié entre deux femmes : Idgie, forte tête, véritable garçon manqué, et Ruth, douce et remarquable cuisinière. Mariée à Franck Bennett, un homme violent, Ruth finit par appeler Idgie au secours, et s’enfuit avec elle. Les deux femmes décident d’ouvrir un restaurant. Mais Bennett n’a pas dit son dernier mot…

C’est un tout petit film, tourné pour 11 millions de dollars et sorti aux Etats-Unis en janvier 1992 dans une combinaison restreinte de 5 écrans. Puis le bouche-à-oreille a fait le reste. En quatre semaines, Beignets de tomates vertes ou Fried Green Tomatoes est passé à 673 écrans, avant d’être finalement proposé dans 1331 salles. La France a dû attendre la fin septembre 1992 pour découvrir le film de Jon Avnet, alors qu’il franchissait la barre des 80 millions de dollars de recette sur le sol de l’Oncle Sam. A peine 400.000 français viendront découvrir Beignets de tomates vertes à sa sortie, mais cette chronique douce-amère est ensuite rapidement devenue culte auprès de nombreux spectateurs. Plus de 25 ans après, Fried Green Tomatoes a conservé toute son aura et n’a de cesse de faire de nouveaux adeptes.

Adapté du roman Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe de Fannie Flag, Beignets de tomates vertes revient de loin et son adaptation a donné quelques sueurs froides au cinéaste, bien qu’il n’ait jamais pensé à abandonner ce projet qui lui tenait particulièrement à coeur, d’autant plus qu’il avait lui-même acquis les droits cinématographiques. Pour son premier long métrage, Jon Avnet s’entoure d’un casting féminin exceptionnel. Le quatuor composé de Kathy Bates (Misery) et Jessica Tandy (Miss Daisy et son chauffeur) d’un côté – toutes les deux venaient de remporter l’Oscar de la meilleure actrice – pour la partie contemporaine, et celui constitué de Mary-Louise Parker (Coups de feu sur Broadway) et Mary Stuart Masterson (Benny and Joon) pour la partie du récit se déroulant dans les années 1930, subjugue du début à la fin. « Le Secret est dans la sauce », titre québécois du film, se focalise tout d’abord sur Evelyn (Kathy Bates). Tandis qu’elle visite une tante dans sa maison de retraite, cette femme âgée d’une cinquantaine d’années fait la connaissance de Ninny (Jessica Tandy), une vieille dame encore très vive et avec qui le courant passe immédiatement. Celle-ci lui raconte sa jeunesse à Whistle Stop, une localité où, dans les années 1930, elle était amie avec Ruth (Mary-Louise Parker) et Idgie (Mary Stuart Masterson), deux jeunes femmes aux tempéraments diamétralement opposés. Opposés, mais pas moins promptes à tenir ensemble le Whistle Stop Café, un établissement qui fait du beignet de tomate verte sa grande spécialité.

Histoire(s) d’émancipation(s), Beignets de tomates vertes est un doux récit où l’écho du passé se répercute sur le présent, mais aussi et surtout une véritable histoire d’amour entre deux jeunes femmes, qui ne se dit pas dans l’Amérique des années 1930 et qui ne se vit réellement que sous la forme d’une extraordinaire et bouleversante amitié. Phénomène de librairie dès sa publication en 1987, le second livre de Fannie Flag était d’abord resté 36 semaines sur la liste des best-sellers établie par le New York Times. Sa transposition marque les débuts prometteurs de Jon Avnet, même si le réalisateur n’a jamais su ou pu confirmer par la suite en se vautrant même dans la fange hollywoodienne avec les navets Red Corner (1997), 88 minutes (2007) et La Loi et l’ordre (2008) qui marquait pourtant les retrouvailles de Robert de Niro et Al Pacino devant la caméra. Ce premier long métrage restera sans nul doute l’oeuvre de sa vie. Sa mise en scène délicate associée à un rythme lent et maîtrisé, invite les spectateurs dans des décors à la Steinbeck, à entrer dans l’intimité des souvenirs de ces femmes, Idgie, éprise de liberté et d’indépendance à l’époque de la grande dépression, Ruth, qui se libère aux côtés d’Idgie, Ninny, pétulante octogénaire et Evelyn, ménagère résignée, puis rebelle à sa condition et qui renaît grâce à Ninny.

Beignets de tomates vertes est une œuvre en état de grâce, à l’instar d’Idgie plongeant sa main dans un essaim d’abeilles afin d’en récolter le miel pour l’offrir à Ruth (scène réalisée sans doublure par Mary Stuart Masterson), ou bien encore cette promenade sur le lac avant le drame. Un film qui n’a rien perdu de son aura et de son authenticité, devant lequel on se sent bien, au chaud, rassurés, apaisés, également bercés par la musique envoûtante de Thomas Newman. Inoubliable.

LE BLU-RAY

Le superbe digibook de Beignets de tomates vertes édité par Movinside dans la collection Les Films de ma vie, renferme le Blu-ray du film. Le petit livret de 32 pages richement illustré délivre quelques notes de production signées Marc Toullec. Le menu principal de cette édition est animé et musical.

Aucun supplément vidéo.

L’Image et le son

Pour cette nouvelle édition HD de Beignets de tomates vertes, Movinside semble avoir repris le master sorti chez feu Filmedia en 2013. En dépit de légères imperfections, ce Blu-ray au format 1080p (AVC) respecte le grain original, se révèle propre et éclatant sur les scènes diurnes (les plus acérées) et les détails sont appréciables sur le cadre. La palette colorimétrique retrouve une nouvelle jeunesse (en dépit de visages un peu rosés), le relief est palpable, mais le piqué n’est pas aussi ciselé qu’espéré. En dehors de plusieurs instabilités de la définition, de couleurs sensiblement délavées (mais nettement plus convaincantes après le générique) et de légers fourmillements sur les séquences en basse lumière, les contrastes sont à l’avenant et la clarté appréciable confirment que nous sommes devant une belle édition HD, surtout pour un film tourné il y a déjà 25 ans.

La piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 spatialise la superbe partition de Thomas Newman du début à la fin et use à bon escient des basses. Des ambiances latérales ont été «  rajoutées  » pour s’aligner sur les standards actuels, sans que cela donne un aspect artificiel. Des effets naturels percent sur la scène arrière sur les très nombreuses séquences en extérieur, à l’instar des scènes d’orage, des abeilles et de l’accident de train. Si le volume des dialogues aurait mérité d’être revu à la hausse, cette option acoustique s’avère de très bonne qualité. Movinside livre également une piste française en 2.0, évidemment plus plate, mais de fort bonne facture également et au doublage de qualité.

Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Demain tout commence, réalisé par Hugo Gélin

DEMAIN TOUT COMMENCE réalisé par Hugo Gélin, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Omar Sy, Clémence Poésy, Antoine Bertrand, Ashley Walters, Gloria Colston, Clémentine Célarié

Scénario : Hugo Gélin, Mathieu Oullion, Jean-André Yerles d’après le film « Ni repris ni échangé » de Eugenio Derbez

Photographie : Nicolas Massart

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables. Pour qu’elle ne soit pas triste, Samuel envoie des e-mails à sa fille en se faisant passer pour sa mère. C’est alors que celle-ci réapparaît dans leur vie…

Demain tout commence. Ce n’est pas le slogan de la campagne de notre désormais Président de la République Emmanuel Macron, mais le titre du second long métrage du jeune réalisateur Hugo Gélin. Petit-fils de Daniel Gélin et de Danièle Delorme (à qui le film est dédié), fils de Xavier Gélin (l’inoubliable garagiste du Diable par la queue), Hugo Gélin a de qui tenir et autant dire que le talent coule dans les veines de ce cinéaste né en 1980. Sorti en 2012, son premier film Comme des frères était un vrai petit bijou sur l’amitié entre trois hommes que tout séparait, l’âge, la situation sociale, la philosophie de vie. Dans Demain tout commence, on retrouve l’humour, l’énergie et la tendresse qui faisaient la réussite de son précédent film, mais le récit s’avère bien trop mécanique cette fois.

Demain tout commence est le remake de la comédie mexicaine, No se aceptan devoluciones Ni repris ni échangé (2013) réalisé par Eugenio Derbez. A l’instar d’Un homme à la hauteur de Laurent Tirard, remake d’un film argentin, le cinéma sud-américain inspire décidément la comédie française puisque certaines séquences y sont reprises plan par plan. Depuis le gigantesque succès d’Intouchables, Omar Sy enchaîne les succès français (De l’autre côté du périph, Samba, Chocolat) et les participations à de gros puddings hollywoodiens (X-Men: Days of Future Past, Inferno, Jurassic World). Dans Demain tout commence, le comédien se donne à fond dans le rôle de Samuel, adulescent qui du jour au lendemain se retrouve avec un bébé sur les bras. Cependant, malgré cette incroyable énergie qui le caractérise, Omar Sy peine à convaincre, surtout dans les scènes dramatiques. La faute à une écriture larmoyante qui enchaîne les poncifs à la soap opéra et à une direction d’acteurs décevante. Si la partie comédie est soignée, le reste ne prend pas, les acteurs en font trop et le troisième acte plus centré sur l’émotion avec la possible séparation entre le père et sa fille, ne fonctionne pas.

L’image est clinquante, mais soignée, la b.o. fait office de juke-box et la petite Glora Colston affiche un vrai tempérament de comédienne et une vraie personnalité. Mais la relation avec Omar Sy paraît forcée, avec une ardeur et une hystérie mal canalisées, comme la séquence « montage » qui montre les années qui passent. Comme des frères apparaissait beaucoup plus spontané et l’on passait du rire aux larmes sans que le cinéaste nous impose comme ici des sentiments de manière plus pesante en se reposant trop sur le naturel de ses comédiens, ainsi que sur la musique rentre-dedans du compositeur américain Rob Simonsen (500 jours ensemble, Foxcatcher). Néanmoins, saluons les belles prestations de Clémence Poésy, soleil masqué par une éclipse, qui émeut malgré le retournement de situation quelque peu ingrat à son égard dans la dernière partie, sans oublier celle de l’excellent Antoine Bertrand, comédien québécois découvert dans Starbuck et vu dernièrement dans Le Petit locataire. Les scènes de ce dernier sont les plus réussies du film et son jeu élève d’ailleurs celui d’Omar Sy avec qui le courant et la complicité sont évidents à l’écran.

Du point de vue technique, Demain tout commence est élégant, les décors sont beaux, la photo lumineuse et colorée ravit les yeux, et le tournage à Londres apporte une petite touche « exotique » peu vue dans le cinéma français. Même s’il déçoit quelque peu après un formidable premier long métrage et s’il ne retrouve pas la fraîcheur de Comme des frères, Hugo Gélin a su toucher un large public avec Demain tout commence puisque 3,3 millions de spectateurs se sont déplacés dans les salles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Demain tout commence, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est élégant, animé et musical.

La section des suppléments contient un making of (19’) classique, mais bien fichu, constitué d’interviews de l’équipe et d’images de tournage. L’accent est mis ici sur la complicité entre Omar Sy et Gloria Colston, ainsi que sur la bonne humeur qui régnait sur le plateau.

Deux featurettes de trois minutes se focalisent sur Omar Sy d’un côté et sur Hugo Gélin de l’autre, en reprenant principalement des images et des propos du making of précédent. Du remplissage quoi.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier très sympa (4’).

L’Image et le son

Superbe ! Ce remarquable master HD n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie chatoyante et étincelante (des bleus étincelants) pour la partie Sud de la France, plus froide dès l’arrivée de Samuel à Londres, une luminosité de tous les instants, un piqué acéré ainsi qu’une profondeur de champ omniprésente. Les contrastes sont denses et luxuriants, les détails foisonnent et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Nicolas Massart (Comme des frères, Paris à tout prix) trouvent en Blu-ray un magnifique écrin.

On sent que le réalisateur a voulu se faire plaisir car la bande-son de Demain tout commence compile quelques tubes comme le mythique People Get Up And Drive Your Funky Soul de James Brown, le bourrin Barbra Steisand de Duck Sauce ou le Everybody’s Gotta Live d’Arthur Lee. Tous ces tubes s’enchaînent avec la musique de Rob Simonsen et profitent d’une large ouverture des enceintes frontales et latérales, sans oublier le caisson de basses qui ponctue souvent la bande originale. Cette brillante spatialisation laisse également une belle place aux ambiances naturelles et les dialogues demeurent percutants sur la centrale. Outre ce mixage DTS-HD Master Audio 5.1, les sous-titres destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Julien Panié / Vendôme – Mars / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Moi, moi, moi…et les autres, réalisé par Alessandro Blasetti

MOI, MOI, MOI…ET LES AUTRES (Io, io, io…. e gli altri) réalisé par Alessandro Blasetti, disponible en DVD le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Walter Chiari, Gina Lollobrigida, Vittorio De Sica, Silvana Mangano, Marcello Mastroianni, Nino Manfredi, Caterina Boratto

Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli, Leonardo Benvenuti, Suso Cecchi D’Amico…

Photographie : Aldo Giordani

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Sandro est un journaliste à Rome. Il mène une enquête sur l’égoïsme, aidé par son ami Peppino. Il commence par étudier le comportement de son entourage et côtoie divers personnages de la ville : une diva, un politicien véreux…Il se rend compte rapidement qu’il est lui-même son meilleur sujet d’étude.

Considéré comme étant l’un des pères de la comédie populaire italienne, y compris par ses confrères comme le grand Mario Monicelli, Alessandro Blasetti (1900-1987) a déjà une très longue carrière derrière lui quand il aborde le genre qui a fait les belles heures du cinéma transalpin dans les années 1950. Dommage que tu sois une canaille Peccato che sia una canaglia (1954), La Chance d’être femmeLa Fortuna di essere donna (1956) et Amore e chiacchiere (Salviamo il panorama) (1958) demeurent très prisés par les cinéphiles passionnés par la comédie italienne. Le film qui nous intéresse, Moi, moi, moi et les autresIo, io, io…. e gli altri (1966) est l’antépénultième long métrage d’Alessandro Blasetti, bien que la critique et le réalisateur lui-même considéraient alors ce film comme son œuvretestament.

Avant de consacrer les dernières années de sa vie à la télévision, Blasetti signait donc cette comédie prenant pour thème un sujet qui lui était cher, l’égoïsme. Par ailleurs, le ton est donné dès l’ouverture avec une chanson marquée par des chants d’enfants, tandis qu’un carton indique « Un film contre la vanité et l’égoïsme – Conférence avec projection » et que le nom de Biasetti se voit multiplier en se mettant à enfler. Blasetti se sert du cinéma comme d’un média pour aborder différents enjeux sociaux et faire passer son message. Mais surtout, il s’entoure d’une armée de scénaristes aux noms illustres, qui ont tous contribué à construire le récit à partir de leurs véritables souvenirs. Blasetti a ainsi pu recueillir les témoignages et s’octroyer les talents de plumes virtuoses comme Suso Cecchi D’Amico (Rocco et ses frères, Senso, Le Voleur de bicyclette) ou bien encore le mythique tandem Age & Scarpelli. Au total, plus d’une douzaine de scénaristes ont apporté leur pierre à l’édifice pour ce film à sketches…qui n’en est pas vraiment un.

Le fil conducteur de Moi, moi, moi et les autres est le personnage de Sandro, interprété par l’excellent Walter Chiari, souvent oublié derrière Mastroianni, Gassman, Tognazzi, Sordi et tutti quanti et qui pourtant aura tourné avec d’immenses réalisateurs comme Orson Welles, Michael Powell, Terence Young, Ettore Scola, Dino Risi, Luigi Comencini et Luchino Visconti. Le comédien incarne ici un journaliste romain qui décide de mener une enquête sur l’un des fléaux du monde moderne, l’égoïsme et le repli sur soi. Au fil de son enquête sur ses concitoyens qui le conduit auprès d’une diva ou d’un politicien véreux, il constate qu’il devient lui-même le sujet de son article, surtout quand il se retrouve auprès de son ami Peppino ou de sa propre femme Titta. Comment peut-il dans ce cas rester honnête envers son travail et surtout envers lui-même ? Aux côtés de Walter Chiari, Alessandro Blasetti convoque d’immenses comédiens, tous plus heureux de jouer quelques notes dans cette comédie chorale. Gina Lollobrigida, Silvana Mangano, Vittorio De Sica, Nino Manfredi, Marcello Mastroianni (devenu une star grâce à Blasetti), Franca Valeri, Sylva Koscina et Vittorio Caprioli, pour ne citer que les plus célèbres, apparaissent tous quelques minutes devant la caméra afin d’incarner l’italien ou l’italienne dans ses travers.

Si toutes les situations ne sont pas percutantes et malgré un rythme en dents de scie, Alessandro Blasetti (David di Donatello du meilleur réalisateur) égratigne le couple, le métier de journaliste, les mondains, les hommes politiques, la religion, toujours avec humour, quelques touches sexy (Gina Lollobrigida est à se damner), sans oublier l’émotion. Par ailleurs, Moi, moi, moi et les autres s’imprègne d’une véritable mélancolie et se clôt sur une note douce-amère inattendue, tandis que le regard de Sandro, tout d’abord pétillant en début de film, se voile et s’abaisse dans la dernière partie quand il fait le point sur sa propre vie.

Avec son scénario patchwork, mais taillé sur mesure pour ses acteurs par des auteurs habituellement habitués du genre dramatique et qui apportent donc une plus-value à cette comédie de mœurs aux dialogues très réussis, drôles et percutants, Moi, moi, moi et les autres s’avère une très agréable surprise, quasiment inédite en France, et donc à connaître absolument.

LE DVD

A l’instar du Prophète, récemment chroniqué dans nos colonnes, Le DVD de Moi, moi, moi et les autres est disponible chez ESC Editions, dans une nouvelle collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits seront même proposés en Haute-Définition ! La jaquette est très attractive et le verso montre tous les titres bientôt disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet et le boîtier glisser dans un surétui cartonné.

Pour information, cette collection sortira dans les bacs en trois vagues. La première, celle que nous commençons à chroniquer, est sortie le 28 mars 2017 : Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). Au mois de juin, l’éditeur prévoit : Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). Il faudra attendre le mois de septembre pour compléter sa collection avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

En plus d’une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro, ESC Editions propose une présentation de Moi, moi, moi… et les autres par Stéphane Roux, historien du cinéma (15’). Notre interlocuteur replace le film qui nous intéresse dans l’immense carrière d’Alessandro Blasetti. Stéphane Roux indique que ce film est peut-être emblématique du cinéma italien des années 1960, mais également pourquoi cette œuvre s’en détache. Les thèmes du film, les personnages, l’armada de scénaristes, la structure du long métrage, mais aussi la carrière d’Alessandro Blasetti, le casting et l’échec du film sont abordés au cours de cet entretien, où Stéphane Roux égratigne également la Nouvelle Vague et sa politique du réalisateur-auteur unique.

L’Image et le son

Bien que l’image ait été remasterisée, la copie manque sérieusement d’éclat et semble parfois trop datée. En effet, certains plans s’accompagnent d’un voile peu naturel, de nombreux troubles s’invitent à la partie avec des visages flous. Quelques défauts de pellicule ont échappé à la restauration. L’image est donc aléatoire, le N&B manque d’équilibre avec des blancs trop clairs qui amoindrissent les détails, d’autres étant au contraire beaucoup plus nets et satisfaisants ! 

La piste originale Stéréo 2.0 a également été restaurée mais on est encore loin d’un résultat parfait. De très légers craquements et des grésillements ainsi qu’une saturation de la musique demeurent. Les dialogues sont plutôt fluides. Le résultat est certes probant, mais pas non plus exceptionnel. Les sous-titres français (calqués sur la traduction approximative) sont imposés sur un lecteur de salon. Egalement disponible, la version française s’en tire honorablement, même si elle s’avère plus feutrée dans le rendu des dialogues et les ambiances.

Crédits images : © RTI S.P.A. / ESC Conseils / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Amants de Salzbourg, réalisé par Douglas Sirk

LES AMANTS DE SALZBOURG (Interlude) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : June Allyson, Rossano Brazzi, Marianne Koch, Françoise Rosay, Keith Andes, Frances Bergen

Scénario : Dwight Taylor, Daniel Fuchs, Franklin Coen

Photographie : William H. Daniels

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Helen Banning arrive à Munich pour travailler aux services d’information. L’organisation d’un concert lui fait rencontrer Tonio Fischer, un chef d’orchestre renommé. Bien que le docteur Morley Dwyer, un de ses compatriotes, lui fasse une cour discrète mais assidue, Helen s’éprend de Tonio, dont elle accepte les invitations et suit les concerts en coulisses…

Personne n’est parfait. Même pas Douglas Sirk ! C’est ce que l’on se dit après Les Amants de Salzbourg, réalisé en 1957 entre Les Ailes de l’espérance (Battle Hymn) et La Ronde de l’aube (1958). Avant son retour définitif en Allemagne, le cinéaste allemand d’origine danoise décide d’aller tourner son film en Europe, en Allemagne et en Autriche, plus de dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. A l’instar du Secret magnifique et plus tard de Mirage de la vie, Douglas Sirk signe le remake d’un film de John M. Stahl. Malheureusement, Les Amants de Salzbourg souffre cette fois de la comparaison avec le film original réalisé en 1939, Veillée d’amour (When Tomorrow Comes), avec le grand Charles Boyer et Irene Dunne.

Si les couleurs signées William H. Daniels (Tempête sur la colline, Harvey) sont évidemment magnifiques et stylisées, l’oeuvre de Douglas Sirk n’échappe pas cette fois-ci au côté carte-postale dès l’ouverture avec cette visite quasiment filmée en temps réel, pendant que le personnage d’Helen découvre les rues de Munich. Helen Banning quitte les Etats-Unis pour l’Allemagne dans le but de changer de vie et de métier. Elle y fait la connaissance de Tonio Fischer, un grand chef-d’orchestre qui ne la laisse pas indifférente mais qui pourrait ne pas être aussi libre qu’elle le pense. Ce qui frappe également dans Interlude, superbe titre original, c’est aussi le manque de charisme évident de son couple vedette. Si June Allyson (Les 4 filles du Dr March, La Pluie qui chante) s’en tire tout juste honorablement et à l’exception de Marianne Koch dans le rôle de Reni (le personnage le mieux écrit du film) et notre Françoise Rosay nationale, le reste du casting est décevant et jamais ce qui fait le charme des autres films de Douglas Sirk ne fonctionne ici.

Il faut bien l’avouer, le couple principal chez Sirk fait pâle figure en comparaison de celui de Veillée d’amour. De plus, la musique pour une fois pompeuse et omniprésente de Frank Skinner finit par plomber l’ensemble et malgré l’élégance de la mise en scène, le soin apporté au cadre, aux décors, à l’architecture et à la photographie, les personnages ne sont guère attachants et donc l’audience finit par s’en désintéresser. Le gros point faible des Amants de Salzbourg demeure également la prestation de Rossano Brazzi (Vulcano de William Dieterle, La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz, Vacances à Venise de David Lean) qui manque cruellement de charme, d’alchimie avec sa partenaire et sa prestation laisse fortement à désirer. Du coup, le couple se trouve déséquilibré, le personnage de Tonio Fisher est plus agaçant qu’autre chose et Douglas Sirk lui-même se repose sur des effets attendus en ne faisant que recopier certaines scènes provenant de ses précédents longs métrages.

C’est peu dire que nous restons sur notre faim, même si les récurrences thématiques sirkiennes sont présentes dans ce mélodrame, notamment la recherche du bonheur et le désir individuel contrarié par le collectif. S’il n’est évidemment pas un « ratage », Les Amants de Salzbourg (Interlude) reste une bluette bavarde, un roman-photo figé, une petite amourette glaciale anecdotique sans véritable saveur qui surprend de la part du cinéaste qui avouait alors sa faible implication dans le projet mise à part son souhait de retrouver le pays qui l’a vu grandir.

LE BLU-RAY

Les Amants de Salzbourg est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une présentation des Amants de Salzbourg par Jean-Pierre Dionnet (9’). On le sait, ce dernier considère Douglas Sirk comme un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Ne comptez pas sur lui pour dire du mal des Amants de Salzbourg, au contraire, puisque Dionnet défend même la prestation de Rossano Brazzi. Toutefois, notre interlocuteur déclare que ce film demeure un des plus méconnus du cinéaste et que ce dernier n’était d’ailleurs pas tendre à son égard, critiquant même ouvertement la prestation de son comédien principal. C’est là où cette introduction de Dionnet est intéressante puisqu’il indique que ce qui a attiré et intéressé Douglas Sirk, c’est avant tout le tournage en Allemagne et de filmer la ville et les paysages. Les collaborateurs du réalisateur sont évoqués, tout comme le casting et les partis pris.

Nous le disions précédemment, Jean-Pierre Dionnet est passionné par le cinéma de Douglas Sirk. Le journaliste et critique de cinéma lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Les Amants de Salzbourg n’était jusqu’alors disponible qu’en DVD, édité par Carlotta Films en novembre 2008. Elephant Films prend en charge la ressortie dans les bacs du film de Douglas Sirk, y compris en Haute-Définition. Ce Blu-ray reprend peu ou prou le même master et l’apport HD demeure somme toute limité. Ce n’est pas que le transfert déçoit réellement, mais les sensibles et perfectibles problèmes de définition sont identiques. Le côté carte-postale voulu par Douglas Sirk repose sur l’utilisation du Technicolor où domine une gamme disparate de vert et de bleu pastel. Le cinémascope aidant, la profondeur de champ est très estimable mais les fourmillements altèrent l’ensemble. Le grain est présent, mais sa gestion reste aléatoire et le générique en ouverture reste plus marqué par les affres du temps. Les contrastes auraient gagné à être moins accentués sur les séquences en extérieur. La copie est propre, en dépit de points et de griffures qui n’ont pu être éradiqués. Quelques couleurs ont tendance à baver (la robe blanche de l’héroïne qui tire allègrement sur le mauve), même si ces déséquilibres chromatiques semblent d’origine. Heureusement, le visionnage ne s’en trouve pas perturbé.

Privilégiez la version originale aux sous-titres français non imposés, avec ses voix plus claires et ses effets plus nets et aérés. En français, les voix des comédiens se révèlent plus sourdes et s’accompagnent parfois de légers craquements. Dans les deux cas, la musique omniprésente est dynamique et exploite au maximum les possibilités des pistes DTS-HD Master Audio Mono. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Papa ou maman 2, réalisé par Martin Bourboulon

PAPA OU MAMAN 2 réalisé par Martin Bourboulon, disponible en DVD et Blu-ray le 12 avril 2017 chez Pathé

Acteurs : Laurent Lafitte, Marina Foïs, Alexandre Desrousseaux, Anna Lemarchand, Sara Giraudeau, Michaël Abiteboul, Nicole Garcia

Scénario : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte, Marina Foïs, Laurent Lafitte, Martin Bourboulon

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Jérôme Rebotier

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Deux ans ont passé. Après avoir raté leur séparation, les Leroy semblent parfaitement réussir leur divorce. Mais l’apparition de deux nouveaux amoureux dans la vie de Vincent et de Florence va mettre le feu aux poudres. Le match entre les ex-époux reprend.

Après plus de 2,8 millions de spectateurs réunis dans les salles en 2015, réaliser une suite à Papa ou maman (Prix du Jury au Festival de l’Alpe d’Huez) était trop tentant. Un an et demi après la sortie du premier film au cinéma, Papa ou maman 2 a donc débarqué dans les salles avec le même casting et le même réalisateur à la barre. Si ce second épisode reprend quasiment les mêmes gags et le même canevas que le film précédent, Papa ou maman 2 n’en demeure pas moins très réussi, en dépit de son manque de surprises.

Redoutable comédie, coécrite par les talentueux Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière (Le Prénom, Un illustre inconnu), mais aussi par Martin Bourboulon et cette fois-ci par Marina Foïs et Laurent Lafitte qui ont pu mettre la main à la pâte, Papa ou maman 2 essaye d’aller encore plus loin dans les répliques vachardes, dans les règlements de comptes, le sarcasme et le cynisme. L’histoire commence là où elle s’était arrêtée à la fin du premier. Vincent Leroy et Florence, son ex-femme, semblent avoir tourné la page après leur séparation mouvementée. Ils ont refait leur vie chacun de leur côté (comprenez qu’ils habitent l’un en face de chez l’autre) : Vincent avec Bénédicte (délicieuse Sara Giraudeau) et Florence avec Edouard (l’excellent Jonathan Cohen). Cependant, Vincent accepte mal qu’Edouard soit beaucoup plus riche que lui. Florence, de son côté, a du mal à se réjouir à l’annonce de la grossesse de Bénédicte. Leurs enfants, qui détestent cette nouvelle situation, aimeraient que leurs parents reforment à nouveau un couple.

Derrière la caméra, Martin Bourboulon, ancien publicitaire, a fait plus de progrès, à l’instar de la première séquence tournée en plan-séquence, qui fait écho à celle du premier opus, mais en plus virtuose. Il signe un second long métrage on ne peut plus efficace, souvent très drôle, avec ce qu’il faut d’émotion pour rendre ses personnages, encore plus frappadingues que dans le premier, très attachants. Il faut dire que les deux têtes d’affiche, Marina Foïs et Laurent Lafitte ne reculent devant rien pour faire rire les spectateurs, surtout la première, aussi hilarante qu’à la bonne époque des Robin des Bois. Le duo fait toujours des étincelles, au sens propre comme au figuré et se délectent des dialogues cinglants tout comme des situations les plus grinçantes dans lesquelles sont plongés leurs personnages, prêts à tous les coups bas. A leurs côtés, les jeunes comédiens Alexandre Desrousseaux, Anna Lemarchand, Achille Potier s’avèrent encore plus convaincants que dans le premier, même s’ils apparaissent cette fois en retrait.

Alors oui Papa ou maman 2 sent parfois le réchauffé et s’avère une suite opportuniste (avec un tournage qui s’est déplacé à La Réunion), c’est d’ailleurs souvent un pléonasme, mais le spectateur aurait tort de bouder son plaisir car c’est aussi et avant tout une vraie comédie dynamique et brillamment interprétée par deux comédiens épatants et irrésistibles, qui prennent un évident plaisir à se renvoyer la balle, même en pleine figure. Les quiproquos s’enchaînent sur un rythme endiablé, la bande originale est au diapason, on se marre vraiment de bout en bout.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Papa ou maman 2, disponible chez Pathé, repose dans un boitier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Là où nous trouvions un sympathique commentaire audio du réalisateur Martin Bourboulon et des deux scénaristes Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, un making of de plus de 20 minutes et deux featurettes sur le Blu-ray de Papa ou maman, l’interactivité pour l’édition HD de ce second opus s’est réduite comme peau de chagrin. Certes le bêtisier (10’) est franchement très drôle et contagieux, mais à côté l’éditeur ne livre qu’un module promo de 2 minutes ! Quelques rapides images de tournage, principalement reprises du bêtisier, divers propos des comédiens (en voix-off) et débrouillez-vous avec ça !

Cette section se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pathé comble les espérances en livrant un master HD somptueux. Le piqué affiche d’emblée une précision dantesque, les contrastes sont d’une densité éblouissante et la clarté est à l’avenant. La profondeur de champ et le relief sont évidents, la colorimétrie chaude et ambrée au top, les textures sont palpables et le cadre large fourmille de détails. N’oublions pas non plus un léger grain très flatteur pour les mirettes, un codec AVC (contre VC-1 pour l’édition HD du premier volet) au mieux de sa forme et des noirs fermes. Le nec plus ultra de la Haute Définition.

Dès la première séquence de Papa ou maman 2, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une petite spatialisation soignée. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets sympathiques tandis que les ambiances naturelles des scènes en extérieur demeurent constantes. La DTS-HD Master Audio 2.0 est évidemment plus « plate » mais le spectacle acoustique est tout autant assuré. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Tibo & Anouchka / 2016 – CHAPTER 2 – PATHÉ PRODUCTION – M6 FILMS – NEXUS FACTORY – UMEDIA – FARGO FILMS  / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Joyeux bordel !, réalisé par Josh Gordon et Will Speck

JOYEUX BORDEL ! (Office Christmas Party) réalisé par Josh Gordon et Will Speck, disponible en DVD (version cinéma) et Blu-ray (version cinéma et version longue non censurée) le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Jason Bateman, Olivia Munn, Jennifer Aniston, T.J. Miller, Kate McKinnon, Courtney B. Vance, Jillian Bell

Scénario : Justin Malen, Laura Solon, Dan Mazer

Photographie : Jeff Cutter

Musique : Theodore Shapiro

Durée : 1h46 (version cinéma) / 1h51 (version longue non censurée)

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Carole, patronne de la société Zenotek, n’en peut plus des frasques de Clay, son jeune frère. Celui-ci, qui ne pense qu’à faire la fête, n’est visiblement pas armé pour les affaires. Le chiffre d’affaires est catastrophique, à un point tel que Carole veut fermer la branche dont s’occupe son cadet. Elle lui lance un ultimatum : soit son équipe et lui trouvent le moyen de signer un contrat de plusieurs millions de dollars avec un gros client, soit ils se retrouvent sans emploi. Clay relève le défi. Il invite le client à une fête de Noël. Mais le tout-Chicago se retrouve dans le bâtiment et Clay et ses amis vont vite être dépassés…

Josh Gordon et Will Speck sont les réalisateurs du déjà culte Les Rois du patin, leur premier long métrage sorti en 2007, gros succès au box-office américain. En 2010, les compères ont remis le couvert pour le sous-estimé Une famille très moderne, interprété par le couple Jennifer Aniston – Jason Bateman. Pour leur nouveau film en commun, Josh Gordon et Will Speck ont cette fois misé sur une comédie chorale, Joyeux bordel !Office Christmas Party.

Pour la cinquième fois, Jason Bateman et Jennifer Aniston se donnent la réplique après La Rupture, Une famille très moderne et les deux opus de Comment tuer son boss ?. Si le premier a le rôle principal, la seconde fait plutôt une participation. Le reste du casting est à l’avenant puisque nous retrouvons également le déchaîné T.J. Miller, vu dans Cloverfield et Deadpool, mais aussi la divine Olivia Munn, la sexy Jamie Chung, l’hilarante Vanessa Bayer (Crazy Amy), l’allumé Rob Corddry (No Pain No Gain, Sex Tape) et la géniale Kate McKinnon. Cette dernière, humoriste très connue aux Etats-Unis, notamment pour sa participation à la mythique émission Saturday Night Live, pour laquelle elle a notamment été récompensée par un Emmy Awards du second rôle féminin dans une comédie, vole la vedette à chaque apparition dans le rôle de de Mary, la RH vieille-fille au pull col roulé et à la démarche manche à balai. Génie comique vue dans le reboot-remake de Ghostbusters et Les Cerveaux, elle déclenche systématiquement les fous-rires.

Une fois n’est pas coutume, le titre français de Office Christmas Party est très bien trouvé et nullement trompeur. A la tête de l’entreprise familiale basée à Chicago, Carole (Jennifer Aniston, excellente en boss peau de vache) menace de fermer la branche dirigée par son frère fêtard Clay (T.J. Miller) et son équipe de bras-cassés qui pensent plus à s’éclater qu’à faire des bénéfices. Il n’en fallait pas plus à ce dernier pour qu’il leur fixe une ultime mission : organiser dans les bureaux une soirée de Noël totalement épique et hors-norme afin d’impressionner un de leurs plus gros clients convoités et signer un contrat qui pourrait sauver leur boulot. Mais cela va très vite dégénérer. Voilà le pitch.

Amis de la comédie américaine déjantée, Joyeux bordel ! est fait pour vous ! S’il ne révolutionne en rien le genre, le film de Josh Gordon et Will Speck porté par un casting frappadingue offre de savoureux moments de déconnade. Certes, cela ne va jamais aussi loin qu’un Projet X, mais Joyeux bordel ! contient ce petit truc grinçant sur le travail quotidien et les relations professionnelles qui empêche le film de tomber dans le tout-venant. De plus, certains gags sont vraiment bien trouvés et l’alchimie des acteurs est évidente.

Malgré un dernier acte qui part un peu dans tous les sens avec une pseudo-intrigue d’argent convoité, d’enlèvement, de logiciel informatique révolutionnaire, de poursuite en voiture, Joyeux Bordel ! s’avère un divertissement réussi, bien réalisé et mené à cent à l’heure, gentiment vulgaire et potache, toujours généreux, poilant et soucieux d’offrir aux spectateurs un interlude où ils pourront oublier les soucis du quotidien. Mission accomplie donc pour ce film qu’on aura plaisir à revoir durant les fêtes de fin d’année où il pourrait devenir comme un rituel.

LE BLU-RAY

La version longue non censurée de Joyeux bordel !est uniquement disponible en Blu-ray. Le test de l’édition HD a été effectué sur un check-disc. Le menu principal est soigné, élégant, animé sur fond d’animations et musical.

Tout d’abord, dommage que l’éditeur ne propose pas le commentaire audio de Josh Gordon et de Will Speck avec les sous-titres français. Ce supplément, uniquement dispo sur la version cinéma, ne sera destiné qu’aux plus anglophiles de nos lecteurs.

Ensuite, l’essentiel de cette interactivité repose sur les scènes inédites (9’), les scènes coupées et allongées (3’) et les scènes coupées additionnelles (8’).

La première section renferme les différentes improvisations des comédiens et des répliques alternatives. La seconde propose notamment une fin alternative plus romantique. La dernière cumule les scènes rajoutées dans le montage dit non censuré.

N’oublions pas le making of (12) traditionnel, composé des propos de toute l’équipe (acteurs, réalisateurs, producteurs) et d’images hilarantes de tournage où l’on peut voir que les comédiens se faisaient rire eux-mêmes sur le plateau durant les prises.

L’Image et le son

L’éditeur frôle la perfection avec ce master Haute Définition où la seule petite faiblesse provient d’un certain manque d’éclat de la palette colorimétrique. En dehors de cela, la profondeur de champ demeure insondable, les blancs brillants et les gros plans, tout comme les superbes panoramas sur Chicago, bénéficient d’un piqué pointu au relief impressionnant. Une fois n’est pas coutume, ce sont surtout les nombreuses séquences nocturnes qui apparaissent les plus fluides avec de belles ambiances tamisées, des noirs denses et une restitution des textures plus appliquées. C’est ce qu’on appelle un transfert élégant.

Si vous ne voulez pas vous faire arrêter pour tapage nocturne, veillez à ce que vos voisins soient partis en vacances pour profiter de l’incroyable piste anglaise DTS-HD Master Audio 7.1 qui explose littéralement les enceintes et le caisson de basses. C’est avec ce mixage que vous vous rendrez compte si votre installation tient le choc. Certes, la bande originale ne brille pas par sa finesse, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ambiance est survoltée. La première partie du film, dite calme, se concentre essentiellement sur les frontales et la délivrance des dialogues sur la centrale. Sur le papier, la piste française doit se « contenter » d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, qui n’en demeure pas moins explosive sur les séquences de fiesta et la poursuite finale. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Amblin Partners, Bluegrass Films, DreamWorks, Reliance Entertainment / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Incarnate, réalisé par Brad Peyton

INCARNATE réalisé par Brad Peyton, disponible en DVD et Blu-ray le 26 avril 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Aaron Eckhart, Carice van Houten, Catalina Sandino Moreno, David Mazouz, Keir O’Donnell, Matt Nable

Scénario : Ronnie Christensen

Photographie : Dana Gonzales

Musique : Andrew Lockington

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lindsay, mère célibataire, est le témoin de très inquiétants phénomènes entourant son fils de 11 ans Cameron. Persuadée qu’il s’agit d’un cas de possession démoniaque, Lindsay et une envoyée du Vatican font appel au scientifique Seth Ember pour s’en débarrasser. Cloué dans une chaise roulante après la disparition tragique de sa famille, il est capable de s’introduire dans le subconscient de la personne possédée. En pénétrant celui du jeune Cameron, Ember se retrouve confronté à un démon de son passé…

Agé d’à peine 50 ans, Jason Blum a déjà produit plus de 115 films en passant allègrement d’un genre à l’autre comme à la bonne époque de la Cannon, du petit film de genre fauché au film indépendant. S’il a commencé sa carrière en 1995, c’est en 2009 que Blumhouse Productions prend son envol avec le triomphe inattendu de Paranormal Activity. Produit pour 13.500 dollars, le film en rapporte près de 200 millions dans le monde ! Depuis, Jason Blum n’aura de cesse de reprendre la même recette. Un budget souvent dérisoire, la plupart du temps autour de 5 millions de dollars, afin de maximiser le retour de billets verts à travers le monde, tout en créant des franchises avec des épisodes récurrents tombant à point nommé pour Halloween. A côté des cinq épisodes Paranormal Activity, Jason Blum a également produit en vrac The Reader de Stephen Daldry (Oscar de la meilleure actrice pour Kate Winslet), les deux Sinister, la trilogie Insidious, Des hommes sans loi de John Hillcoat, The Lords of Salem de Rob Zombie, The Bay de Barry Levinson, Whiplash de Damien Chazelle, la trilogie American Nightmare, The Green Inferno d’Eli Roth, sans oublier The Visit et Split de M. Night Shyamalan ! Si Jason Blum a de la suite dans les idées, dans tous les sens du terme avec un quatrième épisode pour American Nightmare et Insidious, le producteur prolifique et inclassable a su également attirer des acteurs de renom dans ses derniers films. L’un des derniers en date est Incarnate.

A la barre de ce petit film d’épouvante au budget modeste, on trouve le réalisateur Brad Peyton, un « faiseur » honnête qui compte quelques succès commerciaux à son actif comme les sympathiques Comme chiens et chats: La revanche de Kitty Galore, Voyage au centre de la Terre 2: L’île mystérieuse et dernièrement San Andreas avec Dwayne Johnson et Alexandra Daddario. Il bénéficie également de têtes d’affiche prestigieuses avec Aaron Eckhart, Carice van Houten et Catalina Sandino Moreno. Malheureusement, le scénario est signé Ronnie Christensen, coupable de grosses séries B, ou plutôt de séries Z du style Instinct mortel – Menace terroriste, Le Mur du secret avec Nicole Eggert, le très mauvais Les Passagers de Rodrigo García avec Anne Hathaway et Patrick Wilson ou le « fameux » Dark Tide avec Halle Berry et Olivier Martinez. Le scénariste ne se gêne pas pour piller ses idées à droite à gauche, sur Constantine de Francis Lawrence, Inception de Christopher Nolan, qui s’était déjà bien servi sur Le Monde sur le fil de Fassbinder, mais aussi directement dans les productions Bloom, notamment Insidious.

Rien, absolument rien ne fonctionne dans Incarnate, thriller horrifique de bas étage, resucée sans imagination de tous les films de genre sortis depuis plus de dix ans. Aaron Eckhart semble être le seul à croire à cette sempiternelle histoire de gamin possédé par un être diabolique. Son personnage Seth Ember est cloué dans une chaise roulante suite à la mort de sa famille. Scientifique aidé par deux comparses, il est appelé par le Vatican pour exorciser un petit garçon. Le docteur est un « Incarné », capable de s’introduire dans le subconscient des personnes possédées pour chasser leurs démons. Il découvre que l’enfant (David Mazouz, le jeune Bruce Wayne de la série Gotham) qu’il doit exorciser est habité par le démon (qu’il doit « expulser ») responsable de la mort de sa femme et de son enfant quelques années auparavant. L’affaire devient alors personnelle et Ember est cette fois prêt à y laisser sa vie pour ramener le garçon à la raison, mais surtout à chasser et tuer définitivement l’entité maléfique.

Sur la forme, Incarnate est correct. Le film – tourné en trois semaines – se passe principalement de nuit, la photographie de Dana Gonzales (les séries Legion et Fargo) est soignée et la mise en scène passe-partout est correcte, même si Peyton ne fait rien pour insuffler du suspense ou une réelle tension. Ce qui coince c’est au niveau du scénario qui cumule les poncifs du genre, tout est usé et archi-usé, prévisible, sans aucune surprise, y compris le twist final qui peut même se deviner dès le début du film. La talentueuse et divine Carice van Houten n’a rien à défendre dans le rôle de la mère dépassée par les événements et se contente de rouler des yeux en regardant son fils assis en tailleur, en train de psalmodier, sur les images provenant des caméras de surveillance. Aaron Eckhart qui s’est fait la tronche de Sean Bean fait le boulot dans le rôle de Leonardo DiCaprio et de Keanu Reeves ce mec porté sur la bibine, mais qui reste professionnel pour entrer dans les rêves des gens, surtout qu’il y apparaît beaucoup plus classe et sur ses deux jambes. Mais cela ne sauve en rien Incarnate du marasme.

On ne sait pas si Bloom tient ici une nouvelle franchise, on espère que non, toujours est-il qu’il semble désormais pourvu lui aussi du désormais célèbre générateur de scénarios aléatoires de Luc Besson version Mozinor.

LE BLU-RAY

Incarnate est un DTV disponible chez Wild Side Video. Le test du Blu-ray a été effectué à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité ne va pas aider à relever le niveau du film puisque l’éditeur ne fournit qu’un lot de bandes-annonces et les credits du disque.

L’Image et le son

Comme pour ses sorties traditionnelles, Wild Side Video soigne autant le transfert de ce Direct-to-Video qu’un blockbuster. Ce master HD (1080p, AVC) d’Incarnate ne déçoit pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les très nombreuses scènes sombres et la belle photographie de Dana Gonzales marquée par des teintes alliant le chaud et le froid est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets étonnants qui vous feront sursauter. Le caisson de basses se mêle également à la partie, notamment lors de l’affrontement final. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue impossible à la volée.

Crédits images : © Wild Side / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / About Ray, réalisé par Gaby Dellal

ABOUT RAY (3 Generations) réalisé par Gaby Dellal, disponible en DVD le 22 mars 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Naomi Watts, Elle Fanning, Linda Emond, Susan Sarandon, Andrew Polk, Marcos A. Gonzalez, Tate Donovan

Scénario : Nikole Beckwith, Gaby Dellal

Photographie : David Johnson

Musique : West Dylan Thordson

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Ray, jeune adolescente transgenre, souhaite devenir un homme. Accompagnée de sa mère et de sa grand-mère, elle va devoir faire accepter à sa famille cette transition pour enfin s’épanouir. C’est un chemin semé d’embûches pour cette famille dont le père n’a jamais été présent. Chacun tentera de s’opposer à la réalité, avant de finalement comprendre qu’il faudra se serrer les coudes pour passer ensemble cette épreuve.

Malgré ses comédiennes prestigieuses à l’affiche, About Ray – aka 3 Generations en version originale, n’a pas eu les honneurs d’une distribution dans les salles françaises et c’est bien dommage. En effet, ce drame doux-amer porté par Naomi Watts, Susan Sarandon, Elle Fanning et Linda Emond s’avère une œuvre très délicate. Après une première projection du film au Festival de Toronto en septembre 2015 qui s’était soldée par un accueil particulièrement mitigé, la sortie d’About Ray a été purement et simplement annulée aux Etats-Unis. La réalisatrice Gaby Dellal a ensuite décidé de remonter son film, d’augmenter légèrement sa durée, puis de changer l’intégralité de la musique.

La cinéaste britannique nous avait déjà enthousiasmés en 2005 avec Une belle journée, dans lequel le grand Peter Mullan s’entraînait pour traverser la Manche à la nage afin de combattre ses démons. About Ray est l’histoire de Ramona, alias Ray (Elle Fanning), adolescente spontanée, qui vit à New York avec sa mère célibataire Maggie (Naomi Watts), et sa grand-mère pleine d’entrain, Dolly (Susan Sarandon). Lorsque Ramona, qui sait, depuis sa prime jeunesse, qu’elle est née dans un corps qui ne lui convient pas, décide de devenir un garçon et de s’appeler Ray, cette famille liée doit apprendre à vivre avec ce changement profond. Dolly, qui est elle-même lesbienne, trouve difficile d’accepter qu’elle ait à présent un petit-fils et Maggie, en tant que mère, est contrainte de prendre de grandes décisions. Pour mettre en œuvre la transformation, elles doivent rechercher le père de Ray de manière à ce que celui-ci puisse donner son consentement légal au changement de sexe.

About Ray ne tombe jamais dans la gratuité ou le pathos, grâce à quelques touches d’humour et l’incroyable performance d’Elle Fanning. La jeune comédienne âgée de 20 ans à peine compte déjà près de 60 films à son actif. Découverte à l’âge de deux ans dans Sam je suis Sam de Jesse Nelson (2001), la sœur de Dakota Fanning est ensuite passée devant les caméras de Alejandro González Iñárritu, Tony Scott, David Fincher, Sofia Coppola, J.J. Abrams, Francis Ford Coppola, Cameron Crowe, Ben Affleck et évidemment celle de Nicolas Winding Refn pour The Neon Demon, qui bien que largement surestimé a contribué à renforcer son statut de jeune star. Dans About Ray, elle impressionne avec sa démarche, ses regards, ses postures, celle d’un jeune homme enfermé dans un corps qui ne lui appartient pas. Naomi Watts est comme d’habitude parfaite et campe une mère compréhensive, qui a élevé seule sa fille, prête à tout pour que son enfant soit heureux et qui accepte donc naturellement que sa fille Ramona devienne Ray. Susan Sarandon et Linda Emond (vue dans les séries The Good Wife et Gossip Girl) forment un couple de lesbiennes féministes et engagées qui tentent de prendre le train en marche en essayant de se faire à l’idée que Ramona est sur le point de changer de sexe pour pouvoir enfin vivre et s’épanouir, pour pouvoir être.

Drame inattendu, à la fois pudique et frontal prenant pour personnage principal un adolescent transgenre, About Ray ne laisse évidemment pas indifférent, même si certains spectateurs diront bien sûr que le personnage de la mère accepte « trop facilement » de laisser sa fille prendre cette décision irrévocable. Les quelques longueurs, la mise en scène fonctionnelle et les rebondissements à la limite du soap (Ray qui se retrouve avec deux pères possibles) n’empêchent pas d’être constamment ému voire bouleversé par ce personnage de Ramona/Ray magnifiquement incarné(e) par Elle Fanning, décidément en état de grâce et qui n’a pas fini de nous surprendre.

LE DVD

Le test du DVD d’About Ray, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette est élégant et attractif. Même chose pour le menu principal, animé et musical.

Les suppléments se résument à la bande-annonce du film.

L’Image et le son

Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres et s’accompagnent de moirages ainsi que de saccades.

About Ray n’est pas un film à effets et les mixages français et anglais Dolby Digital 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne inévitablement d’ambiances naturelles sur les latérales avec notamment la circulation dans les rues de New York. Il en est de même pour la musique systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes. Les voix demeurent solidement délivrées par la centrale, bien que la version française demeure moins ardente que son homologue. Les deux pistes Stéréo sauront contenter ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.

Crédits images : © SND / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Capitaine Mystère, réalisé par Douglas Sirk

CAPITAINE MYSTÈRE (Captain Lightfoot) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Rock Hudson, Barbara Rush, Jeff Morrow, Kathleen Ryan, Finlay Currie, Denis O’Dea

Scénario : W.R. Burnett, Oscar Brodney, d’après le roman de W.R. Burnett « Le Capitaine Lightfoot » (Captain Lightfoot)

Photographie : Irving Glassberg

Musique : Heinz Roemheld, Herman Stein

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

En Irlande en 1815, Michael Martin est un jeune révolutionnaire détroussant les riches pour financer la révolution. Se sachant poursuivi par les dragons du roi, il doit fuir vers Dublin. Il y rencontre le capitaine Thunderbolt, un rebelle qui en fait son second. Le capitaine Mystère est né, l’aventure peut commencer.

Réalisé entre Le Signe du païen (1954) et Tout ce que le ciel permet (1955), Capitaine Mystère est un film à part dans l’oeuvre de Douglas Sirk, puisqu’il s’agit d’un vrai film d’aventures. Atypique, Captain Lightfoot démontre que Sirk n’était pas «  seulement  » le roi du mélodrame hollywoodien, comme l’avaient d’ailleurs prouvé ses fantastiques comédies (Qui donc a vu ma belle ?, No Room for the Groom), son drame-policier Tempête sur la colline, le péplum Le Signe du païen ou encore le western Taza, fils de Cochise. Sur un scénario coécrit par Oscar Brodney (Harvey) et W.R. Burnett d’après son propre roman, Douglas Sirk se prend au jeu et livre un petit film de genre bien troussé, même s’il demeure complètement mineur et anecdotique dans la carrière américaine du cinéaste allemand.

Au milieu du XIXe siècle, au plus fort de la lutte qui oppose les Irlandais aux Anglais, Michael Martin rejoint John Doherty, le chef des partisans irlandais, et devient son second. Doherty exploite une maison de jeu dont les revenus lui permettent de financer le mouvement de résistance qu’il dirige. Un jour, blessé, Doherty laisse le commandement à Martin et se cache dans une roulotte pour y attendre sa guérison. Martin se heurte alors à Aga, fille de Doherty, dont le caractère autoritaire et indiscipliné risque de mettre l’organisation en péril. Heureusement, l’amour, qui ne tarde pas à les réconcilier, va arranger les choses. Pour la quatrième fois, Douglas Sirk confie le rôle principal à son ami et fidèle collaborateur Rock Hudson, qui entre deux mélodrames s’offre une récréation. Le costume lui va évidemment comme un gant et le comédien est aussi charismatique que bondissant et élégant. Il prend visiblement beaucoup de plaisir à incarner ce Michael Martin, sorte de Robin des Bois irlandais maladroit devenu membre d’un groupe révolutionnaire irlandais. Le charme de Barbara Rush (Le Secret magnifique) et l’alchimie avec son partenaire font également le sel de cette oeuvre de commande.

Capitaine Mystère demeure un divertissement agréable, mais s’avère plus intéressant dans la forme que sur le fond. L’ensemble manque de fougue et de rythme (malgré ses 93 minutes), tandis que le cocktail aventures, humour, récit d’apprentissage et romance peine à trouver un équilibre. Ce qui importe vraiment dans Capitaine Mystère est le soin apporté aux costumes (de Bill Thomas), au Cinémascope et à la photographie chatoyante (Irving Glassberg), sans oublier les magnifiques décors naturels irlandais où le film a été tourné dans son intégralité, malgré une météo désastreuse. Capitaine Mystère n’a jamais la prétention de s’élever au rang de chef d’oeuvre et Douglas Sirk lui-même semble prendre un peu de repos derrière la caméra, malgré la présence des reflets dans les miroirs qui font sa marque de fabrique.

Finalement, ce que le réalisateur réussit le mieux, ce sont scènes intimistes qui s’immiscent entre deux séquences plus agitées, l’attaque d’un château ou un duel au pistolet. L’ambiance est légère, drôle (la scène de la fessée héritée de L’Homme tranquille de John Ford reste très célèbre), ironique et le film ne se prend pas au sérieux. Autant dire que les cinéphiles adeptes du cinéma de Douglas Sirk risquent d’être quelque peu décontenancés par ce jalon placé au milieu des merveilleux mélodrames qui ont fait la renommée du metteur en scène.

LE BLU-RAY

Capitaine Mystère est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une présentation très complète de Capitaine Mystère par Jean-Pierre Dionnet (11’). Ce dernier ne manque pas d’arguments pour défendre ce film qu’il affectionne tout particulièrement. Toujours très inspiré quand il parle de Douglas Sirk, Dionnet évoque les lieux de tournage, le rapport du réalisateur avec l’Irlande, les thèmes, le casting, la légende de Lightfoot, le romancier W.R. Burnett.

Nous le disions précédemment, Jean-Pierre Dionnet est passionné par le cinéma de Douglas Sirk. Le journaliste et critique de cinéma lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Même si cela ne se voit pas particulièrement à l’image (même si le ciel est parfois très lourd), Capitaine Mystère a été tourné sous un climat pluvieux et maussade. Le crachin irlandais a amené Douglas Sirk à utiliser le Technicolor. Les couleurs sont vives voire souvent pastel, pour ne pas dire délavées. Le master HD a beau être impeccablement restauré, le grain est accentué sur les fondus enchaînés et certains effets de pompage n’ont pu être corrigés. Le Blu-ray de Capitaine Mystère au format 1080p s’accompagne des mêmes défauts que l’ancien DVD sorti chez Carlotta en 2009, notamment au niveau des nuits américaines où les visages des comédiens manquent de détails. Les contrastes sont corrects, même si souvent trop accentués sur les scènes sombres et quelques fourmillements se font ressentir sur les arrière-plans. Maître du Cinémascope, Douglas Sirk concocte cependant des plans au relief impressionnant comme lors des poursuites ou tout simplement lors de l’exposition des paysages irlandais. L’apport HD est somme toute indéniable avec une image plus stable que le précédent DVD et quelques scènes sortent du lot à l’instar du bal.

Deux options acoustiques en Mono 2.0. La version française dispose d’un doublage d’époque assez réussi, qui ne manque pas d’entrain. La piste anglaise est néanmoins plus dynamique et aérée que son homologue. Les ambiances et la musique possèdent beaucoup plus de relief sur cette piste qu’en français.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr