Test DVD / La Levée des tomahawks, réalisé par Spencer Gordon Bennet

LA LEVÉE DES TOMAHAWKS (Brave Warrior) réalisé par Spencer Gordon Bennet, disponible en DVD le 23 mars 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Jon Hall, Christine Larsen, Jay Silverheels, Michael Ansara, Harry Cording, James Seay

Scénario : Robert E. Kent

Photographie : William V. Skall

Musique : Mischa Bakaleinikoff

Durée : 1h09

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

1812 dans l’Indiana. Un nouveau conflit menace de naître entre les Etats Unis et L’Angleterre. Un radeau américain destiné à ravitailler les tribus Shawnee en sel est attaqué par les Anglais, ceux-ci en massacrent les occupants et coulent la cargaison. Cet acte est commandité par Shayne Mac Grégor, riche commerçant en fourrures à Vincennes. Au camp Shawnnee, las des promesses non tenues la révolte gronde, la division éclate entre le chef Tecumseh et son frère surnommé « Le Prophète ». Ce dernier veut déterrer la hache de guerre contre les Américains. Le gouverneur de l’état William Henry Harrison, afin d’éviter une nouvelle guerre, engage Steve Rudell ami d’enfance de Tecumseh. Steve propose alors à Tecumseh de bâtir une ville nouvelle :  » Tippecanoe  » avec une école pour les enfants, ce qui permettra de rapprocher les contacts pacifiques entre blancs et indiens.
De son côté, Mac Grégor prépare avec l’aide du prophète et des Anglais, une embuscade destinée à anéantir les troupes américaines venues pour établir leur quartier général dans la ville de Vincennes.

Spencer Gordon Bennet (1983-1987) demeure un des plus grands spécialistes de la série B du cinéma américain. Prolifique et éclectique, on lui attribue plus de 120 films tournés entre 1921 et 1966. Habitué des serials, ce réalisateur était capable de livrer une demi-douzaine de films par an dans les années 1920 jusqu’à l’entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Dans sa filmographie, tous les genres y sont passés, en particulier les westerns, les films d’aventures et de science-fiction. Zorro, le vengeur masqué (1944), Superman (1948), Batman & Robin (1949), Le Sous-marin atomique (1959), restent ses œuvres les plus marquantes. Sur sa tombe, les studios lui ont rendu un dernier hommage en y faisant graver « King of Serial Directors, his final chapter ». La Levée des tomahawksBrave Warrior est un de ses cinq films tournés et sortis en 1952.

Ce petit western mis en scène avec peu de moyens, montre le savoir-faire du cinéaste pour emballer une aventure qui prend de très grandes libertés avec l’Histoire, afin de proposer aux spectateurs un récit aux personnages attachants, des archétypes où les gentils le sont vraiment, tout comme leurs adversaires que rien ne peut racheter, afin de ne pas compliquer les choses, pour aller à l’essentiel en à peine 70 minutes. Le lieu (la ville de Vincennes, Indiana), et le conflit en cours (les Anglais qui menacent les Américains, les Indiens Shawnees qui se retrouvent au milieu) sont exposés au moyen d’une carte dès le prologue. Spencer Gordon Bennet et son scénariste Robert E. Kent n’ont aucun scrupule pour remanier l’Histoire à leur guise et montrer de vrais héros américains, en paix avec les Indiens – ils leur fournissent même le sel nécessaire à la conservation de leur nourriture, afin de les remercier de leur avoir cédé leurs terres situées le long de la rivière Tippecanoe – jusqu’à ce que ces maudits Anglais essayent de contrecarrer leur expansion. Les Indiens Shawnees eux-mêmes vont se retrouver face à un dilemme puisque le guerrier surnommé « Le Prophète » (Michael Ansara) décide de se rebeller contre les Américains, tandis que son frère, le pacifiste Tecumseh (Jay Silverheels), qui admire la civilisation des Blancs et amoureux d’une Américaine, Laura (Christine Larsen), tente de ramener la paix dans la région. Mais les Anglais sont fourbes et vont user de stratagèmes, ainsi que de l’aide d’Américains qui ont rallié leur cause (dont le père de Laura), pour déclencher une guerre sur le sol de l’Oncle Sam, afin de mieux en récolter les fruits.

Comme il en a toujours eu l’habitude, Spencer Gordon Bennet soigne sa mise en scène, du moins autant que son budget restreint lui permettait de le faire, et se concentre avant tout sur les personnages et un beau Technicolor. De ce fait, les anachronismes, les décors carton-pâte, les costumes médiocres (les Indiens semblent affublés d’un pyjama) passent « mieux » à l’écran. Production modeste, La Levée des tomahawks repose sur un casting solide avec notamment Jon Hall, découvert dans quelques séries B d’aventures aux titres explicites Pago-Pago, île enchantée, Aloma, princesse des îles ou bien encore The Tuttles of Tahiti, avant de devenir une star avec les formidables La Vengeance de l’Homme Invisible et L’Agent invisible contre la gestapo.

La Levée des tomahawks se regarde comme on lit un roman d’aventures vintage à la couverture excitante, dont le contenu n’est sans doute pas à la hauteur des espérances, mais qui n’en demeure pas moins bourré de charme et extrêmement divertissant.

LE DVD

Le DVD de La Levée des tomahawks, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Point de Bertrand Tavernier à l’horizon, mais François Guérif a répondu présent à l’appel afin de présenter le film de Spencer Gordon Bennet. Pendant cinq petites minutes, le critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir, rappelle qui est le réalisateur, avant d’évoquer tous les anachronismes et les grandes libertés (euphémisme) prises avec la véritable histoire et les personnages réels. S’il dit que La Levée des tomahawks demeure une curiosité, François Guérif insiste bien sur le fait que tous les événements évoqués dans le film sont faux.

De son côté, Parick Brion est plus magnanime avec le film (7’). On apprend que La Levée des tomahawks est un film inédit dans les salles françaises, mais qu’il a bénéficié d’une sortie en Belgique en double-programme. Après avoir rappelé quelques grands titres du western sortis en 1952, l’historien du cinéma parle du réalisateur Spencer Gordon Bennet, du casting du film et indique que La Levée des tomahawks est rare et s’estime très heureux de pouvoir le présenter aux spectateurs grâce à cette édition DVD.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Le catalogue de Sidonis s’enrichit ainsi avec l’édition de La Levée des tomahawks, jusqu’alors inédit en France et se revêt d’un beau master (1.33, 16/9) restauré. La photo et les partis pris esthétiques originaux sont très bien conservés, les contrastes certes un peu légers et les couleurs parfois pastelles, mais le générique affiche d’emblée une stabilité bienvenue. La définition ne déçoit jamais, les poussières n’ont pas survécu au lifting numérique, hormis quelques points et tâches. Les scènes sombres et nocturnes sont logées à la même enseigne que les séquences diurnes, la profondeur de champ est appréciable, le grain cinéma est conservé même si certaines scènes apparaissent étrangement lisses et le piqué demeure vraiment agréable.

Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est également fort satisfaisante. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Columbia Pictures / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Viral, réalisé par Henry Joost et Ariel Schulman

VIRAL réalisé par Henry Joost et Ariel Schulman, disponible en DVD et Blu-ray le 1er mars 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Sofia Black-D’Elia, Analeigh Tipton, Travis Tope, Michael Kelly, Colson Baker, John Cothran

Scénario : Christopher Landon, Barbara Marshall

Photographie : Magdalena Górka

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

2016. Le monde est subitement infecté par un mystérieux virus… Dans une petite ville des États-Unis, Emma et sa sœur Stacey découvrent horrifiées que les habitants contaminés se transforment en créatures féroces. Coupées du monde extérieur et prises au piège dans la ville, elles vont tenter de trouver un abri en attendant les secours. Mais le danger est partout…

Les auteurs (ou responsables, c’est selon) de Paranormal Activity 3 et 4, Henry Joost et Ariel Schulman sont de retour ! Après Nerve, avec Emma Roberts et Dave Franco, joli succès dans les salles (y compris françaises), les deux compères qui ne se quittent plus depuis plus de dix ans, ont immédiatement enchaîné avec Viral, un nouveau film d’horreur qui cible les spectateurs adolescents et qui s’avère une très agréable surprise. Premièrement parce que le film est soigné dans sa mise en scène et dans sa photographie, deuxièmement parce que Viral fait penser à quelques classiques du genre, à l’instar de The Faculty de Robert Rodriguez mâtiné des films de contagion et de zombies, avec un soupçon de The Bay de Barry Levinson.

Installée depuis peu avec son père et sa sœur dans une ville californienne, la vie d’Emma, adolescente timide, est bouleversée lorsqu’un virus terrifiant venu de l’étranger balaie désormais les USA et commence à transformer les habitants du pays, y compris quelques-uns de ses amis et voisins en monstres vicieux. Mise en quarantaine avec sa famille, Emma pense qu’ils sont hors de danger, mais quand la contagion s’infiltre jusque dans leur maison, Emma devra faire face à une décision difficile. Le générique malin constitué de discours diffusés à la radio et à la télévision, indique qu’une épidémie, la « grippe du ver » en l’occurrence, serait en train de s’étendre depuis Taïwan. Les frontières de certains pays sont déjà fermées. Les Etats-Unis limitent l’entrée sur leur territoire, la paranoïa s’installe, Barack Obama (il nous avait caché cela) tente d’être rassurant. La maladie se transmettrait par le sang. Si votre appétit augmente de façon inquiétante, que vous vomissez du sang et que vous êtes pris de convulsions, c’est que vous êtes mal barrés et il est fort probable que votre corps soit devenu le foyer d’un parasite.

Voilà, le tableau est dressé, ainsi que le lieu de l’action (une petite bourgade de la vallée de San Fernando) et les personnages principaux (Emma, sa sœur Stacey, l’amoureux d’Emma, le père). Les cinéastes déroulent tranquillement leur récit, en prenant soin de développer suffisamment les enjeux pour Emma et Stacey, livrées à elles-mêmes après que le couvre-feu ait été installé et empêche quiconque (y compris leur père) d’entrer ou de sortir de la ville. Viral ne repose pas uniquement sur l’horreur, mais aussi et surtout – et c’est là un de ses solides atouts – sur la solide interprétation de Sofia Black-D’Elia, vue dans la série Gossip Girl, mais aussi dans le superbe The Immigrant de James Gray et le nanar Ben-Hur de Timur Bekmambetov, qui porte le film du début à la fin. A ses côtés, la géniale et divine Analeigh Tipton (Crazy, Stupid, Love, Warm Bodies) incarne la sœur aînée extravertie, qui malheureusement va être victime de ce virus.

Si Viral ne révolutionnera pas le genre, le film s’avère plutôt élégant dans sa forme avec un montage habile qui distille ses effets chocs, sans avoir recours à l’effet gratuit du jump scare. La belle photo contrastée et l’atmosphère étouffante avec cette petite ville isolée au pied des montagnes participent à la réussite de Viral, qui curieusement et malgré le grand manitou Jason Blum (les franchises Paranormal Activity, Insidious, American Nightmare, Sinister, mais aussi The Visit, Whiplash, Split) à la production, n’a connu aucune sortie dans les salles françaises…ni aux Etats-Unis par ailleurs où il est également sorti dans les bacs directement après un mois de dispo en e-cinéma.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Viral, DTV disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur est radin et ne propose que la bande-annonce en guise de supplément.

L’Image et le son

Wild Side livre un master HD soigné de Viral, pour ne pas dire superbe, qui instaure de belles et élégantes conditions pour se plonger dans le film de Henry Joost et Ariel Schulman. Le cadre large et les contrastes sont ciselés, les détails abondent, la colorimétrie chaude à dominante jaune est habilement restituée avec un piqué aiguisé et des noirs denses. La copie respecte toutes les volontés artistiques de la directrice de la photographie Magdalena Górka, le relief est omniprésent, le léger grain respecté et l’encodage AVC solide comme un roc.

Sans réelle surprise, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 anglaise se révèle plus homogène, naturelle et dynamique que son homologue française, plus dirigée sur les bruitages que les dialogues. La version originale n’est pas avare en petits effets, bien que les latérales aident surtout à créer un environnement musical. Viral se déroule essentiellement dans une maison et donc les ambiances surround sont plutôt limitées. En revanche, il n’y a rien à redire concernant la balance frontale, en anglais comme en français, qui bénéficie en plus d’une large ouverture des enceintes. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

Crédits images : © Blumhouse Productions / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Mademoiselle, réalisé par Park Chan-wook

MADEMOISELLE (Ah-ga-ssi) réalisé par Park Chan-wook, disponible en DVD et Blu-ray le 22 mars 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo, Jo Jin-woong, Kim Hae-suk, Moon So-ri

Scénario : Park Chan-wook, Jeong Seo-kyeong d’après le roman Du bout des doigts (Fingersmith) de Sarah Waters

Photographie : Chung-hoon Chung

Musique : Jo Yeong-wook

Durée : 2h18

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Entre la Corée et le Japon des années 1930, durant la colonisation japonaise. L’histoire mêle les trajectoires d’une jeune femme fortunée vivant recluse dans un gigantesque manoir par un vieil oncle lubrique, et d’un escroc sadique surnommé le « Conte ». Très intéressé par l’argent de la nantie, ce dernier va faire appel à une fille pickpocket, qu’il placera comme servante chez la riche héritière.

Franchement, quand on voit qu’un film comme Mademoiselle est reparti bredouille du Festival de Cannes, ou presque si l’on excepte le Prix Vulcain de l’artiste technicien remis par la CST (Commission Supérieure Technique) à la décoratrice Ryu Seong-hies, on se demande comment un tel Festival puisse encore être crédible. L’insaisissable réalisateur sud-coréen Park Chan-wook, connu dans le monde entier depuis Old Boy (2003), puis metteur en scène acclamé pour Lady Vengeance (2005), Je suis un cyborg (2006), Thirst, ceci est mon sang (2009) et un passage par le cinéma américain avec son remarquable Stoker (2013), est de retour dans son pays avec Mademoiselle, splendide thriller psychologico-érotique. En 1930, alors que la Corée est occupée par les Japonais, une jeune femme prénommée Sookee (Kim Tae-Ri dans son premier rôle à l’écran) est engagée comme servante d’une riche nipponne, Hideko (Kim Min-Hee) vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique qui souhaite faire d’elle son esclave sexuel. Mais la petite bonne a un secret. Avec la complicité d’un escroc (Ha Jung-woo) se faisant passer pour un comte japonais, ils veulent mettre à exécution un plan diabolique.

Libre adaptation du roman Du bout des doigtsFingersmith de l’écrivaine britannique Sarah Waters, publié en 2002, Mademoiselle foudroie le spectateur par sa virtuosité et la densité de son récit. Immédiatement séduit par l’histoire de ces deux femmes situées au coeur du récit, Park Chan-wook s’approprie le roman original pour livrer un véritable drame teinté de thriller, mais aussi véritable histoire d’amour aux rebondissements multiples et surprenants jamais dénués d’humour noir et aux scènes érotiques troublantes. Si l’action du roman se déroulait à Londres dans les années 1860, le cinéaste la délocalise pour son film en Corée pendant la colonisation japonaise des années 1930. Dans cette Corée soumise et à l’aube d’une époque moderne, Park Chan-wook convie le spectateur à un ballet composé d’arnaques et de faux-semblants parasité par l’irruption inattendue des sentiments. Les décors d’une richesse époustouflante reflètent alors la théâtralité des traditions et des (faux) rapports entre les personnages, mais c’était sans compter sur les sentiments qui allaient animer et enflammer les personnages de Sookee et de Mademoiselle, qui entament alors une passion amoureuse et charnelle, tandis qu’un homme, qui a envoyé la première au service de la seconde dans l’espoir que Mademoiselle accepte de l’épouser, est loin de se douter de ce retournement de situation. Qui est manipulé ? Qui manipule ? Chacun à tour de rôle.

Avec sa mise en scène étourdissante, la beauté de ses comédiennes, le soin immense apporté aux décors et aux costumes, ses scènes érotiques sulfureuses et la conduite rigoureuse de son récit découpé en trois actes (pour trois points de vue), Mademoiselle s’avère un conte féministe entre ombres et lumières, parfois difficile pour les nerfs (la lente guillotine des doigts), lente, mais toujours remarquable, fascinant, populaire et hypnotique. Et quelle photographie ! Osons le dire, ce thriller sadique et romanesque où les personnages se perdent dans un palais des glaces, dont les draps de soie remplaceraient les miroirs, est le chef d’oeuvre de Park Chan-wook.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Mademoiselle, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Une édition Blu-ray limitée (non testée) contient un deuxième Blu-ray du film en version longue inédite (167′ – VOST, soit 23 minutes supplémentaires). La version du film chroniquée est donc celle du montage cinéma. Le menu principal est animé et musical, tandis que la jaquette du Blu-ray normal reprend le visuel de l’affiche française du film.

Concernant l’interactivité, c’est carrément du foutage de gueule. Si la jaquette indique un making of, la présentation du film au Festival de Cannes et une interview du réalisateur, nous déchantons rapidement puisque la durée du premier bonus est de 5 minutes, le second 1’30 et le dernier 1’40 ! Cela serait revenu à la même chose de ne rien proposer du tout ! Surtout que n’avons pas pu obtenir la version longue du film.

Ces featurettes n’apportent évidemment rien de conséquent. L’image est d’ailleurs affublée d’un bandeau noir sur lequel sont apposés les sous-titres français, probablement pour en dissimuler d’autres. On y voit rapidement le réalisateur à l’oeuvre avec ses comédiens, tandis que l’équipe s’exprime face à la caméra sur les conditions de tournage et l’histoire du film. Le photocall et la montée des marches de l’équipe à Cannes ne nous intéressent pas, pas plus que la minuscule interview du réalisateur dans le dernier « supplément ».

Cette section se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pour la première fois de sa carrière, Park Chan-wook a tourné un de ses film en numérique, au moyen de la très convoitée caméra Arri Alexa XT Plus, afin de pouvoir utiliser un objectif anamorphique. On ne saurait faire mieux. Le cinéaste signe sa septième collaboration avec le chef opérateur Chung-hoon Chung. Les magnifiques partis pris esthétiques originaux sont magnifiquement rendus à travers ce Blu-ray d’une folle élégance et aux couleurs étincelantes. Le piqué est affûté, la profondeur de champ impressionnante, les contrastes fabuleusement riches, les détails abondent aux quatre coins du cadre large, tandis que le codec AVC consolide l’ensemble avec fermeté, y compris sur les très nombreuses scènes se déroulant dans la demeure ou en basse lumière. Apport HD indispensable et même primordial pour ce titre et même top démo pour ce Blu-ray (1080p).

Si elle s’avère aussi parfaite que la version originale, évitez bien évidemment de visionner Mademoiselle en français ! En coréen/japonais comme en français, l’environnement acoustique est tout aussi incroyable que la photographie. Les deux versions jouissent d’un écrin DTS-HD Master Audio 5.1 particulièrement enivrant, immersif et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo plutôt fracassantes.

Crédits images : © The Jokers – SND / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Jack Reacher : Never Go Back, réalisé par Edward Zwick

JACK REACHER : NEVER GO BACK réalisé par Edward Zwick, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Paramount Pictures

Acteurs : Tom Cruise, Cobie Smulders, Robert Knepper, Aldis Hodge, Danika Yarosh, Holt McCallany

Scénario : Richard Wenk, Edward Zwick, Marshall Herskovitz d’après le roman Jack Reacher : Never go back (Retour interdit) de Lee Child

Photographie : Oliver Wood

Musique : Henry Jackman

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Quatre ans après avoir déjoué les plans criminels d’un gang, l’ancien policier militaire Jack Reacher se rend au siège de son ancienne unité militaire en Virginie pour y rencontrer son contact au sein de l’armée, le major Susan Turner. Mais il apprend très vite que celle-ci vient d’être arrêtée pour espionnage. Accusé lui-même d’avoir commis un homicide, Reacher se retrouve bientôt confronté à une sombre affaire de conspiration gouvernementale. Devenu un fugitif aux yeux de l’armée, de la police et du FBI, il décide de tout risquer pour secourir Turner et découvre un secret sur son propre passé…

Sorti en 2012, Jack Reacher réalisé par Christopher McQuarrie demeure l’un des meilleurs films avec Tom Cruise sorti depuis 15 ans. Tourné pour un budget de 60 millions de dollars, le film en rapporte 80 sur le sol américain et près de 140 millions dans le reste du monde. Envisagé comme le premier opus d’une nouvelle franchise, la Paramount reste cependant indécise quant au feu vert à donner pour un second volet, compte tenu des recettes US jugées décevantes. Il a fallu que la star elle-même fasse le forcing pour que Jack Reacher – Never Go Back soit enfin mis en chantier. Si Christopher McQuarrie, alors à la tête du cinquième et formidable épisode de Mission Impossible, n’a pas rempilé derrière la caméra, il reste cependant coproducteur. Pour le remplacer, Tom Cruise, également producteur, engage le cinéaste Edward Zwick, avec lequel il avait déjà tourné Le Dernier Samouraï en 2003.

Dans cette suite au budget confortable de 96 millions de dollars, Jack Reacher est prêt à tout pour obtenir justice. Susan Turner, qui dirige son ancienne unité, est arrêtée pour trahison : Jack Reacher ne reculera devant rien pour prouver l’innocence de la jeune femme. Ensemble, ils sont décidés à faire éclater la vérité sur ce complot d’État. Autant dire les choses d’emblée, tout ce qui faisait le charme et la grande réussite de Jack Reacher premier du nom a ici totalement disparu et Jack Reacher – Never Go Back s’avère un des pires films portés par la star Tom Cruise. Agé de 54 ans, le comédien qui parvient à se maintenir au box-office grâce à la franchise Mission Impossible, ne se ménage pourtant pas dans ce film d’action brutal et souhaite prouver qu’il en a encore sous le capot. Le problème de Jack Reacher – Never Go Back c’est avant tout son réalisateur. Edward Zwick n’a jamais brillé par sa délicatesse et sa mise en scène à la truelle a toujours fait de lui un honnête « maker » plutôt qu’un « filmmaker » . Légendes d’automne, Couvre-feu, Blood Diamond sont certes efficaces, mais manquent singulièrement de rigueur, d’âme et de finesse. Si Jack Reacher possédait un ton vintage, avec notamment une exceptionnelle course-poursuite qui faisait pensait à celle de Bullitt, Jack Reacher – Never Go Back, adaptation du 18e roman des aventures du héros créé par Lee Child, s’apparente plutôt à un ersatz de Taken, mettant en scène une star quinquagénaire bad-ass plongée dans un thriller tout ce qu’il y a de plus basique.

Tom Cruise est donc de retour dans la peau du célèbre ancien major de la police militaire de l’armée des États-Unis. Les présentations ayant été faites dans le premier film, cette fois l’histoire se focalise sur les scènes d’action, tandis que le héros doit protéger une ado, sa fille présumée (insupportable Danika Yarosh) et surtout une femme major, interprétée par la divine Cobie Smulders. Jack Reacher – Never Go Back se regarde en mode automatique. Les scènes s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse après un bon prologue. Tom Cruise et Cobie Smulders passent tout le film à courir, poursuivis par un drone qui fait office de caméra. Le récit s’embourbe dans un trafic d’armes jamais intéressant, tandis que Tom Cruise distribue les coups de poing et les coups de pied jusqu’au final particulièrement grotesque et déjà-vu (dans Spectre notamment) sur les toits de la Nouvelle-Orléans où la star affronte Patrick Heusinger, acteur vu dans la série Gossip Girl.

Ce n’est pas que le film soit déplaisant en tant que « divertissement », c’est juste qu’il manque de classe et d’intérêt pour se démarquer du tout-venant. Si Cobie Smulders est impeccable et si Tom Cruise fait évidemment le boulot en accentuant le côté misanthrope, expéditif, froid et taciturne de son personnage, le film déçoit évidemment par son intrigue passe-partout et sa mise en scène fonctionnelle, surtout après les bases du western urbain et âpre posées précédemment par Christopher McQuarrie avec une virtuosité rétro et sophistiquée. Une honnête série B, sans plus, mécanique, longue, aussi médiocre que le dernier lifting de la star.

A sa sortie Jack Reacher – Never Go Back a remporté 160 millions de dollars. Des recettes qui ne sauraient satisfaire la Paramount. Le retour de Reacher dans un épisode 3 semble cette fois bel et bien compromis. Peu importe, car si nous accueillons à bras ouverts le prochain Mission Impossible avec Christopher McQuarrie à nouveau aux manettes, il serait temps que Tom Cruise délaisse quelque peu le cinéma d’action pour revenir à de véritables prestations.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Jack Reacher – Never Go Back, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. La jaquette reprend le visuel de l’affiche française du film. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.

Les allergiques à Tom Cruise risquent de grincer des dents une fois de plus, puisque dans chacun des suppléments présents sur cette édition, le comédien s’adresse face caméra sur ce qui l’a poussé à vouloir mettre en chantier cette suite au film de Christopher McQuarrie. Tom Cruise est partout, Tom Cruise est Dieu, ce que ses collaborateurs ne manquent pas de rappeler.

Paramount livre six modules consacrés au tournage de Jack Reacher – Never Go Back. Le Retour de Jack Reacher (12’), Une famille inattendue (15’), Sans répit : sur le tournage en Louisiane (26’), Accomplis ta vengeance : combat à mort (13’), Pas de pitié : combat sur le toit (8’) et Reacher dans l’objectif : avec Tom Cruise et David James (9’). Soit plus d’1h20 de suppléments à se mettre sous la dent. Les producteurs, comédiens, scénaristes, l’auteur Lee Child, le réalisateur et bien d’autres reviennent sur chaque aspect de cette superproduction. Le personnage de Jack Reacher, sa psychologie, comment Tom Cruise a voulu le faire évoluer, mais aussi l’adaptation du roman, la mise en place des scènes d’action, le casting, les répétitions, les prises de vues en Louisiane, les décors, le tout largement illustré par des images du tournage avec Tom Cruise exécutant lui-même les cascades en voiture, tout y est montré, abordé, souligné avec efficacité.

Le dernier supplément est plus posé et donne la parole au photographe de plateau David James, fidèle complice de Tom Cruise, qui accompagne la star sur tous ses films pour capturer des instantanés de tournage. On lui doit également le cliché ahurissant de Tom Cruise, confortablement assis (pieds nus et sans aucune sécurité) à la pointe du Burj Khalifa de Dubaï (829 m de haut) pour la promotion de Mission Impossible : Ghost Protocol. Tom Cruise n’est pas humain, donc ça va.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur Paramount Pictures soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité jamais démentie. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de formidables conditions pour profiter de la belle patine de la photographie 35mm signée Oliver Wood, chef-opérateur talentueux de Volte/face, U-571 et les trois premiers Jason Bourne. Un apport HD évidemment indispensable, on en prend plein les yeux, y compris sur les scènes nocturnes qui composent les 3/4 du film !

La version française doit se contenter d’une piste Dolby Digital 5.1 et c’est bien dommage car l’environnement acoustique est tout aussi soigné que la photographie. Heureusement, la version originale jouit d’un écrin Dolby Atmos 7.1 (compatible 7.1 Dolby TrueHD) particulièrement enivrant, immersif et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient souvent et à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. La précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son, constamment spatialisée, est superbe.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Maman a tort, réalisé par Marc Fitoussi

MAMAN A TORT réalisé par Marc Fitoussi, disponible en DVD le 5 avril 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jeanne Jestin, Emilie Dequenne, Camille Chamoux, Sabrina Ouazani, Nelly Antignac, Annie Grégorio, Grégoire Ludig, Jean-François Cayrey

Scénario : Marc Fitoussi

Photographie : Laurent Brunet

Musique : Pascal Mayer

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Anouk, 14 ans, a hâte d’effectuer son stage d’observation de troisième dans la compagnie d’assurances où travaille sa mère Cyrielle. Mais dès le premier jour, l’adolescente se voit confier le rangement d’un placard rempli de dossiers. Une tâche qu’elle trouve ingrate et sans aucun intérêt. Pire, au fil de cette semaine d’immersion, Anouk découvre brutalement un autre visage de sa mère, celle d’une femme froide et insensible à la détresse d’une jeune mère de famille endettée qui risque d’être expulsée du jour au lendemain. La jeune fille est alors confrontée au monde adulte de l’entreprise, avec ses petits arrangements et ses grandes lâchetés.

Maman a tort est déjà le cinquième long métrage de Marc Fitoussi après La Vie d’artiste, Copacabana, Pauline détective et La Ritournelle. Depuis dix ans, le réalisateur a su prouver la singularité et la sensibilité de son univers, en jouant souvent avec certains codes, à l’instar de Pauline détective qui mélangeait habilement la comédie policière avec des références au cinéma hollywoodien (Charade notamment), mais aussi les romans de la Bibliothèque rose ou verte à l’instar de Fantômette et du Club des cinq, et même les oeuvres d’Agatha Christie. Depuis La Vie d’artiste, Marc Fitoussi a toujours marqué ses films, pourtant souvent ancrés dans une réalité sociale, d’une douce folie. Ses œuvres possèdent également un décalage qui fait l’âme de son cinéma, toujours marquées par des dialogues subtils et d’une remarquable intelligence. Le dernier-né de Marc Fitoussi, Maman a tort, ne déroge pas à la règle et apparaît même comme un film-somme.

En haut de l’affiche la toujours parfaite et lumineuse Emilie Dequenne donne la réplique à la révélation du film, la jeune comédienne Jeanne Jestin, vue dans Le Passé d’Asghar Farhadi et La Vie domestique d’Isabelle Czajka. Cette dernière, à la fois solaire et grave, magnétique et promise à une belle carrière, porte littéralement le film sur ses épaules puisque le réalisateur adopte le point de vue de son personnage. Jeanne Jestin interprète Anouk. Ses parents sont divorcés. Elle voit son père de temps en temps (l’excellent Grégoire Ludig, très touchant). Alors qu’elle devait passer son stage de troisième dans la petite entreprise d’un ami de son père, le plan tombe à l’eau au dernier moment. Du coup, Anouk n’a d’autre recours que de réaliser cette semaine de stage dans la société d’assurance de sa mère Cyrielle Lequellec (Emilie Dequenne, dix ans après La Vie d’artiste). Remisée à des tâches subalternes par des employées indélicates et hypocrites (Nelly Antignac et Camille Chamoux, qui font penser aux terribles sœurs de Cendrillon) ou trop légères (Annie Grégorio, toujours géniale), elle ne tarde pas à s’ennuyer. Un jour, elle assiste à une plainte d’une assurée, Nadia Choukri (sublime Sabrina Ouazani), qui ne comprend pas pourquoi elle ne reçoit pas l’assurance-vie de son mari après son décès. Anouk constate que sa mère Cyrielle étudie le dossier de Nadia avec peu d’attention et de complaisance. Choquée par l’injustice faite à cette femme, elle va mener sa petite enquête pour essayer de lui venir en aide, car elle la sent menacée de se retrouver SDF avec ses deux enfants. Elle accède subrepticement au dossier et fait des découvertes sur les pratiques de la société d’assurance et de sa mère.

Récit initiatique, adieu à l’enfance et perte de l’innocence, Maman a tort montre la première plongée d’une adolescente dans le monde terrible et très violent des adultes et celui du travail avec ses règles établies. Malgré ses bureaux colorés et chaleureux (Marc Fitoussi a toujours apporté une grande importance aux couleurs), l’entreprise pourtant nommée Serenita est montrée comme un univers impitoyable, où ceux qui détiennent même une petite autorité n’hésitent pas à s’en prendre aux subalternes, puisque ceux-ci n’oseront pas répliquer. Anouk constate que même sa mère est victime de ce rapport de forces. Mais il n’y a pas que ça, puisqu’elle se rend compte également que sa mère n’est pas innocente et qu’elle est obligée de prendre des décisions importantes, même si cela doit détruire une ou plusieurs familles, pour pouvoir conserver son poste bien placé. Une situation inespérée pour Cyrielle, devenue cadre sans détenir de diplômes. Sans transition, Anouk se perd du jour au lendemain dans ces couloirs où les petites mesquineries sont quotidiennes, où les secrétaires se permettent de l’accuser d’avoir volé les chocolats du calendrier de l’Avent, sans avoir de preuves. Un « vol inqualifiable » puisque cela chamboule les quelques rituels qui « animent » la vie de bureau. Anouk observe (et quel regard ! ) et écoute. Son stage de troisième devient donc celui de la vie.

Marc Fitoussi filme l’entreprise et ses employés, comme des rats lâchés dans un labyrinthe étriqué, impression renforcée par l’usage du cadre 1.55 dans lequel les personnages semblent enfermés. Le personnage d’Emilie Dequenne est complexe, à la fois empathique mais aussi impitoyable et pathétique, la comédienne s’en acquittant encore une fois parfaitement. L’alchimie avec Jeanne Jestin est évidente et participe – entre autres – à la très grande réussite de Maman a tort, comédie-dramatique sociale élégante, bourrée de charme et très attachante, maline et dont le désenchantement progressif du personnage d’Anouk prend aux tripes jusqu’au générique de fin. On le savait déjà, probablement depuis son premier film, Marc Fitoussi est devenu l’un de nos plus précieux cinéastes.

LE DVD

Le test du DVD de Maman a tort, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la jolie musique du film. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

En 2005, Marc Fitoussi réalise L’Education anglaise, un documentaire de 52 minutes, présent sur le DVD, sur le séjour linguistique à Bristol de jeunes Français. « Un tournage que j’avais adoré et au cours duquel j’avais eu la chance de capter des choses qu’il me semblait difficile de restituer sous forme de fiction. » indique le cinéaste. Pour parfaire leur anglais, les adolescents âgés de 13 à 16 ans sont envoyés en Angleterre par leurs parents. Le programme concocté par l’organisme a été conçu selon une stratégie pédagogique imparable : logement en famille d’accueil, cours intensifs d’anglais, activités sportives et culturelles. Pourtant, les adolescents se révèlent assez peu sensibles à l’efficacité linguistique du séjour. Enfin affranchis de la tutelle parentale, ils se soucient surtout de nouer de nouvelles amitiés et de vivre pleinement une liberté tant désirée. Un film durant lequel Marc Fitoussi parvient à s’immiscer dans le quotidien de ces jeunes, venus des quatre coins de l’Europe, « obligés » de cohabiter durant un été, pour se perfectionner dans la langue de Shakespeare, mais pas seulement. Entre les discussions laborieuses avec les familles d’accueil et les cours obligatoires, les jeunes se rencontrent et se confrontent, s’attirent, flirtent pour certains. Les amours passagères, les amitiés qui dureront, ou inversement, sont capturées par la délicate caméra de Marc Fitoussi. Le documentaire se clôt sur la dernière fête organisée, le soir avant que les jeunes soient séparés.

La section des suppléments propose également 14 minutes de scènes coupées au montage, dont une fin alternative. Si rien n’est dit sur l’éviction de ces séquences, probablement pour une question de rythme, il serait dommage de passer à côté puisqu’elles s’avèrent très réussies.

L’Image et le son

Dommage de ne pas bénéficier de ce titre en Blu-ray. Néanmoins, l’éditeur soigne le transfert du film de Marc Fitoussi. Soutenu par une solide définition, le master est parfaitement propre. La copie est exemplaire et lumineuse tout du long, les couleurs excellemment gérées, avec une prédominance de teintes bleues, tout comme les contrastes très élégants.

Ne vous attendez pas à un déluge d’effets surround si votre choix s’est portée sur la Dolby Digital 5.1 qui se contente seulement de faire entendre de légères ambiances naturelles ou tout simplement d’offrir une spatialisation épisodique de la musique du film. Maman a tort ne se prêtant évidemment pas aux exubérances sonores, le principal de l’action se trouve canalisé sur les frontales où les dialogues ne manquent pas d’intelligibilité. N’hésitez pas à sélectionner la stéréo, ardente et dynamique, amplement suffisante avec un parfait confort acoustique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND/ Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Twin Peaks, l’intégrale de la série TV + Twin Peaks : Fire Walk With Me (David Lynch)

TWIN PEAKS, série créée par David Lynch et Mark Frost.

Saison 1 et Saison 2, réalisées par David Lynch, Duwayne Dunham, Tina Rathbourne, Tim Hunter, Lesli Linka Glatter, Caleb Deschanel, Mark Frost, Todd Holland, Graeme Clifford.

TWIN PEAKS – FIRE WALK WITH ME, réalisé par David Lynch

Coffret Intégrale Prestige Blu-ray disponible le 29 juillet 2014 chez Paramount Pictures

Acteurs de la série : Kyle MacLachlan, Sheryl Lee, Michael Ontkean, Richard Beymer, Lara Flynn Boyle, Sherilyn Fenn, Ray Wise, Grace Zabriskie, Mädchen Amick, Dana Ashbrook, Jack Nance, Everett McGill, James Marshall, Eric DaRe, Piper Laurie, Kimmy Robertson, Joan Chen, Frank Silva, Michael J. Anderson

Acteurs du film Twin Peaks – Fire Walk With Me : Sheryl Lee, Ray Wise, Harry Dean Stanton, Mädchen Amick, Kyle MacLachlan, David Bowie

Scénario de la série : Saison 1 : Mark Frost, David Lynch, Harley Peyton, Robert Engels. Saison 2 : David Lynch, Mark Frost, Harley Peyton, Robert Engels, Jerry Stahl, Barry Pullman, Scott Frost, Tricia Brock

Scénario du film Twin Peaks – Fire Walk With me : David Lynch, Robert Engels

Photographie de la série : Frank Byers, Ronald Víctor García

Photographie du film Twin Peaks – Fire Walk With Me : Ronald Víctor García

Musique : Angelo Badalementi

Durée totale du coffret : 27 heures

Année : 1990 / 1991 / 1992

TWIN PEAKS : LA SERIE TV

Dans la ville imaginaire de Twin Peaks, située dans le nord-ouest de l’État de Washington, le cadavre de Laura Palmer, une jolie lycéenne connue et aimée de tous, est retrouvé emballé dans un sac en plastique sur la berge d’une rivière. L’agent spécial du FBI Dale Cooper est désigné pour mener l’enquête. Il découvre alors que Laura Palmer n’était pas celle que l’on croyait et que de nombreux habitants de la ville ont quelque chose à cacher.

Honnêtement, est-il utile de présenter ou de critiquer une des séries les plus cultes de l’histoire de la télévision ? Kyle MacLachlan dans le rôle de l’Agent Dale Cooper, moitié mystique, moitié rationnel, croyant en l’analyse des rêves, moitié freudien, moitié holmesien donc, mais aussi Michael Ontkean (le shérif Harry S. Truman), Mädchen Amick (Shelly Johnson), Dana Ashbrook (Bobby Briggs), Richard Beymer (Benjamin Horne), Lara Flynn Boyle (Donna Hayward), Sherilyn Fenn (Audrey Horne), Warren Frost (Dr William Hayward), Peggy Lipton (Norma Jennings), Kimmy Robertson (Lucy Moran), Ray Wise (Leland Palmer), Joan Chen (Jocelyn « Josie » Packard), Piper Laurie (Catherine Packard Martell), Harry Goaz (Adjoint Andy Brennan), Michael Horse (Adjoint Tommy « Hawk » Hill), Sheryl Lee (Laura Palmer / Madeleine « Maddy » Ferguson), Michael J. Anderson (The Man from Another Place), Russ Tamblyn (Dr Lawrence Jacoby) et bien d’autres comédiens tous autant talentueux auront définitivement marqué la petite lucarne, nos esprits, nos vies.

A l’origine, David Lynch et le scénariste Mark Frost planchent sur l’adaptation d’un roman consacré à la mort mystérieuse de Marilyn Monroe, Goddess : The Secret Lives of Marilyn Monroe d’Anthony Summers. Le projet n’aboutit pas, mais les deux écrivains imaginent une petite bourgade paumée (et imaginaire) des Etats-Unis avec ses habitants, qui ont tous quelque chose à se reprocher, secoués par l’assassinat d’une jeune lycéenne bien sous tous rapports. Le plan de la ville est dressé, le profil psychologique de chaque personnage (au moins une trentaine) bien établi, l’image d’un corps enveloppé dans un sac en plastique échoué sur les bords d’un lac les obsède. Twin Peaks est née.

Welcome to Twin Peaks, population 51.201… bientôt 51.200.

La chaîne ABC, alors à la traîne, est emballée par le projet et décide de financer un épisode pilote pour la somme de 2 millions de dollars en laissant une entière liberté aux auteurs. Le casting une fois réuni et les repérages effectués, le tournage est lancé. Le succès est au rendez-vous. Une saison de 7 épisodes est ensuite commandée par ABC, puis une seconde de 22. Twin Peaks devient rapidement un vrai phénomène culturel, lance la carrière des comédiens, déclenche l’hystérie chez certains illuminés qui souhaitent savoir qui a tué Laura Palmer. Cette question reste une des plus connues de l’histoire de la télévision.

Cette série mythique, diffusée en France sur La Cinq dès avril 1991 sous le titre Mystères à Twin Peaks, puis 20 ans plus tard sur Arte, transcende le(s) genre(s) et abolit les règles du feuilleton traditionnel. Décalée avec son atmosphère de film-noir, hors-normes, hypnotique (la musique n’y est pas pour rien) et fantasmagorique, Twin Peaks demeure une expérience unique en son genre avec sa multitude de personnages insensés, ses intrigues entremêlées, son ambiance rétro, son parfum de perversité, ses références (Boulevard du Crépuscule, Sueurs froides), qui demandent l’attention assidue des spectateurs. Bourrée d’humour, mais également violente, sombre et macabre, bercée par la splendide composition d’Angelo Badalamenti, Twin Peaks n’a pas pris de rides puisqu’elle est inclassable, hors-du-temps, intouchable.

Beaucoup s’accordent à dire que la série a commencé à décliner dès la révélation de l’assassin de Laura Palmer (épisode 7 de la deuxième saison), d’autant plus que David Lynch, parti réaliser Sailor & Lula, avait commencé à délaisser quelque peu son bébé en le confiant à d’autres cinéastes, certes très inspirés, mais quelque peu décontenancés par une nouvelle intrigue moins passionnante. En dépit de son intérêt décroissant (ainsi que l’audience), voire frustrant, jusqu’au final tout bonnement ahurissant repris en main par David Lynch himself qui pour le coup nous a concocté un dernier épisode bourré de rebondissements comme lui seul en a le secret (et en espérant sans doute une saison 3), Twin Peaks nous apparaît toujours comme un véritable miracle, un diamant aux facettes multiples et infinies que le temps ne parvient pas à altérer.

Twin Peaks : Fire Walk With Me : le film :

La mort mystérieuse de Teresa Banks donne du fil à retordre aux agents spéciaux du FBI Dale Copper et Chester Desmond. Plus tard, dans la ville de Twin Peaks, la belle et populaire Laura Palmer sombre dans une spirale maléfique…

Un an après l’arrêt brutal de la série Twin Peaks à la fin de la seconde saison, David Lynch décide de revenir dans cette petite ville et plus précisément pour évoquer les sept derniers jours de Laura Palmer. Conscient que l’intérêt de la série résidait dans le mystère qui entourait la mort de cette jeune lycéenne, trop vite résolu en raison des pressions provenant des pontes de la chaîne ABC, le cinéaste revient à la sève même du mythe à travers une préquelle. Seulement là où David Lynch aurait pu se contenter de surfer sur ce qui a fait le succès de Twin Peaks, à savoir cet équilibre fragile mais magistral de violence, d’humour, de thriller, de grotesque et de mélodrame, Fire Walk With Me s’avère une totale relecture encore plus nihiliste, dépourvue du moindre second degré, sauvage et désespérée. Du coup, les fans qui attendaient un retour en grâce se sont retrouvés face à une oeuvre, que dis-je un chef-d’oeuvre, profondément tourmenté et ténébreux.

Film mal aimé à sortie, conspuée par celles et ceux qui vouaient un culte à la série originale, Twin Peaks : Fire Walk With Me est aujourd’hui enfin reconsidéré à sa juste valeur : il s’agit ni plus ni moins d’un des plus grands films de son auteur.

Lynch filme suffisamment de matériel – 280 kilomètres de pellicule sur 40 jours de tournage – pour un film d’une durée de près de quatre heures. Conscient que le rythme est différent sur le grand écran que sur la petite lucarne, il se voit contraint de couper 1h30 au montage, en particulier les séquences où apparaissaient les personnages tant aimés des spectateurs, Lucy, le Shérif Truman, l’adjoint Andy, Audrey, pour ne citer que ceux-là, tandis que Lara Flynn Boyle (Donna) est purement et simplement remplacée par une autre comédienne, Moira Kelly.

De ce fait, toutes les soupapes d’humour sont laissées de côté, Kyle MacLachlan ne fait qu’une brève apparition et les scènes qui avaient été au préalable écrites pour lui obligent David Lynch et son coscénariste Robert Engels à créer un nouveau personnage, interprété par Chris Isaak.

Lynch préfère au contraire resserrer son film comme un étranglement progressif… jusqu’au final d’une violence inouïe. Le réalisateur prend alors le risque inconsidéré de perdre son audience. Ce qui n’a pas manqué d’ailleurs. Celles et ceux qui ont su prendre le train en marche n’en reviennent toujours pas. Véritables montagnes russes émotionnelles, expérience sensorielle et cinématographique rare, à ne pas mettre devant tous les yeux certes, Twin Peaks : Fire Walk With Me est un film virtuose, qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Un véritable objet de fascination.

LE COFFRET BLU-RAY

Il s’agit probablement d’un des plus beaux coffrets trouvables aujourd’hui sur le marché. Vraiment. Le visuel est magnifique et présente le célèbre portrait de Laura Palmer, « brisé », et laissant entrevoir le visage de la victime dans son sac en plastique. Le recto indique en bas à gauche la présence des fameuses pièces manquantes du dossier, en d’autres termes les séquences coupées au montage de Twin Peaks : Fire Walk With Me.

Il nous a fallu un petit moment pour trouver comment l’ouvrir… mais alors un véritable trésor s’offre à nous ! C’est tout d’abord la pancarte d’entrée de la ville qui nous accueille. Nous tournons ensuite chaque volet, non pas comme un livre, mais plutôt comme un calepin. Chaque page présente un visuel spécifique de la série (l’oiseau du générique, la chute d’eau, la station-service Big Ed, le pont ferroviaire, la tarte aux cerises, la salle rouge) ainsi que la liste des épisodes des saisons et leur répartition sur chaque galette bleue. La sérigraphie des Blu-ray est sobre, mais dans le ton du coffret, très élégante.

Chaque menu principal possède une thématique, à savoir les arbres, la tarte aux cerises, les lieux principaux de la ville, le café, les messages écrits, les cours d’eau, les donuts, les hiboux, la bague, la pièce rouge.

Tous les épisodes s’accompagnent de la mythique présentation de la femme à la bûche. Certains étant également proposés avec le résumé de l’épisode précédent qui était diffusé à la télévision. Chaque disque propose de visionner chaque épisode agrémenté de la présentation de la femme à la bûche, du résumé et dans certains cas d’un aperçu de l’épisode à venir. Les épisodes sont répartis ainsi : Blu-ray 1 (épisodes pilote,1,2), Blu-ray 2 (épisodes 3,4,5,6,7), Blu-ray 3 (épisodes 8,9,10), Blu-ray 4 (épisodes 11,12,13,14), Blu-ray 5 (épisodes 15,16,17,18), Blu-ray 6 (épisodes 19,20,21,22), Blu-ray 7 (épisodes 23,24,25,26), Blu-ray 8 (épisodes 27,28,29), Blu-ray 9 (Twin Peaks : Fire Walk With Me, les pièces manquantes), Blu-ray 10 (suppléments).

Blu-ray 1 :

En plus de l’épisode pilote traditionnel, cette galette contient la version internationale (ou dite européenne) alternative de l’épisode pilote (1h53). Lors de la réalisation de cet épisode, David Lynch doit honorer une clause de son contrat, à savoir proposer un montage comprenant une fin fermée, autrement dit qui résout le meurtre de Laura Palmer, afin de toucher le marché de la vidéo. Ce montage a été exploité en VHS dans nos contrées sous le titre Qui a tué Laura Palmer ?. Désavouée par le cinéaste, cette mouture d’une durée de 20 minutes supplémentaires, demeure une véritable curiosité, surtout qu’elle a permis à David Lynch de créer la célèbre Salle Rouge habitée par « The Man From Another Place » interprété par Michael J. Anderson. Point de doublage français pour cette version. Nous ne dévoilerons pas la teneur de cette « fausse » conclusion pour ceux qui ne l’auraient pas vu… il y en a oui… au fond de la classe…

Blu-ray 2 :

L’interactivité de ce deuxième Blu-ray se résume à une large galerie de photos issues de la première saison (et de son tournage avec des images du plateau, de David Lynch à l’oeuvre avec ses comédiens), mais aussi des « avant-goûts » de Twin Peaks (3’) qui se révèlent être quelques résumés des épisodes précédents – racontés par le personnage de Lucy – en vue de celui qui sera projeté le soir-même, ainsi que des clips promotionnels réalisés pour la télévision (3’), avec l’aide de quelques comédiens de la série qui prêtent leurs voix pour appâter les spectateurs pas encore conquis par la série.

Blu-ray 3 :

En guise de promo, l’éditeur joint quelques clips promotionnels (5’) réalisés à l’époque où la série commençait à connaître un grand succès. Ce montage propose pêle-mêle une publicité pour le tee-shirt Twin Peaks, un message pour les troupes parties combattre au Moyen-Orient, ou diverses prises alternatives (avec parfois le clap et la voix de David Lynch en arrière-fond qui demande le moteur) où Kyle MacLachlan et Michael Ontkean évoquent quelques paris sportifs en trinquant au café.

Une large galerie de photos issues de la deuxième saison (et de son tournage avec des images du plateau, de David Lynch avec ses acteurs) est également au programme.

Mais le must de cette troisième galette bleue reste le documentaire intitulé Une tranche de Lynch (2007, 56’). Confortablement installé à la table d’un diner où on vient de lui apporter une tarte aux cerises, le réalisateur est rejoint par les comédiens Kyle MacLachlan et la ravissante Mädchen Amick (Shelly dans la série), ainsi que John Wentworth, assistant de David Lynch sur Blue Velvet, enregistreur de sons, coordinateur de la post-production, producteur associé sur la série Twin Peaks. Devant une damn fine cup of coffee, tous les quatre se remémorent l’aventure de la série, sa genèse, tandis que les acteurs évoquent leur rencontre avec le cinéaste et la façon dont ils ont été casté. Tout y est rapidement abordé, notamment leurs impressions au moment du tournage de l’épisode pilote, le succès grandissant de la série, la collaboration avec le reste du casting et les autres réalisateurs au fil des deux saisons, et les anecdotes se succèdent à vitesse grand V pendant que David Lynch savoure sa clope et couvre d’éloges ses acteurs qu’il observe avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Blu-ray 4 :

Pas grand-chose ici, mais ce n’est pas inintéressant.

Tout d’abord, les scènes coupées de la série (14’) feront le bonheur des fans puisque nous y voyons Cooper et Donna parler du pique-nique, Cooper qui découvre la beauté des paysages de Twin Peaks en compagnie de Truman, le discours du maire de Twin Peaks (qui vaut son pesant quant à la situation), Lucy qui parle des ratons laveurs, Bobby qui donne quelques leçons à Shelly, Lucy et Andy, l’oeil vagabond de Jerry, Lucy, Andy et les donuts… bref, tout ça monter en vrac et on adore.

Les prises coupées (2’) montrent les quelques ratages de Kyle MacLachlan et Michael Ontkean lors de la scène de la planque nocturne. La complicité des deux acteurs est évidente et l’ensemble demeure réjouissant.

Blu-ray 5 :

Une galette bien garnie !

Retour à Twin Peaks (2007, 20’) : ce module est dédié au mythe de la série qui se perpétue avec les années puisque nous y voyons de nombreux témoignages de fans de la première heure, qui consacrent pour ainsi dire leur vie à Twin Peaks (ça fout un peu les jetons quand même…) et qui n’hésitent pas à s’inscrire tous les ans au Festival Twin Peaks organisé depuis 1993 avec le concours de certains comédiens de la série. Des visites en bus sont effectuées sur les lieux de tournage. Le pèlerinage est donc très sérieux, les fans se recueillent devant la maison de Laura Palmer, des concours sont organisés (meilleur sosie, meilleur costume, le lancer de pierre tibétaine), des questionnaires sont installés, évidemment tout cela en rapport avec la série.

Un guide des extérieurs (8’) nous propose ensuite un comparatif des lieux de tournage à l’époque avec ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.

17 parts de tarte… (10’) : En août 2000, à l’occasion du Festival Twin Peaks, une équipe de journalistes rencontre l’ancienne propriétaire du diner ayant servi de décor pour le Mar-T-Cafe. Elle livre ici ses souvenirs liés à sa rencontre avec David Lynch, les conditions de tournage… et la confection de véritables tartes aux cerises.

Interview de Mark Frost (15’) : En août 2001, le romancier américain, scénariste, cocréateur et producteur délégué de Twin Peaks est à son tour interviewé sur son travail avec David Lynch, la genèse de la série, les partis pris, le casting, la psychologie et l’évolution du personnage interprété par Kyle MacLachlan au fil des deux saisons et le montage de l’épisode pilote destiné au marché européen.

Michael J. Anderson aka The Man from Another Place, nous donne ensuite quelques petites leçons pour « parler » dans la Salle Rouge (4’).

A propos de David Lynch (21’) : un message avertit le spectateur qu’au-delà de la 19è minute, quelques révélations sont faites sur la mort de Laura Palmer, dont son assassin. Après avoir vu la série, n’hésitez pas à visionner ce documentaire constitué d’entretiens avec la plupart des comédiens et quelques réalisateurs de la série, qui une fois de plus reviennent sur le mythe de Twin Peaks et leur travail respectif avec David Lynch.

La Twin Peaks Hotline (23’) qui est ensuite disponible est un montage d’enregistrements téléphoniques successifs qui résumaient l’épisode précédent pour celles et ceux qui l’auraient raté. Une petite mise en scène (audio donc) est réalisée avec les voix des protagonistes, le tout mené par celle si reconnaissable de Kimmy Robertson aka la standardiste Lucy Moran.

Pour celles et ceux qui seraient plus intéressés par l’envers du décor, l’éditeur joint une galerie d’archives constituée de documents de tournage, des carnets de route et même des feuilles horaires. Anecdotique, mais sympathique. Une autre galerie d’images dévoile le tournage de la Salle Rouge, des cartes de collection Twin Peaks.

L’interactivité de ce cinquième Blu-ray se clôt sur les « autocollants » de Lucy (2’), qui se révèlent être les accroches audio diffusées juste avant la publicité pour inciter les spectateurs à ne pas bouger de leur canapé.

Blu-ray 6 :

Passons rapidement sur les clips promotionnels (46 secondes) diffusés à la télévision pour annoncer l’épisode du jour, pour aller directement sur Les cartes postales des acteurs (59’). A l’instar de certains documentaires déjà vus ailleurs dans cette section, la plupart des comédiens de la série (sauf Lara Flynn Boyle qui se cache et on comprend pourquoi) qui ne manquent pas d’anecdotes et de souvenirs liés (ou non, comme Sheryl Lee et Richard Beymer) au tournage de Twin Peaks.

Blu-ray 7 :

Si vous n’êtes pas rassasiés, attendez, c’est loin d’être terminé ! C’est reparti pour 42 minutes d’interviews des comédiens réalisées en 2006 ! Afin de laisser croire que nous avons affaire à quelques suppléments originaux, l’éditeur a réparti les propos des acteurs sous forme d’une grille interactive, à savoir les origines de Twin Peaks, la production, les répercussions. Mais ne soyons pas dupes, les entretiens ici n’apportent pas grand-chose de neuf par rapport à ce qui a pu être déjà entendu.

L’autre « interview de l’équipe » (2006, 23’) est un module qui donne la parole à Jennifer Lynch, fille de, créatrice du journal secret de Laura Palmer, ainsi qu’aux réalisateurs Todd Holland (épisodes 11 et 20), Caleb Deschanel (épisodes 15 et 19), Duwayne Dunham (épisodes 18 et 25), Stephen Gyllenhaal (épisode 27) et Tim Hunter (épisodes 16 et 28). Nos interlocuteurs s’attardent sur leur collaboration avec David Lynch, le succès de la série et les conditions de tournage. Un point de vue original et très intéressant.

Blu-ray 8 :

Cela commence doucement avec l’annonce spéciale par Lucy du dernier épisode de la saison 2 de Twin Peaks (51 secondes) diffusée pendant le générique de fin de l’avant-dernier épisode… pour ensuite déboucher sur Des secrets venus d’ailleurs : la création de Twin Peaks, un documentaire d’1h46 (2007) ! Après tout ce que nous avons déjà pu voir et entendre, cet excellent module propose un angle inédit sur le casting, la genèse et la création du pilote, les deux saisons, la musique de la série mythique (grand moment avec le compositeur Angelo Badalamenti sur la création du thème de Laura Palmer), le phénomène culturel. Non seulement nous voyons enfin quelques images inédites et photos de tournage avec notamment David Lynch à l’oeuvre avec ses comédiens, mais les producteurs, le monteur, le décorateur, les réalisateurs, les comédiens de la série – même le scénariste Mark Frost l’avoue – ne mâchent pas leurs mots sur la qualité qui s’est malheureusement effritée dès la révélation du meurtrier de Laura Palmer. « La saison 2 était nulle » dit d’ailleurs Kimmy Robertson, « ça partait dans tous les sens » disent les autres, « si c’était à refaire, je n’hésiterais pas » dit Mark Frost, qui a tout fait avec David Lynch pour reprendre le train en marche dans les derniers épisodes, au point de créer « trop » de rebondissements dans le dernier épisode, dans l’espoir d’une troisième saison. Chacun s’accorde à dire que l’intérêt de Twin Peaks résidait justement sur le mystère de la mort de Laura Palmer, qui n’aurait jamais dû être dévoilé. Si quelques redites demeurent évidentes, ne manquez pas ce rendez-vous !

Blu-ray 9 :

C’est ici que vous trouverez le plus grand trésor de ce coffret, le Saint Graal, à savoir les 91 minutes de scènes coupées et/ou rallongées de Twin Peaks : Fire Walk With Me, baptisées les « pièces manquantes ». En effet, pas moins de 33 séquences (en HD 1080p !) sont ici compilées pour le plus grand bonheur des aficionados qui demandaient à les découvrir depuis belle lurette, à grands coups de pétitions qui circulaient à travers le monde.

Nous ne les dévoilerons pas de peur de vous gâcher le plaisir, toujours est-il que ces scènes s’avèrent évidemment indispensables, qu’elles prolongent la première partie du film avec l’enquête sur la mort de Teresa Banks (plus de séquences avec Chris Isaak, Kiefer Sutherland et David Bowie donc), Cooper qui parle à Diane (la voit-on ? Là est la question à laquelle nous ne répondrons pas). Les célèbres personnages de la série qui n’apparaissaient pas dans le montage final – Jocelyn, Garland Briggs, Andy, Hawk, Big Ed Hurley, Lucy, Sheriff Harry S. Truman – à la grande déconvenue des fans purs et durs, sont enfin rétablis ici ! De quoi se délecter !

De plus, le quotidien de Laura et de sa famille est également approfondi, tout comme l’addiction à la drogue et la déchéance de la lycéenne. Enfin, Fire Walk With Me est sans doute le film le plus sombre, violent et nihiliste de David Lynch. C’est donc avec joie que l’on découvre toutes les séquences avec l’humour retrouvé de la série ! Sans oublier une fin alternative de la saison 2 en cadeau… Enjoy !

Avant de passer à l’ultime Blu-ray, visionnez également les quelques interviews de Robert Wise, Sheryl lee, Moira Kelly et Mädchen Amick (5’) enregistrées à l’occasion de la sortie au cinéma de Twin Peaks : Fire Walk With Me.

Blu-ray 10 :

La voilà la dernière galette ! Deux heures de suppléments divisés en plusieurs documentaires :

Entre deux mondes (38’) : Dans la continuité d’Une tranche de Lynch, David Lynch se retrouve à nouveau à la table d’un diner, l’air lugubre et pour cause… il se retrouve face à la famille Palmer, Leland, Sarah et Laura. L’image N&B et le léger vent notable dans le fond sont là pour instaurer une atmosphère très sombre puisque le réalisateur s’entretient avec cette étrange lignée en leur demandant ce qu’ils sont devenus…puis un quart d’heure après, la couleur apparaît et David Lynch se retrouve face à Ray Wyse, Grace Zabriskie et Sheryl Lee pour parler du bon vieux temps, de leur collaboration, de leurs meilleurs moments sur le tournage et sur l’accueil glacial de Twin Peaks : Fire Walk With Me à sa sortie.

Voyage à travers le temps : souvenirs des 7 derniers jours de Laura Palmer (30’) : C’est ici que vous en apprendrez le plus sur la genèse, la création, la réalisation, la réception de Twin Peaks : Fire Walk With Me. Les comédiens Kyle McLachlan, Sheryl Lee, Victor Rivers, Phoebe Augustine, Don Davis, Kimmy Robertson, Grace Zabriskie, Walter Olkewicz, Pamela Gidley, le premier assistant Deepak Nayar, le scénariste Robert Engels, le chef opérateur Ronald Víctor García ont tous répondu présent pour parler de ce cauchemar éveillé qui a décontenancé les spectateurs de la série originale en raison de la violence de l’histoire.

Réflexions sur le phénomène Twin Peaks (31’) : entre mai et août 2000, les comédiens de Twin Peaks : Fire Walk With Me – mais également Michel Chion en invité ! – sont invités à parler du film de David Lynch. C’est le bonus dispensable de cette édition. Complètement décousus, jamais intéressants, longs, ennuyeux, les propos que nous parvenons à glaner ici et là ne retiennent jamais l’attention. Vous pouvez aisément zapper.

Le petit bonus supplémentaire intitulé Atmosphère (13’) demeure original puisqu’il propose la compilation des images servant à illustrer chaque menu principal des Blu-ray de ce coffret, comme nous l’évoquons dans la rubrique Généralités.

Nous avons trouvé deux bonus cachés (7’ et 2’) sur ce dernier disque, mais nous n’allons pas vous mâcher tout le travail. A vous de les découvrir. Sachez seulement qu’ils ne sont pas sous-titrés en français.

L’interactivité se clôt sur trois bandes-annonces (américaine, internationale, Missing Pieces Teaser), une galerie de photos des coulisses du film, et le générique de ce magnifique coffret Blu-ray.

L’Image et le son

Twin Peaks – Saison 1 & 2 (5/5) :

L’attente a été récompensée ! En prévision de son 25e anniversaire, la série Twin Peaks s’offre à nous en Haute Définition dans une nouvelle et superbe copie entièrement restaurée, chaque épisode étant proposé dans son format 4/3 respecté. Cette version renforce les contrastes, la densité des noirs, la finesse la texture et le modelé de la photographie, avec un codec AVC qui consolide l’ensemble avec brio. L’image est stable, entièrement débarrassée de scories diverses et variées, les couleurs sont conformes au matériel original, tirant souvent sur le rouge-rosé, parfois chatoyantes, certains décors brillent de mille feux, les détails sont légion aux quatre coins du cadre. Les scènes en extérieur affichent une luminosité inédite, tout comme un relief inattendu, un piqué parfois pointu, un grain flatteur et des contrastes divins. Tous les défauts constatés sur l’édition DVD sortie chez TF1 Vidéo en 2007 ont été éradiqués, à l’instar de certains pompages, petites tâches, du bruit vidéo dans les arrière-plans (sur les scènes nocturnes notamment), ainsi que les instabilités de l’étalonnage. Revoir Twin Peaks dans ces conditions techniques est subjuguant. Même si la qualité peut varier d’un épisode à l’autre, nous n’hésitons pas à donner la note maximale à cette édition HD (1080p) car il serait vraiment difficile de faire mieux.

Twin Peaks : Fire Walk With Me (4,5/5) :

La préquelle de la série Twin Peaks est proposée dans une version restaurée 4K supervisée by mister Lynch himself. Ce qui se fait de mieux en matière de lifting quoi ! Le DVD de Twin Peaks : Fire Walk With Me sorti en 2004 chez MK2 proposait le chef-d’oeuvre de David Lynch dans un master 16/9 avec son format du film respecté 1.85. Pour son nouveau lifting et sa nouvelle sortie en Blu-ray (également sorti chez MK2 en 2010), Twin Peaks : Fire Walk With Me est de retour en Haute Définition dans un format 1080p, AVC. La définition n’est peut-être pas optimale, néanmoins, ne faisons pas la fine bouche, car la restauration est admirable. L’élévation HD offre à Twin Peaks : Fire Walk With Me une nouvelle cure de jouvence, le grain cinéma est restitué et les contrastes trouvent une nouvelle densité. L’encodage consolide l’ensemble, les noirs sont plutôt concis, le piqué renforcé, peut-être un peu moins dans les scènes en intérieur. La colorimétrie retrouve un éclat et une chaleur inédits, un équilibre indéniable, un étalonnage beaucoup plus conforme aux partis pris esthétiques originaux. Certains plans sont sensiblement plus altérés et la profondeur de champ parfois limitée.

Twin Peaks – Saison 1 & 2
Twin Peaks : Fire Walk With Me

Bien que seule la version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 7.1 (!), contrairement à la piste française proposée en Mono (pour la série), le confort acoustique est total pour ces deux options ! Le premier mixage créé une spatialisation très impressionnante. Rien que le sublime générique donne des frissons. Les dialogues sont exsudés avec force, les effets et ambiances annexes sont riches, amples et variés (le vent dans les sycomores est un délice), respectueux, car ne cherchant jamais à jouer la « surenchère ». Nul besoin de monter le volume pour profiter pleinement de la bande-son mythique d’Angelo Badalamenti. Le caisson de basses intervient aux moments opportuns, sans en faire trop et les sous-titres français ne sont pas imposés. Que les puristes se rassurent, ils trouveront également la version originale dans sa version Stéréo, qui assure le confort phonique avec brio. Sur Twin Peaks, le doublage français emmené par les experts Patrick Poivey (Agent Dale Cooper) et Daniel Russo (Shérif Harry S. Truman) caresse notre fibre nostalgique, l’ensemble est propre, sans soucis majeur, suffisant.

Le mixage anglais 7.1 sur Fire Walk With Me propose des dialogues encore plus nets, le reste est du même acabit que pour la série. Seule différence, et non des moindres, en ce qui concerne la version française sur le film, l’option acoustique présentée est en Dolby Digital 5.1, une perte par rapport au DVD MK2 (DTS 5.1 !) et le Blu-ray MK2 (DTS-HD Master Audio 5.1). Elle reste acceptable, mais ne tient pas la comparaison avec la langue de Shakespeare.

Crédits images : © ABC © MK2 / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ninja III, réalisé par Sam Firstenberg

NINJA III (Ninja III : The Domination) réalisé par Sam Firstenberg, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Shô Kosugi, Lucinda Dickey, Jordan Bennett, David Chung, Dale Ishimoto, James Hong, Bob Craig, Pamela Ness, Roy Padilla

Scénario : James R. Silke

Photographie : Hanania Baer

Musique : Udi Harpaz, Misha Segal

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Une femme, employée des télécommunications de Phoenix et passionnée d’aérobic, vient en aide à un assassin ninja plutôt efficace. Malheureusement il meurt devant ses yeux en lui léguant son katana. Cette dernière arme se révèle possédée par un esprit séculaire conférant des pouvoirs d’assassins ninjas.

Nous avions laissé Shô Kosugi en haut d’un building de Salt Lake City à la fin d’Ultime Violence – Ninja II. Après avoir eu le temps d’emballer une petite série intitulée L’Homme au katana, le comédien est rappelé par les cousins Golan et Globus pour Ninja III – The Domination, troisième volet de la saga initiée en 1981 avec L’Implacable Ninja. Les yeux toujours plus gros que le ventre, les allumés de la Cannon sont bien décidés à surfer sur cette déferlante de ninjas dans le cinéma américain. Le réalisateur Sam Firstenberg est également de retour derrière la caméra, mais le scénariste James R. Silke souhaite emmener la franchise vers quelque chose de nouveau. C’est peu dire que l’histoire concoctée pour ce troisième opus part dans tous les sens, mais ce qui interpelle et inquiète surtout les producteurs, c’est que le rôle principal de Ninja III est confié à une jeune actrice, Lucinda Dickey, tête d’affiche d’une autre production de la Cannon, un film musical, Break Street 84.

Emballés par la performance physique de la comédienne, Golan et Globus l’engagent, mais restent perplexes quant au « réalisme » de montrer une jeune femme ninja. Comme si les histoires plausibles les avaient jusqu’alors dérangé…Il n’empêche que Lucinda Dickey, que l’on verra juste après dans le cultissime Breakin’ 2: Electric Boogaloo, y va à fond dans les scènes d’action et s’avère beaucoup plus convaincante quand elle donne des coups de tatane que dans les scènes dramatiques.

Ninja III est un sommet du nanar. La première séquence, au cours de laquelle un ninja s’en prend à quelques gardes du corps pour visiblement atteindre un homme d’affaires durant sa partie de golf est immense dans le genre. S’ensuit une course-poursuite entre le ninja et des flics, le ninja trouvant refuge sur une de leurs bagnoles avant de s’accrocher à un hélicoptère, puis de terminer à la flotte et de se faire flinguer par toute la horde de policiers lancés à ses trousses. Une exécution aussi efficace que celle de Murphy au début de RoboCop, sauf que malgré les bastos envoyées, le corps du ninja reste propre (évitons la censure que diable ! ), avant de disparaître à l’insu des tireurs. Quelques minutes plus tard, nous découvrons que le ninja, toujours pas mort malgré les dizaines de balles reçues en pleine poire, s’était en fait enterré en quelques secondes afin de tromper ses ennemis. Les flics se barrent. C’est alors que nous découvrons Christie, tranquillement en train de bosser sur un poteau téléphonique. En haut de son perchoir, elle aperçoit un individu en mauvais point. Elle descend et s’approche de lui pour lui venir en aide. Le ninja lui saute dessus, Christie parvient à se tirer d’affaire, puis revient vers son agresseur qui finalement ne semble pas si méchant que ça. Grâce à son katana magique, le ninja survit à sa propre mort en se réincarnant dans le corps de Christie, qui devient alors dotée, sans le savoir, de capacités surhumaines, faisant d’elle une tueuse invulnérable qui possède le pouvoir, la puissance et la maîtrise des arts martiaux des ninjas. Objet d’une vengeance absolue, Christie remplit la mission que lui assigne le diabolique guerrier, jonchant son parcours de cadavres, en suivant les « ordres » de l’esprit du défunt enfermé dans le katana. Désormais, seul un autre ninja pourrait la délivrer du démon qui la hante. Heureusement, Christie sera aidée par un flic gominé, en marcel et aux épaules velues, qui en pince pour elle et qu’il ne laissera pas filer, quitte à participer à un de ses cours d’aérobic en short fluo moulant.

Et encore ce n’est qu’un début ! Résumer Ninja III est aussi poilant que le flic improbable interprété par Jordan Bennett. Tous les genres y passent, même une séquence d’exorcisme durant laquelle Christie, possédée par l’âme du ninja, tournoie sur elle-même. Et Shô Kosugi dans tout ça ? Bah il apparaît de temps en temps, affublé d’un bandeau sur un œil – coucou Quentin Tarantino – et qui se prépare pour le combat final contre un mannequin en mousse. Le pire, c’est que Ninja III est pensé comme un film sérieux. Heureusement pour nous, car le film vieillit très bien comme ça. Cette fois, le film pioche dans les films d’horreur, fantastiques et d’arts martiaux, à la va comme je te pousse. Incroyable, mais vrai, Ninja III est bien foutu. Les scènes s’enchaînent sur un rythme soutenu, les scènes d’action sont certes risibles, mais généreuses et on se marre du début à la fin. Les décors et les costumes très ancrés dans leur époque raviront les amateurs du genre, comme de voir également une arcade de jeu vidéo dans l’appartement de l’héroïne, fringuée comme si elle débarquait de Flashdance. Ninja III reste un divertissement de haute volée, dont on ressort euphorique.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Ninja III, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également L’Implacable Ninja et Ultime Violence – Ninja 2, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

L’indéboulonnable Nico Prat, journaliste chez RockyRama, présent sur les trois titres du coffret Ninja de la Cannon, se lâche durant la présentation de Ninja III (7’). « Le film de trop, un film boursouflé, ridicule, rempli de mauvaises idées, qui mélange beaucoup trop de genres et d’éléments de l’époque », voilà comment Nico Prat introduit le film de Sam Firstenberg, mais avec le sourire bien entendu. Le journaliste se penche sur la production de Ninja III, évoque le casting, l’échec à sa sortie, puis aborde l’héritage du film de ninjas au cinéma en parlant bien évidemment de Godfrey Ho, spécialiste du cinéma 2 en 1, avant que le genre meurt de sa belle mort à cause de l’arrivée de JCVD et de son Bloodsport – Tous les coups sont permis, qui ouvrait la voie à un nouveau style de films de bastons.

Vous avez aimé les deux fausses bandes-annonces de Ninja Eliminator présentes sur les deux titres précédents ? Alors vous serez ravis d’apprendre que l’éditeur en présente ici deux pour le prix d’une ! Ninja Eliminator III : Le Gardien du médaillon (4’) et Ninja Eliminator IV : The French Connection (8’). La même bande d’allumés est de retour pour notre plus grand plaisir. C’est encore complètement dingue et porté par un véritable amour du nanar.

L’Image et le son

Au jeu des comparaisons, l’image de Ninja III est la plus belle de la trilogie disponible en Blu-ray. Comme L’Implacable Ninja et Ultime Violence – Ninja II, ESC soigne son master HD (1080p). Un lifting numérique a été effectué, avec un résultat plus que probant et flatteur pour les mirettes. Si le générique s’accompagne de fourmillements et d’un grain parfois hasardeux, cela s’arrange immédiatement après. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD indéniable. Les détails sont appréciables, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. Les quelques rares scories aperçues demeurent subliminales.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, dépourvues du moindre souffle. Les deux versions s’avèrent propres, naturelle pour la piste anglaise, dynamique et évidemment plus artificielle pour l’amusant doublage français. Les sous-titres français ne sont pas imposés, contrairement au changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Iris, réalisé par Jalil Lespert

IRIS réalisé par Jalil Lespert, disponible en DVD et Blu-ray le 21 mars 2017 chez Universal Pictures France

Acteurs : Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert, Camille Cottin, Adel Bencherif, Sophie Verbeeck

Scénario : Jalil Lespert, Jérémie Guez

Photographie : Pierre-Yves Bastard

Musique : Dustin O’Halloran, Adam Wiltzie

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Iris, la femme d’Antoine Doriot, un riche banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à son enlèvement. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer la vérité sur l’affaire qui se déroule sous leurs yeux.

Comédien rare à la présence souvent magnétique (Ressources humaines, Le Petit Lieutenant), Jalil Lespert est également un metteur en scène appliqué qui a su imposer dès son premier long métrage en tant que réalisateur, 24 mesures (2007), un vrai tempérament de cinéaste. Après Des vents contraires, adapté d’un roman d’Olivier Adam et son biopic Yves Saint Laurent (2014), qui a valu à Pierre Niney le César du meilleur acteur, Jalil Lespert revient derrière la caméra pour Iris, librement inspiré du film japonais KaosuChaos de Hideo Nakata, réalisé en 1999, mais sorti en France dix ans après en DVD ! Iris reprend exactement le même canevas. Un homme, ici un petit garagiste et ancien taulard, se retrouve complice d’un faux enlèvement, celui de la femme d’un riche banquier qu’elle met elle-même en scène. Elle se laisse cloîtrer dans sa maison tandis qu’il envoie la demande de rançon. Mais lorsqu’il rentre chez lui, il retrouve la femme morte, son cadavre allongé sur le sol.

Pour la première fois, Jalil Lespert joue dans un film qu’il réalise et s’octroie le rôle de l’homme d’affaires. Il confie les deux rôles principaux à Romain Duris et Charlotte Le Bon, eux-mêmes soutenus par Camille Cottin (la « Connasse » de Canal+) dans un contre-emploi étonnant, Adel Bencherif (vu dans Frontière(s) de Xavier Gens et Un prophète de Jacques Audiard). C’est dire si l’affiche était prometteuse, mais il faut bien se rendre à l’évidence, Iris est un sacré fiasco. Après un prologue pourtant excellent, inquiétant, excellemment réalisé et photographié par Pierre-Yves Bastard (JCVD, Le Vilain) qui montre un Paris particulièrement sombre, humide et glacial, Jalil Lespert se perd dans une démonstration technique complètement gratuite, un montage alambiqué qui dévoile le pot aux roses trop rapidement en croyant pourtant brouiller les pistes pour mieux perdre les spectateurs. Du coup, tout ce qui faisait le charme du film dans les premières minutes, s’estompe au profit d’un festival de grimaces de la part de Romain Duris (sourcils froncés et lèvres retroussées sur des canines pour montrer l’agacement de son rustre personnage), tandis que Charlotte Le Bon fait la moue en trémoussant son corps de rêve moulé dans du vinyle, dans une boite SM. Au moins, les yeux ont de quoi se rassasier. De son côté, Camille Cottin déclame des dialogues souvent vulgaires en tirant la tronche, Jalil Lespert prend l’air malheureux en se disant qu’il aurait mieux fait de se concentrer uniquement sur sa mise en scène.

Iris est un thriller de manipulation teinté d’érotisme à l’esthétique laquée et goudronneuse, mais qui s’avère en réalité une vraie mélasse. Les comédiens s’embourbent littéralement dans une intrigue limitée et prévisible, tandis que Jalil Lespert tente de bien faire les choses en s’inspirant parfois (trop) de Brian de Palma et d’Alfred Hitchcock, avec Body Double d’un côté et VertigoSueurs froides de l’autre, sans oublier un soupçon de Gone Girl de David Fincher. Mais malgré ces solides références, Iris ne décolle jamais et ennuie l’audience, encore plus si le spectateur est déjà un grand habitué des codes du genre avec ses trahisons et ses intrigues à tiroirs. Et quand on se dit au final que toute cette histoire arrive parce-qu’un type prend son pied quand on lui donne la fessée, cela n’arrange rien à l’affaire. Si tous les ingrédients étaient réunis pour que la sauce prenne, Iris ne parvient pas à convaincre.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Iris, disponible chez Universal Pictures France, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical et la jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Hum…pas grand-chose à se mettre sous la dent ! En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint deux mini-featurettes de 3 minutes, qui font office de making of. Quelques images de tournage et des propos de l’équipe donnent un aperçu des prises de vues et des intentions du réalisateur Jalil lespert. Ce dernier revient sur ses références et sur l’écriture du scénario.

L’Image et le son

Ce master HD d’Iris est en tous points sublimes et s’inscrit directement comme un Blu-ray de démonstration. Les premiers plans donnent le ton : les noirs sont d’une densité inégalée, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir aux quatre coins du cadre large, les teintes froides peuvent compter sur un encodage AVC de haute volée et les détails du cadre large s’impriment sur les rétines. Les contrastes sont pénétrants, la texture de la photo signée Pierre-Yves Bastard est constamment palpable et bénéficie d’un relief extraordinaire, sur les scènes en extérieur comme sur les intérieurs tamisés. N’oublions pas la colorimétrie, sombre, parfaitement restituée.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 est d’une qualité technique ébouriffante. Comme pour l’image, le spectateur est immédiatement happé dès la première séquence. D’emblée, les frontales, les latérales et le caisson de basses créent un environnement percutant, qui ne se relâche jamais. Rien n’est laissé au hasard dans ce mixage, les ambiances naturelles se déploient au point où l’on parvient à distinguer la rumeur des passants dans la rue. La musique ponctue constamment le visionnage, les voix demeurent saisissantes sur la centrale, tandis que la balance des enceintes avant n’en finit pas de rivaliser d’effets en tous genres. Avec une piste Stéréo de très haut niveau, l’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Thibault Grabherr / Universal Pictures France/ Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Tour de France, réalisé par Rachid Djaïdani

TOUR DE FRANCE réalisé par Rachid Djaïdani, disponible en DVD le 21 mars 2017 chez Studiocanal

Acteurs : Gérard Depardieu, Sadek, Louise Grinberg, Nicolas Marétheu, Mabô Kouyaté, Raounaki Chaudron

Scénario : Rachid Djaïdani

Photographie : Luc Pagès

Musique : Clément « Animalsons » Dumoulin

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Far’Hook est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à un règlement de comptes, il est obligé de quitter Paris pour quelques temps. Son producteur, Bilal, lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge faire le tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer entre ce rappeur plein de promesses et ce maçon du Nord de la France au cours d’un périple qui les mènera à Marseille pour un concert final, celui de la réconciliation.

En 2012, le comédien et ancien boxeur Rachid Djaïdani sort son premier long métrage, Rengaine. Il lui aura fallu neuf ans pour peaufiner, tourner, monter et réussir à faire distribuer ce film d’une durée de 77 minutes piochées dans 200 heures de rushes. Réalisé sans argent, sans producteur ni scénario et autorisations, avec des potes, quand les conditions le permettaient, en laissant une grande place à l’improvisation, ce petit film mis en scène avec le coeur et des tripes avait su d’emblée imposer un style brut de décoffrage. Tour de France est le deuxième film de Rachid Djaïdani.

A l’instar de Rengaine, Tour de France contient de très belles choses. Une sensibilité à fleur de peau, une rage, une envie de frapper, une liberté totale de création et d’expression se dégagent de ce second long métrage qui se focalise sur la rencontre entre deux personnages que tout oppose. Far’Hook, un jeune rappeur qui tient à conserver son anonymat, se retrouve pris au piège de l’escalade de la violence. Après une altercation, il doit quitter la capitale afin de se protéger avant un grand concert qu’il doit donner à Marseille. Bilal, son producteur, lui trouve une planque temporaire. Ce même Bilal, qui a pris ses distances avec son père, Serge, demande alors à Far’Hook de lui rendre service : il s’agit de convoyer le retraité à travers les routes de France, sur les traces du peintre Joseph Vernet. Mais entre Far’Hook, jeune artiste arrogant, et Serge, retraité désabusé, misanthrope et limite raciste, le courant ne passe pas vraiment. Heureusement, la route est longue et ces deux générations vont alors vraiment faire connaissance.

Sélectionné dans la cadre de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2016, Tour de France bénéficie d’un budget plus important et de la présence du monstre Depardieu en tête d’affiche. Le comédien est absolument parfait en bonhomme bourru, veuf, en froid avec son fils récemment converti à l’Islam. Par un concours de circonstances, Serge, ancien maçon désormais à la retraite, accepte d’héberger un ami de son fils, Far’Hook. Tout d’abord réticent et malgré son racisme latent, il va se prendre d’amitié pour ce jeune de 20 ans dans lequel il reconnaît son fils et grâce auquel il va pouvoir admettre ses propres erreurs et lutter contre ses préjugés. De son côté, Far’Hook va à la rencontre de la France, lui qui n’a jamais quitté Paris. Tour de France est un petit film fait avec un coeur immense. On retrouve tout ce qui faisait la réussite de Rengaine tandis que le réalisateur prend plus soin de sa mise en scène et de sa direction d’acteurs. A ce titre, le rappeur Sadek s’avère touchant, souvent bluffant et fait preuve d’un réel talent de comédien avec son charisme brut qui s’impose sans mal face à l’imposante présence physique de Depardieu, qui de son côté n’hésite pas à entonner un rap sur La Marseillaise.

Tour de France est un road-movie élégant et chaleureux, spontané, jamais mièvre ou simpliste. Un beau moment.

LE DVD

Le DVD de Tour de France, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est quant à lui fixe et muet.

Du point de vue des suppléments ? C’est simple, il n’y en a pas ! Même pas la bande-annonce !

L’Image et le son

Tour de France ne bénéficie pas de sortie en Blu-ray. Toutefois, ce DVD s’en sort bien, même si les couleurs s’avèrent parfois ternes. Rachid Djaïdani use parfois des images tirées de téléphone portable et d’autres sources indéterminées, ce qui entraîne inévitablement des baisses de la définition. La stabilité est de mise, les détails appréciables sur les gros plans. Notons également divers moirages.

Soyons honnêtes, le mixage Dolby Digital 5.1 ne sert pour ainsi dire à rien et concentre l’acoustique sur les enceintes avant, au détriment des ambiances naturelles. Les dialogues sont clairs, posés, la balance frontale dynamique, les basses ayant quant à elles quelques opportunités pour faire parler d’elles. Toutefois, privilégiez la Stéréo, beaucoup plus adaptée, souvent percutante et qui instaure un excellent confort. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Ultime Violence – Ninja 2, réalisé par Sam Firstenberg

ULTIME VIOLENCE – NINJA II (Revenge of the Ninja) réalisé par Sam Firstenberg, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Shô Kosugi, Keith Vitali, Virgil Frye, Arthur Roberts, Mario Gallo, Ashley Ferrare, Grave Oshita, Kane Kosugi

Scénario : James R. Silke

Photographie : David Gurfinkel

Musique : W. Michael Lewis, Laurin Rinder, Robert J. Walsh

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Après que leur famille ait été tuée au Japon par des Ninjas, Cho et son fils Kane, décident de partir aux Etats-Unis pour recommencer une nouvelle vie. Alors qu’il a ouvert une boutique de figurines, il découvre qu’il importe à son insu de l’héroïne, dissimulée à l’intérieur. Après avoir découvert la trahison de l’ami qui l’a impliqué malgré lui, il va devoir se préparer pour l’ultime bataille qui en découle…

Suite à l’immense succès de L’Implacable Ninja – qui a dit « L’Improbable » ? – avec Franco Nero aussi rassuré au nunchaku que Barracuda quand il prend l’avion, les joyeux lurons Menahem Golan et Yoram Globus n’allaient pas en rester là ! Conscients que les spectateurs semblent apprécier les histoires de ninja passées à la sauce américaine, les deux pontes de la Cannon font à nouveau appel à Shô Kosugi pour lui offrir cette fois le premier rôle d’Ultime Violence – Ninja 2, ainsi que la supervision des chorégraphies. Si Menahem Golan est lui-même débarqué de la mise en scène, Sam Firstenberg, qui venait de réaliser One more chance, un drame avec la jeune Kirstie Alley, se voit confier les rênes de ce second opus. Un budget plus confortable, si cela veut néanmoins dire quelque chose à la Cannon, plus de combats, plus de sang, plus de nawak, mais aussi plus de cadres et de contre-plongées réussis, Ultime Violence – Ninja 2 est une excellente suite, qui se permet même d’être supérieure au volet précédent.

Shô Kosugi est Osaki. Sa famille massacrée par les tueurs d’un clan ninja (première scène ahurissante de violence où hommes, femmes et enfants passent à la moulinette, ou plutôt au shuriken), il fuit le Japon, accompagné de son jeune fils. Installé aux États-Unis, il croit pouvoir démarrer une nouvelle vie. Rapidement, Osaki se rend à l’évidence qu’il est manipulé, utilisé à son insu dans un vaste trafic de drogue, dont on se fout d’ailleurs royalement (et les acteurs aussi visiblement) puisque l’essentiel est ailleurs. Trahi, menacé des pires représailles par un parrain sans scrupules et ses sbires (véritable concours de tronches invraisemblables), il ressort d’une cache secrète l’équipement complet du ninja qu’il a été et qu’il n’a jamais cessé d’être, prêt à se battre contre ses anciens frères d’armes. La vengeance du Ninja, sera terrible(ment drôle). Et c’est parti pour 1h30 de combats bruités à la bouche durant lesquels Shô Kosugi, charisme éteint mais content d’être là, affronte des mafieux sans foi ni loi menés par un petit bonhomme rigolo, tandis qu’il se voit draguer par une blonde chaude comme la b(r)aise qui passe tout le film à moitié nue.

Au début du film et comme bien souvent chez la Cannon, tout est fait pour faire croire aux spectateurs qu’ils sont face un film d’action solide et burné. Sam Firstenberg met le paquet dans le prologue sanglant et met en place l’histoire rapidement pour emmener son personnage principal le plus vite possible aux Etats-Unis où l’audience pourra ainsi mieux d’identifier. Mais à mesure que le métrage avance, Ultime Violence – Ninja 2 ne peut plus cacher les limites d’un scénario lambda et du manque évident de moyens. Le film se nanardise pour notre plus grand plaisir.

Shô Kosugi se retrouve face à des caïds de bacs à sable, escalade un mur en mousse, lance ses jouets en aluminium, puis saute par-dessus un mur en faisant des pirouettes, s’accroche à l’arrière d’un van lancé sur la route et s’égratigne les genoux tout en faisant brûler son pantalon. Ajoutez à cela un petit bonhomme qui se bastonne avec quelques gamins qui voulaient lui piquer son goûter, une grand-mère bad-ass à qui l’on crêpe le chignon, une scène de torture dans un jacuzzi, avant d’admirer (ou de subir c’est selon) l’affrontement final de dix minutes dans des décors d’une pauvreté jubilatoire : un terrain de tennis et le toit d’un building dans la ville sèche de Salt Lake City.

90 minutes vraiment géniales et drôles, durant lesquelles on ne s’ennuie pas. Le film sera une fois de plus un succès commercial pour Golan/Globus. Par la suite, Sam Firstenberg récidivera dans le genre baston puisqu’il signera Ninja III (bientôt sur Homepopcorn.fr), American Warrior I et sa suite, Le Ninja blanc, La Loi du Samouraï et d’autres films que les amateurs de nanars connaissent comme Cyborg Cop I et sa suite. Dans ce cas, le mot « séquelle » est bien approprié.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’ Ultime Violence – Ninja 2, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également L’Implacable Ninja et Ninja III, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

A l’instar des deux autres titres présents dans ce coffret, nous retrouvons Nico Prat, journaliste chez RockyRama, qui nous propose un portrait du réalisateur Sam Firstenberg croisé avec la présentation du film qui nous intéresse (9’). Vous en saurez assez pour briller lors d’un dîner, où les convives seront estomaqués de vos connaissances en ninjitsu et accessoirement en nanars.

S’ensuit un court-métrage parodique intitulé Ninja Eliminator II : La Quête du cristal magique (6’), en réalité une fausse bande-annonce jubilatoire concoctée par des fans du genre, dont nous avions déjà apprécié l’imagination sur le premier disque du coffret.

L’Image et le son

Le master HD d’Ultime violence – Ninja 2 s’en tire encore mieux que celui de L’Implacable Ninja ! Malgré un léger manque de concision sur certains plans, la copie dépasse toutes les espérances. Les contrastes sont denses et même assez beaux, les couleurs retrouvent une vraie vivacité, sans oublier les lumineuses séquences en extérieur. La propreté est évidente, les détails étonnamment précis, tandis que le grain demeure heureusement conservé. Un petit relief se fait même ressentir !

Sachant que les spectateurs français ont avant tout découvert ce film dans la langue de Molière, ESC livre un mixage français propre et respectueux de l’écoute originale avec bien sûr le doublage d’époque. Au jeu des comparaisons, la version originale s’en sort mieux avec des effets plus naturels et une dynamique plus marquée. Les deux pistes sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, qui ne peuvent évidemment pas rivaliser avec les standards actuels, mais l’éditeur permet de revoir ce « classique » dans de bonnes conditions techniques, mention spéciale aux bruitages lors des bastons. Le changement de langue est verrouillé à la volée, mais étrangement les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr