Test Blu-ray / La Fille inconnue, réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne

LA FILLE INCONNUE réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez Diaphana

Acteurs : Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Renier, Louka Minnella, Christelle Cornil, Nadège Ouedraogo, Olivier Gourmet

Scénario : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne

Photographie : Alain Marcoen

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un soir, alors qu’elle travaille avec son assistant, Jenny Davin, médecin généraliste, n’ouvre pas la porte de son cabinet à une jeune femme. Cette dernière est retrouvée morte quelques heures plus tard. Jenny l’apprend au cours de l’enquête et découvre en même temps que la victime ne peut pas être identifiée. Jenny comprend également que cette affaire n’est pas vraiment une priorité pour la police. Rongée par la culpabilité et contre l’avis des forces de l’ordre, elle décide de mener sa propre enquête. Mais Jenny est vite confrontée à l’agressivité de témoins récalcitrants…

Un miracle se produit à chaque film des frères Dardenne. Le spectateur au fait de leur cinéma, un tant soit peu vaniteux, peut déclarer s’attendre à retrouver la même recette habituelle des réalisateurs et que ce nouveau film risque d’être du réchauffé. Seulement voilà, les cinéastes parviennent toujours à nous cueillir et leur dernier opus, leur dixième long métrage, La Fille inconnue ne fait pas exception à la règle et s’avère même un de leurs plus grands films.

Le personnage du médecin trottait dans la tête des frères Dardenne depuis de nombreuses années, pensant déjà l’intégrer dans l’intrigue du Gamin au vélo. Enfants, Jean-Pierre et Luc Dardenne ont longtemps observé leur oncle médecin, une profession qui les a toujours fasciné. Après avoir rencontré la formidable Adèle Haenel, ils décident de lui écrire ce rôle sur mesure, celui de Jenny, une jeune femme médecin généraliste se sentant coupable et responsable de la mort d’une jeune fille immigrée sans identité, à qui elle a refusé d’ouvrir la porte de son cabinet après une longue journée et parce que l’heure d’ouverture était largement dépassée. Elle se met ensuite à la recherche de son nom une fois que la police lui ait annoncé la mauvaise nouvelle. A travers son quotidien fait de visites à domicile ou à son cabinet, Jenny commence une véritable enquête obsédante en recoupant les témoignages de quelques patients.

Après avoir offert à Marion Cotillard un de ses plus grands rôles dans Deux jours, une nuit, les Dardenne récidivent avec Adèle Haenel, qui n’a de cesse d’éblouir après les grandes réussites de L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Suzanne (César de la meilleure actrice dans un second rôle), Les Combattants (César de la meilleure actrice) et Les Ogres. De tous les plans, du début à la fin, la comédienne illumine La Fille inconnue par son charisme, son immense talent, sa sensibilité à fleur de peau. Filmé comme un véritable polar, ce drame réaliste, social et anxiogène prend aux tripes grâce à la virtuosité discrète de la mise en scène qui s’attache à ce personnage alors au début de sa vie professionnelle, dont la moue boudeuse reflète encore l’innocence et même la naïveté de son jeune âge. A l’instar de leurs autres longs métrages, les frères Dardenne se focalisent sur un personnage dont on ignore le passé et la vie privée, pour ainsi mettre en relief les choix cruciaux que Jenny doit faire au moment présent, qui risquent d’avoir une incidence sur le reste de sa vie. Ainsi, Jenny décide d’exercer sa profession dans un cabinet de la ville de Seraing, dans la Province de Liège, située le long d’une voie rapide où la circulation se fait entendre de jour comme de nuit, plutôt que d’accepter une place convoitée dans une clinique privée confortable aux patients aisés. Ce choix découle tout simplement de sa décision d’en savoir plus sur cette jeune fille assassinée, dont elle se sent en partie responsable de la mort.

Avec un réalisme quasi-documentaire, les frères Dardenne suivent donc Jenny pas à pas dans son quotidien. C’est l’écoute au stéthoscope du coeur d’un patient âgé, la peau massée, les regards, les gestes techniques, la parole qui se libère liée au lien unique entre un médecin et son patient, une proximité parfois inattendue qui se crée et qui agit alors comme un confessionnal. Ou comment soulager sa conscience, les mots guérissant les maux. Jenny avance à tâtons, parfois sans le vouloir ou après avoir voulu jeter l’éponge suite à quelques menaces qui planent au-dessus de sa tête, au fil de rencontres singulières (dont celles avec les fidèles Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet et même le gamin au vélo Thomas Doret), bonnes ou mauvaises, qui vont l’aider à aller vers l’acceptation pour mieux renaître.

Après avoir été accueilli froidement au Festival de Cannes, où ils ont pourtant leurs habitudes, les Dardenne ont décidé de remonter leur film en coupant notamment sept minutes. Aujourd’hui, La Fille inconnue apparaît comme étant l’un des chefs d’oeuvres de l’année 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Fille inconnue, disponible chez Diaphana, repose dans un boîtier classique de couleur blanche. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé sur une séquence clé du film.

Réalisée par N.T. Binh à Paris en octobre 2016, l’interview de Jean-Pierre et Luc Dardenne (26’) est posée, passionnante, dense et en apprend beaucoup sur le processus créatif des deux frères cinéastes. Ils reviennent sur le personnage de médecin dont ils voulaient parler depuis longtemps, l’usage des silences, le choix des décors, la précision du cadre, le travail avec Adèle Haenel, la manière pour happer le spectateur, la longue phase du montage, l’importance du son, bref tout est abordé avec précision et surtout une passion contagieuse pour le cinéma.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits.

L’Image et le son

L’éditeur prend soin de La Fille inconnue et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis pris esthétiques du chef opérateur Alain Marcoen, fidèle collaborateur des frères Dardenne sont respectés et la colorimétrie habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes et des noirs denses, un joli piqué et des détails appréciables sur l’ensemble des séquences en extérieur et du cadre en général, y compris sur les gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, imputables aux partis pris qui privilégient souvent la caméra portée, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master HD élégant, propre et clair.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 fait ce qu’elle peut pour créer un semblant de spatialisation avec de légères ambiances naturelles (la circulation près du cabinet médical notamment), mais n’hésitez pas à sélectionner directement la Stéréo qui étonnamment l’emporte sans conteste du point de vue restitution des dialogues, prépondérant dans un film de cet acabit. L’éditeur joint également une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants, ainsi que les sous-titres français pour sourds et malentendants.

Crédits images : © Christine Plenus / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Brice 3, réalisé par James Huth

BRICE 3 réalisé par James Huth, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Bruno Salomone, Alban Lenoir, Noëlle Perna, Louis-Do de Lencquesaing

Scénario : Jean Dujardin, James Huth, Christophe Duthuron, Laurent Baffie

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Brice est de retour. Le monde a changé, mais pas lui. Quand son meilleur ami, Marius, l’appelle à l’aide, il part dans une grande aventure à l’autre bout du monde… Les voyages forment la « jaunesse » mais restera-t-il le roi de la casse ?

Après 4,5 millions de spectateurs et plus de onze ans après la sortie du premier volet, Brice (de Nice) est de retour. A l’exception des Petits mouchoirs, film choral, Brice de Nice demeure à ce jour le plus grand succès de Jean Dujardin au cinéma en France. Depuis, la carrière du comédien s’est envolée: Prix d’interprétation masculine à Cannes en 2011 et l’Oscar du meilleur acteur pour The Artist en 2012. Lui qui a toujours déclaré n’avoir jamais eu de plan de carrière, s’est retrouvé là où il n’aurait même pas pu l’imaginer. Cumulant près de 50 millions d’entrées en une trentaine de films, Jean Dujardin, un peu dépassé par les événements (euphémisme), a souhaité revenir à son personnage fétiche pour lâcher du lest. Ce qui donne Brice 3 avec son sous-titre « Parce-que le 2 je l’ai cassé ! ». James Huth est de retour derrière la caméra, ainsi que Clovis Cornillac dans le rôle de Marius de Fréjus, Bruno Salomone dans celui d’Igor d’Hossegor, ici supplanté par un nouveau venu, Gregor d’Hossegor, interprété par Alban Lenoir. Le budget a été multiplié par trois et le tournage s’est installé en Thaïlande pour les scènes supposées se dérouler à Hawaï.

Brice, le surfeur niçois excellant dans l’art de brocarder les autres, vit désormais seul dans une paillote sur la plage. Si le monde n’est assurément plus le même, lui n’a pas changé et semble se satisfaire de son quotidien routinier dans l’attente d’une immense vague pour surfer. Un jour, il découvre une bouteille à la mer avec un message de Marius. Son ami lui demande de prendre le premier avion pour lui venir en aide. Chassé de sa cabane par les autorités locales, Brice se hâte de partir à l’autre bout du monde à la recherche de son meilleur copain. Mais lors de leurs retrouvailles, le surfeur apprend qu’il est lui aussi en danger. Soyons honnêtes, tout est ici prétexte à un déferlement de blagues décérébrées, potaches et assumées, volontairement loufoque et bas de plafond, qui feraient un malheur dans les bacs à sable, mais tout est mené avec un tel entrain, une telle énergie et l’envie de foutre le bordel que cela devient très vite contagieux. Seulement voilà, il y a deux films dans Brice 3.

La première partie, celle où l’on retrouve le personnage, son quotidien et le début de son voyage est vraiment drôle, réussie, jubilatoire et le plaisir de suivre Brice à nouveau dans ses aventures n’est franchement pas déplaisant. Seulement voilà, pile-poil à la moitié du film, tout part en sucette dès que le surfeur arrive sur l’île où il retrouve son pote Marius, mais aussi un usurpateur. Ce double maléfique, également interprété par Jean Dujardin, s’est non seulement approprié son identité, mais règne également sur ses sujets dans un environnement forcément « yellow » placé sous le signe de la fête à la David Guetta et des battle de casses. Brice 3 devient alors exténuant. L’hystérie cartoonesque échappe alors au réalisateur et à son interprète principal et devient une arme de destruction neurologique qui fait pleurer des larmes de sang. Alors que quelques apartés montrent un Brice âgé de 115 ans (maquillage bluffant de Dujardin) qui raconte – à sa sauce – l’histoire à des enfants peu dupes de ses mensonges, on comprend ce qui a poussé Jean Dujardin à retrouver son alter ego qu’il interprétait déjà dans les cabarets. L’acteur a voulu profiter de ce film pour s’auto-psychanalyser en se retrouvant face à une version de lui-même qui aurait pété un câble. Histoire de remettre les pieds sur terre avec beaucoup d’autodérision, Jean Dujardin s’est donc tourné à nouveau vers ce personnage avec lequel tout a commencé, histoire de pouvoir déconner à fond.

Brice n’a donc pas changé et s’avère même plus touchant que dans le premier volet puisque l’enfant demeure dans le corps d’un homme âgé maintenant de plus de 40 ans. Les dialogues vachards et la connerie innocente de Brice fonctionnent à plein régime, du moins dans la première partie. Si Jean Dujardin avait envie d’incarner un Brice âgé de 50 ans, espérons qu’il ait appris de ces maladresses et de ce trop-plein exténuant (Brice se transforme même en personnage de manga à la Dragon Ball Z !) qui ont rebuté une bonne partie des spectateurs, puisque Brice 3 n’a même pas fait la moitié des entrées du premier opus.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Brice 3, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend également le DVD de Brice 2, dont nous vous parlons plus bas. Le menu principal, animé et musical, est forcément dans le ton du personnage de Brice, comme si le surfeur niçois l’avait customisé à sa sauce.

Brice apparaît dès les bandes-annonces en avant-programme. Entre deux trailers, Brice s’adresse au spectateur « Pourquoi tu passes pas l’annonce ? Ah tu préfères me regarder moi ! Moi aussi j’aime bien m’regarder ! »…Même chose pour le panneau d’avertissement détourné par Brice.

Puis vous arrivez enfin au menu principal « Brisland » où toutes les options sont dissimulées sous divers noms :

« Montage du film sur moi » : Démarre le film

« Gage Stripteasage – mets-toi tout nu pour voir le film » : Nous trouvons sous cet onglet un premier module intitulé « Avant que le film sur moi il sorte » (2’), qui compile des images de l’avant-première de Brice 3 au Grand Rex pour une projo des deux films en présence de toute l’équipe. L’occasion pour Jean Dujardin et James Huth de « casser » Brice 2 une bonne fois pour toutes devant des centaines de spectateurs gonflés à bloc.

Dans la même section les « scènes Kassées » (7’) s’avèrent évidemment les séquences coupées. On y voit Brice faire sa lessive le soir dans la mer où il lave ses t-shirts jaunes roulés en boule, puis Brice commenter une personne en train de recycler ses bouteilles en verre (cassées, pas cassées…). Une autre montre Brice raconter une histoire à toute une horde de jeunes femmes suspendues à ses lèvres, tandis que la dernière scène propose une version longue de l’arrivée du faux Brice sur son éléphant et de la fiesta qui s’ensuit.

Enfin, nous trouvons également le making of (36’). Intéressant, bien réalisé, dynamique, ce documentaire donne la parole à toute l’équipe où chacun revient essentiellement sur les raisons de cette suite tardive, les conditions de tournage (le décor qui s’est écroulé en Thaïlande en raison des fortes intempéries), sans oublier les très nombreuses images de plateau (délirantes), les nouveaux personnages, le maquillage pour transformer Jean Dujardin en Brice de 115 ans. Un excellent supplément.

Le reste sur ce disque n’est que du remplissage :

« Jouage » : un extrait du film

« Kassage de film » : Chapitrage du film, présenté dans une version « cassée », en d’autres termes, désordonnée.

« Bronzage » : Réplique du film

« Nightclubbage » : accès aux pistes sonores du film

« Humiliage » : scène du filmo

Ne soyez pas étonnés de trouver une galette Brice 2. En octobre 2016, soit quelques jours avant la sortie nationale du film, une vidéo présentée comme étant « Brice 3, le film complet » apparaît sur You Tube. Il s’agit en réalité d’un canular de l’équipe du film qui présente Brice 3 comme s’il s’agissait d’une version piratée. Au bout de trois minutes, la vidéo est parasitée par Jean Dujardin alias Brice lui-même, qui se moque du spectateur en lui disant « Oh non ! T’as cru que t’allais voir tout le film ! ». Mais la vidéo présente en réalité un plan fixe chez Brice, durant laquelle, soit pendant 1h20, on voit le surfeur regarder la télévision, dormir, faire une « slow casse » (qui dure à peu près 20 minutes), se moquer de James Huth installé sur un sofa, casser les bibelots, passer le balai. Pour remercier le spectateur de « rester », Brice offre quelques images tirées « de son film sur lui » et clôt cette vidéo tout naturellement par le véritable générique de fin du long-métrage. Cette vidéo approche aujourd’hui les 5,5 millions de vues. On ne saurait mieux faire en matière de promotion !

L’Image et le son

Ce transfert HD (1080p, AVC) est superbe. L’univers cartoon de James Huth est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs chaudes, vives et pétillantes (les teintes bleue et jaune foisonnent), les contrastes sont au beau fixe, la profondeur de champ abyssale et le piqué agréable. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails foisonnants, les séquences de plage sont magnifiques et étincelantes.

Dès la première séquence, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une spatialisation constante et soignée. Ce mixage fait la part belle à la musique, (trop) présente pendant tout le film, soulignant presque systématiquement chaque gag ou chaque haussement de sourcil destiné à faire rire. Comme pour le premier film, les cris se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets frappants (la fiesta sur l’île, la descente à ski, le rêve sur l’aile de l’avion) tandis que les ambiances naturelles demeurent constantes. Un spectacle acoustique souvent étourdissant. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Christine Tamalet / 2016 Mandarin Production – JD Prod / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / L’Economie du couple, réalisé par Joachim Lafosse

L’ECONOMIE DU COUPLE réalisé par Joachim Lafosse, disponible en DVD le 14 décembre 2016 chez Le Pacte

Acteurs : Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Marthe Keller, Jade Soentjens, Margaux Soentjens, Philippe Jeusette

Scénario : Joachim Lafosse, Fanny Burdino, Mazarine Pingeot, Thomas Van Zuylen

Photographie : Jean-François Hensgens

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c’est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c’est lui qui l’a entièrement rénovée. A présent, ils sont obligés d’y cohabiter, Boris n’ayant pas les moyens de se reloger. A l’heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu’il juge avoir apporté.

Joachim Lafosse (A perdre la raison, Les Chevaliers blancs) est un réalisateur précieux et son dernier film L’Economie du couple est une nouvelle et grande réussite à inscrire à son palmarès. Sur un scénario coécrit avec Fanny Burdino, Mazarine Pingeot et Thomas van Zuylen, Joachim Lafosse explore des thèmes devenus récurrents au fil de sa filmographie, tels que l’amour et ses conséquences, la dette, le lien pervers, les dysfonctionnements familiaux, à travers l’histoire douloureuse d’un couple prêt (ou presque) à se séparer. Cet homme et cette femme sont merveilleusement interprétés par Bérénice Bejo, décidément étonnante depuis Le Passé d’Asghar Farhadi et Cédric Kahn, cinéaste devenu comédien un peu par hasard, qui devient ici un immense acteur à la présence impressionnante.

A l’instar de Mike Nichols pour Qui a peur de Virginia Woolf ?, référence avouée de Lafosse, le cinéaste happe le spectateur de la première à la dernière image au moyen de subtils plans-séquences, le prend à la gorge et resserre son étreinte au fur et à mesure, tout en le poussant à réfléchir et à accepter l’imminente rupture d’un homme et d’une femme, parents de deux petites jumelles. L’Economie du couple cherche à faire partager aux spectateurs la vie de personnage simples dans une situation complexe, ni jugés ni déresponsabilisés, dans un lieu quasi-unique, la maison, « personnage » à part entière, ancienne incarnation du rêve et du bonheur, devenue source et raison d’affrontements. Avec sa mise en scène au cordeau, sobre mais toujours juste et maîtrisée, qui évite le théâtre filmé, ses personnages filmés à hauteur d’homme sans fioritures, Joachim Lafosse suscite l’émotion et la réflexion sur la réalité économique sur laquelle repose un couple.

On en ressort épuisés et bouleversés, y compris quand la famille se trouve réunit quasiment pour la dernière fois autour d’une danse sur la chanson Bella de Maitre Gims. Qui aurait pu penser qu’une scène tournant autour d’un tube aussi gras que celui-là deviendrait une des séquences les plus émouvantes de l’année 2016 ? Entre conflits et accalmies, avec tension et délicatesse, nous observons un couple à vif, Marie et Boris, sur le champ-de-bataille, avec l’argent et les différences sociales en guise de munitions durant cette cohabitation forcée le temps qu’il retrouve un logement – elle est de bonne famille, lui d’un milieu ouvrier et n’a pas les moyens de se reloger – avant la concrétisation de la rupture et de l’éclatement de la cellule familiale.

A fleur de peau, intense, magistral, L’Economie du couple démontre une fois de plus quel grand cinéaste est devenu Joachim Lafosse.

LE DVD

Le DVD de L’Economie du couple, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Seul supplément de cette édition, un entretien avec Joachim Lafosse (17’). A l’origine, le réalisateur souhaitait adapter Bon petit soldat de Mazarine Pingeot, mais les droits avaient déjà été achetés. Après une tentative de transposer Britannicus de Racine, Joachim Lafosse et Mazarine Pingeot se sont finalement lancés dans l’écriture d’un film sur la fin d’un couple. Le metteur en scène évoque ensuite l’évolution du scénario, ses intentions, le casting, la préparation des comédiens. Les propos sont spontanés, toujours enrichissants et passionnants.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Pacte prend soin du film de Joachim Lafosse et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis-pris esthétiques du chef opérateur Jean-François Hensgens (Tête de turc, Les Chevaliers blancs, A perdre la raison) sont respectés et la colorimétrie claire (avec de nombreuses touches de bleu) habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes, un joli piqué et des détails appréciables, y compris sur les très présents gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master SD élégant.

L’éditeur joint une piste Dolby Digital 5.1 qui instaure une spatialisation délicate, mais anecdotique. Les ambiances naturelles et les effets annexes sont plutôt rares et la scène acoustique reste essentiellement frontale, sauf sur la séquence de danse sur la chanson Bella de Maitre Gims. De ce point de vue il n’y a rien à redire, les enceintes avant assurent tout du long, les dialogues étant quant à eux exsudés avec force par la centrale. La Stéréo n’a souvent rien à envier à la DD 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également de la partie, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Fabrizio Maltese / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Don’t breathe – La Maison des ténèbres, réalisé par Fede Alvarez

DON’T BREATHE – LA MAISON DES TENEBRES (Don’t Breathe) réalisé par Fede Alvarez, disponible en DVD et Blu-ray le 15 février 2017 chez Sony Pictures

Acteurs : Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette, Daniel Zovatto, Emma Bercovici, Franciska Töröcsik

Scénario : Fede Alvarez, Rodo Sayagues

Photographie : Mark Patten

Musique : Pedro Luque

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout. Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup. Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient…

Encouragés par le succès du remake d’Evil Dead en 2013, le réalisateur uruguayen Fede Alvarez, le scénariste Rodolfo Sayagues, les producteurs Sam Raimi et Rob Tapert, le compositeur Roque Baños et la comédienne Jane Levy sont à nouveau réunis pour un film de genre, La Maison des ténèbres – Don’t Breathe. Pure série B, tout est réuni ici pour faire de ce petit thriller d’épouvante un futur classique du genre avec son intrigue resserrée et prétexte à donner les frissons aux spectateurs pendant 85 minutes non-stop, son boogeyman impitoyable, ici un homme d’âge mûr, ancien soldat revenu aveugle de la guerre en Irak, qui vit seul cltré chez lui, dans un quartier déserté de la ville de Detroit laissée à l’abandon. Après l’accident qui a coûté la vie à sa fille, renversée par une voiture conduite par une jeune femme de bonne famille, que la justice a déclarée non-coupable, cet homme atteint de cécité s’est vu offrir une somme importante de la part de la famille de la partie adverse. Trois jeunes, Rocky, Alex et Money, spécialisés dans les petits casses, décident de passer aux choses sérieuses en rentrant par effraction, désireux de mettre la main sur le magot pour pouvoir se barrer au plus vite de cette ville fantôme. Mais c’était sans compter sur les redoutables réflexes de leur adversaire.

Don’t Breathe s’avère un habile tour de force, immersif et intense. Rien n’est réaliste, le réalisateur n’a d’ailleurs pas cette prétention, mais tout est fait pour offrir aux spectateurs un savoureux tour de rollercoaster, génialement mis en scène et très bien photographié avec des partis pris stylisés et élégants. Fede Alvarez joue avec les codes du genre ainsi que la géographie de la maison. Une fois entrés dans l’antre de l’homme aveugle, les trois jeunes deviennent de vrais rats lâchés et affolés dans un labyrinthe et deviennent eux-mêmes la proie de celui qu’ils comptaient dépouillés, sans oublier le rottweiler furieux de celui-ci, prêt à leur sauter à la gorge. Cet homme inquiétant et troublant est interprété par l’excellent Stephen Lang (Avatar, Public Enemies), grand habitué des seconds rôles du cinéma américain, qui a peu à faire pour s’imposer et surtout pour rendre son personnage charismatique, inquiétant et ambigu. Fede Alvarez s’amuse à renverser l’empathie de son audience envers les personnages, en inversant les rôles, les jeunes passant du statut de criminels à celui de victimes. Et ça fonctionne, très bien même, à condition de laisser son raisonnement logique pour mieux se laisser embarquer dans ce jeu de cache-cache mortel qui dissimule en plus un secret dans son sous-sol.

Par ailleurs, en parlant de sous-sol, les habitués du genre penseront au Sous-sol de la peur de Wes Craven, visible source d’inspiration du home-invasion ingénieux et généreux de Fede Alvarez. Tourné à Detroit (pour les extérieurs), ce qui fait parfois penser au sublime It Follows, mais aussi et surtout à Budapest pour un budget dérisoire d’à peine 10 millions de dollars, Don’t Breathe a cumulé près de 90 millions de dollars de recette sur le sol américain et plus de 60 millions dans le reste du monde. Un triomphe commercial qui impose définitivement Fede Alvarez dans le cercle des nouveaux réalisateurs prometteurs.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Maison des ténèbres – Don’t Breathe, disponible chez Sony Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Ne manquez pas le commentaire audio (vostf) du réalisateur Fede Alvarez, du scénariste Rodolfo Sayagues et du comédien Stephen Lang. Posément, les trois collaborateurs dissèquent le film, avant sa sortie au cinéma comme nous l’apprenons en cours de route, avec complicité et visiblement heureux du travail fini. Le metteur en scène donne sa vision du thriller et de la peur au cinéma, le rapport des spectateurs avec ce genre de film, tandis que le scénariste revient sur l’évolution de l’histoire et Stephen Lang sur son approche du personnage. Les conditions de tournage entre Budapest et Detroit sont passées au peigne fin, les anecdotes s’enchaînent sur un rythme soutenu (Alvarez rêvait de réaliser ce film en N&B), pour un commentaire au final divertissant et toujours intéressant.

S’ensuivent cinq modules de courte durée, consacrées à l’esthétique du film, aux personnages, au décor principal et à la musique. Ces suppléments d’environ 3 minutes chacun, compilent rapidement les images de tournage et les interviews de l’équipe.

L’éditeur joint également un petit quart d’heure de scènes coupées, également disponibles avec les commentaires audio de Fede Alvarez. Ces séquences valent le détour, notamment une confrontation d’Alex avec son père, durant laquelle on apprend que l’adolescent souhaiterait faire du droit pour devenir avocat, ambition tuée dans l’oeuf par son père, agent de sécurité, qui lui conseille de s’engager dans la police puisqu’il n’a pas les moyens de lui financer ses études. C’est pourquoi Alex accepte finalement le casse chez l’homme aveugle. Une scène de baiser entre Rocky et Alex est également disponible.

L’Image et le son

Don’t Breathe est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Pedro Luque. Les volontés artistiques sont donc respectées, sans aucune perte du piqué et des détails dans les scènes les moins éclairées. Ce master HD demeure impressionnant de beauté, le cadre est sublime, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale. Bien que tourné en numérique avec la caméra Arri Alexa Plus, un léger et très beau grain donne une patine élégante à l’image du début à la fin. Un vrai régal pour les yeux.

Les deux versions DTS-HD Master Audio 5.1 font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est littéralement plongé dans ce huis clos, la spatialisation reste solide tout du long et le caisson de basses est utilisé à bon escient. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique, ainsi que sur le report des voix.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Morgane, réalisé par Luke Scott

MORGANE (Morgan) réalisé par Luke Scott, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2017 chez 20th Century Fox

Acteurs : Kate Mara, Anya Taylor-Joy, Rose Leslie, Toby Jones, Boyd Holbrook, Michelle Yeoh, Jennifer Jason Leigh, Brian Cox, Paul Giamatti

Scénario : Jean Scott Rogers

Photographie : Mark Patten

Musique : Max Richter

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Consultante en gestion du risque, Lee est envoyée dans un lieu isolé et tenu secret pour enquêter sur un événement terrifiant qui s’y est déroulé. On lui présente alors Morgane, à l’origine de l’accident, une jeune fille apparemment innocente qui porte en elle la promesse du progrès scientifique. À moins qu’elle ne se révèle être au contraire une menace incontrôlable…

Morgane (ou Morgan en version originale) est le premier long métrage réalisé par Luke Scott. Scott comme Ridley et Tony. D’ailleurs Luke Scott est le fils du premier. Né en 1968, il commence sa carrière comme figurant dans Les Duellistes, puis intègre le département artistique sur 1492 : Christophe Colomb. Après ? On ne sait pas ce que Luke Scott a fait jusqu’à 2014, année où il devient réalisateur de la seconde équipe sur Exodus : Gods and Kings, encore une fois mis en scène par son père, rôle qu’il reprendra sur Seul sur Mars en 2015. Merci papa donc. Concernant la réalisation, Luke Scott s’est fait la main sur un épisode de la série Les Prédateurs (1999), avant de signer un premier court-métrage, Loom (2012), avant de passer à son premier long métrage donc, Morgane, qui découle directement de son précédent film puisque Loom mettait en scène un homme (Giovanni Ribisi) qui cachait un être artificiel au sein d’un laboratoire de génétique. Un sujet qui a toujours passionné Luke Scott.

Produit et supervisé par Ridley Scott lui-même (tant qu’à faire), Morgane s’avère un thriller de SF, malheureusement banal, et qui arrive bien trop tard. En réalité, il y a trois films déjà sortis dans Morgane, Splice de Vincenzo Natali (2009), Hanna de Joe Wright (2011) et Ex Machina d’Alex Garland (2015). Aucune surprise donc mais un gros casting composé de Kate Mara (vue dans Seul sur Mars, comme par hasard), Anya Taylor-Joy (révélation de The Witch et impressionnante dans Split de M. Night Shyamalan), sans oublier les excellents Toby Jones, Rose Leslie (la sauvageonne Ygritte de Game of Thrones), Michelle Yeoh, Jennifer Jason Leigh, Brian Cox, Paul Giamatti…excusez du peu ! Morgane vaut donc pour son casting, même si Kate Mara, loin d’être l’actrice la plus charismatique et la plus convaincante, peine à convaincre et livre toutes les clés sur son personnage dès sa première apparition. Luke Scott rate son premier film par trop de facilités. Son histoire manque singulièrement d’intérêt, son film de rythme et de rebondissements. Comme s’il avait le fondement entre deux chaises, il instaure une atmosphère étrange et langoureuse dans une première partie, avant de préférer tout faire péter dans la seconde avec bastons style Jason Bourne et meurtres de sang-froid, sans doute par manque de confiance ou tout simplement conscient que le spectateur a pu s’endormir.

Certes Luke Scott flirte avec le mythe de Frankenstein, mais il ne parvient jamais à donner la moindre empathie pour ses personnages et surtout pas envers Lee (Kate Mara) et Morgane (Anya Taylor-Joy). On a constamment l’impression de visiter une exposition-vidéo, de beaux décors aseptisés, les scènes s’enchaînent de manière poussive, tandis que le spectateur, surtout l’habitué du genre, aura toujours un temps d’avance sur les supposées surprises. Est-ce cela que l’on appelle finalement « film d’anticipation » ? Tout ce qui concerne la manipulation génétique, les expériences sur le corps humain, l’homme qui se prend pour Dieu, est abordé sans intelligence et avec paresse. Finalement, le film devient un spot publicitaire pour l’Irlande du Nord, où le film a été tourné, et l’esprit se met à divaguer sur de potentielles vacances au milieu de ces forêts plutôt que de rester concentré sur une intrigue qui part rapidement à vau-l’eau et qui oublie une chose primordiale, l’émotion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Morgane, disponible chez Fox, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est mollement animé et bruité (à la bouche, non on rigole).

Le réalisateur Luke Scott a l’air lui-même gêné de commenter son film (en version originale avec sous-titres français) et n’a pas grand-chose à dire sur Morgane. Le réalisateur s’extasie surtout sur le jeu des comédiens, en se demandant constamment il a pu bénéficier d’un tel casting, tout en louant le travail de son décorateur, de son compositeur et d’autres artistes en « teur ». Le commentaire est très lent, rarement ponctué de remarques pertinentes et intéressantes, qui auraient pu redonner un petit peu d’intérêt au film. Malheureusement il n’en est rien.

En guise de « making of », l’éditeur livre un documentaire intitulé Organisme modifié, l’apport de la science au film (20’). Composé essentiellement d’interventions de scientifiques, de chercheurs, de professeurs en biochimie et biologie, de docteurs en philosophie, mais aussi et également de rares propos du réalisateur Luke Scott et de son daddy producteur Ridley, ce module présente toutes les avancées en matière de génétique et génomique. Comment ces recherches vont-elles améliorer la vie des êtres humains ? On parle d’accroissement de l’espérance de vie, de défense immunitaire, d’évolution, avec le plus grand sérieux. De rapides images dévoilent l’envers du décor du film.

Cinq scènes inédites (6’) sont ensuite disponibles, avec le commentaire audio (vostf) du réalisateur en option qui indique la raison de leur éviction. Comme il l’indiquait dans son commentaire sur le film, Luke Scott a préféré couper la scène (ici disponible) qui dévoilait le corps nu androgyne de Morgane car ce plan le mettait mal à l’aise. La dernière scène est en réalité la version longue de l’affrontement entre Morgane et Lee.

Comme nous l’indiquons dans la critique du film, Morgane découle en réalité du court-métrage Loom réalisé par Luke Scott en 2012. Dans un laboratoire futuriste, un scientifique (Giovanni Ribisi) crée de la viande pour nourrir la population terrestre. Mais, quand vient le soir et qu’il rentre chez lui, ses recherches prennent une tournure beaucoup plus contestable. En vingt minutes, Luke Scott parvient à plus nous émouvoir que sur les 95 minutes de de Morgane. De plus, ce court-métrage très réussi s’avère très soigné sur la forme et mérite qu’on s’y attarde. La preuve, même Luke Scott a plus de choses à dire sur ce court-métrage (via les commentaires aussi encore une fois disponibles) que sur l’entièreté de Morgane.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces et une galerie de photos en Haute-Définition.


L’Image et le son

Morgane est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Mark Patten. Les volontés artistiques sont donc respectées mais entraînent quelques légers fléchissements de la définition dans les scènes les moins éclairées. Néanmoins, cela reste anecdotique, car ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre large n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale.

Si la piste française n’est pas déshonorante et remplit parfaitement son office, le mixage DTS 5.1 ne peut rivaliser avec la piste anglaise DTS HD Master Audio 7.1. Cette dernière laisse pantois par son immersion, son soutien intelligent des latérales, ses basses percutantes sur les séquences d’action. La version originale s’impose sans mal avec des dialogues remarquablement exsudés par la centrale, des frontales saisissantes, des effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical. Un excellent spectacle phonique.

Crédits images : © Twentieth Century Fox /  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Corridors of Blood, réalisé par Robert Day

Corridors of Blood réalisé par Robert Day, disponible en DVD le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Boris Karloff, Christopher Lee, Betta St. John, Finlay Currie, Adrienne Corri, Francis De Wolff

Scénario : Jean Scott Rogers

Photographie : Geoffrey Faithfull

Musique : Buxton Orr

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Londres, 1840, avant la découverte de l’anesthésie. Horrifié par les souffrances que ses confrères et lui infligent à leurs patients, le chirurgien Thomas Bolton multiplie les tentatives de mise au point d’un anesthésiant. En dépit des échecs, il s’acharne, s’exposant à la fois aux moqueries et à une dépendance de plus en plus marquée aux drogues qu’il teste. Victime d’un chantage, Bolton signe les certificats de décès que lui présentent Black Ben et Résurrection Joe, des criminels qui fournissent des cadavres frais aux hôpitaux.

Malgré son casting composé des mythiques Boris Karloff et Christopher Lee, Corridors of Blood, réalisé en 1958, n’est pas un film d’horreur ou fantastique, Il s’agit avant tout d’un drame et faux biopic sur l’inventeur de l’anesthésie générale dans le monde médical. Depuis l’amphithéâtre des cours d’anatomie jusqu’au laboratoire du héros en passant par une taverne mal famée, peuplée de mendiants, d’estropiés, de prostituées, le réalisateur Robert Day (Le Pionnier de l’espace), distille une envoûtante atmosphère gothique, à mi-chemin des romans de Charles Dickens et des productions de la Hammer Films. Déjà fort de la présence de Boris Karloff et Christopher Lee, qui ont certes très peu de scène ensemble, il dirige également d’autres acteurs habitués du genre tels qu’Adrienne Corri (Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur), Francis Matthews (La Revanche de Frankenstein) et Nigel Green (Le Masque de la Mort Rouge).

Pas de film d’épouvante donc, mais que les cinéphiles soient rassurés puisqu’il s’agit avant tout d’un drame très réussi, qui flirte avec le genre et notamment avec l’ombre du Docteur Jekyll et son antagoniste Mr Hyde, mais qui demeure réaliste, sans effusion de sang. Corridors of Blood se rapproche plutôt de la sublime série de Steven Soderbergh, The Knick, qui narre les débuts de la médecine moderne au début du XXe siècle. Ici, l’action se déroule à Londres. Robert Day (né en 1922) met l’accent sur l’architecture singulière avec des toits penchés, des auberges glauques, qui contrastent avec l’aspect guindé et protocolaire du monde de la médecine. Les étudiants et médecins se regroupent dans une salle d’étude où l’on pratique des opérations, tout en utilisant les patients comme cobayes. Selon les médecins présents, la douleur et le scalpel vont de pair, et la seule façon de moins faire souffrir le patient est d’opérer le plus rapidement possible. Mais les cris des patients poussent Thomas Bolton (Boris Karloff) à entreprendre des recherches. Persuadé qu’un patient endormi ne ressentira pas la douleur, Bolton commence à mettre au point un gaz susceptible d’anesthésier ses patients. Seulement au fil des essais, Bolton devient dépendant des drogues qu’il s’administre et son premier essai devant témoin s’est soldé par un échec cuisant doublé des brimades des jeunes médecins qui l’entouraient. Devenant à moitié fou à mesure qu’il respire ces gaz, Bolton continue néanmoins de croire en son projet, quitte à voir le monde médical se liguer contre lui et l’empêcher de continuer ses expériences.

Corridors of Blood déroule ainsi son récit avec efficacité, une mise en scène vivante composée de nombreux travellings particulièrement soignés et élégants. De plus, Boris Karloff signe une remarquable performance et prouve qu’il n’avait pas besoin d’être grimé pour s’imposer. Christopher Lee fait plutôt une apparition amicale et s’impose sans difficulté, en arborant une cicatrice sur la joue et un haut-de-forme de croquemort qui renforcent son inquiétante présence. Corridors of Blood est un petit film passionnant, qui à l’instar du Pionnier de l’espace du même réalisateur, contient une part « documentaire » dans sa première partie, avant de glisser vers une atmosphère fantastique, en restant donc réaliste comme nous l’avons indiqué. Suite à un changement de direction au sein de la MGM, le film mettra quatre ans pour être enfin exploité au cinéma en 1962, mais en double-programme avec un film d’un tout autre genre Werewolf in a Girls’ Dormitory. Une agréable surprise, qui n’a absolument rien perdu de son charme et reste un formidable divertissement.

LE DVD

Le DVD de Corridors of Blood, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est très élégante et attractive. Cette collection « Trésors du fantastique », est dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Comme sur les autres titres de la collection déjà chroniqués (Soudain…les monstres !, Nuits de cauchemar), Corridors of Blood, uniquement disponible en DVD, contient un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec (12’). L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies montre le caractère spécial du film, qui n’est pas un film d’horreur, mais un drame hybride qui lorgne sur le cinéma de genre. Le casting est évidemment passé au peigne fin avec de nombreuses informations liées à la production de Corridors of Blood.

L’Image et le son

Aïe…le film est présenté au format 1.33, uniquement 4/3. Demeurent quelques scories, fils en bord de cadre, tâches et points qui émaillent l’écran, surtout dans la première partie. Si la copie s’avère stable, l’image a subi un dégrainage total, donnant au master un aspect artificiel, parasité de flous et de moirages. Ce lissage excessif déçoit et ne va pas plaire aux puristes, même si Corridors of Blood est avant tout une véritable et précieuse curiosité.

Seule la version originale est disponible pour ce film. Les sous-titres français sont visiblement incrustés sur l’image et donc inamovibles. Comme pour l’image, le mixage sonne faux car dénué de bruits, de craquements, de souffle et les effets sonores semblent avoir été réalisés récemment. Les voix paraissent flotter sur les images et manquent cruellement de naturel. Notons également quelques résonances.

Crédits images : © Movinside – MGM / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Mal de pierres, réalisé par Nicole Garcia

MAL DE PIERRES réalisé par Nicole Garcia, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez Studiocanal

Acteurs : Marion Cotillard, Louis Garrel, Àlex Brendemühl, Brigitte Roüan, Victoire Du Bois, Aloïse Sauvage

Scénario : Jacques Fieschi, Nicole Garcia d’après le roman de Milena Agus

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Daniel Pemberton

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. A une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle. Ses parents la donnent à José, un ouvrier saisonnier, chargé de faire d’elle une femme respectable. Gabrielle dit ne pas l’aimer, se voit enterrée vivante.
Lorsqu’on l’envoie en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres, un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine, André Sauvage, fait renaître en elle cette urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, et il semble répondre à son désir. Cette fois on ne lui prendra pas ce qu’elle nomme « la chose principale ». Gabrielle veut aller au bout de son rêve.

C’est l’une des grandes incompréhensions de l’année 2016 au cinéma. Pourquoi Mal de pierres a-t-il intégré la compétition officielle au Festival de Cannes ? Pourquoi huit nominations aux César 2017 ? On se le demande tant le film paraît poussiéreux, académique, long, soporifique, en un mot raté. Actrice formidable passée à la mise en scène en 1986 avec son court-métrage 15 août puis en 1990 pour son premier long avec Un week-end sur deux, Nicole Garcia a ensuite signé deux films devenus des classiques des années 1990, Le Fils préféré (1994) et Place Vendôme (1998). Son meilleur film L’Adversaire (2002), offrait à Daniel Auteuil un de ses derniers grands rôles à ce jour, tandis que Selon Charlie (2006) décevait à la fois la critique et les spectateurs. Il faudra attendre 2010 avec le superbe Un balcon sur la mer pour réconcilier tout le monde. En 2014, Un beau dimanche était sympathique et porté par le beau couple Pierre Rochefort (le fils de la réalisatrice) et Louise Bourgoin. C’est peu dire que Mal de pierres déçoit et apparaît même frustrant quand on connaît le talent de la cinéaste.

Adapté du roman italien Mal di pietre de Milena Agus publié en 2006, Mal de pierres, coécrit par Nicole Garcia et son fidèle collaborateur Jacques Fieschi raconte l’histoire de Gabrielle, jeune femme étouffant sous les carcans de la petite bourgeoisie de province des années 1950. Gabrielle se consume du désir de connaître une vraie passion et de vivre un grand amour. Exaltée, elle passe pour une folle. A défaut de la faire interner, on la marie à José, un ouvrier saisonnier espagnol qu’elle jure de ne jamais aimer. Envoyée en cure thermale pour soigner des calculs rénaux appelés « mal de pierres », elle tombe amoureuse d’André, un ténébreux lieutenant blessé à la guerre d’Indochine. Le récit classique se déroule avec une rare paresse, tandis que la caméra colle au plus près de Marion Cotillard, au regard triste et habité, charismatique, mais dont on ne parvient pas à s’intéresser. Le personnage demeure froid, distant, agaçant.

Tourné dans des décors naturels, en Savoie, autour d’Aix-les-Bains et dans les Alpes de Haute-Provence, Mal de pierres respecte un cahier des charges et ne s’en éloigne jamais, d’où le constant manque de surprises, l’ennui qui pointe dès le premier acte, jamais sauvé par la suite et surtout pas par une dernière partie abracadabrante qui peut faire penser à une parodie d’un film de M. Night Shyamalan. Aux côtés de Marion Cotillard, les comédiens Alex Brendemühl et Louis Garrel jouent leur partition en déclamant leurs dialogues comme s’ils n’y croyaient pas, même si le premier s’en sort mieux grâce à une présence plus affirmée. L’acteur français, le regard fatigué à la Droopy et la voix monocorde n’insuffle que l’ennui. Reste donc Marion Cotillard, parfois vibrante, charnelle, sensuelle, ambiguë, fragile. Elle est la seule raison d’être et la seule motivation qui nous pousse finalement à visionner jusqu’au bout ce mélo sentimental et psychologique, au final ronflant et sirupeux, dont il ne reste rien ou pas grand-chose après coup, essentiellement les mauvais points.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Mal de pierres, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical et le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

Grosse déconvenue de cette édition, nous ne trouvons aucun supplément, même pas la bande-annonce !

L’Image et le son

Quelques petites pertes de la définition et un piqué manquant parfois de mordant nous empêchent d’attribuer la note maximale à cette édition HD. Néanmoins, ce master demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie et des aplats, devant lesquels ressortent sans mal les comédiens. Les contrastes sont denses, la gestion solide, et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Christophe Beaucarne (La Chambre bleue, Perfect Mothers, Coco avant Chanel) trouvent en Blu-ray un magnifique écrin avec un cadre large riche en détails.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 offre un bon confort acoustique en mettant à l’avant la musique de Daniel Pemberton (Cartel, Steve Jobs). De ce point de vue-là, il n’y a rien à redire sur la spatialisation. Les ambiances naturelles sont en revanche un peu plus discrètes et finalement, l’ensemble de l’action se retrouve canalisé sur les enceintes frontales. Néanmoins, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. Une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © StudioCanal / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Rusty James, réalisé par Francis Ford Coppola

RUSTY JAMES (Rumble Fish) réalisé par Francis Ford Coppola, disponible édition collector Blu-ray+DVD+livre & Blu-ray simple le 8 février 2017 chez Wild Side Vidéo

Acteurs : Matt Dillon, Mickey Rourke, Diane Lane, Dennis Hopper, Diana Scarwid, Vincent Spano, Nicolas Cage, Chris Penn, Laurence Fishburne

Scénario : S.E. Hinton, Francis Ford Coppola d’après le roman Rumble Fish de S.E. Hinton,

Photographie : Stephen H. Burum

Musique : Stewart Copeland

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Adolescent bagarreur mais rêveur, Rusty James a pour idole son grand frère, Motorcycle Boy. Celui-ci, un ancien chef de bande, a décroché et vit aujourd’hui dans une autre ville. Rusty James voudrait bien être capable de le remplacer mais il est loin de posséder son charisme. Un soir, ses amis et lui affrontent une bande rivale au cours d’une violente bagarre. Alors que personne ne l’attendait, Motorcycle Boy surgit soudain sur son engin. Surpris, Rusty James est blessé par un membre de la bande rivale. Une fois le combat achevé, le motard tente de convaincre son frère cadet de quitter ses fréquentations qui ne lui apporteront aucun avenir. Mais Rusty s’entête…

Trois ans après Apocalypse Now, Francis Ford Coppola connaît le plus grand revers de sa carrière avec Coup de coeur. Considéré à l’époque comme le plus grand budget alloué à une production cinématographique, Coup de coeur, entièrement financé par American Zoetrope, la société du réalisateur, est un désastre commercial. Au bord de la faillite, obligé de se refaire, Coppola enchaîne néanmoins avec Outsiders, d’après le roman de de S. E. Hinton. Soucieux de subsister dans l’industrie hollywoodienne, le cinéaste n’a pas encore terminé la mise en scène d’Outsiders qu’il démarre celle d’un autre film, avec quasiment la même équipe technique et en engageant une partie des comédiens. Egalement adapté d’un livre pour jeunes adultes de S. E. Hinton, Rusty James ou Rumble Fish en version originale, deviendra non seulement le film le plus personnel de Francis Ford Coppola, mais également son préféré.

En dépit du succès honnête d’Outsiders, Rusty James laisse perplexes les spectateurs et ne parvient pas à remettre American Zoetrope sur les rails. Cotton Club entraînera définitivement Zoetrope vers la banqueroute. Il faudra attendre de longues années pour que Rusty James soit enfin considéré à sa juste valeur. Ce film maudit de Francis Ford Coppola se déroule à Tulsa, Oklahoma. Petite frappe locale, Rusty James (Matt Dillon) rêve d’égaler les exploits de son grand frère, le Motorcycle Boy (Mickey Rourke), légendaire chef de bande qui a choisi de s’éclipser, en partant seul vers l’Ouest. En son absence, pour être à la hauteur de sa réputation et se tailler la part du lion, Rusty, délaissé par un père alcoolique (Dennis Hopper), se frotte aux gangs rivaux. Un soir, une rixe tourne mal. Le voyou est gravement blessé et ne doit son salut qu’à l’intervention inattendue de son aîné. Mystérieux et charismatique, le Motorcycle Boy est de retour chez lui. A 21 ans, il n’est plus que l’ombre de lui-même, à moitié sourd et daltonien.

A travers ce film pensé comme un « film d’art et essai pour adolescents », Francis Ford Coppola aborde la relation entre deux frères, ainsi que le temps qui passe. Nostalgique, mélancolique, marqué par une fureur de vivre qui dissimule la peur de grandir et un complexe d’infériorité, Rusty James est un chef d’oeuvre abstrait qui met en relief le manque de repères d’une génération désabusée, qui se créer ses propres modèles et légendes, avant de se rendre à l’évidence devant le mirage de ces références qu’ils ont adulé avec ce besoin immense de croire en quelqu’un ou en quelque chose. Avec cette histoire, double inversé d’Outsiders, Francis Ford Coppola souhaite rendre hommage à son frère aîné August, à qui le film est dédié, père du comédien Nicolas Kim Coppola, plus connu sous le nom de Nicolas Cage.

Expérimental, inclassable, Rusty James apparaît aux spectateurs dans un N&B incandescent, aux ombres portées signées Stephen H. Burum, futur chef opérateur de Body Double, Les Incorruptibles, L’Impasse et bien d’autres films Brian de Palma. Quelques touches de couleurs émaillent cette photographie expressionniste, notamment les poissons, les « Rumble Fish », poissons combattants venus du Siam qui ont la particularité d’être suicidaires et de vouloir combattre leur propre reflet, devant lesquels le personnage de Mickey Rourke, daltonien, demeure en extase. A cela s’ajoute la composition tout aussi particulière de Stewart Copeland, batteur du groupe The Police, qui renforce le côté course contre la montre et la tension qui semble peser sur les personnages, avec le tic-tac qui reflète le temps qui s’écoule et qui finit par rattreper les jeunes.

Emmené par un Matt Dillon à la fois survolté et romantique, proche du James Dean de La Fureur de vivre et du Marlon Brando de L’Equipée sauvage, le casting de haut vol subjugue à l’instar de Mickey Rourke, formidable et magnétique en grand frère revenu de tout, la magnifique Diane Lane, Nicolas Cage qui crève déjà l’écran et le budget coiffure, Dennis Hopper en père porté sur la bibine (et qui semble planer à mille lieues), sans oublier Vincent Spanno et Chris Penn en complices de Rusty James, Laurence Fishburne et Tom Waits en personnages satellites renforçant l’impression parfois surréaliste de l’intrigue, ainsi que Sofia Coppola aka Domino au générique, en petite sœur de Diane Lane éprise de Rusty James.

Tourné avec un budget de 10 millions de dollars, Rusty James est froidement accueilli, sauf en France où il attire plus d’un million de spectateurs. Les mêmes motifs, sur le fond comme sur la forme, seront repris à nouveau par Francis Ford Coppola lui-même dans son magnifique Tetro.

LE BLU-RAY

Jusqu’alors disponible en DVD chez Universal, Rusty James fait désormais peau neuve chez Wild Side Vidéo. Le film de Francis Ford Coppola est disponible en édition collector Blu-ray+DVD+livre & Blu-ray simple. Si votre choix s’est porté sur la première édition, vous vous régalerez avec le livre exclusif et passionnant de 200 pages sur le film et sa genèse, spécialement écrit pour cette édition par Adrienne Boutang, maître de conférences, cinéma et littérature anglophone, magnifiquement illustré de photos d’archives rares. Une édition à la hauteur de ce film onirique. Le menu principal du Blu-ray est animé et musical.

Dans un premier temps, il est impératif de vous diriger sur le commentaire audio de Francis Ford Coppola, disponible en version originale sous-titrée en français. S’il date d’il y a plus de dix ans, à l’époque où Marie-Antoinette de sa fille Sofia allait être tourné et quand il se demandait encore s’il allait revenir derrière la caméra (il n’avait alors rien réalisé depuis L’Idéaliste en 1997), l’immense cinéaste livre un fabuleux commentaire rempli d’anecdotes, de souvenirs, d’informations, sans un seul temps mort. D’emblée, Coppola avoue que Rusty James est probablement le film pour lequel il a la plus grande affection parce que le plus personnel. Le réalisateur parle de la dimension autobiographique de son film en parallèle de l’adaptation du livre de Susan Eloise Hinton, ainsi que la collaboration avec cette dernière. Le casting est passé au peigne fin, tout comme les conditions de tournage, la musique, le montage, les partis pris esthétiques, ses intentions, les thèmes, l’échec du film à sa sortie. Une véritable, précieuse et immanquable leçon de cinéma !

Nous trouvons ensuite environ 20 minutes de scènes coupées, qui se focalisent notamment sur la relation entre Rusty James et son ami Steve (Vincent Spanno). Présentées dans une qualité vidéo fort médiocre, ces séquences valent néanmoins le coup d’oeil, surtout celle où Rusty James et Steve se font courser après qu’ils aient tenté de voler un enjoliveur de voiture.

S’ensuit le making of rétrospectif, trop court certes (12’), mais qui est finalement largement complété par le livre disponible dans l’édition collector. On y croise pêle-mêle le chef opérateur Stephen H. Burum, le producteur Doug Claybourne, la romancière S.E. Hinton, le réalisateur Francis Ford Coppola, les comédiens Diane Lane, Matt Dillon, Nicolas Cage, Mickey Rourke et Laurence Fishburne. Quelques images de tournage dévoilent l’envers du décor et montrent le cinéaste à l’oeuvre. Un focus est réalisé sur la nouvelle technologie utilisée par Coppola sur le plateau, à savoir la prévisualisation. Avec ses collaborateurs artistiques, le réalisateur dessinait chaque scène sur un tableau noir électronique, pour préparer ses prises de vue. Les comédiens étaient alors filmés sur fond bleu, derrière lesquels étaient ensuite incrustées des images filmées dans les rues de Tulsa, pour ainsi préparer le véritable tournage. Le tournage des cascades et de la scène de lévitation est aussi analysé. Dennis Hopper fait également une apparition remarquée sur le plateau, probablement sous substance, quand il interpelle Francis Ford Coppola, réfugié derrière son combo dans sa caravane personnelle. Ce qui avait le don d’irriter Dennis Hopper, qui lui faisait bien comprendre.

Le dernier module, réalisé en 2005 comme le précédent, donne non seulement la parole à Francis Ford Coppola, mais également au compositeur Stewart Copeland, batteur du groupe The Police, accompagné de l’ingénieur du son Richard Beggs. Ces derniers reviennent sur les intentions de Francis Ford Coppola, le travail quotidien avec le cinéaste, ses exigences et la création de la bande-originale.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits

L’Image et le son

Rusty James refait surface sous la houlette de Wild Side Vidéo dans un nouveau master HD (au format 1080p) restauré 4K. Oubliez l’ancienne édition DVD Universal et dirigez-vous immédiatement sur le Blu-ray du film maudit de Francis Ford Coppola. Si l’on demeure sceptique sur le lissage parfois excessif du grain, la propreté de la copie emporte l’adhésion, tout comme le rendu des fabuleux contrastes de la magnifique photo N&B de Stephen H. Burum. Ces partis pris esthétiques singuliers trouvent ici un nouvel écrin, la stabilité est de mise, le piqué agréable, les noirs denses, la profondeur de champ omniprésente et la clarté éblouissante à de nombreuses reprises. Le niveau de détails est tel que nous pouvons apercevoir les deux câbles qui soulèvent Matt Dillon durant la scène de la transe. Hormis donc une gestion aléatoire du grain original, qui fait les frais de cette restauration, revoir Rusty James dans ces conditions techniques ravira les nombreux fans du film.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Dans les deux cas, l’espace phonique se révèle probant et dynamique, le confort est indéniable, et les dialogues sont clairs, nets, précis. Sans surprise, au jeu des comparaisons, la piste anglaise s’avère plus naturelle et harmonieuse, surtout au niveau de la musique de Stewart Copeland. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre.Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Universal – Wild Bunch / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

 

Test Blu-ray / Soudain…les monstres !, réalisé par Bert I. Gordon

SOUDAIN…LES MONSTRES ! (The Food of the Gods) réalisé par Bert I. Gordon, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Marjoe Gortner, Pamela Franklin, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino, Belinda Balaski

Scénario : Bert I. Gordon d’après le roman de H.G. Wells

Photographie : Reginald H. Morris

Musique : Elliot Kaplan

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Morgan et ses amis partent chasser sur une île canadienne isolée, quand ils sont attaqués par un essaim de guêpes géantes. Alors qu’il cherche de l’aide, Morgan tombe par hasard sur une grange habitée par un énorme poulet tueur. Peu à peu, il découvre que l’île est devenue le territoire d’animaux géants, les plus dangereux étant les rats, qui n’entendent pas laisser leur île aux intrus humains…

Pour beaucoup de cinéphiles, Soudain…les monstres !, The Food of the Gods, demeure une véritable madeleine. Réalisé par l’américain Bert I. Gordon (né en 1922), ce petit film fantastique sorti en 1976 reflète la fascination et la passion du cinéaste pour le gigantisme. Révélé en 1955 avec King Dinosaur, Bert I. Gordon est ensuite devenu le spécialiste du genre humain face à des créatures géantes, dans des œuvres aux titres explicites : The Cyclops (1957), The Amazing Colossal Man (1957), War of the Colossal Beast (1958), Village of the Giants (1965), Soudain…les monstres ! (1976), L’Empire des fourmis géantes (1977). Par ailleurs, ses initiales font que le monde du cinéma le surnommait tout simplement « BIG ». Le film qui nous intéresse est tiré du roman La Nourriture des dieux (également connu sous le titre Place aux Géants) de H.G. Wells publié en 1904, ou tout du moins « basé sur une partie du roman » comme l’indique le générique.

Morgan, un joueur de football professionnel et son ami Davis ont décidé de passer quelques jours de détente sur une île canadienne quasiment déserte. Rapidement, Davis disparaît mystérieusement. Morgan décide alors d’examiner les alentours et se fait attaquer par un poulet géant. S’étant sorti difficilement des ergots acérés du gigantesque volatile, notre héros fait la connaissance d’une fermière des environs qui lui fait une bien étrange révélation. En effet, la terre de l’île recèle une étrange matière étrange qui, mélangée aux aliments, a la particularité de faire grandir tout animal qui l’absorbe. Morgan, comprenant vite que l’île est infestée de bêtes aux proportions inimaginables va tenter, en compagnie des autochtones, touristes et autres financiers peu scrupuleux désirant exploiter la substance extraite du sol, de survivre aux assauts des bestioles affamées devenues très agressives. Soudain…les monstres ! montre le savoir-faire de Bert I. Gordon, également en charge de la plupart des effets spéciaux, mais force est d’admettre qu’il n’est guère aidé par un casting particulièrement mauvais, ce qui toutefois n’est en rien dérangeant pour un film de cet acabit, bien au contraire. Nous sommes ici en plein film Bis avec des comédiens qui en font des tonnes, mention spéciale à l’acteur principal Marjoe Gortner, spécialiste du genre, que nous verrons plus tard dans Starcrash, le choc des étoiles, Les Guerriers de la jungle et American Ninja 3: Blood Hunt. Il faut le voir rouler des yeux, en hyperventilation du début à la fin, que ça soit en chassant, en conduisant, en prises avec un poulet géant, ou en tirant sur des rats surdimensionnés. Un vrai bonheur pour les bisseux que nous sommes.

Bert I. Gordon fait fi d’un budget somme toute modeste et prend soin des effets spéciaux, certes naïfs comme les rats supposés géants qui s’avèrent de mignons rongeurs filmés en gros plan en train d’escalader une maquette ou une voiture Majorette, mais qui n’en demeurent pas moins bourrés de charme. Ces bestioles sont aussi remplacées par des têtes animées pour les plans où ils se retrouvent face aux humains. Finalement, Soudain…les monstres ! se révèle être un film bien mené doublé d’un message écologique simple mais pas bête, où l’on se prend beaucoup plus d’affection pour les rats géants que pour les insupportables et idiots personnages. On prend d’ailleurs beaucoup de plaisir à les voir se faire bouffer. Le film se permet même un petit hommage aux Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Néanmoins, il semble que les rats aient subi pas mal de mauvais traitements, à l’instar des éclats de confiture de fraise supposés être des blessures causées par les balles, ou tout simplement les pauvres bêtes quasi-noyées dans le déluge final. Hormis des guêpes géantes franchement ratées et transparentes, des vers et chenilles dégoûtants (que combat la mythique Ida Lupino), ainsi qu’un poulet rigolo de deux mètres, Soudain…les monstres fonctionne fonctionne bien. Même s’il faut accepter le fait que les personnages trouvent cette situation quasi-normale, sans se poser de questions ou tout simplement en prenant l’air surpris quelques secondes avant d’accepter de se retrouver face à des poulets que n’aurait pas renié le Tricatel de L’Aile ou la cuisse de Claude Zidi.

Soudain…les monstres ! deviendra rapidement un film culte (qui a dit un chef d’oeuvre du nanar ?), récompensé par la Licorne d’or au Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction, et connaîtra même une suite en 1989 intitulée La Malédiction des rats, réalisé par Damian Lee.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Soudain…les monstres !, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des Bisseux, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

A l’instar du Blu-ray de Nuits de cauchemar, cette édition HD ne contient qu’un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec. L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies se focalise essentiellement sur le réalisateur Bert I. Gordon dont il dresse le portrait et détaille la filmographie placée sous le signe du gigantisme. Puis, notre interlocuteur revient sur Soudain…les monstres !, avec notamment quelques informations sur les conditions de tournage.

L’Image et le son

Si l’on excuse les points, une rayure verticale à droite de l’écran qui subsiste en ouverture et diverses scories qui demeurent occasionnelles du début à la fin, alors ce master HD (au format 1080p) de Soudain…les monstres ! tient ses promesses. Il ne faudra pas être trop exigeant, mais la copie trouve rapidement une stabilité convenable, les couleurs sont correctes et les détails appréciables. Certains plans, notamment à effets spéciaux, avec les rats géants incrustés aux côtés des comédiens, s’avèrent plus altérés avec un grain plus accentué et une perte de la définition. Un côté système D qui ne dérange cependant pas outre mesure et qui en rajoute dans le côté Bis.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie du doublage d’époque très réussi et amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets et la délivrance de la musique. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Movinside  / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Deepwater, réalisé par Peter Berg

DEEPWATER (Deepwater Horizon) réalisé par Peter Berg, disponible en DVD et Blu-ray le 15 février 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Mark Wahlberg, Kurt Russell, Douglas M. Griffin, James DuMont, Joe Chrest, Gina Rodriguez, Brad Leland, John Malkovich

Scénario : Matthew Michael Carnahan, Matthew Sand

Photographie : Steve Jablonsky

Musique : Steve Jablonsky

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

D’après l’incroyable histoire vraie de la plus grande catastrophe pétrolière de l’histoire. La plateforme Deepwater Horizon tourne non-stop pour tirer profit des 800 millions de litres de pétrole présents dans les profondeurs du golfe du Mexique. Mike Williams, électricien sur la plateforme et père de famille, connaît les risques de son métier mais fait confiance au professionnalisme de son patron Jimmy Harrell. En revanche, tous se méfient de la société locataire de la plateforme dirigée par Donald Vidrine, qui ne pense qu’à son bénéfice. Lorsque cette société décide contre l’avis des techniciens de la déplacer trop rapidement, ils sont loin de se douter que les 5 millions de barils sous leurs pieds sont prêts à exploser… Le seul courage de Mike et ses collègues suffira-t-il à limiter les dégâts et sauver ce qui peut encore l’être ?

Acteur passé à la mise en scène en 1998 avec le désormais culte Very Bad Things et qui a depuis signé Hancock et Le Royaume, Peter Berg sort gagnant du hit de son septième long métrage en tant que réalisateur, Du sang et des larmes, superbe film de guerre et grand succès de l’année 2014. Forts de leur collaboration sur ce film, le cinéaste et le comédien Mark Wahlberg décident de remettre le couvert pour Deepwater, après le désistement de J.C. Chandor (Margin Call, All is lost, A Most Violent Year).

Plateforme pétrolière louée par la compagnie britannique BP afin de forer dans le Golfe du mexique le puits le plus profond jamais creusé en offshore, la Deepwater Horizon explose le 20 avril 2010. L’incendie s’étend, le pétrole se répand, occasionnant l’un des plus grands désastres écologiques de tous les temps. Onze personnes perdront la vie. Il faudra attendre près de six mois pour que la fuite soit finalement colmatée. Le film de Peter Berg s’inspire de la catastrophe survenue en 2010, plus précisément d’un article du New York Times écrit par David Barstow, David S. Rohde et Stephanie Saul, « Dernières heures du Deepwater Horizon », basé sur des entretiens d’une vingtaine de survivants.

L’adaptation cinématographique se focalise sur Mike Williams (Mark Wahlberg), en charge du système informatique et électrique sur la plateforme Deepwater Horizon. Entre Mike Williams et son patron Jimmy Harrell (Kurt Russell), l’entente est parfaite. Il ne fait pas confiance en revanche à la société locataire dirigée Donald Vidrine (John Malkovich), qui ne pense qu’au profit au détriment de la sécurité de toute l’équipe. Une mauvaise manoeuvre technique, motivée par l’argent, provoque un effroyable accident. Alors que cinq millions de litres de pétrole risquent d’exploser, Mike et ses collègues vont tenter de sauver la plateforme et leurs vies. Avec un souci du détail et avec réalisme, Peter Berg crée une véritable immersion du spectateur sur cette plateforme pétrolière du début à la fin. Non seulement le réalisateur a laissé de côté ses tics qui pouvaient fortement agacer dans ses premiers films, à savoir une caméra qui avait la tremblote au point où on ne comprenait plus rien à ce qui se passait à l’écran, mais Peter Berg est devenu un solide directeur d’acteurs.

Aux côtés de Mark Wahlberg, l’immense Kurt Russell (qui fait le lien avec Backdraft de Ron Howard), le prometteur Dylan O’Brien (la star de la saga Le Labyrinthe), Kate Hudson, John Malkovich et Gina Rodriguez complètent le casting. Sans abuser des effets pyrotechniques, du moins durant la première heure où il prend le temps d’installer les personnages, le fonctionnement de la plateforme, les enjeux, tout en jouant habilement avec les nerfs des spectateurs, Peter Berg se lâche ensuite et fait preuve une fois de plus de son savoir-faire. L’héroïsme est là, mais jamais exacerbé et le cinéaste sait rester à hauteur d’homme, sans en rajouter dans le spectaculaire et sans céder à la surenchère, tout en respectant les faits réels.

De plus, à l’instar de Michael Bay auquel il est souvent comparé, Peter Berg privilégie les effets réels et directs, en ayant finalement recours aux images de synthèse qu’avec parcimonie ou pour compléter ce qui a été filmé sur le plateau. N’ayant pas pu bénéficier d’une autorisation de tournage sur une véritable plateforme pétrolière, la production n’a pas hésité à construire un plateau où fut reconstituée la Deepwater Horizon à 85 %. Un décor de près de 1000 tonnes et construit à 25 mètres au-dessus du sol. Ce souci de réalisme se ressent à l’écran. On en ressort avec la conviction d’avoir appris beaucoup de choses, que le message est bien passé, tout en ayant été diverti. La réussite est une fois de plus au rendez-vous.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Deepwater, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur livre une galette bien chargée avec deux heures de suppléments !

Dirigez-vous immédiatement vers le module L’Aventure Deepwater (49’). Le célèbre producteur Lorenzo di Bonaventura, le réalisateur Peter Berg, les comédiens, le véritable Mike Williams livrent leurs impressions de tournage et reviennent sur les conditions des prises de vues. Cet excellent making of n’oublie évidemment pas d’évoquer la véritable catastrophe et montre une équipe véritablement impliquée et soucieuse de respecter les faits réels.

Le segment intitulé Le Capitaine de la plateforme (17’) se focalise sur le metteur en scène Peter Berg, qui aborde les raisons pour lesquelles il a voulu faire ce film à tout prix. Les précédents intervenants, auxquels se joint le directeur de la photographie Enrique Chediak, parlent de la méthode du réalisateur, de leur collaboration, de son style et de sa façon personnelle de créer la tension à l’écran.

Comment la plateforme pétrolière a-t-elle été reconstituée pour les besoins du tournage ? Ne manquez pas le bonus La Plateforme infernale (26’) qui dissèque la construction d’un des décors les plus impressionnants de ces dernières années. Peter Berg, les responsables des départements techniques, sans oublier les comédiens, évoquent le désir de haut réalisme voulu afin de coller au plus près des faits réels et pour mieux impliquer émotionnellement les spectateurs.

Le supplément Les Secrets de Deepwater (16’30), compile plusieurs images de tournage, proposées dans leur version brute, sans coupes ni effets spéciaux numériques, afin de mettre en relief les conditions parfois extrêmes dans lesquelles tournaient les acteurs et les techniciens. Un carton introduit chaque séquence.

Enfin, le dernier module intitulé Après la tragédie (15’) s’éloigne légèrement du film, mais propose quelques rapides focus sur des travailleurs américains. Un hommage aux pompiers, métallurgistes, pêcheurs, dockers, grutiers, charpentiers et d’autres ouvriers auxquels Peter Berg semble très attaché.

L’Image et le son

M6 Vidéo a mis la barre haute avec ce master HD (1080p, AVC) qui en met plein la vue. Une fois n’est pas coutume, le réalisateur Peter Berg n’a pas collaboré avec son fidèle chef opérateur Tobias A. Schliessler (Battleship, Hancock, Bienvenue dans la jungle, Du sang et des larmes), mais avec Enrique Chediak (The Faculty, 127 heures, Le Labyrinthe). Les partis pris esthétiques font la part belle à un léger grain flatteur pour les mirettes (malgré un tournage numérique via l’Arri Alexa XT), mais aussi et surtout aux couleurs chaudes, souvent difficiles à retranscrire sur le petit écran, qui trouvent ici un écrin magnifique. Ce master respecte non seulement les volontés artistiques originales, mais parvient à les sublimer, y compris sur les séquences plus mouvementées tournées caméra à l’épaule, qui n’entraînent jamais de perte de la définition. Le piqué n’est jamais altéré, les contrastes demeurent d’une richesse jamais démentie, les noirs sont denses, la profondeur de champ indéniable, le cadre large fourmille de détails, le relief est omniprésent et les gros plans sont vraiment impressionnants.

Comme pour l’image, votre home-cinéma est mis à rude épreuve avec le film de Peter Berg, dès la première explosion. Nous vous conseillons donc de visionner Deepwater en plein jour pour éviter tout tapage nocturne. Les pistes française et anglaise bénéficient de mixages DTS-HD Master Audio 7.1 et 5.1 véritablement explosifs, surtout en ce qui concerne la version originale, qui exploitent le moindre recoin de votre installation dans un tourbillon acoustique aussi retentissant que renversant. Toutes les enceintes distillent un lot d’effets en tous genres. Pendant deux heures, la musique est particulièrement servie par une éblouissante spatialisation. Seul point faible, souvent récurrent chez l’éditeur, les dialogues manquent de punch sur la centrale. Au jeu des différences, l’acoustique française manque parfois d’homogénéité entre les dialogues, les effets et la musique, mais parvient néanmoins à tirer son épingle du jeu. Dans les deux cas, le caisson de basses a fort à faire ! Le changement de langue est possible à la volée et les sous-titres ne sont pas imposés sur les version originale. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr