Test Blu-ray / La Nuit du Loup-Garou, réalisé par Terence Fisher

LA NUIT DU LOUP-GAROU (The Curse of the Werewolf) réalisé par Terence Fisher, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 7 novembre 2017 chez Elephant Films

Acteurs :  Oliver Reed, Clifford Evans, Yvonne Romain, Catherine Feller, Anthony Dawson, Josephine Llewellyn, Richard Wordsworth…

ScénarioAnthony Hinds, d’après le roman Le Loup-garou de Paris (The Werewolf of Paris) de Guy Endore

Photographie : Arthur Grant

Musique : Benjamin Frankel

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Espagne. XVIIIème siècle. Fils d’un mendiant emprisonné qui avait perdu son humanité et de la servante sourde et muette dont il a abusé, Leon est adopté par un vieux professeur, Alfredo Carido. Mais en grandissant, le jeune homme a de plus en plus de mal à refréner ses pulsions meurtrières, qui le poussent à commettre des atrocités, au point de se transformer les nuits de pleine lune…

Quand la bête pleure…

Suite aux succès « monstres » de leurs réadaptations de la créature de Frankenstein avec Frankenstein s’est échappé (1957) et La Revanche de Frankenstein (1958) réalisés par Terence Fisher, puis Dracula avec Le Cauchemar de Dracula (1958) et Les Maîtresses de Dracula (1960) également mis en scène par Terence Fisher, et enfin la Momie avec La Malédiction des pharaons (1959) mis en scène par, ah bah tiens Terence Fisher encore, la Hammer Films Production se réapproprie l’autre grand mythe des Studios Universal, à savoir le Loup-Garou. Et qui de mieux qu’un certain, comment s’appelle-t-il déjà, Terence Fisher pour ressusciter le lycanthrope ? Une fois de plus, cette résurrection est un miracle cinématographique et La Nuit du Loup-GarouThe Curse of the Werewolf est un autre chef d’oeuvre du réalisateur britannique.

En Espagne, au XVIIIe siècle, le cruel marquis Siniestro humilie un mendiant pendant son repas de noces et le fait jeter au cachot. Il y est rejoint des années plus tard par une servante sourde-muette, qui a eu le tort de repousser les avances du marquis. Rendu fou par la captivité, l’homme se jette sur la malheureuse et la viole. La jeune infirme parvient un jour à s’enfuir et meurt en donnant le jour à un fils, Leon, qui est adopté par un vieux professeur, don Alfredo Carido. De sa conception bestiale, Leon garde en lui une malédiction. L’enfant se transforme en loup-garou quand vient la pleine lune et égorge des chèvres. L’amour de ses beaux-parents parvient à retenir ses envies de sang. Des années après, Leon quitte le domicile familial pour gagner sa vie.

La Nuit du Loup-Garou est divisé en trois actes bien distincts. Les origines de Leon / L’émancipation de Leon / La damnation de Leon. Terence Fisher prend le temps d’installer les conditions sociales de l’Espagne du XVIIIe siècle. A l’origine, le scénario devait suivre le roman Le Loup-Garou de Paris de Guy Endore, mais suite à l’arrêt brutal de la production d’un film que devait mettre en scène James Carreras et qui devait se dérouler en Espagne sous l’Inquisition, le scénariste Anthony Hinds, fils de William Hinds, le fondateur de la Hammer films, est obligé de revoir entièrement sa copie afin d’ancrer le comeback du Loup-Garou au pays des pesetas. Ceci afin d’utiliser les décors déjà construits pour le film avorté de James Carreras, lui-même le fils d’Enrique Carreras, l’autre fondateur du studio. Si l’intrigue est déplacée, le propos reste le même et c’est encore une fois la preuve de tout le génie de la Hammer et de Terence Fisher puisque La Nuit du Loup-Garou est une fable sociale déguisée en film d’épouvante et fantastique, qui aurait pu tout aussi bien se dérouler dans l’Angleterre victorienne.

Leon est interprété par l’illustre Oliver Reed, que Terence Fisher venait de diriger dans Les Deux Visages du Docteur Jekyll. Le comédien porte magnifiquement la tragédie de son personnage, dont le destin était d’ores et déjà scellé par les conditions de sa venue au monde. Fruit d’un viol d’une servante sourde-muette, sa mère, interprétée par la pulpeuse Yvonne Romain, par un mendiant retombé à l’état sauvage à cause du sadisme d’un marquis (le vrai monstre du film), qui a lui-même voulu profiter des charmes de la domestique, Leon est à jamais marqué du sceau de la marginalité, image même de l’être différent et écarté de la société. Seul l’amour, le fait d’aimer et d’être aimé, semble repousser l’envie irrépressible de se repaître de chair et de sang. Jusqu’à ce que les conventions sociales s’en mêlent et annihilent tout espoir de rédemption pour Leon, qui doit alors lutter contre ses envies bestiales. Jusqu’au point de non-retour.

Jack Asher n’étant pas disponible, ou tout simplement trop cher pour les studios, le chef opérateur Arthur Grant signe la photo de The Curse of the Werewolf. Attaché à la Hammer (Le Spectre du chat, et plus tard Le Fascinant capitaine Clegg ou bien encore Le Fantôme de l’opéra), le directeur de la photographie apporte au film une esthétique plus réaliste et moins baroque que son célèbre confrère, notamment dans le dernier acte entre ombre et lumière.

Référence du film de genre, sur le fond comme sur la forme (extraordinaire maquillage de Roy Ashton, inspiré par celui de la Bête du film de Jean Cocteau), La Nuit du Loup-Garou est un film unique au sein des nombreux longs métrages centrés sur un lycanthrope, beau, passionnant, drame violent (le viol hors-champ est vraiment troublant), intelligent, d’autant plus rare qu’il s’agit du seul film de loup-garou produit par la Hammer Films Productions.

LE BLU-RAY

La Nuit du Loup-Garou est disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD chez Elephant Films. Cette édition contient également un livret collector de 20 pages, ainsi qu’une jaquette réversible avec choix entre facings « moderne » ou « vintage ». Le boîtier Blu-ray est glissé dans un fourreau. Le menu principal est animé et musical.

Bravo à Elephant Films qui nous livre ici l’une de ses meilleures présentations. On doit cette grande réussite à Nicolas Stanzick, auteur du livre Dans les griffes de la Hammer: la France livrée au cinéma d’épouvante. Dans un premier module de 10 minutes, ce dernier nous raconte l’histoire du mythique studio Hammer Film Productions. Comment le studio a-t-il fait sa place dans l’Histoire du cinéma, comment le studio a-t-il réussi l’exploit de susciter un véritable culte sur son seul nom et surtout en produisant de véritables auteurs ? Comment les créateurs du studio ont-ils pu ranimer l’intérêt des spectateurs pour des mythes alors tombés en désuétude ou parfois même devenus objets de comédies ? Nicolas Stanzick, véritable érudit, passionnant, passe en revue les grands noms (Terence Fisher bien évidemment, Christopher Lee, Peter Cushing) qui ont fait le triomphe de la Hammer dans le monde entier, mais aussi les grandes étapes qui ont conduit le studio vers les films d’épouvante qui ont fait sa renommée. Voilà une formidable introduction !

Retrouvons ensuite Nicolas Stanzick pour la présentation de La Nuit du Loup-Garou (24’30). Evidemment, ce module est à visionner après avoir vu ou revu le film puisque les scènes clés sont abordées. Comme lors de sa présentation de la Hammer, Nicolas Stanzick, toujours débordant d’énergie et à la passion contagieuse, indique tout ce que le cinéphile souhaiterait savoir sur la production de La Nuit du Loup-Garou. Le journaliste replace donc le film de Terence Fisher dans l’histoire de la Hammer Films, qui souhaitait aborder le célèbre lycanthrope après avoir ressuscité les autres monstres autrefois rendus célèbres par les studios Universal. Le casting, mais aussi et surtout le fond (la dimension sociale du film) comme la forme (le maquillage de Roy Ashton, la photographie d’Arthur Grant, la mise en scène de Terence Fisher) sont abordés avec intelligence et spontanéité.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et une galerie de photos.

L’Image et le son

Le film est présenté dans son format respecté et en 16/9. En dépit d’un grain parfois trop prononcé sur chaque plan montrant le ciel, qui entraînent inévitablement de sensibles fourmillements, ainsi que des noirs qui tirent sur le bleu et des décrochages sur les fondus enchaînés, l’image de La Nuit du Loup-Garou a été excellemment restaurée. La définition est souvent exemplaire, la propreté indéniable (à part de petits points noirs), la superbe photo d’Arthur Grant flatte constamment les rétines, la stabilité est de mise et même le piqué est à l’avenant sur certaines séquences, y compris sur les scènes en intérieur où l’on peut apprécier chaque détail des décors. Les couleurs sont claires et vraiment très belles, les contrastes très appréciables. L’apport HD pour ce titre est vraiment indispensable. Un très beau lifting.

Le film est disponible en version originale ainsi qu’en version française DTS HD Master Audio mono d’origine. Sans surprise, la piste anglaise l’emporte haut la main sur son homologue, surtout du point de vue homogénéité entre les voix des comédiens, la musique et les effets sonores. La piste française est tantôt sourde, tantôt criarde, au détriment des ambiances annexes et de la partition de Benjamin Frankel. Dans les deux cas, point de souffle à déplorer, ni aucun craquement. Le changement de langue est possible à la volée et les sous-titres français non imposés.

Crédits images : © Elephant Films / Unversal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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