Test Blu-ray / La Guerre des gangs, réalisé par Umberto Lenzi

LA GUERRE DES GANGS (Milano Rovente) réalisé par Umberto Lenzi, disponible le 31 octobre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Antonio Sabàto, Philippe Leroy, Antonio Casagrande, Carla Romanelli, Alessandro Sperli, Franco Fantasia, Tano Cimarosa, Marisa Mell…

Scénario : Franco Enna & Umberto Lenzi, d’après une histoire originale d’Ombretta Lanza

Photographie : Lamberto Caimi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h40

Année de sortie : 1973

LE FILM

Salvatore Cangemi gère un réseau de prostitution à Milan tout en se faisant passer pour un marchand de légumes sans histoire. Quand il refuse une proposition d’un trafiquant français nommé Roger Daverty, c’est toutes les affaires de Cangemi qui risquent de s’écrouler…

Après une année 1972 plus que chargée avec pas moins de trois longs-métrages, Le Tueur à l’orchidée Sette orchidee macchiate di rosso, Au pays de l’exorcisme Il paese del sesso selvaggio et Le Couteau de glace Il coltello di ghiaccio, Umberto Lenzi ralentit un peu la cadence, mais continue dans le genre thriller avec La Guerre des gangs Milano rovente (littéralement « Milan à feu et à sang »). Le réalisateur cosigne le scénario avec Franco Enna (Cadavere per signora de Mario Mattoli, La Dernière chance de Maurizio Lucidi) et place son récit dans le chef-lieu de la Lombardie, dans ses rues froides et noires de monde (et éclairées par les néons publicitaires), dans lesquelles s’affrontent des trafiquants de drogue et un gang de proxénètes, qui ne pouvant trouver un terrain d’entente, décident de se livrer à une guerre sans fin. Excellent opus d’el signore Lenzi, La Guerre des gangs, à ne pas confondre avec le film de Lucio Fulci, Luca il contrabbandiere, baptisé de la même façon sept ans plus tard lors de sa sortie en France, bénéficie d’un casting soigné mené par Antonio Sabàto (ne pas oublier l’accent), découvert en 1966 dans Grand Prix de John Frankenheimer. Si son visage dira quelque chose aux amateurs de westerns transalpins (Aujourd’hui ma peau, demain la tienne, Deux fois traître), le comédien venait de trouver l’un de ses rôles les plus célèbres dans Le Tueur à l’orchidée, déjà mis en scène par Umberto Lenzi. Le film repose solidement sur ses épaules, ainsi que sur sa moustache (c’était alors la mode), mais aussi sur un bon antagoniste en la personne de Philippe Leroy, qui avait donné la réplique à son partenaire dans son premier film, Lo Scandalo d’Anna Gobbi, sept ans auparavant. Ils jouent cette fois à égalité et se partagent l’affiche de ce polar bourré de charme, sec, brutal. Un bon spectacle représentatif du cinéma d’exploitation italien.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Guerre des gangs, réalisé par Umberto Lenzi »

Test Blu-ray / Cannibal Ferox, réalisé par Umberto Lenzi

CANNIBAL FEROX réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray – Digipack Limité depuis mars 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Giovanni Lombardo Radice, Lorraine De Selle, Danilo Mattei, Zora Kerova, Walter Lucchini, Fiamma Maglione, Robert Kerman, John Bartha…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Giovanni Bergamini

Musique : Roberto Donati & Fiamma Maglione

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Étudiante à New York, Gloria Davis finalise sa thèse, qui tend à démontrer que le cannibalisme est un mythe. Afin d’appuyer ses recherches, elle part en Colombie, dans un village d’Amazonie, accompagnée de son frère Rudy et de son amie Pat Johnson. Sur place, le trio rencontre deux aventuriers sans scrupules, Mike Logan et Joe Costolani, mêlés à un trafic de drogue et responsables d’actes barbares sur des indigènes. Ces derniers ne vont pas tarder à se venger, de la plus cruelle des manières…

« Cannibal Ferox est un film dont je ne voulais plus entendre parler, mais que j’ai appris à aimer en raison de l’argent qu’il m’a rapporté ! ». On ne saurait être plus clair qu’Umberto Lenzi quand il évoquait l’un de ses opus les plus célèbres et parallèlement son plus grand succès commercial. Précurseur du film cannibale, ayant réalisé Au pays de l’exorcisme Il Paese del sesso selvaggio en 1972, le cinéaste revient au genre huit ans plus tard avec La Secte des cannibalesMangiati vivi!, dans lequel Lenzi reprenait les mêmes thèmes, en allant encore plus loin dans le cannibalisme. Suivront L’Avion de l’apocalypseIncubo sulla città contaminata, avec évidemment ses zombies affamés de chair humaine, puis le film qui nous intéresse aujourd’hui, Cannibal Ferox ou Terreur Cannibale, qu’il écrit et met en scène. Depuis la sortie et le scandale de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato en 1980 et celle d’Antropophagus de Joe d’Amato, les partis-pris et la violence graphique ont changé. Les spectateurs veulent du gore, du dégueulasse, du sang qui coule à gros bouillons, mais aussi et surtout du réalisme. Umberto Lenzi décide de repousser les limites avec Cannibal Ferox, ou Make Them Die Slowly (aux States), Woman From Deep River (en Australie), considéré comme un film définitif sur nos amis (il est fortement déconseillé d’être leurs ennemis) les anthropophages. Toutefois, il faut bien avouer que Cannibal Ferox a pris du plomb dans l’aile avec les années. On peut trouver le temps long entre deux bonnes idées, souvent bien éloignées les unes des autres, tandis que les comédiens font ce qu’ils peuvent pour sauver les meubles avec le peu qu’ils ont à défendre, y compris leur manque de charisme. Sympatoche, mais en aucun inoubliable donc.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Cannibal Ferox, réalisé par Umberto Lenzi »

Test DVD / Des fleurs pour un espion, réalisé par Umberto Lenzi

DES FLEURS POUR UN ESPION (Le Spie amano i fiori) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en DVD le 2 février 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Roger Browne, Emma Danieli, Daniele Vargas, Yôko Tani, Marino Masé, Sal Borgese, Fernando Cebrián, Pilar Clemens, Tullio Altamura…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Augusto Tiezzi

Musique : Angelo Francesco Lavagnino, Armando Trovajoli

Durée : 1h30

Année de sortie : 1966

LE FILM

Une arme secrète capable de neutraliser tout courant électrique dans un large rayon, l’Electroscomètre, a été volé. Les Services Spéciaux britanniques mettent leur meilleur agent sur la piste : Martin Stevens. A Genève, il va rencontrer la belle journaliste Geneviève qui se propose de l’aider. Les deux s’envolent donc pour Athènes suite à un mystérieux message codé : « Les roses bleues sont arrivées ce matin. »

J’ai déjà longuement parlé du réalisateur Umberto Lenzi (1931-2017) à travers mes articles sur Le Cynique, l’Infâme et le Violent, Chats rouges dans un labyrinthe de verre, Le Couteau de glace et Spasmo. Alors pour en savoir plus sur ce réalisateur mythique, que j’affectionne tout particulièrement, vous savez ce qui vous reste à faire. C’est un plaisir de découvrir l’un de ses « premiers » films, l’usage des guillemets est indispensable dans le sens où Des fleurs pour un espionLe Spie amano i fiori était déjà son seizième long-métrage, dans une carrière qui compte pas loin de 70 films et téléfilms, certains réalisés sous divers pseudonymes, Humphrey Humbert, Humphrey Longan, Hank Milestone, Humphrey Milestone, Harry Kirkpatrick et Bob Collins. Dans la première partie de sa filmographie, ce bon vieux Umberto se fait remarquer avec ses films d’aventures, Mary la rousse, femme pirateLe Avventure di Mary Read (1961), Le Triomphe de Robin des BoisIl Trionfo di Robin Hood (1962), L’Invincible Cavalier noirL’Invincibile cavaliere mascherato (1963), Sandokan, le tigre de Borneo Sandokan, la tigre di Mompracem (1964), Le Temple de l’éléphant blancSandok, il Maciste della giungla (1964), Les Pirates de MalaisieI Pirati della Malesia (1964), sans oublier quelques péplums comme Hercule contre les mercenairesL’Ultimo Gladiatore (1964), quand ce n’est pas un mélange des deux (Maciste contre ZorroZorro contro Maciste, 1963). Le début des années 1960 marque l’envolée directe du réalisateur, qui comme ses confrères regarde ce qui fonctionne au cinéma à l’étranger et le genre qui a le vent en poupe. En 1962, le triomphe inattendu de James Bond 007 contre Dr NoDr. No, rapidement suivi de celui de Bons baisers de RussieFrom Russia with Love, jusqu’au phénomène mondial de Goldfinger (1963), entraînent une James Bond Mania qui donne quelques idées aux producteurs peu scrupuleux, autrement dit surfer sur cette déferlante et proposer aux spectateurs des ersatz de l’agent 007. L’Italie est bien sûr au coeur de ce qu’on appellera désormais le genre de l’Euro Spy. Umberto Lenzi prend le train en marche, on peut même dire qu’il en est l’un des principaux cheminots et livre son premier Euro Spy, Suspense au Caire pour A008 A 008, operazione Sterminio (1965), rapidement suivi la même année de Super 7 appelle le SphinxSuperseven chiama Cairo. Et comme le cinéaste a de la suite dans les idées, il décide d’enchaîner avec Des fleurs pour un espion, dans lequel le comédien américain Roger Browne reprend son rôle de Martin Stevens, aka Super 7, super agent au service de sa Majesté, lancé une fois de plus dans une mission périlleuse. Et le résultat est à la hauteur de l’attente, Le Spie amano i fiori est un opus ultra-divertissant et un digne représentant de l’Euro Spy !

Continuer la lecture de « Test DVD / Des fleurs pour un espion, réalisé par Umberto Lenzi »

Test Blu-ray / Spasmo, réalisé par Umberto Lenzi

SPASMO réalisé par Umberto Lenzi, disponible en DVD et Blu-ray le 5 mars 2020 chez BQHL Editions.

Acteurs : Robert Hoffmann, Suzy Kendall, Ivan Rassimov, Adolfo Lastretti, Franco Silva, Mario Erpichini, Maria Pia Conte, Luigi Antonio Guerra…

Scénario : Massimo Franciosa, Umberto Lenzi, Pino Boller, Luisa Montagnana

Photographie : Guglielmo Mancori

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Playboy et fils d’un riche industriel décédé, Christian tombe sous le charme de Barbara, une jeune et jolie femme qu’il découvre évanouie sur une plage. Lorsque, peu après, il la retrouve sur un yacht, celle-ci l’entraîne dans un maelström d’événements étranges et cruels, de meurtres et de faux-semblants. Avec le sentiment d’être pris au piège d’une gigantesque toile d’araignée, Christian croit trouver la clef de l’énigme en se faisant passer pour mort, y compris auprès de son propre frère, quelqu’un qui paraît beaucoup plus stable que lui sur le plan psychologique…

Umberto Lenzi (1931-2017) est l’exemple typique du réalisateur qui a su suivre la mode, les goûts et les préférences des spectateurs, en passant successivement du film de pirates (Mary la rousse, femme pirate, Les Pirates de la Malaisie) au péplum (Maciste contre Zorro, Hercule contre les mercenaires) dans les années 1960, puis du giallo (Le Tueur à l’orchidée) au poliziottesco (Brigade spéciale, La Rançon de la peur, Le Cynique, l’Infâme et le Violent) dans les années 1970, pour terminer sa carrière dans le genre épouvante (La Secte des cannibales, L’Avion de l’apocalypse). Un cinéaste prolifique, diplômé du Centro Sperimentale di Cinematografia, avec plus de 60 films à son actif réalisés en 35 ans de carrière. Spasmo (1974) apparaît tout juste au milieu de sa carrière. Formidable thriller qui s’éloignait alors du giallo traditionnel, comme le réalisateur l’avait déjà fait avec Le Couteau de glaceIl Coltello di ghiaccio deux ans auparavant, Spasmo est un pur film de mise en scène, reposant sur un scénario machiavélique, intrigant, tortueux et pervers, kafkaïen en diable et incroyablement sombre, qui démontre une fois de plus toute la virtuosité d’Umberto Lenzi que la critique avait coutume de qualifier de simple faiseur.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Spasmo, réalisé par Umberto Lenzi »

Test Blu-ray / Le Couteau de glace, réalisé par Umberto Lenzi

LE COUTEAU DE GLACE (Il Coltello di ghiaccio) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Carroll Baker, Alan Scott, Evelyn Stewart, Eduardo Fajardo, Silvia Monelli, George Rigaud, Franco Fantasia, Dada Gallotti, Lorenzo Robledo, Mario Pardo…

Scénario : Umberto Lenzi, Luis G. de Blain

Photographie : José F. Aguayo

Musique : Marcello Giombini

Durée : 1h31

Année de sortie : 1972

LE FILM

Adolescente, Martha Caldwell a réchappé d’une catastrophe ferroviaire dans laquelle elle a vu mourir ses parents, traumatisme qui l’a rendue muette. Quinze ans ont passé quand Martha, qui vit désormais avec son oncle Ralph, féru d’occultisme, dans une propriété située à Montseny, dans les Pyrénées espagnoles, reçoit la visite de sa cousine Jenny Ascot, célèbre chanteuse résidant en Angleterre. Cette dernière est mortellement poignardée durant la nuit. La police mène son enquête, tandis que d’autres meurtres surviennent. Les soupçons se portent vers une secte sataniste, à moins qu’il ne s’agisse d’un tueur en série isolé. Dans un cas comme dans l’autre, Martha pourrait bien être la prochaine victime…

Umberto Lenzi (1931-2017) est l’exemple typique du réalisateur qui a su suivre la mode, les goûts et les préférences des spectateurs, en passant successivement du film de pirates (Mary la rousse, femme pirate, Les Pirates de la Malaisie) au péplum (Maciste contre Zorro, Hercule contre les mercenaires) dans les années 1960, puis du giallo (Le Tueur à l’orchidée, Spasmo) au poliziottesco (Brigade spéciale, La Rançon de la peur, Le Cynique, l’Infâme et le Violent) dans les années 1970, pour terminer sa carrière dans le genre épouvante (La Secte des cannibales, L’Avion de l’apocalypse). Un cinéaste prolifique, diplômé du Centro Sperimentale di Cinematografia, avec plus de 60 films à son actif réalisés en 35 ans de carrière. Le Couteau de glaceIl Coltello di ghiaccio (1972) apparaît tout juste au milieu de sa carrière. Pour la quatrième et dernière fois, Umberto Lenzi retrouve la comédienne Carroll Baker, qu’il avait déjà dirigé dans Une folle envie d’aimer Orgasmo (1969), Si douces, si perversesCosì dolce… così perversa (1969), avec Jean-Louis Trintignant et Paranoia (1970), trois gialli au succès international. Pour cette ultime collaboration, l’ex-star hollywoodienne vue chez George Stevens (Géant), Elia Kazan (Baby Doll), William Wyler (Les Grands espaces), Edward Dmytryk (Les Ambitieux), John Ford (Les Cheyennes) signe une remarquable prestation, tandis qu’Umberto Lenzi assure comme d’habitude derrière la caméra. En dehors d’un final quelque peu abracadabrant, Le Couteau de glace est non seulement un excellent fleuron du genre, mais traverse aussi les années sans prendre trop de rides. Le divertissement est toujours au rendez-vous.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Couteau de glace, réalisé par Umberto Lenzi »

Test Blu-ray / Chats rouges dans un labyrinthe de verre, réalisé par Umberto Lenzi

CHATS ROUGES DANS UN LABYRINTHE DE VERRE (Gatti rossi in un labirinto di vetro) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Martine Brochard, John Richardson, Ines Pellegrini, Andrés Mejuto, Mirta Miller, Daniele Vargas, George Rigaud, Silvia Solar, Raf Baldassarre…

Scénario : Umberto Lenzi, Félix Tusell

Photographie : Antonio Millán

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h32

Année de sortie : 1975

LE FILM

Lors d’un voyage organisé à Barcelone, un groupe de touristes américains est attaqué par un tueur en série vêtu de rouge qui égorge les jeunes femmes puis leur arrache l’œil gauche. Alors que l’enquête policière patine, l’un des leurs, le publiciste Mark Burton, est soupçonné d’être le maniaque. Bien décidé à prouver son innocence, il décide d’enquêter avec l’aide de sa maîtresse, une certaine Paulette Stone.

Umberto Lenzi (1931-2017) est l’exemple typique du réalisateur qui a su suivre la mode, les goûts et les préférences des spectateurs, en passant successivement du film de pirates (Mary la rousse, femme pirate, Les Pirates de la Malaisie) au péplum (Maciste contre Zorro, Hercule contre les mercenaires) dans les années 1960, puis du giallo (Le Tueur à l’orchidée, Spasmo) au poliziottesco (Brigade spéciale, La Rançon de la peur, Le Cynique, l’Infâme et le Violent) dans les années 1970, pour terminer sa carrière dans le genre épouvante (La Secte des cannibales, L’Avion de l’apocalypse). Un cinéaste prolifique, diplômé du Centro Sperimentale di Cinematografia, avec plus de 60 films à son actif réalisés en 35 ans de carrière. Chats rouges dans un labyrinthe de verreGatti rossi in un labirinto di vetro apparaît tout juste au milieu de sa carrière.

Ce giallo traditionnel s’inscrit dans la droite lignée du genre avec son lot de crimes réalisés par un tueur ganté et filmés en caméra subjective. Ce qu’il y a d’original ici, c’est que le film est tourné quasi-intégralement à Barcelone, sous un soleil radieux, loin des villes froides et angoissantes, habituellement le terrain de jeu traditionnel des tueurs masqués transalpins. Les victimes trépassent presque au milieu de la foule sur La Rambla, en plein jour. A côté de ça, Chats rouges dans un labyrinthe de verre n’a rien de vraiment miraculeux ou d’original, mais reste un bon moment pour les amateurs d’un genre qui connaissait déjà une sérieuse baisse de régime en 1975.

Des vacanciers venus du Vermont parcourent les routes en car lors d’un voyage organisé en Espagne. Au cours d’une escale à Barcelone, une jeune femme du cru est assassinée. Quand on la découvre, l’oeil gauche énucléé, l’image saisissante renvoie les touristes à un crime identique commis un an plus tôt à Burlington. Bientôt, c’est l’une des américaines qui succombe sous les coups du maniaque. Pour le commissaire Tudela, le groupe de touristes est forcément lié aux crimes. Mark Burton, quant à lui, commence petit à petit à soupçonner que sa femme puisse être la coupable. Insaisissable, le tueur continue à frapper…

Soyons honnêtes, les indices laissés par le metteur en scène (également coscénariste) et Félix Tusell sont tellement énormes que l’on parvient à deviner l’identité du maniaque au bout d’une demi-heure. Une fois cette découverte faite, le but est donc de s’amuser à voir comme il/elle parvient à donner le change à ses petits camarades et surtout de savoir pourquoi il/elle s’en prend à eux ainsi. Et pourquoi cet œil crevé systématiquement ?

Umberto Lenzi n’est heureusement pas un amateur derrière la caméra. Son film se suit sans déplaisir, grâce à un montage plutôt nerveux, une belle photo ensoleillée, une visite carte-postale de la ville, ainsi que des meurtres assez brutaux ou inattendus comme lors de la séquence du train-fantôme. Si la musique est signée Bruno Nicolai, son omniprésence agace en revanche prodigieusement. Le thème revient constamment alors que Lenzi aurait gagné en tension en laissant certains moments reposer uniquement sur les bruitages et les cris.

Du point de vue interprétation, la frenchie Martine Brochard (Polices parallèles de Sergio Martino) tire aisément son épingle du jeu, ainsi que l’argentin George Rigaud (Les Rendez-vous de Satan de Giuliano Carnimeo) dans la peau d’un prêtre au regard perçant, sans oublier le charme sexy d’Ines Pellegrini (vue dans Les Mille et Une Nuits de Pier Paolo Pasolini) et la tronche cramée aux UV – sorte de rejeton de Donald Trump et de Valentino – d’Andrés Mejuto dans le rôle du commissaire chargé de l’enquête (à une semaine de la retraite) qui aimerait bien mettre la main sur le tueur avant d’aller pêcher la truite. Le reste du casting, dont le falot John Richardson et les acteurs en majeure partie espagnols, co-production oblige, marque peu les esprits.

Malgré ses points faibles, Chats rouges dans un labyrinthe de verre, ou Eyeball pour son exportation, conserve son charme désuet. Nous sommes ici en plein cinéma d’exploitation et le réalisateur ne s’en cache pas. Tout est fait ici pour attirer le chaland, pour lui faire acheter un billet de cinéma et Umberto Lenzi n’était sûrement pas le dernier à vouloir faire rentabiliser son ticket au spectateur venu là pour être diverti. Gatti rossi in un labirinto di vetro est une œuvre généreuse, parfois maladroite certes, mais animée par une envie de bien faire et de faire plaisir à une audience toujours partante pour quelques émotions fortes.

LE BLU-RAY

Chats rouges dans un labyrinthe de verreGatti rossi in un labirinto di vetro est le second giallo édité par Le Chat qui fume en novembre 2018. Ce superbe combo Blu-ray/DVD, proposé sous la forme d’un Digipack 3 volets avec étui cartonné, est disponible en édition limitée à 1000 exemplaires.Le menu principal est animé et musical.

Nous commençons les suppléments par un entretien d’Umberto Lenzi, décédé en octobre 2017 (23’). En introduction, un carton indique que cette interview dévoile plusieurs fins des gialli du réalisateur comme Paranoia (1970), Spasmo (1974) et bien sûr Chats rouges dans un labyrinthe de verre. Umberto Lenzi indique que son giallo avait tout d’abord été pensé dans le but de sortir un ami metteur en scène de la faillite, le cinéaste étant prêt à faire le film gratuitement. Ensuite, le réalisateur aborde le film qui nous intéresse en revenant sur les conditions de tournage à Barcelone, sur l’explication du titre, sur le casting, sur la musique de Bruno Nicolai et sur l’évolution du travail du metteur en scène.

Après Olivier Père, Jean-François Rauger, Fathi Beddiar et Philippe Chouvel, c’est au tour du journaliste Francis Barbier du site DeVilDead.com de nous donner la liste de ses trois gialli préférés (14’), vus sous « l’angle du plaisir ». Non seulement l’invité du Chat qui fume indique quels sont ses gialli de prédilection, Le Chat a neuf queues de Dario Argento, La Dame rouge tua sept fois d’Emilio Miraglia et La Queue du scorpion de Sergio Martino, mais Francis Barbier dresse également en parallèle l’histoire du genre dans les années 1970, avec ses codes, son évolution et sa fin.

Ne manquez pas la délicieuse rencontre avec la comédienne Martine Brochard (17’). Douce, accueillante et chaleureuse, l’actrice revient sur sa carrière en mettant en parallèle son parcours professionnel et sa vie personnelle. De ses débuts en tant que danseuse dans les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier, en passant par ses premiers pas devant la caméra dans Baisers volés de François Truffaut, jusqu’à son arrivée en Italie, Martine Brochard est visiblement très heureuse d’évoquer ses plus belles rencontres. Elle y raconte également à quel point « le cinéma italien était grisant » et évoque le tournage de Chats rouges dans un labyrinthe de verre, son personnage dans le film ainsi que sa collaboration avec Umberto Lenzi qu’elle a toujours aimé et admiré. Les anecdotes de tournage s’enchaînent, souvent teintées d’émotion. La comédienne est également ravie de constater que ces films intéressent aujourd’hui autant si ce n’est plus les spectateurs, surtout les plus jeunes. Notons également que Martine Brochard réalise une petite présentation de Chats rouges dans un labyrinthe de verre juste lors du lancement du film.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

La copie est très propre, lumineuse et les couleurs profitent de cette élévation en Haute-Définition. Malgré tout, nous dénotons divers fourmillements, le piqué est peu acéré et la gestion des contrastes est parfois aléatoire. Celle du grain est en revanche bien gérée, certaines séquences sortent du lot (toutes celles tournées en extérieur) et le bilan est au final positif.

Seule la version originale aux sous-titres français est imposés est disponible. L’omniprésente musique de Bruno Nicolai est bien délivrée avec une ardeur souvent étonnante, tandis que les dialogues, entièrement réalisés en post-synchronisation sont également dynamiques. Un léger souffle se fait entendre, mais l’ensemble est clair, net, précis.

Crédits images : © LE CHAT QUI FUME / Variety / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr