Test DVD / La Trahison du capitaine Porter, réalisé par André De Toth

LA TRAHISON DU CAPITAINE PORTER (Thunder Over the Plains) réalisé par André De Toth, disponible en DVD le 9 mars 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Randolph Scott, Lex Barker, Phyllis Kirk, Charles McGraw, Henry Hull, Elisha Cook Jr., Hugh Sanders, Lane Chandler…

Scénario : Russell S. Hughes

Photographie : Bert Glennon

Musique : David Buttolph

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

En 1870 au Texas, le capitaine Porter, Texan mais officier de l’Union, est chargé de rétablir la légalité mise à mal par les exactions des « carpetbaggers » dans les années qui suivirent la guerre de Sécession. Porter éprouve une vive répulsion pour sa tâche, mais, homme de devoir, il ne peut y couper.

D’origine austro-hongroise, André De Toth (1912-2002) est un réalisateur, scénariste et producteur qui demeure encore très chéri par les cinéphiles. Indépendant des grands studios hollywoodiens, pour lesquels il travaillera toutefois volontiers à plusieurs reprises, le cinéaste dirigera les plus grands comme Gary Cooper (La Mission du commandant Lex), Robert Ryan (La Chevauchée des bannis), Kirk Douglas (La Rivière de nos amours), Veronica Lake (Femme de feu), Barbara Stanwyck (L’Orchidée Blanche) et Richard Widmark (La Furie des Tropiques). Mais la plus grande collaboration de sa carrière reste celle entamée en 1951 avec Randolph Scott (1898-1987) pour Le Cavalier de la mortMan in the Saddle. Les deux hommes se retrouveront à cinq autres reprises (et autres westerns), Les Conquérants de Carson CityCarson City (1952), Les Massacreurs du KansasThe Stranger Wore a Gun (1953), La Trahison du capitaine PorterThunder Over the Plains (1953), Le Cavalier traquéRiding Shotgun (1954) et Terreur à l’OuestThe Bounty Hunter (1954). Le western qui nous intéresse aujourd’hui est l’un des meilleurs de l’association De Toth/Scott. Le cinéaste fait certes partie des célèbres « borgnes d’Hollywood » aux côtés de John Ford, Fritz Lang, Raoul Walsh et Nicholas Ray, ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de mettre en scène deux films en relief stéréoscopique, L’Homme au masque de cireHouse of Wax (1953) avec Vincent Price, formidable remake de Masques de cireMystery of the Wax Museum de Michael Curtiz (1933), et Les Massacreurs du Kansas, mais André De Toth n’est certainement pas un manchot derrière la caméra. La Trahison du capitaine Porter repose sur un scénario intelligent et bien construit de Russell Hughes, futur auteur de Des monstres attaquent la villeThem ! (1954) de Gordon Douglas, de La charge des tuniques bleues The Last Frontier (1955) d’Anthony Mann et de L’homme de nulle partJubal (1956) de Delmer Daves, de belles et évidentes références. Thunder Over the Plain témoigne non seulement de la belle plume du scénariste, mais reste aussi un western excellemment mis en scène par un maître de la série B, tandis que le charisme de Randolph Scott fait le reste.

1869, après la guerre de sécession, l’état du Texas n’a toujours pas été réintégré à l’Union et est encore occupé par l’armée. Profitant de la situation troublée et en s’appuyant sur une loi souvent en leur faveur, des opportunistes spolient les Texans de leurs terres et de leurs biens. Ces derniers vont bientôt constituer des troupes hors-la-loi pour récupérer leurs biens. Texan d’origine, le capitaine Porter se voit alors obligé d’obéir à une loi qui va contre ses convictions et devra bientôt choisir entre son devoir et la défense de la cause qu’il estime juste.

En à peine 80 minutes, André De Toth emballe son récit, enchaîne les trahisons, une rivalité amoureuse, des affrontements entre l’armée et des justiciers, entre ces derniers et les Carpetbaggers. Ceux-ci sont présentés d’emblée comme d’abominables opportunistes, des individus venus du Nord du pays pour s’installer dans le Sud lors de la Reconstruction qui suivit la guerre de Sécession, avec l’intention de profiter de la situation confuse du pays. Si les profiteurs de guerre sont souvent apparus au cinéma, La Trahison du Capitaine Porter aborde ces migrants sans foi ni loi, qui n’hésitaient pas à appauvrir encore plus les texans, que quatre ans de guerre avaient laissés sur la paille. Les Carpetbaggers achètent des terres, le coton et le bétail à prix dérisoire, pour ensuite les revendre à prix d’or, tandis que la population croulait sous de nouveaux impôts mis en place par des percepteurs corrompus. Des hommes décident de s’armer pour lutter contre ces injustices. Même si certains soldats soutiennent cette cause et trouvent leurs propres missions répugnantes, ils doivent néanmoins intervenir face à ces Robin des Bois, alors que le Texas n’a toujours pas réintégré l’Union.

Randolph Scott, le capitaine du titre français, est impeccable, droit comme un i sur son cheval, pris entre deux feux puisque même s’il comprend les motivations et les actions des rebelles, son statut lui impose d’y mettre fin. Derrière son masque quelque peu stoïque qui lui a été longtemps critiqué, le comédien expose le dilemme qui anime son personnage, alors qu’il doit également s’occuper de sa jeune et belle épouse Norah (Phyllis Kirk), qui s’ennuie et qui souhaiterait retourner à la ville. C’est ce que lui fait miroiter le Capitaine Bill Hodges (Lex Barker), qui s’éprend de Norah et entreoprend de la séduire. Bref, notre Capitaine Porter a du pain sur la planche et doit non seulement faire en sorte que son couple ne se désintègre pas, mais aussi rester fidèle à ses idéaux, tout en respectant ses vœux de servir la patrie.

C’est dire s’il s’en passe des choses durant 1h20 et démontre une fois de plus l’immense talent d’un réalisateur que l’on n’aura de cesse de réhabiliter et de faire redécouvrir les œuvres.

LE DVD

Une toute petite sortie, mais sortie quand même que l’on doit à LCJ Editions et qui rejoint ainsi La Trahison du Capitaine Porter au catalogue de l’éditeur ! Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier Amaray classique, est efficace et saura attirer l’oeil des mordus du western. Visuel par ailleurs repris pour le menu principal, fixe et musical.

Aucun supplément sur ce DVD.

L’Image et le son

A l’instar du master du Cavalier traqué, la copie présentée n’est pas dénuée de qualités avec une clarté notamment très plaisante, même si de nombreuses poussières subsistent, tout comme des raccords de montage, des griffures, des points blancs, des rayures verticales. Les couleurs peuvent aussi décevoir parfois, mais l’ensemble reste fort correct pour un film aussi rare.

En version originale comme en français, l’écoute est harmonieuse et propre, même si la piste anglaise l’emporte comme d’habitude sur son homologue, du point de vue homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise, si vous visionnez le film sur un lecteur de salon. Notons également que la voix-off d’exposition est présentée dans la langue de Shakespeare, même si vous avez opté pour la version française.

Crédits images : © LCJ Editions & Productions/ Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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