JEANNE DU BARRY réalisé par Maïwenn, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 20 septembre2023 chez Le Pacte.
Acteurs : Maïwenn Le Besco, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe, Melvil Poupaud, Robin Renucci, Pierre Richard, Marianne Basler, Pascal Greggory…
Scénario : Maïwenn Le Besco, Teddy Lussi-Modeste & Nicolas Livecchi
Photographie : Laurent Dailland
Musique : Stephen Warbeck
Durée : 1h56
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
Jeanne Gomard de Vaubernier, une jeune femme d’origine modeste, cherche à s’élever socialement en utilisant ses charmes. Son mari, le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, la présente au Roi, avec l’aide du duc de Richelieu. Le Roi s’éprend de sa nouvelle conquête et décide d’en faire sa favorite officielle.
Bon…On ne va pas jouer les professeurs d’histoire et les spécialistes de la France du 18è siècle, car nous ne sommes pas sur BFM ou CNews où certains s’autoproclament experts en COVID puis en conflit israélo-palestinien le lendemain. Loin de nous l’idée de critiquer le fait que tel personnage ou tel événement a existé et/ou a eu lieu, car nous n’en avons pas la moindre idée. Jeanne du Barry sera donc abordé du point de vue cinématographique. Le sixième long-métrage de Maïwennfait penser à The Room de Tommy Wiseau, non pas que le film soit un nanar, loin de là, mais dans le fait que la réalisatrice a entièrement conçu son nouvel opus à sa propre gloire, à sa personne, à son parcours aussi puisqu’elle n’a eu de cesse de proclamer qu’elle se sentait très proche de son personnage et de son vécu. Jeanne du Barry est un caprice à 22 millions d’euros, qui fait penser à une pièce-montée constituée de meringues recouvertes de sucre-glace, attirante sur la forme, mais dont l’aspect bourratif remplit déjà l’estomac, pour finalement se rendre compte que la pâtisserie est en fait un trompe-l’oeil, que les choux sont en plastiques et surtout creux. La faute à Maïwenn qui s’est bien sûr octroyée le premier rôle, qui est de chaque scène, pour ne pas dire de chaque plan, qui imprime son visage chevalin (ce qui donne un côté hippique et non pas épique) et sans grâce dans le but de passer à la postérité, mais qui ne s’avère jamais convaincante. Cependant, si l’on se désintéresse complètement de la du Barry et même de Johnny Depp, dont l’excès de poudre blanche et de bibine lui a autant pourri les dents que le charisme (sans oublier le fait qu’il a constamment l’air de se demander ce qu’il est venu foutre ici), les personnages secondaires sont bien plus captivants, en particulier celui de La Borde, merveilleusement interprété par l’excellent (comme toujours) Benjamin Lavernhe. En l’état, Jeanne du Barry n’est pas un mauvais film, mais cet ego-trip peut taper sur le système avec son actrice principale tête à claques et inappropriée et sa star léthargique aux yeux de poisson mort, entre lesquels n’existe aucune alchimie.
Jeanne Vaubernier, fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour.
Que dire après cela ? Cette luxueuse production franco-belgo-britannique bénéficie tout de même à l’écriture du talent de Teddy Lussi-Modeste, lui-même réalisateur (Jimmy Rivière, Le Prix du succès), co-scénariste d’Une fille facile de Rebecca Zlotowski, ainsi qu’un allié de taille en la personne de Laurent Dailland, directeur de la photographie de renom (Ténor, Aline, Didier), qui compose de superbes plans sur Versailles et ses environs, tout en mettant en valeur les fabuleux décors loués à cette occasion. En fin de séance, ce qui reste n’a rien à voir avec Jeanne du Barry ou Louis XV, à part comme sujets de blagues ou de moqueries (il faut bien avouer que c’est facile et ça défoule), mais ce qui les entoure, La Borde donc, premier valet de chambre du roi, mais aussi le Duc de Richelieu, incarné par un génial et inattendu Pierre Richard (rasé de près pour l’occasion, ce qui n’était pas arrivé depuis des décennies). Melvil Poupaud, Pascal Greggory, Noémie Lvovsky et India Hair ont peu de choses à jouer, mais s’en tirent bien, tout comme le reste du casting, dont les noms ne sont pas forcément connus.
On suit mollement ce drame historique où Jeanne du Barry apparaît comme une petite fille de près de cinquante piges, aussi délicate qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, qui joue de son sourire carnassier et l’on se demande comment cela peut émoustiller Louis XV. Ce dernier, joué par un Johnny Depp sous Tranxène, promène son accent improbable qu’il tente de dissimuler en gardant les lèvres soudées (quand il n’est pas filmé de dos, sans doute pour mieux reprendre ses répliques en post-synchro), tout en regardant cette grande perche lui faire la révérence. On regrette Dolores del Rio, Martine Carol et même Asia Argento qui avaient déjà campé du Barry respectivement chez William Dieterle, Christian-Jaque et Sofia Coppola et qui imposaient d’emblée une sexualité, totalement absente, forcée, pour ne pas dire ridicule chez Maïwenn qui se prend pour une adolescente attardée. On ne pourra pas reprocher au film d’être poussiéreux, même s’il n’atteint pas le côté « rock’n roll » du Marie-Antoinette de 2006, mais le rythme lent n’aide pas vraiment et cette succession de vignettes joliment emballées se regardent avec un ennui poli.
Présenté en ouverture et hors compétition au Festival de Cannes en 2023, Jeanne du Barry, trop corseté (même s’il n’y a aucun gras ni formes à dissimuler) n’a guère convaincu la critique et s’est soldé sur un échec dans les salles françaises avec seulement un peu plus de 750.000 entrées.
LE DVD
Jeanne du Barry est disponible chez Le Pacte en DVD, Blu-ray et 4K UHD. Nous n’avons pu avoir entre les mains que l’édition Standard qui se présente sous la forme classique d’un boîtier Amaray transparent, glissé dans un fourreau cartonné. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation centré sur Maïwenn. Le menu principal est animé et musical.
Ce DVD ne comprend qu’un seul supplément, une petite interview (8’) de Maïwenn, accompagnée de Johnny Depp lors de la présentation du film au Festival de Cannes en 2023. Le comédien essaye de s’exprimer sur son rôle, mais sa partenaire et réalisatrice ne cesse de lui couper la parole pour parler de ce qui l’a attiré dans ce projet qu’elle portait depuis de longues années. Les conditions de tournage à Versailles sont aussi évoquées.
L’Image et le son
Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes sombres sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), ça foisonne aux quatre coins du cadre large, le relief est indéniable. Quelques moirages et un grain caractéristique d’un tournage en 35mm.
Jeanne du Barry repose beaucoup sur les dialogues. La piste Dolby Digital 5.1 distille les voix des comédiens avec une dynamique jamais démentie, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film. Une spatialisation concrète, dynamique, immersive et efficace. Une version Stéréo, une autre en Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également au programme.