ULTIME VIOLENCE (La Belva col mitra) réalisé par Sergio Grieco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er mars 2022 chez Artus Films.
Acteurs : Helmut Berger, Marisa Mell, Richard Harrison, Marina Giordana, Luigi Bonos, Vittorio Duse, Ezio Marano, Claudio Gora…
Scénario : Sergio Grieco
Photographie : Vittorio Bernini
Musique : Umberto Smaila
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1977
LE FILM
Le tueur Nanni Vitali s’évade de prison avec trois complices. Il se lance dans une folie meurtrière, remplie de vols, viols, assassinats, et prises d’otages. L’inspecteur Giulio Santini se met à sa poursuite avec force moyens. Mais Vitali va séquestrer son père et sa soeur.
Sergio Grieco (1917-1982) fait partie de ces innombrables artisans du cinéma Bis transalpin. Si son nom reste méconnu, en France tout du moins, les titres de ses films fleurent bon l’exploitation et demeurent toujours appréciés des aficionados du genre, ou plutôt des genres, puisque le metteur en scène aura suivi les modes et surfé sur le goût des spectateurs, qui n’aura de cesse d’évoluer des années 1950 à la fin des années 1970. On peut citer pêle-mêle Le Chevalier de la violence – Giovanni dalle Bande Nere, Le Pirate de l’épervier noir – Il pirata dello sparviero nero, Les Nuits de Lucrèce Borgia – Le notti di Lucrezia Borgia, L’Esclave de Rome – La schiava di Roma, Jules César contre les pirates – Giulio Cesare contro i pirati, Mission spéciale… Lady Chaplin – Missione speciale Lady Chaplin, Superman le diabolique – Come rubare la corona d’Inghilterra, L’Homme qui défia l’Organisation – L’uomo che sfidò l’organizzazione et Une Suédoise sans culotte – La nipote del prete. L’ancien assistant de René Clément sur le sublime Au-delà des grilles (1949) aura réalisé quarante longs-métrages en près de trente ans de carrière, vouée quasiment entièrement au cinéma commercial. Il tire sa révérence à l’âge de soixante ans avec Ultime violence – La Belva col mitra, célèbre aussi sous le titre Le Fauve à la mitraillette, ainsi que Mad Dog Killer et Beast with a Gun pour son exportation internationale, thriller agressif, néo-polar et donc plus précisément poliziottesco pur et dur, à ne pas mettre devant tous les yeux en raison de certaines scènes très cruelles, dans lequel Helmut Berger s’avère complètement déchaîné. Un très bon cru.
Le dangereux criminel Nanni Vitali, condamné à perpétuité pour avoir tué un vigile et un caissier de banque, s’évade de prison avec quelques complices. Ils parviennent à voler une voiture, puis cambriolent une station-service et battent les propriétaires à mort. Ils kidnappent ensuite Barbareschi, la personne qui avait initialement donné le tuyau aux autorités qui a conduit à l’arrestation de Vitali. Au moment de l’enlèvement de Barbareschi, il y a aussi sa femme, Giuliana, qui est violée par Vitali lui-même tandis que ses complices tabassent et tuent son compagnon. Le commissaire Santini, fils du procureur qui avait condamné Vitali, tente de l’arrêter. L’affrontement se poursuit entre les deux : les criminels font chanter Giuliana, essayant d’organiser avec elle un vol qui échoue grâce aux aveux de la jeune femme, qui se rend au poste de police pour révéler les intentions des criminels. Le commissaire Santini organise alors un piège dans lequel les complices de Vitali sont capturés. Ce dernier parvient à s’échapper. Vitali rend visite à sa sœur pour lui demander de l’argent et lui dit qu’il ne quittera le pays qu’après avoir réglé ses comptes avec le commissaire Santini et avec Giuliana qui l’a trahi. De retour en ville, après s’être assuré la collaboration d’un jeune délinquant, le criminel enlève Carla et le juge Santini, respectivement sœur et père du commissaire. Cette fois, cela devient personnel.
Comme disait Bernard Blier dans Les Tontons flingueurs, « c’est du brutal ». On ne sait pas combien de baffes, de coups de poing et de coups de pied peut mettre Helmut Berger dans Ultime violence, mais cela se compte par dizaines et ce dès la première séquence, quand son personnage, qui vient de se faire la malle, s’en prend à un vigile que lui et ses complices ont pris comme otage. Tout le monde y passe, y compris la belle autrichienne Marisa Mell, immortalisée dix ans plus tôt par Lucio Fulci dans Perversion Story – Una sull’altra, vue aussi dans le sympa Train d’enfer (1965) de Gilles Grangier, Casanova ’70 (1965) de Mario Monicelli, Objectif 500 millions (1966) de Pierre Schoendoerffer, Le Tueur à l’orchidée – Sette orchidee macchiate di rosso (1972) et La Guerre des gang – Milano rovente (1973) d’Umberto Lenzi et bien sûr Danger : Diabolik ! – Diabolik de Mario Bava (1968). Son personnage en prend plein la tronche dès son apparition, frappée, humiliée, violée par Nanni Vitali.
La fragilité de Giuliana contraste évidemment avec l’animosité, l’agressivité, la fureur et l’impétuosité de notre psychopathe, il faut bien le dire formidablement incarné par Helmut Berger, frappadingue à souhait, bien loin de ses compositions chez son mentor et amant Luchino Visconti (Les Sorcières, Les Damnés, Ludwig ou le Crépuscule des dieux, Violence et passion). Celui qui a également brillé chez Vittorio De Sica (Le Jardin des Finzi-Contini), Joseph Losey (Une anglaise romantique) et Maurizio Liverani (Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?) trouve ici l’un de ses rôles les plus jusqu’au-boutistes, sadiques, pervers et explosifs, où il se donne à fond dans l’abjection, en tirant sur tout ce qui bouge, en se foutant volontiers à poil, en repoussant les limites de la vulgarité. Il assure à lui seul le spectacle, même si son partenaire, son adversaire plutôt dans le film, est impeccablement campé par Richard Harrison, acteur vu dans moult séries B voire Z, comme Scalps de Bruno Mattei & Claudio Fragasso et dans Hitman le cobra dans lequel il interprète le légendaire Philliiiiiip !
Mené sur un rythme endiablé, porté par une mise en scène nerveuse et un montage du même acabit, sans oublier la géniale partition d’Umberto Smaila, excellemment interprété, Ultime violence est un divertissement comme on n’en fait plus, devenu culte (il s’agit du film que regarde Bridget Fonda à la télévision dans Jackie Brown de Quentin Tarantino), qui a de la gueule, qui ne caresse pas le spectateur dans le sens du poil, qui ne laisse pas indifférent et qui surtout demeure fabuleusement efficace et jouissif.
LE COMBO BLU-RAY + DVD
Après Les Contrebandiers de Santa Lucia et Flics en jean, Artus Films revient au polizziotesco en Haute-Définition, avec les sorties simultanées d’Ultime violence et Exécutions, désormais disponibles dans la collection Polar. Aujourd’hui, nous nous penchons sur le film culte de Sergio Grieco, présenté en format Digipack, comprenant le DVD et le Blu-ray, glissé dans un fourreau cartonné au visuel forcément attractif et qui saura taper dans l’oeil (au beurre noir) des fans du genre. Le menu principal est fixe et musical.
C’est un rendez-vous que nous apprécions tout particulièrement, l’éditeur a de nouveau fait appel à l’excellent Curd Ridel (que nous saluons au passage), pour nous présenter Ultime violence (33’). Il s’agit ici d’un beau tour d’horizon de la filmographie du réalisateur Sergio Grieco, grand artisan du cinéma Bis, qui aura abordé tous les genres tout au long de sa carrière. Curd Ridel passe ensuite en revue le casting du film qui nous intéresse aujourd’hui.
L’interactivité se clôt sur un large Diaporama de photos et d’affiches d’exploitation, sans oublier un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Ultime violence est présenté dans un master restauré 2K, en Blu-ray, au format 1080p (AVC). Quelques poils et rayures verticales subsistent, ainsi que d’infimes poussières. Mais la copie présentée est somme toute assez réjouissante, stable et lumineuse. La belle photographie signée Vittorio Bernini (La Soeur d’Ursula d’Enzo Milioni) est chatoyante, les couleurs chaudes et bien saturées, les contrastes sont solides, la texture argentique fine, les détails pointus aux quatre coins du cadre large, la profondeur de champ toujours appréciable et le piqué aiguisé. Les quelques plans flous constatés nous semblent d’origine et sont donc restitués ainsi, sans manipulation numérique superflue.
Ceux qui auraient découvert Ultime violence en version française, pourront se ruer sur le mixage LPCM 2.0 de fort bonne qualité et au doublage réussi. La piste italienne n’est pas en reste et offre de belles séquences d’action très dynamiques, avec également un bon report des dialogues et des effets annexes, dont les fameuses baffes à la Terence Hill & Bud Spencer. Les sous-titres français ne sont pas imposés.