Test Blu-ray / The Undoing, réalisé par Susanne Bier

THE UNDOING réalisé par Susanne Bier, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez HBO et Warner Bros.

Acteurs : Nicole Kidman, Hugh Grant, Edgar Ramírez, Noah Jupe, Lily Rabe, Matilda De Angelis, Edan Alexander, Michael Devine, Donald Sutherland, Noma Dumezweni…

Scénario : David E. Kelley; d’après le roman de Jean Hanff Korelitz

Photographie : Anthony Dod Mantle

Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine

Durée : 6h (6 épisodes)

Date de sortie initiale : 2020

LA MINISÉRIE

Thérapeute à succès sur le point de publier son premier livre, Grace Sachs a un mari aimant et un fils qui fréquente une école privée de prestige. Mais soudain, avec une mort violente, un mari qui disparaît et de terribles révélations concernant celui qu’elle pensait connaître, sa vie bascule…

Entre Nicole Kidman et David E. Kelley c’est une affaire qui roule. Après l’immense succès rencontré par les deux saisons de la série Big Little Lies, que la comédienne avait produit avec sa partenaire Reese Witherspoon, les deux associés ont très vite décidé de remettre le couvert avec la libre adaptation – car seuls les deux premiers épisodes en sont tirés – du roman You Should Have Known (2014) de Jean Hanff Korelitz, publié en France aux éditions du Cherche-midi sous le titre Les Premiers impressions. Sous la forme d’une mini-série de six épisodes, pour une durée totale de six heures, The Undoing est indiscutablement l’une des meilleures propositions télévisées de l’année 2020, présentée sur HBO aux Etats-Unis et sur OCS City en France, qui a d’ailleurs connu un triomphe doublé d’un engouement critique incontestable. Si l’on parvient à faire fi – même si cela est très difficile c’est vrai, d’autant plus qu’elle est très souvent filmée en gros plan – du visage figé et ravagé par la chirurgie esthétique de Nicole Kidman (qui interprète également la chanson du générique, une reprise de Dream a Little Dream of me), on se laisse facilement happer par cette histoire de couple bien sous tous rapports, un homme et une femme mariés depuis vingt ans, lui étant un médecin de renom et elle une thérapeute très demandée et spécialisée dans les relations conjugales, bourrés de fric, père et mère d’un jeune adolescent inscrit dans une grande école, qui du jour au lendemain voient leur vie volée en éclats après un meurtre atroce dont le principal suspect est le mari. Entièrement réalisé par la cinéaste danoise Susanne Bier (Brothers – le film original, pas l’horrible remake de Jim Sheridan, After the Wedding, le soporifique Bird Box avec une Sandra Bullock également botoxée), The Undoing vaut pour son élégante mise en scène, la beauté de la photographie d’Anthony Dod Mantle (Festen, Dogville, Le Dernier roi d’Ecosse, Antichrist), la force de son casting, dont un Hugh Grant métamorphosé qui s’impose par son charisme, à qui prendre de la bouteille sied bient et qui s’acquitte merveilleusement d’un rôle ambigu à souhait. Une très belle réussite.

Grace et Jonathan Fraser forment un couple uni de la haute société new-yorkaise : elle est une psychiatre réputée, lui un oncologue pédiatrique reconnu, et leur fils Henry fréquente la très chic Reardon Academy. Dans le cadre de la préparation d’une collecte de fonds pour l’école, Grace fait la connaissance d’Elena Alves, dont le fils est scolarisé à Reardon grâce à une bourse. Au lendemain de la soirée de collecte, Elena est découverte assassinée et Jonathan disparaît. Les certitudes et l’univers de Grace vont s’en trouver remis en cause.

Nicole Kidman (excellente malgré ses traits figés), Hugh Grant, Donald Sutherland, Edgar Ramirez, Lily Rabe (American Horror Story) réunis dans une mini-série dramatique, psychologique et policière, avouez que c’est quand même tentant et l’affiche tient heureusement ses promesses. Ajoutons aussi à ce casting exceptionnel la participation du jeune Noah Jupe, découvert dans le très bon HHhH de Cédric Jimenez, vu ensuite chez George Clooney (Suburbicon), John Krasinski (Sans un bruit), James Mangold (Le Mans 66) et prochainement chez Steven Soderbergh (No Sudden Move), qui est en train de devenir l’un des jeunes comédiens les plus demandés à Hollywood et qui s’avère particulièrement bluffant dans The Undoing, peut-être dans le rôle le plus complexe du show. Les spectateurs masculins ne manqueront pas de remarquer Matilda De Angelis, bombe italienne qui crève l’écran dans la mini-série et dont le personnage fait exploser la vie du couple Fraser dans The Undoing. Mention spéciale également à l’actrice Noma Dumezweni, impériale dans le rôle d’Haley Fitzgerald, l’avocate pénaliste au barreau de New York, qui accepte de défendre Jonathan Fraser, même si tout semble accabler son client.

Chaque épisode, d’une durée aléatoire, de 50 minutes pour le plus court à 1h07 pour le plus long (le dernier de la série), développe intelligemment les personnages, révélant leurs parts d’ombres respectives, leurs doutes, leurs espoirs, leurs pertes de repères évidemment puisque suite à ce crime atroce, la vie de chacun part en éclats. Étant donné que Jonathan Fraser, oncologue reconnu est un individu aisé à qui la vie semble avoir souri jusqu’alors, la ville de New York s’acharne sur celui qui a pourtant consacré toute son existence à sauver celle de ses très jeunes patients, tout en faisant son maximum pour être le meilleur père possible pour son fils Henry, ainsi qu’un époux exemplaire pour son épouse Grace. Mais les indices trouvés sur les lieux du crime sont probants, Jonathan Fraser, après avoir mystérieusement disparu suite à ce meurtre, est retrouvé et arrêté. Mais l’homme continue de nier les faits et déclare être innocent. Alors est-il victime d’un coup monté ? C’est surtout là que The Undoing devient intéressant, puisque chaque protagoniste, y compris Henry et Grace deviennent ambivalents, pour ne pas dire inquiétants. Henry, de peur de voir ses parents divorcer, a-t-il commis ce crime ? Grace, ayant appris la liaison de Jonathan avec Elena, a-t-elle décidé de se débarrasser de sa rivale ? Franklin Reinhardt (Donald Sutherland, immense), détestant ouvertement son gendre, a-t-il tout manigancé pour l’exclure définitivement de la vie de sa fille ? Même l’avocate Sylvia Steineitz (Lily Rabe) devient même énigmatique, car elle paraît tellement fascinée par son amie Grace, que l’on en vient même à penser qu’elle a pu imaginer un plan tordu pour écarter Jonathan, afin qu’elle puisse ensuite la consoler.

Si elle abuse un peu trop des plans montrant Grace déambuler dans les rues de New York ou même des plans rapprochés comme nous le disions plus haut, Susanne Bier filme formidablement les rues de New York, leur donnant une véritable atmosphère, à la fois étranges et solaires, qui donnent à la série une vraie identité. Chaque épisode se clôt sur une nouvelle révélation qui relance encore plus la machine et donne envie d’en savoir toujours plus ou de sonder encore plus loin la psychologie perturbée des personnages, jusqu’à l’ultime épisode et son impressionnante dernière séquence qui se déroule sur un pont. Assurément l’un des grands moments de 2020 à la télévision.

LE COFFRET BLU-RAY

The Undoing atterrit tout naturellement chez HBO en DVD et en Blu-ray. L’édition HD se compose de deux disques, comprenant chacun trois épisodes, disposé dans un boîtier classique de couleur bleue et écoresponsable, comprenez par là utilisant moins de plastique, le tout étant glissé dans un fourreau cartonné au visuel élégant. Le même visuel est par ailleurs repris pour le menu principal, fixe et muet.

Le premier disque propose sept minuscules modules, d’une durée moyenne de deux minutes chacun, donnant la parole à l’ensemble du casting. Les comédiens et la réalisatrice (enregistrés séparément et visiblement chez eux, COVID oblige) racontent l’histoire à leur manière, exposent les personnages, leurs liens et leurs dilemmes, ainsi que les thèmes explorés par la série. Évitez tout de même de vous y intéresser si vous n’avez pas encore vu The Undoing, puisque de nombreux éléments y sont révélés. De (trop) rapides images de plateau dévoilent l’envers du décor.

Même chose pour le second Blu-ray qui donne cette fois la parole à trois autres acteurs oubliés sur le premier, sans oublier un quatrième segment uniquement concentré sur le tournage de la dernière scène du show. Attention aux spoilers donc.

Le bonus le plus long de cette édition (4’) est une conversation très sympa entre Hugh Grant d’un côté et Nicole Kidman de l’autre, face à face, mais respectant la distanciation sociale rassurez-vous, qui reviennent sur la mise en scène de Susanne Bier, sur le plaisir qu’ils ont eu à se donner la réplique, sur les thèmes de la série, ainsi que sur les personnages.

Enfin, le dernier supplément Creating the Undoing (3’) résume un peu tout ce qui a été vu et entendu précédemment (avec des redites) sur la série, ses personnages, ses enjeux, son casting…

L’Image et le son

Lauréat en 2009 d’un Oscar et d’un BAFTA pour son travail sur Slumdog Millionnaire de Danny Boyle, le chef opérateur Anthony Dod Mantle, reste également célèbre pour avoir travaillé avec Lars von Trier sur Dogville (2003), Manderlay (2005) et Antichrist (2009) et Thomas Vinterberg sur Festen (1998), It’s All About Love (2003), Dear Wendy (2005) et Kursk (2018). D’origine danoise, il collabore pour la première fois avec Susanne Bier et signe une magnifique photographie pour The Undoing, qui participe d’ailleurs à la grande réussite de la série. Ses partis-pris froids, parfois glacés, trouvent en Blu-ray un superbe écrin avec une luminosité accrue, des blancs clairs, des contrastes suprêmement élégants. Ajoutez à cela un piqué pointu, des détails à foison (on se serait bien passé de ceux du visage de Nicole Kidman, mais c’était juste pour en remettre une couche), des noirs denses, et vous obtenez le nec plus ultra de la HD pour une série.

La version originale est la seule à bénéficier d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, contrairement à la piste française proposée en Dolby Digital 5.1. Le confort acoustique est assuré pour ces deux options acoustiques, même si les différences sont de taille. Ces deux mixages parviennent néanmoins à créer une spatialisation. Rien que le très beau générique, où Nicole Kidman (non, on ne voit pas son visage, promis c’est la dernière fois) exploite l’ensemble des enceintes. Les dialogues sont exsudés avec force, les effets et ambiances annexes sont riches, amples et variés, surtout en ce qui concerne la cacophonie new yorkaise.

Crédits images : © Home Box Office / Warner Bros. / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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