Test Blu-ray / Rêves sanglants, réalisé par Roger Christian

RÊVES SANGLANTS (The Sender) réalisé par Roger Christian, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 12 juillet 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Kathryn Harrold, Zeljko Ivanek, Shirley Knight, Paul Freeman, Sean Hewitt, Harry Ditson, Olivier Pierre, Marsha Hunt, Angus MacInnes…

Scénario : Thomas Baum

Photographie : Roger Pratt

Musique : Trevor Jones

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Après avoir tenté de se noyer, un jeune homme amnésique est interné en hôpital psychiatrique. Rapidement, le médecin qui s’occupe de lui et certains patients sont victimes d’hallucinations. Le patient semble posséder un curieux pouvoir : il aurait la possibilité de transmettre ses rêves et cauchemars à d’autres personnes…

L’auteur de ces mots n’avait jamais entendu parler de ce film avant son édition en DVD-Blu-ray chez Rimini en juillet 2025. Il s’agit de Rêves sanglants aka The Sender en version originale, premier long-métrage réalisé par Roger Christian. Jusqu’à présent décorateur de plateau (Mon ‘Beau’ légionnaire de Marty Feldman, Star Wars: Épisode IV – Un nouvel espoir de George Lucas, qui lui vaudra un Oscar), directeur artistique (Alien, le 8ème passager de Ridley Scott, Monty Python : La Vie de Brian de Terry Jones), celui-ci passe derrière la caméra avec un court-métrage, Black Angel, qu’il écrit, produit et met en scène en 1980. Cinéphile (il est passionné par Andreï Tarkovski et Ingmar Bergman) et cinéphage (les films d’épouvante s’enchaînent devant ses yeux), Roger Christian a l’opportunité de signer une première œuvre destinée au grand écran avec Rêves sanglants, d’après un scénario de Thomas Baum, visiblement inspiré par sa propre mère, mais aussi par Carrie de Brian De Palma et Patrick de Richard Franklin. S’il n’est pas passé à la postérité, The Sender est finalement resté dans le coeur de beaucoup d’amateurs de cinéma d’horreur et le découvrir aujourd’hui permet de se rendre compte à quel point Roger Christian, auréolé d’un Oscar en 1981 pour son court-métrage The Dollar Bottom en 1981, en avait sous le capot.

Un jeune homme amnésique essaye de se noyer dans un lac. Il est admis dans un centre psychiatrique et mis sous la responsabilité du docteur Gail Farmer. Baptisé « John Doe #83 », le patient semble posséder un curieux pouvoir : il aurait la possibilité d’envoyer ses rêves et cauchemars dans l’esprit d’autres personnes. Tout comme de nombreux autres patients du centre, Gail Farmer est victime d’hallucinations troublantes et ne parvient plus à distinguer la frontière entre rêve et réalité. Elle est persuadée de parler à la mère de son patient, qui lui affirme que son fils est une réincarnation du Christ. Seul problème, la mère de « John Doe #83 » est morte depuis cinq jours…

Rêves sanglants revient de loin, car après un passage éclair dans les salles américaines, où le film a quasiment été retiré avant que la colle des affiches soit sèche, ce premier long-métrage est sélectionné au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1983. Mais la concurrence est rude avec pas moins que Dark Crystal de Jim Henson et Frank Oz, Le Démon dans l’île de Francis Leroi, Le Dernier combat de Luc Besson et L’Emprise de Sidney J. Furie. Oui d’accord, il y avait aussi Dar l’invincible de Don Coscarelli. Si le président George Miller avait été plutôt emballé par Rêves sanglants, aucune récompense ne viendra le couronner et son exploitation internationale devait alors être tuée dans l’oeuf. Néanmoins, le succès viendra progressivement, grâce à la VHS.

L’histoire peut paraître classique, mais celle-ci annonce étrangement Les Griffes de la nuit A Nightmare on Elm Street de Wes Crave, qui ne sortira qu’en 1984, soit deux ans après Rêves sanglants. Point de croque-mitaine à la peau calcinée ici, mais une mère de famille quelque peu frappadingue. On reste tout de même dans le domaine du bogeyman finalement. L’un des gros atouts de The Sender est sa distribution composée de comédiens inconnus – ou presque – au bataillon. Le rôle principal est campé par la belle Kathryn Harrold, vue précédemment dans Le Chasseur, aux côtés de Steve McQueen, et que l’on reverra plus tard face à Arnold Schwarzenegger dans Le Contrat, ainsi que dans le génial Série noire pour une nuit blanche de John Landis. Elle s’impose facilement, rappelle beaucoup la magnifique Virginia Madsen dans Candyman et apporte autant de force que de sensibilité dans la peau de Gail Farmer, qui va tout faire pour aider ce patient insolite, auquel elle va être rattachée au-delà de tout entendement. John Doe #83 est quant à lui interprété par Zeljko Ivanek, alors au début d’une carrière qui sera bien remplie, puisque sa filmographie affiche de nombreuses participations à quelques films bien connus, de Donnie Brasco au Dernier Duel de Ridley Scott, en passant par Dancer in the Dark, Hannibal, La Chute du Faucon Noir, Bons baisers de Bruges et Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance, sans compter une multitude de séries télévisées. Il est impeccable ici et le duo formé avec sa partenaire fonctionne à plein régime. Les cinéphiles reconnaîtront aussi Paul Freeman, plus connu pour son personnage de Belloq dans Les Aventuriers de l’arche perdueRaiders of the Lost Ark de Steven Spielberg, qui incarne dans Rêves sanglants un médecin adepte de la sismothérapie, qui voudrait exercer sa spécialité sur cet étrange patient.

Nous sommes plus dans le registre du thriller fantastique (par ailleurs superbement photographié par Roger Pratt, chef opérateur de L’Armée des 12 singes, Batman et Fisher King) que de l’horreur et certaines séquences, à l’instar de l’opération qui vire au cauchemar pour le personnel médical, ne sont pas sans rappeler l’univers de David Cronenberg, tandis que d’autres, comme celle où les miroirs se mettent à saigner dans les toilettes, font écho à celui de Stephen King.

Autant dire que Rêves sanglants demeure on ne peut plus plaisant et saura sûrement convaincre de nouveaux spectateurs, comme cela a été le cas pour Homepopcorn.

LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRET

Rêves sanglants intègre logiquement la collection Angoisse chez Rimini Éditions. Une anthologie que nous n’avons eu de cesse de vous disséquer de long en large, du premier numéro à celui-ci, avec toujours autant de passion que l’on sait contagieuse. Le DVD et le Blu-ray sont comme d’habitude bien logés dans un boitier Digipack à trois volets, glissé dans un fourreau cartonné, qui contient également le livret attendu de Marc Toullec, 24 pages remplies d’anecdotes sur la genèse du film, sur la carrière de Roger Christian, l’écriture et l’évolution du scénario de Thomas Baum, le casting, les conditions de tournage, la sortie rapide du film dans les salles, puis sa véritable découverte grâce au succès de la VHS. Le menu principal est animé et musical.

Hormis la bande-annonce, aucun autre bonus ne vient garnir la galette…

L’Image et le son


Rêves sanglants apparaît dans les bacs en Haute-Définition. Un Blu-ray au format 1080p plus que correct et qui tire indéniablement profite de cette promotion inattendue. Les détails de l’image et les textures sont globalement bons, surtout lors des gros plans en extérieur. Les scènes plus sombres manquent sensiblement de définition. La texture argentique est préservée, bien gérée, équilibrée, diverses poussières et griffures subsistent, sans que cela soit gênant pour le visionnage.


Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. L’écoute dans notre langue rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé, qui bénéficie du doublage d’époque très réussi. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets et la délivrance de la musique. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Éditions / Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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