Test Blu-ray / Ratman, réalisé par Giuliano Carnimeo

RATMAN (Quella villa in fondo al parco) réalisé par Giuliano Carnimeo, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : David Warbeck, Janet Agren, Eva Grimaldi, Luisa Menon, Werner Pochath, Nelson de la Rosa, Anna Silvia Grullon, Pepito Guerra…

Scénario : Dardano Sacchetti

Photographie : Roberto Girometti

Musique : Stefano Mainetti

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Le corps d’un mannequin, dévoré par des rats, est retrouvé sur une île des Caraïbes. Terry, la sœur de la victime, arrive sur les lieux et enquête avec l’aide d’un auteur de romans policiers rencontré à l’aéroport. Personne ne sait que le meurtrier est un mutant féroce, mi-singe, mi-rat.

(Voix grave et basse) In a world where…non, dans un monde où la peur peut prendre toutes les apparences possibles et imaginables, rien n’a pu vous préparer à celle de…Ratman ! Oui, Ratman (ou Quella villa in fondo al parco en version originale), l’avant-dernier long-métrage de Giuliano Carnimeo (1932-2016), réalisateur de l’excellent Les Rendez-vous de Satan Perché quelle strane gocce di sangue sul corpo di Jennifer? (1972) avec la sublime Edwige Fenech, mais surtout d’une pelletée de westerns aux titres qui fleurent bon le cinéma italien d’alors, Bonnes funérailles, amis, Sartana paieraBuon funerale amigos! paga Sartana (1970) et Quand les colts fument, on l’appelle CimetièreGli fumavano le Colt… lo chiamavano Camposanto (1971) avec Gianni Garko, Django arrive, préparez vos cercueilsC’è Sartana… vendi la pistola e comprati la bara (1970) avec George Hilton. Un metteur en scène qui comme de nombreux confrères savait s’adapter aux goûts du public en passant d’un genre à l’autre, avec une certaine efficacité technique, mais sans toutefois imprimer une griffe reconnaissable. Et ce n’est pas ce Ratman, film « d’épouvante » tardif qui aura permis à Giuliano Carnimeo de passer à la postérité…C’est bien simple, rien ne fonctionne dans cet opus mal torché fagoté, risible, tombé directement dans la benne des nanars, pour ne plus jamais en sortir. Car évidemment, il ne faut pas s’attendre à avoir des sueurs froides devant Ratman, durant lequel il ne se passe pas grand-chose, en dehors de la sculpturale Eva Grimaldi qui s’époumone (et elle a tout ce qu’il faut pour le faire) constamment, tandis que la « créature » interprétée par Nelson de la Rosa, acteur dominicain mesurant 71 centimètres, fait peine à voir, mais arrachera beaucoup de sourire à chaque apparition. Ce n’est pas mauvais, c’est très mauvais comme disait Louis de Funès dans La Grande vadrouille, mais on le savait d’entrée de jeu en enclenchant le bouzin. Pervers que nous sommes et nous savons que vous l’êtes aussi si vous lisez cet article, nous allons jusqu’au bout tout de même, sommes récompensés par une scène de douche totalement gratos et rions souvent de bon coeur devant l’ineptie totale de cette mauvaise entreprise.

Fred Williams, écrivain, et Terry, la fille d’un sénateur, se rendent sur une île des Caraïbes et font connaissance dans un taxi. La jeune femme est venue identifier le corps de sa soeur, Marlis, à la morgue. Mais le cadavre s’avère être celui d’une amie de Marlis. Décidée à retrouver sa soeur, Terry compte partir dans la jungle, où Marlis devait effectuer une séance photo. Williams se propose alors de l’accompagner. Le duo est loin de se douter qu’un monstre hybride mangeur de chair humaine rôde dans les environs…

Pour sauver ce qui peut l’être, mentionnons la présence d’Eva Grimaldi comme tête d’affiche. Si elle reste essentiellement « connue » en France pour avoir incarné la girlfriend aux gros seins de Gérard Depardieu dans Les Anges gardiens (ça y est ? Vous remettez?), celle-ci avait déjà été remarquée par Joe d’Amato qui devait lui offrir son premier rôle au cinéma dans On l’appelle sœur DésirLa Monaca del peccato de Joe D’Amato en 1986. Ancienne mannequin aux formes plus qu’avantageuses, elle tape dans l’oeil expert de Federico Fellini (excusez du peu) qui l’engage pour Intervista. Les propositions s’enchaînent (même Claude Chabrol l’embauche pour la débauche dans Jours tranquilles à Clichy), dont le fameux Ratman qui nous occupe aujourd’hui. Si celle-ci passe la moitié du film à prendre la pose (étant donné qu’elle interprète une top-model), sa beauté sauvage est bien mise en valeur par le directeur de la photographie Roberto Girometti (dont la carrière pourtant prolifique, demeure obscure), qui semble d’ailleurs uniquement préoccupé par cela.

Dans le rôle-titre, Nelson de la Rosa (disparu en 2006 et âgé de 20 ans au moment du tournage), que l’on reverra plus tard dans L’Île du docteur Moreau de John Frankenheimer, sommairement grimé et arborant de fausses et improbables dents de rongeur, se contente de sourire légèrement face caméra, le cinéaste espérant sans doute que cela provoque son effet auprès des spectateurs les plus naïfs. Car Ratman se contente de compiler les scènes qui ne servent à rien. C’est le cas de « l’enquête » menée par Fred Williams (le néo-zélandais David Warbeck, Formule pour un meurtre, Les Aventures du cobra d’or, L’Au-delà) et Terry (la suédoise Janet Agren, L’Assassin a réservé 9 fauteuils, Une langouste au petit-déjeuner), qui ne sert strictement à rien, qui n’avance jamais et au cours de laquelle les deux ne cessent de faire des suppositions (attention, dialogues recherchés), sans pour autant faire avancer l’intrigue.

L’essentiel est bien évidemment dans ce qui ne va pas, c’est-à-dire tout. La photographie (on ne voit ou comprend rien lors des « attaques »), le montage de Vincenzo Tomassi (qui compte pourtant à son actif Un condé, Holocaust 2000 et de très nombreux Lucio Fulci), la musique de Stefano Mainetti (Zombi 3, auquel on pense d’ailleurs beaucoup devant Ratman), le scénario de Dardano Sacchetti (Blastfighter, l’exécuteur, La Maison de la terreur), les maquillages, tout est aux pâquerettes. aux ras du bitume, dans les nappes phréatiques. Et pourtant, on ne saurait détesté Ratman, ce nouvel hybride créé en insérant du sperme de rat dans un ovule de guenon, disposant d’un puissant venin dans ses dents et sous ses ongles, qui provoque une leptospirose instantanée qui peut tuer un être humain en quelques secondes. C’est ce que le savant fou nous dit au début du film.

Le rythme est très lent, la mise en scène n’aide pas (du genre à montrer l’atterrissage complet d’un avion sur le tarmac), mais le public avide de ce genre de spectacle saura comment appréhender ce monstre possédant l’instinct du rat et l’intelligence du singe, ainsi que le faciès de Zemmour et la taille de Sarkozy sans talonnettes. À coupler avec Le Clandestin Uninvited de Greydon Clark, sorti la même année, pour vous faire une bonne soirée nanar bien arrosée.

LE BLU-RAY

Ratman débarque en HD chez Le Chat qui fume ! Et le félin a dû sérieusement crapoter pour proposer ce titre dans son catalogue ! Le film de Giuliano Carnimeo bénéficie du même traitement que d’autres opus dits prestigieux disponible dans la même crémerie, à savoir une galette bien harnachée (et génialement sérigraphiée) dans un boîtier Scanavo élégant, qui arbore une jaquette au visuel percutant. Également présent dans ce boîtier, un livret de 12 pages qui réunit des photos d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Le premier supplément est un entretien avec le directeur de la photographie Roberto Girometti (21’). Ce dernier évoque longuement Giuliano Carnimeo, « une personne merveilleuse », se souvient de cette « époque magnifique pour le cinéma », avant d’en venir plus précisément à Ratman. Les conditions de tournage sont passées en revue (seulement 3 semaines de prises de vue), ainsi que le casting (la découverte de Nelson de la Rosa, la « belle belle belle » Eva Grimaldi), tout en donnant son avis sur ce qui aurait pu être « mieux fait », notamment lors des scènes d’horreur qui sont pour lui beaucoup trop sombres.

Ensuite, l’éditeur a pu mettre la main sur une intervention de Dardano Sacchetti (28’). Le scénariste revient sur la genèse de Ratman, né d’une idée du producteur Fabrizio De Angelis, après sa découverte de Nelson de la Rosa en lisant un article lu dans le journal, qui évoquait « l’homme le plus petit du monde ». L’idée de Ratman, faire un film d’horreur qui pouvait exploiter la particularité physique de Nelson de la Rosa, a donné naissance à un scénario écrit en 5 ou 6 jours. Mais Dardano Sacchetti déclare rapidement que Giuliano Carnimeo n’a pas su rendre l’ambiance pesante sur laquelle il misait, le cinéaste assistant trop lourdement sur les belles formes d’Eva Grimaldi, plutôt que de se concentrer sur le « monstre », pas assez présent à l’écran. Un « potentiel gâché », « comme si le réalisateur avait renié l’idée de départ, qui pouvait donné naissance à un grand film, d’autant plus que Carnimeo avait les tous les moyens pour faire un bon film, mais pour lequel il lui manquait une méchanceté ». Tout cela en raison de l’essai passé par Eva Grimaldi, qui a donné chaud à Carnimeo, suite auquel le metteur en scène décide non seulement de lui offrir le rôle de Marlis, mais aussi de l’étoffer, au point d’évincer le monstre principal.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Restauration 4K réalisée à partir du négatif original. Cette édition Haute-Définition de Ratman confortera à la fois les puristes, soucieux de retrouver la patine de cette oeuvre devenue culte, et les adeptes du support Blu-ray. Sans jamais dénaturer le grain original, parfois plus appuyé sur les nombreuses séquences sombres, Le Chat qui fume a trouvé le compromis entre le respect des volontés artistiques originales et l’upgrade numérique. Les contrastes sont au beau fixe (certains trouveront peut-être l’image trop sombre), les noirs denses, la copie stable et d’une propreté immaculée et les couleurs ravivées. Les scènes diurnes sont lumineuses et le piqué est inédit. Tourné avec un budget qu’on imagine minuscule, Ratman est un tout petit film et ses partis pris occasionnent quelques plans flous, qui apparaissent encore ainsi en HD. La restauration est donc éloquente, très plaisante et surtout très réussie. Blu-ray au format 1080p.

La piste anglaise (à privilégier) et française sont présentées en 2.0 et instaurent toutes deux un bon confort acoustique, sans souffle, propre, avec une très bonne délivrance des dialogues. La musique bénéficie d’une belle ouverture des canaux, le mauvais et sympathique doublage français fait son effet et les effets annexes riches.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Surf Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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