Test Blu-ray / Race for Glory, réalisé par Stefano Mordini

RACE FOR GLORY (Audi Vs Lancia) réalisé par Stefano Mordini, disponible en DVD & Blu-ray le 7 juin 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Riccardo Scamarcio, Daniel Brühl, Katie Clarkson-Hill, Volker Bruch, Esther Garrel, Bruno Gouery, Carlotta Verny, Jacopo Rampini…

Scénario : Filippo Bologna, Stefano Mordini & Riccardo Scamarcio

Photographie : Luigi Martinucci

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

1983, la rivalité est à son paroxysme, entre l’écurie italienne Lancia, dirigée par le charismatique Cesare Fiorio et la puissante équipe allemande Audi, dirigée par le redoutable Roland Gumpert. Mais, c’est sur le terrain, pilotées respectivement par Walter Röhrl et Hannu Mikkola, que leurs voitures : la Lancia Rally 037 et l’Audi Quattro, les départageront durant un championnat du monde des rallyes devenu légendaire.

Entre le sport automobile et le cinéma, ça n’a jamais vraiment été une histoire d’amour et rares sont les films traitant ce sujet qui sont véritablement passés à la postérité. On peut citer en vrac Grand Prix (1966) de John Frankenheimer, Virages (1969) de James Goldstone, Le Mans (1971) de Lee H. Katzin, Gonflés à bloc (1969) de Ken Annakin, Jours de tonnerre (1990) de Tony Scott, Driven (2001) de Renny Harlin, Michel Vaillant (2003) de Louis-Pascal Couvelaire, Speed Racer (2008) des sœurs Wachowski, Rush (2013) de Ron Howard et Gran Turismo (2023) de Neill Blomkamp. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, on en oublie évidemment certains. Même l’Italie vient de livrer son opus, Race for Glory, surfant probablement sur le beau succès rencontré par Le Mans 66 (2019) de James Mangold, y compris dans son titre original, Audi Vs Lancia. Projet mené du début à la fin par le comédien Riccardo Scamarcio, qui officie ici comme interprète principal, coscénariste et coproducteur, Race for Glory rappelle parfois le côté opportuniste du cinéma d’exploitation des années 1970-80, qui recopiait les succès étrangers, passés à la sauce pesto. Audi Vs Lancia n’a rien de déshonorant, s’avère même sympathique à plus d’un titre, patine certes au niveau de sa mise en scène, mais repose sur des acteurs attachants et une histoire certes très classique (et essentiellement tirée de faits réels), mais bien menée et divertissante.

En 1983, Audi et Lancia participent au championnat du monde des rallyes, discipline attirant les constructeurs automobiles en raison de son impact commercial. L’écurie allemande est la grande favorite avec l’Audi Quattro, jugée révolutionnaire grâce à ses quatre roues motrices. L’écurie est dirigée par l’ingénieur Roland Gumpert. Son homologue de chez Lancia, Cesare Fiorio, sent qu’il doit gagner car ses supérieurs commencent à s’impatienter. Lancia et le groupe Fiat veulent absolument remporter le titre constructeurs, malgré des moyens bien plus faibles qu’Audi. Fiorio pense tout de même pouvoir rivaliser avec la marque allemande, même si Lancia ne développe pas une quatre roues motrices (la marque italienne développe alors la Lancia Rally 037). Il veut confier le volant d’une des voitures au pilote allemand Walter Röhrl, sacré champion du monde la saison précédente. Mais ce dernier, lassé de la célébrité et des victoires, ne semble pas très motivé. Il accepte finalement la proposition à condition de ne participer qu’à une saison partielle. Il avertit aussi Cesare Fiorio que la 037 serait trop dangereuse sur les rallyes sur neige car selon lui, elle est trop légère et fragile. La saison commence par le Rallye Monte-Carlo.

On ne retiendra pas grand-chose de la réalisation de Stefano Mordini, inconnu au bataillon, mais avec lequel Riccardo Scamarcio avait déjà collaboré à plusieurs reprises. Race for Glory est leur quatrième association après Périclès le noir Pericle il Nero (2016), Le Témoin invisible Il testimone invisibile (2018) et Gli infedeli (2020) de Stefano Mordini, avec une visée internationale, le film ayant principalement été tourné en langue anglaise, matinée (forcément) d’italien et de français. Si le budget était plutôt confortable, l’ensemble manque souvent de souffle et finalement, on ne retient pas beaucoup d’éléments des courses parsemées durant ces 100 minutes, mais heureusement les personnages sont intéressants et on sent l’investissement de sa tête d’affiche, qui s’est passionné pour le sujet, des suites de sa rencontre avec Cesare Fiorio, directeur sportif emblématique des années 70 et 80. Ce sont les souvenirs personnels de ce dernier qui ont inspiré Riccardo Scamario, Stefano Mordini et Filippo Bologna (Perfetti sconosciuti de Paola Genovese) et qui ont nourri ce portrait, évidemment aimable, de celui qui a osé affronté le géant Audi, lors du championnat du monde des rallyes 1983, malgré sa position d’outsider improbable avec sa voiture Lancia de catégorie groupe B.

En voyant le nom de l’excellent Daniel Brühl au générique de Race for Glory, on pense tout de suite à son explosive prestation dans le génial Rush susmentionné, dans lequel il incarnait le pilote Niki Lauda. Il ne prend pas le volant ici, mais campe Roland Gumpert, le rival de Cesare Fiorio. Si les protagonistes manquent de chair, en particulier les éléments féminins interprétés par Katie Clarkson-Hill (la série Hanna) et Esther Garrel (Le Grand chariot, Call Me by Your Name), surtout la seconde qui n’a absolument rien à défendre, la tête d’affiche assure le show en étant quasiment omniprésent à l’écran, qui a pris de la bouteille et donc encore plus en charisme et qui à bientôt 45 ans arrive à un tournant de sa carrière, plus de vingt ans après sa première apparition dans le merveilleux Nos meilleures années La meglio gioventù de Marco Tullio Giordana. Il est assurément la raison d’être d’Audi Vs Lancia et porte facilement sur ses épaules ce petit blockbuster transalpin. Notons aussi la présence du solide Volker Bruch, vu dans The Reader de Stephen Daldry, La Bande à BaaderDer Baader Meinhof Komplex d’Uli Edel et HHhH de Cédric Jimenez, parfait dans le rôle Walter Röhrl, double Champion du monde des rallyes, élément indispensable pour affronter Audi, alors en supériorité technique et disposant de moyens beaucoup plus conséquents.

Dommage que la reconstitution passe inaperçue (tout a été tourné en Italie, ça se ressent et rend peu crédible les scènes supposées se dérouler en Grèce ou en Finlande), que l’aspect parfois téléfilm prenne le pas sur l’ampleur que l’histoire demandait sans doute plus. En l’état, Race for Glory est une bonne tentative de spectacle à l’américaine faite par des européens et pas besoin d’être intéressé par ce sport en particulier pour au final passer un bon moment.

LE BLU-RAY

Metropolitan Film & Video se charge du service après-vente pour Race for Glory, après avoir attiré à peine 50.000 spectateurs français dans les salles…un échec également de l’autre côté des Alpes, puisque seulement un peu plus de 178.000 italiens sont allés découvrir ce film au cinéma. Il n’empêche que le visuel de l’édition HD est attractif et que le menu principal, animé et musical, promet du lourd.

C’est ce qu’on nous fait entendre également au fil du making of (25’), proposé en bonus sur cette galette. Les acteurs se prêtent au jeu de la promo, ainsi que le réalisateur, la créatrice des costumes, sans oublier les frères Baldi, motoristes sur les circuits en 1983, qui ont officié comme consultants sur Audi Vs Lancia. De nombreuses images de tournage et de plateau donnent un bel aperçu de cette production et les propos (parfois redondants, notamment l’argument du « David contre Goliath ») donnent de bonnes indications sur la genèse du film, sur les personnages et les conditions de prises de vue.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Un très bel objet que ce master HD. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre large. Certains plans nocturnes sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute Définition. Les gros plans peuvent être analysés sans problème puisque la caméra colle parfois au plus près des personnages, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement. Ce Blu-ray est une franche réussite technique et la profondeur de champ laisse souvent pantois.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 7.1 particulièrement bluffants, surtout dans les scènes de courses, mais également dans les séquences plus calmes. Les quelques pics d’action peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets en tous genres qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. À ce titre, la version originale l’emporte sur son homologue. Présence d’une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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