LES TORTIONNAIRES DU CAMP D’AMOUR (Orinoco: Prigioniere del sesso) réalisé par Edoardo Mulargia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 avril 2023 chez Artus Films.
Acteurs : Anthony Steffen, Ajita Wilson, Cristina Lay, Stelio Candelli, Luciano Rossi, Aldo Minandri, Gota Gobert, Zaira Zoccheddu…
Scénario : Sergio Chiusi, Gil Carretero & Anthony La Penna
Photographie : Manuel Mateos
Musique : Marcello Giombini
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 1980
LE FILM
Au cœur de la jungle amazonienne, le contrebandier Jordan utilise des femmes esclaves pour exploiter une mine d’émeraudes, leur faisant subir les pires sévices. Le révolutionnaire Laredo convoite la mine pour financer sa cause, et entreprend d’attaquer Jordan, comptant sur l’aide des prisonnières.
Tiens, revoilà nos prisonnières sexy ! Chose étrange, Les Tortionnaires du camp d’amour – Orinoco: Prigioniere del sesso n’est pas du tout une suite aux Évadées du camp d’amour, contrairement à ce que son titre français pourrait nous faire penser. D’ailleurs, pour être précis, le titre d’exploitation hexagonal demeure La Fin des tortionnaires du camp d’amour n. 2. Allez comprendre. Alors oui, où nous en étions…cet opus a effectivement été tourné en même temps que Les Évadées du camp d’amour, coécrit par les mêmes scénaristes, dans les mêmes décors, avec quasiment la même distribution, par le même réalisateur, une équipe technique identique…mais il ne s’agit pas d’une sequel. En l’état, Les Tortionnaires du camp d’amour est moins attrayant que le « précédent », plus longuet, moins sexuel aussi (sans doute pour ça qu’on trouve le temps long), l’histoire reposant non pas sur une évasion cette fois, mais sur une invasion, puisque le camp central va être pris d’assaut par une bande de révolutionnaires armés jusqu’aux dents, autrement dit leur bite et leur couteau. Ces derniers sont menés par Laredo, le grand chef qui aime bien montrer son torse nu imberbe de quinquagénaire et tourné ses yeux bleus vers le soleil pour qu’on puisse les admirer. Cet être modeste et discret fomente une attaque pour s’emparer du magot du camp, les pierres précieuses récoltées par les femmes-esclaves dans des conditions inhumaines, afin d’agrandir sa petite entreprise. De leur côté, les captives aux jambes longues et fuselées, et très souvent aussi à la poitrine dénudée, qui se caressent sous la douche à côté de leurs copines…bref, celles-ci échafaudent un plan d’évasion dans l’espoir d’échapper à l’enfer du camp. Laredo va s’interposer et tout se terminera dans un joyeux bordel rempli d’explosions qui font boum et de fusillades qui font tatatata. Entre le prologue rigolo tourné dans un Center Parc romain et le final généreux en bastos, il n’y a malheureusement rien ou presque à se mettre sous la dent. Reste la curiosité de découvrir ce film après Les Évadées du camp d’amour, comme s’il s’agissait d’une version alternative.
Anthony Steffen est de retour, ainsi qu’Ajita Wilson, Cristina Lai, Maite Nicote, Serafino Profumo, mais les comédiens n’interprètent pas les mêmes personnages. Le premier passe d’ailleurs du toubib alcoolique au leader révolutionnaire qui sort les pectoraux, tandis que les actrices endossent à nouveau les uniformes déchirés des prisonnières. Un autre Women In Prison donc, mais moins rentre-dedans, dans tous les sens du terme. Peu d’éléments nous emballent dans ces Tortionnaires du camp d’amour, mais on peut s’amuser avec les fusillades molles, des gros plans et des zooms sur les poitrines fièrement dressées de ces dames, leurs fesses et même leurs toisons fournies, mais on préférait Les Évadées du camp d’amour, plus putassier, moins bavard. Une scène saphique et pornographique étonne au milieu de toutes ces scènes marrantes malgré-elles, avec la dénommée Ajita Wilson, la même année que La Guerre des gangs de Lucio Fulci et que l’on reverra plus tard dans Sévices à la prison des femmes –Detenute violente de Gianni Siragusa et bien sûr Sadomania de Jess Franco. On aime aussi l’impayable Luciano Rossi, rappelez-vous, Timide dans On l’appelle Trinita et Geronimo dans Deux super-flics !, qui comme à son habitude en fait toujours des tonnes.
De son côté, Edoardo Mulargia ne semble guère intéressé par ce qu’il est en train de faire, plante sa caméra dans un coin et attend que ça se passe devant, en faisant confiance à son casting pour remplir suffisamment le cadre. Au niveau de la musique, de la photographie et des décors, c’est aussi le calme plat. Mais l’anecdote la plus sympathique concernant La Fin des tortionnaires du camp d’amour n. 2 (on l’adore ce titre) est que cinq plus tard, un film intitulé Savage Island et « mis en scène » par Ted Nicolaou, reprendra beaucoup de scènes du film d’Edoardo Mulargia, auxquelles seront greffées d’autres petites séquences tournées avec Linda Blair, et hop l’affaire est emballée !
Tout cela pour dire qu’on a pas mal blablaté pour tenter de vous éclairer un peu sur Les Tortionnaires du camp d’amour, sur lequel il n’y a franchement pas grand-chose à déclarer, si ce n’est que ce long-métrage peut vous distraire le temps d’une soirée placée sous le signe de la léthargie…mais de là à le revoir après, il ne faut quand même pas exagérer comme le disait Fred Williamson dans Vivre pour survivre – White Fire. Celui-là en revanche, on se le referait bien !
LE COMBO BLU-RAY + DVD
Magnifique objet que nous présente aujourd’hui Artus Films ! Les Évadées du camp d’amour, mais aussi sa fausse suite Les Tortionnaires du camp d’amour, sont désormais présentés dans de luxueux Digipack à deux volets, magnifiquement illustrés, le tout glissé dans des fourreaux cartonnés aux visuels somptueux. Le menu principal est fixe et musical.
Christophe Bier deuxième ! Après nous avoir longuement présenté Les Évadées du camp d’amour, le réalisateur, historien et critique de cinéma revient logiquement nous parler des Tortionnaires du camp d’amour (34’). Dans un premier temps, cette intervention oppose les deux films d’Edoardo Mulargia, « qui n’ont rien à voir, même s’ils ont été tourné en même temps, par le même réalisateur, avec les mêmes comédiens, dans les mêmes décors, comme le voulait souvent l’univers impitoyable et roublard du cinéma Bis » indique Christophe Bier, en ajoutant « ça n’a pas été une si bonne affaire pour les producteurs d’ailleurs, puisque Les Évadées du camp d’amour a fait deux fois plus de recettes, ce qui est injuste car Les Tortionnaires du camp d’amour est le meilleur des deux ». À vous de juger bien sûr, nous pensons le contraire. Puis, l’invité d’Artus Films évoque aussi les lieux de tournage, les ingrédients typiques d’un Women In Prison, le scénario « plus ambitieux » du film par rapport aux Évadées, le casting, ainsi que le bidouillage étrange ayant conduit à la « réalisation » de Savage Island cinq ans plus tard avec Linda Blair.
Maurizio Centini, deuxième aussi ! Cette fois, le directeur de la photographie nous parle du tournage des Évadées du camp d’amour et des Tortionnaires du camp d’amour, survenu en même temps, durant cinq ou six semaines, sur le Tibre (17’30). Ainsi, les conditions de tournage sont abordées, on apprend qu’Anthony Steffen « faisait sa diva » en se plaignant sans cesse des éclairages dirigés vers ses yeux, qu’Ajita Wilson était une merveilleuse personne (Maurizio Centini déclare avoir été fasciné par son regard) et qu’une version allemande avait été projetée avec des inserts pornographiques d’origine inconnue.
L’interactivité se clôt sur un Diaporama d’affiches et de photos d’exploitations.
L’Image et le son
C’est moins bon que pour Les Évadées du camp d’amour…On se demande même parfois s’il ne s’agit pas d’une version VHS bidouillée, puisqu’on peut apercevoir sur les scènes sombres une singulière bande passante défiler de bas en haut…L’image est propre hein, même si quelques pétouilles subsistent, mais les couleurs laissent à désirer, quelques changements chromatiques font leur apparition au cours d’une même séquence, ainsi que des flous, le teint des comédiens peut virer au rose en une seconde. C’est pas faux nichons. Folichon pardon. Vous êtes marrant vous, on perd les boules avec toutes ces donzelles à oilp. La boule. Bref.
La version française est amusante avec un doublage aux petits oignons. En revanche, ce mixage se focalise un peu trop sur les voix au détriment des effets. La piste italienne est plus aérée avec un meilleur rend de la musique, des ambiances annexes et des dialogues.
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