LES 4 FILS DE KATIE ELDER (The Sons of Katie Elder) réalisé par Henry Hathaway, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.
Acteurs : John Wayne, Dean Martin, Michael Anderson Jr., Earl Holliman, George Kennedy, Dennis Hopper, Martha Hyer, Jeremy Slate…
Scénario : William H. Wright, Allan Weiss & Harry Essex
Photographie : Lucien Ballard
Musique : Elmer Bernstein
Durée : 2h02
Année de sortie : 1965
LE FILM
Les quatre fils de Katie Elder sont réunis à Clearwater, Texas, pour l’enterrement de leur mère. Ils découvrent que celle-ci était dans la misère. Leur père avait perdu son ranch au jeu, un jeu truqué, avant d’être assassiné par Morgan Hastings. Les frères mènent alors l’enquête…
Quand on évoque Henry Leopold de Fiennes alias Henry Hathaway (1898-1985), on pense immédiatement au Carrefour de la mort – Kiss of Death (1947), L’Attaque de la malle-poste – Rawhide (1951), Niagara (1953), Prince Vaillant – Prince Valiant (1954), Le Plus Grand Cirque du monde – Circus World (1964), Nevada Smith (1966) et bien évidemment à Cent dollars pour un shérif – True Grit (1969) qui aura valu à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur et qui connaîtra un remake éponyme réalisé en 2010 par les frères Coen. Étrangement et malgré son triomphe en 1965, Les Quatre Fils de Katie Elder – The Sons of Katie Elder est souvent oublié aujourd’hui dans la longue (42 ans) et prolifique (près de 70 longs-métrages) carrière du cinéaste. C’est un film qui donne envie d’écrire une lettre d’amour au cinéma. Celui que l’on regarde avec des yeux émerveillés, qui accroche un sourire aux lèvres des spectateurs pendant deux heures, même durant les moments émouvants, car ce qui est beau rend heureux. Les Quatre Fils de Katie Elder est un film fantastique, où chaque plan est sublime, où les comédiens – John Wayne en tête – sont extraordinaires, où chaque réplique fait mouche, où l’émotion, la mélancolie et l’humour arrivent toujours là où on s’y attend le moins, qui offre une évasion doublée d’un voyage dans le temps, tout en conservant une folle modernité près de soixante ans après sa sortie. C’est un film dont on voudrait parler partout et conseiller à n’importe qui. C’est ça le vrai cinéma.
En 1898, John Elder (John Wayne) et ses trois frères, Tom (Dean Martin), Bud (Michael Anderson Jr.) et Matt (Earl Holliman), se rendent à Clearwater, dans le Texas, pour l’enterrement de leur mère, Katie, dont ils n’avaient pas eu de nouvelles depuis longtemps. Sur place, ils découvrent bien vite que celle-ci est morte dans la plus grande pauvreté et ne recevait que très rarement des visites. Désormais, le ranch familial appartient à Morgan Hastings (James Gregory), qui, curieusement, l’a gagné au poker le soir même où leur père a été assassiné. Le drame n’a eu que deux témoins : Morgan lui-même et son fils. Malgré les avertissements du shérif, qui ne voit pas leur retour d’un bon oeil, les quatre frères décident de poursuivre leurs investigations. Les trois plus âgés des Elder ont la gâchette facile, surtout l’aîné John, recherché par la loi. Le cadet, Bud, voudrait suivre leur « exemple », alors que sa mère aurait souhaité qu’il fasse des études. Les circonstances de la cession du ranch familial restant obscures et Hastings ayant embauché un homme de main, Curley (George Kennedy), pour éliminer John, l’affrontement devient inévitable.
The Sons of Katie Elder est un des derniers grands classiques du western américain, genre qui tombait alors en désuétude et qui allait définitivement disparaître pour laisser la place au Nouvel Hollywood qui pointait le bout de son nez. Pourtant, John Wayne, qui venait de vaincre (pour un temps) un cancer du poumon, n’était pas encore prêt à raccrocher la pétoire à la patère, puisqu’outre Cent dollars pour un shérif susmentionné, le comédien enchaînera encore pendant près de dix ans El Dorado (1967) et Rio Lobo (1970) de Howard Hawks, La Caravane de feu – The War Wagon (1967) et Les Voleurs de trains – The Train Robbers (1973) de Burt Kennedy, Les Géants de l’Ouest – The Undefeated (1969), Chisum (1970) et Les Cordes de la potence – Cahill, U.S. Marshal (1973) d’Andrew V. McLaglen, Big Jake (1971) de George Sherman, Les Cowboys – The Cowboys (1972) de Mark Rydell, Une bible et un fusil – Rooster Cogburn (1975) de Stuart Millar, avant de livrer son ultime performance dans Le Dernier des géants – The Shootist de Don Siegel. Mais pour l’heure, le plus grand cowboy de l’histoire du cinéma signe une immense prestation dans Les Quatre Fils de Katie Elder, dans lequel il campe l’aîné d’une fratrie, qui a quitté très tôt le ranch familial pour aller bourlinguer loin d’un père alcoolique et d’une mère résignée. Alors, quand cette dernière rend son dernier souffle, John revient au bercail et retrouve ses frangins qu’il n’a pas vu depuis dix ans.
Henry Hathaway et ses scénaristes (dont Harry Essex) enchaînent les morceaux de bravoure, à l’instar de cette incroyable scène de gunfight sur un cours d’eau où l’action et l’émotion s’imbriquent de manière virtuose, avec les moments plus intimes où les quatre frères se souviennent des temps anciens, mais aussi teintés d’humour quand ils en viennent aux poings et où on les voit redevenir de vrais gamins. Si nous n’avons souvent d’yeux que pour John Wayne, ses trois partenaires ne sont pas en reste avec Dean Martin, très à l’aise et qui retrouve le Duke six ans après Rio Bravo de Howard Hawks, Michael Anderson Jr. (vu dans Major Dundee de Sam Peckinpah), qui interprète le plus jeune de la famille et qui subit l’autorité de ses aînés tout en essayant de se rebeller, et Earl Holliman (Planète interdite, Géant, Dans la souricière) qui tire également son épingle du jeu, surtout au milieu des deux géants d’Hollywood. Et n’oublions pas la présence de la belle Martha Hyer (Le Pigeon d’argile – The Clay Pigeon de Richard Fleischer, Sabrina de Billy Wilder, Comme un torrent – Some Came Running de Vincente Minnelli), dans le rôle de Mary Gordon, devant laquelle les frères ne la ramènent pas, celle du suintant et génial George Kennedy (la même année que Les Prairies de l’honneur – Shenandoah d’Andrew V. McLaglen), ainsi que celle d’un jeune comédien en pleine ascension, Dennis Hopper, découvert dix ans plus tôt dans La Fureur de vivre – Rebel Without a Cause de Nicholas Ray.
Les Quatre Fils de Katie Elder, sixième et avant-dernière collaboration entre John Wayne et Henry Hathaway, est un modèle de western, qui joue constamment sur plusieurs registres à la fois, tout en dressant le portrait de personnages pas très catholiques, mais qui n’en demeurent pas moins très attachants. Formidablement photographié par Lucien Ballard (Laura, L’Ultime Razzia, Boeing Boeing, La Horde sauvage), tourné dans de spectaculaires décors naturels et porté par la partition d’Elmer Bernstein qui rappelle furieusement celle des Sept Mercenaires (1960), ce chef d’oeuvre n’a eu de cesse d’être réhabilité et réévalué avec les années.
Pour Thierry Voyen.
LE BLU-RAY
Les Quatre fils de Katie Elder était attendu en Blu-ray comme le Messie par les très nombreux amateurs de westerns américains ! Sorti en DVD en 2002 puis en 2006 dans la collection « Eddy Mitchell », le film de Henry Hathaway débarque ENFIN en Haute-Définition chez Paramount Pictures. Sortie technique, belle jaquette glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Menu principal fixe et muet.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
En dehors d’une rayure verticale et un fil en bord de cadre, ce Blu-ray des Quatre Fils de Katie Elder tient ses promesses. Nous n’avions même jamais vu le film de Henry Hathaway dans de pareilles conditions. Le cadre large resplendit du début à la fin, les détails sont nombreux, aussi bien sur les gros plans, que sur la texture des vêtements, les couleurs sont sublimes (voir le rouge des credits), le piqué est aiguisé et le relief omniprésent. A ce titre, l’affrontement sur la rivière et au milieu des arbres centenaires ne cesse d’étonner par sa beauté et sa précision. Le grain argentique est heureusement préservé.
Sans surprise car titre Paramount, seule la version originale, dispose d’un écrin acoustique Dolby trueHD Mono 2.0, alors que la piste française doit se contenter d’un estampillage Dolby Digital Mono 2.0. Cette dernière se concentre souvent trop sur les voix, parmi lesquelles les oreilles aguerries reconnaîtront les timbres de Jacques Marin, Marcel Bozzuffi et Claude Bertrand. En anglais, le spectacle est garanti avec une belle homogénéité entre les dialogues, la musique d’Elmer Bernstein et les effets annexes.