LE FANTÔME DU BENGALE (The Phantom) réalisé par Simon Wincer, disponible en Blu-ray le 20 janvier 2021 chez Paramount Pictures.
Acteurs : Billy Zane, Treat Williams, Kristy Swanson, Catherine Zeta-Jones, Patrick McGoohan, James Remar, Cary-Hiroyuki Tagawa, Bill Smitrovich…
Scénario : Jeffrey Boam, d’après la bande dessinée de Lee Falk
Photographie : David Burr
Musique : David Newman
Durée : 1h40
Année de sortie : 1996
LE FILM
Dans les années 1930, dans la forêt de Bengalla, un justicier masqué, le Fantôme, fait régner la justice et la paix. Un jour, il apprend qu’un richissime collectionneur corrompu, Xander Drax, cherche à obtenir trois mystérieux crânes, qui, une fois réunis, lui conféreront d’immenses pouvoirs. Avec l’aide d’une journaliste, Diane Palmer, le Fantôme agit pour que Xander Drax n’arrive pas à ses fins.
Bien qu’il n’ait connu aucun succès lors de sa sortie dans les salles en juin 1996 aux Etats-Unis et en décembre de la même année dans nos contrées, Le Fantôme du Bengale – The Phantom, réalisé par Simon Wincer, a su se faire une petite place dans le coeur des cinéphiles amateurs de séries B. Cette adaptation de la bande dessinée éponyme créée en 1936 par Lee Falk, le père de Mandrake le magicien, n’est pas une parodie, mais un pastiche des serials des années 1930, au même titre que les plus connus Les Aventures de Rocketeer – The Rocketeer (1991) de Joe Johnston et The Shadow (1994) de Russell Mulcahy, qui surfaient déjà sur cette mouvance. Chaînon manquant entre Tarzan, né en 1912 sous la plume d’Edgar Rice Burroughs, et Batman du tandem Bob Kane – Bill Finger qui verra le jour en 1939, The Phantom version long-métrage rend hommage aux aventuriers et super-héros qui commençaient à faire les beaux jours des comic-strips, en adoptant les partis pris originaux, autrement dit en embrassant l’aspect kitsch de la source originale, tout en proposant aux spectateurs un divertissement de haute volée, menée tambour battant sur un score démentiel de David Newman, génialement mis en scène et interprété par Billy Zane, un an avant Titanic de James Cameron, qui s’amuse comme un gamin en faisant des cabrioles, tout en faisant du charme – suranné – aux belles Kristy Swanson et Catherine Zeta-Jones. Le Fantôme du Bengale est devenu un film culte, dont la réussite est très souvent louée sur les sites spécialisés et cette réputation n’est pas usurpée. D’ailleurs, il n’est pas interdit de penser que George Lucas s’en est largement inspiré pour son inénarrable Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal (2008), par ailleurs beaucoup moins fun et inspiré que notre Phantom. Cela n’est peut-être pas une simple coïncidence, puisque le scénariste Jeffrey Boam, n’est autre que celui d’Indiana Jones et la dernière croisade – Indiana Jones and the Last Crusade (1989). Alors si vous ne connaissez pas encore Kit Walker, foncez !
Au début du XVIe siècle, un jeune garçon est témoin impuissant de la mort de son père par Kabai Sengh, le chef impitoyable de la Confrérie Sengh, qui a attaqué leur navire. Le garçon saute par-dessus bord et s’échoue à Bengalla, une île où les membres de la tribu locale le trouvent et l’emmènent dans leur village. Là, il reçoit l’anneau du crâne, jure de consacrer sa vie à la destruction de la piraterie, de la cupidité, de la cruauté et de l’injustice, et en tant qu’adulte, adopte l’identité de «The Phantom», un vengeur masqué. Le rôle de The Phantom se transmet de père en fils tout au long de 400 ans, amenant les gens à croire en une seule figure immortelle. En 1938, Kit Walker, le 21e fantôme, affronte Quill, placé à la tête d’un groupe de mercenaires dans la jungle et lancés à la recherche d’un des crânes de Touganda, ce qui confère à son propriétaire un pouvoir extrêmement destructeur. Le Fantôme capture les hommes de Quill. Révélé comme étant un membre de la Fraternité Sengh et l’homme qui a tué le père de Kit – dont le fantôme est présent et donne des conseils à Kit – Quill s’enfuit avec le crâne et retourne aux États-Unis. À New York, l’ex-petite amie d’université de Kit, Diana Palmer, est une grande voyageuse dont l’oncle, Dave Palmer, est le célèbre propriétaire du journal World Tribune. Le journal a enquêté sur l’homme d’affaires avide de pouvoir Xander Drax, un personnage louche traînant une réputation nauséabonde et traitant avec des criminels. Palmer a découvert la connexion de Drax à un mystérieux symbole de toile d’araignée, qu’il retrace jusqu’à la jungle de Bengalla. Il envoie Diana enquêter mais fait l’erreur de dire au commissaire de police corrompu de New York, allié à Drax, du voyage de Diana. Les femmes pirates de l’air de Drax dirigées par la femme fatale, Sala, détournent l’avion. Diana est enlevée et emmenée à leur base au bord de l’eau à Bengalla. Ayant été informé de l’enlèvement de Diana par le capitaine de la patrouille de la jungle, le Fantôme la sauve. Ils s’échappent tous les deux et prennent la direction de son quartier général, la Grotte du Crâne.
De l’australien Simon Wincer (né en 1943), on connaît surtout Snapshot (1979), Harlequin (1980), D.A.R.Y.L. (1985), Harley Davidson et l’homme aux santiags – Harley Davidson and the Marlboro Man (1991) et même Sauvez Willy – Free Willy (1993), sans pour autant savoir qu’il s’agit du même homme à la barre de ces petits classiques. Egalement le metteur en scène de deux pantalonnades avec son compatriote Paul Hogan, Jack l’Éclair – Lightning Jack (1994) et Crocodile Dundee III – Crocodile Dundee in Los Angeles (2001), si si, ça existe, Simon Wincer se voit confier un budget confortable de 45 millions de dollars pour ressusciter – après le départ de Joe Dante, qui avait déjà beaucoup bossé sur le projet – le personnage de Lee Falk, qui avait connu d’autres adaptations sous la forme d’un serial – produit par Columbia Pictures – en 15 parties dans les années 1940, un téléfilm dans les années 1960, une série animée (Défenseurs de la Terre) en 1986, une autre (Fantôme 2040) en 1994, avant de connaître les honneurs du grand écran en 1996 avec le film qui nous intéresse, produit par Paramount Pictures.
Billy Zane, qui avait explosé en 1989 dans Calme blanc – Dead Calm de Phillip Noyce, aux côtés de Sam Neill et de Nicole Kidman, puis aperçu dans Tombstone (1993) de George Pan Cosmatos, se glisse à merveille dans le costume pourtant pas évident à porter du Fantôme, qui aime les matières collantes, ses deux Colts 45 et la couleur violette. Il le fait avec élégance et décontraction, qui rendent le personnage immédiatement attachant. Il rejoint ainsi ses confrères Billy Campbell et Alec Baldwin, qui avait respectivement incarné Cliff Secord / The Rocketeer et Lamont Cranston / The Shadow. A ses côtés, les fans de séries B reconnaîtront la belle, excellente et pourtant trop méconnue Kristy Swanson, vue dans Rose bonbon – Pretty in Pink (1986) de Howard Deutch, La Folle Journée de Ferris Bueller – Ferris Bueller’s Day Off (1986) de John Hughes, Hot Shots! (1991) de Jim Abrahams, et surtout dans Buffy, tueuse de vampires – Buffy the Vampire Slayer (1992) de Fran Rubel Kuzui, dans lequel elle tenait le rôle-titre, avant que Sarah Michelle Gellar ne s’en empare dans la série du même nom en 1997. La belle Catherine Zeta-Jones y trouvait là un de ses premiers rôles à Hollywood, deux ans avant de crever l’écran dans Le Masque de Zorro – The Mask of Zorro de Martin Campbell, qui là aussi reprenait quelques ingrédients du serial. Le badguy est quant à lui interprété par le grand Treat Williams, impayable dans le rôle du mégalo Xander Drax (avec nom comme ça déjà…), qui peut compter sur l’aide de son bras droit Quill, auquel James Remar apporte son charisme suintant et sa voix rocailleuse. Ajoutez à tout ce beau monde la participation de Cary-Hiroyuki Tagawa (Soleil levant, Mortal Kombat) et celle du grand Patrick McGoohan dans le rôle du père du Fantôme, et vous obtenez un casting tout ce qu’il y a de plus attractif et où chacun se prête au jeu du spectacle volontairement vintage, en exagérant sa propre partition, juste ce qu’il faut, sans tomber dans l’excès ou la caricature, toujours sur le fil, y compris sur les scènes d’action où les coups sont portés à quelques centimètres (nettement visibles) de leurs cibles, tout en occasionnant des chocs démesurés.
Le spectateur en aura pour son argent s’il décide de suivre ces aventures trépidantes, bourrées d’humour, de rebondissements et d’action, magnifiquement photographiées et se déroulant dans de somptueux décors naturels, ou à l’ancienne dans quelques studios.
LE BLU-RAY
Si Paramount Pictures a visiblement relégué Le Fantôme du Bengale dans le fond de son catalogue, et ce depuis toujours, beaucoup de spectateurs n’ont pas oublié le film de Simon Wincer et l’attendaient impatiemment en Haute-Définition. Jusqu’à présent, The Phantom ne disposait que d’une édition Standard sortie il y a vingt ans (!). 2021, l’éditeur se souvient de ce petit bijou et le propose enfin en Blu-ray. Bon par contre le visuel de la jaquette, repris pour le menu principal désespérément fixe et muet, ne donne pas vraiment envie.
Aucun supplément sur ce Blu-ray.
L’Image et le son
Ce n’est pas parfait. Certaines poussières, des points noirs par exemple, demeurent, la définition connaît quelques soubresauts et faiblesses, les séquences sombres et tamisées manquent de finesse et le tournage de scènes sur fond vert se voient immédiatement. Mais pour ce dernier point, cela rajoute un élément vintage qui se fond finalement dans les partis pris et intentions du film. Dans l’ensemble, ce Blu-ray au format 1080p est souvent épatant avec notamment une magnifique restitution des décors naturels avec une jungle luxuriante, une eau turquoise, sans oublier une clarté omniprésente, une bonne gestion du grain argentique, des détails à foison (la texture du costume du Fantôme par exemple, ou les nombreux gros plans) et un festival de couleurs. Ce petit lifting permet enfin de (re)voir Le Fantôme du Bengale dans de bonnes conditions, même si le titre semble voué à ne connaître que des sorties techniques.
C’est du grand spectacle en anglais, langue présentée dans un écrin acoustique DTS-HD Master Audio 5.1 qui crée une bonne et solide spatialisation du début à la fin. Le Fantôme du Bengale est généreux en scènes d’action et de ce point de vue-là, les enceintes assurent avec un beau balancement entre les frontales et les latérales, tandis que le caisson de basses en profite pour faire parler de lui, sans oublier la partition de David Newman particulièrement efficace. Sans surprise, la piste française en Dolby Digital 5.1 n’arrive pas à la cheville de la version anglaise.