LA MALÉDICTION DE LA DAME BLANCHE (The Curse of La Llorona) réalisé par Michael Chaves, disponible en DVD et Blu-ray chez Warner Bros. le 21 août 2019
Acteurs : Linda Cardellini, Roman Christou, Jaynee-Lynne Kinchen, Raymond Cruz, Marisol Ramirez, Patricia Velasquez, Sean Patrick Thomas, Tony Amendola…
Scénario : Mikki Daughtry, Tobias Iaconis
Photographie : Michael Burgess
Musique : Joseph Bishara
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
La Dame Blanche. Spectre terrifiant, pris en étau entre le paradis et l’enfer, piégé par un terrible destin dont elle est elle-même l’artisan. La seule évocation de son nom sème la terreur dans le monde depuis des siècles. Quand elle était en vie, elle a noyé ses enfants dans un accès de folle jalousie, puis, dévastée par le chagrin, elle s’est jetée dans le fleuve déchaîné.
Désormais, ses larmes sont devenues éternelles. Elles sont même mortelles et tous ceux qui entendent ses appels sinistres la nuit sont maudits. Tapie dans l’ombre, la Dame Blanche s’attaque aux enfants, cherchant désespérément à remplacer les siens. Au fil des siècles, elle est devenue de plus en plus prédatrice… et ses méthodes de plus en plus terrifiantes.
Los Angeles, années 1970. La Dame Blanche hante la nuit… et les enfants.
Ignorant les avertissements d’une mère soupçonnée de violence sur mineurs, une assistante sociale et ses enfants sont projetés dans un monde surnaturel des plus effrayants. Pour espérer survivre à la fureur mortelle de la Dame Blanche, leur seul recours est un prêtre désabusé et ses pratiques mystiques destinées à repousser les forces du mal… à la frontière où la peur et la foi se rencontrent…
Méfiez-vous de ses pleurs glaçants… Elle est prête à tout pour vous entraîner vers les ténèbres. Car sa douleur ne connaît pas de répit – son âme tourmentée n’a pas droit au repos. Et il n’existe aucun moyen d’échapper à la malédiction de la Dame Blanche.
En 2013, Conjuring : Les dossiers Warren, produit avec un budget modeste de 13 millions de dollars en rapporte 318 millions dans le monde. Bien que surestimé, le film de James Wan (Saw, Insidious 1 et 2) casse la baraque y compris en France avec plus d’1,1 million d’entrées. Annabelle n’est pas une suite, mais un spin-off préquel dirons-nous puisque l’action se déroule avant celle de Conjuring et se focalise sur « l’origine » de la poupée maléfique aperçue dans la salle des trophées du couple d’exorcistes dans l’oeuvre de James Wan. Un film à tout petit budget (5 millions de dollars !) pour surfer allègrement sur le triomphe de Conjuring et en espérant amasser le plus possible de billets verts. Avec 245 millions de dollars de recette et 1,5 million d’entrées en France, la mission est réussie. 2016, James Wan donne suite aux aventures des Warren avec Conjuring 2 : Le Cas Enfield : 315 millions de dollars récoltés. La Warner n’allait pas laisser passer l’opportunité de surfer sur le succès d’Annabelle en lui donnant une suite, une préquelle plutôt avec Annabelle 2 : La Création du mal, qui se permet de surpasser le premier volet au box office avec 305 millions de dollars de recette pour un budget de 15 millions. Une entreprise très lucrative. James Wan et les studios ont le nez fin. Sachant que le personnage de la Nonne maléfique de Conjuring 2 : Le Cas Enfield avait fait sensation auprès des spectateurs, un nouveau spin-off est encore imaginé. Résultat, La Nonne, « premier » volet dans l’ordre chronologique des événements de la franchise, est devenu le plus grand succès commercial de la saga avec 365 millions de dollars de recette. Cela n’a pas été le cas pour l’inattendue Malédiction de la Dame Blanche, qui a certes cartonné en rapportant 120 millions de dollars aux producteurs (contre 15 millions de budget), mais qui marque un « léger » essoufflement dans le Conjuring-verse. A croire que ce film a été rattaché au dernier moment à cette franchise, The Curse of La Llorona a d’ailleurs été officiellement estampillé « Conjuring » après les premières projections presse, le film de Michael Chaves peine à se démarquer du tout-venant. Demeure l’interprétation de la géniale et pourtant méconnue Linda Cardelini, inoubliable Sylvia Rosen de la série Mad Men, Samantha Taggart dans Urgences et Meg Rayburn dans Bloodline. Il serait d’ailleurs temps de lui confier plus de rôles au cinéma !
Le film commence par une scène qui se déroule en 1673. Une femme tue ses deux enfants en les noyant dans un fleuve. Changement de siècle. En 1973, à Los Angeles, Anna est assistance sociale du service de protection des enfants. Son mari, policier, a été tué au cours d’une intervention de service un an auparavant ; elle reste seule à élever leurs deux enfants. Elle se rend au domicile de Patricia, une femme soupçonnée de maltraiter ses enfants. Elle y découvre les deux enfants dans un placard, enfermés à double tour. Patricia est placée en garde-à-vue et les enfants placés en foyer d’accueil. La nuit suivante, un spectre blanchâtre poursuit les enfants. Ceux-ci sont retrouvés noyés dans le fleuve. Anna est bouleversée par ces événements. Le spectre commence alors à s’en prendre à ses propres enfants. Elle apprend par un prêtre catholique puis par un « curandero », ancien prêtre devenu exorciste, que la « Dame Blanche » est effectivement un spectre terrifiant, pris en étau entre le paradis et l’enfer, piégé par un terrible destin dont elle est elle-même l’artisan. Quand elle était en vie, elle avait noyé ses enfants dans un accès de jalousie puis, anéantie par le chagrin, elle s’est jetée dans le fleuve déchaîné. Depuis, ses larmes sont devenues éternelles. Elles sont même mortelles et tous ceux qui entendent ses appels sinistres la nuit risquent la mort : tapie dans l’ombre, la Dame Blanche s’attaque aux enfants, cherchant désespérément à remplacer les siens.
Voici donc La Malédiction de la Dame Blanche, ou The Curse of La Llorona en version originale, ou bien encore The Curse of the Weeping Woman pour ceux qui n’auraient pas fait espagnol en deuxième langue, ou enfin La Malédiction de la Llorona chez nos amis québécois qui tranchent la poire en deux. Bref, notre créature démoniaque est ici le spectre d’une femme qui s’annonce toujours par quelques sanglots. Nettement moins charismatique et inquiétante que la Nonne, cette Dame Blanche peine à nous effrayer. Mais c’est surtout la faute au réalisateur Michael Chaves, prochainement aux manettes de Conjuring 3 d’ailleurs, qui fait ce qu’il peut avec un script très pauvre écrit par Mikki Daughtry et Tobias Iaconis (le gnangnan À deux mètres de toi), qui se contente de reprendre exactement les mêmes formules que La Nonne. Mais là où ce dernier s’en sortait avec ses superbes décors gothiques, une photo élégante et une solide interprétation, La Malédiction de la Dame Blanche reste un thriller d’épouvante standard, aux partis pris passe-partout et qui se contente de jumpscare basés sur les bruits inquiétants provenant de la pièce d’à côté.
Heureusement, Linda Cardellini s’impose d’emblée et nous n’hésitons pas à la suivre jusqu’au bout de cette aventure fantastique banale. Pourtant, cela part bien avec un prologue de toute beauté et prometteur, mais le soufflé retombe immédiatement. Il faut véritablement attendre la dernière demi-heure pour que l’histoire s’affole quelque peu, même si l’on reste pour ainsi dire dans le domaine de « l’exorcisme » paresseux saupoudré de vampirisme. Rien d’effrayant là-dedans.
Peu de choses à sauver de cette nouvelle « recrue » dans le Conjuring-verse (le lien est d’ailleurs fait avec le père Perez, vu dans Annabelle) adaptée d’une vieille légende mexicaine, et même si le final laisse sous-entendre une suite (tiens donc, quelle surprise), peu d’éléments en donnent l’envie. Mais bon, le second Annabelle ayant été une très belle surprise, nous verrons bien…
LE BLU-RAY
Qui dit Conjuring-verse, dit Warner Bros. La Malédiction de la Dame Blanche atterrit tout naturellement dans l’escarcelle de l’éditeur en DVD et Blu-ray. La jaquette de l’édition HD est très attractive, glissée dans un boîtier plastique économique de couleur bleue. Le menu principal est fixe et bruité.
Comme souvent Warner découpe ses modules afin de « charger » la mule, même s’il s’agit en réalité d’un seul et même making of. Ainsi Le Mythe de la Llorona (2’30) revient sur la légende mexicaine à la base du film, Derrière la malédiction (10’) s’attarde sur la façon dont le mythe a été relié au Conjuring-verse et Making a movie monster (6’) indique comment la Dame Blanche a été créée à l’écran. Le tout avec des interviews des comédiens, du réalisateur et de quelques responsables techniques, ainsi que diverses images de plateau sur lequel s’invite le grand manitou de la franchise James Wan. Ne manquez pas la transformation de Marisol Ramirez en Dame Blanche, ce qui nécessitait trois heures de maquillage chaque matin.
Nous trouvons également onze minutes de séquences coupées, alternatives ou allongées qui n’ont pas vraiment d’intérêt, si ce n’est de voir le curandero dans son quotidien, une visite plus étendue de l’employée des services sociaux, une fin rejetée…
L’interactivité se clôt sur un comparatif film/storyboards (17’30) un peu longuet…
L’Image et le son
C’est souvent très beau, mais ce master HD ne parvient pas à rivaliser avec le Blu-ray de La Nonne que nous avions chroniqué il y a quelques mois. Certes, la définition est souvent remarquable, à l’instar des plans larges sur la ville de Los Angeles, mais de nombreux plans sombres, tamisés et nocturnes s’accompagnent d’un léger bruit vidéo et d’artefacts divers. Les détails manquent à l’appel sur le cadre large (2.40:1), d’autant plus que La Malédiction de la Dame Blanche est un film sombre. La plus belle réussite de cette édition HD, tout comme celle du film d’ailleurs, demeure son prologue à la clarté éblouissante, sa colorimétrie éclatante et son piqué renversant. C’est donc plus difficile et aléatoire sur tout le reste du métrage de Michael Chaves, même si encore une fois, nous sommes bien au-dessus de la moyenne.
Le spectateur est littéralement plongé dans l’atmosphère du film grâce au mixage Dolby Atmos anglais, compatible Dolby True HD 7.1. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette option sonore ne fait pas dans la dentelle. En effet, la composition est parfois trop mise à l’avant pour en mettre plein les oreilles et aurait mérité d’être un peu plus équilibrée sur l’ensemble des enceintes. Mais bon, nous sommes en plein « conte » fantastique et les latérales, ainsi que les frontales et le caisson de basses remplissent parfaitement leur fonction, à savoir distiller un lot conséquent d’effets qui font sursauter, même à bas volume. Les conditions acoustiques sont soignées, amples, précises, les voix des comédiens jamais noyées par tout le fracas sonore annexe. La version originale bénéficie également d’une piste Dolby Digital 5.1 anecdotique, tout comme la piste française, qui parvient également à tirer son épingle du jeu même si l’ensemble se révèle évidemment en deçà de son homologue en terme de fluidité et d’homogénéité.