Test DVD / All Inclusive, réalisé par Fabien Onteniente

ALL INCLUSIVE réalisé par Fabien Onteniente, disponible en DVD chez Warner Bros. le 17 juillet 2019

Acteurs : Franck Dubosc, François-Xavier Demaison, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Caroline Anglade, Amelle Chahbi, Mister V, Camille Lavabre, Yvick Letexier, Maïwenn, Victor Belmondo, Thaïs Alessandrin, Kev Adams…

Scénario : Fabien Onteniente, Guy Laurent, Franck Dubosc

Photographie : Pierric Gantelmi d’Ille

Musique : Benjamin Biolay, Daniel Koueloukouenda

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Planté par sa fiancée à l’aéroport, Bruno s’envole seul pour une semaine dans un club de vacances All Inclusive aux Caraïbes. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, il va devoir partager sa chambre avec Jean-Paul Cisse, éternel célibataire très envahissant… Avec Lulu, retraitée et veuve très open, Caroline, Manon et Sonia, trois copines venues enterrer le divorce de la première et Edouard Laurent, le directeur du Club Caraïbes Princess, les deux vacanciers ne sont pas prêts d’oublier leur séjour sous le soleil des cocotiers.

(A lire très vite) Top ! Je suis un réalisateur français né en 1958. J’ai attiré plus de 20 millions de spectateurs avec douze films à mon actif. Je me considère comme un auteur à part entière et mes comédies sont souvent synonymes de portraits sociaux, à travers lesquels les français moyens peuvent se reconnaître avec une grosse dose d’indulgence. Mon premier grand succès remonte à 2000 où je moque gentiment d’une élite constituée de milliardaires et d’aristocrates dont la principale occupation est de « faire la fête » dans des endroits réservés et branchés. Après avoir évoqué le monde du football avec Jean Tibéri dans son propre rôle, j’ai réalisé la suite de mon premier succès quatre ans plus tard qui n’a pas rencontré le même accueil. Il n’empêche qu’en 2006 j’ai invité près de 5,5 millions de français au camping des Flots Bleus mais 1,5 million d’adhérents se sont désistés quatre saisons plus tard après un lamentable épisode Disco. Désireux de retrouver les faveurs d’une critique qui ne cesse de m’échapper, je me tourne vers une histoire de quatre potes fans de tiercé qui décident d’acheter un cheval, mais manque de bol mon film tombe en plein scandale lié à la viande chevaline dans l’industrie alimentaire, ce qui me vaut le rejet total des spectateurs qui font alors une overdose de lasagnes. Après ce bide intersidéral, je décide de filmer un troisième opus de Camping, un nouveau succès, malgré le score le plus faible de la trilogie. Dernièrement, je viens de récidiver avec Franck Dubosc avec All Inclusive, sans doute le pire film de l’année 2019, je suis ? Je suis ?? Fabien Onteniente !

«L’an dernier, rien qu’en me lavant les dents, je me suis vidée pendant quinze jours. Ça fait cher l’haleine fraîche »…

Et oui ! Le réalisateur des trois Camping, des deux Jet Set et d’autres comédies aux budgets oscillants entre 15 et 25 millions d’euros aura connu un nouveau gigantesque revers de fortune avec All inclusive. Cette « oeuvre » inscrite dans le registre de la comédie réunit François-Xavier Demaison, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Caroline Anglade, Amelle Chahbi, Thaïs Alessandrin, Maiwenn et évidemment Franck Dubosc en tête d’affiche, qui a contribué au scénario et même apporté beaucoup de pépètes au point de produire le film via sa société.

Gagnant d’un concours organisé par un site internet et après s’être fait larguer par sa petite amie à l’aéroport, Bruno part seul en Guadeloupe dans un club All Inclusive, le Club Caraibes Princess. Arrivé sur place il découvre qu’il va être obligé de partager sa chambre d’hôtel avec un célibataire endurci et un poil possessif, Jean-Paul Cisse. Les deux compères vont, au cours de leurs vacances, rencontrer une bande de personnages hauts en couleurs. Ils font ainsi la rencontre de Lulu, une retraitée qui n’a pas froid aux yeux, Edouard Laurent, qui dirige le club et enfin un trio d’amies venues célébrer le divorce de l’une d’entre elles.

Même s’il n’a pas été un bide aussi fracassant que Turf, All inclusive s’est quand même pris un sacré mur dans la face. Pourtant, et c’est un exploit, Fabien Onteniente parvient à faire encore pire. All inclusive est un film horrible, complètement dépassé, périmé, pourri, qui ne s’élève jamais au niveau de la plus mauvaise pantalonnade des années 70-80. Cela veut faire du Splendid, d’ailleurs la présence de Josiane Balasko et Thierry Lhermitte n’est pas un hasard, surtout qu’ils font un clin d’oeil aux Bronzés, mais ça ne s’élève même pas au niveau de Mon curé chez les nudistes. Seul le fric est ici fièrement exhibé.

All inclusive est un véritable accident industriel comme il en arrive rarement dans le cinéma français. Il faut voir à quel point les dialogues sont pauvres, les situations au rabais (mention spéciale à François-Xavier Demaison en apoplexie), les acteurs mauvais, la musique irritante de Benjamin Biolay (si, si), le rythme inexistant et les personnages féminins honteux. C’est bien simple, pas une réplique ne fonctionne, tout semble (mal) improvisé, comme si le « réalisateur » venait de lancer sa caméra en disant à ses acteurs de faire un truc, n’importe quoi, mais qu’ils fassent vite sinon l’équipe raterait le buffet oursins à volonté. Si Franck Dubosc continue sur sa lancée initiée par Camping 3, autrement dit de jouer avec son âge (55 ans), il fait ici franchement peine à voir. Son personnage de mythomane, de dragueur et de frimeur est ici imbuvable et antipathique. Pourtant, et ce n’est pas nouveau (car il s’en sort souvent, même dans les mauvais films), ce n’est pas lui le pire ici dans All inclusive, mais bel et bien son partenaire François-Xavier Demaison que nous mentionnions plus haut. Charisme zéro, sans cesse agaçant, même Max Pecas n’en aurait pas voulu pour Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu, qui paraissait plus passionnant que ces terrifiantes 93 minutes.

En fait, seule Josiane Balasko parvient à surnager dans tout ce marasme – on pense à une pub pour la Préparation H filmée comme un spot pour Tahiti Douche – en jouant la carte de la surenchère, en vraie pro. Caroline Anglade, révélation du film réalisé par Franck Dubosc, l’excellent Tout le monde debout, n’a malheureusement rien à défendre ici, si ce n’est d’apparaître en maillot de bain. Les autres comédiens font de la figuration en prenant le soleil (deux mois en Guadeloupe, ça ne se refuse pas c’est vrai), en se moquant de Dubosc qui pète dans l’eau (attention, grande séquence), en buvant des cocktails fluorescents, en regardant Demaison déguisé en Donald Trump.

Si Patrick Chirac – qui « apparaît » dans All Inclusive lors d’une soirée costumée – avait su trouver les faveurs du public, Jean-Paul Cisse (bah oui…), imaginé comme un « ange de l’amour », a purement et simplement été rejeté par la critique et les spectateurs (le plus mauvais bouche à oreille de l’année), peut-être parce que Dubosc y montre son cul blanc souvent en gros plan histoire de remplir le cadre 2.40, bien trop large pour filmer du vide.

All Inclusive marque – on l’espère – la fin d’une ère probablement pour le duo Dubosc/Onteniente, qu sont arrivés au but d’un concept déjà éculé depuis longtemps. Ah oui, on oubliait de parler de l’apparition de Kev Adams en guise d’épilogue. C’est supposé être une surprise, mais c’est pour vous montrer que le supplice est réel et atroce jusqu’au générique de fin. Quel malaise…Mais immense nanar !

LE DVD

Pas d’édition HD pour All Inclusive ! On s’en serait douté hein ! Warner Bros. a bien essayé de sortir cette comédie estivale (qui se déroule pendant Noël d’ailleurs) en loucedé au mois de juillet, mais nous n’allions quand même pas passer à côté ! Le disque à la sérigraphie sobre, noire (pour signifier le deuil de la comédie française ?) repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette reprend le « sublime » visuel de l’affiche d’exploitation. Quant au menu principal, animé et musical, il n’indique même pas le titre du film, comme s’il était rejeté également par les responsables de l’authoring.

Six scènes coupées sont disponibles dans la section des suppléments. 5 minutes de torture supplémentaires ça vous tente ? Nous oui ! N’hésitez pas à les visionner en guise de digestif après le film, ou de vomitif c’est selon, surtout que nous pouvons apprécier ici une parodie de La La Land avec Franck Dubosc et François-Xavier Demaison qui se mettent à danser et à chanter sous les cocotiers ! Le reste, bah comme ce qui a été gardé au montage, est insignifiant, du remplissage, du vide, le néant.

L’Image et le son

Cette édition DVD s’en sort pas trop mal, même si le piqué manque singulièrement de mordant. Les couleurs sont éclatantes, trop sans doute, et rappellent l’immonde photoshop de l’affiche. Les contrastes sont peu profonds, le cadre large déçoit, le relief est néanmoins palpable sur les plans d’ensemble, certaines séquences sortent du lot avec un appréciable aspect laqué.

Bof. Le mixage Dolby Digital 5.1 a visiblement décidé d’en faire le moins possible. C’est tout juste si la risible musique du film se trouve spatialisée. Alors oui les séquences en extérieur bénéficient d’effets latéraux concrets mais l’ensemble manque bougrement d’ardeur. Les dialogues auraient mérité d’être un poil plus relevés sur la centrale, la balance frontale est correcte mais point trop n’en faut. La fête finale permet au caisson de basses de se réveiller un peu… et nous aussi. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © DANIEL ANGELI / BESTIMAGE / WARNER BROS. / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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