LA LOI DE MURPHY (Murphy’s Law) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Blu-ray le 20 mai 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Charles Bronson, Kathleen Wilhoite, Carrie Snodgress, Robert F. Lyons, Richard Romanus, Angel Tompkins, Bill Henderson, James Luisi…
Scénario : Gail Morgan Hickman
Photographie : Alex Phillips Jr.
Musique : Marc Donahue & Valentine McCallum
Durée : 1h41
Date de sortie initiale: 1986
LE FILM
Vétéran de la police de Los Angeles devenu alcoolique depuis son divorce, le coriace inspecteur Jack Murphy plonge dans un véritable cauchemar le jour où il reçoit un appel anonyme signant son arrêt de mort. Lorsque son ex-femme, Jan, est assassinée, Murphy devient le suspect numéro 1. Arrêté par ses propres collègues, il n’a pas d’autre choix que de s’évader et de pourchasser lui-même le tueur qui l’a piégé.
Bien remis en selle grâce au triomphe commercial d’un Justicier dans la ville 2 – Death Wish 2, Charles Bronson a de nouveau le vent en poupe et ce grâce aux trublions de la Cannon, Menahem Golan et Yoram Globus. La Loi de Murphy – Murphy’s Law intervient après les hits successifs du Justicier de minuit – 10 to Midnight, L’Enfer de la violence – The Evil That The Men Do et surtout du Justicier de New York – Death Wish III. A raison d’un succès par an, le comédien a peu de soucis à se faire et peut se contenter de faire la même chose, pour le plus grand plaisir de ses fans qui n’en demandent pas plus. Nous voici donc rendu en 1986 avec l’un de ses films les plus aimés des années 1980, La Loi de Murphy, dans lequel l’une des moustaches les plus célèbres de l’histoire du cinéma se voit défriser par la gent féminine. Largué par sa femme, ce bon vieux Charly doit non seulement échapper à une criminelle qui a décidé de lui mener la vie dure, mais il doit en plus composer avec une délinquante avec laquelle il se retrouve enchaîné dans sa cavale. Etonnamment, Charles Bronson ne sort pas trop la pétoire dans La Loi de Murphy et semble au contraire prendre un peu de plaisir à composer ce personnage dépassé par les évènements, plutôt fragilisé, mais point trop quand même rassurez-vous, même s’il déteste quand même la mayonnaise. En l’état, La Loi de Murphy est un buddy-movie inattendu dans la carrière de l’acteur qui venait de fêter ses 65 ans et qui profitait de son viatique « cannonien », de sa retraite complémentaire si vous préférez (on serait tenté de dire « canonique »), en étant visiblement content de donner la réplique très salée (et encore plus en version française) à l’excellente Kathleen Wilhoite, dans un rôle proposé à l’origine à Madonna.
L’inspecteur Jack Murphy, de la police de Los Angeles, se remet mal de son divorce, d’autant que son ex-femme exécute chaque soir un numéro de strip-tease dans le cabaret de son amant. Une nuit, il est assommé par un individu qui « emprunte » sa voiture et abat le couple avec son revolver, lui faisant porter le chapeau. Le policier inconscient est ramené devant son domicile mais un témoin a noté son numéro d’immatriculation. Lorsqu’il revient à lui, Murphy est aussitôt arrêté par la police, et se retrouve enchaîné à Arabella McGee, une délinquante qu’il avait arrêtée plus tôt dans la journée.
Don’t fuck with Jack Murphy !
Après avoir débarrassé tout un quartier de New York de la racaille, sans kärcher, mais avec son Wildey Magnum 475, une mitrailleuse Browning calibre 30, sans oublier un bazooka antichar avec ses missiles autopropulsés perforants, Charles Bronson met un terme à sa collaboration avec Michael Winner et retrouve J. Lee Thompson pour la sixième fois de sa carrière après Monsieur St. Ives (1976), Le Bison blanc – The White Buffalo (1977), Cabo Blanco (1980), Le Justicier de minuit – 10 to Midnight (1983) et L’Enfer de la violence – The Evil That Men Do (1984). Une affaire qui roule pour les deux hommes, qui s’entendent bien, qui ne parlent pas trop sur le plateau, qui s’estiment et qui partagent quelques accointances politiques. De plus, J. Lee Thompson est un artisan qui bosse vite et bien, ce qui convient parfaitement à l’acteur. Sur un scénario de Gail Morgan Hickman (L’Inspecteur ne renonce jamais – The Enforcer de James Fargo, Le Justicier braque les dealers – Death Wish 4: The Crackdown de J. Lee Thompson, futur producteur de la série Flash), La Loi de Murphy déroule tranquillement son récit et ne demande pas trop cette fois à Charles Bronson de réaliser quelques prouesses, même si le comédien en avait encore sous le capot, mais plutôt de réagir à toutes les insultes proférées à son égard par sa partenaire. Une fois n’est pas coutume, privilégiez la démentielle version française, où la talentueuse Virginie Ledieu, la voix française régulière de Meg Ryan, Alyson Hannigan et de Drew Barrymore, s’en donne à coeur joie dans les pires insanités que l’on n’a jamais entendues ailleurs, même depuis le film. Et Bronson de rester stoïque, levant les yeux au ciel, soufflant doucement pour évacuer la pression.
Charles Bronson is back ! A renegade cop, he makes his own rules !
Ici, le personnage principal est un vieux flic au bout du rouleau, imbibé d’alcool suite au départ de sa femme (qui montre son magnifique fessier dans une boite de striptease), qui se retrouve accusé de meurtre et qui n’a d’autre alternative que de s’évader de prison pour mener sa propre enquête et prouver son innocence. Le seul problème, c’est qu’il doit se faire la malle menotté à une jeune femme qui avait tenté de voler sa bagnole quelque temps auparavant et qui lui avait mis direct un coup de pied bien placé dans les cinq premières minutes du film. Ils parviennent (très facilement il faut bien le dire) à s’évader en empruntant rien de moins qu’un hélicoptère de la police. Alors qu’ils commencent leurs investigations, une certaine Joan Freeman (Carrie Snodgress, vue dans Furie de Brian De Palma et Pale Rider – Le Cavalier solitaire de Clint Eastwood, complètement allumée), tout juste libérée de son côté, semble en vouloir à notre cher Jack Murphy et décime ses amis et anciens collaborateurs. Ce dernier devra donc combattre ses démons, tout en protégeant celle que le destin a mis sur sa route (et qui l’aidera d’ailleurs souvent en retour), jusqu’à la (très chouette) confrontation finale avec Joan Freeman, particulièrement bien mise en scène, qui se déroule dans les dédales du Bradbury Building, passé à la postérité pour avoir également servi de décor pour Blade Runner de Ridley Scott.
« Va au diable ! ».
« Les dames d’abord ! ».
Sur un rythme pépère, La Loi de Murphy enchaîne les scènes un peu à la va-comme-je-te-pousse, mais avec une certaine décontraction qui montre que tout ceci n’est pas sérieux et à ne pas prendre au pied de la lettre. Et ce n’est pas Charles Bronson qui aurait dit le contraire, surtout quand on le voit esquisser un sourire, en se disant sans doute qu’il était trop vieux pour ces conneries, mais qu’il acceptait malgré tout en essayant de donner le change, tout en sachant que le box-office serait suffisamment acceptable pour obtenir un nouveau chèque l’année suivante. Ce sera pour Protection rapprochée – Assassination de Peter Hunt.
LE BLU-RAY
Après Le Messager de la mort, Les cinq opus d’Un justicier dans la ville, C’est arrivé entre midi et trois heures, Le Bagarreur, Le Cercle noir, Chino, Les Collines de la terreur, Les Baroudeurs, Pancho Villa et Bronco Apache, et en attendant Le Bison Blanc et Le Solitaire de Fort Humboldt, la collection Charles Bronson s’agrandit encore et toujours chez Sidonis Calysta ! Le même jour sortent Le Justicier de minuit, La Loi de Murphy et Protection rapprochée en DVD et combo Blu-ray + DVD. Visuel toujours efficace, menu principal animé et musical, les fans de Charly vont être ravis.
Gérard Delorme, toujours aussi froid et distant, peu concerné par la mission qui lui a été confiée, présente (difficilement) La Loi de Murphy (11’). On en apprend tout de même un peu plus sur la genèse et le tournage de ce film que pour Le Justicier de minuit, notamment que le rôle tenu par Kathleen Wilhoite, avait tout d’abord été proposé à la chanteuse Apollonia Kotero (qui sortait de Purple Rain), puis à Madonna (qui demandait un million de dollars, montant que ne pouvait pas se permettre la Cannon), puis à Joan Jett, dont les essais se sont avérés peu concluants. La Loi de Murphy avait failli se faire avec la Hemdale Film Corporation, qui avait produit Tommy de Ken Russell et surtout Terminator de James Cameron. Lorsque la Cannon, qui avait proposé un contrat moins intéressant, apprend que Bronson, J. Lee Thompson et le producteur Poncho Kohner sont sur le point de signer avec la Hemdale, le tandem Golan/Goblus voit rouge et menace de porter l’affaire devant les tribunaux, en prétextant que des millions de dollars avaient déjà été investis dans le projet ! Finalement, la Cannon et Hemdale se mettront d’accord sur les droits de l’exploitation en vidéo de La Loi de Murphy. Enfin, Gérard Delorme évoque le tournage au Bradbury Building.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Précédemment sorti en DVD chez MGM / United Artists en édition Standard il y a plus de quinze ans, La Loi de Murphy se refait une beauté dans les bacs grâce à Sidonis Calysta, à la fois en DVD et en Combo Blu-ray + DVD. Cette édition HD devrait ravir la fanbase de Charles Bronson, puisque le master présenté, même s’il a manifestement quelques heures de vol, s’avère convaincant et permet de revoir le film dans de bonnes conditions. Au rayon des points faibles de cette copie, des baisses de la définition sur les plans sombres, surtout durant la première partie, une texture argentique certes présente, mais aléatoire et parfois très appuyée, ainsi que la présence de poussières résiduelles. Néanmoins, le piqué est plaisant, les couleurs très belles, les contrastes bien gérés, les détails appréciables et la stabilité de mise.
En anglais comme en français, aucun accroc constaté sur ces deux pistes bien nettoyées et dynamiques. Comme nous le disions dans la critique, n’hésitez pas à visionner La Loi de Murphy dans la langue de Molière (qui se serait retourné dans sa tombe en entendant les dialogues), afin de profiter de l’imagination de nos chers adaptateurs et surtout de l’interprétation grandiose de Virginie Ledieu, qui s’en donne à coeur joie dans la vulgarité la plus réjouissante. Les sous-titres ne sont pas imposés.