KNOCK réalisé par Lorraine Lévy, disponible en DVD et Blu-ray le 20 février 2018 chez Studiocanal
Acteurs : Omar Sy, Alex Lutz, Ana Girardot, Sabine Azéma, Pascal Elbé, Audrey Dana, Michel Vuillermoz, Christian Hecq, Hélène Vincent, Andréa Ferréol, Rufus…
Scénario : Lorraine Lévy, d’après la pièce de théâtre de Jules Romains
Photographie : Emmanuel Soyer
Musique : Cyrille Aufort
Durée : 1h54
Année de sortie : 2017
LE FILM
Le Docteur Knock est un ancien voyou devenu médecin qui débarque dans le petit village de Saint-Maurice afin d’y faire fortune selon une méthode particulière. Suivant son adage « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore. », il va ainsi faire croire aux villageois en les manipulant astucieusement, qu’ils ne sont pas aussi bien portants qu’ils pourraient le penser. C’est ainsi qu’il trouvera chez chacun un symptôme, imaginaire le plus souvent, et de ce fait pourra exercer lucrativement sa profession. Sous ses airs de séducteur et après avoir acquis la confiance du village, Knock est sur le point de parvenir à ses fins. Mais son passé le rattrape et une ancienne connaissance vient perturber les plans du docteur.
Bon, comment dire, était-ce bien nécessaire ? Si la réalisatrice Lorraine Lévy se défend d’avoir voulu « faire un coup » en proposant le rôle de Knock à un acteur noir, sa relecture (la quatrième au cinéma) de la pièce de théâtre Knock ou le Triomphe de la médecine (1923) de Jules Romains n’a pour ainsi dire aucun intérêt. Pourtant, le casting est alléchant, mais la mise en scène reste d’une platitude confondante et ne parvient jamais à donner du corps au texte original. Par ailleurs, Omar Sy semble lui-même gêné et impressionné par les mots qui lui ont été confiés. Alors oui la photo est belle et solaire, mais Knock version 2017, transposé dans la France des années 1950, est un film figé et même si l’adaptation de Guy Lefranc, immortalisée par Louis Jouvet dans le rôle-titre – et qui l’avait déjà interprété sur scène et dans la seconde transposition en 1933 par Roger Goupillières – a pris pas mal de rides, elle lui reste bien supérieure.
L’affiche est impressionnante : Omar Sy, Ana Girardot, Alex Lutz, Sabrine Azéma, Audrey Dana, Pascal Elbé, Christian Hecq, Hélène Vincent, Andréa Ferréol, Rufus, Michel Vuillermoz, Nicolas Marié et bien d’autres sont visiblement ravis de se donner la (succulente) réplique de Jules Romains. Le problème, c’est que Lorraine Lévy n’a jamais été une bonne réalisatrice. Scénariste de Ma Meilleure amie d’Elisabeth Rappeneau en 2004, elle écrit et réalise son premier long métrage la même année, La Première Fois que j’ai eu 20 ans. S’ensuit Mes amis, mes amours (2008), adapté du roman de son frère, le célèbre écrivain Marc Lévy, avec Vincent Lindon et Pascal Elbé. Son meilleur film à ce jour, Le Fils de l’autre (2012) était – malgré une certaine naïveté – une oeuvre humaniste, un plaidoyer sans pathos pour la paix, universel et émouvant, tourné au pied du mur de séparation entre l’Israël et la Palestine. Après quelques téléfilms et l’écriture de plusieurs épisodes de la série Joséphine, ange gardien (si si), elle revient avec Knock, un projet qui lui tenait à coeur depuis huit ans et son film le plus ambitieux.
Avec un budget confortable de près de 13 millions d’euros, Lorraine Lévy mise tout sur la reconstitution, les décors, les accessoires. Le résultat est honnête, l’image est clinquante, c’est moelleux pourrait-on dire. Seulement Omar Sy, sur lequel s’est monté le projet, apparaît immobile du début à la fin. Engoncé dans son costume, le comédien césarisé pour Intouchables n’est guère à l’aise avec le texte de Romains, d’autant plus que le rôle lui demande de rester sobre, sans avoir recours à quelques pirouettes qui ont contribué à faire son succès au cinéma. A ce titre, il est bien plus à son affaire lors du prologue qui le montre en train d’échapper à quelques voyous notoires, pour ne pas avoir réglé une dette de jeu. Omar Sy peut alors se permettre de rire et d’utiliser son corps de plus d’1m90. Mais c’est autre chose quand son personnage débarque dans un petit village dans le but d’exercer la médecine. Le comédien se tient droit comme un i, déclame ses tirades sans y croire et de façon monocorde.
L’ensemble prend alors la forme d’un film à sketches, avec une succession de rencontres plus ou moins inspirées. Knock face au pharmacien, Knock face au facteur, Knock face à la femme du pharmacien, sans parvenir à instaurer un rythme de croisière, de façon mécanique. Ce n’est pas que l’on s’ennuie, mais le film n’est jamais émouvant, n’interpelle jamais, ne fait pas rire non plus. On sourit, mais grâce au charme d’Ana Girardot, l’abattage d’une Audrey Dana chaude comme la braise qui se déshabille et demande à Omar Sy « Comment trouvez-vous mes seins ? », qui lui répond alors « Je ne les trouve pas, je ne les cherche même pas ! ». Lorraine Lévy est capable de faire preuve de retenue, tout comme de se vautrer dans la scatologie comme dans cette scène où Pascal Elbé, pris de coliques, repeint littéralement les murs de sa chambre, sur fond de bruitages de pets repris directement de la bande-son de La Soupe aux choux. Voilà, c’était Knock. Cela ne gratouille pas, ça ne chatouille pas, mais ça irrite souvent il faut bien le dire.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de Knock, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.
Comme si elle avait besoin de se justifier sur son nouveau film, Lorraine Lévy prend le micro et commente Knock. C’est par ailleurs le seul bonus sur cette édition. Sans se présenter, la réalisatrice attaque bille en tête en indiquant « au risque de choquer » que le film de Guy Lefranc n’est pas un chef d’oeuvre, que la réalisation se contente de champs-contrechamps tournés dans un N&B standard. S’il y a évidemment du vrai dans ses propos, on sent que Lorraine Lévy a été très touchée par les nombreuses mauvaises critiques à la sortie de Knock. L’écoute n’est pas désagréable. La réalisatrice revient également sur les partis pris, sur la libre adaptation de la pièce de théâtre de Jules Romains, sur le casting, la photographie et la musique. Notons tout de même quelques longs silences.
L’Image et le son
Le master HD du Knock tient toutes ses promesses et offre au spectateur un très bon confort de visionnage. Le relief est omniprésent, les contrastes fermes et la luminosité constante. Le piqué est très agréable, les détails sont précis et le cadre large bien exploité. La photo est douce et ambrée, les noirs denses, les teintes chatoyantes, et les séquences nocturnes bien gérées.
Un seul choix disponible, une piste DTS-HD Master Audio 5.1 créant d’entrée de jeu une large et puissante spatialisation musicale. La balance frontales-latérales est très dynamique, les voix solidement plantées sur la centrale. Toutes les enceintes sont mises à contribution, certains effets naturels tirent leur épingle du jeu. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, tout comme une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.
Crédits images : © Studiocanal / Curiosa Films – Moana Films – Versus Production – France 2 Cinéma – France 3 Cinéma – Solo Films – Korokoro – Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr