HALLOWEEN II réalisé par Rick Rosenthal, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume
Acteurs : Jamie Lee Curtis, Donald Pleasence, Charles Cyphers, Jeffrey Kramer, Lance Guest, Pamela Susan Shoop, Hunter von Leer, Dick Warlock, Leo Rossi, Gloria Gifford, Dana Carvey…
Scénario : John Carpenter, Debra Hill
Photographie : Dean Cundey
Musique : John Carpenter, Alan Howarth
Durée : 1h32
Année de sortie : 1981
LE FILM
Michael Myers n’est pas mort ! Les six balles tirées par le Dr Loomis n’ont pas suffi à arrêter le tueur, qui poursuit son but : retrouver et supprimer Laurie Strode. Blessée et choquée, la jeune femme, transportée à l’hôpital de Haddonfield, est loin de se douter que Myers est encore à ses trousses, laissant toujours plus de cadavres dans son sillage, tandis que Samuel Loomis traque sans relâche son ancien patient…
« La nuit où il est revenu se poursuit… ».
Pouvait-on passer après John Carpenter ? La réponse est oui ! En voyant le succès monstre rencontré par Vendredi 13 – Friday the 13th de Sean S. Cunningham en 1980 et sa suite Vendredi 13 : Chapitre 2 – Friday the 13th Part 2 de Steve Miner, John Carpenter et Debra Hill se voient proposer une somme plus que correcte pour imaginer la suite de leur triomphe de l’année 1978. Si Moustapha Akkad est toujours crédité comme producteur, c’est le mythique Dino De Laurentiis, qui vient alors de racheter la franchise, qui apporte les pépètes, soit 2,5 millions de dollars. La naissance de cette suite est difficile, on pense même faire réaliser un film en 3D, ce qui pourrait être un bon argument de vente, d’autant plus que John Carpenter a purement et simplement décidé de ne pas la mettre en scène. L’idée est rapidement abandonnée, alors les scénaristes imaginent plutôt une séquelle directe, qui commencerait là où s’arrêtait le premier, autrement dit quand le Dr Loomis découvre la disparition du corps de Michael Myers, après lui avoir tiré dessus à plusieurs reprises. Un procédé repris entre autres par les deux premiers Rocky.
Evidemment, Jamie Lee Curtis se doit de revenir également. Même si la comédienne désirait s’éloigner du genre qui l’a rendu rapidement célèbre, surtout après les succès (même si modérés) en 1980 du Bal de l’horreur – Prom night de Paul Lynch et du Monstre du train – Terror train de Roger Spottiswoode, elle fait aussi son comeback, d’une part car elle doit essayer de se maintenir au box-office, d’autre part parce que le cachet qu’on lui propose est largement supérieur à celui qu’elle avait perçu pour le premier épisode. Remarqué avec un de ses courts-métrages, Toyer, Rick Rosenthal, âgé de 31 ans, est finalement choisi pour réaliser Halloween II, après le refus de Tommy Lee Wallace, complice et collaborateur de Big John. Si le film a été longtemps mal aimé, ce second opus est aujourd’hui largement réhabilité et considéré à juste titre comme l’une des meilleures suites du genre.
On ne peut pas dire que la réussite du film tienne au fait de retrouver Jamie Lee Curtis (qui a d’ailleurs bien changé entre les deux films) dans le rôle de Laurie Strode, puisque le personnage ne fait absolument rien pendant une heure, mais parce que Halloween II est un opus qui a de la gueule, qui ne s’évertue pas à copier-coller ce que John Carpenter a déjà instauré, mais qui se révèle être un parfait prolongement. Si l’esprit du réalisateur de Fog est bien présent, Rick Rosenthal est très appliqué, insuffle une âme, une griffe, et tous les évènements qui se déroulent dans l’hôpital sont aussi prenants qu’efficaces, le tout superbement photographié par Dean Cundey, déjà à l’ouvrage sur Halloween, la nuit des masques.
L’action reprend donc à Haddonfield, Illinois, le 31 octobre 1978, vers 22 heures. Le Dr Loomis vient de tirer six coups de feu sur Michael qui tombe d’une des fenêtres du premier étage. Mais son corps a disparu. Michael Myers n’est pas loin, Loomis le sait et s’en va patrouiller dans les rues de la ville en compagnie du shérif Brackett. La tâche est difficile, puisque tous les habitants sont masqués. Pendant ce temps, Michael Myers sème encore quelques cadavres. Parallèlement, Laurie est conduite à l’hôpital, où, convaincue que Myers va venir la tuer, hurle et demande qu’on ne l’endorme pas. Jimmy Lloyd, secrètement amoureux d’elle, va lui rendre visite dans sa chambre et la réconforte un peu. Dans la rue, Myers entend à la radio que Laurie Strode a été conduite au Haddonfield Mémorial. Comme Laurie l’avait imaginé, le tueur se rend vers l’établissement. La nuit va être longue…
Après une première partie qui relie la nouvelle histoire à la précédente, le scénario prend la forme d’un huis clos très réussi et anxiogène. Rick Rosenthal est libre de démontrer tout son potentiel, son sens du suspense (la fameuse scène du jacuzzi avec le beau plan topless de Pamela Susan Shoop), ses capacités techniques et sa solide direction d’acteurs. Effectivement, Jamie Lee Curtis passe une heure allongée dans son lit, dans un état somnolent dû aux médicaments administrés à son personnage, ou bien à murmurer ses dialogues à ses partenaires, tous très bons d’ailleurs (Lance Guest, Tawny Moyer, Gloria Gifford) et qui vont faire office de victimes. Quand elle doit enfin se lever pour échapper aux mains de celui qui est finalement annoncé comme étant son frère, un élément dramatique que John Carpenter a longtemps regretté d’avoir écrit, la belle Jamie Lee déambule dans les couloirs en chemise de nuit en essayant d’échapper à Michael Myers, ici interprété par Dick Warlock, cascadeur de son état. Si sa démarche et ses expressions sont différentes de celles de son prédécesseur Nick Castle, il s’en sort très bien ici et participe à la mythologie du tueur.
Après le tournage, Rick Rosenthal rend sa copie, mais ni John Carpenter, ni Debra Hill ne sont convaincus, surtout que la production estime qu’il n’y a pas assez de sang et surtout de morts à l’écran. John Carpenter profite du tournage de séquences destinées à compléter le premier Halloween pour sa diffusion à la télévision sur NBC (un budget de 4 millions de dollars avait été débloqué à cette occasion) afin de pallier à certains éléments coupés car jugés inappropriés, pour tourner d’autres scènes dans le but d’agrémenter Halloween II en victimes et accélérer le rythme. A sa sortie, le film est bel et bien signé Rick Rosenthal et connaît un beau succès dans les salles, même s’il rapporte deux fois moins que le premier. Halloween II est devenu depuis un grand classique du genre et bénéficie d’une belle place dans le coeur des aficionados de la franchise. Rick Rosenthal reviendra d’ailleurs à la saga en signant en 2002 le huitième épisode intitulé Halloween : Resurrection.
LE COMBO BLU-RAY/DVD
Sorti en 1999 chez l’obscur Intégral Vidéo, puis chez DVDY Films en 2002, Halloween II est enfin pris en main par un éditeur sérieux, et non des moindres, puisqu’il s’agit du Chat qui fume. Le félin dégaine une fois de plus une superbe édition limitée et tirée à 1000 exemplaires, qui prend la forme d’un Boîtier digipack 3 volets avec étui cartonné. Visuel sobre, mais efficace , qui reprend l’une des plus célèbres apparitions de Michael Myers dans le film de Rick Rosenthal. Le menu principal est animé et musical.
Fidèle à ses spécialistes en cinéma d’exploitation, Le Chat qui fume a de nouveau fait appel à Eric Peretti, pour nous présenter Halloween II (31’). Le programmateur au Lausanne Underground Film et Music Festival, ainsi qu’aux Hallucinations collectives de Lyon revient donc sur tous les aspects du film de Rick Rosenthal et prévient d’emblée que ce document contient évidemment quelques spoilers. La genèse du film, l’écriture et l’évolution du scénario, les intentions et les partis pris, les problèmes de continuité, le choix du réalisateur, le casting, la rumeur comme quoi John Carpenter aurait lui-même réalisé Halloween II, les quelques séquences retournées par ce dernier après la copie rendue par Rick Rosenthal, et enfin le succès commercial du film sont abordés au cours de cette passionnante intervention.
Si les arguments précédents sont peu ou prou repris du module suivant, l’ensemble parvient à se compléter et le making of de 45 minutes proposé ensuite contentera largement les fans de cette séquelle. Une grande partie du casting est présente (Ana Alicia, Tawny Moyer, Lance Guest, Leo Rossi, Nancy Stephens), sauf Jamie Lee Curtis, ainsi que le réalisateur Rick Rosenthal, le producteur exécutif Irwin Yablans, le production designer (sur le premier film) Tommy Lee Wallace, le directeur de la photographie Dean Cundey, le coordinateur des cascades Dick Warlock (qui incarne également Michael Myers ici), le co-monteur Skip Schoolnik et le co-compositeur Alan Howarth. Tous ces intervenants s’expriment sur les mêmes sujets présentés par Eric Peretti, tout en ajoutant de nombreuses anecdotes de tournage et de production. On notera qu’ils ne sont pas tous emballés par le film, même si l’ensemble considère quand même Halloween II comme une suite tout à fait honnête voire très réussie.
L’interactivité se clôt sur un lot de scènes inédites (8’), probablement coupées par John Carpenter et Skip Schoolnik au moment où le premier a repris le film en main. On constatera que ces séquences prolongeaient quelque peu le quotidien et les échanges du personnel hospitalier.
Une fin inédite tournée par Rick Rosenthal (1’20) est également disponible, mais jugée ridicule et finalement rejetée définitivement par John Carpenter.
L’Image et le son
L’éditeur reprend visiblement le même master HD dispo chez Shout ! Factory, issu d’une restauration 4K réalisée à partir du négatif original. Et le résultat est superbe. Les couleurs sont joliment rafraîchies, la copie est stable, les contrastes denses, les noirs profonds, le piqué agréable, tout comme la patine argentique bien équilibrée et gérée. Certaines séquences sortent du lot, notamment toutes les scènes d’hôpital avec un lot de détails très appréciables, sur les décors, mais également et surtout sur les gros plans. Profondeur de champs impressionnante. Une définition très solide qui participe à la (re)découverte d’Halloween II.
La version originale est proposée en DTS HD Master Audio 5.1, ainsi qu’en 2.0. La première option n’exploite guère l’ensemble des canaux, même si l’accompagnement musical est plaisant. En dehors de cela, les différences avec la Stéréo sont minimes et l’on préférera finalement sélectionner cette piste aux dialogues clairs et aux effets percutants, bref la plus dynamique du lot. L’éditeur joint également la version française 2.0 au rendu plus confiné et moins spectaculaire. Mais les puristes qui auront découvert le film ainsi dans leur jeunesse, miseront une fois de plus sur cette adaptation au doublage par ailleurs très chouette.