FALLO! réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Sara Cosmi, Massimiliano Caroletti, Silvia Rossi, Max Parodi, Raffaella Ponzo, Virginia Barrett, Angela Ferlaino, Daniele Ferrari, Maruska Albertazzi, Riccardo Marino, Federica Palmer, Roberto Giulianelli…
Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani & Massimiliano Zanin
Photographie : Federico Del Zoppo
Musique : Francesco Santucci
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 2003
LE FILM
MON FILM EST SANS AUCUN DOUTE PHALLOCENTRIQUE, MAIS COMME LE SOULIGNE LE POINT D’EXCLAMATION DU TITRE, BIEN PLUS PHALLOCRITIQUE QUE PHALLOCRATIQUE. » TINTO BRASS
S’il a connu son âge d’or (surtout en Italie) dans les années 1960, le film à sketches s’est certes fait plus rare, mais n’a pour autant jamais disparu. En 1995, avec La Boîte à fantasmes de Tinto Brass – Fermo posta Tinto Brass, le cinéaste s’amuse avec ce format et se met en scène, recevant des lettres d’admirateurs racontant leurs fantasmes et aventures érotiques, avant de les commenter et de les lire avec sa secrétaire Lucia, aux formes généreuses et sans culotte, à ses côtés. En 2003, rebelote, Tinto Brass reprend le même concept pour Fallo !, jeu de mots puisque le titre peut se traduire par « Fais-le ! », ce qui sera d’ailleurs repris au sens littéral à l’international (Do It!), et faire aussi penser au phallus, mais nullement à phallocrate, puisque contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, le cinéma de Tinto Brass a toujours démontré que les femmes étaient supérieures aux hommes. Fallo ! est une succession d’une demi-douzaine de sketches et une fois n’est pas coutume, tous sont plus ou moins égaux et réussis. Durant 90 minutes, le réalisateur s’exprime une fois de plus sur ses thèmes de prédilection, ses obsessions, la relation entre les hommes et les femmes évidemment, sur ce qui fait le sel dans un couple, maintient l’osmose sexuelle, tout en démontrant que la gent masculine, malgré ce qu’elle peut penser, n’égalera jamais l’autre sexe et ne la comprendra jamais. Comme le dit Christophe Bier, « tintophile » et cinéphile érotomane devant l’éternel, Fallo ! est une excellente entrée en matière pour celles et ceux qui n’ont jamais vu aucun film du maître du cinéma érotique et qui souhaiteraient aborder son cinéma. Alors, que trouve-t-on dans Fallo ! ?
Alibi
Cinzia fête sa lune de miel avec son mari Gianni à Casablanca : il lui offre le prix qu’elle convoite, à savoir un rapport anal avec un beau serveur marocain.
Montaggio alternato
Stefania, la femme d’un présentateur de télévision, se moque de son mari qui la trompe avec Erika ; l’amant est le réalisateur de télévision Bruno.
Due cuori e una capanna
Dans la petite pension du Tyrol du Sud où elle travaille comme serveuse, Katarina, poussée par son petit ami napolitain Ciro, satisfait les avances de Bertha, une cliente allemande sadomasochiste (accompagnée de son mari, lui aussi soumis) : l’argent « supplémentaire » l’aidera à ouvrir son propre restaurant avec Ciro.
Botte d’allegria
Sans aucun remords, Raffaella trompe son mari Ugo, faisant ainsi passer ses nombreuses aventures extraconjugales pour des fantasmes sporadiques destinés à raviver le désir obsessionnel de son conjoint.
Honni soit qui mal y pense
La Bolonaise Anna, enflammée par le climat permissif et libertin du village naturiste du Cap d’Agde, cède sans tabou à Helen et à son satirique mari écossais Noel ce paradis qu’elle a toujours refusé à son présomptueux petit ami.
Dimmi porca che mi piace
La Vénitienne Rosy est en lune de miel à Londres, où elle décide d’oser et de concéder ses propres grâces aux yeux avides et désirants d’un voyeur anglais curieux.
Il y en a donc pour tous les goûts. Tout le monde baise dans tous les coins, une fellation n’est pas simulée (une première chez Tinto Brass), toutes les femmes sont à se damner, le cinéaste passant son temps à filmer leurs poitrines parfaites (et non refaites, c’était chouette), leurs culs sublimes, offerts gracieusement par toute une tripotée d’actrices qui se tripotent, qui prennent du plaisir, même entre elles car chez l’amico Tinto celles-ci n’ont sûrement pas besoin de partenaire masculin pour satisfaire leurs envies. Complètement ana(l)chro-nique au début des années 2000, Fallo ! convoque de magnifiques créatures qui répondent au nom de (et par ordre d’apparition à l’écran) Sara Cosmi (déjà présente dans La Boîte à fantasmes de Tinto Brass), Silvia Rossi (vue dans Transgression), Federica Tommasi (actrice pornographique), Raffaella Ponzo (aperçue dans Tinto Brass Presents Erotic Short Stories: Part 2 – Quattro), Virginia Barrett (qui reviendra dans Monamour), Angela Ferlaino (que Bruno Mattei avait fait tourner dans Belle da morire) et Elisabetta Todde (inconnue au bataillon).
Voilà de quoi nourrir votre moteur de recherche pendant un certain temps (on passera sur les acteurs, qui eux aussi en profitent bien), même s’il est plus plaisant de voir ces demoiselles en action, surtout que Tinto Brass redouble d’ingéniosité pour trouver l’angle inédit ou jusqu’ici inexploré pour les filmer. Avec sa compagne et coscénariste Carla Cipriani (Monella, Transgression), épaulé par Massimiliano Zanin (auteur et réalisateur du documentaire Istintobrass en 2013), Tinto Brass laisse libre cours à sa fantaisie habituelle et livre six petites chroniques rafraîchissantes, qui s’immisce dans les chambres, les douches, les dunes de sable fin (attention aux grains dans la raie des fesses quand même), les partouzes du Cap d’Agde, les lunes de miel et même dans une réunion privée d’une compagnie ferroviaire (vous ne verrez sans doute plus la SNCF de la même façon). Ah oui et pour Brass, « Quand unen fmme dit non, c’est que c’est oui ! ». Allez dire cela dans un film récent…
On en prend plein les yeux et le caleçon, ça fait un bien fou, c’est cinglé à souhait, beau à regarder car toujours soigné sur le plan visuel, excitant, jouissif, on ne s’en lassera jamais. Tinto a le dernier mot, s’amuse à jouer le voyeur, allume son cigare, souffle sur son allumette pour fermer son film. Fine.
LE BLU-RAY
Et ça continue ! Après Monella – Lola la frivole, Miranda, La Clé et Salon Kitty, Tinto Brass se voit à nouveau dérouler le tapis rouge chez Sidonis Calysta avec les sorties en Haute-Définition de Transgression et Fallo !. Le second, désormais disponible en Combo Blu-ray + DVD et édition Standard, avait déjà connu une sortie en DVD chez Tiffany en 2007 (sous le titre Do it – Fallo), avant d’atterrir chez Bach Films en 2013. Beau visuel concocté pour cette nouvelle mouture. Menu principal animé et musical. À noter que l’éditeur a d’ores et déjà annoncé la sortie en Blu-ray de Monamour (2005) et Le Voyeur (1994) pour la rentrée septembre !
L’éditeur reprend tout d’abord la présentation de Fallo ! par Christophe Bier, disponible sur l’ancienne édition Bach Films (8’). L’auteur de CinÉrotica : l’encyclopédie du cinéma français érotique et pornographique, du Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques de longs métrages en 16 et 35 mm et de bien d’autres ouvrages consacrés (ou non d’ailleurs) au genre, s’adresse en priorité – il le dit lui-même – à celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore le cinéma de Tinto Brass. L’occasion pour lui d’aborder Fallo !, belle entrée en matière dans le cinéma du réalisateur italien et ce pour plusieurs raisons qu’il entreprend de lister. La signification (à double sens) du titre, les thèmes du film (ou comment s’amuser du comportement machiste de l’italien), les partis-pris et les intentions du cinéaste, la forme du film à sketches, les différents segments sont les sujets disséqués par Christophe Bier.
Place à Olivier Père, qui s’octroie une bonne demi-heure pour nous parler de Fallo !, mais aussi pour évoquer plus largement son rapport personnel avec le cinéma de Tinto Brass, qu’il a rencontré à plusieurs reprises dans sa carrière (en 2000 au Festival de Cannes, en 2002 à l’occasion d’une rétrospective qu’il avait organisée avec Jean-François Rauger, et plusieurs fois en Italie). Le directeur général d’ARTE France Cinéma et directeur de l’Unité Cinéma d’ARTE France parle aussi des thèmes explorés dans l’avant-dernier film du cinéaste, évoque le genre du film à sketches, les partis-pris, la vraie scène hard de Fallo !, tout en le replaçant dans la filmographie du maestro. Olivier Père se confie plus que d’habitude au cours de cet entretien, donne son avis personnel sur les segments qu’il préfère (le premier et surtout le dernier), parle du caméo de Tinto Brass et indique pourquoi ce réalisateur l’a intéressé.
Pas de traces du making of de Fallo !, présent sur le DVD Bach Films. L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Fallo ! apparaît en édition Standard et en Blu-ray. Le master HD présenté ici propose des couleurs affirmées, une clarté évidente, une stabilité ainsi qu’un relief appréciable. La propreté de la copie est indéniable et la définition fort appréciable. Aucun fourmillement, le piqué est ferme, surtout sur les scènes extérieures. La carnation est naturelle et cette copie récemment restaurée permet d’apprécier les éclairages plus stylisés que dans nos souvenirs, du chef opérateur Federico Del Zoppo (Killer Crocodile).
Les pistes italienne (à privilégier) et française (incomplète car il s’agit de la version intégrale) sont présentées en DTS HD Master Audio et instaurent toutes deux un bon confort acoustique, sans souffle, propre, avec une très bonne délivrance des dialogues. La partition de Francesco Santucci bénéficie d’une belle ouverture des canaux, le doublage français est correct et les effets annexes riches.
Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr