APRÈS LA GUERRE réalisé par Jean-Loup Hubert, disponible en DVD & Blu-ray le 26 novembre 2024 chez Tamasa Distribution.
Acteurs : Richard Bohringer, Antoine Hubert, Julien Hubert, Martin Lamotte, Isabelle Sadoyan, Raoul Billerey, Jean-François Dérec, Jacques Mathou, Roger Miremont…
Scénario : Jean-Loup Hubert
Photographie : Claude Lecomte
Musique : Jürgen Knieper
Durée : 1h41
Date de sortie initiale : 1989
LE FILM
Août 1944, les Américains arrivent ! C’est ce que croient Antoine, 12 ans et Julien, 8 ans, qui l’annoncent triomphalement aux habitants du village. Mais c’est une colonne de chars allemands qui avance. Paniqués, Antoine et Julien s’enfuient et font la rencontre d’un déserteur allemand. Ensemble, ils poursuivent leur chemin…
Il est sans doute toujours difficile pour un réalisateur ayant connu un triomphe au box-office, de passer au film suivant. Jean-Loup Hubert n’a cependant pas attendu longtemps et ne s’est pas reposé sur lauriers après le succès du Grand chemin, qui avait attiré plus de 3,1 millions de spectateurs en 1987. Deux ans plus tard, Après la guerre sort déjà sur les écrans et bénéficie des deux mêmes têtes d’affiche que son œuvre précédente, Richard Bohringer (auréolé du César du meilleur acteur) et Antoine Hubert, le fils aîné du cinéaste, qui interprétait Louis dans Le Grand chemin. Après l’été 1959, Jean-Loup Hubert remonte à nouveau le temps et plante son histoire quinze ans avant pour Après la guerre. Les Américains viennent de débarquer. Dans un petit village du sud de la France, on s’apprête à fêter les libérateurs. Trois jeunes garçons, Julien, Antoine et Gaby, au lieu de répéter avec le reste de la fanfare, préfèrent guetter l’arrivée des Américains qu’ils annoncent à la vue d’une file de blindés. Mais c’étaient les Allemands en train de se replier. Le maire est tué et l’on prévoit un châtiment exemplaire pour les garçons. Gaby est pris tandis que les deux frères Julien et Antoine s’enfuient vers Lyon pour y retrouver leur mère. Ils découvrent alors, réfugié dans un moulin, un soldat allemand cloué au sol par une sciatique. Franz-Joseph est en fait un déserteur et s’il parle si bien le français, c’est parce que sa mère est alsacienne. Après avoir été soigné par une rebouteuse, Franz accepte de faire route avec les deux garçons. Après la guerre s’inspire en grande partie de l’histoire vraie de Richard Bohringer, fils d’un officier de l’armée allemande et d’une française, qui se sont rencontrés durant la Seconde Guerre mondiale. Principalement élevé par sa grand-mère maternelle dans le Val-d’Oise en 1942, tandis que sa mère était allée vivre en Allemagne et que son père devait être fait prisonnier durant quelques années en Russie, le comédien, même si entouré d’amour, devait apprendre à grandir ainsi. Forcément touché, Jean-Loup Hubert prend certains éléments de cette histoire et livre un formidable long-métrage doux-amer sur l’absurdité de la guerre. Magnifiquement interprété par Richard Bohringer, les deux fils du metteur en scène et comme d’habitude par toute une pléiade de fabuleux seconds rôles, Après la guerre demeure un film solaire, qui s’adresse à toute la famille et dont le propos reste aussi pertinent qu’intemporel.
Après la guerre est un road-movie qui n’est pas sans rappeler le cinéma de Gérard Oury. Après des débuts difficiles pour notre trio, commence une longue marche dans les forêts pendant laquelle Julien et Antoine vont contre toute attente se prendre d’affection pour leur « ennemi », cet homme amer qui n’aime pas la guerre. Jean-Loup Hubert filme tout d’abord la campagne, la Haute-Provence, délicatement photographiée par le chef opérateur Claude Lecomte (À cause d’elle, La Mandarine, Raphaël ou le débauché), dont la beauté n’a pas été entamée par le conflit armé. La vie d’un village est rapidement, mais intelligemment esquissée, avec ses habitants, sa fanfare, son maire…tout cela avant le drame. Après avoir pris la fuite, car considérés comme responsables, trois jeunes gamins, dont deux frères, taillent donc la route. Les frères veulent se réfugier chez leur mère à Lyon. Sur le chemin, Gaby est surpris en train de voler des œufs par un fermier et il est ramené à la maison par celui-ci. Alors que les frères poursuivent leur voyage, un chien les rejoint, un berger allemand qui est l’animal de service des Allemands. Plus tard, les frères rencontrent Franz, un soldat allemand (en fait un alsacien enrôlé de force dans l’armée allemande) qui commence par les menacer avec son fusil. L’un des deux est chargé de lui apporter de la nourriture et du vin pendant qu’il tiendra l’autre en otage. Comme Franz est bloqué du dos et qu’il n’y a pas de médecin à proximité, les frères l’emmènent chez une rebouteuse. Une amitié inattendue va naître. Mais les Allemands sont toujours présents et l’étau se resserre.
Le dernier acte d’Après la guerre est bouleversant et la prestation de Richard Bohringer laisse difficilement de marbre, tout comme celle des jeunes acteurs, confondants de naturel. Jean-Loup Hubert foudroie le coeur et l’âme dans la scène où Franz découvre ce qui est arrivé aux habitants d’un village, jusqu’à présent étrangement désert depuis leur arrivée. Malgré l’horreur, Après la guerre est marqué par une luminosité constante, un optimisme réconfortant, un humanisme salvateur qui parcourt d’ailleurs l’oeuvre de son auteur.
On ressort le coeur gros, les joues noyées par les larmes, mais réchauffé par la tendresse et l’amour qui coulent par chaque pore de ce conte.
LE BLU-RAY
Nous continuons d’explorer la carrière de Jean-Loup Hubert, grâce aux éditions HD concoctées par Tamasa Distribution. Ainsi, après notre chronique consacrée hier à L’Année prochaine…si tout va bien, nous nous penchons aujourd’hui sur Après la guerre, qui avait attiré à sa sortie près d’un million et demi de spectateurs. Le disque repose dans un boîtier classique de couleur blanche. Le menu principal est fixe et musical.
Outre la bande-annonce, cette fois présente, nous trouvons un nouvel entretien avec Jean-Loup Hubert (27’30). Le réalisateur, toujours peu avare en anecdotes, revient sur la genèse de son quatrième long-métrage, inspiré entre autres par l’histoire de Richard Bohringer, « une enfance, fondamentale dans ce qu’il a été et devenu, puisque élevé ni par son père, ni par sa mère ». Jean-Loup Hubert évoque comment d’autres éléments se sont greffés à cette histoire d’alsacien enrôlé de force dans l’armée allemande, dont l’envie de faire tourner cette fois ses deux fils, Antoine et Julien. Les conditions de tournage dans le Lubéron sont abordées, ainsi que les thèmes et ses intentions, sans oublier son perfectionnisme en ce qui concerne les détails historiques, les décors et les costumes.
L’Image et le son
Tamasa Distribution présente une nouvelle restauration 4K (réalisée à partir du négatif original) d’Après la guerre, un master HD rendant immédiatement caduque le DVD édité il y a vingt piges chez LCJ Éditions & Productions. L’éditeur se devait de concocter une jolie édition Haute-Définition, ce qui est heureusement le cas avec la présente galette. La propreté est immédiate durant le générique en ouverture, la clarté est douce et agréable, le grain cinéma respecté, les couleurs et les contrastes retrouvent une fermeté bienvenue. Le piqué est également à l’avenant, y compris sur les séquences sombres et nocturnes, la définition (codec AVC, 1080p) est exemplaire. Une très belle restauration et un lifting de premier ordre.
Le mixage 5.1 instaure un indéniable confort acoustique, avec une utilisation fine et intelligente des latérales. La balance frontale est dynamique, les voix exsudées avec force sur la centrale, la musique de Jürgen Knieper (Les Ailes du désir) percutante et les effets puissants. N’oublions pas les ambiances naturelles toujours notables. Présence des sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi que d’une piste Audiodescription.
Crédits images : © Tamasa / Caméra Noire – TF1 Films Production – GPFI – TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr