HAUTE SÉCURITÉ (Lock Up) réalisé par John Flynn, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook le 2 octobre 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Sylvester Stallone, Donald Sutherland, John Amos, Darlanne Fluegel, Sonny Landham, Tom Sizemore, Frank McRae, William Allen Young…
Scénario : Richard Smith, Jeb Stuart, Henry Ronsenbaum
Photographie : Donald E. Thorin
Musique : Bill Conti
Durée : 1h49
Date de sortie initiale : 1989
LE FILM
Détenu à la prison de Norwood, Frank Leone n’a plus que six mois à faire avant de sortir. Il organise déjà son avenir avec son adorable femme, Melissa. Mais, de retour d’une permission, Frank est brutalement transféré au pénitencier de Gateway. Il y retrouve son vieil ennemi, Drumgoole, un directeur de prison sadique et brutal qui a, de plus, une revanche à prendre sur Leone.
Ancien assistant de Robert Wise et de John Sturges, John Flynn (1932-2007) passe à la mise en scène en 1968 avec Le Sergent dans lequel il dirige Rod Steiger. Voulant adapter un roman de Donald Westlake – Richard Stark au cinéma, il voit son rêve se concrétiser grâce à la MGM et transpose en 1973 The Outfit, troisième aventure de Parker, publiée en 1963. Un petit polar propre, bien mis en scène et photographié, symbolique du travail bien fait de John Flynn, véritable artisan, excellent technicien et directeur d’acteurs.
Son film suivant, Légitime Violence – Rolling Thunder (1977), est un film violent écrit par Paul Shrader, qui venait de signer Yakuza, Taxi Driver et Obsession, puis réécrit par Heywood Gould sur la demande des studios afin de rendre le script moins nihiliste, qui reste un des témoignages les plus virulents sur la condition des soldats revenus du Vietnam. Légitime violence est une réaction en chaîne où la violence appelle la violence. Les personnages, pris dans une histoire de vengeance, n’ont plus rien à perdre puisqu’ils errent comme des morts-vivants et vivent comme s’ils étaient toujours incarcérés. Quelques années avant Rambo – First Blood, Légitime violence de John Flynn aborde le trauma de ces machines de guerre revenues d’entre les morts, qui ont survécu mais qui n’ont plus aucune raison de vivre en dehors du champ de bataille. C’est une grande baffe, un direct à l’estomac, du début à la fin, jusqu’au final explosif et extrêmement sauvage, qui n’est pas sans rappeler le final de Guet-apens de Sam Peckinpah.
L’autre film culte de John Flynn est incontestablement Pacte avec un tueur – Best Seller (1987), écrit par le spécialiste ès séries B Larry Cohen (la trilogie Maniac Cop), pur produit des années 1980, un thriller comme on les aime, porté par un duo d’acteurs géniaux, Brian Dennehy et James Woods, avec une musique du genre série télévisée soulignée de synthétiseurs et de quelques notes de saxophone à la Hollywood Night. Malgré son cachet kitsch, Pacte avec un tueur demeure un redoutable polar, rondement mené, avec des personnages bien dépeints, et quelques fulgurances bien senties. En dépit d’une fin au dénouement abracadabrant, conspuée par le scénariste en personne, Pacte avec un tueur déroule son récit en jouant sur l’ambiguïté des personnages, notamment dans le rapport répulsion/attraction du tueur à gages psychopathe, merveilleusement interprété par James Woods (vraiment flippant) et le flic buriné et tenace auquel le trop souvent oublié Brian Dennehy prête sa carrure d’armoire à glace. Un jeu du chat et de la souris, initialement écrit pour Kirk Douglas et Burt Lancaster, véritable buddy-movie très couillu, nerveux et rythmé.
Et l’on arrive enfin à Haute sécurité – Lock Up. Depuis le succès planétaire de Rocky 4, Sylvester Stallone enchaîne les semi-succès. Si ses films sont considérés aujourd’hui comme des classiques, Cobra de George Cosmatos « déçoit », malgré son très grand succès en Europe et plus particulièrement en France avec 2,7 millions d’entrées. Sly accepte la proposition mirobolante de Menahem Golan et tourne Le Bras de fer – Over the Top. Bide aux Etats-Unis, rentable grâce aux entrées internationales. Souhaitant se refaire une santé au box-office US, Monsieur Sylvestre revient à Rambo pour un troisième épisode. Cette fois encore, les résultats ne sont pas ceux espérés. Partagé entre le fait de surfer sur son succès dans les films musclés et de démontrer ses grandes capacités dramatiques, Sylvester Stallone collabore avec John Flynn pour Haute sécurité. Drame carcéral à la violence sèche coécrit par Jeb Stuart (Piège de cristal, Leviathan, Le Fugitif), production modeste, Haute sécurité, quelque peu oublié dans la filmographie du grand Sly ou éclipsé par Tango & Cash qui sort quelques semaines après, reste une valeur sûre trente ans après sa sortie.
Frank Leone, détenu modèle, a bientôt terminé son temps d’incarcération. Mais peu de temps avant sa sortie, Frank est transféré en pleine nuit dans une prison de très haute sécurité, sans raison apparente. À son arrivée, il est accueilli par le directeur de la prison, qui n’est autre que Drumgoole, l’ancien directeur de la précédente prison d’où Frank s’était échappé pour aller voir son « père adoptif » mourant. Drumgoole, empli de haine et de vengeance, est bien décidé à faire payer à Frank son affront et à le pousser à bout.
Alors bien sûr, on ne peut échapper à certains passages attendus avec ce bon prisonnier sensible et au coeur tendre, qui rêve de sortir de prison pour retrouver sa belle et pour ouvrir le garage dont il a tant rêvé. Mais évidemment, rien ne se passe comme prévu. Sylvester Stallone, la démarche balancée à la Rocky, d’ailleurs Bill Conti ne se gêne pas pour plagier sa propre partition, est bien malmené et l’objet de mille persécutions dans Haute sécurité. Entre un Donald Sutherland démoniaque (et démentiel il fait bien le dire), des gardiens sadiques, des prisonniers complices de ces derniers, ses amis blessés et même tués, sa compagne menacée de viol, notre Sly adoré va finir par perdre son calme et tenter de se barrer.
Haute sécurité, très mal aimé à sa sortie et qui sera d’ailleurs nommé aux Razzie Awards en 1990 pour le prix du Pire film, pour le Pire acteur pour Sylvester Stallone et pour le Pire second rôle masculin pour Donald Sutherland, a depuis été réévalué. Film chéri par les aficionados de Sly, Lock Up n’est pas le film bourrin auquel on rattachait quasi-systématiquement et éhontément le comédien. Si les éléments dramatiques sont quelque peu capillotractés, la prestation de Sylvester Stallone est impeccable, solide, toujours sur le fil entre l’émotion à fleur de peau et la machine à muscles. Très attachant, on subit avec lui les brimades et les humiliations, en sachant bien qu’il reprendra le dessus. Donald Sutherland est quant à lui l’un des meilleurs adversaires qu’il aura à affronter à l’écran, une confrontation psychologique tendue et un final d’anthologie.
Le reste du casting est à l’avenant avec la présence de John Amos (Un prince à New York) avec son « incroyable sourire », et les tronches de Sonny Landham (Predator), Tom Sizemore dans son premier rôle au cinéma, un certain Danny Trejo en arrière-fond, le colosse Frank McRae dans le rôle d’Eclipse et la belle Darlanne Fluegel (Il était une fois en Amérique, Police Fédérale Los Angeles).
Lock Up ne brillera pas au box-office américain, amassant seulement 22 millions de billets verts, mais le film trouvera son public dans le reste du monde.
LE 4K UHD
Tout d’abord disponible dans le catalogue de Sony Pictures en 2003, Haute sécurité est ensuite passé dans la musette de Studiocanal en 2010. Jusqu’à maintenant, le film de John Flynn ne disposait que d’une édition standard, dépourvue de suppléments. C’est donc avec une grande et agréable surprise de voir débarquer Haute sécurité non seulement en Blu-ray (qui existait déjà en Angleterre), mais aussi et surtout en 4k UHD ! Ce combo disponible en édition Steelbook fait la part belle à l’avant-bras gauche menotté de Sly. Le menu principal est identique sur le Blu-ray et le 4K, animé et musical.
L’éditeur joint du matériel promotionnel d’époque, avec tout d’abord cinq interviews réalisées pour la sortie du film. Sylvester Stallone (5’), Donald Sutherland (21 secondes), Sonny Landham (42 secondes), John Amos (17 secondes) et Darlanne Fluegel (42 secondes) donnent (vraiment trop) rapidement quelques informations sur leurs personnages respectifs et leurs motivations, ainsi que sur les conditions de tournage dans deux véritables prisons situées dans le New Jersey.
Le making of (6’30) compile quelques extraits des entretiens aperçus plus haut, avec des images de tournage, tandis qu’une featurette (3’) centrée sur Sly dévoile la préparation des cascades et des bastons.
Enfin, le reportage « coulisses » (8’) se concentre sur le tournage du match de football américain, avec John Flynn donnant ses indications aux comédiens, pendant que Stallone règle l’action avec ses partenaires. Ce module n’est pas sous-titré.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce. Signalons également des problèmes de sous-titres sur l’ensemble des suppléments.
L’Image et le son
Nouveau master 4K pour Haute sécurité réalisé par Studiocanal ! Les fans de Sylvester Stallone vont être aux anges, surtout qu’on ne s’attendait pas à pareil traitement pour ce film souvent et injustement mal considéré dans la filmographie du comédien. Un lifting de premier choix qui ravit constamment les yeux et permet d’apprécier à nouveau les partis pris de Donald E. Thorin, immense et talentueux directeur de la photographie à qui l’on doit les images du Solitaire de Michael Mann, Purple Rain d’Albert Magnoli ou bien encore Midnight Run de Martin Brest. Le résultat est bluffant. La restauration laisse pantois, c’est très élégant, les nombreux gros plans étonnent par leur précision, la clarté est plaisante (jusque dans l’éclat des yeux des comédiens) et le piqué joliment acéré sur les séquences diurnes comme l’atteste le relief des textures et des matières. Le grain original est conservé, fin, l’encodage costaud, la colorimétrie ravivée, et même les scènes sombres s’avèrent aussi soignées avec des contrastes denses. Haute sécurité est présente en HEVC, 2160p, en Dolby Vision et HDR10.
Haute sécurité ne regorge pas de scènes d’action, mais certaines séquences sont parfois mises en valeur par des effets et ambiances, mettant à contribution et intelligemment votre installation acoustique, sans trop paraître artificielle. En anglais du moins, car contrairement à cette piste et à la langue allemande également présente ici, la version française est la seule à ne pas bénéficier de la 5.1 et doit se contenter d’une Stéréo DTS-HD Master Audio. D’ailleurs, signalons qu’il s’agit d’une des rares infidélités d’Alain Dorval à Sylvester Stallone, remplacé ici par Michel Vigné. Cela n’empêche pas cette piste d’être très claire et dynamique. Mais elle ne peut rivaliser avec la version anglaise qui crée une immersion inédite et bienvenue.