Test 4K UHD / Deux Super-flics !, réalisé par Enzo Barboni

DEUX SUPER-FLICS! (I Due superpiedi quasi piatti) réalisé par Enzo Barboni, disponible en Blu-ray et Combo 4K UHD + Blu-ray, le 22 janvier 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Terence Hill, Bud Spencer, David Huddleston, Luciano Catenacci, Luciano Rossi, Laura Gemser, Edy Biagetti, Jill Flanter, April Clough, Riccardo Pizzuti…

Scénario : Enzo Barboni

Photographie : Claudio Cirillo

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h55

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Deux paumés, Matt et Wilbur, débarquent au port de Miami afin d’y chercher un boulot. Ne trouvant rien, ils décident de faire un hold-up mais se retrouvent, par erreur, dans un poste de police! Là, deux motards les prennent pour de nouvelles recrues ! Nos deux héros deviennent alors des agents de police qui mettent leur « savoir-faire » de voyous au service de l’ordre public.

Dans une galaxie lointaine, très lointaine, voici ce que votre serviteur, alors âgé d’à peine vingt ans, pouvait écrire sur le film qui nous intéresse aujourd’hui : « Deux super flics! est sans aucun doute un des meilleurs épisodes de la saga « Terence Hill et Bud Spencer ». Un divertissement encore très plaisant, certes qui ne brille pas par son histoire où tout n’est que prétexte aux bastons (avec les bruitages homériques), aux baffes du bon gros Bud et aux coups de tatanes du zébulon Terence. Deux super-flics! amorce la carrière américaine du duo (premier film italien tourné à Miami) et joue essentiellement sur les attentes du public avec des bagarres à gogo, des gags certes faciles, mais du plus bel effet et des scènes de boustifaille grasse (Terence rotant au nez d’une belle nana). Le gros barbu bourru et le blondinet malicieux (dix-sept fois réunis au cinéma) jouent la carte de l’antagonisme et leur complicité, leur personnalité, leur dynamique, leur alchimie s’imposent sans difficultés et on suit les aventures de ces Pif et Hercule sans rechigner, bien au contraire. Deux super-flics! est une pure comédie, enchaînant les scènes cultes sur un semblant d’histoire de trafic de drogue. Le rythme est soutenu durant deux heures, la réalisation de E.B. Clucher (en fait Enzo Barboni) est alerte, la musique des frères de Angelis est aussi répétitive que drôle et marquante. On ne peut s’empêcher de fredonner cet air de guitare lancinant, enjoué, donnant au film un aspect quasi-cartoonesque. Les intrigues criminelles sont certes confuses, les personnages secondaires à peine esquissés, mais la galerie nous fend la gueule, comme les différentes bandes que le fameux duo affronte : les dockers du port, la bande de Geronimo (bagarre culte sur le stade de Miami, avec Luciano Rossi dans le rôle du leader à plume), bagarre encore plus culte contre tous les « méchants » dans le bowling. Les claques, les coups de poing s’enchaînent pour notre plus grand plaisir, le divertissement est encore irrésistible. Du cinéma populaire dans le sens noble du terme, un véritable chef-d’oeuvre d’humour des années 70 qui fut un triomphe ».

S’il s’est écoulé quasiment un quart de siècle depuis l’écriture de cette modeste critique, le type de 43 ans qui écrit ces présentes lignes n’a rien d’autre à ajouter et n’en pense pas moins. Sauf qu’ il aime ce film sans doute encore plus. C’est dire l’extraordinaire affection qu’il aura toute sa vie pour ce tandem.

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Test Blu-ray / La Montagne du dieu cannibale, réalisé par Sergio Martino

LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE (La Montagna del dio cannibale) réalisé par Sergio Martino, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia, Lanfranco Spinola, Carlo Longhi, Luigina Rocchi…

Scénario : Sergio Martino & Cesare Frugoni

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h39 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Accompagnée par son frère Arthur, Susan Stevenson arrive en Nouvelle-Guinée et y organise une expédition afin de retrouver son mari disparu en pleine jungle. Elle obtient l’aide d’Edward Foster, un guide réputé. Ils vont devoir se rendre sur l’île de Roka où le mari de Susan était parti à la recherche de la mythique montagne Rarami, laquelle, selon les légendes, servirait de repère à la tribu cannibale des Pouka.

Contrairement à ce que beaucoup de spectateurs pensent, La Montagne du dieu cannibaleLa Montagna del dio cannibale ne surfe pas sur le succès international de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato, puisque tout simplement le film de Sergio Martino est sorti sur les écrans deux ans avant. Néanmoins, le sieur Deodato avait déjà tourné Le Dernier monde cannibaleUltimo Mondo Cannibale l’année précédente, tandis qu’en 1972, Umberto Lenzi signait le film précurseur avec Cannibalis : Au pays de l’exorcismeIl Paese del sesso selvaggio. Rendons donc à César (à Cesare devrait-on dire) ce qui lui appartient. La Montagne du dieu cannibale sort en 1978, quelques mois après Emanuelle et les derniers cannibalesEmanuelle e gli ultimi cannibali de Joe d’Amato, avec lequel il partage de nombreux points communs. Rétrospectivement, La Montagna del dio cannibale est assurément l’un des meilleurs opus du genre, Sergio Martino étant un metteur en scène plus « rigoureux » qu’Umberto Lenzi et moins rentre-dedans que Ruggero Deodato et Joe d’Amato. Par ailleurs, en dehors de quelques scènes totalement gratuites et infectes, montrant le sacrifice de véritables animaux (on assiste malheureusement à la mort insoutenable d’un singe, avalé par un python, à l’éventration d’un iguane…), reniées par le cinéaste par la suite, La Montagne du dieu cannibale apparaît avant tout comme un film d’aventure à part entière durant près d’une heure. Bénéficiant d’un casting haut de gamme, mêlant Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli et Antonio Marsina, Sergio Martino ne plonge pas ses stars internationales dans le gore, mais crée un survival non seulement très bien mis en scène, mais aussi et surtout prenant, passionnant à suivre et beau à regarder. Évidemment, le dernier tiers, quasi-muet, compile les séquences « attendues » avec une castration filmée en gros plan, un repas placé sous le signe du steak tartare (viande allant directement du producteur au consommateur), tandis qu’Ursula Andress, nous gratifie de sublimes plans topless (ainsi que d’un full frontal) et qui à 41 ans avait de quoi faire des envieuses. Bref, La Montagne du dieu cannibale est un savoureux tour de force, un divertissement réservé à un public averti, qui fonctionne encore aujourd’hui à plein régime. Une grande référence, un mètre étalon.

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Test Blu-ray / Goodbye & Amen, réalisé par Damiano Damiani

GOODBYE E AMEN réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Tony Musante, Claudia Cardinale, John Forsythe, John Steiner, Renzo Palmer, Angela Goodwin…

Scénario : Damiano Damiani & Nicole Badalucco

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un agent de la CIA en poste à Rome fomente un complot destiné à renverser un gouvernement africain. Mais ses plans s’effondrent lorsqu’il découvre qu’un de ses hommes l’a trahi. Fou de rage, il prend en otage un couple adultère dans une chambre d’hôtel.

Après avoir traité d’un complot d’extrême droite dans Un juge en danger Io ho paura, Damiano Damiani continue sur sa lancée et livre un nouveau thriller, Goodbye & Amen, qui cette fois ne sera pas interprété par Franco Nero ou Gian Maria Volonté, mais par l’excellent Tony Musante. Acteur américain découvert en 1964 dans Les Tueurs de San Francisco Once a thief de Ralph Nelson, ce dernier se fait surtout remarquer trois ans plus tard dans l’incroyable L’Incident The Incident de Larry Peerce, qui lui vaut d’être repéré aussi bien par les réalisateurs US (Gordon Douglas, Richard Fleischer, Robert Aldrich) qu’européens et notamment italiens, puisqu’il tournera avec Sergio Corbucci (El Mercenario), Giuseppe Patroni Griffi (Disons, un soir à dîner) et bien sûr Dario Argento (L’Oiseau au plumage de cristal). Il est impeccable dans Goodbye & Amen (ou L’uomo della CIA), qui n’est sans doute pas l’opus le plus célèbre de son auteur, mais qui n’en reste pas moins un spectacle souvent remarquable, même si moins virulent, politique et inspiré que ses monuments les plus reconnus. S’il n’y a rien à redire sur la force du casting et le déroulé efficace de l’intrigue, quasi huis clos qui se passe essentiellement dans un hôtel de luxe, Goodbye e Amen pâtit d’une esthétique vieillotte et d’une mise en scène qui rappelle une série télévisée de son époque. Ce qui n’empêche pas de prendre un sacré pied.

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Test Blu-ray / Un citoyen se rebelle, réalisé par Enzo G. Castellari

UN CITOYEN SE REBELLE (Il Citadino si ribella) réalisé par Enzo G. Castellari, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Giancarlo Prete, Barbara Bach, Renzo Palmer, Nazzareno Zamperla, Massimo Vanni, Romano Puppo, Renata Zamengo…

Scénario : Dino Maiuri & Massimo De Rita

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Carlo Antonelli est un citoyen ordinaire, jusqu’au jour où il est brutalement agressé lors braquage. Quand la police laisse tomber l’affaire et les suspects restent libres, la patience de Carlo est poussée au-delà de son point de rupture et il va entreprendre une guerre sans merci contre les criminels dont la seule loi est celle de la rue.

Dans les années 1970, l’Italie fait face aux exigences politiques des Brigades rouges et connaît ce qui deviendra plus tard les tristement célèbres Anni di piombo, en français les « années de plomb ». En tant que vecteur de débats sociétaux (et parce qu’il est aussi opportuniste), le septième art va vite s’emparer de cette violence omniprésente et la refléter dans une multitude d’opus du cinéma de genre, notamment des thrillers urbains, forcément influencés par L’Inspecteur Harry de Don Siegel et French Connection de William Friedkin, qui sortent tous les deux en 1971. Les films policiers d’Enzo G. Castellari (tout comme ceux d’Umberto Lenzi, de Fernando Di Leo, d’Alberto De Martino, de Sergio Martino et tellement d’autres), de son vrai nom Enzo Girolami (né en 1938), vont ainsi dresser le portrait d’un pays au bord de l’asphyxie, où les habitants n’ont plus aucune foi ni confiance envers leurs élus et l’autorité, sans rien édulcorer, avec une brutalité difficile à concevoir presque cinquante ans après. La vengeance et la justice sont au coeur d’Un citoyen se rebelleIl Cittadino si ribella, deuxième collaboration d’Enzo G. Castellari avec celui qui sera son comédien fétiche, Franco Nero, un an après Le Témoin à abattre La Polizia incrimina la legge assolve, et qui s’associeront encore à quatre reprises à ce jour, les deux hommes (qui ont chacun passé la barre des 80 ans) ayant fait part de leur désir commun de se retrouver pour une suite de Keoma (1976). Sur un sujet grave, le réalisateur signe un formidable spectacle, un divertissement haut de gamme, un vigilante ultra-efficace qui rappelle évidemment Un justicier dans la ville Death Wish de Michael Winner, qui ne sortira pourtant que trois mois après Un citoyen se rebelle de l’autre côté des Alpes. Énorme succès dans les salles, Il Cittadino si ribella se démarque par le charisme magnétique de Franco Nero, la solide présence de Giancarlo Prete, le charme de Barbara Bach, un montage déchaîné et une mise en scène très nerveuse qui n’omet jamais l’émotion, des atouts grâce auxquels Un citoyen se rebelle a conservé une indéniable fraîcheur et une étonnante modernité.

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