Test Blu-ray / Les Boys de la compagnie C, réalisé par Sidney J. Furie

LES BOYS DE LA COMPAGNIE C (The Boys in Company C) réalisé par Sidney J. Furie, disponible en Combo Blu-ray + 2 DVD le 12 avril 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Stan Shaw, Andrew Stevens, James Canning, Michael Lembeck, Craig Wasson, Scott Hylands, James Whitmore Jr., Noble Willingham, R. Lee Ermey…

Scénario : Rick Natkin & Sidney J. Furie

Photographie : Godfrey A. Godar

Musique : Jaime Mendoza-Nava

Durée : 2h01

Année de sortie : 1978

LE FILM

1967. Cinq jeunes Marines, engagés volontaires, intègrent un camp militaire où ils seront formés, avant d’être envoyés au Vietnam. Ils découvrent alors l’horreur de la guerre et une plongée en enfer à laquelle personne ne les avait préparés…

Quand on parle de la guerre du Vietnam au cinéma, on pense immédiatement à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, Platoon d’Oliver Stone, Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, Rambo de Ted Kotcheff, Good Morning, Vietnam de Barry Levinson, Outrages de Brian De Palma et Full Metal Jacket de Stanley Kubrick. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Mais avant cela, le cinéma hollywoodien s’était déjà intéressé à ce conflit, comme média de propagande à l’instar des Bérets verts The Green Berets, co-réalisé en 1968 par Ray Kellogg et John Wayne. Dix ans plus tard, Sidney J. Furie coécrit avec son complice Rick Natkin et réalise Les Boys de la compagnie C The Boys un Company C, film qui n’est sans doute pas passé à la postérité, mais qui demeure néanmoins important rétrospectivement, puisqu’il s’avère être la matrice de l’oeuvre susmentionnée de Stanley Kubrick. En effet, impossible de ne pas penser à Full Metal Jacket, pourtant sorti dix ans plus tard, surtout durant l’entraînement de la future unité de Marines (durant lequel apparaît le même R. Lee Ermey, légendaire sergent-instructeur Hartman, ici quasiment dans le même rôle), destinée à être envoyée au Vietnam où chaque membre servira essentiellement de chair à canon. Mais Sidney J. Furie ne s’intéresse pas seulement à la formation de ces soldats spéciaux, d’ailleurs, contrairement à Full Metal Jacket où cet acte dure quasiment la moitié du métrage celui-ci ne représente qu’un quart dans Les Boys de la compagnie C, le cinéaste désire montrer comment cela se passait réellement sur le terrain. Certes, comparer la virtuosité quasi-chirurgicale et symétrique de Stanley Kubrick au style plus passe-partout de Sidney J. Furie serait inutile. Toutefois, il serait fort dommage de ne pas réévaluer Les Boys de la compagnie C, qui au-delà de son côté précurseur, reste un formidable divertissement mené sans aucun temps mort.

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Test Blu-ray / Le Coeur battant, réalisé par Jacques Doniol-Valcroze

LE COEUR BATTANT réalisé par Jacques Doniol-Valcroze, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Françoise Brion, Jean-Louis Trintignant, Pénélope Portrait, Marc Eyraud, Suvath Phoeun, Borany Kassano, Raymond Gérôme…

Scénario : Jacques Doniol-Valcroze

Photographie : Christian Matras

Musique : Michel Legrand

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Un jeune peintre, François, aime Dominique qui lui préfère Juan, diplomate chilien avec lequel elle a eu une liaison l’année précédente. Elle doit retrouver ce dernier sur une île de la Méditerranée ; elle demande à François de l’accompagner, lequel va s’efforcer de la séduire en attendant l’arrivée de Juan.

On connaît le dénommé Jacques Doniol-Valcroze (1920-1989) comme étant le père fondateur (et le premier rédacteur en chef) de la mythique revue Les Cahiers du cinéma, aux côtés d’André Bazin, Joseph-Marie Lo Duca et Léonide Keigel. Une référence, une légende pourrait-on dire, qui reste célèbre pour ses combats, son élégance, sa passion contagieuse pour le septième art (il était avant tout journaliste et critique), mais aussi pour ses qualités humaines qui ont toujours fait l’unanimité et qui ont laissé des traces indélébiles chez celles et ceux qui l’ont côtoyé. On connaît moins son travail comme metteur en scène, étant passé lui-même derrière la caméra assez tardivement, vers l’âge de 40 ans. Après trois courts-métrages, L’Oeil du maître (1957), Les Surmenés (1958) avec Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel et Bonjour, Monsieur La Bruyère (1958) avec Michel Bouquet, Jacques Doniol-Valcroze passe le cap du grand format avec L’Eau à la bouche, succès critique et commercial, qui demeure essentiellement connu pour la chanson éponyme de Serge Gainsbourg. Il enchaîne très vite avec Le Coeur battant, qu’il écrit seul et pour lequel il dirige pour la seconde fois son épouse Françoise Brion. Cette comédie dramatico-romantique surfe bien entendu sur le phénomène de la Nouvelle vague, à laquelle il a contribué indirectement pourrait-on dire puisque ses poulains des Cahiers du cinéma comme François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol et consorts s’étaient déjà lancés dans la réalisation, mais s’en écarte et s’avère moins expérimental sur la forme. Néanmoins, cet aspect classique n’entame en rien le plaisir que procure Le Coeur battant, où les personnages solidement campés par Françoise Brion et Jean-Louis Trintignant, marchent tels des funambules entre légèreté et gravité.

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Test Blu-ray / Le Sang des innocents, réalisé par Dario Argento

LE SANG DES INNOCENTS (Non ho sonno) réalisé par Dario Argento, disponible en Édition Blu-ray + Livret le 31 janvier 2024 chez Extralucid Films.

Acteurs : Max von Sydow, Stefano Dionisi, Chiara Caselli, Gabriele Lavia, Paolo Maria Scalondro, Roberto Zibetti, Rossella Falk, Roberto Accornero, Barbara Lerici…

Scénario : Dario Argento, Franco Ferrini & Carlo Lucarelli

Photographie : Ronnie Taylor

Musique : Goblin

Durée : 1h58

Année de sortie : 2001

LE FILM

A Turin, un tueur assassine des jeunes filles dans des circonstances identiques à celles d’une série de meurtres perpétrés vingt ans auparavant. La police piétine et le commissaire Ulysse Moretti, qui fut autrefois chargé de l’enquête, reprend du service. Il est aidé par Giacomo Gallo, un jeune homme dont la mère fut jadis victime du meurtrier sanguinaire.

Après le four tant critique que commercial rencontré par Le Fantôme de l’Opéra en 1998, Dario Argento décide de revenir au giallo pur et dur avec Le Sang des innocents, mis en route afin de faire oublier ce que beaucoup considéraient comme un nanar éhonté, porté par des acteurs calamiteux, qui laissaient penser que le réalisateur n’avait plus rien à offrir à ses fans de la première heure. C’était évidemment sans compter sur le désir du cinéaste de rebondir, d’expérimenter à nouveau et pourquoi pas de toucher une nouvelle génération. C’est là qu’arrive Non ho sonno (en français, « je n’ai pas sommeil »), thriller qui reprend les motifs du genre qui a fait la renommée du maître italien depuis L’Oiseau au plumage de cristalL’Uccello dalle piume di cristallo en 1970, tout en calquant son scénario sur l’un de ses plus grands succès, Les Frissons de l’angoisseProfondo Rosso (1975). Retour notamment à Turin, ville que Dario Argento affectionne tout particulièrement, qui devient le terrain de jeu d’un nouveau tueur en série, recherché par un ancien flic à la retraite et touché par la maladie d’Alzheimer, impeccablement campé par Max von Sydow, qui reprend du service près de vingt ans après avoir classé l’affaire suite à la mort présumée de l’assassin. Dario Argento livre un opus soigné, tant sur le fond que sur la forme, parsème son récit de petites touches gores assez brutales et de psychologie, même si certains éléments peuvent aisément se deviner avant la supposée révélation finale. Un bon voire un excellent cru.

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Test Blu-ray / Otalia de Bahia, réalisé par Marcel Camus

OTALIA DE BAHIA réalisé par Marcel Camus, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Mira Fonseca, Maria Viana, Antonio Pitanga, Jofre Soares, Zeni Pereira, Djalma Correa, Mãe Massu, Emmanuel Cavalcanti…

Scénario : Marcel Camus & Jorge Amado, d’après le roman de ce dernier, Les Pâtres de la nuit

Photographie : André Domage

Musique : Walter Queiroz, Antônio Carlos & Jocáfi

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Années 1970 – Dans les quartiers pauvres de Salvador, sur les hauteurs de Bahia, vit une communauté composée de personnages pittoresques et chaleureux. Ils ont pour nom Coq Fou, Ygrec, Massu, Rosa Moustache… et Otalia. Cette dernière, prostituée au service de Dona Tiberia, est amoureuse du caporal Martim. Cette bande de joyeux drilles partage une passion commune pour la musique, la danse et l’amour. Mais leur pauvreté les confronte aussi régulièrement à la police.

Ancien assistant de Jacques Becker (Antoine et Antoinette, Édouard et Caroline, Casque d’Or), de Marc Allégret (La Demoiselle et son revenant), d’Henri Verneuil (L’Ennemi public numéro un) et même de Luis Buñuel (Cela s’appelle l’aurore), Marcel Camus (1912-1982) passe à son tour derrière la caméra en 1957 avec Mort en fraude, drame qui fait frémir les critiques et qui écope d’une interdiction dans les territoires français d’outre-mer en raison de son sujet, la politique française en Indochine. La consécration internationale vient très rapidement, puisqu’en 1959, Marcel Camus signe Orfeu Negro, 3,7 millions d’entrées en France et lauréat de la Palme d’or au Festival de Cannes, ainsi que de l’Oscar du meilleur film étranger. Suivront encore sept longs-métrages, parmi lesquels Le Chant du monde (1965) avec Catherine Deneuve et Charles Vanel, d’après le roman de Jean Giono, ainsi que Le Mur de l’Atlantique, son plus grand succès commercial, sorti juste après la mort prématurée de Bourvil. Otalia de Bahia (1975) est son dernier opus signé pour le cinéma et sans doute l’un des plus représentatifs de la carrière du réalisateur. Cette adaptation du roman de Jorge Amado, Os pastores da noiteLes Pâtres de la nuit, permet au metteur en scène de célébrer le Brésil, pays qu’il affectionnait tout particulièrement et dont ses deux compagnes, Marpessa Dawn et Lourdes de Oliveira, vedettes d’Orfeu Negro, étaient d’ailleurs originaires. Festival de couleurs et de danses, où sont célébrées les traditions, les superstitions et la jouissance de vivre, Otalia de Bahia se place sur le fil tendu entre la fiction et le documentaire, dresse le portrait de plusieurs personnages originaux, composantes essentielles d’un groupe soudé, sur lequel trône la femme, la mère, l’amante et la putain, sans qui l’homme ne serait qu’un minable des rues. Une étonnante découverte doublée d’un plaisir visuel de chaque instant.

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Test Blu-ray / Lunettes noires, réalisé par Dario Argento

LUNETTES NOIRES (Occhiali neri) réalisé par Dario Argento, disponible en Édition Blu-ray + Livret le 31 janvier 2024 chez Extralucid Films.

Acteurs : Ilenia Pastorelli, Asia Argento, Andrea Gherpelli, Mario Pirrello, Maria Rosaria Russo, Gennaro Iaccarino, Andrea Zhang, Paola Sambo…

Scénario : Dario Argento & Franco Ferrini

Photographie : Matteo Cocco

Musique : Arnaud Rebotini

Durée : 1h32

Année de sortie : 2022

LE FILM

Une prostituée italienne rendue aveugle par un tueur en série lors d’une attaque, recueille un jeune chinois, dont la vie a également été détruite par les actions du maniaque. Il va devenir son allié dans une lutte terrifiante pour se débarrasser définitivement du tueur en série…

En 2012, Dario Argento présente Dracula 3D en Sélection officielle du Festival de Cannes. Un magnifique nanar. Jadis, le cinéaste aurait fait le bonheur des cinéphiles avides de fantastique et d’épouvante. Mais ça, c’était avant. Tous les spectateurs étaient unanimes, son vingt-quatrième long-métrage et premier tourné en relief, était absolument horrible, ce qui ne les avait pas empêchés de saluer l’entreprise par une standing ovation. Il fallait le voir pour le croire. Coécrite par quatre scénaristes, dont le réalisateur lui-même, cette énième version cinématographique du mythe du vampire transylvanien, créé par Bram Stoker, repoussait les limites de la laideur. S’il avouait s’être inspiré du Cauchemar de Dracula de Terence Fisher (1958), avec Christopher Lee dans le rôle-titre, qu’il considérait comme étant la meilleure adaptation, Dario Argento se rapprochait plutôt du consternant Charlots contre Dracula de Jean-Pierre Vergne. Un seul acteur parvenait à tirer son épingle du jeu dans tout ce marasme, Rutger Hauer, qui semblait être le seul à croire à toute cette soupe et campait un Abraham Van Helsing convaincant. Difficile pour Dario Argento de se relever de cet opus repoussant, avec ses décors en animatique, une mise en scène digne d’un sketch de Groland, une post-synchronisation anglaise au rabais, des effets numériques hideux et fauchés, tout droit sortis d’une production télé des années 90 (mention spéciale à la mante religieuse géante), ainsi que pour la partition insipide de Claudio Simonetti. Pas étonnant que le maître italien ait ensuite déserté les studios de cinéma pour écrire son autobiographie et apparaître aux quatre coins du monde où on désirait lui rendre hommage. 2022, Asia Argento retrouve le scénario de Lunettes noires Occhiali neri, remontant au début des années 2000, projet mis au placard après une affaire financière impliquant le producteur Vittorio Cecchi Gori. Convaincu par sa fille de revenir derrière la caméra, l’amico Dario, après avoir revu le scénario avec son complice Franco Ferrini, lui offre le rôle principal, qu’elle décline, tout en acceptant d’y participer et en produisant le film. Si Occhiali neri n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut, ce thriller s’avère foncièrement sympathique et certains éléments restent en tête bien après, preuve que tout n’est pas totalement foutu pour son auteur contrairement à ce que beaucoup pouvaient encore penser.

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Test Blu-ray / Gueules noires, réalisé par Mathieu Turi

GUEULES NOIRES réalisé par Mathieu Turi, disponible en DVD & Blu-ray le 20 mars 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Samuel Le Bihan, Amir El Kacem, Thomas Solivérès, Jean-Hugues Anglade, Carl Laforêt, Diego Martín, Marc Riso, Bruno Sanches…

Scénario : Mathieu Turi

Photographie : Alain Duplantier

Musique : Olivier Derivière

Durée : 1h43

Année de sortie : 2023

LE FILM

1956, dans le nord de la France. Une bande de mineurs de fond se voit obligée de conduire un professeur faire des prélèvements à mille mètres sous terre. Après un éboulement qui les empêche de remonter, ils découvrent une crypte d’un autre temps, et réveillent sans le savoir quelque chose qui aurait dû rester endormi…

À l’occasion de la sortie du formidable Méandre en DVD et Blu-ray en septembre 2021, nous étions revenus sur le travail du réalisateur Mathieu Turi. Deux ans après, le revoilà avec son troisième long-métrage, Gueules noires, nouveau film de genre, qui comme qui dirait compile les éléments des deux opus précédents de Mathieu Turi, Hostile et Méandre, qui confronte une équipe de mineurs de fond avec une créature tout droit héritée des écrits de H.P. Lovecraft. Mais là où Méandre brillait par le talent, l’implication et le charisme de Gaia Weiss, on ne peut pas en dire autant pour Gueules noires avec sa bande de comédiens où peu parviennent à se distinguer, à part sans doute Bruno Sanches (comparse d’Alex Lutz dans Catherine et Liliane, qui cartonne dans la série HPI aux côtés d’Audrey Fleurot) et l’imposant Marc Riso (Divorce Club, Jumeaux mais pas trop, Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée), quant au reste…Samuel Le Bihan n’a jamais vraiment convaincu par ses qualités d’acteurs, toutefois il s’en sort étonnamment mieux que Jean-Hugues Anglade, aussi improbable que foncièrement mauvais ici dans le rôle du professeur Berthier, auquel on ne croit pas une seconde. Même chose pour l’irritant Thomas Solivérès (découvert dans Intouchables) qui passe son temps à rouler les yeux pour montrer que son personnage est frappadingue, Amir El Kacem (Inséparables, Jalouse) dont pas une réplique ne tombe juste, ainsi que l’espagnol Diego Martín (Nouveau départ, Rec 3 Génesis) complètement transparent. Le bât blesse au niveau de la direction d’acteurs, qui non seulement ont peu à défendre, mais qui le font aussi très mal du début à la fin, quand bien même Gueules noires démarre pourtant très bien et s’avère même prometteur…jusqu’à l’apparition du monstre enfoui sous la terre nordique. Et là, c’est le drame comme on dit. Néanmoins, on ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’affection pour Gueules noires, car Mathieu Turi croit à fond dans son projet et cela se ressent. Le metteur en scène en a sérieusement sous le capot et même si son troisième film est un semi-ratage, voilà du cinéma français de genre qui ose, qui n’a pas peur et qui n’a pas à rougir de proposer une alternative aux spectateurs hexagonaux après Le Règne animal de Thomas Cailley, Acide de Just Philippot, Vermines de Sébastien Vaniček, Vincent doit mourir de Stephan Castang et La Gravité de Cédric Ido.

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Test Blu-ray / Le Dernier Jour de la colère, réalisé par Tonino Valerii

LE DERNIER JOUR DE LA COLÈRE (I Giorni dell’ira) réalisé par Tonino Valerii, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livre le 2 avril 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Lee Van Cleef, Giuliano Gemma, Walter Rilla, Yvonne Sanson, Ennio Balbo, Andrea Rosic, Christa Linder, Lukas Ammann…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Renzo Genta & Tonino Valerii, d’après la nouvelle Des tod ritt dienstags de Ron Barker

Photographie : Enzo Serafin

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Dans la petite ville de Clifton, Scott, le fils d’une prostituée, est le souffre-douleur de la population. Un jour, Talby le pistolero arrive en ville, et tue involontairement un homme pour défendre Scott. Acquitté pour légitime défense, Talby prend alors le jeune homme sous son aile et l’initie afin de faire de lui un redoutable tueur.

Un western avec en tête d’affiche Lee Van Cleef et Giuliano Gemma, mis en scène par Tonini Valerii, le réalisateur de Mon nom est Personne ??? Cela ne se refuse pas bien sûr, d’autant plus que Le Dernier Jour de la colère I Giorni dell’ira est un remarquable opus du genre. Découvert au début des années 1950 dans Le Train sifflera trois fois High Noon de Fred Zinnemann, Lee Van Cleef va promener sa gueule de reptile et son mètre 88 dans moult films durant la décennie, chez Phil Karlson (Le Quatrième homme), Richard Fleischer (Arena), Raoul Walsh (Victime du destin), George Sherman (Vengeance à l’aube), King Vidor (L’Homme qui n’a pas d’étoile), Robert Wise (La Loi de la prairie), Samuel Fuller (Porte de Chine), Anthony Mann (Du sang dans le désert), John Sturges (Règlements de comptes à OK Corral), Henry King (Bravados) et Budd Boetticher (La Chevauchée de la vengeance). Dans le milieu, on sait qui est Lee Van Cleef, on connaît sa tronche, alors convoitée, surtout dans le western, où les cinéastes essayent de la placer en second ou troisième rang. En 1965, âgé de 40 ans, tout va changer pour le comédien grâce à Sergio Leone, qui lui offre le rôle du colonel Douglas Mortimer dans Et pour quelques dollars de plus Per qualche dollaro in più. Désormais installé en Italie, Lee Van Cleef enchaîne avec Colorado de Sergio Sollima, retrouve Sergio Leone pour Le Bon, la Brute et le Truand Il buono, il brutto, il cattivo. Alors qu’il vient de terminer La Mort était au rendez-vous Da uomo a uomo de Giulio Petroni, il donne la réplique à Giuliano Gemma dans Le Dernier Jour de la colère, devenue star grâce à Un pistolet pour Ringo de Duccio Tessari et qui depuis trône sur le box-office italien où chacun de ses films avoisine les 5 ou 6 millions d’entrées. Autant dire que le tandem fait des étincelles, que l’évidente complicité des deux associés se voit et se ressent à l’écran, tandis que Tonino Valerii se surpasse derrière la caméra. Un très bon cru à déguster sans modération.

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Test Blu-ray / Un pistolet pour Ringo, réalisé par Duccio Tessari

UN PISTOLET POUR RINGO (Une pistola per Ringo) réalisé par Duccio Tessari, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livre le 2 avril 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, Fernando Sancho, Lorella De Luca, Susan Scott, Antonio Casas, Francisco Sanz, José Manuel Martín, Manuel Muñiz…

Scénario : Duccio Tessari

Photographie : Francisco Marín

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

À la suite du hold-up d’une banque, des bandits mexicains commandés par Sancho se réfugient dans une hacienda, tenant les occupants en otage. Les notables de la ville font alors appel à Ringo pour les délivrer et régler leur compte aux bandits. Ringo va devoir user de ruse pour gagner la confiance de Sancho.

C’est avec Un pistolet pour Ringo Una pistola per Ringo que Giuliano Gemma devient une star du cinéma italien. Avant cela, acrobate et cascadeur, le comédien enchaînait les tournages depuis cinq ans, en passant discrètement devant la caméra de Mauro Bolognini, Dino Risi, William Wyler (oui, il apparaît dans Ben-Hur), Vittorio Cottafavi, Antonio Margheriti, Sergio Corbucci et même de Luchino Visconti dans Le Guépard. Mais c’est à Duccio Tessari (1926-1994) que Giuliano Gemma doit pour la première fois d’être placé en tête d’affiche pour Les Titans Arrivano i titani, avant de multiplier quelques rôles dans le péplum, genre alors à la mode (La Révolte des prétoriens, La Fureur des gladiateurs, Hercule contre les Fils du soleil). Arrive le western transalpin, qui explose avec le triomphe international de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, coécrit par Duccio Tessari. La même année que Le Dollar troué Un dollaro bucato de Giorgio Ferroni, Giuliano Gemma tient aussi le rôle-titre d’Un pistolet pour Ringo et là tout va changer pour lui. Non seulement le film est un immense succès, mais il reste encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs opus du western dit spaghetti. En totale décontraction, l’acteur, sous le pseudonyme Montgomery Wood, imposé par les producteurs dans le but de vendre Una pistola per Ringo dans le monde entier, impose un charisme hors-norme, une insolente dextérité au maniement des armes et dans les scènes d’action, dans lesquelles il réalise quasiment toutes les prouesses physiques. Bourré d’humour et d’affrontements, Un pistolet pour Ringo est une étape indispensable pour les cinéphiles épris de westerns.

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Test Blu-ray / La Chimère, réalisé par Alice Rohrwacher

LA CHIMÈRE (La Chimera) réalisé par Alice Rohrwacher, disponible en DVD & Blu-ray le 6 avril 2024 chez Ad Vitam.

Acteurs : Josh O’Connor, Carol Duarte, Vincenzo Nemolato, Isabella Rossellini, Alba Rohrwacher, Lou Roy-Lecollinet, Giuliano Mantovani, Gian Piero Capretto…

Scénario : Alice Rohrwacher, Carmela Covino & Marco Pettenello

Photographie : Hélène Louvart

Musique : Nelly Quettier

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Chacun poursuit sa chimère sans jamais parvenir à la saisir. Pour certains, c’est un rêve d’argent facile, pour d’autres la quête d’un amour passé… De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa bande de Tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques et de merveilles archéologiques. Arthur a un don qu’il met au service de ses amis brigands : il ressent le vide. Le vide de la terre dans laquelle se trouvent les vestiges d’un monde passé. Le même vide qu’a laissé en lui le souvenir de son amour perdu, Beniamina.

S’il y a bien une réalisatrice qui se démarque dans le cinéma italien contemporain, essentiellement marqué par des comédies dont l’unique but est de remplir le tiroir-caisse, c’est Alice Rohrwacher (née en 1980), découverte en 2011 avec Corpo celeste, présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors du Festival de Cannes. C’est d’ailleurs sur la Croisette que sa carrière débutera réellement, puisque son second long-métrage, Les Merveilles, y sera récompensé par le Grand Prix en 2014, puis ce sera au tour de Heureux comme Lazzaro Lazzaro Felice, Prix du scénario ex æquo avec le film iranien Trois visages quatre ans plus tard. S’il n’a rien reçu en 2023, La Chimère confirme une fois de plus la singularité de l’univers d’Alice Rohrwacher, œuvre sensorielle, contemplative, qui se place dans la droite ligne du septième art transalpin d’antan, comme un chaînon manquant entre Roberto Rossellini et Federico Fellini. Les fantômes rôdent dans La Chimère, qui convoque le spectre d’un cinéma disparu, qui montre des personnages piller des tombes (doit-on y voir une métaphore ?), leur seul moyen de subsister, où ceux qui restent essaient de s’en sortir comme ils le peuvent, tandis qu’une mère (sublime Isabella Rossellini) attend le retour de sa fille pourtant décédée. Magnifiquement interprété, en particulier par le britannique Josh O’Connor, formidable comédien vu dans la série The Crown dans laquelle il incarnait Charles III et dernièrement dans le très beau Entre les lignes Mothering Sunday d’Eva Husson, La Chimère est un présent pour les cinéphiles, qui se laisseront envoûter et emporter par la poésie qui se dégage de ce drame délicat et à fleur de peau.

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Test Blu-ray / Tentacules, réalisé par Ovidio G. Assonitis

TENTACULES (Tentacoli – Tentacles) réalisé par Ovidio G. Assonitis, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 mai 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Huston, Shelley Winters, Bo Hopkins, Henry Fonda, Delia Boccardo, Cesare Danova, Alan Boyd, Sherry Buchanan…

Scénario : Jerome Max, Tito Carpi & Steven W. Carabatsos

Photographie : Roberto D’Ettorre Piazzoli

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h37

Année de sortie : 1976

LE FILM

Dans une petite ville de la côte ouest des États-Unis, un bébé et un marin disparaissent. Quelques heures plus tard, leurs cadavres sont retrouvés atrocement mutilés sur la plage. Un shérif, aidé d’une journaliste et d’un océanographe, va essayer de trouver la cause de ce massacre. Ils vont découvrir l’existence d’une créature géante sortie du fond de l’océan.

Si tu avances quand Tentacules, comment voulez-vous que…Bienvenue à Ocean Beach, qui rappelle bougrement l’île d’Amity dans Les Dents de la mer. En fait, TOUT fait penser au chef d’oeuvre de Steven Spielberg, qui venait de triompher dans le monde entier et de donner naissance au blockbuster estival. Ayant de la suite dans les idées, du plagiat plutôt, le producteur Ovidio G. Assonitis, à qui l’on doit Qui l’a vue mourir? d’Aldo Lado, Au pays de l’exorcisme d’Umberto Lenzi et même de L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune de Jacques Demy entreprend de surfer sur le succès international de Jaws, en remplaçant le requin par une pieuvre géante. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Ovidio G. Assonitis, sous le pseudo d’Oliver Hellman, passe derrière la caméra pour la seconde fois de son illustre carrière, trois ans après Le Démon aux tripes, autre relecture éhontée et opportuniste de L’Exorcisme de William Friedkin. Nous sommes ici en plein nanar de luxe dont l’affiche, on ne peut plus prometteuse et alléchante, réunit John Huston, Henry Fonda, Shelley Winters et Bo Hopkins, en prise avec un gigantesque céphalopode qui déchire des maquettes de bateaux en balsa. Tourné avec trois francs six sous (faites la conversion en lires et en dollars de l’époque), Tentacoli ou tout simplement Tentacles enchaîne les non-sens et les aberrations avec une rare décontraction, copie la façon de filmer de Steven Spielberg, jusqu’à la photographie de Roberto D’Ettorre Piazzoli (l’étonnant Sonny Boy, le légendaire Starcrash, le choc des étoiles, le mythique Piranha 2 : les tueurs volants d’un certain James Cameron, soit trois productions Assonitis) qui agit aussi en bon faussaire. Vous l’aurez compris, on rigole beaucoup devant Tentacules et c’est déjà ça de pris.

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