Test Blu-ray / Ben-Hur, réalisé par Timur Bekmambetov

BEN-HUR réalisé par Timur Bekmambetov, disponible en DVD et Blu-ray le 17 janvier 2017 chez Paramount Pictures

Acteurs : Jack Huston, Toby Kebbell, Rodrigo Santoro, Morgan Freeman, Nazanin Boniadi, Pilou Asbaek, Ayelet Zurer

Scénario : Keith Clarke,John Ridley d’après le roman de Lee Wallace

Photographie : Oliver Wood

Musique : Marco Beltrami

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Ben-Hur retrace l’histoire épique de Judah Ben-Hur, un prince accusé à tort de trahison par Messala, son frère adoptif, officier de l’armée romaine. Déchu de son titre, séparé de sa famille et de la femme qu’il aime, Judah est réduit à l’esclavage. Après des années en mer, Judah revient sur sa terre natale dans le but de se venger. Il va y rencontrer son destin.

Mais qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête de certains producteurs américains ? Réaliser une nouvelle version de Ben-Hur, la sixième pour être exact, sous prétexte que les petits neveux âgée de dix ans n’ont jamais entendu parler du film avec Charlton Heston ? « Mais il faut absolument que tu connaisses cette histoire voyons ! Mais on va la refaire car il n’y avait pas d’effets numériques à l’époque et on va même la faire en 3D tu veux ? ». Et voilà, c’est parti ! On réunit un budget de 100 millions de dollars, on fait appel au « sensible » réalisateur russe Timur Bekmambetov, l’auteur du sympathique Wanted : Choisis ton destin, son premier film hollywoodien, remarqué en 2004 et 2005 avec les triomphes dans son pays de Night Watch et Day Watch, deux films considérés comme des armes de destructions neurologiques. Après un Abraham Lincoln, chasseur de vampires complètement fun et décérébré, le cinéaste bourrin s’est donc vu confier le bouzin et s’en acquitte avec sa légèreté habituelle.

Cette nouvelle transposition du roman Ben-Hur : A Tale of the Christ, écrit par Lew Wallace en 1880, saura peut-être attirer les adolescents, public-cible par excellence, mais les cinéphiles qui conservent dans leur coeur la version muette de 1925 réalisée par Fred Niblo et surtout celle récompensée par 11 Oscars, la mouture de l’immense William Wyler avec Charlton Heston et Stephen Boyd réalisée en 1959 risque d’être, comment dire, décontenancés ? Après un film d’animation en 2003 et une mini-série américaine en deux parties en 2010, revoilà donc Judah Ben-Hur, la course de chars, tout ça. Ce péplum très bête et laid repose sur un casting du même acabit avec des acteurs au charisme d’huître. Jack Huston, petits-fils de l’acteur et réalisateur John Huston, découvert dans la série Boardwalk Empire, campe un Ben-Hur neurasthénique au regard de chien battu. Même chose pour son partenaire Toby Kebbell dans le rôle de Messala, qui cumule un navet de plus dans son jardin déjà bien fleuri et composé de Prince of Persia : Les Sables du temps de Mike Newell, L’Apprenti sorcier de Jon Turteltaub, La Colère des Titans de Jonathan Liebesman, Les 4 Fantastiques de Josh Trank et Kong: Skull Island de Jordan Vogt-Roberts. Dommage, car il a su montrer qu’il savait mieux choisir ses projets (Match Point, Control, Cheval de guerre, The East, La Planète des Singes : L’Affrontement, Warcraft : Le Commencement), mais visiblement, le comédien a pour l’instant décidé de tourner un bon film sur deux, Ben-Hur ne faisait clairement pas partie de la meilleure catégorie. Ajoutez à cela un Morgan Freeman en vieux sage (pléonasme) qui aurait emprunté l’improbable « calamar sur la tête » de Mia Frye pour l’arborer sur sa tête-pensante, l’insipide Rodrigo Santoro illuminé qui nous rejoue Jésus-Christ sur son chemin de Croix (et pas pour jouer au morpion), sans oublier un casting féminin pour éloigner un peu la relation gay-friendly – viens on va se mettre de l’huile des principaux protagonistes. Tous les comédiens ont le regard bas de l’animal pris en flagrant délit et murmurent des répliques sans intérêt, anachroniques et donc rigolotes.

On ne s’ennuie pas devant ce bon nanar grâce à la mise en scène à la truelle de notre ami Timur, à l’instar de la séquence de l’attaque des galères, représentée par des effets visuels ratés et moches (pour notre plus grand plaisir donc). Après le naufrage d’Exodus : Gods & Kings de Ridley Scott tenu par un Christian Bale assommant avec sa bouche ouverte, les remakes de chefs d’oeuvres hollywoodiens passés à la moulinette des CGI et au discours bigot puéril, Ben-Hur peut se targuer d’être malgré tout divertissant grâce au mauvais jeu des acteurs, aux rebondissements improbables, à la photo hideuse, à la mise en scène foutraque (même avec des GoPro), à la course de chars aussi prenante que celle d’Astérix aux Jeux Olympiques et aux dialogues tordants. Un navet ridicule de cet acabit à 100 millions de dollars on en redemande, même si Ben-Hur démontre une fois de plus la panne d’inspiration des grands studios.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Ben-Hur, disponible chez Paramount, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche française du film. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.

L’éditeur n’est pas venu les mains vides et nous offre 1h10 de suppléments, bien plus intéressants que le film !

Cinq modules d’environ 12 minutes se focalisent respectivement sur l’héritage de Ben-Hur, sur le casting, sur la mise en scène de Timur Bekmambetov, sur le tournage de la course de chars et sur la figure du Christ dans le film. Ces segments sont composés de nombreuses images de tournage, de propos de toute l’équipe, acteurs, réalisateur, l’arrière-arrière-petite-fille de Lee Wallace, les responsables des départements techniques, les scénaristes mais aussi et surtout des producteurs qui vendent leur soupe avec des propos parfois hallucinants. Pourquoi ce remake ? Dans quel contexte Lee Wallace a-t-il écrit son roman Ben-Hur : A Tale of the Christ en 1880 ? Combien de fois a-t-il été adapté au cinéma ? Pourquoi Jack Huston qui avait passé les essais pour le rôle de Messala s’est-il vu proposer à la place le rôle-titre (lui-même n’en revient toujours pas) ? Comment le fait d’interpréter Jésus-Christ a visiblement rendu le comédien Rodrigo Santoro complètement largué ? Comment les costumes et les décors ont-ils été créés ? Comment la course de chars a-t-elle été imaginée, préparée puis tournée ? Ces documentaires réalisés par l’imminent Laurent Bouzereau répondront à toutes ces questions, qu’on ne se posait pas certes, mais puisqu’on nous le propose, ce serait dommage de refuser.

L’interactivité se clôt sur un lot de sept scènes coupées ou proposées dans une version étendue (10’). Anecdotiques, elles se focalisent notamment sur les amourettes entre Judah et Esther.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur soigne son master HD qui se révèle quasi-exemplaire. Le label « Qualité Paroumount » est donc encore une fois au rendez-vous pour le Blu-ray de Ben-Hur, alors entièrement tourné en numérique. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, des contrastes sont d’une densité rarement démentie, ainsi que des détails impressionnants aux quatre coins du cadre large. Certains plans étendus sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette indispensable élévation en Haute définition. Les trognes lisses et bronzée des comédiens peuvent être analysées sous toutes leurs coutures, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement avec des scènes ambrées en extérieur et plus froides en intérieur, le tout ayant été entièrement repris au niveau de l’étalonnage en postproduction. La clarté demeure frappante, tout comme le grain et la profondeur de champ, le piqué est affûté et les partis pris esthétiques spécifiques restitués. En dépit de quelques fléchissements et des images numériques très médiocres (pour ne pas dire laides) qui tendent à ressortir (les chevaux lors de la course de chars), ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et offre de fabuleuses conditions pour revoir ce nanar.

Paramount sort l’artillerie lourde avec une version originale DTS-HD Master Audio 7.1 ! Autant dire que nous vous déconseillons de visionner ce film tard le soir au risque de vous faire arrêter pour tapage nocturne. Dès l’apparition des étoiles du logo Paramount, les latérales distillent des effets latéraux qui ne s’arrêteront jamais. Le caisson de basses démarre et se déplace presque tout seul sur le plancher, la musique « au diapason »  signée Marco Beltrami explose, c’est parti pour une succession d’affrontements, de poursuites, de duels, avec la bataille navale et la course de chars comme apogée acoustique. Juste les dialogues auraient mérité d’être plus relevés sur la centrale. A côté, la piste française fait pâle figure avec son petit encodage Dolby Digital 5.1, même si elle conviendra aux allergiques à la version originale, avec son ouverture sympatoche des enceintes frontales, des arrière qui assurent et son doublage rigolo mis en valeur. Un film «  d’auteur  » hollywoodien qui rend sourd et qui anesthésie, mais qu’on aime bien !

Crédits images : © Paramount Pictures France / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Propriété privée, réalisé par Leslie Stevens

PROPRIÉTÉ PRIVÉE (Private Property) réalisé par Leslie Stevens, disponible en DVD et Blu-ray le 1er mars 2017 chez Carlotta Films

Acteurs : Warren Oates, Corey Allen, Kate Manx, Jerome Cowan, Robert Wark, Jules Maitland

Scénario : Leslie Stevens

Photographie : Ted D. McCord

Musique : Pete Rugolo

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Dans une station-service de la Pacific Coast Highway, deux marginaux nommés Duke et Boots remarquent une élégante femme blonde dans une belle auto blanche. Ils grimpent dans la voiture d’un représentant de commerce et l’obligent à suivre l’auto jusqu’à sa destination finale, une villa cossue de Los Angeles. Par chance, la maison d’à côté est inoccupée et les deux hommes décident de s’y installer incognito pour épier leur nouvelle voisine, Ann, qui passe ses journées au bord de la piscine à attendre son mari. Duke a un plan : proposer ses services en tant que jardinier pour pouvoir pénétrer dans la villa…

Quelle découverte ! Longtemps considéré comme définitivement perdu avant qu’une copie 35mm soit finalement retrouvée par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), Propriété privéePrivate Property s’avère une vraie perle rare du film noir des années 1960, qui demeurait invisible depuis sa sortie. Premier film réalisé par le cinéaste américain Leslie Clark Steven IV alias Leslie Stevens (1924-1998), célèbre pour avoir créé la série Au-delà du réel en 1963, ce drame-thriller que l’on pourrait qualifier de néo-hitchcockien (le nom du maître du suspense est d’ailleurs malicieusement évoqué dans le film) marque les débuts au cinéma du comédien Warren Oates (Coups de feu dans la Sierra, Dans la chaleur de la nuit, La Horde sauvage), qui signe sa troisième apparition à l’écran après plusieurs participations dans des séries télévisées.

Tourné en dix jours seulement pour un budget de 60.000 dollars, Propriété privée se déroule en Californie. Duke (Corey Allen) et Boots (Warren Oates), deux voyous désoeuvrés vagabondent non loin d’une station-service. Quand Duke apprend que Boots, pourtant adulte, est encore vierge, il entreprend de trouver lui-même une partenaire à son ami. Ils remarquent alors une jeune femme blonde, Ann Carlyle (Kate Manx). Après s’être invités sans ménagement dans la voiture d’un homme, ils suivent la femme jusque chez elle, dans les quartiers aisés de la ville et s’installent aussitôt dans la maison d’à côté, inoccupée, où ils l’observent à la fenêtre comme s’ils regardaient la télévision. Peu de temps après, Duke fait connaissance avec Ann. La jeune femme, mariée à un cadre dans les assurances, n’est pas très satisfaite par son époux, souvent absent en raison de son travail et qui s’occupe peu d’elle quand il est à la maison. Aussi se laisse-t-elle doucement séduire par Duke.

Ancien protégé d’Orson Welles et membre du célèbre Mercury Theatre, Leslie Stevens a tourné dans sa propre villa sur les hauteurs de Beverly Hills et offre le premier rôle féminin à sa compagne Kate Manx, ravissante comédienne qui embrase Propriété privée de sa sensualité. Elle est absolument divine dans ce rôle de desperate housewife frustrée et en manque de sexe, ce qui vaut d’ailleurs quelques séquences très osées pour l’époque, qui passe son temps au soleil dans son jardin et en faisant quelques brasses dans sa piscine. Dépressive, l’actrice mettra fin à ses jours à l’âge de 34 ans.

Tourné dans un magnifique N&B signé par le célèbre chef opérateur Ted McCord (La Mélodie du bonheur, Le Trésor de la Sierra Madre, A l’Est d’Eden), Propriété privée annonce rien de moins qu’un pan du Nouvel Hollywood, dont Warren Oates allait devenir un comédien emblématique (chez Monte Hellman et Sam Peckinpah), avec sa liberté de ton, son cadre inquiétant, sa critique féroce de l’American Way of Life, de l’incompatibilité des classes sociales, du fantasme de l’American Dream, avec un voyeurisme revendiqué. Bonjour Brian de Palma ! Même la composition de Pete Rugolo marque la frontière entre les deux classes opposées, avec d’un côté un thème léger et presque caricatural représentant le cadre bourgeois d’Ann, et de l’autre une musique plus grinçante qui caractérise les deux compères. La musique s’emballe enfin lors de la confrontation des deux mondes.

Aux côtés de Warren Oates, Corey Allen (La Fureur de vivre, Traquenard) s’avère tout aussi ambigu et à fleur de peau dans le rôle de Duke, dont on se demande jusqu’à la fin quel est le véritable dessein envers Ann, tout comme envers son ami Boots, avec lequel il entretient probablement une liaison homosexuelle. On suit ce duo atypique, qui met mal à l’aise les spectateurs et qui pourtant s’avère attachant à certains égards, et l’on pense alors au duo sadique de Funny Games de Michael Haneke, tout comme à Lenny et George du chef d’oeuvre de John Steinbeck, Des souris et des hommes (1937), avec ce rapport d’amitié entre le dominant (macho et tête pensante) et le dominé (faible, effacé et un peu simple d’esprit), liaison mise à mal par une femme qui s’immisce entre les deux.

Avec ses scènes sexuellement explicites (la bougie délicatement caressée par Ann, ses poses lascives) et son cadre stylisé qui participe au malaise et à la montée de tension de l’audience, Propriété privée sort sur les écrans en 1960, accompagné d’un parfum de scandale. Près de 60 ans plus tard, grâce à une extraordinaire restauration 4K, les spectateurs peuvent enfin redécouvrir ce grand, magnétique, audacieux, pervers et complexe film noir et Home Invasion avant l’heure et le réhabiliter à sa juste valeur.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Propriété privée, disponible chez Carlotta Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

 

Peu de choses à se mettre sous la dent en guise d’interactivité ! Outre la bande-annonce de la version restaurée sortie sur les écrans français en septembre 2016, l’éditeur joint un entretien avec Alexander Singer (18’). Photographe de plateau et conseiller technique sur Propriété privée , ce dernier évoque les débuts de sa carrière, sa rencontre, le travail et son amitié avec Leslie Stevens, le déroulement du tournage, le casting du film, les partis pris de la photographie du chef opérateur Ted McCord, ainsi que les thèmes explorés.

L’Image et le son

C’est une résurrection. Jusqu’alors perdu, Propriété privée renaît de ses cendres grâce aux bons soins (techniques et financiers) de Cinelicious Pics, de l’UCLA et de la Television Archive. Nous avons devant les yeux un master restauré 4K. Le Blu-ray est au format 1080p et le film présenté dans son format original 1.66 (compatible 4/3) avec des contrastes très bien équilibrés. La copie N&B restitue les partis pris (dont le « flou artistique ») et le grain original (magnifique patine argentique), parfois plus appuyé sur certaines séquences aux blancs brûlés. Disposant de moyens techniques rudimentaires et d’un coût de production peu élevé, Propriété privée trouve néanmoins un nouvel et adéquat écrin. D’une propreté jamais démentie, ce master HD est lumineux, stable, impressionnant, élégant et participe largement à la redécouverte de ce bijou noir.

Le film est proposé avec une piste anglaise DTS-HD Master Audio 1.0. aux sous-titres français non imposés. Le mixage plutôt bien nettoyé, même s’il demeure parfois sourd et sans véritable relief. Il n’est pas rare que le volume change au cours d’une même scène. Malgré tout, l’écoute demeure plutôt agréable et fluide (à part un petit ronronnement), sans souffle parasite. Egalement sur cette galette, la version originale proposée cette fois en PCM 1.0, moins dynamique, mais tout aussi propre.

Crédits images : © 2016 CINELICIOUS PICS. Tous droits réservés / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Nuit des vers géants, réalisé par Jeff Lieberman

LA NUIT DES VERS GEANTS (Squirm) réalisé par Jeff Lieberman, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Don Scardino, Jean Sullivan, Patricia Pearcy, R.A. Dow, Peter MacLean, Fran Higgins

Scénario : Jeff Lieberman

Photographie : Joseph Mangine

Musique : Robert Prince

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

La petite ville de Fly Creek, dans le vieux sud des États Unis, est la proie d’une terrible tempête nocturne. Une ligne électrique « haute tension » se décroche en pleine campagne et déverse son courant dans la terre. Le lendemain, le citadin Mick arrive à Fly Creek pour passer quelques jours chez son amie Geri Sanders. Des évènements insolites éveillent leurs soupçons, particulièrement en ce qui concerne la ferme voisine, spécialisée dans l’élevage de vers pour la pêche…

Réalisé par Jeff Lieberman (Le Rayon bleu, Survivance) en 1976, La Nuit des vers géantsSquirm est un petit film de genre sympathique devenu culte auprès des nombreux cinéphiles amateurs d’horreur bis. Egalement scénariste, il signera d’ailleurs le troisième volet de la franchise L’Histoire sans fin sous-titré Retour à Fantasia, Jeff Lieberman tient à ce que son premier long métrage avec des vers de terre, qui n’ont rien de géant mais qui sont enragés (oui), soit le plus « scientifiquement plausible ». Efficacement mis en scène, La Nuit des vers géants se voit aujourd’hui comme une curiosité au charme vintage lui-même inspiré par les productions du même acabit qui fleurissaient dans les années 1950, ponctuée par des effets d’horreur efficaces.

Une très violente tempête éclate dans une petite ville du Sud des Etats-Unis. Les lignes de haute tension sont détruites, et l’électricité qui en émane fait sortir de terre une colonie de vers affamés en quête de chair humaine. Mick, un New-Yorkais, se rend dans cette ville pour y retrouver Geri, la jeune femme dont il est épris. C’est lui qui découvre la présence de ces nombreuses créatures gluantes devenues enragées et imprévisibles. La Nuit des vers géants se suit sans déplaisir, même si l’ensemble manque singulièrement de rythme – surtout que les vers se mettent vraiment à l’oeuvre que dans la deuxième partie – et de rebondissements. Ce qui fait également le sel de La Nuit des vers géants, est son tournage effectué dans un coin paumé de la Géorgie avec le soutien des gens du coin, ravis de pouvoir participer à cette expérience et en offrant quelques numéros authentiques bien gratinés devant la caméra.

Les vers sont bien dégueulasses et donc la partie frissons est réussie, surtout lorsqu’ils se multiplient et s’emparent littéralement d’une maison (en référence aux Oiseaux d’Alfred Hitchcock), sans véritable explication, si ce n’est que des milliers de volts ont pénétré dans les sols boueux à cause de la tempête. Du point de vue technique, la réalisation, la photo, la musique sont très soignées et permettent à Squirm de passer les années sans trop d’embûches. N’oublions pas les effets spéciaux et maquillages, certains créés par un débutant du nom de Rick Baker, notamment pour la scène où un individu se fait littéralement manger le visage par les vers, devenant par la suite un zombie sous l’emprise des invertébrés avides de chair humaine. Les comédiens font le boulot honnêtement, entre un jeune naïf qui se révèle être le héros de l’histoire (Don Scardino, vu dans Cruising – La Chasse de William Friedkin), accompagné de l’inévitable jeune fille qui crie et qui s’enfuit en moulinant des bras (Patricia Pearcy).

N’attendez surtout pas un chef d’oeuvre du genre ou un film angoissant, mais un honnête représentant d’un cinéma d’exploitation post-Dents de la mer aujourd’hui disparu, qui n’avait aucune autre prétention que de divertir avec des moyens limités (produits par American International Pictures, spécialiste du Bis au rabais), mais qui ne manquait pas d’imagination, quitte à multiplier les invraisemblances scénaristiques. Cela autant pour faire rire les spectateurs (la confrontation entre ruraux et citadins) que pour leur inspirer suffisamment de dégoût avec ces créatures visqueuses agitées dans tous les sens (d’où le titre original Squirm, qui signifie « se tortiller ») et filmées en gros plan.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Nuit des vers géants, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des Bisseux, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

A l’instar des Blu-ray de Nuits de cauchemar et Soudain…les monstres !, et de l’édition DVD de Corridors of Blood, cette édition HD ne contient qu’un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec (8’). L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies replace La Nuit des vers géants dans son contexte cinématographique, à savoir le courant horrifique post-Jaws, qui voyait naître de nombreux films de genre spécialisés des êtres humains affrontant des animaux. Marc Toullec nous parle du réalisateur Jeff Lieberman, des conditions de production, du maquillage de Rick Baker, des effets visuels, du casting et indique que Kim Basinger avait passé les tests pour le premier rôle, mais avait été renvoyée sous prétexte qu’elle était trop belle pour incarner le personnage.

L’Image et le son

Contrairement aux autres Blu-ray de la collection déjà chroniqués, celui de La Nuit des vers géants est proposé au format 1080i. Malgré tout, nous n’attendions pas une copie aussi belle ! L’image s’avère plutôt impressionnante. Le master (1.85, 16/9) affiche une indéniable propreté, le grain est habilement géré excepté durant les credits en ouverture et en fin de film. En effet, la texture y est plus grumeleuse, les contrastes aléatoires, les poussières se multiplient (points, tâches, griffures, tout y passe) et la luminosité décline. Mais en dehors de cela, la stabilité est de mise, la définition est plaisante, les couleurs sont au top et les détails sont très agréables.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono, dépourvues du moindre souffle. Les deux versions s’avèrent propres, naturelle pour la piste anglaise, dynamique et évidemment plus artificielle pour l’amusant doublage français. Cette dernière s’en sort d’ailleurs mieux avec des dialogues plus vifs. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © MGM – Movinside / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Aquarius, réalisé par Kleber Mendonça Filho

AQUARIUS réalisé par Kleber Mendonça Filho, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mars 2017 chez Blaq Out

Acteurs : Sonia Braga, Maeve Jinkings, Irandhir Santos, Humberto Carrão, Zoraide Coleto, Fernando Teixeira, Buda Lira, Paula De Renor

Scénario : Kleber Mendonça Filho

Photographie : Pedro Sotero, Fabricio Tadeu

Durée : 2h26

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans les années 1960 et 1970, à Recife, au Brésil, Clara fut une critique musicale très au fait de la vie artistique du pays. Issue de la bonne bourgeoisie, elle a mené une belle existence, dont elle conserve le souvenir à travers une grande collection de vinyles. Les disques sont rangés dans l’appartement où vit la sexagénaire. Veuve et mère de trois enfants, Clara est la dernière habitante de l’Aquarius, un immeuble construit dans les années 1940. Mais il est menacé par un promoteur qui en a racheté tous les autres appartements. Clara, qui veut rester, résiste à ses propositions, qui vont bientôt se transformer en harcèlement…

Décidément, le palmarès du Festival de Cannes 2016 restera l’un des plus inappropriés de toute son histoire. Comment un film comme Aquarius a-t-il pu repartir bredouille ? Comment le Prix d’interprétation féminine a-t-il pu échapper à Sonia Braga ? Deuxième long métrage réalisé par Kleber Mendonça Filho après Les Bruits de Recife (2012), Aquarius raconte l’histoire de Clara, la soixantaine, ancienne critique musicale, est née dans un milieu bourgeois de Recife, au Brésil. Elle vit dans un immeuble singulier, l’Aquarius construit dans les années 40, sur la très huppée Avenida Boa Viagem qui longe l’océan. Un important promoteur immobilier a racheté tous les appartements mais elle, se refuse à vendre le sien. Elle va rentrer en guerre froide avec la société immobilière qui la harcèle. Très perturbée par cette tension, elle repense à sa vie, son passé, ceux qu’elle aime.

A travers ce personnage issu de la classe aisée, le cinéaste brésilien se penche sur la mémoire et l’héritage, sur la lutte pour préserver ses souvenirs et évoquer brillamment l’inéluctabilité du temps qui passe. Clara est merveilleusement incarnée par Sonia Braga, icône brésilienne et star internationale, dont les films les plus célèbres restent Le Baiser de la femme-araignée d’Hector Babenco (1985), La Relève de Clint Eastwood (1990) et vue dernièrement dans la série Luke Cage. Magnétique, Sonia Braga hypnotise la caméra et les spectateurs depuis près de 50 ans et n’a jamais été aussi resplendissante que devant la caméra de Kleber Mendonça Filho. Elle est la raison d’être d’Aquarius, quasiment de tous les plans.

Clara n’est pourtant pas un personnage immédiatement attachant, puisque femme privilégiée et en apparence froide, parfois condescendante avec sa femme de ménage et cuisinière. Bien installée et très à l’aise financièrement, Clara se dévoile par strates et le spectateur comprend très vite que Clara a réussi à vaincre un cancer du sein, qui a meurtri son corps, mais qui est parvenue à surmonter cette épreuve il y a trente ans (superbe prologue en 1980) grâce à l’amour des siens, en particulier dans son appartement, devenu un véritable cocon protecteur. Autant dire qu’elle est évidemment très attachée à ce logement – dans lequel elle vit seule car veuve depuis quelques années et ses enfants faisant leur vie – malheureusement convoité par un promoteur qui souhaite transformer toute la résidence. D’où ce sentiment de peur qui s’empare du personnage, qui reste digne malgré cette crainte de voir s’envoler ce qu’elle a de plus précieux, puisque détruire son appartement reviendrait à effacer sa mémoire étant donné que chaque parcelle du logement est imprégnée de plus d’un demi-siècle de vie(s).

Aquarius déroule son récit avec une langueur romanesque et sensuelle, avec quelques emprunts au thriller et même au fantastique qui créent quelques menaces et tensions, surtout lorsque Clara se rend compte qu’elle n’est plus que la dernière habitante de toute sa résidence et que divers événements semblent se produire dans l’appartement au-dessus de chez elle. Clara est une femme complexe et mystérieuse, qui d’ailleurs ne se livre pas d’un bloc et qui ne se dévoile jamais totalement. Même encore à la fin du film, ce personnage conserve son ambiguïté, grâce à l’intensité, à l’immense talent et à la beauté naturelle et solaire de Sonia Braga. A travers le portrait de cette femme, Kleber Mendonça Filho réalise une radiographie de son pays, attaché à son passé mais devant se plier au rouleau compresseur de la mondialisation, quitte à oublier ce qui a fait sa richesse et son Histoire.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’Aquarius, disponible chez Blaq Out, repose dans un boîtier classique de couleur bleue foncée, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Dans un premier temps, nous écoutons l’intervention d’Alberto Da Silva, maître de conférences à Paris Sorbonne, spécialiste du cinéma brésilien et d’histoire contemporaine (17’). Durant cet entretien, nous en apprenons plus sur l’histoire politique du brésil après la dictature (1964-1985), mais aussi sur la situation du cinéma du pays et les thèmes explorés par Kleber Mendonça Filho dans Aquarius, liés à une certaine catégorie sociale, celle de la bourgeoisie de la ville de Recife. Alberto Da Silva évoque les intentions du réalisateur, la bande-son, la façon dont le passé et le présent s’entrecroisent, les personnages et notamment celui de Clara qui pour lui s’avère une synthèse de tous ceux incarnés par la comédienne Sonia Braga dans sa longue et prestigieuse carrière.

Ne manquez pas le court-métrage Vinil Verde (16’), réalisé par Kleber Mendonça Filho en 2003. Dans le quartier de Casa Amarela de Recife, Mère offre à Fille un cadeau spécial : une boîte pleine de petits disques de couleur pour enfants. Fille pourra écouter les disques, à l’exception du vinyle vert. Mais la curiosité finit par l’emporter et Fille désobéit. A son retour, Mère a perdu un bras. Inclassable, essentiellement composé de photos animées, beau, inquiétant, insolite, les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer ce Vinil Verde !

L’Image et le son

Superbe Blu-ray concocté par Blaq Out. La colorimétrie brûle les yeux, les teintes bigarrées et chaudes sont divinement restituées et parfaitement saturées, le piqué est acéré comme la lame d’un scalpel, les contrastes sont denses et les détails abondent aux quatre coins du cadre large. Les scènes en extérieur sont magnifiques, limpides, la luminosité est étincelante. Ce master full HD (1080p) ravit du début à la fin.

Seule la version originale est disponible. Franchement, qui s’en plaindra ? Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle ample et dynamique. La spatialisation est évidente (le culte Another One Bites the Dust de Queen) sur toutes les scènes en extérieur, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale, la balance frontale est riche et les effets annexes ne manquent pas. Le mixage respecte la délicatesse de la mise en scène. La Stéréo est tout aussi riche et contentera ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène avant. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SBS Distribution / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Sing Street, réalisé par John Carney

SING STREET réalisé par John Carney, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor, Maria Doyle Kennedy, Aidan Gillen, Kelly Thornton

Scénario : John Carney

Photographie : Yaron Orbach

Musique : John Carney, Gary Clark

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

A Dublin, dans les années 1980. A court d’argent, les parents de Conor décident de l’envoyer dans une école publique. Sur place, il doit supporter la discipline de fer d’un prêtre retors et subit les brimades d’une petite brute. Il rencontre Raphina, une jeune fille sans famille qui veut revenir à Londres. Immédiatement amoureux, il lui demande de participer au clip de son groupe, groupe qui n’existe pas encore ! Aidé par son frère Brendan, grand amateur de musique, il décide de se lancer avec des camarades du lycée. Ils cherchent leur style et finissent par écrire quelques chansons. Pendant ce temps, Raphina n’a pas abandonné ses rêves…

Le réalisateur-scénariste (et bassiste) irlandais John Carney a fait ses classes dans le clip vidéo. Il met en scène deux courts-métrages avant de signer son premier long en 1996 avec November Afternoon, coréalisé avec Tom Hall, élu Meilleur film irlandais par le Irish Times. En 2001, il crée la série télévisée irlandaise Bachelors Walk, énorme succès de la télévision irlandaise RTÉ.

Il faudra attendre 2007 pour que John Carney soit enfin reconnu dans le monde entier grâce à son film Once, une comédie musicale savoureusement spleen, interprétée par Glen Hansard, leader des Frames, et Markéta Irglova, une musicienne tchèque. Ce petit bijou d’émotions à la BO subjuguante (Oscar de la meilleure chanson pour Falling Slowly en 2008 !) s’est vu couronner par un succès international mérité et porté par une critique élogieuse. En 2014, il revient avec New York Melody, une nouvelle comédie musicale délicate, génialement campée par Keira Knightley – que nous n’avions pas connu aussi attachante et naturelle – et Mark Ruffalo dans les rôles principaux, soutenus par la prometteuse Hailee Steinfeld (True Grit), Adam Levine (le chanteur à la voix de canard du groupe Maroon 5) et la grande Catherine Keener.

Après s’être intéressé à un couple de musiciens, John Carney propose un petit voyage dans le temps avec Sing Street puisque l’action de son nouveau film musical se déroule dans les années 1980 à Dublin. La pop, le rock, le métal, la new wave passent en boucle sur les lecteurs K7, vibrent dans les écouteurs des walkmans et le rendez-vous hebdomadaire devant «Top of the Pops» est incontournable. Conor, un lycéen dont les parents sont au bord du divorce, est obligé à contrecoeur de rejoindre les bancs de l’école publique dont les règles d’éducation diffèrent de celles de l’école privée qu’il avait l’habitude de fréquenter. Il se retrouve au milieu d’élèves qui le malmènent et de professeurs exigeants qui lui font rapidement comprendre qu’en tant que petit nouveau, il va devoir filer doux. Afin de s’échapper de cet univers violent, il n’ a qu’un objectif : impressionner la plus jolie fille du quartier, la mystérieuse Raphina. Il décide alors de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers où il ne connaît rien, ni personne, à part les vinyles de sa chambre d’adolescent. Afin de la conquérir, il lui propose de jouer dans son futur clip.

Sing Street est ce qu’on appelle désormais un feel-good movie qui joue sur la nostalgie des spectateurs tout en le caressant dans le sens du poil. Inoffensif et très attachant, Sing Street repose sur l’énergie des comédiens, sur l’atmosphère d’une époque spécifique bien retranscrite avec les costumes, les décors et bien évidemment la musique qui tient une fois de plus une place prépondérante dans l’histoire en se focalisant cette fois sur un groupe d’adolescents paumés.

Si John Carney reprend quelques motifs de ses précédents films, à l’instar des morceaux joués dans la rue, ses personnages sont ici plus jeunes, plus innocents, qui rêvent de partir de Dublin, touché par une grave récession économique, pour aller tenter leur chance à Londres. Encore faut-il avoir un projet et surtout avoir le courage de traverser ce bras de mer qui les sépare du Pays de Galles ! Le réalisateur dirige sa troupe, excellente, avec tendresse et une énergie contagieuse. Les jeunes comédiens sont excellents et très spontanés. Ferdia Walsh-Peelo, vu dans la série Vikings et Lucy Boynton, prochainement dans la version du Crime de l’Orient-Express de Kenneth Branagh sont très prometteurs, tout comme leurs partenaires qui composent le groupe Sing Street, sans oublier le génial personnage de Brendan, le grand frère de Conor, incarné par Jack Reynor.

La BO est une fois de plus très soignée (on y entend Duran Duran, The Cure, A-ha), les chansons (essentiellement écrites par John Carney et Gary Clark) entraînantes et entêtantes, la mise en scène demeure élégante et les dialogues très bien écrits. C’est très sympa, follement attachant et léger comme une bulle de savon, avec ce qu’il faut d’émotion pour emporter totalement l’adhésion. Récompensé par le Hitchcock d’or et prix du scénario au Festival du film britannique de Dinard en 2016, Sing Street est un récit initiatique que l’on voit et qui restera probablement dans un coin de la tête. Une nouvelle réussite à inscrire au palmarès de John Carney !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sing Street, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Les suppléments déçoivent à plus d’un titre puisque nous ne trouvons que trois minuscules featurettes (10 minutes au total) et deux clips vidéo !

Les trois petits modules reviennent rapidement sur le casting du film, la création des chansons et de la musique de Sing Street et sur le tournage proprement dit. Quelques propos du réalisateur John Carney, du chanteur et compositeur Adam Levine, leader du groupe Maroon 5 (vu dans le précédent film du metteur en scène) et des comédiens illustrent des images tirées du plateau.

L’éditeur joint donc également le clip de Go now (4’) et celui de Drive It Like You Stole It (4’).

L’Image et le son

Après un passage plutôt discret dans les salles françaises, Sing Street est pris en main par TF1 vidéo pour sa sortie dans les bacs. Nous sommes devant un très beau master HD. La définition est optimale, la luminosité affirmée, ainsi que le relief, la gestion des contrastes et le piqué sans cesse affûté. L’apport HD est constant et renforce la colorimétrie pétillante, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails fourmillent sur le cadre, et toutes les séquences de jour tournées en extérieur sont magnifiques de précision.

Comme pour l’image, l’apport HD pour Sing Street permet de profiter à fond de la bande originale. En version originale, comme en français, les deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 s’en donnent à coeur joie en ce qui concerne la spatialisation de la musique. Chaque enceinte est remarquablement mise à contribution, précise dans les effets, avec une impressionnante balance frontales-latérales et une fluidité jamais démentie. Le caisson de basses participe évidemment à ces numéros, nous donnant d’ailleurs le rythme pour taper du pied en cadence.

Maintenant, au jeu des comparaisons, la piste française s’avère un cran en dessous la version originale du point de vue de la délivrance des dialogues. Dans les deux cas, les ambiances naturelles ne manquent pas, les effets sont concrets et immersifs. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue à la volée est verrouillé.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Captain Fantastic, réalisé par Matt Ross

CAPTAIN FANTASTIC réalisé par Matt Ross, disponible en DVD et Blu-ray le 14 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay, Samantha Isler, Annalise Basso, Nicholas Hamilton, Shree Crooks, Charlie Shotwell, Ann Dowd, Erin Moriarty, Missi Pyle

Scénario : Matt Ross

Photographie : Stéphane Fontaine

Musique : Alex Somers

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.

C’est l’un des succès surprises de l’année 2016. Captain Fantastic, réalisé par Matt Ross, aura attiré près de 600.000 spectateurs français dans les salles à sa sortie. Ben et sa femme détestaient la société consumériste et ont donc tout quitté pour aller vivre dans les bois. Alors que son épouse est à l’hôpital, Ben continue à enseigner à ses six enfants comment vivre en communion avec la nature et les forme aux techniques de survie. Ils les entraînent à chasser, à pratiquer l’escalade, les arts martiaux, les langues étrangères, le tir à l’arc, les poussent à dépasser leurs limites physiques et leur fait l’école, tout en célébrant chaque année l’anniversaire du linguiste et philosophe Noam Chomsky. Leur monde s’écroule quand leur mère, bipolaire, se suicide. Ben découvre le testament de son épouse. Il est bien décidé à ce que ses dernières volontés soient respectées. Le père de la défunte, qui menace de faire arrêter Ben s’il se rend à la cérémonie, compte bien enterrer sa fille alors que la jeune femme voulait être incinérée.

Acteur vu dans la série Silicon Valley, mais aussi au cinéma dans L’Armée des douze singes, Volte/Face, Les Derniers jours du Disco et même dans Les Visiteurs en Amérique, Matt Ross signe son premier long métrage en 2012, 28 Hotel Rooms, inédit dans nos contrées. Son deuxième film en tant que réalisateur, Captain Fantastic, récompensé par le Prix de la mise en scène dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes, sans oublier le Prix du jury et celui du public au Festival du cinéma américain de Deauville, est un petit bijou indépendant. Inspiré par la propre enfance du metteur en scène passée dans quelques communautés de Californie du Nord et de l’Oregon, éloigné de toute technologie, du confort moderne et de la télévision, Captain Fantastic se penche sur les modes de vie et l’éducation alternatifs au XXIe siècle, avec notamment les choix qu’imposent les parents à leurs enfants, dans un environnement éloigné de la société de consommation.

Dans Captain Fantastic, le père de famille est sublimement incarné par Viggo Mortensen, dans un rôle taillé sur mesure, qui a pris en charge l’éducation de ses six enfants. Bo (excellent George MacKay), le fils aîné, maoïste, commence à ressentir un manque social et à s’intéresser aux filles de son âge, d’autant plus qu’il est accepté à Harvard et Yale, sans que son père le sache. Dans un contexte difficile – leur mère vient de décéder – Bo se rebiffe quelque peu et pour la première fois Ben (Mortensen) voit ses idéaux remis en question. On pense souvent au désormais classique Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris, avec quelques motifs semblables, la famille réunie dans un véhicule lancé sur les routes américaines, un décès, quelques enfants rebelles. Viggo Mortensen, radieux, est formidablement entouré par un jeune casting très impliqué, mention spéciale aux plus jeunes, d’un naturel confondant.

Doux-amer, pudique et à la fois frontal, joliment mis en scène et photographié par le chef opérateur français Stéphane Fontaine (De battre mon coeur s’est arrêté, De rouille et d’os, Elle), Captain Fantastic émeut, fait rire et réfléchir, interroge sur notre propre rapport à la société et ravit les sens. Le message passe, sans jamais tomber dans la démonstration gratuite et laisse le spectateur se faire sa propre opinion sur ce choix de vie en usant habilement de la fable et de la poésie.

LE DVD

Le test du DVD de Captain Fantastic, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation française.

Un tout petit making de 4 minutes, montre rapidement les comédiens sur le tournage, le tout ponctué par les propos du réalisateur Matt Ross et des acteurs Viggo Mortensen et Frank Langella. Les personnages sont abordés, tout comme l’histoire et les thèmes. Viggo Mortensen évoque rapidement sa préparation dans le nord de l’Idaho, où il a passé son enfance, dans un lieu proche de celui où habite la famille Cash dans le film.

A travers une interview réalisée – le 7 décembre, jour de l’anniversaire de Noam Chomsky ! – par Didier Allouch, le réalisateur Matt Ross revient sur tous les aspects de Captain Fantastic, à l’occasion de la sortie de son film en France (25’). La genèse, les thèmes, ses intentions, les personnages, le casting, le travail avec les enfants et le chef opérateur Stéphane Fontaine, les partis pris, la préparation de Viggo Mortensen, le montage (il existe une version de 3h30 !), sont analysés point par point, le tout illustré par quelques extraits tirés du film en version française et d’images de tournage.

Nous retrouvons le même Didier Allouch, mais cette fois à l’occasion de la présentation de Captain Fantastic au Festival de Sundance (7’). Les comédiens, dont Viggo Mortensen (en français dans le texte), répondent aux questions du journaliste sur le tapis rouge.

L’Image et le son

Seule l’édition DVD a pu être testée. Evidemment, le piqué n’est pas aussi pointu qu’en Blu-ray et la colorimétrie peut avoir tendance à baver quelque peu, mais cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la beauté des paysages naturels dans la première partie. La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition sur les plans plus agités filmés en caméra portée.

Les versions anglaise et française bénéficient de mixages Dolby Digital 5.1. Afin de se plonger véritablement dans l’ambiance du film, nous vous conseillons d’oublier immédiatement le doublage français, totalement inapproprié, même si les effets latéraux sont aussi dynamiques qu’en version originale. La piste anglaise est plus homogène et l’exploitation des enceintes arrière judicieuse sur les séquences en extérieur. Le confort acoustique et musical y est cependant plus délicat et posé, tout à fait dans le ton du film. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo de fort bon acabit, ainsi qu’une piste Audiodescription et les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Films / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Le Masque arraché, réalisé par David Miller

LE MASQUE ARRACHÉ (Sudden Fear) réalisé par David Miller, disponible en DVD le 14 février 2017 chez Rimini Éditions

Acteurs : Joan Crawford, Jack Palance, Gloria Grahame, Bruce Bennett, Virginia Huston, Mike Connors

Scénario : Lenore J. Coffee, Robert Smith d’après le roman « Ils ne m’auront pas » d’Edna Sherry

Photographie : Charles Lang

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Alors qu’elle supervise les auditions de sa prochaine pièce, la dramaturge Myra Hudson rejette la candidature du jeune acteur Lester Blaine. Elle le retrouve peu après dans le train qui la ramène à San Francisco, en tombe amoureuse et l’épouse rapidement. Mais Lester renoue avec Irène, sa précédente petite amie : ils décident d’éliminer Myra.

Voilà un thriller-film noir oublié qu’il est temps de réhabiliter ! Réalisé en 1952, Le Masque arrachéSudden Fear réunit à l’écran Joan Crawford, qui entamait la deuxième partie de son immense carrière après avoir été longtemps l’égérie des studios Warner et MGM, et Jack Palance dans un de ses premiers rôles au cinéma. Avant d’exploser véritablement avec Le Grand CouteauThe Big Knife de Robert Aldrich (1955), le comédien d’origine ukrainienne, né Volodymyr Palahniuk, avait fait ses débuts chez Elia Kazan (Panique dans la rue, 1950), Lewis Milestone (Okinawa, 1950), puis chez George Stevens (L’Homme des vallées perdues, 1953), Douglas Sirk (Le Signe du païen, 1954). Ces films ont immortalisé son visage anguleux et émacié, que l’on retrouvera d’ailleurs plus tard chez Jean-Luc Godard dans Le Mépris et même dans le Batman de Tim Burton. Dans Le Masque arraché, il trouve un rôle venimeux, qui deviendra sa spécialité.

L’acteur Lester Blaine (Jack Palance) épouse une riche et célèbre dramaturge à succès, Myra Hudson (Joan Crawford), sans avoir pour autant rompu avec sa petite amie, Irene Nest (Gloria Grahame). Quelque temps plus tard, il apprend que le nouveau testament de sa femme lui assure une rente annuelle de dix mille dollars, à la seule et unique condition qu’il ne se remarie pas. Irene, qui n’apprécie pas du tout cette clause, incite Lester à éliminer Myra avant que son testament n’entre en vigueur. Les amants ignorent que le magnétophone de Myra enregistre leur conversation. Réalisateur, producteur et scénariste, David Miller (1909-1992) est un cinéaste méconnu qui a pourtant quelques pépites à son palmarès, dont le célèbre Seuls sont les indomptés avec Kirk Douglas et Complot à Dallas avec Burt Lancaster. Le Masque arraché est assurément une de ses plus grandes réussites et un vrai bijou de film noir.

Sudden Fear joue avec la notion de direction d’acteur et de mise en scène à travers le personnage d’une dramaturge à succès, qui découvre la manipulation dont elle est victime et qui risque de lui coûter la vie. Afin de contrer cette menace, elle décide d’utiliser son don pour la mise en scène en complotant de son côté et en préparant sa vengeance, heure par heure, dans un lieu précis. Le deuxième acte peut commencer, la dramaturge manipulée reprend ses droits et dirige à nouveau sa vie pour éviter d’être assassinée. Deux ans avant Johnny Guitare de Nicholas Ray, Joan Crawford (également productrice exécutive et scénariste non créditée) se délecte de ce rôle dense et charismatique, même si ses nombreux détracteurs trouveront encore à redire sur l’emphase de son jeu, parfois limite c’est vrai, tout comme ses « grimaces » – héritées de sa période muette – successives quand son personnage découvre que son époux souhaite se débarrasser d’elle pour toucher l’argent de l’assurance-vie. Avec son sens du cadre qui sied à merveille aux rues en pente luisantes de pluie de San Francisco (surtout lors de la poursuite finale), David Miller livre un thriller qui distille son poison au compte-gouttes, aidé pour cela par la sublime photo contrastée signée Charles Lang (Certains l’aiment chaud, Sabrina, Les 7 Mercenaires), sans oublier la composition de l’immense Elmer Bernstein.

Sur un scénario machiavélique et riche en rebondissements, adapté du roman Ils ne m’auront pas d’Edna Sherry, David Miller compose un face à face percutant, qui n’a rien à envier aux films noirs plus célébrés des années 1940-50 et mérite amplement d’être réévalué à sa juste valeur, autrement dit un chef d’oeuvre du genre. L’intrigue est épurée et comme le disait François Truffaut dans sa première critique écrite pour Les Cahiers du cinéma en mars 1953 « Pas un plan dans ce film qui ne soit nécessaire à la progression dramatique. Pas un plan non plus qui ne soit passionnant et ne nous donne à penser qu’il est le clou du film ». Outre Joan Crawford et Jack Palance, vraiment superbes dans le rôle du chat et de la souris dont les rôles finissent par s’inverser, Gloria Grahame tire son épingle du jeu dans le rôle d’une jeune escroc, qui entretient une relation amoureuse et brutale avec Lester.

Quelle merveilleuse surprise donc que ce Masque arraché, thriller angoissant qui fait penser au Soupçons d’Alfred Hitchcock (dont la présence d’un verre de lait), qui se clôt dans un dernier acte quasi-dépourvu de dialogues, reposant uniquement sur la mise en scène virtuose et l’intensité de l’interprétation de Joan Crawford. Immanquable !

LE DVD

Le DVD du Masque arrac, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un élégant surétui cartonné. La jaquette saura attirer les fans de films noirs. Le menu principal est élégant, animé et musical. Notons la faute sur le nom de l’actrice Gloria Grahame, corrigée sur l’exemplaire disponible à la vente.

Le Masque arraché / Sudden Fear, est présenté par Antoine Sire (39’). l’auteur de Hollywood, la cité des femmes (editions Institut Lumière / Acte Sud) propose un portrait brillant de la comédienne Joan Crawford, mais aussi de son partenaire Jack Palance (après le refus de Clark Gable et de Marlon Brando) et du cinéaste David Miller. Fourmillant d’informations et d’anecdotes, Antoine Sire part un peu dans tous les sens et se répète parfois, mais on ne pourra pas lui reprocher la passion contagieuse avec laquelle il évoque Le Masque arraché et tout ce qui l’entoure. Composé d’extraits et de bandes-annonces, cet entretien s’avère riche, spontané et passionnant.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce anglaise de la sortie DVD du Masque arraché.

L’Image et le son

Ce master restauré (en 2K par Cohen Media Group) au format respecté 1.33 (16/9) du Masque arraché, jusqu’alors inédit en France, est on ne peut plus flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, le splendide N&B de Charles Lang retrouve une densité inespérée dès l’ouverture. La restauration est indéniable, aucune poussière ou scorie ne sautent aux yeux, l’image est d’une stabilité à toutes épreuves. Les contrastes sont fabuleux et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Le grain original est présent, même si certaines séquences paraissent étonnamment plus lisses, ce qui fera tiquer quelque peu les puristes. Le cadre fourmille de détails, les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages et cette très belle copie participe à la redécouverte de ce diamant noir. Dommage de ne pas trouver Le Masque arraché en Haute-Définition !

L’éditeur ne propose que la version originale du Masque arraché. Dynamique, nettoyée, homogène et naturelle, sans souffle parasite, cette piste offre un confort acoustique solide et restitue admirablement la musique d’Elmer Bernstein et les effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Joseph Kaufman Productions, Inc. / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

 

Test DVD / Nocturama, réalisé par Bertrand Bonello

NOCTURAMA réalisé par Bertrand Bonello, disponible en DVD le 22 février 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Finnegan Oldfield, Vincent Rottiers, Hamza Meziani, Manal Issa, Martin Guyot, Jamil McCraven, Rabah Naït Oufella, Laure Valentinelli, Ilias Le Doré, Robin Goldbronn, Luis Rego, Hermine Karagheuz

Scénario : Bertrand Bonello

Photographie : Léo Hinstin

Musique : Bertrand Bonello

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Paris, un matin. Une poignée de jeunes, de milieux différents.  Chacun de leur côté, ils entament un ballet étrange dans les dédales du métro et les rues de la capitale. Ils semblent suivre un plan. Leurs gestes sont précis, presque dangereux. Ils convergent vers un même point, un Grand Magasin, au moment où il ferme ses portes. La nuit commence. 

Bertrand Bonello, réalisateur du splendide L’Apollonide (Souvenirs de la maison close) et du viscontien Saint Laurent revient avec un film coup de poing, pensé comme « un ressenti du monde dans lequel nous vivons ». Après son adaptation libre, décalée et sans concession de la vie du célèbre couturier, Bonello privilégie l’aspect visuel et sensoriel et à ce titre Nocturama, son septième long métrage, s’avère une fois de plus une véritable expérience cinématographique.

A Paris, de nos jours, sept jeunes gens déambulent dans le métro et dans les rues de la capitale. Chacun d’entre eux accomplit des tâches aussi précises que mystérieuses, répondant à des messages cryptiques reçus sur les téléphones portables en leur possession. Soudain, plusieurs bombes explosent dans Paris. Les jeunes gens, parmi lesquels David, Yacine, Sabrina, Mika, Sarah et Omar, se retrouvent à la nuit tombée dans un grand magasin. Avec la complicité d’un vigile, ils entrent dans le bâtiment fermé au public. Pendant ce temps, la panique a envahi la ville et les politiques se perdent en conjectures. A part les excellents Vincent Rottiers et Finnegan Oldfield (Geronimo, Les Cowboys, Réparer les vivants), sans compter une très courte apparition d’Adèle Haenel, Bertrand Bonello a privilégié un casting composé de comédiens amateurs qui s’avèrent tous réellement bluffants pour leur première apparition au cinéma. Ce sont surtout les visages que l’on retient de Nocturama, ceux de ces jeunes hommes et femmes, dont le cinéaste parvient à restituer les contradictions, la passion, le mal-être, la solitude, la dépendance et la fragilité, ce qui a pu les conduire à commettre l’irréparable.

A l’instar de sa version d’YSL, Bonello ne signe pas un film sur des « personnes en train de créer », mais sur des individus qui tentent de vivre après être devenus des monstres. C’est ici que Nocturama se rapproche finalement du précédent film du cinéaste puisque si les attentats sont montrés dans la première partie du film après une longue et sensationnelle exposition dans le métro et dans les rues de Paris, Bonello montre ensuite l’attente, le spleen, l’ennui, la dissolution d’un « esprit créatif » une fois que toute la bande ait trouvé refuge dans un grand magasin (le tournage a eu lieu dans les locaux désaffectés de la Samaritaine) à la nuit tombée. Ou comment se réunir dans l’antre de ce qu’ils dénoncent ou pensaient dénoncer, Bonello filmant alors son groupe comme des candidats de Loft Story sous l’oeil des caméras de surveillance, filmant du vide dans le vide.

Ce qui a pu décontenancer une partie des spectateurs et d’une certaine partie de la critique, c’est de voir l’absence d’une réelle revendication de la part de cette jeunesse rebelle, nihiliste et anticapitaliste, issus de milieux sociaux différents, mais visiblement tous portés et réunis pour une même cause. Sans faire partie d’un groupe religieux ou même politique en particulier. Ensuite, Bertrand Bonello bouleverse la temporalité, sa narration, pour finir par faire des allers-retours lors du raid final du GIGN, symbolisé par le thème principal de la série Amicalement Vôtre composé par John Barry. Bonello croise les destins pour mieux se focaliser sur chacun des personnages, en faisant perdre ses repères aux spectateurs.

Suprêmement élégant, Nocturama est un film qui emporte l’adhésion ou qui entraîne un rejet total. Adhésion si le spectateur accepte ces partis pris et un rythme languissant, rejet si le spectateur espérait une analyse explicite sur ce qui a pu pousser ces jeunes à faire exploser simultanément plusieurs sites symboliques de la capitale : une banque, le ministère de l’Intérieur, plusieurs voitures devant la Bourse, la statue de Jeanne d’Arc située place des Pyramides. Nocturama est un film politique dans le geste et l’action, pas dans le discours. Bonello ne fait pas dans la psychologie, mais dans la sensation et l’abstraction. Si le parallèle avec les événements qui ont fait saigner Paris en 2015 est évident, Bertrand Bonello portait ce projet, intitulé alors Paris est une fête, depuis 2011. A la suite des attentats du 13 novembre 2015, le réalisateur a ensuite changé le titre de son film – le roman d’Hemingway étant devenu un symbole – et opté pour Nocturama, emprunté à celui d’un album de Nick Cave, avec l’autorisation de ce dernier. S’il pensait le mettre en scène après L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Saint Laurent aura remis à plus tard ce projet, finalement rattrapé par l’actualité.

Soutenu par une B.O. hypnotique signée Bertrand Bonello lui-même, Nocturama est un merveilleux et fulgurant objet de cinéma, un film – d’action contemporain selon le réalisateur – souvent fascinant, esthétique, fulgurant et onirique qui n’a pas fini d’envoûter les cinéphiles qui se laisseront volontiers porter.

LE DVD

Le test du DVD de Nocturama, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Aucune sortie en Blu-ray prévue pour ce titre, ce qui est absolument scandaleux surtout lorsque l’on voit des titres de fond de catalogue qui bénéficient d’un traitement HD de la part de l’éditeur ! Le menu principal est animé sur l’envoûtante musique de Bertrand Bonello. Le visuel reprend quant à lui celui de l’affiche du film.

Sans surprise, peu de bonus à l’horizon, si ce n’est une excellente et passionnante interview de Bertrand Bonello (20’) réalisée par Jean-François Rauger. Le réalisateur évoque la genèse du projet de Nocturama, qui s’intitulait encore Paris est une fête, ses intentions (revenir à un sujet plus contemporain), la structure du film, les thèmes, les personnages, le décor du grand magasin, les symboles, la mise en scène, la photographie, la musique, le casting, le montage, l’actualité qui a fini par rattraper l’histoire du film, la difficile et froide réception. Bertrand Bonello s’explique longuement, posément sur son dernier film. A ne pas manquer.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray pour Nocturama donc et c’est bien dommage. Le DVD n’est pas parfait avec par exemple un gros fourmillement sur le plan aérien d’ouverture qui fait peur avec ses moirages, ses couleurs ternes et son manque de définition. Cela s’améliore un peu après heureusement. Nocturama est le premier film tourné en numérique de Bertrand Bonello, ce qui nous fait d’autant plus regretter l’absence d’édition HD. La première partie diurne est claire, la colorimétrie trouve un équilibre convenable, le relief des textures est palpable, les contrastes riches et le piqué acceptable. La seconde, durant laquelle les protagonistes sont retranchés dans le grand magasin, est évidemment moins précise avec une profondeur de champ limitée, un rendu des visages moins pointu, mais heureusement les noirs sont denses. La copie SD est donc d’honnête facture, mais la magnifique photo de Léo Hinstin (Taj Mahal, Aux yeux de tous) méritait bien meilleur traitement.

En dehors de la première partie composée d’extérieurs, Nocturama est essentiellement un huis clos qui réside essentiellement sur les dialogues. Le mixage DTS 5.1 distille quelques ambiances bienvenues et joliment rendues. Une nappe synthétique et des sons cristallins s’instaurent délicatement sur les latérales bien qu’elles distillent cette atmosphère avec une rare parcimonie. Les dialogues demeurent clairs et précis sur l’enceinte centrale, la balance frontale est intimiste, mais le tout s’anime sur la chanson My Way, l’excellente partition signée Bonello lui-même et le thème d’Amicalement Vôtre qui illustre le dernier acte et le générique de fin. Une piste stéréo est également au programme et se révèle limpide, riche et saisissante. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Wild Bunch Distribution / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Radin !, réalisé par Fred Cavayé

RADIN ! réalisé par Fred Cavayé, disponible en DVD et Blu-ray le 31 janvier 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidt, Patrick Ridremont, Christophe Favre, Karina Marimon

Scénario : Fred Cavayé, Laurent Turner, Nicolas Cuche

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Klaus Badelt

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

François Gautier est radin ! Economiser le met en joie, payer lui provoque des suées. Sa vie est réglée dans l’unique but de ne jamais rien dépenser. Une vie qui va basculer en une seule journée : il tombe amoureux et découvre qu’il a une fille dont il ignorait l’existence. Obligé de mentir afin de cacher son terrible défaut, ce sera pour François le début des problèmes. Car mentir peut parfois coûter cher. Très cher…

Pour elle (2008) et A bout portant (2010) s’imposent parmi les plus grandes réussites du polar populaire français de ces dix dernières années. Le réalisateur Fred Cavayé a su d’emblée imposer une marque de fabrique, proposer aux spectateurs un thriller allant à fond la caisse pendant 1h30, sans lui laisser de temps mort du début à la fin, comme une véritable course contre-la-montre, en prenant modèle sur les films de genre américains. Son troisième long métrage Mea Culpa, qui réunissait les têtes d’affiches de ses précédents films, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, a été une immense déception, tant critique que commerciale et s’est soldée par un échec retentissant. Fred Cavayé avait donc besoin de se refaire et a donc accepté Radin !, une œuvre de commande.

Engager Fred Cavayé pour une comédie, sa première en l’occurrence, est peut-être étonnant mais sûrement pas une mauvaise idée car le cinéaste y démontre une nouvelle fois son savoir-faire technique, notamment un sens du rythme servi par un excellent montage. Cavayé s’en sort donc beaucoup mieux, sans aucune commune mesure d’ailleurs, que ses confrères estampillés « réalisateurs de thrillers » comme Florent Siri avec son pathétique Pension complète et Jean-François Richet avec Un moment d’égarement. Radin ! s’avère une comédie inspirée par le genre transalpin des années 1950-60, dans laquelle le rôle principal aurait pu être interprété par Alberto Sordi ou Vittorio Gassman. Nous ne faisons pas là une comparaison entre Dany Boon, roi du box-office dans nos contrées et ses confrères italiens, mais le personnage « hénaurme » qu’il interprète lorgne sur le côté satirique qu’affectionnait tout particulièrement la comédie italienne.

Ceci dit, Dany Boon ne démérite pas dans Radin !. Il signe par ailleurs une de ses meilleures compositions, un hargneux pète-sec qui dissimule en fait un mal-être et une douloureuse solitude. Le comédien s’en donne à coeur joie et parvient même à émouvoir en laissant petit à petit transparaître la sensibilité, la tendresse et même la gravité de son personnage au premier abord antipathique. Si l’intrigue autour de la fille, interprétée par Noémie Schmidt, révélée dans L’Étudiante et Monsieur Henri d’Ivan Calbérac, manque d’intérêt et s’avère trop appuyée, les dialogues sont amusants, les quiproquos s’enchaînent sans aucun temps mort et Dany Boon ne tire jamais la couverture à ses partenaires, notamment à l’excellente Laurence Arné, que l’on a toujours plaisir à retrouver. Elle est ici très délicate et touchante dans le rôle de Valérie, violoncelliste hyper sensible, peu adaptée au monde moderne, qui tombe amoureuse de François. Le duo fonctionne très bien à l’écran et certaines séquences comme celle du restaurant de fruits de mer ou du concert accéléré où François interprète l’intégralité des Quatre Saisons en dix minutes sont vraiment tordantes.

Il en est de même pour le quotidien dépeint du personnage de François, de son enfance à la quarantaine, qui renvoie parfois au monde de la bande dessinée, effet accentué par la mise en scène dynamique de Fred Cavayé. Si l’histoire part un peu dans tous les sens et malgré une fin quelque peu décevante car mélo et trop attendue, Radin ! s’avère une des meilleures comédies avec Dany Boon, décidément toujours meilleur dans un film qu’il ne dirige pas. Radin ! est un très bon divertissement, qui a attiré 3 millions de spectateurs au cinéma en 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Radin !, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Le making of (18’) joint à cette édition est classique, mais remplit parfaitement son contrat à travers des propos précis du réalisateur Fred Cavayé et de ses comédiens, le tout illustré par de nombreuses images du plateau. On y découvre la préparation des acteurs, notamment celle de Dany Boon, coaché au violon par Sarah Nemtanu, premier violon de l’Orchestre National de France. Les répétitions et les scènes ratées sont également de la partie.

Trois petites séquences coupées (6’) sont ensuite proposées. Très réussies on y voit entre autres François (Dany Boon) donner quelques conseils avisés à une vieille dame faisant ses courses, pour mieux choisir son paquet de biscottes.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Laurent Dailland (L’hermine, Le Concert, Welcome) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version DTS-HD Master Audio 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique de Klaus Badelt et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / La Fille inconnue, réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne

LA FILLE INCONNUE réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez Diaphana

Acteurs : Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Renier, Louka Minnella, Christelle Cornil, Nadège Ouedraogo, Olivier Gourmet

Scénario : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne

Photographie : Alain Marcoen

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un soir, alors qu’elle travaille avec son assistant, Jenny Davin, médecin généraliste, n’ouvre pas la porte de son cabinet à une jeune femme. Cette dernière est retrouvée morte quelques heures plus tard. Jenny l’apprend au cours de l’enquête et découvre en même temps que la victime ne peut pas être identifiée. Jenny comprend également que cette affaire n’est pas vraiment une priorité pour la police. Rongée par la culpabilité et contre l’avis des forces de l’ordre, elle décide de mener sa propre enquête. Mais Jenny est vite confrontée à l’agressivité de témoins récalcitrants…

Un miracle se produit à chaque film des frères Dardenne. Le spectateur au fait de leur cinéma, un tant soit peu vaniteux, peut déclarer s’attendre à retrouver la même recette habituelle des réalisateurs et que ce nouveau film risque d’être du réchauffé. Seulement voilà, les cinéastes parviennent toujours à nous cueillir et leur dernier opus, leur dixième long métrage, La Fille inconnue ne fait pas exception à la règle et s’avère même un de leurs plus grands films.

Le personnage du médecin trottait dans la tête des frères Dardenne depuis de nombreuses années, pensant déjà l’intégrer dans l’intrigue du Gamin au vélo. Enfants, Jean-Pierre et Luc Dardenne ont longtemps observé leur oncle médecin, une profession qui les a toujours fasciné. Après avoir rencontré la formidable Adèle Haenel, ils décident de lui écrire ce rôle sur mesure, celui de Jenny, une jeune femme médecin généraliste se sentant coupable et responsable de la mort d’une jeune fille immigrée sans identité, à qui elle a refusé d’ouvrir la porte de son cabinet après une longue journée et parce que l’heure d’ouverture était largement dépassée. Elle se met ensuite à la recherche de son nom une fois que la police lui ait annoncé la mauvaise nouvelle. A travers son quotidien fait de visites à domicile ou à son cabinet, Jenny commence une véritable enquête obsédante en recoupant les témoignages de quelques patients.

Après avoir offert à Marion Cotillard un de ses plus grands rôles dans Deux jours, une nuit, les Dardenne récidivent avec Adèle Haenel, qui n’a de cesse d’éblouir après les grandes réussites de L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Suzanne (César de la meilleure actrice dans un second rôle), Les Combattants (César de la meilleure actrice) et Les Ogres. De tous les plans, du début à la fin, la comédienne illumine La Fille inconnue par son charisme, son immense talent, sa sensibilité à fleur de peau. Filmé comme un véritable polar, ce drame réaliste, social et anxiogène prend aux tripes grâce à la virtuosité discrète de la mise en scène qui s’attache à ce personnage alors au début de sa vie professionnelle, dont la moue boudeuse reflète encore l’innocence et même la naïveté de son jeune âge. A l’instar de leurs autres longs métrages, les frères Dardenne se focalisent sur un personnage dont on ignore le passé et la vie privée, pour ainsi mettre en relief les choix cruciaux que Jenny doit faire au moment présent, qui risquent d’avoir une incidence sur le reste de sa vie. Ainsi, Jenny décide d’exercer sa profession dans un cabinet de la ville de Seraing, dans la Province de Liège, située le long d’une voie rapide où la circulation se fait entendre de jour comme de nuit, plutôt que d’accepter une place convoitée dans une clinique privée confortable aux patients aisés. Ce choix découle tout simplement de sa décision d’en savoir plus sur cette jeune fille assassinée, dont elle se sent en partie responsable de la mort.

Avec un réalisme quasi-documentaire, les frères Dardenne suivent donc Jenny pas à pas dans son quotidien. C’est l’écoute au stéthoscope du coeur d’un patient âgé, la peau massée, les regards, les gestes techniques, la parole qui se libère liée au lien unique entre un médecin et son patient, une proximité parfois inattendue qui se crée et qui agit alors comme un confessionnal. Ou comment soulager sa conscience, les mots guérissant les maux. Jenny avance à tâtons, parfois sans le vouloir ou après avoir voulu jeter l’éponge suite à quelques menaces qui planent au-dessus de sa tête, au fil de rencontres singulières (dont celles avec les fidèles Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet et même le gamin au vélo Thomas Doret), bonnes ou mauvaises, qui vont l’aider à aller vers l’acceptation pour mieux renaître.

Après avoir été accueilli froidement au Festival de Cannes, où ils ont pourtant leurs habitudes, les Dardenne ont décidé de remonter leur film en coupant notamment sept minutes. Aujourd’hui, La Fille inconnue apparaît comme étant l’un des chefs d’oeuvres de l’année 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Fille inconnue, disponible chez Diaphana, repose dans un boîtier classique de couleur blanche. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé sur une séquence clé du film.

Réalisée par N.T. Binh à Paris en octobre 2016, l’interview de Jean-Pierre et Luc Dardenne (26’) est posée, passionnante, dense et en apprend beaucoup sur le processus créatif des deux frères cinéastes. Ils reviennent sur le personnage de médecin dont ils voulaient parler depuis longtemps, l’usage des silences, le choix des décors, la précision du cadre, le travail avec Adèle Haenel, la manière pour happer le spectateur, la longue phase du montage, l’importance du son, bref tout est abordé avec précision et surtout une passion contagieuse pour le cinéma.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits.

L’Image et le son

L’éditeur prend soin de La Fille inconnue et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis pris esthétiques du chef opérateur Alain Marcoen, fidèle collaborateur des frères Dardenne sont respectés et la colorimétrie habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes et des noirs denses, un joli piqué et des détails appréciables sur l’ensemble des séquences en extérieur et du cadre en général, y compris sur les gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, imputables aux partis pris qui privilégient souvent la caméra portée, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master HD élégant, propre et clair.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 fait ce qu’elle peut pour créer un semblant de spatialisation avec de légères ambiances naturelles (la circulation près du cabinet médical notamment), mais n’hésitez pas à sélectionner directement la Stéréo qui étonnamment l’emporte sans conteste du point de vue restitution des dialogues, prépondérant dans un film de cet acabit. L’éditeur joint également une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants, ainsi que les sous-titres français pour sourds et malentendants.

Crédits images : © Christine Plenus / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr