Test Blu-ray / La Maison qui tue, réalisé par Peter Duffell

LA MAISON QUI TUE (The House That Dripped Blood) réalisé par Peter Duffell, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2018 chez ESC Editions

Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Jon Pertwee, Joanna Lumley, Ingrid Pitt, Denholm Elliott, John Bennett, Tom Adams, Joss Ackland, Nyree Dawn Porter…

Scénario : Robert Bloch

Photographie : Ray Parslow

Musique : Michael Dress

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Un inspecteur de Scotland Yard enquête sur quatre cas de meurtres mystérieux qui se sont passés dans une maison inoccupée. Ce qui donne prétexte à un film à sketchs.

Nous en avons déjà parlé, mais petit rappel sur la Amicus, cette société de production cinématographique britannique née dans les années 1960, spécialisée dans les films d’horreur. Fondée par les américains Milton Subotsky et Max J.Rosenberg, la Amicus a voulu concurrencer la célèbre Hammer sur son propre territoire et dans le reste du monde. Dans cette optique, les pontes décident d’offrir quelque chose de différent aux spectateurs, notamment des histoires d’épouvante contemporaines. Pour La Maison qui tue The House That Dripped Blood (1971), pas de Freddie Francis à la barre cette fois ! Le réalisateur du Train des épouvantesDr. Terror’s House of Horrors, Histoire d’outre-tombeTales from the Crypt, Le Crâne maléfiqueThe Skull, Le Jardin des tortures Torture Garden et bien d’autres réjouissances laisse cette fois la place à un confrère inconnu venu de la télévision, Peter Duffell (1922-2017), qui a officié sur les séries L’Homme à la valise et Strange Report. La Maison qui tue est un film à sketches qui se compose de quatre segments reliés par un fil rouge, tous réalisés par le même metteur en scène. Aujourd’hui, cette House That Dripped Blood vaut surtout pour ses interprètes et son atmosphère toujours plaisante.

Un acteur a mystérieusement disparu sans laisser de trace. L’inspecteur Holloway, mandaté par Scotland Yard, se rend immédiatement sur place pour enquêter. Il rencontre des membres de la police locale, ainsi que l’agent immobilier mister Stoker (évidemment un clin d’oeil à Bram Stoker, auteur de Dracula) et entend de curieuses histoires sur les précédents occupants de la demeure : la première concerne un écrivain confronté à un étrangleur sorti de ses récits. La deuxième histoire met en scène deux hommes en visite dans un musée de cire qui sont obsédés par la statue d’une femme qui leur rappelle une ancienne maîtresse commune. La troisième parle d’un père veuf et de sa fillette mélancolique qui semble s’intéresser de très près à la sorcellerie. La quatrième revient sur le sort de l’acteur disparu (Jon Pertwee, le troisième Doctor Who de l’histoire), qui, vêtu d’une cape à l’occasion du tournage d’un film d’épouvante, a l’impression de se transformer réellement en vampire.

Quatre sketches forcément inégaux comme bien souvent dans ce genre de production, mais qui n’en restent pas moins élégants, souvent jubilatoires, bien rythmés, concis, même si prévisibles. S’ils apparaissent tous les deux au même générique de plus d’une vingtaine de films, les immenses Christopher Lee et Peter Cushing ne se donnent pas la réplique dans La Maison qui tue, chacun étant la vedette d’un segment disparate. Notre préférence se porte sur celui avec Christopher Lee, en prise avec un enfant démoniaque ! Si Peter Cushing est comme d’habitude excellent, son sketch vaut surtout pour ses éclairages baroques qui rappellent cette fois les gialli de Mario Bava et les chefs d’oeuvre de la Hammer quand son personnage se perd dans le musée de cire. Denholm Elliott, très classe, perd pied quand l’un de ses personnages créés sur le papier, semble lui apparaître et s’en prendre à son entourage, ainsi qu’à sa femme (Joanna Dunham). La dernière partie, qui s’inscrit plus dans le genre fantastique, permet d’admirer le charme et les courbes de la mythique Ingrid Pitt. L’épilogue est certes attendu, mais plutôt efficace.

Au-delà de son prestigieux générique, la qualité d’écriture de The House That Dripped Blood est indéniable. On doit ces récits au grand Robert Bloch (1917-1994), l’auteur du roman Psychose, mais aussi d’une quantité phénoménale de nouvelles. A l’adolescence, l’écrivain avait entretenu une correspondance avec Howard Phillips Lovecraft, qui l’encourageait à mettre son imagination débordante au profit de la littérature. L’ombre de Lovecraft plane sur La Maison qui tue, comme d’ailleurs moult écrits de Robert Bloch. Son style, son épure et sa radicalité avaient déjà fait le bonheur des spectateurs pour la série Alfred Hitchcock présente dans les années 1960. Puis, Robert Bloch entamait une collaboration fructueuse avec la Amicus. En plus des comédiens iconiques, le scénariste est comme qui dirait l’autre star de La Maison qui tue.

Même si la mise en scène n’a rien d’exceptionnel et n’a pas l’efficacité des travaux de Freddie Francis (pas de gouttes de sang ici, tout est suggéré), The House That Dripped Blood conserve encore un charme britannique inaltérable, l’humour noir fonctionne bien aussi bien que l’ironie mordante, les retournements de situations et les twists, tandis qu’on se délecte de passer d’un récit à l’autre.

LE BLU-RAY

La Maison qui tue intègre tout naturellement la collection « British Terrors » d’ESC Editions, qui comprend déjà les titres Le Caveau de la terreur, Le Train des épouvantes, Asylum, Les Contes aux limites de la folie et Histoires d’outre-tombe. Cette édition Mediabook se compose du DVD et du Blu-ray du film, ainsi que d’un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec. Le menu principal est animé et musical.

L’intervention de Laurent Aknin se déroule en deux temps. Dans le premier module, l’historien et critique de cinéma raconte l’histoire de la Amicus (5’). Sa création, les producteurs, les titres les plus célèbres de la firme, ses intentions et ses influences sur les réalisateurs des années 1980-90 sont donc abordés de façon concise et passionnante.

Le deuxième segment se focalise sur La Maison qui tue (17’). De la même manière que pour son exposé précédent, Laurent Aknin est toujours aussi attachant, enjoué et informatif sur la genèse du film de Peter Duffell, sur le casting et le scénariste Robert Bloch.

L’Image et le son

Hormis un générique aux légers fourmillements, le transfert est irréprochable, le master immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie est volontairement froide et fanée. La gestion des contrastes est également très solide. Ce master HD est également présenté dans son format d’origine 1.85. Le Blu-ray est au format 1080p.

Le film de Peter Duffell bénéficie d’un doublage français. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française au doublage réussi s’accompagne de quelques chuintements et les dialogues sont souvent mis trop en avant. La version anglaise DTS-HD Master Audio 2.0 est plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Distribution /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Sans un bruit, réalisé par John Krasinski

SANS UN BRUIT (A Quiet Place) réalisé par John Krasinski, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra-HD le 30 octobre 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs : Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds, Noah Jupe, Cade Woodward, Leon Russom, Doris McCarthy…

Scénario : Bryan Woods, Scott Beck, John Krasinski

Photographie : Charlotte Bruus Christensen

Musique : Marco Beltrami

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Une famille tente de survivre sous la menace de mystérieuses créatures qui attaquent au moindre bruit. S’ils vous entendent, il est déjà trop tard.

Le comédien John Krasinski n’a jamais vraiment brillé au cinéma. Son charisme lisse et passe-partout a pourtant été vu dans Dr Kinsey et Dreamgirls de Bill Condon, Jarhead et Away We Go de Sam Mendes. C’est surtout à la télévision aux côtés de Steve Carell que les spectateurs l’auront remarqué au cours des neuf saisons de la série The Office. Prenant de la bouteille, John Krasinski fait partie de ces acteurs qui deviennent intéressants en arrivant à la quarantaine. Après une participation à Detroit, la dernière bombe de Kathryn Bigelow et Jack Ryan dans la série du même nom saluée par la critique, John Krasinski réalise son troisième long métrage après Brief Interviews with Hideous Men (2009) et La Famille Hollar (2016), inédits dans les salles françaises. Sans un bruitA Quiet Place lui permet non seulement de briller derrière la caméra où il fait preuve d’un réel talent de metteur en scène, mais aussi devant où il donne pour la première fois la réplique à son épouse, la magnifique Emily Blunt, tout en signant sa meilleure prestation à ce jour. Non seulement ça, Sans un bruit est rapidement devenu un phénomène aux Etats-Unis, en rapportant la bagatelle de 190 millions de dollars sur le sol américain pour une mise de départ de 17 millions. Un triomphe inattendu, mais mérité car A Quiet Place peut se targuer d’être l’un des meilleurs films de 2018 et assurément l’une des plus grandes expériences sensorielles vécues au cinéma cette année avec Hérédité d’Ari Aster.

2020. Dans un monde post-apocalyptique, les rares survivants vivent sous la menace de créatures très sensibles aux sons. Ils doivent ainsi demeurer dans le silence. Une famille du Midwest va devoir lutter pour survivre, avec une mère sur le point d’accoucher.

Alors oui Sans un bruit n’invente rien et ne révolutionne pas le genre. On pense à Alien de Ridley Scott, La Guerre des mondes de Steven Spielberg, Signes de M. Night Shyamalan et bien d’autres dont le récent 10 Cloverfield Lane de Dan Trachtenberg. Mais tout de même, les références sont digérées et nous ne sommes pas ici dans le plagiat éhonté et encore moins l’ersatz. Sur un scénario co-écrit avec le tandem Scott Beck et Bryan Woods, John Krasinski est bien décidé à montrer ce qu’il a sous le capot en tant que réalisateur et s’en sort admirablement, à tel point que la maturité d’ensemble ne cesse d’étonner. Il est surtout très bien épaulé avec Charlotte Bruus Christensen à la photographie, grande cheffe opératrice danoise remarquée en 2012 avec ses partis pris glacials et charbonneux sur La Chasse de Thomas Vinterberg, ainsi que sur Life d’Anton Corbijn. Pour autant, John Krasinski ne cherche pas à épater la galerie gratuitement. Sans un bruit est un vrai film d’épouvante qui réserve son lot d’émotions fortes.

Malgré son économie de dialogues – à peu près 80 % du film repose sur le silence et le langage des signes – A Quiet Place reste passionnant du début à la fin. Les séquences d’affrontements – soulignées par une composition pour une fois « discrète » du bourrin Marco Beltrami – avec les créatures (dont l’origine restera inexpliquée) s’entrecroisent avec les scènes intimistes centrées sur la famille Abbott. Emily Blunt y enflamme l’écran. A la fois mère protectrice d’une douceur infinie avec ses enfants et bad-ass quand elle prend la pétoire, la comédienne britannique prouve une fois de plus qu’elle est et reste l’une des plus grandes actrices de ces quinze dernières années. John Krasinski a également eu la bonne idée de confier le rôle de Regan à la jeune et impressionnante Millicent Simmonds, magnétique et bouleversante actrice de 13 ans réellement atteinte de surdité, révélation du splendide Musée des Merveilles de Todd Haynes. Découvert dans Bienvenue à Suburbicon de George Clooney et dans Wonder de Stephen Chbosky, Noah Jupe est également très prometteur. La scène effrayante et étouffante du silo à grains où les deux jeunes têtes d’affiches se retrouvent enfermées reste l’un des grands moments de Sans un bruit.

Remarquable réussite, avec également un travail sur le son à se damner, ce troisième long métrage de John Krasinski a donc emporté tous les suffrages en récoltant 350 millions de dollars dans le monde et en attirant près de 650.000 français dans les salles. Une suite ou une préquelle, toujours produite par la société Platinum Dunes de Michael Bay, est en cours d’écriture. Nous serons au rendez-vous.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sans un bruit, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check disc. Le menu principal est fixe et…muet, forcément.

Le film de John Krasinski méritait mieux que trois petits documentaires consacrés à la genèse et à la production de Sans un bruit (15’), mais aussi à la création de l’environnement sonore (12’) et des effets visuels (7’30). Les comédiens, le réalisateur, les scénaristes, le décorateur, les producteurs, les créateurs d’ILM et les responsables du son interviennent à tour de rôle afin de partager leurs impressions de tournage. De multiples images de plateau viennent illustrer tous ces propos, par ailleurs très intéressants.

L’Image et le son

Sans un bruit est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la magnifique photo de la cheffe opératrice Charlotte Bruus Christensen. Les volontés artistiques sont respectées mais entraînent quelques légers fléchissements de la définition dans quelques scènes moins éclairées. Néanmoins, cela reste anecdotique, car ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre large n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie est optimale surtout sur les scènes en extérieur avec également de sublimes couchers de soleil. Le film a bénéficié de prises de vue en 35mm. Son léger grain très élégant est donc volontaire.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes de la piste anglaise Dolby Atmos (testée en 5.1) est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances sont efficaces (le grincement du bois, les craquements du parquet, les pieds nus dans le sable) et bénéficient d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant constamment le spectateur dans l’atmosphère, avec des silences angoissants dynamités ensuite par une ribambelle d’effets excellemment balancés de gauche à droite et des enceintes avant vers les arrières quand les créatures apparaissent. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets souvent étonnants sur les séquences opportunes, à l’instar de l’acte final. Totalement immersif. Est-il utile d’évoquer la petite Dolby Digital 5.1 ? Elle assure mais n’arrive pas à la cheville de la version originale.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Enterré vivant, réalisé par Frank Darabont

ENTERRÉ VIVANT (Buried Alive) réalisé par Frank Darabont, disponible en DVD le 12 décembre 2018 chez Elephant Films

Acteurs : Tim Matheson, Jennifer Jason Leigh, William Atherton, Hoyt Axton, Jay Gerber, Wayne Grace, Donald Hotton, Brian Libby…

Scénario : Mark Patrick Carducci d’après une histoire originale de David A. Davies

Photographie : Jacques Haitkin

Musique : Michel Colombier

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Un homme se fait enterrer vivant par sa femme. Alors qu’il parvient à s’échapper, il décide de fomenter sa vengeance…

« She planned on her husband’s death. But not on his coming back for revenge. »

Voici l’exemple type du téléfilm multidiffusé sur M6 dans les années 1990, qui a su marquer les esprits des téléspectateurs. Enterré vivantBuried Alive est le premier long métrage du célèbre Frank Darabont. Né en 1959 en France, plus précisément dans un camp de réfugiés de Montbéliard dans le Doubs, après que ses parents réfugiés politiques d’origine hongroise aient fui la Révolution de 1956, Frank Darabont grandit et fait ses études en Californie. Attiré par le monde du cinéma, il devient assistant de production et décorateur de plateau. En 1983, il signe un premier court-métrage intitulé The Woman in the Room, inspiré par la nouvelle Chambre 312 de Stephen King, disponible dans le recueil Danse macabre publié en 1978. Après cette expérience, il rédige le scénario de Freddy 3 – Les Griffes du cauchemar, le meilleur opus de la franchise, puis reste dans le domaine de l’épouvante en cosignant les histoires du Blob (1988) de Chuck Russell puis de La Mouche 2 (1989) de Chris Walas. Alors qu’il collabore à la série Les Contes de la crypte, il reçoit la proposition de la chaîne USA Network de mettre en scène un téléfilm d’horreur intitulé Buried Alive, d’après un scénario de Mark Patrick Carducci, auteur de Neon Maniacs de Joseph Mangine en 1986. Frank Darabont s’empare de cette histoire pour livrer un formidable thriller inspiré par le cinéma américain des années 1950, les films d’Alfred Hitchcock, Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot et l’oeuvre d’Edgar Allan Poe. Enterré vivant est devenu un grand classique de la télévision.

Après avoir vécu à New York, Joanna s’ennuie à mourir dans cette petite ville de l’Ouest américain, où l’a entraînée son mari Clint. Entrepreneur en bâtiment, ce dernier est très pris par son travail. Se sentant délaissé, Joanna trouve le réconfort auprès de son médecin Cortland. Après des mois de passion brûlante, les amants décident de se débarrasser de Clint : Joanna verse un poison dans son verre, et Clint s’écroule, foudroyé par un malaise cardiaque. Ils ne se doutent pas que la dose n’était pas mortelle. Enterré vivant, Clint parvient à sortir de son cercueil, bien décidé à se venger…

« One of them put an end to the marriage, until the other came back for revenge. »

Si l’esthétique de ce téléfilm a évidemment vieilli et reste un pur produit de son époque, Enterré vivant a su traverser les années sans trop de peine. Bien que cloisonnée dans son format plein cadre 1.33, la mise en scène de Frank Darabont sort du carcan télévisuel avec des mouvements de caméra très amples et stylisés, avec des angles atypiques et quelques effets hérités du cinéma d’horreur. La célèbre séquence où Clint Goodman (dont le patronyme signifie « l’homme bon ») se réveille dans son cercueil et parvient à s’en extraire est digne d’un vrai film de zombies avec des éclairages soignés (photo de Jacques Haitkin, chef opérateur des deux premiers Freddy), la musique au diapason de notre Michel Colombier national, la pluie battante et le ciel zébré d’éclairs. Après une installation rapide, mais très efficace des personnages, avec d’un côté le mari amoureux (excellent Tim Matheson, qui réalisera un Enterré vivant 2 en 1997) et sa femme visiblement dégoûtée par son époux et sa petite vie pantouflarde (vénéneuse Jennifer Jason Leigh), Frank Darabont instaure un suspense sur le « meurtre » prémédité de Clint. Poussée par son amant (le suintant et génial William Atherton, le Richard Thornburg de Piège de cristal), Joanna va-t-elle empoisonnée son mari pour pouvoir ensuite vendre l’affaire de Clint et s’enfuir enfin de ce trou à rats ? Après la résurrection de Clint, ce dernier va décider de se venger.

La seconde partie du téléfilm prend donc la forme d’un jeu cruel puisque Clint parvient à enfermer momentanément sa femme et son amant dans la cave. Notre enterré vivant en profite pour transformer l’ancienne maison de ses rêves en…Ceux qui ont vu le téléfilm s’en souviennent, mais mieux vaut ne pas trop en dire sur le mode opératoire de Clint pour les autres. Parfaitement immoral, Enterré vivant n’a rien perdu de sa saveur amère. On jubile de voir les deux amants cinglés comploter cet assassinat et de voir la situation se retourner contre eux. Jennifer Jason Leigh qui avait déjà à son actif La Chair et le Sang de Paul Verhoeven et Hitcher de Robert Harmon, crève l’écran une fois de plus et rappelle Barbara Stanwyck dans Assurance sur la mort. Frank Darabont convoque ses cinéastes de prédilection pour se faire la main et pour offrir aux (télé)spectateurs un bon et grand moment d’effrois et de tensions. Remarqué par Stephen King, le cinéaste obtient les droits de la nouvelle Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank qui deviendra Les Evadés au cinéma quatre ans plus tard.

LE DVD

Elephant Films, merci ! Cela faisait longtemps que nous espérions une sortie en DVD de ce téléfilm cultissime. Enterré vivant dispose donc enfin d’une galette digne de ce nom. Le visuel est soigné, le menu principal animé et musical.

Le journaliste Laurent Duroche (Mad Movies) présente Enterré vivant de Frank Darabont (18’). Ce module très classique donne quelques indications sur le parcours du réalisateur et se focalise surtout sur le casting du téléfilm qui nous intéresse, ainsi que sur l’équipe technique. Laurent Duroche ne sait pas trop quoi dire finalement sur les thèmes d’Enterré vivant et s’égare quelque peu.

 

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Enterré vivant bénéficie d’un petit lifting fort sympathique. Le résultat est probant, même si le master 1.33 (4/3) n’est pas parfait, compte tenu des conditions de production originales. Ce qui frappe d’emblée, c’est avant tout la luminosité inédite sur les séquences diurnes. Il en est de même pour la colorimétrie un peu plus vive que dans nos souvenirs. La gestion de la patine argentique est équilibrée, les noirs acceptables, la copie est d’une propreté absolue, stable et les contrastes plutôt solides. Quelques fléchissements et un piqué émoussé sont également au programme, mais dans l’ensemble l’image est bonne et ce grand classique méritait bien pareil traitement.

Deux pistes au choix, anglaise et française (excellent doublage) en Dolby Digital 2.0. Les deux mixages se valent et créent un vrai confort acoustique. Les dialogues et la musique sont exsudés avec force, les effets sont convaincants et les deux versions sont propres. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Elephant Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Book Club, réalisé par Bill Holderman

LE BOOK CLUB (Book Club) réalisé par Bill Holderman, disponible en DVD et Blu-ray le 9 octobre 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs : Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen, Mary Steenburgen, Andy Garcia, Craig T. Nelson, Don Johnson, Alicia Silverstone, Richard Dreyfuss, Ed Begley Jr., Wallace Shawn…

Scénario : Bill Holderman, Erin Simms

Photographie : Andrew Dunn

Musique : Peter Nashel

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Quatre amies de toujours se retrouvent, comme chaque semaine, au sein de leur club de lecture, lorsque l’une d’entre elles propose de découvrir ‘’50 nuances de Grey’’ ! Elles ont réussi leur vie et elles comptent bien continuer à en profiter, et vivre de nouvelles expériences ! Célibataire depuis peu, Diane va connaître le coup de foudre. La toujours séduisante Vivian renoue avec un amour passé. Sharon découvre les sites de rencontre sur internet. Et Carol essaie de redonner du piment à son couple. En ravivant la flamme ou en vivant une nouvelle aventure amoureuse, chacune d’elles va écrire le nouveau chapitre de sa vie. Peut-être le meilleur…

Le Book Club ou bien tout simplement Book Club en version originale, est le premier long métrage de l’inconnu Bill Holderman. Complice de l’immense Robert Redford, ce réalisateur de 41 ans aura surtout officié comme producteur sur Lions et agneaux, La Conspiration et Sous surveillance. Avec sa compagne Erin Simms, Bill Holderman signe Le Book Club, inspiré par quelques membres de leur famille. Si l’on peut avoir peur devant le pitch du film en raison de la place accordée dans l’histoire au roman érotique Cinquante nuances de Grey, Le Book Club s’éloigne finalement rapidement de cette promotion détournée pour les best-sellers de E. L. James (le film a été écrit avant les adaptations de l’oeuvre « sulfureuse »), qui fait d’ailleurs un petit caméo, pour se concentrer sur ses quatre personnages principaux, quatre femmes, quatre actrices merveilleuses et non des moindres, Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen et Mary Steenburgen. Si la réalisation est au point mort, cette comédie douce-amère fonctionne grâce au tempérament, à l’immense talent et à la beauté de ses têtes d’affiche qui s’amusent, sans oublier de nous amuser avec elles.

Nous voici donc en compagnie de quatre femmes mûres, amies de longue date, qui se retrouvent fréquemment pour leur club de lecture. Un jour, leur quotidien (et leur libido) est bouleversé par la lecture du livre Cinquante nuances de Grey. La bonne surprise du film, c’est que cette découverte va leur permettre de faire un point sur leur vie personnelle. Diane (Diane Keaton) est veuve et ses deux filles (dont la revenante Alicia Silverstone) la forcent à déménager près de chez elles. Jusqu’au jour où elle rencontre un élégant pilote d’avion incarné par Andy Garcia, qui retrouve sa partenaire du Parrain 3, 28 ans après le film de Francis Ford Coppola et dans lequel il jouait…son neveu. Vivian (Jane Fonda), la doyenne du groupe, fortunée, n’a jamais cessé de passer d’un homme à l’autre, sans regarder en arrière et sans envisager l’avenir à deux. Un ancien amant, Arthur (Don Johnson, la super classe), qui avait voulu l’épouser il y a quarante ans, réapparaît dans sa vie. Sharon (Candice Bergen), divorcée depuis de nombreuses années, a voué son existence à son travail de juge. Elle décide de s’inscrire sur un site de rencontre et accepte l’invitation d’un dénommé George, interprété par Richard Dreyfuss. Carol (Mary Steenburgen), mariée depuis toujours à Bruce (Craig T. Nelson, hilarant), tente par tous les moyens de relancer sa vie sexuelle avec son époux qui préfère bichonner sa moto.

Sans aucune vulgarité, Le Book Club, sorte de Sex and the City du troisième âge, se penche sur la délicate question de la sexualité, de la séduction, de l’amour et du désir à plus de 65 ans. Parmi les quatre actrices principales, Jane Fonda, âgée de 80 ans, laisse pantois par son élégance, son sex-appeal, son franc-parler et son naturel confondant dans un rôle d’ailleurs pas si éloigné de sa véritable personne. On peut également penser au film Et si on vivait tous ensemble ? de Stéphane Robelin, succès surprise français de l’année 2012, qui avait également cartonné en Allemagne, dans lequel Jane Fonda donnait la réplique à Pierre Richard, Guy Bedos et Claude Rich. Un long métrage qui posait peu ou prou les mêmes questions que Le Book Club en mettant en scène des seniors.

Dans le film de Bill Holderman, tous ces caractères bien trempés s’accordent et les comédiennes ont finalement peu à faire pour nous faire croire à leurs longues années d’amitié. Aucune ne tire la couverture, l’écriture est bien dosée et chacune possède sa petite histoire. Le Book Club se suit donc sans aucune difficulté, chaque personnage est attachant, y compris les compagnons de ces dames. Dommage que la technique soit finalement très (trop) pauvre et que la réalisation se contente la plupart du temps du champ-contrechamp dans une esthétique de sitcom. Mais malgré les clichés forcément attendus, comme l’indispensable viagra dissimulé dans un verre d’alcool, Le Book Club reste un bon et joli moment léger, intelligent, formidablement interprété et romantique.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD du Book Club, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check disc. Le menu principal est fixe et musical.

Comme d’habitude, l’éditeur divise un long making of en plusieurs segments dans le but de gonfler sa quantité de suppléments. Mais les modules Tout a commencé par un livre (11’), Le casting (14’), Les lieux de tournage (10’) et Un nouveau chapitre (9’), forment bel et bien un seul documentaire de près de 45 minutes. Le réalisateur Bill Holderman, la co-scénariste Erin Simms, les producteurs et l’ensemble des comédiens du film reviennent sur la genèse du Book Club, sur le combat mené par le metteur en scène pour conserver les droits sur son histoire (Hollywood voulait remanier le scénario pour des jeunes actrices), les conditions de tournage et les thèmes du film. Le tout est largement illustré par des images du plateau où la bonne humeur semblait régner.

L’interactivité se clôt sur l’enregistrement de la chanson du film par Katharine McPhee (4’) et diverses scènes coupées, alternatives ou rallongées (11’) sans véritable intérêt.

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p du Book Club ne manque pas d’attraits… La clarté est bienvenue, la colorimétrie chatoyante, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Remarqué pour son travail sur Le Majordome, Madame Henderson présente et Ordinary Decent Criminal, le chef opérateur Andrew Dunn voit ses partis pris esthétiques respectés via un Blu-ray qui frôle la perfection. Le cadre fourmille de détails et les contrastes affichent une constante solidité.

La version française doit se contenter d’une toute petite piste Dolby Digital 5.1, qui reste néanmoins suffisante pour un film de cet acabit. La version originale bénéficie d’un écrin DTS HD Master Audio 5.1 forcément plus riche et immersif. La balance frontale est dynamique et les latérales soutiennent l’ensemble sur quelques séquences, comme lors de la virée en avion. Les dialogues restent toujours ardents sur la centrale et la précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son est quant à elle constamment spatialisée.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Gungala, la vierge de la jungle, réalisé par Romano Ferrara

GUNGALA, LA VIERGE DE LA JUNGLE (Gungala la vergine della giungla) réalisé par Romano Ferrara, disponible en DVD le 4 décembre 2018 chez Artus Films

Acteurs : Kitty Swan, Linda Veras, Poldo Bendandi, Conrad Loth, Archie Savage, Alfred Thomas, Antonietta Fiorio, Valentino Macchi…

Scénario : Romano Ferrara, L.A. Rotherman

Photographie : Augusto Tiezzi

Musique : Angelo Francesco Lavagnino

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Deux aventuriers sans scrupule, Dany et Wolf, dérobent le diamant sacré d’une tribu. Wolf tue Dany, mais doit abandonner son butin face aux guerriers. Des années plus tard, il revient pour le récupérer. Mais il va se retrouver face à Gungala, la déesse blanche, qui, aidée par sa fidèle panthère, va tout faire pour l’empêcher de piller son peuple.

Après Tarzan, l’homme singe avec Johnny Weissmuller et avant Greystoke, la légende de Tarzan porté par Christophe – Hin hin hin – Lambert, l’Italie s’est aussi emparée du mythe de la jungle. Mais les transalpins sont malins et décident en tant que professionnels du cinéma d’exploitation de remplacer l’homme en pagne par une demoiselle très peu vêtue. Ce qui est somme toute plus attractif. Voici donc Gungala, la vierge de la jungleGungala la vergine della giungla. Franchement, une fois la surprise passée de voir cette ravissante jeune femme prendre la pose comme un dans catalogue de la Redoute dans la section lingerie (toute une époque et des pages qui collent), Gungala, la vierge de la jungle ne propose rien, ou pas grand-chose. Voici donc l’exemple type du petit film d’aventure réalisé à la va-comme-je-te-pousse qui ne repose sur aucun autre argument que son héroïne dénudée.

Aux frontières de l’Ouganda et du Kenya, en pleine forêt mystérieuse, sauvage et envoûtante, vit la tribu des Bakenda. Deux aventuriers de pacotille, Dany et Wolf, leur dérobent un précieux diamant. Wolf abat son complice avant de devoir abandonner son butin devant l’arrivée de ces hommes primitifs qui vénèrent le dieu « Bokani  » dans une clairière, lieu sacré et interdit. Aucun indigène n’ose s’y aventurer, sauf une étrange sauvageonne, Gungala, une jeune fille blanche, seule survivante d’un avion qui s’est écrasé dans la brousse lorsqu’elle était bébé. Orpheline, elle est devenue la reine de la tribu. Des années plus tard, Wolf apprend que le diamant est en possession de Gungala. Alors qu’il retourne dans la jungle pour le récupérer, il fait face à cette déesse, toujours accompagnée de sa fidèle panthère, prête à tout pour empêcher le pillage de son peuple.

C’est ça Gungala, la vierge de la jungle. On s’en fout de l’histoire, d’ailleurs il n’y en a pas et le film ne vaut que pour les apparitions bien trop sporadiques de Kitty Swan, la femme de la jungle avec son mascara et son fard à paupières. L’actrice danoise âgée de 23 ans, mix entre Megan Fox et Mila Kunis, n’est pas avare de ses charmes qui flattent les sens et les rétines. Mais la voir courir au ralenti comme dans une pub pour un déodorant sur fond de harpe c’est bien plaisant deux minutes, mais systématiquement cela a de quoi irriter. Le reste du temps, Gungala observe ce qui se passe dans la jungle, tout en caressant les félins qui l’entourent. Le film enchaîne les séquences sans enjeu ni souci de cohérence. Tout est fait pour remplir le récit au maximum de scènes rituelles et de danses tribales interminables (on croirait des chorégraphies de Kamel Ouali), alors que le spectateur n’attend qu’une seule chose, mater Gungala ou Linda Veras, qui expose également ses arguments gratuitement histoire de combler le vide scénaristique. Un peu le syndrome Black Emmanuelle en Afrique où il fallait se farcir (façon de parler) des séquences de safari de vingt minutes, avant de voir quelques actrices se désaper juste avant la coupure pub.

Il faudra attendre le dernier quart d’heure pour en savoir plus sur l’identité de Gungala, même si l’on se doute que les aventures de Tarzan et de Mowgli ont largement inspiré le personnage ici. Malheureusement, le rythme est très lent, il ne se passe quasiment rien, les scènes d’affrontements sont minables. Le cinéaste Romano Ferrara, crédité sous le pseudo Mike Williams, auteur et metteur en scène du Monstre aux yeux verts avec Michel Lemoine (1962) et deux thrillers réalisés en 1964, F.B.I. enquête à Los Angeles et Crimine a due est incapable d’éveiller ne serait-ce qu’un peu l’intérêt du spectateur avec ces pauvres aventures se déroulant dans des décors dignes d’un Center Parc du pauvre. Gungala, la vierge de la jungle sera d’ailleurs son dernier film en tant que réalisateur.

Malgré tout, le film est un succès dans les salles et rapporte suffisamment d’argent pour qu’une suite voit le jour l’année suivante, Gungala, la panthère nue, toujours avec Kitty Swan dans le rôle de la jungle girl mais mis en scène cette fois par Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust). C’est déjà plus intéressant et nous en parlerons prochainement !

LE DVD

Après les rednecks, place à la collection des Filles de la jungle ! Artus Films passe du coq à l’âne pour notre plus grand plaisir. Le film de Romano Ferrara est disponible dans une édition slim Digipack au visuel clinquant. Un très bel objet. Le menu principal est fixe et musical.

En plus des films annonces des deux Gungala et d’un diaporama, Artus Films a demandé à l’excellent Julien Sévéon de nous présenter l’histoire des jungle girls au cinéma, mais aussi dans les pulps, romans et fumetti (30′). Il n’y a pas que George A. Romero dans la vie du journaliste, visiblement fin connaisseur des filles de la jungle en pagne ! Des titres à foison nous donnent sérieusement envie de découvrir tout ce pan souvent oublié du cinéma d’exploitation. Sa présentation de Gungala, la vierge de la jungle vaut également son pesant.

L’Image et le son

On ne s’attendait pas à un résultat aussi probant ! En effet, la copie de Gungala, la vierge de la jungle est vraiment une bonne surprise avec une restauration indéniable. Le master est très propre (les poils en bord de cadre sont rares, tout comme les points et griffures) et stable. Seul le générique apparaît plus grumeleux avec quelques fourmillements et une colorimétrie plus altérée, mais le reste du film impressionne avec des détails flagrants, un piqué inédit et un grain très bien géré. Que demander de plus ?

La version française est amusante avec notamment un doublage de Claude Bertrand toujours aux petits oignons. En revanche, ce mixage se focalise un peu trop sur les voix au détriment des effets. La piste italienne est plus aérée avec un meilleur rend de la musique, des ambiances annexes et des dialogues.

Crédits images : © MOVIETIME SRL – Rome / Artus Films / Captures DVD  : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Extraordinaire voyage du Fakir, réalisé par Ken Scott

L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DU FAKIR réalisé par Ken Scott, disponible en DVD et Blu-ray le 2 octobre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Dhanush, Bérénice Bejo, Erin Moriarty, Barkhad Abdi, Gérard Jugnot, Ben Miller, Abel Jafri, Sarah-Jeanne Labrosse…

Scénario : Luc Bossi, Romain Puértolas, Ken Scott, Jon Goldman d’après le roman « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa » de Romain Puértolas

Photographie : Vincent Mathias

Musique : Nicolas Errera

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Aja, un jeune arnaqueur de Mumbai entame, à la mort de sa mère, un extraordinaire voyage sur les traces du père qu’il n’a jamais connu. Il rencontre l’amour à Paris dans un magasin de meubles suédois, le danger en compagnie de migrants somaliens en Angleterre, la célébrité sur une piste de danse à Rome, l’aventure dans une montgolfière au-dessus de la Méditerranée, et comprend finalement ce qu’est la vraie richesse et qui il souhaite devenir.

En 2012, Starbuck de Ken Scott est comme qui dirait le sleeper de l’été 2012 en France. Cette géniale comédie québécoise emporte tout sur son passage et attire près d’un demi-million de spectateurs dans son sillage. Suivront un remake aux Etats-Unis, Delivery Man, mis en scène par Ken Scott lui-même avec Vince Vaughn, Chris Pratt et Cobie Smulders, un autre en France sous le titre Fonzy avec José Garcia, et un dernier en Inde, Vicky Donor. Le réalisateur s’associe à nouveau avec Vince Vaughn pour un film beaucoup moins convaincant, Jet Lag. Le cinéaste essaye de revenir par la grande porte avec une production destinée au marché international, L’Extraordinaire Voyage du fakir, adapté du roman de Romain Puértolas, L’Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, best-seller de l’année 2013, traduit dans une trentaine de pays. Pour sa transposition au cinéma, le titre du livre perd la marque de la célèbre entreprise suédoise, bien qu’elle apparaisse évidemment dans une scène centrale du film. Malgré son envie de toucher un large public, le soin apporté aux couleurs et aux décors, L’Extraordinaire Voyage du fakir manque sérieusement d’âme et d’intérêt. Cela n’empêche pas de constater que Ken Scott est un cinéaste solide, capable de porter un film au budget conséquent puisque malgré ses très nombreux points faibles, l’argent se voit à l’écran du début à la fin.

Ajatashatru est fakir. Un jour, il quitte New Delhi pour la France. Il y rencontre rapidement une américaine, dont il tombe amoureux. Mais Ajatashatru est accidentellement expulsé avec des clandestins africains. Envoyé aux quatre coins de l’Europe, il va tenter de retrouver celle qu’il aime.

Le premier acte est gênant puisque L’Extraordinaire Voyage du fakir rappelle furieusement Slumdog Millionnaire de Danny Boyle dans son traitement des couleurs, ses partis pris, sa mise en scène, le jeu des comédiens, cette succession de vignettes à la Marjane Satrapi, par ailleurs envisagée un temps à la réalisation. Le film pâtira de cette comparaison jusqu’au dénouement. Véritable star du cinéma tamoul et parfait inconnu du public français, le comédien – mais aussi chanteur, réalisateur et producteur – Dhanush est très attachant, drôle et émouvant. C’est grâce à lui que l’on tient jusqu’au bout du récit. L’ensemble prend la forme d’une fable qui rappelle parfois le cinéma de Costa-Gavras, notamment Eden à l’ouest avec Riccardo Scamarcio. L’histoire joue avec les clichés, parfois trop, puisque l’arrivée en France d’Ajatashatru s’accompagne d’un air d’accordéon. Débarque alors un Gérard Jugnot en anglais dans le texte, dans le rôle d’un chauffeur de taxi qui arnaque bien évidemment les passagers étrangers. Comme il y a plus quarante ans dans La Coccinelle à Monte-Carlo dans lequel il faisait une apparition en serveur parigo, Gérard Jugnot représente ici le franchouillard gouailleur et colérique, qui n’apparaît que quelques minutes à l’écran. Bérénice Bejo, dans un rôle envisagé pour Uma Thurman, est mieux servie et se débrouille mieux en anglais. Sa scène de danse à la Bollywood arrive certes comme un cheveu sur la soupe, mais reste probablement la meilleure du film et ses trois heures d’entraînement par jour pendant un mois sont gratifiantes.

L’Extraordinaire Voyage du fakir est constamment ponctué de petits moments sympathiques et fantaisistes de ce genre, à l’instar de l’instant comédie-musicale où des officiers de police, dont le génial Ben Miller, se mettent à chanter et à danser en parlant de l’émigration, des réfugiés et des sans-papiers. En fait, le film parle de problèmes de société, mais le fond n’est jamais convaincant, tout comme cette pseudo-romance bourrée de clichés. Finalement, ce qui importe le plus est le voyage d’Aja, qui se révélera initiatique malgré-lui. C’est ce côté Jules Verne, à mi-chemin entre Les Tribulations d’un Chinois en Chine et Le Tour du monde en 80 jours qui retient l’attention. Mais c’est malheureusement trop peu et ce feel good movie déçoit sévèrement, même si l’on garde confiance en Ken Scott.

LE BLU-RAY

Malgré son échec cinglant, L’Extraordinaire Voyage du fakir dispose d’une édition HD. Le test du Blu-ray disponible chez TF1 Studio a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, lumineux et musical.

Un seul supplément au programme avec un making of (22’) très plaisant, animé et blindé d’images de tournage. Le réalisateur, les acteurs, le directeur de la photographie, la costumière, le compositeur et bien d’autres interviennent afin de parler des personnages, des conditions de prises de vues, des lieux de tournage et du roman original.

L’Image et le son

Le master HD restitue solidement les volontés artistiques du chef opérateur Vincent Mathias, césarisé pour Au revoir là-haut. Ken Scott a filmé son film entièrement en numérique via la caméra RED Weapon DRAGON 6K. La patine est donc bien laquée, les couleurs vives, chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre, le piqué aiguisé et la copie éclatante. C’est superbe.

L’Extraordinaire Voyage du fakir n’est pas un film à effets et les mixages français et multilingue DTS-HD Master Audio 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur entraînent inévitablement des ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la bande-son souvent explosive, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes comme lors de la séquence « Bollywood ». Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, tandis que le caisson de basses accompagne joyeusement les scènes appropriées. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © BrioFilms@Sébastien Bossi / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Vikings, réalisé par Richard Fleischer

LES VIKINGS (The Vikings) réalisé par Richard Fleischer, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 4 décembre 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Kirk Douglas, Tony Curtis, Ernest Borgnine, Janet Leigh, James Donald, Alexander Knox, Maxine Audley, Frank Thring…

Scénario : Calder Willingham, Dale Wasserman d’après le roman « The Vikings » de Edison Marshall

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Mario Nascimbene

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Au Xè siècle, les Vikings sèment la terreur le long des côtes anglaises. Au cours d’une attaque, le chef viking Ragnar tue le roi d’Angleterre et viole la reine. De ce viol naîtra Eric, qui sera capturé par les vikings et élevé comme un esclave, dans le village où vivent son père et son demi-frère, Einar. Ignorant leur lien de parenté, Eric et Einar se vouent une haine farouche.

Quel chef d’oeuvre ! Comment ne pas s’extasier encore et toujours devant cette référence ultime du film d’aventure qui a su traverser les décennies et conquérir le coeur de plusieurs générations de cinéphiles ?! Les Vikings The Vikings, réalisé par l’immense Richard Fleischer est un triomphe au cinéma en 1958. Porté par le producteur Kirk Douglas, qui avait créé sa société Bryna à cette occasion et venait d’enchaîner La Vie passionnée de Vincent van Gogh de Vincente Minnelli, Règlements de comptes à OK Corral de John Sturges et Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, Les Vikings est la résultante de l’association de multiples talents et artisans, qui ont cru en ce projet ambitieux. Soixante ans après sa sortie, Les Vikings n’a pas pris une seule ride. Pourquoi ? En raison du souci d’authenticité désiré par ses créateurs, qui ont voulu respecter au maximum les us et coutumes d’une civilisation alors récupérée et bouleversée par certains contes et des légendes narrées depuis dix siècles. Aujourd’hui, revoir Les Vikings c’est quelque part retrouver son âme d’enfant, mais aussi avoir la certitude de se retrouver devant un gigantesque spectacle, une valeur sûre, LE film parfait, magnifiquement interprété et mis en scène par l’un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du cinéma.

Vers 900, les Vikings, adorateurs d’Odin, menés par leur chef Ragnar ravagent régulièrement la Northumbrie en Angleterre. Au cours d’un raid, le roi d’Angleterre est tué et Ragnar viole la reine Enid. De cette union illégitime naîtra Éric. L’enfant est enlevé par Brown, un Viking, alors qu’il allait être emmené en Italie pour être protégé du roi Albert. Éric échoue comme esclave dans le village dirigé par son père et de son demi-frère Einar, le fils légitime de Ragnar. Eric et Einar, qui ne savent rien sur leurs liens du sang, deviennent rivaux et se disputent violemment la conquête de la belle Morgana, princesse galloise promise au roi Aella, un fourbe d’envergure, et que les Vikings ont enlevée dans l’espérance d’une rançon.

Les Vikings…souvenir d’enfance dans les années 80-90 lors d’une diffusion du film sur M6. Scotché devant l’écran devant la beauté des acteurs, troublé surtout par le costume moulant arboré par Janet Leigh – à l’érotisme insolent – qui a dû faire frémir la censure. Mais aussi les couleurs étincelantes, les costumes dont on pouvait sentir les matières et la crasse, l’envie d’essayer de courir sur les rames du drakkar, d’aller ripailler à plein ventre avec ces « bons hommes » qui buvaient à l’aide d’une corne et qui mangeaient le gibier avec les doigts. Subjugué également par le thème musical Mario Nascimbene, effrayé par la scène où Ragnar (Ernest Borgnine, quel putain d’acteur) souhaite mourir l’épée à la main, avant de se jeter dans la fosse aux loups en criant « Odin ! ». Séquence suivie par celle où Eric se fait trancher la main. Mon inconscient avait été tellement marqué par ces images, que j’étais certain d’avoir réellement vu le corps du Viking se faire déchiqueter par les canidés, tout comme j’étais sûr que le réalisateur montrait le moignon ensanglanté de Tony Curtis. La magie de l’effet suggéré de Richard Fleischer. Bref, l’auteur de ces mots pourrait continuer longtemps ainsi, tant Les Vikings est un film qui l’a marqué à vie.

C’est donc toujours difficile de parler d’une oeuvre importante dans l’existence d’un cinéphile. Il y a tout d’abord le divertissement dans ce qu’il a de plus noble, de plus pur. Les Vikings transporte les spectateurs dans un autre monde, le fait voyager dans le passé et lui fait traverser l’écran grâce au format Technirama et au Technicolor. Pointilleux, Richard Fleischer, ainsi que toute son équipe, dont le chef opérateur Jack Cardiff (Le Narcisse noir, Les Chaussons rouges, L’Odyssée de l’African Queen) et Kirk Douglas lui-même, auront passé toute une année entière à faire des recherches et à étudier le mode de vie des Vikings. Puis, l’équipe s’est mise à la recherche des lieux de tournage, avant de jeter leur dévolu sur la Norvège pour y construire le village, la Bretagne (pour son final à Fort la Latte) et l’Allemagne pour les intérieurs. Une année de préparation, huit mois de tournage, soit près de deux ans. Les moyens conséquents se voient à l’écran, chaque seconde.

Richard Fleischer y démontre une fois de plus sa virtuosité, son art immense du storytelling, sa solide direction d’acteurs et sa maîtrise totale de la technique mise à sa disposition. Devant la caméra, Kirk Douglas, Tony Curtis, Janet Leigh et Ernest Borgnine rivalisent de charisme (qu’est-ce qu’ils sont beaux) et de talent. Engagé pour permettre à Kirk Douglas de bénéficier d’un budget plus conséquent, Tony Curtis, qui sortait du sublime Grand ChantageSweet Smell of Success d’Alexander Mackendrick, ne se laisse pas bouffer par son aîné et sa prestation est tout aussi impressionnante que celle de son producteur. Ce dernier, en très grande forme, explose l’écran une fois de plus dans le rôle d’Einar, Viking balafré et borgne, au sourire carnassier, qui ressent malgré lui l’amour pour son demi-frère, chose qui le perdra lors du duel final qui reste dans toutes les mémoires.

Sans aucun temps mort, le scénario de Calder Willingham (Les Sentiers de la gloire) et Dale Wasserman, adapté du roman d’Edison Marshall, enchaîne les séquences cultes et épiques comme des perles sur un collier, soignant autant la psychologie des personnages que les passages attendus comme les différentes batailles (navales et à l’épée), les scènes de beuverie, les divertissements des guerriers et leurs sentiments amoureux. De l’ouverture-prologue avec la voix d’Orson Welles (non crédité), en passant par l’attaque du faucon qui crève un œil à Einar, le regard foudroyant de tendresse et de reconnaissance de Ragnar envers Eric avant d’aller rejoindre le Valhalla, le corset déchiré de Morgana, les drakkars perdus dans la brume, le spectaculaire assaut du château fort, tous ces moments, cette magnificence de chaque instant font de cette fresque l’un des plus grands films de tous les temps et encore aujourd’hui un modèle du genre, vanté notamment par les auteurs de la série Game of Thrones. C’est dire si Les Vikings n’a pas fini de faire de nouveaux adeptes auprès des jeunes passionnés par le septième art !

LE BLU-RAY

Il aura fallu attendre quinze ans pour qu’une édition digne de ce nom du chef d’oeuvre de Richard Fleischer voit enfin le jour en France. Et nous devons ce miracle à l’éditeur Rimini. Exit donc le DVD MGM sorti en avril 2003, place à ce merveilleux coffret ! Cette édition se compose d’un Digipack à deux volets glissé dans un surétui cartonné au visuel attractif, comprenant le Blu-ray et le DVD, avec au verso deux photogrammes tirés du film sur fond de ciel orageux. Egalement présent, un passionnant et exclusif livre de plus de 160 pages, L’Enigme Richard Fleischer, rédigé par Christophe Chavdia, qui revient en détails sur la longue et prolifique carrière du réalisateur, puis plus précisément sur Les Vikings dans une seconde partie. L’historien du cinéma Stéphane Chevalier prend ensuite la relève pour un entretien avec trois Norvégiens ayant assisté au tournage des Vikings. La préface de ce merveilleux ouvrage est rédigée par Bruce et Mark Fleischer, les fils du cinéaste, qui partagent leurs souvenirs de tournage. Le menu principal est quant à lui animé sur le cultissime thème musical de Mario Nascimbene. Mention spéciale à la calligraphie qui reprend la forme de l’alphabet runique. Cette édition française, limitée à 3000 exemplaires, est au final plus conséquente que les disques américains et anglais.

Le premier des suppléments – Un conte norvégien – est un entretien avec le grand Richard Fleischer réalisé en 2002 (27’). Quel plaisir d’écouter le cinéaste raconter ses anecdotes de tournage à travers de multiples photos prises sur le plateau ! Richard Fleischer évoque tour à tour la genèse du projet, l’année de préparation nécessaire afin d’offrir aux spectateurs le spectacle le plus authentique possible, le soin particulier apporté au moindre petit détail voulu historiquement exact, la fabrication de trois drakkars à taille réelle réalisés à partir des plans originaux trouvés au musée d’Oslo. Les lieux de tournage en Norvège et en France sont également évoqués, ainsi que le travail avec le chef opérateur Jack Cardiff et les acteurs. Les souvenirs foisonnent et Richard Fleischer semble très heureux de revenir sur ce film qui était l’un de ses préférés, ainsi que le plus difficile à réaliser d’un point de vue logistique avec son 20.000 lieues sous les mers.

L’éditeur a ensuite mis la main sur une interview de Kirk Douglas (6’) donnée à la télévision belge à l’occasion de la sortie des Vikings. Le comédien, très à l’aise, élégant, souriant, lumineux et laissant échapper quelques mots en français, indique que tourner un film sur les Vikings était l’un de ses rêves depuis toujours. A cette occasion, Kirk Douglas explique avoir fondé sa société de production afin de s’y investir totalement et avec suffisamment d’indépendance. L’acteur se penche également sur la notion du divertissement au cinéma, avant de parler de son prochain film, Spartacus.

Le bonus suivant, intitulé Les Vikings, de la réalité au rêve (20’), croise les témoignages de Mark et Bruce Fleischer, enregistrés lors d’un entretien téléphonique. Sur un montage compilant photos et images du tournage en Bretagne, ainsi que quelques images récentes de Fort la Latte, les deux frères partagent leurs souvenirs liés au tournage des Vikings. Si la prise de son est un peu chaotique pour Bruce, les propos n’en sont pas moins passionnants et émouvants, surtout lorsque les deux intervenants parlent de leur père et de la passion pour le cinéma qui l’animait.

Enfin, et c’est une exclusivité pour le Blu-ray, Rimini Editions inclut également un autre entretien avec Richard Fleischer (28’), cette fois mené par l’historien du cinéma Christophe Champclaux à Los Angeles en 1996. Calme, doux, ému quand il évoque ses souvenirs, Richard Fleischer aborde chaque aspect du tournage de ce film dont il était – à juste titre – très fier. Ce module parvient à compléter celui en début de programme et nous en apprenons encore et toujours sur la genèse des Vikings, le travail sur le scénario et les recherches effectuées, le travail avec le directeur de la photographie Jack Cardiff, le casting, la violence et la censure, le tournage à Fort la Latte…

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale.

Voilà donc le cadeau parfait pour le Noël 2018 des cinéphiles !

L’Image et le son

Rimini Editions reprend le même master restauré par la MGM édité aux Etats-Unis chez Kino Lorber. Même source, donc partis pris identiques provenant de la restauration. L’éditeur a décidé de ne pas intervenir sur la copie déjà existante afin de – je cite Jean-Pierre Vasseur, directeur général de Rimini – « ne pas en atténuer le grain ou chercher à corriger les quelques défauts ». Alors oui, certains pourront tiquer devant quelques plans étonnamment lisses, mais Rimini n’allait pas « rajouter » une patine argentique artificielle ! Si divers points blancs et petites tâches demeurent (le plan à effets spéciaux lors de la manifestation divine), la propreté est éloquente (les raccords de changement de bobines dits « brûlures de cigarettes » chers à Tyler Durden ont été effacés) force est d’admettre que nous n’avions jamais vu le chef d’oeuvre de Richard Fleischer dans ces conditions. La luminosité des séquences diurnes frappe d’emblée, comme le retour des Vikings au village ou l’assaut final. Ce master HD rend enfin hommages aux volontés artistiques originales, à l’instar de la composition des plans du cinéaste, avec une profondeur de champ inédite. Les détails foisonnent aux quatre coins du cadre large, y compris sur les gros plans des comédiens. L’occasion d’apprécier la tronche balafrée de Kirk Douglas, ainsi que son œil laiteux, sous toutes les coutures. Le décolleté (mais pas que) de Janet Leigh ne manque pas de relief, et seules les scènes brumeuses, qui donnent toujours du fil à retordre à la compression, surtout sur les films du patrimoine, entraînent une baisse de la définition. Signalons quelques menus décrochages sur les fondus enchaînés, ainsi que des flous intempestifs. Mais absolument rien de rédhibitoire. On lève donc notre corne de bière à Rimini !

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Dans les deux cas, l’espace phonique se révèle probant et dynamique, le confort est indéniable, et les dialogues sont clairs, nets, précis. Sans surprise, au jeu des comparaisons, la piste anglaise s’avère plus naturelle et harmonieuse.. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière (excellent doublage), aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Brynaprod / MGM / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Tulip Fever, réalisé par Justin Chadwick

TULIP FEVER réalisé par Justin Chadwick, disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Alicia Vikander, Dane DeHaan, Christoph Waltz, Judi Dench, Holliday Grainger, Zach Galifianakis, Cara Delevingne, Jack O’Connell…

Scénario : Deborah Moggach, Tom Stoppard d’après le roman « Le Peintre des vanités » – « Tulip Fever » de Deborah Moggachd

Photographie : Eigil Bryld

Musique : Danny Elfman

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Amsterdam – 1636.
La ville est plongée dans une fièvre spéculative autour du commerce de la tulipe.
Un riche marchand décide d’engager un célèbre portraitiste pour immortaliser la beauté de sa jeune femme. Au premier coup de pinceau, une passion dévorante débute entre la jeune Sophia et le séduisant peintre.
Alors qu’une liaison torride et fougueuse s’installe, les jeunes amants cherchent à se débarrasser du mari envahissant et à s’enfuir. Une soif de liberté qui aura un prix, aussi précieux que celui d’une tulipe..

Tulip Fever est un film qui revient de loin. Il aura fallu près de dix ans pour que cette adaptation du roman Le Peintre des vanitésTulip Fever de Deborah Moggach (1999) puisse voir le jour dans les salles ou en e-cinéma. A l’origine prévue avec Jude Law et Keira Knightley sous la direction de John Madden (Shakespeare in love, Miss Sloane), cette romance historico-dramatique aura connu moult déboires et notamment des changements de règles fiscales dans la production de film au Royaume-Uni. Résultat, cette histoire est restée dans les tiroirs jusqu’au jour où le réalisateur Justin Chadwick (Deux sœurs pour un roi, Mandela : Un long chemin vers la liberté) mette la main dessus et parvienne à réunir les fonds nécessaires. Tous deux oscarisés, la sylphide Alicia Vikander (pour Danish Girl) et Christoph Waltz (pour Inglourious Basterds et Django Unchainded) héritent des deux rôles principaux, tandis que Dane Dehaan interprète le jeune peintre qui va troubler l’existence de Sophia. Le film est tourné en 2014, mais restera bloqué jusqu’en 2017.

Metteur en scène du mal aimé et pourtant très réussi Deux sœurs pour un roi, qui réunissait Scarlett Johansson et Natalie Portman, Justin Chadwick prouve une fois de plus que la reconstitution historique lui sied à ravir avec une direction artistique solide, des décors et des costumes soignés, ainsi qu’une photo rappelant certaines œuvres de Rembrandt et de Vermeer. Tulip Fever peut paraître académique, mais on croit et l’on plonge volontiers dans cette ville d’Amsterdam du XVIIe siècle, marquée par la folie du commerce des tulipes, qui se revend à prix d’or, surtout lorsque l’une d’entre elles est marquée par une anomalie chromatique, comme la tant convoitée tulipe marbrée. Tel un bulbe en pleine éclosion, Sophia, délicatement incarnée par la sublime Alicia Vikander donc, va commencer à s’épanouir quand elle rencontre un artiste venu lui tirer le portrait avec son époux (Christoph Waltz), fortuné, d’âge mûr, veuf. Sans enfant, décédé lors de l’accouchement de son épouse, qui n’a également pas survécu, Cornelis Sandvoort « achète » Sophia, orpheline, pour qu’elle lui donne un héritier. Mais les mois passent et la jeune femme ne tombe pas enceinte. C’est alors que le film prend une tournure digne d’un boulevard avec la servante des Sandvoort (Holliday Grainger), enceinte des œuvres du poissonnier, qui par peur d’être renvoyée va finalement accepter la proposition de Sophia.

Cette dernière ayant une liaison avec l’artiste Jan Van Loos, s’est fait remarquée par la servante Maria. En échange de son silence, Sophia décide de faire semblant d’être enceinte, tandis que Maria devra dissimuler sa grossesse. A la naissance du bébé, Sophia adoptera l’enfant et Maria, dont le fiancé demeure mystérieusement introuvable, conservera son travail. Justin Chadwick joue avec les genres, avec les tons et l’empathie des spectateurs pour les personnages. Si Cornelis Sandvoort est d’abord présenté comme un négociant en épices riche et froid, l’homme se révélera attentionné, amoureux de sa femme, voulant à tout prix être père. Christoph Waltz domine la distribution du début à la fin. Alicia Vikander, tour à tour ingénue et stratège, crève l’écran une fois de plus par sa beauté diaphane, sa fragilité et sa sensualité. Seule ombre au tableau, Dane DeHaan reste bien fade face à ses partenaires, semblant constamment avoir été tiré du lit juste avant de tourner. Mais bon, nous n’aurions rien gagné au change puisque le monolithique Matthias Schoenaerts avait un temps été envisagé.

Finalement, l’aspect romantique l’emporte moins que la psychologie du personnage formidablement interprété par Christoph Waltz, de loin son meilleur rôle depuis longtemps. Alors certes, Tulip Fever part un peu dans tous les sens, ne sait pas quelle position adoptée et a souvent du mal à trouver une identité propre, mais ses petites imperfections (multiplication des rebondissements, fin expédiée) sont attachantes et les comédiens formidables (dont Zack Galifianakis et Dame Judi Dench) emportent facilement l’adhésion.

LE DVD

Après un détour par la case e-cinéma, Tulip Fever est arrivé dans les bacs en DVD et Blu-ray. Le test de l’édition SD dispinible chez TF1 Studio a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur accompagne le film de Justin Chadwick d’un making of (15’). De facture classique, ce documentaire se compose d’images de tournage, mais surtout des propos des comédiens et du réalisateur. Les intervenants ne font jamais mention de très longue gestation du film (dix ans en raison de problèmes financiers) et font surtout l’éloge de toute l’équipe, tout en parlant des personnages et du contexte social à Amsterdam au XVIIe siècle.

L’Image et le son

L’éditeur ne nous a pas fourni l’édition HD et c’est bien dommage. Nous aurions bien voulu découvrir les partis pris du directeur de la photographie danois Eigil Bryld (Bons baisers de Bruges) dans les meilleures conditions possibles. Il faudra se contenter d’un DVD très moyen, à la compression souvent hasardeuse et aux couleurs fanées. La définition est parfois médiocre, les contrastes limités, les flous occasionnels et le visage des comédiens paraît trop cireux pour être honnête.

Bien qu’elle soit essentiellement musicale, la spatialisation instaure un réel confort acoustique. Par ailleurs, les quelques effets glanés ici et là sur les enceintes arrière permettent de plonger le spectateur dans l’atmosphère du film comme sur les canaux bondés de marchands ou lors des transactions enflammées. Les voix sont solidement plantées sur la centrale en anglais comme en français avec un net avantage pour la première piste. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © TF1 Studio / The Weinstein Company / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Dernier des géants, réalisé par Don Siegel

LE DERNIER DES GÉANTS (The Shootist) réalisé par Don Siegel, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 26 novembre 2018 chez Sidonis Calysta

Acteurs : John Wayne, Lauren Bacall, Ron Howard, James Stewart, Richard Boone, Hugh O’Brian, Scatman Crothers, Richard Lenz…

Scénario : Miles Hood Swarthout, Scott Hale d’après le roman de Glendon Swarthout

Photographie : Bruce Surtees

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Précédé de sa réputation de justicier infaillible dans les duels au pistolet, John Bernard Books arrive à Carson City dans le Nevada. Tandis que plusieurs de ses vieux ennemis entendent bien lui faire payer une dette ancienne, Books oublie la menace pour consulter son ami, le Dr. Hostetler. Diagnostic : une longue maladie au stade terminal. Vénéré par le fils de sa logeuse, Books se refuse au désespoir, à la résignation. Quitte à mourir, autant mourir les bottes aux pieds et le colt arraché à son fourreau.

Chant du cygne du Duke, Le Dernier des géants aka The Shootist (1976), n’est certes pas le film le plus célèbre de Don Siegel, mais assurément l’un de ses plus émouvants et ceci à plus d’un titre. D’une part parce qu’il s’agit d’un western crépusculaire qui signe véritablement la fin d’un genre et d’une époque, d’autre part parce que l’immense John Wayne, alors rongé par une maladie qui allait l’emporter trois ans plus tard, livre ici une prestation bouleversante, sa dernière face à la caméra, dans le rôle d’un cowboy d’âge mûr, condamné par un cancer foudroyant. Un dernier baroud d’honneur souligné par la composition d’Elmer Bernstein, avec en filigrane tout un pan du cinéma hollywoodien en voie de disparition. Le dernier film d’un géant, le testament d’un mythe, le salut d’un monstre sacré.

Atteint d’une maladie incurable, John Bernard Books, le dernier des professionnels légendaires de la gâchette, rentre calmement à Carson City pour recevoir des soins de son vieil ami le Dr Hostetler. Sachant que ses jours sont comptés, il trouve confort et tranquillité dans une pension tenue par une veuve et son fils. Mais « Books » n’est pas destiné à mourir en paix; devant les perspectives de la déchéance physique et d’une agonie atroce, il choisit de partir comme il a toujours vécu, les armes à la main, dans un dernier combat.

L’action se passe au tout début du XXe siècle. l’automobile fait son apparition devant des yeux interloqués, les publicités Coca Cola sont accrochées sur les devantures des saloons, l’électricité arrive dans les chaumières, tout comme l’eau courante. Le monde change et entre dans l’ère moderne. D’entrée de jeu, Don Siegel nous montre un vieux bonhomme sur son cheval. Les yeux bleus délavés, la mine fatiguée. Alors qu’il arrive en ville, un jeune brigand tente de le détrousser. Mais le vieux briscard a encore quelques réflexes et parvient à se débarrasser facilement du bandit. Juste avant cela, un montage réalisé à partir de photographies et d’extraits en noir et blanc tirés des plus grands films de John Wayne (La Piste des géants, Rio Bravo, El Dorado, La Rivière rouge…) résumait en quelques secondes la vie de Books faite de règlements de comptes et d’affrontements avec la vermine de l’Ouest. Trente ans après ses premiers exploits, Books arrive à l’âge où il devrait penser à se ranger. Mais la maladie le rattrape et le cowboy n’aura pas le temps de profiter d’une retraite bien méritée. D’ailleurs, aurait-il pu profiter de ses vieux jours, lui dont la vie a toujours été marquée par l’action ?

John Wayne apporte avec lui cinquante ans de cinéma dont 45 années passées en haut de l’affiche. John Ford, Raoul Walsh, George Sherman, Howard Hawks, Henry Hathaway, Andrew V. McLaglen ne sont plus que des spectres qui rodent autour de John Wayne et leurs présences se ressentent autour du personnage de Books, qui galope désormais en solitaire. C’est donc ce côté méta (mais pas que) qui fait du Dernier des géants bien plus qu’une simple curiosité.

Quand Books va consulter son médecin le docteur Hostetler, nous voyons bien évidemment John Wayne face à James Stewart, mais également L’homme qui tua Liberty Valance. Deux hommes âgés qui approchent des 70 ans, qui se regardent avec nostalgie, mais aussi un immense respect et une évidente complicité. De son côté, Don Siegel déçoit avec une mise en scène bien trop classique, une photographie signée Bruce Surtees (Les Proies, Lenny) qui donne à son film un côté série télévisée et une reconstitution standard, comme si là encore le grand spectacle n’était plus et que le divertissement devait se contenter d’un cadre plus restreint et de couleurs fanées. Loin de son précédent western Sierra torride (1970), le cinéaste paraît bien plus intéressé, et on le comprend, par ses comédiens qu’il dirige d’une main de maître. Outre le duo de légendes susmentionné, les tronches de John Carradine, Scatman Crothers et de Richard Boone sont marquantes, mais une autre star tout aussi splendide donne la réplique au Duke, la grande Lauren Bacall dans le rôle de la veuve Rogers, qui aurait pu représenter une fin paisible pour Books, s’il n’avait pas été condamné par le « Big C » comme l’acteur appelait le « crabe ».

Le Dernier des géants suit donc les derniers jours d’un ancien tireur d’élite de l’Ouest, chaque jour étant d’ailleurs indiqué comme un compte à rebours. Des personnages satellites tentent de s’approprier l’ancien prestige du pistolero comme un journaliste peu scrupuleux avide d’écrire ses mémoires, ou bien encore une ancienne prostituée qui le demande en mariage dans le but d’hériter de ses biens. Sans compter un maire qui se prépare déjà à placarder un écriteau « Ici est mort John Bernard Brooks » à l’entrée de la ville et un shérif qui ferait tout pour accélérer le trépas de cet anachronisme puisqu’il rappelle une époque sanglante régie par la loi du talion. La relève est néanmoins bien là, incarnée par le jeune Ron Howard – qui avait déjà tâté du western avec Du sang dans la poussière de Richard Fleischer – mais nul ne remplacera Books, ce temps est révolu.

Profondément mélancolique, Le Dernier des géants vaut donc largement le coup d’oeil pour ces multiples raisons et pour accompagner le Duke vers sa dernière demeure. Enfin, la même année, sort sur les écrans Josey Wales hors-la-loi de et avec Clint Eastwood. Un renouveau pour une nouvelle légende déjà en devenir et qui signera lui aussi l’un des plus grands westerns crépusculaires de l’histoire du cinéma, ImpitoyableUnforgiven (1992).

LE BLU-RAY

Depuis le mois d’octobre, Sidonis Calysta a changé les visuels de ses sorties. Le Dernier des géants est disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD. Le test de l’édition HD a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

On pouvait s’attendre à plus de monde pour parler du dernier film de John Wayne.

L’indéboulonnable Patrick Brion a répondu à l’appel de l’éditeur (8’). Comme d’habitude, l’historien du cinéma replace le film qui nous intéresse dans le genre et son contexte. Un procédé mécanique et redondant d’un film à l’autre, mais pourquoi pas. Cependant, Patrick Brion peine à trouver les arguments pour parler du Dernier des géants et passe son temps à parler du mythe John Wayne, irremplaçable dans le western. C’est dans les deux dernières minutes que notre interlocuteur en vient plus précisément sur le film de Don Siegel en parlant des partis pris du réalisateur, de l’interprétation de John Wayne et du parallèle fait avec sa propre vie.

L’éditeur reprend l’intervention du cinéaste John Landis (2006-4’), qui commente en réalité la bande-annonce originale du Dernier des géants. « C’est presque un bon film » dit le réalisateur de The Blues Brothers, qui revient notamment sur le casting et indique au passage avoir assisté au tournage de la scène finale.

On apprécie surtout le petit module tourné sur le plateau au moment des prises de vue de la dernière séquence du film (5’). L’occasion de voir Don Siegel et John Wayne avant le clap, ou le comédien taper la discute avec quelques admirateurs, auprès desquels il se confie sur la maladie « J’ai eu une année pourrie, mais je me sens mieux déjà ».

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

On a plus l’impression d’un DVD sensiblement amélioré qu’une édition HD digne ce nom. Les couleurs sont guère reluisantes, la copie reste marquée par des tâches et des points (sur les stockshots du début, mais pas seulement), la gestion du grain reste aléatoire et les détails sont parasités par des flous intempestifs. Le piqué manque à l’appel et même si certaines scènes sortent un peu du lot, comme toutes les séquences en extérieur, la restauration paraît bien datée. Demeure la stabilité d’ensemble, bien plus convaincante que sur l’ancienne édition DVD Seven7 sortie en 2004.

La piste française DTS-HD Master Audio 2.0 est nettement moins percutante que la version originale DTS-HD Master Audio 2.0. Du point de vue harmonie, cette dernière l’emporte aisément car plus aérée, fluide, dynamique, alliant les dialogues avec la musique et les effets avec une redoutable efficacité. Dans les deux cas, la propreté est de mise, la partition d’Elmer Bernstein est excellemment délivrée et les gunfights saisissants dans la dernière partie. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. Notons également quelques trous dans la VF qui passe directement en version originale sous-titrée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Neuilly sa mère, sa mère !, réalisé par Gabriel Julien-Laferrière

NEUILLY SA MÈRE, SA MÈRE ! réalisé par Gabriel Julien-Laferrière, disponible en DVD et Blu-ray le 12 décembre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Denis Podalydès, Samy Seghir, Jérémy Denisty, Sophia Aram, Joséphine Japy, Valérie Lemercier, François-Xavier Demaison, Josiane Balasko, Fatsah Bouyahmed, Élie Semoun, Jackie Berroyer, Julien Courbey, Booder, Steve Tran, Bayou Sarr, Chloé Coulloud…

Scénario : Marc de Chauveron, Djamel Bensalah, Isaac Sharry

Photographie : Baptiste Nicolaï

Musique : Charlie Nguyen Kim

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

En 2008, Sami Benboudaoud découvrait l’enfer de Neuilly-sur-seine ! Dix ans plus tard, alors que tout va pour le mieux pour Sami qui termine brillamment ses études de sciences politiques, plus rien ne va pour son cousin Charles de Chazelle. Depuis la défaite de son idole Sarkozy aux présidentielles, il a sombré dans une profonde dépression quand sa famille perd toute sa fortune et doit quitter Neuilly. Rejetés de tous, les Chazelle trouvent refuge chez Sami, cité Picasso, à Nanterre ! Dès lors, pour Sami et les habitants de sa cité, la vie ne sera plus jamais un long fleuve tranquille.

Il y a près de dix ans, une petite comédie dans l’air du temps débarquait sur les écrans et emportait avec elle plus de 2,5 millions de spectateurs. Neuilly sa mère ! réalisé par Gabriel Julien-Laferrière, d’après une idée de Djamel Bensalah (Le Ciel, les Oiseaux et… ta mère !, Le Raid, Il était une fois dans l’Oued) et un scénario de Marc et Philippe de Chauveron (L’Élève Ducobu, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?), ce film avait su profiter des vacances d’été et se faire une place au box-office annuel entre OSS 117 : Rio ne répond plus et Transformers: La Revanche. On ne s’y attendait pas, mais voici donc Neuilly sa mère, sa mère !, un deuxième opus dans lequel on retrouve la quasi-intégralité du casting original neuf ans après, à l’exception de Rachida Brakni, remplacée ici par Sophia Aram dans le rôle de Djamila de Chazelle. Alors que le premier était sorti sous l’ère bling-bling de Sarkozy, cette suite se situe après le mandat de François Hollande et les premiers mois de celui d’Emmanuel Macron. Autant dire que pour certains personnages, le choc a été rude. Pour tout le monde en fait. Si Neuilly sa mère, sa mère ! n’a pas la même fraîcheur que le film précédent, il n’en demeure pas moins que cette suite contient de très bons moments, pas fins certes, mais qui arrachent facilement quelques sourires et même quelques rires.

On retrouve donc Sami Benboudaoud, qui en 2008 avait quitté la cité Maurice-Ravel à Chalon-sur-Saône pour habiter chez sa tante à Neuilly-sur-Seine. Dix ans plus tard, il achève sans problème ses études à Sciences-Po, mais son cousin Charles de Chazelle est dans une impasse : son camp politique est en échec et son père, à la suite d’un scandale financier, est ruiné, et doit quitter Neuilly. Une seule solution pour les Chazelle, aller squatter chez leur cousin Sami, installé dans une cité à Nanterre, mais l’adaptation au franchissement de La Défense est pleine de rebondissements.

Soyons honnêtes, tout est ici encore plus caricatural que dans Neuilly sa mère !. Malgré tout, on se laisse emporter par la bonne humeur contagieuse de toute la troupe, visiblement heureuse de se retrouver. Samy Seghir peut parfois énerver à sourire autant que Khaled quand il entonne une chanson triste et celui qui se taille la part du lion dans Neuilly sa mère, sa mère ! est son partenaire Jérémy Denisty, ici clairement au centre du film, au point d’en devenir le narrateur. Le revirement politique de son personnage, devenant Socialiste après avoir reniflé les autres partis permet au jeune comédien de laisser libre cours à sa fantaisie et de démontrer une belle énergie comique. Si les autres sont quelque peu (Valérie Lemercier) voire complètement sacrifiés (la superbe Chloé Coulloud), Denis Podalydès est également en très grande forme et les protagonistes satellites, notamment l’excellent Julien Courbey, Laurent Gamelon et Booder, paraissent plus gâtés que le personnage de Samy Seghir, qui n’a pas grand-chose à défendre alors qu’il était le personnage principal dans le premier volet.

Du point de vue mise en scène c’est un peu le calme plat, la première partie est poussive, mais Gabriel Julien-Laferrière parvient à insuffler un rythme et le film devient de plus en plus drôle à mesure que le récit avance. Les scénaristes Djamel Bensalah et Marc de Chauveron parsèment leur histoire de petites répliques vachardes et de séquences cocasses qui nous font aller jusqu’au bout sans difficulté. Puis un film qui réunit d’immenses acteurs comiques comme Gérard Miller, Eric Dupont-Moretti, Arnaud Montebourg et Julien Dray ça ne se voit pas tous les jours non plus.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Neuilly sa mère, sa mère ! a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur livre le minimum syndical. Chose étonnante d’ailleurs puisque l’édition du premier opus disponible chez TF1 Vidéo débordait de suppléments ! Il faudra juste se contenter de la bande-annonce ici.

L’Image et le son

C’est pas mal, mais cette édition HD n’est pas optimale. Le cadre large est plaisant, les couleurs acidulées, mais le piqué est aléatoire, les scènes en basse lumière manquent de détails et même certains flous parasitent l’image à plusieurs reprises. Mais dans l’ensemble, ce Blu-ray est solide, les contrastes sont costauds et la luminosité est flatteuse.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 offre une belle spatialisation ponctuelle de la bande-son, caisson de basses compris. Outre la spatialisation musicale (le mythique Baby Love de The Supremes), certaines ambiances naturelles parviennent à percer sur les quelques séquences en extérieur (la pluie, l’orage, la circulation sur le périphérique) mais finalement, l’ensemble demeure axé sur les frontales, dynamiques et fluides, tandis que la centrale exsude les dialogues avec efficacité. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr