LE CAVALIER DU CRÉPUSCULE (Love Me Tender) réalisé par Robert D. Webb, disponible en DVD chez Sidonis Calysta le 1er décembre 2017
Acteurs : Elvis Presley, Richard Egan, Debra Paget, Robert Middleton, William Campbell, Neville Brand, Mildred Dunnock, Bruce Bennett…
Scénario : Robert Buckner d’après une histoire originale de Maurice Geraghty
Photographie : Leo Tover
Musique : Lionel Newman
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 1956
LE FILM
Trois frères de l’armée des confédérés entreprennent de voler un trésor des Yankees, avant de découvrir que la guerre est terminée, et qu’ils sont maintenant considérés comme des hors-la-loi. Après s’être partagés le butin, ils rentrent chez eux, mais l’un d’eux, Vance, découvre que sa bien-aimée, Cathy, s’est mariée avec son jeune frère, Clint…
Introducing Elvis Presley
Le Cavalier du crépuscule – Love me tender, marque les premiers pas d’Elvis Presley devant la caméra. Ayant toujours désiré être comédien comme ses idoles James Dean et Marlon Brando, celui qu’on allait appeler le King souhaite prouver à ses fans qu’il n’est pas seulement le chanteur à succès dont le culte et l’aura n’ont de cesse de s’étendre à travers le monde, mais qu’il possède bel et bien un vrai talent d’acteur. Toutefois, il doit se résoudre à chanter quatre chansons dans son premier film (une idée de son célèbre impresario le Colonel Parker), dont le titre original, The Reno Brothers a été modifié afin de mieux surfer commercialement sur le triomphe de son dernier tube, Love Me Tender, qu’il interprète d’ailleurs dans le film. Si cela le rend fou de rage, le jeune homme alors âgé de 21 ans a néanmoins signé un contrat de sept ans avec la Paramount Pictures et doit accepter les clauses qui l’obligent à chanter. S’il n’interprète qu’un rôle secondaire dans Le Cavalier du crépuscule, cas unique dans sa filmographie, ce petit film lui vaut sa postérité.
Alors que la guerre de Sécession touche à sa fin, un groupe de soldats sudistes, attaque une trésorerie yankee et file avec le butin. Parmi eux, trois frères : le lieutenant Vance Reno, Ray et Brett. Au lieu de remettre l’argent à l’armée sudiste en déroute, le groupe décide de se partager le butin. Ainsi chacun rentre chez eux. Puisque la guerre était terminée au moment du vol, ils sont, sans le savoir, considérés comme des hors-la-loi. Ce trésor de guerre va attirer bien des convoitises ainsi que des revirements de situations inattendues pour la famille Reno. À son retour Vance Reno, découvre que sa bien-aimée, Cathy, s’est mariée avec son jeune frère, Clint. Ce dernier ne connaissait pas la relation qu’avait entretenue sa femme avec Vance avant son départ pour la guerre. Le cœur brisé, Vance décide de partir pour épargner Cathy qui semble avoir encore des sentiments pour lui.
Etrange production qui montre bien l’ambition de ses producteurs, Le Cavalier du crépuscule est un western basique, sympathique et divertissant, qui se trouve parasité par le phénomène Elvis. Avec son déhanché anachronique (à la manière de Val Kilmer dans Top Secret !, chef d’oeuvre des ZAZ) réalisé devant des jeunes paysannes groupies (!), Presley entonne quelques-uns de ses tubes (Let Me, We’re Gonna Move, Poor Boy, Love Me Tender) et refait même une dernière apparition en surimpression, en reprenant le dernier couplet de Love Me Tender, gratifiant les spectateurs, et ses fans, d’un dernier sourire Ultra-Brite. Si l’on fait abstraction des chansons imposées par contrat au jeune chanteur, ce dernier fait preuve de charisme et s’en tire pas trop mal en tant que comédien. On a déjà vu pire du moins dans le genre chanteur qui s’improvise acteur. Mais les véritables stars de Love Me Tender sont Richard Egan (Barbe-Noire le pirate, Les Inconnus dans la ville, La Venus des mers chaudes), impeccable et élégant dans le rôle du frère aîné obligé de s’incliner devant son destin, ainsi que la sublime Debra Paget (La Maison des étrangers, La Flèche brisée, Les Dix Commandements), qui illumine le film de son talent et de sa beauté. Rappelons qu’avec Joseph L. Mankiewicz, Robert Siodmak, Delmer Daves, Henry Hathaway, Jacques Tourneur, Lewis Milestone, Cecil B. DeMille, Allan Dwan, William Dieterle, Fritz Lang (qui a pu oublier sa danse quasi-nue du Tombeau hindou ?) et Roger Corman à son palmarès, Debra Paget peut se targuer d’afficher l’une des plus belles et grandes filmographies hollywoodiennes.
Film rapide et bien mis en scène par Robert D. Webb (ancien assistant d’Henry King), Le Cavalier du crépuscule ne révolutionne certes pas le western, d’ailleurs il n’en a pas la prétention, mais vieillit bien, enchaîne les péripéties, les scènes dramatiques, les affrontements et les rebondissements avec suffisamment d’efficacité et dans un très beau CinemaScope. Bref, Love Me Tender, par ailleurs énorme succès à sa sortie avec son budget rentabilisé dès son premier week-end d’exploitation, vaut bien plus que pour la simple participation du King qui voit alors sa carrière cinématographique lancée.
LE DVD
Le test du DVD du Cavalier du crépuscule, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Une toute petite interactivité pour ce western, qui était disponible chez 20th Century Fox auparavant.
François Guérif (8’30) et Patrick Brion (6’) ont répondu à l’appel de l’éditeur, afin de présenter Le Cavalier du crépuscule. Le premier revient sur les débuts au cinéma d’Elvis Presley, en indiquant trouver l’attaque de la gare réussie et l’apprenti-comédien assez bon et touchant, malgré les faiblesses du film.
De son côté, Patrick Brion passe en revue les plus grands westerns de l’année 1956 au cinéma, avant d’en venir au réalisateur Robert D. Webb et bien entendu aux changements apportés au scénario original, suite à l’engagement d’Elvis Presley à la dernière minute, que l’historien-critique trouve d’ailleurs très bien et bon comédien.
Cette section se clôt sur une galerie de photos, ainsi que les bandes-annonces des trois films avec Elvis Presley, disponibles chez Sidonis Calysta, Le Cavalier du crépuscule, Les Rôdeurs de la plaine et Charro.
L’Image et le son
Si la restauration ne fait aucun doute, la quasi-absence de la patine argentique a de quoi énerver. Le grain a été bien trop lissé, ce qui rend l’image trop artificielle à notre goût. Bon, si l’on excepte cela, même si c’est difficile, le cadre large 2.35 est superbe, le N&B lumineux et dense, la gestion des contrastes solide et élégante. La propreté de la copie est indéniable, les détails éloquents et la profondeur de champ impressionnante. Malgré ses points forts, le rouleau compresseur du DNR fait beaucoup de mal aux puristes que nous sommes.
Point de version française à l’horizon, mais deux mixages anglais, Stéréo et Dolby Digital 5.1. Si l’on pouvait s’attendre à une éventuelle spatialisation sur les quatre chansons d’Elvis, sur les scènes d’affrontements et de poursuites, il n’en est rien. Les latérales restent quasiment au point-mort et seul un très léger écho se fait entendre sur la scène arrière. Privilégiez donc la piste Stéréo, de fort bon acabit, qui instaure un confort acoustique très plaisant et dynamique, sans aucun souffle. Les sous-titres français sont imposés sur un lecteur de salon.