OBJECTIF TERRE (Target Earth) réalisé par Sherman A. Rose,disponible en coffret DVD Prestige « La Guerre des Robots » le 6décembre2016 chez Artus Films
Acteurs : Richard Denning, Kathleen Crowley, Virginia Grey, Richard Reeves, Robert Roark, Mort Marshall, Arthur Space, Whit Bissell, James Drake…
Scénario : William Raynor, ,James H. Nicholson, Wyott Ordung d’après la nouvelle The Deadly City de Paul W. Fairman
Photographie : Guy Roe
Musique : Paul Dunlap
Durée : 1h11
Date de sortie initiale: 1954
LE FILM
Une grande ville a été entièrement évacuée. Une force extra-terrestre venue de Vénus composée de robots l’a envahie et a réduit l’humanité à néant ! Frank et une poignée d’autres personnes se réveillent dans une ville déserte. Non seulement ils vont devoir échapper aux patrouilles de robots, mais ils vont également devoir faire face à un psychopathe qui s’est joint à eux. Pendant ce temps-là, les scientifiques sont entrés dans une folle course contre la montre pour tenter de sauver la Terre de l’annihilation…
Voilà typiquement le genre de film que l’auteur de ces mots adore visionner à l’approche des fêtes de fin d’année. Cela lui rappelle son adolescence, quand à plus de minuit il se blottissait dans une couverture, vautré dans le canapé et qu’il enchaînait ces séries B jusqu’à l’aube pendant les vacances de Noël. Disponible dans le coffret édité chez Artus Films « La Guerre des Robots » avec trois autres films du même acabit, Objectif Terre – Target Earth, réalisé par Sherman A. Rose en 1954 et coécrit par Wyott Ordung (Le Pionnier de l’espace) d’après la nouvelle Deadly City de Paul W. Fairman publiée en 1953 dans un magazine SF, est un tout petit film où quelques d’individus se réveillent dans une ville américaine (on nous montre Los Angeles vue du ciel, mais l’action est supposée se dérouler à Chicago) où ils sont visiblement les seuls survivants. Aucune voiture dans les rues, les radios sont coupées, tout comme l’électricité et l’eau courante. Si visiblement cela ne les inquiète pas trop – même les personnages féminins gardent le sourire en s’accrochant à leur sac à main – ils vont vite se rendre compte que la ville est en réalité envahie par une armée d’une centaine de robots extraterrestres. En fait, nous n’en verrons qu’un en activité (bah oui, faute de budget), qui s’apparente à un assemblage de cartons passés à la couleur métallisée, avec un gyrophare meurtrier en guise de tête et qui adopte la même démarche que la créature de Frankenstein.
La résistance (passive) s’organise en faisant un gueuleton ou en ouvrant des bouteilles de Bollinger 1948, en jouant du piano et en piquant un petit roupillon. Pendant ce temps, l’armée, qui a visiblement mal fait son boulot en oubliant certains habitants lors de l’évacuation, se met à la recherche du point faible des robots. Cela pourrait-il venir du tube cathodique situé dans leur tête ? Nos héros réussiront-ils à s’en sortir ?
Les robots exterminateurs semblent venir de Vénus comme l’indique un des personnages principaux, qui étaye d’ailleurs sa théorie à l’aide de nombreux arguments contre lesquels il est difficile de s’opposer. Dans ce groupe, il y a Nora (Kathleen Crowley), jeune femme qui se réveille brutalement en début d’après-midi. Elle croyait d’ailleurs ne jamais rouvrir les yeux puisqu’elle avait pris une dose massive de somnifères pour en finir avec la vie. Bon, puisqu’elle se réveille et que son plan a visiblement échoué, elle se lève tranquillement, le temps pour les spectateurs de l’époque d’admirer sa nuisette. Mais Nora découvre très vite que ses voisins ne répondent pas et que les rues paraissent étonnamment calmes. Excellente exposition avec un décor et une ambiance inquiétante. Puisque c’est ainsi, Nora s’en va flâner nonchalamment, même si les magasins s’avèrent déserts. C’est alors qu’elle tombe sur le cadavre d’une femme. Elle crie. Un homme débarque. Nora pense qu’il l’a tuée et s’enfuit en moulinant des bras. L’homme, Frank (Richard Denning), la rattrape très vite, tente de lui dire qu’il n’a rien à voir avec ce meurtre. Nora est vite soulagée, surtout après qu’il lui ait collé une belle baffe pour la résonner. D’autant plus que Frank est bel homme, alors comment a-t-elle pu croire une chose pareille ! Pourquoi ne pas continuer la promenade à deux ? Frank et Nora font connaissance comme si de rien n’était alors que tout est désert. Enfin presque tout. Ils entendent un air de piano provenant d’un restaurant. Ils entrent. Un homme (Richard Reeves) et une femme (Virginia Grey), éméchés, entourés de bouteilles de champagne et de victuailles, ont décidé de faire la fête. Frank et Nora se joignent rapidement à eux et festoient. C’est alors que l’ombre d’un robot géant fait son apparition sur la façade d’un building. Cette fois, ils prennent peur et partent se réfugier dans l’immeuble en face.
Formidable série B surannée, dynamique (à la base Sherman A. Rose était monteur), produite en toute indépendance par Herman Cohen, futur producteur de I Was a Teenage Werewolf, I Was a Teenage Frankenstein et Sherlock Holmes contre Jack l’Éventreur, tournée en seulement sept jours avec un budget inférieur à 100.000 dollars (et l’aide de stock-shots), Objectif Terre – Target Earth fera encore aujourd’hui le bonheur des cinéphiles adeptes des mini-films SF qui pullulaient alors sur les écrans dans les années 1950. Si les apparitions du robot au rayon laser sont finalement très limitées, Objectif Terre reste bien divertissant, kitsch à souhait, plaisant et surtout très attachant.
LE DVD
Objectif Terre – Target Earth, est pour le moment uniquement disponible dans le coffret DVD La Guerre des Robots disponible chez Artus Films. Sont également disponibles dans ce coffret, Le Maître du Monde (Tobor le Grand) de Lee Sholem (1954), Creation of the Humanoids de Wesley Barry (1962) et Cyborg 2087 de Franklin Adreon (1966), qui seront chroniqués prochainement.
Un premier menu (fixe et muet) nous propose de sélectionner le film à visionner, ici Objectif Terre – Target Earth ou Cyborg 2087. Puis un menu principal fixe et musical nous accueille. En guise d’interactivité, nous trouvons la bande-annonce originale, ainsi qu’un diaporama d’affiches et de photos d’exploitation. Le superbe Digipack – qui comblera les cinéphiles pour Noël – renferme les deux galettes, ainsi qu’un livret de douze pages Alerte aux robots – Le Robot au coeur de l’Age d’or de la SF cinématographique américaine (par Pr Brave Ghoul) et quatre reproductions de lobby cards reprenant les affiches des quatre films disponibles dans ce coffret.
L’Image et le son
C’est pas mal du côté de l’image. La copie – 1.66 – 16/9 compatible 4/3 – est plutôt propre et stable. Les tâches, points et griffures sont assez rares, le N&B est honnête avec des blancs clairs et des noirs solides. La gestion du grain original est un peu plus aléatoire, surtout sur les stock-shots supposés représenter les forces de l’armée qui se préparent à contre-attaquer et les quelques plans tournés à la sauvette puisque la production n’avait pas demandé l’autorisation pour certaines prises de vue. Le confort est assuré et participe à la (re)découverte de cette excellente série B.
Même chose en ce qui concerne l’acoustique, de fort bon niveau et peu marquée par quelques parasites imputables aux conditions de conservation ou tout simplement aux affres du temps. Les sous-titres français ne sont pas verrouillés et seule la version originale Dolby Digital mono est proposée ici. Les dialogues sont clairs et distincts, la musique dynamique, tout comme les effets sonores à l’instar du clic-clic de la démarche du robot ou de son rayon meurtrier.
INDEPENDENCE DAY : RESURGENCEréalisé par Roland Emmerich,disponible en Ultra HD Blu-ray 4K, Blu-ray et DVD le 23 novembre2016 chez 20th Century Fox
Acteurs : Liam Hemsworth, Jeff Goldblum, Jessie T. Usher, Bill Pullman, Maika Monroe, Sela Ward, William Fichtner, Judd Hirsch, Brent Spiner, Vivica A. Fox, Angelababy, Charlotte Gainsbourg…
Scénario : Nicolas Wright, James A. Woods, Dean Devlin, Roland Emmerich, James Vanderbilt
Photographie : Markus Förderer
Musique : Harald Kloser, Thomas Wanker
Durée : 2h00
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Nous avons toujours su qu’ils reviendraient. La terre est menacée par une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Pour la protéger, toutes les nations ont collaboré autour d’un programme de défense colossal exploitant la technologie extraterrestre récupérée. Mais rien ne peut nous préparer à la force de frappe sans précédent des aliens. Seule l’ingéniosité et le courage de quelques hommes et femmes peuvent sauver l’humanité de l’extinction.
En 1996, le rouleau compresseur cinématographique s’intitulait Independence Day. Alors qu’il vient de connaître un succès surprise avec Stargate, y compris en France où le film a attiré plus de 2,6 millions de spectateurs, le réalisateur allemand Roland Emmerich a l’idée de son prochain film au moment de la promotion mondiale de son dernier long métrage. Quand on lui demande s’il croit à l’existence d’aliens, il répond par la négative, mais imagine très vite ce que l’affrontement entre les Terriens et des êtres hostiles venus d’ailleurs pour s’emparer des richesses naturelles de notre planète pourrait donner à l’écran. Si le scénario, écrit en trois semaines, tient sur un papier OCB, le budget confortable – mais modeste pour une production de cet acabit – de 75 millions de dollars passe essentiellement dans les effets visuels, alors à la pointe de la technologie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’argent est visible à l’écran. Avec ses truquages hybrides, combinant à la fois les nouvelles images de synthèse et le tournage de maquettes, Independence Day apparaît comme un chant du cygne du blockbuster du XXe siècle.
En dépit de ses scénarios qui ne volent souvent pas haut, avec son humour au ras des pâquerettes, son patriotisme américain « hénaurme » et ses dialogues amusants, Roland Emmerich est un des réalisateurs les plus généreux du genre et sait combler les attentes des spectateurs. Film de catastrophe/science-fiction, piochant allègrement ses idées sur La Guerre des mondes de Byron Haskin, Star Wars, Top Gun, Alien, Tremblement de terre de Mark Robson et encore bien d’autres classiques, Independence Day n’est rien d’autre qu’un gigantesque divertissement populaire. Si la critique a conspué le film à sa sortie, le public lui a fait un triomphe. Avec 5,7 millions d’entrées en France et 816 millions de dollars de recette mondiale (environs 1,3 milliard aujourd’hui), Independence Day est devenu le plus grand succès de 1996, très loin devant Twister et Mission Impossible, situés sur la deuxième et la troisième marche du podium. Aujourd’hui, Independence Day, que l’on nomme également ID4, est devenu un gentil nanar aux effets spéciaux qui ont pris un sacré coup de vieux. Le discours du Président des Etats-Unis avant d’aller au combat, le génie en informatique qui sauve la planète en ayant implanté un virus dans le vaisseau-mère grâce à un simple Mac, la vision de la Zone 51, l’explosion de la Maison Blanche, l’avion Air Force One qui échappe de peu à la vague de feu qui raye Washington D.C. de la carte, ID4 regorge de scènes et de dialogues cultes. Tout cela est involontairement drôle certes, encore plus avec les années qui ont passé, mais Independence Day demeure incontournable.
ID4, est une valeur sûre, un film devant lequel on ne s’ennuie pas. On le revoie toujours avec plaisir en citant les répliques de Will Smith (qui sortait tout juste du Prince de Bel-air), Bill Pullman, Jeff Goldblum, Judd Hirsch, Robert Loggia et Randy Quaid (« Hello Boys ! I’m back ! »), en pouffant de rire devant les effets téléphonés, devant le fait que 3 milliards de personnes périssent dans le monde et que les américains se marrent à la fin en fumant le cigare, bref, c’est très bête, ça l’a toujours été, mais Independence Day est et restera un des plus grands divertissements des années 1990 !
Mais alors, pourquoi Independence Day : Resurgence, suite longtemps « attendue » ne fonctionne pas ?
Réputé pour être le spécialiste de la destruction massive, le réalisateur Roland Emmerich a connu un sérieux revers avec son pourtant sympathique White House Down. Sentant le vent tourner, il était peut-être temps pour lui de se pencher sur la suite tant demandée (par le passé) de son plus gros hit, Independence Day. Si la Fox avait voulu enchaîner immédiatement avec un deuxième volet, au point de cibler le 4 juillet 1998 comme date de sortie, Roland Emmerich et son complice Dean Devlin avaient préféré se concentrer sur leur version de Godzilla, leur film de monstre où Jean Reno peste contre le mauvais café et ses collègues français Jean-Luc, Jean-Marc et Jean-Claude. Le projet d’Independence Day 2 est longtemps resté dans les tiroirs, jusqu’au jour où le cinéaste s’est enfin décidé à se lancer dans cette nouvelle (super)production.
A trois mois près, Independence Day : Resurgence sort sur les écrans 20 ans après le premier. Doté d’un budget de 165 millions de dollars et aidé par le retour de quelques acteurs du premier film, Jeff Goldblum, Bill Pullman, Judd Hirsch, ainsi que la participation de Vivica A. Fox pour titiller la fibre nostalgique des spectateurs, ce second volet pouvait être intéressant. Le producteur et coscénariste Dean Devlin explique « Nous avons résisté à l’idée de créer une suite pendant des années mais nous voulons toujours faire honneur au premier film. C’est ce film qui a propulsé notre carrière, nous avons une affection particulière pour lui (…) nous ne voulions pas faire de film juste parce que c’était une bonne idée financièrement parlant, mais parce que nous avions une idée et un concept qui fasse honneur au premier film ». En découvrant Independence Day : Resurgence on se demande pourquoi il aura fallu attendre vingt ans pour…ça ! Le scénario reprend peu ou prou la même histoire et les rebondissements du premier opus, vingt ans après les événements survenus dans le premier film. A cela, les scénaristes y greffent de nouveaux personnages, interprétés par des jeunes comédiens sans charisme, quelques éléments pour montrer que l’humanité s’est enfin unie et a su s’emparer de la technologie extraterrestre pour se reconstruire, mais aussi et surtout pour surveiller l’espace et créer de nouvelles armes prêtes à être dégainées si les aliens avaient dans la tête de pointer à nouveau le bout de leur nez.
David Levinson (Goldblum) est devenu le grand manitou du programme de défense international, tandis que l’ancien Président Whitmore (Pullman) est devenu grabataire et sujet à de nombreuses crises de démence. Heureusement, il retrouvera l’usage de sa jambe en vrac après s’être rasé la barbe et lavé les cheveux. Ne riez pas, c’est vrai. Will Smith n’a pas voulu revenir ? Pas grave, les scénaristes ont fait mourir son personnage dans un accident après s’être porté volontaire dans la mise en route de nouveaux modules aériens inspirés des vaisseaux extraterrestres, un chasseur alien hybride à pulsion électromagnétique pour être exact. Heureusement, il avait un petit garçon dans le premier film, Dylan, qu’il avait eu avec Vivica A. Fox. Cette dernière n’est d’ailleurs plus gogo-danseuse mais dirige cette fois un hôpital. Belle reconversion en 20 ans, respect. Le Président Whitmore avait une fille aussi, qui a également bien grandi puisqu’elle est interprétée par Maika Monroe (It Follows). Mais les deux rejetons Dylan/Patricia ne sont pas amoureux, puisque cette dernière a jeté son dévolu sur la tête brûlée Jake Morrison (l’endive Liam Hemsworth), également pilote casse-cou(illes). Ah oui, le Dr. Brakish Okun (Brent Spiner) n’est finalement pas mort dans le premier, puisqu’il fait son retour ici et sort du coma en ayant d’ailleurs gardé la même tête et la même coupe de cheveux. De son côté, Julius Levinson (Hirsch) a écrit un livre sur les événements qui se sont déroulés il y a 20 ans. Il en fait la promo dans les maisons de retraite. Il y a aussi notre Charlotte Gainsbourg nationale qui fait ses premiers pas dans un blockbuster dans le rôle de Catherine, psychologue française, ancien grand amour de David Levinson, spécialisée dans les traumas post-invasion. La comédienne traverse le film comme si elle s’était trompée de plateau.
Voilà, tout ce beau monde essaye de s’unir à nouveau pour bouter les méchants aliens à tentacules hors de nos frontières. Ces derniers n’ont rien trouvé de mieux que de débarquer à nouveau le jour de la fête nationale américaine, en garant leur vaisseau spatial, qui atteint cette fois les 5000 kilomètres de diamètre, sur tout l’océan Atlantique. On apprend qu’ils vont tenter à nouveau – on nous l’avait bien caché dans le premier volet – de percer la croûte terrestre afin de s’emparer du noyau de la planète ! Non, mais des fois ! En voilà des façons ! Heureusement, la jeune génération qui se rend compte de rien, prend les commandes de leurs nouveaux joujoux pour leur montrer de quel bois se chauffent les êtres humains ! Mais c’était sans compter sur l’apparition d’une intelligence artificielle, qui a pris l’apparence d’une grosse boule de Pokémon, tout comme celle de la Reine des aliens qui mesure cinquante mètres de haut. Bref, soyez les bienvenus dans le joyeux bordel de Roland Emmerich.
Ce n’est pas qu’on attendait forcément la suite d’un nanar, mais connaissant la générosité de Roland Emmerich, pourquoi pas après tout ! Le problème, c’est qu’Independence Day : Resurgence arrive probablement trop tard. Roland Emmerich a déjà fait tout exploser (ou inonder) dans ses précédents films, au point qu’il racle les fonds de tiroir ici. L’arrivée du vaisseau-mère dans notre atmosphère entraîne un dérèglement de la gravité, ce qui aspire les villes de Singapour et de Dubaï dans les airs, pour finalement être rejetées sur Londres. Il est comme ça Roland ! Cela fait des belles images de verre qui explose avec des passants qui se demandent ce qui se passe. Les effets spéciaux ont évidemment connu de grandes évolutions en 20 ans et le résultat à l’écran demeure bluffant. Malheureusement, le réalisateur s’embourbe dans une multitude de personnages jamais intéressants et le rythme demeure constamment poussif pendant deux heures. Cette séquelle s’apparente en fait presque à un remake (avec le même humour involontaire), mais on s’ennuie beaucoup et très vite devant cette succession de scènes sans imagination et prévisibles, par ailleurs très mal montées. Le film se résume surtout à l’affrontement aérien entre les pilotes de l’armée américaine (alors que l’invasion est supposée être mondiale) soutenue par un soldat africain qui combat avec sa machette (sans blaguer hein) et les navettes extraterrestres, puis entre les mêmes pilotes et la Reine des aliens qui a décidé d’aller faire un petit tour dans le désert de sel près de la Base 51. On pouvait s’attendre à mieux comme climax qu’une poursuite entre un monstre à la Godzilla et un bus scolaire ! Mais de l’aveu même de Roland Emmerich et comme l’indique la dernière scène, ce volet était censé préparer le suivant, pensé comme une bataille intergalactique terriens/aliens engagée après un voyage interstellaire initié par l’intelligence artificielle sphérique. Suite à l’échec commercial du film, 388 millions de dollars de recette (103 millions sur le sol américain) pour un budget de 165 millions (coût hors promotionnel était paraît-il faramineux), il semble que cette suite ait été aussitôt mise aux oubliettes.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray d’Independence Day : Resurgence, disponible chez Fox, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Roland Emmerich est seul derrière le micro pour commenter Independence Day : Resurgence. Vraisemblablement enregistré avant la sortie américaine du film, le réalisateur se révèle enthousiaste et confiant quant à la bonne réception de cette suite. S’il allait déchanter quelques semaines après, cela n’empêche pas Roland Emmerich de partager sa joie d’avoir retrouvé une bonne partie de l’équipe du premier ID4. S’il lui faut un petit moment pour se lancer vraiment dans les informations intéressantes, Emmerich ne manque pas d’anecdotes, aborde la construction de chaque séquence, évoque le casting, la genèse du film, le gigantesque travail avec l’équipe des effets spéciaux. Très optimiste, Emmerich aborde ce que pourrait être – ou ce qu’aurait pu être, puisque le film est considéré comme un échec commercial – la suite de Resurgence avec les indices donnés dans la scène finale. Ce commentaire audio est disponible avec les sous-titres français.
Nous trouvons huit scènes coupées (8′), dont un prologue alternatif. Celui-ci se déroulait sur une base lunaire de Saturne, Rhéa, tenue par les Russes, qui après une panne électrique générale (gloups !) deviennent témoins d’une apparition extraterrestre. Les autres séquences sont plutôt pas mal, notamment la destruction de la Maison-Blanche (qui semblait pourtant sauvée dans le film cette fois) défoncée par un pieu géant, tout comme la mort du Président Lanford (écrasée par la Reine alien) dont le sort reste indéterminé dans le montage final. Ces scènes coupées sont également proposées avec les commentaires de Roland Emmerich en option.
S’ensuit un faux documentaire consacré à la « Guerre de 1996 » (5′). Un présentateur de télévision rend hommage à ceux qui ont combattu les aliens en 1996, y compris au personnage interprété par Will Smith dans le premier film et où on nous apprend sa mort accidentelle, tout en montrant comment les nations du monde se sont ensuite unies pour se reconstruire et se préparer au cas où les aliens reviendraient un jour. Les spectateurs français y verront Jacques Chirac entouré de Boris Eltsine et du Président Whitmore (Bill Pullman) sur un joli photo-montage.
Le module suivant intitulé It’s early ABQ ! (3′) ne sert à rien et s’apparente à un sketch au cours duquel Julius Levinson vient présenter son livre sur les événements de 1996, dans une émission diffusée à 5 heures du matin à Albuquerque. Son fils David Levinson arrive sur le plateau et l’ambiance dégénère quelque peu.
Le making of (55′) proposé s’avère complet et bien rythmé. Il est évidemment composé d’images issues du plateau (on y voit que du bleu partout), d’interviews promotionnelles et quelque peu ronflantes, de dessins conceptuels. L’ensemble est surtout focalisé sur la création des effets spéciaux, sur celle des décors et des véhicules spatiaux, sans oublier celle des aliens.
L’interactivité se clôt sur un bêtisier pas drôle (6′), une large galerie de dessins conceptuels, deux bandes-annonces et un spot tv.
L’Image et le son
L’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie marquée par les décors métalliques et bleus reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques caractéristiques de ce 2016 uchronique, aseptisé dans les salles de contrôle, immaculé, des décors aux costumes. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.
Sans surprise, seule la version originale bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 7.1 qui met à contribution chacune des enceintes de toute bonne installation qui se respecte. Evidemment, cette option acoustique est à privilégier puisque la version française ne dispose que d’une DTS 5.1 ! Avec l’arrivée du vaisseau-mère au-dessus de la Lune et son atterrissage sur notre planète, les quelques séquences de destructions massives, les affrontements de l’armée américaine contre les aliens, la DTS-HD Master Audio 7.1 s’impose comme une vraie piste de démonstration. Une vraie déferlante d’effets en tous genres, mais surtout durant la dernière partie où le feu et les explosions environnent le spectateur. La musique est constamment spatialisée et le caisson de basses a fort à faire. Dommage pour la version française, qui fait ce qu’elle peut, mais reste à la traîne derrière son homologue en matière d’effets et de dynamique.
CRIMINAL – UN ESPION DANS LA TETE (Criminal)réalisé par Ariel Vromen, disponible en Blu-ray et DVD le 5 septembre 2016 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Kevin Costner, Gary Oldman, Tommy Lee Jones, Gal Gadot, Jordi Mollà, Michael Pitt, Ryan Reynolds, Alice Eve et Scott Adkins…
Scénario : Douglas Cook, David Weisberg
Photographie : Dana Gonzales
Musique : Keith Power, Brian Tyler
Durée : 1h53
Date de sortie initiale: 2016
LE FILM
Dans une ultime tentative pour contrecarrer un complot et une terrifiante catastrophe, les autorités décident d’implanter la mémoire et le savoir-faire d’un agent de la CIA décédé dans le corps d’un condamné à mort aussi imprévisible que dangereux. Il est l’unique chance – à haut risque – d’achever la mission… D’autant qu’en récupérant l’esprit de l’ancien agent, le condamné a aussi hérité de ses secrets…
Même s’il n’a jamais retrouvé le succès qu’il a connu dans les années 1990, Kevin Costner n’a jamais arrêté de tourner. Les années ont fait de lui un fringuant sexagénaire, un monstre de charisme, un des rares comédiens à insuffler l’élégance propre aux stars du cinéma classique dans l’industrie contemporaine. Ces dernières années, le comédien se sera facilement démarqué dans l’excellent The Company Men de John Wells et Le Pari (Draft Day) d’Ivan Reitman, inédit dans les salles françaises et pourtant très bon. On ne l’attendait pas dans le rôle d’un sociopathe dans Criminal – Un espion dans la tête, réalisé par Ariel Vromen, auteur d’un navet avec Marisa Tomei, Danika, et du très bon The Iceman avec Michael Shannon, Winona Ryder et James Franco. A l’instar de son précédent long métrage, Ariel Vromen offre à Kevin Costner l’opportunité d’incarner un homme dépourvu d’émotions et de remords, très violent et glacial. Criminal – Un espion dans la tête repose sur une réalisation soignée, un cadre léché, une photographie inspirée et un casting haut de gamme excellemment dirigé auquel s’ajoutent Gary Oldman, Tommy Lee Jones, Ryan Reynolds, Jordi Mollà, Gal Gadot, Michael Pitt, Alice Eve et Scott Adkins.
Croisement entre La Machine de François Dupeyron (à réhabiliter et d’ailleurs à quand en DVD ?), Volte/Face de John Woo et Renaissances de Tarsem Singh pour lequel Ryan Reynolds fait d’ailleurs étrangement le lien, le quatrième long métrage trouve sa propre identité après un prologue très « Jason Bourne ». Un petit élément de science-fiction vient ensuite se greffer à l’histoire d’espionnage, en gros un anarchiste espagnol est sur le point de s’emparer d’un virus informatique grâce auquel il pourrait contrôler l’armement de toutes les nations. Jerico Stewart (Kevin Costner) est un prisonnier placé sous haute-surveillance qui a passé plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux. Il est utilisé comme cobaye dans une expérience scientifique, dernière chance pour mettre la main sur celui qui menace la planète. Décédé lors d’une mission où il devait faire passer aux Etats-Unis un hacker repenti détenant le secret du piratage informatique, la partie encore active du cerveau de l’agent de la CIA Bill Pope (Ryan Reynolds) est transplantée dans celui de Jerico Stewart, qui possède une particularité rare puisqu’une partie de son cerveau demeure en jachère. Cette expérience menée par le Dr. Franks (Tommy Lee Jones) sous la supervision de Quaker Wells (Gary Oldman) l’agent chargé de l’affaire, va donner quelques résultats troublants. Mais Jerico parvient (évidemment) à se faire la malle. Toutefois, il est rattrapé par les souvenirs, les réflexes, la déontologie et les talents de Bill Pope. Jerico Stewart doit se rendre à l’évidence, il ressent pour la première fois. Assailli par des sentiments, il découvre que Bill Pope était marié et père d’une petite fille. Il décide de leur rendre une petite visite…
Voilà en gros le résumé de la première partie de cet excellent thriller, qui n’a malheureusement connu aucun succès dans les salles. Le scénario possède un côté old-school proche du divertissement des années 1990. Cela n’a rien d’étonnant quand on constate que Criminal – Un espion dans la tête a été écrit par Douglas Cook et David Weisberg, scénaristes du cultissime Rock de Michael Bay. Le récit est solidement tenu, le rythme lent mais maîtrisé et la ville de Londres offre un décor atypique à l’ensemble, qui ne manque pas de classe. Kevin Costner avait d’abord refusé le rôle principal deux fois de suite en raison d’un scénario trop paresseux. Oui bon d’accord, il avait récemment accepté celui de Luc Besson pour 3 Days to Kill le navet de McG, mais cela lui a peut-être servi de leçon ! Toujours est-il que les réécritures ont visiblement porté leurs fruits, d’autant plus que Kevin Costner s’est ensuite non seulement impliqué à fond dans l’incarnation de Jerico, mais également dans la salle de montage où il a donné un coup de main au réalisateur.
Le film ne repose pas sur ses scènes d’action, finalement peu présentes, mais sur l’évolution de son personnage et l’émotion affleure là où on l’attendait le moins. Si Criminal – Un espion dans la tête contentera les adeptes du cinéma d’action, ce thriller vaut surtout pour l’exceptionnelle performance de Kevin Costner, bad-ass dans ce rôle musclé, sombre, complexe et violent. En un mot impérial.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Criminal – Un espion dans la tête, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Pour sa sortie dans les bacs, le film d’Ariel Vromen arbore le même visuel que l’affiche d’exploitation française. Le menu principal est sobre, animé et musical.
La section des suppléments comprend tout d’abord quatre petites scènes coupées (4’). Nous retiendrons notamment la première qui montre Bill Pope (Ryan Reynolds) tuer un des hommes de Xavier Heimdahl (Jordi Mollà) qui le traquaient. La troisième confronte le Dr. Franks à Xavier Heimdahl, qui s’en prend à sa mère dans une maison de repos.
A l’occasion de la sortie de Criminal – Un espion dans la tête dans les salles françaises, Kevin Costner et Ariel Vromen se plient au jeu de la promotion. Le comédien parle de son personnage, de la façon dont il l’a abordé et considère qu’il s’agit d’un de ses rôles les plus intéressants. De son côté, le réalisateur parle de ses références (Sidney Lumet, William Friedkin, Alan J. Pakula, Tony Scott et Michael Mann) et des partis pris. Quelques images dévoilent l’envers du décor avec le cinéaste à l’oeuvre sur le plateau avec ses acteurs.
Mais le plus gros de cette interactivité s’avère le making of (40’), composé cette fois encore d’images issues des prises de vues, mais également de formidables interviews de l’équipe du film (producteurs, scénariste, réalisateur, comédiens, compositeur), notamment Kevin Costner qui parle de sa carrière sans langue de bois, posément, en avouant également avoir refusé le rôle deux fois de suite car il ne trouvait pas le scénario à la hauteur. Les acteurs parlent essentiellement du personnage atypique de Kevin Costner et de leur collaboration avec lui. Ariel Vromen a ensuite proposé au comédien de participer au montage pendant une quinzaine de jours. Ses précieux conseils l’ont notamment aidé à revoir l’intégralité des scènes déjà montées, mais également celles qu’il avait mises de côté.
L’Image et le son
Ce master HD (1080p, AVC) de Criminal – Un espion dans la tête ne déçoit pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens, la clarté est de mise, le léger grain respecté, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les très nombreuses scènes sombres et la belle photographie marquée par des teintes chaudes est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.
Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film.
L’éditeur joint également les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.
Lors d’une mission de routine, deux astronautes américains découvrent un étrange cocon dans l’épave d’un vaisseau spatial d’origine inconnue, ainsi que le corps d’un humanoïde qui serait mort depuis… 14 000 ans. Ils ramènent leur découverte sur Terre et sont renvoyés sur la lune, où la NASA espère découvrir l’explication de ces mystères.
Un alien, un ballon de rugby qui sonne creux
Moontrap (1989) est un nanar de l’espace ! Production Shapiro / Glickhenhaus complètement fauchée, aux maquettes jamais crédibles, aux décors hilarants, au montage catastrophique, nous sommes ici en plein divertissement bas de gamme, mais qui parvient tout de même à distraire ! L’affiche est pourtant prometteuse. Réunir Walter Koenig (Chekov de la série et des films Star Trek) et Bruce Campbell (Evil Dead, Mort sur le Grill, Maniac Cop) dans un film de science-fiction avec en fond une invasion de la Terre par des aliens, excusez du peu ! Mais il faut bien se rendre à l’évidence, Moontrap, également en France sous le titre Péril sur la Lune, est en fait un « narvet », à mi-chemin entre le nanar et le navet, mais comprenant plus de sang nanar. Cela fait donc peser Moontrap du bon côté de la balance puisqu’on ne s’ennuie pas devant cette suite de scènes mal reliées, surjouées avec un Walter Koenig qui disparaît sous le fond de teint et Bruce Campbell qui reste les yeux écarquillés à chaque apparition.
Toutes les supposées punchlines tombent systématiquement à plat, tout comme les scènes d’action où les personnages affrontent des créatures venues d’ailleurs constituées d’un ballon de rugby, de morceaux de robots et de « pièces détachées » humaines. Ce qui nous vaut quelques fusillades sans consistance et forcément très amusantes. Outre l’interprétation neurasthénique, nous retiendrons également la superbe poitrine de la comédienne Leigh Lombardi, dévoilée dans une scène aussi gratuite qu’improbable dans un igloo-airbag. Si l’on pousse le bouchon, on peut y voir le film qui aura inspiré d’autres nanars comme Transformers 3 – La Face cachée de la Lune de Michael Bay et même Independence Day de Roland Emmerich. Certaines séquences se répondent, notamment celle de la présence de robots le 20 juillet 1969 pour le premier, et le gigantesque vaisseau-mère qui s’apprête à envahir la Terre pour le second.
Moontrap est une œuvre qui s’amuse à faire l’aller-retour entre la série B et la série Z, qui essaye de faire fi de son manque de moyens en gardant la tête haute, ou plutôt celle des poupées en scaphandre sur la maquette du module lunaire. Il y a donc un côté attendrissant et désuet (on pense même à Planète interdite et à ses ersatz des années 1950) devant ce système D. Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Robert Dyke, responsable des miniatures sur Evil Dead 2 et des effets spéciaux de Bigfoot et les Henderson, fait visiblement le maximum avec ce qu’on a pu lui obtenir, autrement dit 3 millions de dollars. Moontrap n’a aucune autre prétention que divertir les spectateurs et il y parvient sans ennuyer. Mission accomplie ? Affirmatif !
LE DVD
Jusqu’alors inédit en France, Moontrap est enfin disponible en DVD dans nos contrées. Dommage pour l’édition HD, disponible en import américain et allemand. Remercions tout de même Rimini Editions pour cette sortie française ! Le DVD repose dans un boîtier Amaray classique de couleur noire. Le menu principal est légèrement animé sur la musique du film. La jaquette est très réussie et attractive.
Malheureusement, les suppléments semblent avoir été aspirés dans un trou noir. En revanche, l’éditeur propose la version longue du film (85’), plus longue de 4 minutes par rapport au montage connu des cinéphiles.
Des produits dérivés ? Non, des plans tirés du film
L’Image et le son
Aïe aïe aïe ! Bon alors, commençons par ce qui est positif. La copie est propre, même si divers points blancs font une apparition ici et là, mais le nettoyage est convaincant. Bon, ça c’était pour ce qui allait. Quant au reste…on ne sait pas d’où provient ce nouveau master (Haute-Définition annonce la jaquette), mais force est de constater qu’il paraît bien plus âgé que les 27 bougies du film ! L’image paraît sans cesse floue, la colorimétrie, certes singulière, bave et ne trouve jamais un équilibre convenable, les visages restent cireux et la définition demeure fort médiocre. Mais bon, il s’agit d’un nanar et cela rajoute un peu de piment à l’ensemble. Découvrir ce petit film dans ces conditions n’est finalement pas désagréable.
Walter Koenig appelle son agent
Seule la version courte du film est disponible en version française. Le doublage est parfois improbable et donc souvent tordant. Les voix sont parfois étriquées, grinçantes, de temps en temps à la limite de la saturation. La piste anglaise, présente sur les deux versions, s’avère plus « harmonieuse », même si l’ensemble manque d’homogénéité entre les dialogues, les effets et la musique. Les deux versions manquent de punch et il ne faut donc pas hésiter à monter le volume. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la piste anglaise.
LA VENGEANCE DE L’HOMME INVISIBLE (The Invisible Man’s Revenge)réalisé par Ford Beebe, disponible en combo Blu-ray/DVDle 21septembre 2016 chez Elephant Films.
Acteurs: Jon Hall, Leon Errol, John Carradine, Alan Curtis, Evelyn Ankers, Gale Sondergaard…
Scénario: Bertram Millhauser
Photographie: Milton R. Krasner
Musique: Hans J. Salter
Durée: 1h17
Date de sortie initiale: 1944
LE FILM
Robert Griffin a été dupé et laissé pour mort en Afrique par certains collègues il y a plusieurs années. Ayant survécu, le revanchard Griffin retourne en Angleterre où il rencontre un génial scientifique espérant tester une nouvelle formule spéciale. Sa vengeance est bientôt à portée de main. La folle injection du Docteur rend Robert invisible, lui permettant ainsi d’approcher discrètement ceux qui jadis l’avaient trahis. Griffin détruit systématiquement ses ennemis grâce à cette nouvelle faculté d’invisibilité, mais découvre que ses nouveaux pouvoirs ne peuvent pas être utilisés aussi facilement. Les effets secondaires commencent à se faire ressentir…
Nous avions laissé notre Homme invisible s’échapper de Berlin dans L’Agent invisible contre la gestapo. Qu’allait-il lui arriver dans ses prochaines aventures ? Il faudra attendre deux ans pour que La Vengeance de l’Homme invisible – The Invisible Man’s Revenge débarque sur les écrans américains en août 1944. Nous avons affaire à un nouvel Homme invisible, mais quelle est donc cette vengeance qui l’anime et qui donne son titre à ce cinquième opus de la franchise ? Dans ce formidable film noir fantastique, le protagoniste principal, devenu invisible grâce à un sérum révolutionnaire, va utiliser ce pouvoir pour se venger de quelques individus qui l’ont laissé pour mort au Tanganyika en le détroussant d’une fortune en diamants qui lui revenait de droit. Frappé à la tête et ayant souffert d’amnésie, désormais guéri et de retour d’Afrique dans son pays après avoir voyagé comme passager clandestin, rien ni personne n’arrêtera désormais Griffin dans sa quête de vengeance.
Réalisé par un certain Ford Beebe (1888-1978), La Vengeance de l’Homme invisible poursuit la saga Universal Monsters – Invisible Man, tout en l’emmenant sur une nouvelle voie. Après la comédie, le film d’espionnage, le film de guerre, l’Homme invisible devient un véritable Edmond Dantès. Cet épisode emprunte au Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas et s’avère passionnant dans son mélange des genres. Curt Siodmak laisse cette fois sa place au scénariste Bertram Millhauser, auteur d’un Sherlock Holmes à Washington en 1943 ou du Caïd avec Humphrey Bogart en 1942. Le ton revient à celui des deux premiers films. En dehors de la scène très réussie des fléchettes, dans lequel l’Homme invisible aide un complice bien imbibé à remporter un tournoi, l’humour y est beaucoup moins présent que dans les précédents volets. Après L’Agent invisible contre la gestapo, Jon Hall est de retour dans le rôle principal, même si le personnage est totalement différent. Plus froid dans son interprétation, le comédien campe un Robert Griffin – référence au protagoniste original même si sans aucun lien – inquiétant, manipulateur et déterminé à se venger de ceux qui l’ont doublé. C’est alors qu’il croise la route du Docteur Drury, incarné par l’immense John Carradine, qui l’utilise alors comme cobaye dans ses expériences visant l’invisibilité. Après avoir rendu un perroquet et deux chiens invisibles, il est temps pour lui de tenter de rendre un être humain invisible.
Les effets spéciaux n’ont eu de cesse de s’améliorer de film en film, ce qui est encore le cas pour cet opus. La « présence » suggérée de l’Homme invisible reste réellement bluffante pour l’époque – à l’instar de la main dans l’aquarium ou le visage recouvert de farine – et ravit toujours les yeux aujourd’hui. L’intrigue est rondement menée, souvent passionnante. Mais il s’agit du dernier baroud d’honneur de cet Homme invisible chez Universal et il faudra attendre le début des années 1950 pour « revoir » cet être dématérialisé sur le grand écran aux côtés…d’Abbott et Costello dans Deux nigauds contre l’homme invisible.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de La Vengeance de l’Homme invisible, disponible chez Elephant Films dans la désormais impressionnante et indispensable collection Cinéma Monster Club, a été réalisé à partir d’un check-disc. L’édition HD est accompagnée du DVD dans un combo élégamment présenté. Le menu principal est animé et musical.
Dans la section des suppléments, nous trouvons tout d’abord une présentation du film (6’) par le journaliste Jean-Pierre Dionnet. Comme à son habitude, ce dernier revient particulièrement sur le réalisateur, les scénaristes et le casting, ainsi que sur l’orientation originale de ce nouvel opus.
On retrouve également un module où Dionnet expose le thème de l’Homme Invisible (13′), décliné à travers les arts, de la littérature (H.G. Wells bien sûr) et au cinéma, du film de James Whale en 1933, ses suites qui suivront dans les années 1940, tout en passant rapidement sur les films de John Carpenter et de Paul Verhoeven. Jean-Pierre Dionnet évoque également les effets spéciaux miraculeux de John P. Fulton.
L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, les credits du disque ainsi que les nombreuses bandes-annonces des films disponibles dans la même collection. Toutefois, ne figure pas celle de La Vengeance de l’Homme invisible !
L’Image et le son
Si l’on excepte quelques griffures, décrochages sur les fondus enchaînés et divers fourmillements sur les images composites des séquences comprenant des effets spéciaux, alors il n’y a rien à redire sur le master HD de La Vengeance de l’Homme invisible. Le N&B est riche, les noirs denses et les blancs lumineux, la copie affiche une stabilité enthousiasmante et les contrastes sont à l’avenant. Ce Blu-ray au format 1080p ravit les yeux et participe à la redécouverte de cette excellente franchise. Merci Elephant Films !
La bande-son a également été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en DTS HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts. Le confort acoustique est très appréciable, sans souffle parasite ni craquements intempestifs.
L’AGENT INVISIBLE CONTRE LA GESTAPO (Invisible Agent) réalisé par Edwin L. Marin, disponible en DVD le 21 septembre 2016 chez Elephant Films.
Acteurs: Ilona Massey, Jon Hall, Peter Lorre, Cedric Hardwicke, J. Edward Bromberg, Albert Bassermann, John Litel, Holmes Herbert…
Scénario: Curt Siodmak
Photographie: Lester White
Musique: Hans J. Salter
Durée: 1h20
Date de sortie initiale: 1942
LE FILM
Frank Raymond, le petit-fils de «l’homme invisible», vit sous une fausse identité à New York. Mais il est repéré par deux agents secrets, le baron Ikito et Conrad Stauffer, qui oeuvrent pour les forces de l’Axe. Ceux-ci veulent à tout prix mettre la main sur la fameuse formule permettant de devenir invisible. Frank parvient à leur échapper et se met alors au service des Alliés. Parachuté sur Berlin, il a pour mission d’aider au démantèlement d’un réseau d’espions infiltrés aux Etats-Unis…
Suite au succès de la comédie-fantastique La Femme invisible, les studios Universal comptent bien exploiter le filon, d’autant plus que les deux derniers épisodes ont su renouveler la franchise Invisible man. Cependant, il faudra attendre 1942 pour que l’Homme invisible fasse son retour sur les écrans. Alors que la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939 et que les Etats-Unis entrent à leur tour dans le conflit armé suite à l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, le cinéma soutient l’effort de guerre à travers quelques films. Le patriotisme est mis à l’avant, les horreurs nazies sont évoquées, les agents secrets ont la cote. C’est alors le bon moment pour qu’Universal dégaine un Agent invisible contre la Gestapo – Invisible Agent, réalisé par l’américain Edwin L. Marin (1899-1951). Ancien assistant opérateur à la MGM et à la RKO, il devient réalisateur au début des années 1930 et signera une œuvre éclectique, entre le western et le film-musical, comptant une soixantaine de longs métrages, parmi lesquels A Christmas Carol (1938) adapté de Charles Dickens, ou bien encore L’Amazone aux yeux verts (1944) avec John Wayne.
Alors qu’il vient d’achever le script du Loup-garou, Curt Siodmak reprend du service pour celui de cet Agent invisible, évidemment plus axé sur les événements qui secouent le monde entier. Le comédien qui prêtera ses traits, ou plutôt sa voix comme on ne le verra quasiment pas du film, est Jon Hall, jeune premier vu dans quelques séries B d’aventures aux titres explicites Pago-Pago, île enchantée, Aloma, princesse des îles ou bien encore The Tuttles of Tahiti. L’Agent invisible contre la gestapo lui permet de changer de registre et de s’affirmer devant la caméra. Il donne la réplique à l’actrice et chanteuse d’origine hongroise Ilona Massey, mais la véritable vedette du film est un des comédiens les plus inoubliables des années 1930-1940, il s’agit bien sûr de Peter Lorre dans le rôle du Baron Ikito. Son jeu inimitable, son faciès inquiétant, les petites lunettes rondes qu’il arbore, sa voix calme, font de lui le personnage le plus mémorable, surtout lorsqu’il se prépare à trancher les doigts de Frank Raymond pour « le faire parler ». Par ailleurs, son personnage rappelle celui du Major Arnold Toht des Aventuriers de l’Arche perdue de Steven Spielberg. Après sa participation au Retour de l’homme invisible, Cedric Hardwicke est à nouveau de la partie, mais dans un autre rôle, celui du perfide Conrad Stauffer.
Véritable film d’espionnage typique de l’époque, agrémenté bien évidemment de touches fantastiques avec la « présence » de l’Homme invisible, L’Agent invisible contre la gestapo est un divertissement haut de gamme doublé d’un film de propagande. La recherche du sérum d’invisibilité est ici prétexte pour montrer les méthodes d’interrogation de la gestapo, à l’instar de l’introduction qui place le petit-fils de l’ancien Homme invisible, en fâcheuse posture. Les forces de l’Axe veulent s’emparer de cette invention qui pourrait devenir une arme redoutable pour remporter la guerre. Japonais et Allemands font front commun, mais après l’attaque de Pearl Harbor (visible à travers quelques images d’actualités), les Etats-Unis et l’Angleterre sont bien décidés à renverser la situation et parviennent à convaincre Frank Raymond, alors détenteur du sérum, de devenir lui-même un agent pour aider son pays. Devenant invisible, il est parachuté au-dessus de Berlin et son enquête commence. Il est chargé de collecter des renseignements sur un possible attentat visant les Etats-Unis.
Le film oscille entre un portrait chargé sur le IIIe Reich et un décalage humoristique quelque peu déplacé, surtout lorsque le nazi (ou une caricature plutôt) Karl Heiser, interprété par J. Edward Bromberg, est ridiculisé à table par Frank. La scène est sans doute très réussie et drôle, tout comme le fait que Frank se tartine de crème hydratante pour être vu, mais ce changement de ton déséquilibre l’ensemble. Ajoutez à cela des allemands qui parlent évidemment anglais entre eux ! Mais L’Agent invisible contre la gestapo est une réussite. Les dialogues sont percutants, le dernier acte, plus grave, s’avère plus sobre avec quelques scènes mémorables. Les effets spéciaux du maître John P. Fulton sont également très soignés et impressionnants, tout comme les péripéties rencontrées par notre héros invisible. La saga Invisible man est décidément la meilleure des Universal Monsters !
LE DVD
Le test du DVD de L‘Agent invisible contre la gestapo, disponible dans l’indispensable collection Cinéma Monster Club éditée chez Elephant Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Mention spéciale au visuel, très réussi, de la jaquette et du fourreau cartonné.
En guise d’interactivité, le journaliste Jean-Pierre Dionnet nous livre une présentation du film (12′) en le replaçant surtout dans son contexte historique. Le casting qu’il juge « éblouissant » est ensuite passé au peigne fin, tout comme une partie de l’équipe technique.
On retrouve également un module où Dionnet expose le thème de l’Homme Invisible (13′), décliné à travers les arts, de la littérature (H.G. Wells bien sûr) et au cinéma, du film de James Whale en 1933, ses suites qui suivront dans les années 1940, tout en passant rapidement sur les films de John Carpenter et de Paul Verhoeven. Jean-Pierre Dionnet évoque également les effets spéciaux miraculeux de John P. Fulton.
L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, les credits du disque ainsi que les nombreuses bandes-annonces des films disponibles dans la même collection.
L’Image et le son
Le master de L’Agent invisible contre la gestapo est présenté dans son format respecté 1.33. La copie s’avère claire et lumineuse, propre, stable. Les contrastes sont élégants, les noirs denses flattent les mirettes. Remercions encore Elephant Films de nous permettre de (re)découvrir ce film d’espionnage-fanstastique dans de belles conditions.
La bande-son a été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, sont dynamiques et le confort acoustique très appréciable.
LA FEMME INVISIBLE (The Invisible Woman) réalisé par A. Edward Sutherland, disponible en DVD le 21 septembre 2016 chez Elephant Films
Acteurs : Virginia Bruce, John Barrymore, John Howard, Charles Ruggles, Oskar Homolka, Edward Brophy, Margaret Hamilton…
Scénario : Joe May, Kurt Siodmak, Robert Lees, Frederic I. Rinaldo, Gertrude Purcell
Costumes : Vera West
Musique : Frank Skinner
Durée : 1h09
Date de sortie initiale : 1940
LE FILM
L’excentrique Professeur Gibbs, brillant mais imprévisible, financé par un riche et séducteur avocat, invente une machine qui a la particularité de rendre invisible. Il cherche à faire l’essai sur un cobaye et trouve Kitty Carroll, une très jolie mannequin, qui pense que devenir invisible l’aidera un peu plus dans la vie. Les complications surviennent lorsque trois gangsters volent la machine pour l’utiliser sur leur patron. Mais leur butin ne sera que plus difficile à préserver face à la détermination de la femme Invisible !
Au début des années 1940, les Studios Universal se frottent les mains. La créature de Frankenstein, le Loup-garou, Dracula, la Momie et l’Homme Invisible ont désormais leurs propres sagas et les suites sont produites à la pelle. C’est ainsi que Le Retour de l’Homme invisible de Joe May a permis une remise en avant et avec un grand succès cet homme ayant la faculté de disparaître grâce à un sérum révolutionnaire, qui a cependant pour effets secondaires de le rendre fou et dangereux.
A peine un an sépare La Femme invisible de l’épisode précédent. Non seulement les studios ont décidé cette fois de rendre une actrice invisible, mais en plus la production a voulu changer de registre en intégrant cette fois cet élément fantastique dans une screwball comedy à la Howard Hawks ou à la George Cukor. Ce n’est pas le réalisateur de L’Impossible Monsieur Bébé ni celui de Sylvia Scarlett que l’on retrouve derrière la caméra, mais un certain A. Edward Sutherland.
Cinéaste britannique (1895-1973) jusqu’alors spécialisé dans les comédies mettant en scène le nez de W.C. Fields, le duo Laurel et Hardy et la croupe de Mae West, A. Edward Sutherland signe ici un vrai petit chef d’oeuvre burlesque et débridé, mené à cent à l’heure.
La femme invisible éponyme c’est Virginia Bruce, sublime révélation aperçue au cinéma dans Parade d’amour – The Love Parade d’Ernst Lubitsch. Quasi-inconnue à l’époque et aujourd’hui totalement oubliée, cette jeune comédienne de 30 ans est pourtant ici extraordinaire. Un talent comique à couper le souffle, une énergie contagieuse, une beauté qui crève l’écran. Ses scènes avec l’immense John Barrymore sont souvent hilarantes et on ne peut que se demander comment une telle actrice n’a pas réussi à percer véritablement au début des années 1940. Mention spéciale également au comédien John Howard, le troisième homme d’Indiscrétions (The Philadelphia Story) de George Cukor, déjà rompu à ce genre d’exercice, celui de la comédie aux dialogues enlevés, qui se chevauchent, qui emportent tout. Même chose pour Charles Ruggles (L’Impossible Monsieur Bébé), hilarant valet, qui n’arrête pas de se prendre les pieds dans le tapis et de se relever en gardant son flegme.
Cette œuvre brillante, écrite entre autres par le spécialiste Curt Siodmak, joue habilement avec la censure de l’époque avec quelques sous-entendus coquins, surtout lorsque l’on sait que la femme invisible – excellents effets spéciaux par ailleurs – se promène évidemment nue sous le nez des passants. La Femme invisible ne devrait pas le rester et chaque cinéphile devrait se ruer immédiatement sur ce joyau de la comédie-fantastique.
LE DVD
Le test du DVD de Blu-ray de La Femme Invisible, disponible dans l’impressionnante et indispensable collection Cinéma Monster Club éditée chez Elephant Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et muet. Mention spéciale au visuel, très réussi, de la jaquette et du fourreau cartonné.
En guise d’interactivité, le journaliste Jean-Pierre Dionnet nous livre une présentation du film (9′) en avouant d’emblée avoir découvert La Femme Invisible pour la première fois à l’occasion de sa sortie en DVD. « Et quelle surprise » dit Dionnet qui n’hésite pas à qualifier le film de vrai chef d’oeuvre, en comparant le jeu de Virginia Bruce à celui de Katharine Hepburn. Le reste du casting est ensuite passé au peigne fin, tout comme une partie de l’équipe technique.
On retrouve également un module où Dionnet expose le thème de l’Homme Invisible (13′), décliné à travers les arts, de la littérature (H.G. Wells bien sûr) et au cinéma, du film de James Whale en 1933, ses suites qui suivront dans les années 1940, tout en passant rapidement sur les films de John Carpenter et de Paul Verhoeven. Jean-Pierre Dionnet évoque également les effets spéciaux miraculeux de John P. Fulton.L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, les credits du disque ainsi que les nombreuses bandes-annonces des films disponibles dans la même collection.
L’image et le son
Le N&B est clair, léger, mais l’ensemble manque de concision. La gestion des contrastes est aléatoire, divers fourmillements demeurent, certains effets de pompage également. Le grain cinéma est heureusement restitué, tout comme les partis pris de rendre plus ouatés les plans sur Virginia Bruce. Les scènes comprenant des effets visuels sont les plus déséquilibrés en raison des trucages avec plusieurs images superposées et incrustations. Ces séquences appuient les points, griffures et tâches inhérentes aux conditions de la postproduction. Dans l’ensemble l’image est propre et offre de belles conditions pour (re)découvrir ce bijou.
La bande-son a été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, sont dynamiques et le confort acoustique très appréciable.
Réalisation :Joe May Acteurs : Cedric Hardwicke, Vincent Price, Nan Grey, John Sutton, Cecil Kellaway, Alan Napier, Forrester Harvey Scénario :Lester Cole, Curt Siodmak, d’après les personnages et le roman créés par H.G. Wells Musique :Hans J. Salter, Frank Skinner
Combo Blu-ray/DVD disponible chez Elephant Films le 21 septembre 2016.
LE FILM
Condamné à mort pour un crime qu’il n’a pas commis, Sir Geoffrey Radcliffe reçoit la visite du docteur Frank Griffin – le frère de l’homme invisible. Persuadé de l’innocence de Radcliffe, Griffin lui fournit le sérum d’invisibilité, lui permettant ainsi de s’échapper, et de se lancer sur les traces du coupable…
Réalisé par Joe May, cinéaste allemand né Julius Otto Mandl (1880-1954), Le Retour de l’Homme invisible – The Invisible Man Returns, est comme son titre l’indique la suite directe du chef d’oeuvre de James Whale mis en scène en 1933 et inspiré du roman de H.G. Wells publié en 1897. Ce second opus de la franchise Universal Monsters – Invisible Man s’avère tout à fait digne du premier et saura relancer une franchise qui comptera au final cinq films, six si l’on compte l’épisode parodique avec Abbott et Costello, Deux nigauds contre l’homme invisible, réalisé au début des années 1950. Le scénario de ce très attendu Retour, est confié aux scénaristes Lester Cole et Curt Siodmak. Si le premier demeure malheureusement plus connu pour avoir été une des victimes du maccarthysme et inscrit sur la Liste noire à Hollywood, le second, frère du cinéaste Robert Siodmak, deviendra un habitué du genre fantastique. Il sera l’auteur du Loup-Garou (1941), Frankenstein rencontre le Loup-Garou (1942), Le Fils de Dracula (1943) et La Maison de Frankenstein (1944). A partir d’un petit bijou de scénario, Joe May livre un vrai chef d’oeuvre du genre, qui parvient à respecter l’oeuvre originale, le plus grand succès des studios Universal en 1933, tout en offrant quelque chose de frais et de nouveau aux spectateurs.
Si Le Retour de l’Homme invisible est moins sombre que le film de James Whale, il n’en demeure pas moins que l’aventure est au rendez-vous du début à la fin. Même si les effets visuels étaient déjà épatants en 1933, ils se sont encore améliorés en sept années et certaines séquences restent encore bluffantes aujourd’hui grâce encore une fois au travail du pionnier en la matière, John P. Fulton. La magie fonctionne, tout comme l’enquête policière et les changements de ton. A ce titre, le sérum permettant l’invisibilité change progressivement la mentalité et les desseins de celui qui se l’est fait injecté. Du coup, un homme, accusé à tort d’un meurtre, parvient à s’évader de prison juste avant d’être exécuté, grâce à l’aide inespérée du frère de Dr. Jack Griffin, (anti)héros du premier film (dont les faits se déroulent 9 ans avant), qui détient la formule tant convoitée. Menant son enquête grâce à ce nouveau don, Geoffrey Radcliffe va découvrir ce pouvoir et surtout ce qu’il est désormais capable d’accomplir. Devant la femme qui l’aime et celui qui l’a aidé à s’en sortir, il commence à avoir des rêves de grandeur, à devenir cynique, violent et menaçant. Ce personnage est incarné par l’immense Vincent Price, dans une de ses premières apparitions au cinéma. Même s’il « n’apparaît » que de manière subliminale à l’écran, le comédien possède autant si ce n’est une plus grande présence que son prédécesseur Claude Rains, déjà immense dans le rôle-titre. Doté d’une des plus grandes voix de l’histoire du cinéma, Vincent Price crève l’écran, même quand « n’apparaît pas » à l’écran. Il est assurément un si ce n’est le plus grand Homme invisible de l’Histoire du cinéma.
Avec quelques touches d’humour, des rebondissements rythmés, une mise en scène énergique (la séquence des fumigènes est un sommet), des effets visuels étonnants (nommés pour un Oscar en 1941), une interprétation au diapason, Le Retour de l’Homme invisible s’impose comme une des plus belles, une des plus grandes réussites fantastiques des Studios Universal des années 1940.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray du Retour de l’Homme invisible, disponible chez Elephant Films dans la désormais impressionnante et indispensable collection Cinéma Monster Club, a été réalisé à partir d’un check-disc. L’édition HD est accompagnée du DVD dans un combo élégamment présenté. Le menu principal est animé et musical.
Du point de vue bonus, le journaliste Jean-Pierre Dionnet nous livre une présentation du film (12′) et revient particulièrement sur le réalisateur, les scénaristes et le casting.
On retrouve également un module où Dionnet expose le thème de l’Homme Invisible (13′), décliné à travers les arts, de la littérature (H.G. Wells bien sûr) et au cinéma, du film de James Whale en 1933, ses suites qui suivront dans les années 1940, tout en passant rapidement sur les films de John Carpenter et de Paul Verhoeven. Jean-Pierre Dionnet évoque également les effets spéciaux miraculeux de John P. Fulton.
L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, les credits du disque ainsi que les nombreuses bandes-annonces des films disponibles dans la même collection.
L’Image et le son
Ce Blu-ray au format 1080p proposée par Elephant Films contient une version restaurée du Retour de l’Homme invisible. La copie – dans son format original 1.33 – est vraiment très belle, même si quelques points et petites scories se font encore voir, mais cela demeure anecdotique. Des fondus enchaînés décrochent légèrement et un bruit vidéo est notable sur les séquences à effets spéciaux, mais l’encodage AVC reste solide. Le noir et blanc est ferme, la luminosité des séquences diurnes fait plaisir. Certaines scènes parviennent à sortir du lot grâce à un relief impressionnant, tandis que les contrastes sont assurés. Le grain cinéma est évidemment conservé avec un véritable équilibre.
La bande-son a été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en DTS HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts. Le confort acoustique est très appréciable et les craquements, inhérents à l’âge du film, ne sont pas du tout gênants.
Réalisation : Nicolas Roeg Acteurs : David Bowie, Rip Torn, Candy Clark, Buck Henry, Bernie Casey, Jackson D. Kane Scénario : Paul Mayersberg d’après le roman de Walter Tevis Musique : John Phillips, Stomu Yamashta
Blu-ray disponible chez Potemkine Films le 9 juin 2016.
LE FILM
Thomas Jérôme Newton semble avoir survécu à un crash aérien au Nouveau Mexique. Il se dit britannique et apporte avec lui 9 brevets scientifiques révolutionnaires. Propulsé à la tête d’un empire financier colossal, il manifeste très vite un comportement étrange qui trahira ses véritables origines.
David Bowie, un alien de la musique…et au cinéma
En 1975, David Bowie arrive dans sa période soul/funk. Accro à la cocaïne, il sombre dans la paranoïa et les délires mystiques. Incapable de contrôler son image publique, il change à nouveau de « peau » pour se diriger vers un autre courant musical. C’est dans ces conditions que la rockstar tourne L’Homme qui venait d’ailleurs (The Man Who Fell to Earth), réalisé par Nicolas Roeg en 1975. Le cinéaste de Ne vous retournez pas et de Walkabout va alors contribuer au mythe de David Bowie en se servant de son aura, de son physique, de sa présence, et l’imprimer sur pellicule pour ce qui s’avère être son film le plus étrange. Bowie y incarne un alien échoué sur Terre afin de trouver de l’eau pour lutter contre la sécheresse qui dévaste sa planète. Il y a laissé sa femme et ses enfants, qui apparaissent sous forme de rêves et de flash-backs. Ayant pris forme humaine et sous l’identité du brinnatique Thomas Jérôme Newton, il parvient à bâtir un empire industriel en déposant neuf brevets scientifiques révolutionnaires, notamment dans le domaine des films à développement instantané. Cette maîtrise de technologies futuristes et les secrets autour de son identité attirent la curiosité de personnes mal intentionnées. Devenu milliardaire, il fait construire un vaisseau spatial par une de ses sociétés, afin de pouvoir regagner sa planète. Il rencontre alors Mary-Lou, qui vient alors bouleverser l’ordre des choses.
Un conte philosophique de science-fiction
Les questions existentielles, les rapports entre l’homme et la femme, de l’homme à la nature (ici une catastrophe écologique qui ravage une autre planète) sont cette fois encore au centre du quatrième long métrage de Nicolas Roeg, même s’il s’agit ici d’un récit de science-fiction. Les chanteurs ont toujours inspiré le réalisateur. Après Mick Jagger dans Performance (co-réalisé avec Donald Cammell) en 1970 et avant Art Garfunkel dans Enquête sur une passion en 1980, c’est donc au tour de David Bowie d’être dirigé par Nicolas Roeg, dans son premier vrai rôle au cinéma. Enfin dirigé est un bien grand mot tant la rockstar a semble t-il envoûté le réalisateur qui se contente essentiellement de le filmer sous tous les angles. Comme s’il cherchait lui-même à percer le mystère qui entourait alors cet être hors-du-commun. Film singulier, qui ne ressemble à aucun autre, qui déconcerte, agace, ennuie, subjugue et hypnotise par son récit éclaté, L’Homme qui venait d’ailleurs, librement adapté du roman L’Homme tombé du ciel de l’écrivain américain Walter Stone Tevis publié en 1963, est un pur film de Nicolas Roeg. Un kaléidoscope d’images, de séquences qui s’opposent et qui se répondent à la fois, une expérience sensorielle, qui ne livrera jamais toutes ses clés même au fil de nombreux visionnages. Le charisme androgyne unique de David Bowie est immense. Ce rôle lui va évidemment comme un gant, d’autant plus que son personnage finit par devenir une rock-star en sortant un album sous le nom de The Visitor à la fin du film. Un album réalisé dans l’espoir que la femme qu’il aime et qui l’attend, puisse l’entendre à la radio. Un vecteur de communication, comme Bowie lui-même avec ses fans à travers le monde.
La légende Bowie
Roeg s’amuse à jouer avec les frontières entre Bowie et son personnage, et participe donc à sa légende. A la mort de l’artiste en 2016, une grande partie de la presse a titré « Mort de l’Homme qui venait d’ailleurs ». La boucle est bouclée. Enfin presque, puisque le film a connu une suite au théâtre, imaginée par David Bowie himself. La comédie musicale Lazarus s’est jouée à Broadway fin 2015 avec l’excellent Michael C. Hall dans le rôle principal, quelques jours seulement avant la disparition de Bowie en janvier 2016.
En plus d’être un film de science-fiction important des années 70, L’Homme qui venait d’ailleurs a largement contribué au mythe David Bowie. Quasiment de tous les plans, ce dernier semble traverser le film en lévitation avec son charisme extraordinaire imprimé pour toujours par l’immense réalisateur Nicolas Roeg.
LE BLU-RAY
Le visuel concocté par Potemkine pour la sortie de L’Homme qui venait d’ailleurs en Haute-Définition est très beau et reprend celui du DVD édité en 2015 par le même éditeur. Il en est de même pour le menu principal, animé et musical. La version intégrale Director’s cut du film (139′) est proposée ici, les séquences érotiques coupées pour son exploitation ayant été réintégrées.
Peu de bonus à se mettre sous la dent !
Jusqu’à présent en France, L’Homme qui venait d’ailleurs bénéficiait d’une édition collector en DVD, disponible uniquement en occasion maintenant et souvent à plus de 100 euros ! Cette édition deux DVD disposait des deux versions du film, d’un documentaire Watching the Alien (24′) et un autre intitulé Songes d’une nuit d’un E.T. (16′), ainsi que d’une galerie photos, une plaquette publicitaire et le script dialogué.
Le seul supplément disponible sur ce Blu-ray Potemkine est un entretien croisé (25′) avec Jean-Marc Lalanne, rédacteur en chef des Inrockuptibles, et Linda Lorin, animatrice à Radio Nova. Les deux intervenants replacent tout d’abord L’Homme qui venait d’ailleurs dans la carrière de David Bowie, en insistant particulièrement sur son look. N’attendez pas une analyse du film, mais plutôt un portrait du David Bowie comédien, de L’Homme qui venait d’ailleurs à Furyo, en passant par Le Prestige, Les Prédateurs, La Dernière tentation du Christ et Twin Peaks: Fire Walk with Me.
L’Image et le son
Potemkine livre un très beau master HD restauré qui permet de redécouvrir le film de Nicolas Roeg sous toutes ses coutures. Les splendides partis pris esthétiques du directeur de la photographie Anthony B. Richmond (One + One, Ne vous retournez pas, The Indian Runner) trouvent en Blu-ray (1080p) un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret (exit les poussières, scories, griffures et tâches en tous genres), la photo est savamment restituée, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est probant. Le magnifique cadre large est conservé, la profondeur de champ fort appréciable et seuls quelques plans flous, mouvements de caméra entraînant quelques pertes de la définition et des visages légèrement rosés empêchent d’attribuer la note maximale. Néanmoins, l’encodage AVC demeure solide, la gestion des noirs impeccable, la propreté exceptionnelle et le niveau de détails impressionnant. L’Homme qui venait d’ailleurs qui affiche déjà quarante ans au compteur peut se targuer d’un lifting de premier ordre et d’un transfert d’une folle élégance.
L’encodage DTS-HD Master Audio Stéréo anglais, seule piste disponible sur cette édition, donne un nouveau coffre à la bande originale. Les voix sont claires, les ambiances annexes dynamiques et le confort acoustique largement assuré. Ce mixage est propre et aucun souffle n’est constaté. Les sous-titres français ne sont pas imposés.