Test Blu-ray / The Square, réalisé par Ruben Östlund

THE SQUARE réalisé par Ruben Östlund, disponible en DVD et Blu-ray chez M6 Vidéo le 28 février 2018

Avec :  Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West, Terry Notary, Christopher Laessø, Marina Schiptjenko, Daniel Hallberg, Sofie Hamilton…

Scénario : Ruben Östlund

Photographie : Fredrik Wenzel

Durée : 2h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.

Alors c’est ça la Palme d’or 2017 ? Eeeeh ben…Si le but était de récompenser l’un des films les plus mauvais, pédants, interminables et mégalos du Festival de Cannes, alors oui le cinquième long métrage du réalisateur, scénariste, monteur, producteur et directeur de la photographie Ruben Östlund (né en 1974) méritait sa suprême récompense. Révélé en 2014 par Snow Therapy (prix du Jury Un Certain Regard), le cinéaste a carrément pété un câble et signe un film uniquement destiné à flatter ses pairs dans le but de se faire caresser dans le sens du poil. Froid, on pourrait même dire frigorifique, jamais intéressant, interminable, hermétique, The Square est symbolique de ce qu’est devenu le plus célèbre Festival de Cannes, plaire avant tout à l’élite et rejeter le divertissement populaire.

Christian, père divorcé, est le conservateur d’un musée d’art contemporain installé dans le palais royal de Stockholm. Il prépare une exposition intitulée « The Square », simple carré à l’intérieur duquel les spectateurs seront appelés à être altruistes et à mieux prendre en compte les besoins des autres : « Le Carré est un sanctuaire de confiance et de bienveillance. En son sein, nous avons tous les mêmes droits et les mêmes devoirs ». Or, après avoir aidé lui-même dans la rue une femme qui prétendait être attaquée, il constate qu’il s’agissait d’un piège : son téléphone, son portefeuille et ses boutons de manchette en or ont disparu. Bien que Christian soit un homme qui fasse l’aumône aux mendiants d’Europe centrale, il est pris d’une forme de vengeance jubilatoire à leurs égards. En parallèle le vernissage approche : Anne, une journaliste américaine, l’interviewe sur les finalités et les devoirs affichés d’un musée d’art contemporain. Elle se rapproche de lui au cours de la soirée inaugurale de l’exposition. Ils finissent par coucher ensemble, mais Christian se sent déstabilisé par le comportement libre et féministe de la jeune femme. Par ailleurs, un homme atteint du syndrome de Tourette trouble le bon déroulement de la conférence inaugurale de l’artiste invité et célébré. De plus, la soirée de gala organisée par Christian pour récolter des fonds tourne mal : l’artiste Oleg censé imiter un gorille dans le cadre d’une performance artistique va trop loin et fait peur aux convives. Pendant ce temps, une agence de marketing a préparé la campagne de promotion de l’exposition « The Square ». Christian, trop préoccupé par son ressentiment et ses affaires personnelles, laisse publier sur YouTube une vidéo de promotion qu’il n’a même pas regardée au préalable. Or cette vidéo, qui cherche par tous les moyens à créer le « buzz », choque le pays entier par sa violence : on y voit une petite fille blonde sans domicile fixe qui explose dans le carré en un terrible attentat.

Ruben Östlund explique ses intentions : « Tout comme Snow Therapy, The Square est un film dramatique et satirique. Je voulais faire un film élégant en me servant de dispositifs visuels et rhétoriques pour bousculer le spectateur et le divertir. Sur le plan thématique, le film aborde plusieurs sujets, comme la responsabilité et la confiance, la richesse et la pauvreté, le pouvoir et l’impuissance, l’importance croissante que l’on accorde à l’individu par opposition à la désaffection vis-à-vis de la communauté et la méfiance à l’égard de l’État en matière de création artistique et de médias ». Le problème avec The Square, c’est que le réalisateur se tire lui-même une balle dans le pied. En voulant critiquer le monde de l’art contemporain, Ruben Östlund signe un objet destiné uniquement à une certaine élite qui se pâmera devant des images lisses dignes d’une expo vidéo. En fait, en voulant parler de beaucoup de choses, comme l’isolement et le repli sur elles-mêmes des classes privilégiées, Östlund finit par ne parler de rien.

Les images s’enchaînent sans rythme, l’ennui s’installe dès le premier quart d’heure alors que le film dure 2h30 ! Autant dire que le calvaire est infernal et que rien, à part l’apparition de la géniale Elisabeth Moss et le jeu investi de Claes Bang, ne relève l’intérêt de la « chose ». Ce n’est pas non plus la fameuse séquence de l’homme-singe qui réveillera les spectateurs déjà endormis depuis belle lurette. En l’écoutant, Ruben Östlund indique vouloir parler de l’individualisme grandissant dans les sociétés contemporaines, du fossé toujours plus profond entre les classes sociales. Des sujets pas inintéressants certes, d’autant plus quand la Suède est encore considérée – à tort – comme l’un des pays les plus égalitaires au monde, mais pourquoi ces partis pris ? Pourquoi avoir recours à de tels procédés qui excluent forcément les spectateurs qui n’ont pas accès à une certaine forme de culture ? Pourquoi jouer au plus intelligent et de ce fait rejeter la possibilité d’un dialogue ?

Ruben Östlund – qui s’inspire d’ailleurs d’un véritable projet artistique comme celui montré dans le film, exposé dans le sud de la Suède – se contredit quand il explique vouloir divertir son audience. The Square se veut satirique et ironique, il n’est juste qu’ennui et nombriliste. Seule une certaine « presse spécialisée », qui ne s’est d’ailleurs pas gênée pour se rouler dedans en poussant des cris de joie a porté The Square jusqu’au Graal ultime. Ou quand la Palme de l’intelligentsia – qu’on imagine aisément se diriger vers le buffet garni en sortant de la salle en oubliant rapidement que le réalisateur avait voulu au départ se foutre de leurs tronches – l’emporte sur la Palme du coeur, des sentiments et de l’âme comme 120 battements par minute. C’est à n’y plus rien comprendre, mais cela fait très longtemps que le Festival de Cannes est devenu une caricature de ce qu’il était (rendez-nous La Grande bouffe !) et qu’il n’a plus aucun intérêt. Cela passerait si le réalisateur avait à coeur de cracher dans la soupe, mais il semble atteint du même narcissisme exacerbé que son confrère scandinave Nicolas Winding Refn, ce qui fausse d’emblée le propos et surtout la sincérité de The Square.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Square, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

En ce qui concerne les suppléments, passons rapidement sur les trois galeries déroulantes (photos de tournage, rétrospective des critiques positives et les ébauches d’affiches internationales) qui font office de remplissage, pour évoquer tout d’abord le making of de la scène centrale du film, par ailleurs reprise pour l’affiche. Intitulé de manière prétentieuse « Making of d’une scène d’anthologie », ce documentaire de douze minutes donne un aperçu de la journée de répétition et des trois jours de tournage qui ont été nécessaires au réalisateur Ruben Östlund et à son équipe pour mettre en boite cette séquence déconcertante où la performance d’un homme-singe tourne mal au cours d’un dîner mondain. Le metteur en scène s’entretient avec ses comédiens et indique qu’il ne s’est jamais autant amusé sur un plateau.

S’ensuit une compilation des essais et scènes de casting de certains comédiens (5’), ainsi que divers entretiens (9′) de Ruben Östlund, Elisabeth Moss et Claes Bang réalisés lors de la présentation de The Square au Festival de Cannes. La genèse du film, les conditions de tournage, le casting, le travail avec le réalisateur sont passés en revue.

L’Image et le son

Tourné avec la caméra Arri Alexa XT, The Square débarque donc en Blu-ray. Les partis pris sont à l’image du film, froids, glacials, sans aucune aspérité. A côté de ça, la clarté est de mise, le piqué quasi-chirurgical, les contrastes denses et le relief omniprésent.

Les mixages anglais/suédois et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement riches et instaurent un large confort acoustique. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas tandis que le caisson de basses intervient à bon escient. Deux DTS-HD Master Audio 2.0, forcément moins enveloppantes, sont également disponibles. Les sous-titres français sont imposés.

Crédits images : © SND M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ôtez-moi d’un doute, réalisé par Carine Tardieu

ÔTEZ-MOI D’UN DOUTE réalisé par Carine Tardieu, disponible en DVD et Blu-ray chez M6 Vidéo le 10 janvier 2018

Avec :  François Damiens, Cécile De France, Guy Marchand, André Wilms, Alice de Lencquesaing, Estéban…

Scénario : Carine Tardieu, Michel Leclerc, Raphaële Moussafir

Photographie : Pierre Cottereau

Musique : Eric Slabiak

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Erwan, inébranlable démineur breton, perd soudain pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père. Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour l’homme qui l’a élevé, Erwan enquête discrètement et retrouve son géniteur : Joseph, un vieil homme des plus attachants, pour qui il se prend d’affection. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Erwan croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire. Mais un jour qu’il rend visite à Joseph, Erwan réalise qu’Anna n’est rien de moins que sa demi-sœur. Une bombe d’autant plus difficile à désamorcer que son père d’adoption soupçonne désormais Erwan de lui cacher quelque chose…

Révélée en 2007 avec le sensible La Tête de maman, la réalisatrice Carine Tardieu avait ensuite confirmé cinq ans plus tard avec Du vent dans mes mollets, feel-good movie porté ou plutôt emporté par Agnès Jaoui, Denis Podalydès et Isabelle Carré. A nouveau cinq ans plus tard, le troisième film de la cinéaste sort sur les écrans, Ôtez-moi d’un doute. Alors que le monde de l’enfance faisait la sève de ces deux premiers films, avec également le thème de la mère et de la maternité, Ôtez-moi d’un doute s’intéresse ici à la filiation vue du côté du père, en adoptant cette fois le point de vue d’un quadra interprété par François Damiens. Si le film peut souvent paraître attachant, surtout grâce à ses acteurs, il y a quelque chose de foncièrement dérangeant qui imprègne le récit du début à la fin et qui laisse sur une note amère.

Alors que sa fille arrive au terme de sa grossesse et qu’il se prépare lui-même à devenir grand-père, Erwan, veuf, un solide démineur breton, apprend au cours d’un examen médical que l’homme qui l’a élevé n’est pas son père biologique. Ses repères s’écroulent. Déstabilisé, il décide d’engager une détective privée pour reconstituer son passé, afin de savoir pourquoi et comment il s’est retrouvé dans cette situation. L’enquête aboutit. A seulement quelques kilomètres de chez lui, un certain Joseph, un vieil homme qui vit seul avec son chien, serait l’homme recherché. Erwan décide d’aller lui rendre visite. En ville, il rencontre Anna, dont il tombe follement amoureux. Il se rend compte alors qu’elle est en réalité la fille de Joseph et qu’Anna serait alors sa demi-sœur. Erwan ne lui dit rien, mais quand Anna tombe également amoureuse de lui, la situation se complique. C’est bon ? Vous avez compris ce qui mettait mal à l’aise ?

Alors certes les comédiens sont très bons, François Damiens donc, qui a déjà prouvé son talent dans la retenue (La Délicatesse, Tango libre, Suzanne), qui partage l’affiche avec Cécile de France, à qui la quarantaine sied à merveille et qui est toujours aussi radieuse face à la caméra, mais Ôtez-moi d’un doute joue avec un suspense particulièrement déplacé. Coucheront ? Coucherons pas ? Même au moment où Anna apprendra qu’Erwan est susceptible d’être son frère (ou demi-frère certes), cela n’empêchera pas les personnages de réserver une chambre d’hôtel à proximité de la clinique où ils feront un test ADN pour en avoir le coeur net, afin de ne pas perdre de temps et se mettre au plumard si la génétique le leur permet. Nous n’irons pas dire que ce truc scénaristique (coécrit par Michel Leclerc, réalisateur du Nom des gens et de Télé Gaucho) est « puant », mais reposer le film sur cet élément incestueux est très gênant. Malgré tout ça, oui, le film se laisse voir grâce à l’ensemble des acteurs. Outre le duo vedette, Guy Marchand et André Wilms sont très élégants, Alice de Lencquesaing est mignonne comme tout, Estéban (chanteur du groupe Naive New Beaters) pourrait définitivement interpréter Homer Simpson dans une version live.

Du point de vue formel, Ôtez-moi d’un doute s’apparente à un banal téléfilm tourné pour France Télévisions, tandis que la métaphore du démineur, qui s’occupe à creuser la terre pour y découvrir des bombes, se retrouve à creuser son propre passé pour y découvrir un élément explosif est un peu lourdingue. Au final, Ôtez-moi d’un doute est une comédie sentimentale étrange, parfois émouvante, rigolote sur certains points, mais irresponsable sur beaucoup d’autres.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Ôtez-moi d’un doute, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Un module condense les propos de la réalisatrice Carine Tardieu, de François Damiens en compagnie de Cécile de France, Guy Marchand également en présence de la cinéaste, et André Wilms au micro avec Alice de Lencquesaing (16’). Ce segment promotionnel s’avère plutôt plaisant, d’une part par la simplicité des intervenants, d’autre part pour leurs propos intéressants. Les thèmes du film (inspiré par une histoire vraie) sont abordés, tout comme le travail avec Carine Tardieu, l’alchimie des comédiens, les influences (Claude Sautet entre autres), etc.

En plus de la bande-annonce, nous trouvons également une vidéo qui met en scène Estéban, dans la peau de son personnage Didier. Déguisé en Zorro, Didier s’adresse à sa future progéniture en lui donnant quelques conseils sur l’école, le goûter, les amis (4’). On ne sait pas d’où provient cette vidéo, peut-être d’une scène coupée, rien ne l’indique. Présenté ainsi sans explication, ce document présent peu d’intérêt.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p-AVC. M6 Vidéo soigne le master HD du film de Carine Tardieu. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses, la profondeur de champ éloquente et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

La belle musique est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les dialogues s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique, même si le caisson de basses reste au point mort. La version Stéréo est également à l’avenant avec une minutieuse homogénéité des voix, de la composition et des bruitages annexes. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / 7 jours pas plus, réalisé par Héctor Cabello Reyes

7 JOURS PAS PLUS réalisé par Héctor Cabello Reyes, disponible en DVD chez M6 Vidéo le 3 janvier 2018

Avec :  Benoît Poelvoorde, Pitobash, Alexandra Lamy, Anne Girouard, Jean-Philippe Lejeune, Sébastien Waroquier, Renaud Rutten…

Scénario : Héctor Cabello Reyes d’après le scénario original de Sebastián Borensztein

Photographie : Frédéric Noirhomme

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Quel est le point commun entre une vache qui tombe du ciel, un quincaillier célibataire et maniaque, un jeune Indien perdu, et une jolie normande qui aime les quincailliers maniaques ? Une simple question : tout ce qui nous arrive relève-t-il vraiment du hasard ?

Si l’histoire de 7 jours pas plus vous dit quelque chose, du moins pour les plus cinéphiles d’entre vous, c’est normal puisque le film du chilien Héctor Cabello Reyes est en réalité le remake d’El Chino, formidable film argentin réalisé en 2011 par Sebastian Borensztein, avec le génial Ricardo Darin dans le rôle principal. Prix Goya du meilleur film étranger en langue espagnole en 2012, Prix Sud du meilleur film argentin en 2011 et Meilleur film et prix du public au Festival international du film de Rome, El Chino avait séduit la critique du monde entier et visiblement d’autres cinéastes. Pour son premier long métrage en tant que metteur en scène, Héctor Cabello Reyes, scénariste des films d’Eric Lavaine (Poltergay, Ingognito, Retour chez ma mère), s’est certes grandement inspiré du film de son confrère, au point de reprendre le même postulat de départ, mais parvient à s’emparer de l’histoire originale pour l’adapter à sa propre sensibilité. De plus, il offre à Benoît Poelvoorde l’occasion de composer un personnage bougon, mais au grand coeur, à mi-chemin entre celui qu’il campait dans Les Emotifs anonymes (2010) et Une famille à louer (2015) de Jean-Pierre Améris.

Dans El Chino, un Argentin et un Chinois étaient réunis grâce (ou à cause) d’une vache tombée du ciel. Ici, un français (ou un belge, difficile de savoir) se retrouve flanqué d’un indien pour les mêmes raisons. Héctor Cabello Reyes a voulu incorporer plus d’émotion et de profondeur au récit original, tout en préservant les éléments comiques. Mais force est d’admettre que 7 jours pas plus demeure très proche d’El Chino. Comme dans ce film, Pierre, le personnage principal est un vieux garçon quincailler, bourru et grincheux. Il passe ses journées à compter ses vis cruciformes pour savoir si la quantité correspond à ce qui est indiqué sur la boite. Le soir il découpe des articles de faits divers dans les journaux pour les coller dans un album. Il se couche et éteint sa lampe de chevet à 23h. Un jour, alors qu’il se promène sur le port, il tombe sur Ajit (l’acteur Pitobash, étonnant), un immigré indien qui vient de débarquer et qui a perdu l’adresse de l’oncle qu’il devait retrouver. Comme Ajit n’a nulle part où aller, Pierre l’accueille chez lui, à une condition : qu’il ne reste pas plus de sept jours. Ajit va devenir le grain de sable dans la vie très réglée de Pierre, mais va peu à peu le conduire, de situations absurdes en drôles de coïncidences, à changer imperceptiblement. Pendant ce temps, Jeanne, femme pleine de vie et souriante, tombe amoureuse de Pierre, persuadée que derrière ce mauvais caractère se cache une immense sensibilité.

Incroyable, mais vrai, El Chino s’inspirait au départ d’une histoire vraie. Au Japon, des vaches avaient été volées dans un champ et placées à l’arrière d’un petit avion russe. Elles sont ensuite tombées par la porte ouverte en plein vol. L’une d’entre elles avait fini sa chute en venant s’écraser sur un bateau. Avec son humour burlesque, sa tendresse et son air renfrogné, Benoît Poelvoorde, impérial, créé un personnage très attachant que l’on suit volontiers à travers cette aventure rocambolesque. Mention spéciale également à Alexandra Lamy qui n’a jamais été aussi convaincante dans le registre dramatique et qui émeut à plus d’un titre.

Ne manquant pas d’imagination (à deux reprises le film a même recours à l’animation), cette comédie poétique, pleine de charme, à la fois feel-good et buddy movie où la barrière des langues n’empêche pas l’amitié, séduit à plus d’un titre et il serait vraiment dommage de s’en priver.

LE DVD

Le test du DVD de 7 jours pas plus, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Exit le visuel de l’affiche du film, pourtant sympathique, au profit d’une jaquette plus classique et peu représentative du long métrage, qui met en avant Alexandra Lamy (qui n’apparaissait pas sur l’affiche), Benoît Poelvoorde et Pitobash.

Seule la bande-annonce est proposée comme bonus.

L’Image et le son

Le transfert est correct et passe-partout. Les couleurs sont jolies, chaudes, sans en mettre plein les yeux, le piqué est aléatoire, nettement plus vigoureux sur les scènes diurnes en extérieur. Les ambiances tamisées sont nettes et reposantes, les contrastes bien gérés. Cependant, les gros plans ne sont pas aussi ciselés que nous pouvions l’espérer, les visages sont un peu blafards. Malgré des petits défauts constatés et baisses de la définition, le master de 7 jours pas plus instaure un confort de visionnage largement suffisant pour voir ou revoir cette belle petite fable.

7 jours pas plus est disponible en Dolby Digital 5.1 et Stéréo. En dehors d’une légère spatialisation musicale et d’une introduction impressionnante avec le vol plané de la vache, l’ensemble du mixage se focalise sur les enceintes avant avec une nette restitution des dialogues sur la centrale et des effets discrets. Malgré quelques résonances sur certains échanges, aucun accroc n’est à signaler. La piste Stéréo est largement suffisante pour un film de cet acabit et conviendra aisément à ceux qui ne seraient pas équipés sur les latérales. Le caisson de basses reste assoupi tout du long. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Océan Films /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Seven Sisters, réalisé par Tommy Wirkola

SEVEN SISTERS (What Happened to Monday) réalisé par Tommy Wirkola, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez M6 Vidéo le 30 décembre 2017

Avec :  Noomi Rapace, Glenn Close, Willem Dafoe, Marwan Kenzari, Christian Rubeck, Pål Sverre Hagen…

Scénario : Max Botkin, Kerry Williamson

Photographie : José David Montero

Musique : Christian Wibe

Durée : 2h07

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses sept petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparaît mystérieusement…

C’est le grand succès surprise de l’année 2017 en France, le film que personne n’attendait et qui grâce à un excellent bouche-à-oreille a finalement attiré près de 2 millions de spectateurs. Seven Sisters, titre « français » de What Happened to Monday, est le sixième long métrage de Tommy Wirkola, né en 1979, réalisateur, scénariste et producteur norvégien, remarqué en 2009 avec Dead Snow (et sa suite en 2014), qui a connu un grand succès avec son premier film américain, le sympathique Hansel et Gretel : Witch Hunters (2013), avec Jeremy Renner et Gemma Arterton. Cette co-production américano-européenne était à l’origine destinée à être distribuée en ligne sur Netflix. Si cela a été le cas aux Etats-Unis ainsi qu’en Grande-Bretagne, le distributeur SND, croyant au potentiel du film, a décidé de sortir Seven Sisters dans les salles françaises. Bien lui en a pris, puisque cette dystopie est devenue le sleeper de l’été 2017 avec des entrées stables de semaine en semaine. Après Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2009) et Prometheus (2012), c’est donc un nouveau succès personnel pour l’incroyable Noomi Rapace, qui se démultiplie ici pour notre plus grand plaisir.

Face à la surpopulation de la Terre en raison de naissances incontrôlées et d’effets secondaires – explosion de naissances multiples – liées aux nouvelles technologies mises en place pour accroître les rendements agricoles, les autorités ont décidé d’appliquer la politique de l’enfant unique. Cette mesure est imposée sévèrement par le Bureau d’Allocation des Naissances (Child Allocation Bureau), dirigé par Nicolette Cayman, qui récupère les enfants surnuméraires pour les cryogéniser dans l’attente d’être réveillés lorsque les ressources de la planète seront jugées suffisantes. Quelques années plus tard, Karen, la fille de Terrence Settman, donne naissance à des septuplées. Alors que la mère ne survit pas à l’accouchement, Terrence décide de garder secrète l’existence de ses sept petites-filles malgré la loi. Toutes prénommées d’un jour de la semaine, elles devront rester cachées dans leur appartement. Elles partagent alors une identité unique lorsqu’elles sortent à l’extérieur : celle de leur mère Karen Settman. Cet incroyable secret demeure préservé pendant des années. 30 ans plus tard, en 2073, Lundi ne rentre pas à la maison.

Le scénario de Seven Sisters traînait depuis 2010 dans les tiroirs et apparaissait sur ce qu’on appelle la Blacklist, qui regroupe les scénarios les plus prometteurs en attente de financements. Sept ans plus tard, le résultat à l’écran est une bonne série B de science-fiction dont l’attraction principale est évidemment Noomi Rapace qui s’éclate, dans tous les sens du terme. Elle interprète Lundi, qui a adopté le style de vie de Karen Settman, Mardi, la hippie, qui fume de la beuh, Mercredi, la fan de sport, un peu brute et garçon manqué, Jeudi, la rebelle, qui souhaite avoir sa propre vie, Vendredi, l’as de l’informatique, la moins sociable, Samedi, qui doit assurer la vie de Karen en dehors du travail, et Dimanche, comme qui dirait la mère, qui s’occupe de toute la clique en faisant à manger et en prenant soin de ses sœurs. Si certaines incarnations demeurent quelque peu attendues, en particulier la geek à lunettes, Noomi Rapace est en très grande forme, et réalise elle-même de très nombreuses scènes d’action et cascades. Véritablement investie, la comédienne prouve qu’elle est une des plus grandes action-woman de ces dernières années, capable d’élever par sa présence n’importe quel film lambda, comme dernièrement dans Dead Man Down et Conspiracy. N’oublions pas Willem Dafoe, toujours incroyable et même ici sublime dans le rôle du grand-père qui a pris ses sept petites-filles sous son aile, afin de leur offrir le droit de vivre. Quant à la garce du film, Glenn Close parvient sans mal à aller au-delà des clichés liés à son personnage de politicienne véreuse et arriviste.

Malgré un budget qu’on imagine modeste en comparaison des blockbusters hollywoodiens, certaines invraisemblances et un dénouement prévisible, Tommy Wirkola apporte un vrai souffle à son récit somme toute classique, pour ne pas dire déjà vu, grâce à une mise en scène dynamique et au montage lisible, une succession de rebondissements spectaculaires, un vrai sens du cadre, des décors et des effets visuels soignés et une solide direction d’acteurs. Certes, ce sont évidemment les performances de Noomi Rapace qui restent en tête après le film, mais Seven Sisters parvient à laisser passer quelques messages pas bêtes sur la démographie, l’écologie et les systèmes politiques, qui peuvent entraîner le débat.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de Seven Sisters, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le film est disponible en DVD, Blu-ray (dont une édition Steelbook) et Blu-ray 4K Ultra HD. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Vu le succès du film en France, on pouvait s’attendre à plus de suppléments. Le premier module est un making of classique, mais complet (13’), composé d’images de tournage, de plateau et d’interviews des comédiens, du réalisateur Tommy Wirkola, du chef opérateur José David Montero, du chef décorateur, du superviseur des effets spéciaux et des producteurs. La genèse et les thèmes du film sont passés en revue, mais l’ensemble se focalise surtout sur les conditions des prises de vues et la façon dont Noomi Rapace a été multipliée à l’écran. Entre fonds verts, doublures, split-screen, les secrets de tournage sont dévoilés pour les amateurs.

A l’occasion de la sortie française de Seven Sisters, Noomi Rapace revient sur l’histoire du film, le challenge d’interpréter sept personnages à l’écran, la façon dont elle a créé chaque sœur (look, personnalité), les effets spéciaux, son implication dans l’écriture du scénario, son entrainement physique avant le tournage et sur ses partenaires (6′).

L’interactivité se clôt sur un petit montage avant/après l’incrustation des effets visuels en post-production (4’).

L’Image et le son

L’éditeur soigne son master HD, quasi-exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, les noirs sont profonds, le piqué affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie marquée par les décors métalliques reste vive et froide. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques caractéristiques de ce monde futuriste. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour revoir le film de Tommy Wirkola et profiter de la photographie signée José David Montero. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable. Probablement un des plus beaux masters Haute-Définition disponible chez M6 Vidéo.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre pas moins de quatre mixages, deux français et deux anglais DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 ! Ces options s’avèrent percutantes, surtout dans les scènes d’action. Les séquences d’affrontements peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets en tous genres qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. Seuls les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, comme bien souvent chez l’éditeur. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des scènes agitées. Les pistes Stéréo sont également solides et très riches. L’éditeur joint également une piste française en Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Comment j’ai rencontré mon père, réalisé par Maxime Motte

COMMENT J’AI RENCONTRÉ MON PÈRE réalisé par Maxime Motte, disponible en DVD chez M6  Vidéo le 11 octobre 2017

Acteurs :  François-Xavier Demaison, Isabelle Carré, Albert Delpy, Diouc Koma, Owen Kanga, Robert Lemaire…

Scénario : Maxime Motte, David Charhon

Photographie : David Chambille

Musique : Mateï Bratescot

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un couple, parents adoptifs d’Enguerrand, un petit enfant africain, habite en Normandie près de la mer, non loin du lieu stratégique permettant aux clandestins de se rendre en Angleterre. Une nuit, Enguerrand croise le chemin d’un migrant, Kwabéna, à la peau noire comme la sienne. Pour lui, c’est sûr, il s’agit de son père biologique ! Il décide donc de l’héberger dans sa chambre, à la grande surprise de ses parents… De péripéties en rebondissements, l’aventure pourrait bien souder la famille comme jamais…

Mignonnet. Voilà notre ressenti à la fin de Comment j’ai rencontré mon père, premier long métrage de Maxime Motte, provenant directement de son court-métrage homonyme réalisé en 2009. Difficile de parler de la situation des migrants, réfugiés et sans papiers à travers le registre de la comédie. On ne sait pas trop quelles étaient les intentions originales du réalisateur-scénariste, mais rien n’est réaliste ici. Mieux vaut espérer que le film ait été pensé comme une fable et même un conte afin d’apprécier Comment j’ai rencontré mon père, qui s’avère un divertissement honnête.

Enguerrand, un petit garçon d’origine africaine, a été adopté par Eliott et Ava. Avec maladresse mais amour, ces derniers assument tant bien que mal leur statut de parents. De son côté, Enguerrand ne cesse de demander à voir son père biologique. Il ignore qu’il est décédé. Quand Enguerrand croise le chemin de Kwabena, un migrant, il pense avoir retrouvé son papa. Il décide donc de l’héberger dans sa chambre. Kwabena se rend rapidement compte que le petit garçon a été accueilli dans une bonne famille. La présence de l’invité-surprise va permettre à Eliott et Ava de se remettre en question.

On avait déjà pu apercevoir Maxime Motte en tant que comédien chez David Charhon dans Cyprien (du moins pour ceux qui ont eu le courage de visionner cette chose) et le grand succès De l’autre côté du périph, ainsi que dans le superbe Exercice de l’État de Pierre Schoeller. Egalement scénariste, notamment des Naufragés avec Daniel Auteuil (qu’il a coécrit avec David Charhon), Maxime Motte a donc naturellement demandé à son complice de cosigné avec lui le scénario de Comment j’ai rencontré mon père. Comme c’est souvent le cas, ce premier long métrage ne se démarque pas du tout-venant, mais repose en grande partie sur son casting et de ce point de vue-là l’excellente Isabelle Carré et François-Xavier Demaison, qui s’étaient déjà donné la réplique dans Tellement proches du duo Nakache-Toledano, accompagnés du truculent Albert Delpy assurent et se démènent pour qu’on ne s’ennuie pas. Du moins pas autant qu’on pouvait le craindre.

Le problème de Comment j’ai rencontré mon père, c’est que Maxime Motte se trouve pris au dépourvu et ne sait plus trop quoi broder autour de son court-métrage qui durait à peine dix minutes. Heureusement, l’intérêt va quand même en grandissant, jusqu’à un dernier acte qui détonne certes par rapport au reste, mais qui s’avère drôle, sans pathos, burlesque, jusqu’à une scène finale qui emporte l’adhésion et laisse une bonne impression quand le générique apparaît au bout de 80 minutes. On pense alors à Little Miss Sunshine, qui a inspiré moult « feel good movies » depuis sa sortie en 2006, même si le film de Maxime Motte reste bien trop modeste et enfermé dans un carcan typique du cinéma français. Un cinéma qui souhaite parler de choses graves ou importantes à travers l’humour, mais qui tombe finalement dans le piège, celui d’avoir peur de ne pas parvenir à divertir l’audience et qui préfère donc miser sur quelques gags même éculés.

La mise en scène fonctionnelle, aidée par une jolie photo qui met en valeur la beauté de la Côte d’Opale – d’où est originaire le metteur en scène – parvient à maintenir suffisamment l’intérêt du spectateur, ce qui est en soi un challenge que de nombreux jeunes réalisateurs français ne parviennent pas à relever et qui disparaissent quasiment du jour au lendemain. Ce qu’on ne souhaite pas à Maxime Motte, même si l’échec dans les salles de Comment j’ai rencontré mon père a été plutôt important avec à peine 50.000 entrées à sa sortie.

LE DVD

Pas de sortie HD pour Comment j’ai rencontré mon père, disponible chez M6 Vidéo, en raison du peu d’entrées réalisées dans les salles. En revanche, le visuel de l’affiche du film n’a pas été repris pour cette sortie dans les bacs. La jaquette affiche donc le couple vedette en compagnie du petit acteur, de façon beaucoup plus rapprochée que l’affiche originale, qu’on préférait largement. Le menu principal est peu recherché, standard, animé sur une séquence du film.

M6 Vidéo ne s’embête pas trop pour cette édition, qui semble avoir été réalisée à la va-vite. Deux scènes coupées (1’30 au total) montrent une sortie d’école assez amusante et la création en cachette d’un profil sur un site de rencontre entre les pensionnaires de la maison de retraite.

Le court-métrage Comment j’ai rencontré mon père (7’-2009) est également disponible. Dans un petit village de bord de mer, un petit garçon de six ans rêve de rencontrer son père biologique. David Charhon, complice de Maxime Motte, interprète le père adoptif du petit garçon.

L’interactivité se clôt sur une petite vidéo montrant le réalisateur Maxime Motte en pleine séance de coaching avec le jeune Owen Kanga (2’).

L’Image et le son

Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour Comment j’ai rencontré mon père. M6 Vidéo soigne le master avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Le Mixage Dolby Digital 5.1 délivre de rares ambiances naturelles, à part sur les séquences de plage et l’action demeure essentiellement frontale. Les dialogues sont saisissants sur l’enceinte centrale et la balance gauche-droite dynamique, mais les latérales exsudent avec trop de parcimonie les quelques effets attendus. Seule la musique (très présente) offre un semblant de spatialisation. La piste Stéréo est de fort bon acabit et s’avère bien suffisante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND/  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Bleeder, réalisé par Nicolas Winding Refn

BLEEDER réalisé par Nicolas Winding Refn, disponible en combo Blu-ray+DVD le 8 novembre 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs :  Kim Bodnia, Mads Mikkelsen, Rikke Louise Andersson, Liv Corfixen, Levino Jensen, Zlatko Buric…

ScénarioNicolas Winding Refn

Photographie : Morten Søborg

Musique : Peter Peter

Durée : 1h388

Date de sortie initiale : 1999

LE FILM

Amour et violence à Copenhague. Leo et Louise vivent en couple dans un appartement insalubre. Découvrant que Louise est enceinte, Leo perd peu à peu le sens de la réalité et, effrayé par la responsabilité de sa nouvelle vie, sombre dans une spirale de violence. Au même moment, son ami Lenny, cinéphile introverti travaillant dans un vidéo-club, tombe fou amoureux d’une jeune vendeuse et ne sait comment le lui dire…

Il aura fallu attendre plus de quinze ans – le film n’avait pu être exploité en dehors du Danemark, en raison de la faillite de la société de distribution – et l’engouement de la critique pour ses derniers films, pour que le second long métrage de Nicolas Winding Refn (né en 1970) parvienne dans les salles françaises. Ecrit, produit et mis en scène par le réalisateur danois trois ans après le succès inattendu de Pusher (qui deviendra une trilogie), Bleeder, qui reprend une grande partie du précédent casting ainsi que la même équipe technique, est aujourd’hui considéré à juste titre comme l’une de ses œuvres centrales, puisqu’elle installe les thématiques et recherches formelles que NWR (comme il aime se faire appeler) n’aura de cesse de développer. Parallèlement, il offre au comédien Mads Mikkelsen, qui faisait ses débuts au cinéma à l’âge de trente ans passés, l’un de ses premiers rôles importants.

Leo (Kim Bodnia) et Louise (Rikke Louise Andersson), un jeune couple, vivent dans un appartement miteux de Copenhague. Leo est souvent dehors avec ses amis pendant que Louise préfère rester à la maison. Lorsque la jeune femme apprend à son compagnon qu’elle est enceinte, il devient de plus en plus agressif et brutal. Il se lie avec Louis (Levino Jensen), un videur raciste. Après avoir assisté à un passage à tabac qui le choque profondément, Leo finit par se laisser happer par un engrenage de violence. Pendant ce temps, Lenny (Mads Mikkelsen), ami de Leo, employé dans un video-store, grand cinéphile devant l’éternel, s’éprend de Lea (Liv Corfixen), vendeuse dans un petit snack du quartier, qui regarde lentement les journées défiler. Timide et renfermé, Lenny décide tout de même de l’inviter au cinéma.

Comme dans tous les films de Nicolas Winding Refn, il y a à boire et à manger dans Bleeder, fourre-tout animé par l’envie irrésistible de faire du bon cinéma, mais rattrapé par la propre mégalomanie exacerbée de son metteur en scène. NWR livre une fois de plus un film bancal et le cul entre deux chaises avec un récit scindé en deux parties qui s’entrecroisent. La première, la plus attachante, celle avec le déjà magnétique Mads Mikkelsen, qui crève l’écran et foudroie le spectateur dans le rôle de Lenny, petit vendeur de vidéo-club. Immense cinéphile qui visionne une douzaine de films par semaine (son préféré étant Massacre à la tronçonneuse), il tombe amoureux d’une jeune femme au regard triste et qui paraît tout aussi renfermée que lui, interprétée par la belle Liv Corfixen, aujourd’hui l’épouse de NWR. Plus à l’aise quand il parle des grands maîtres du cinéma, que lorsqu’il souhaite faire comprendre à une nana qu’il voudrait l’inviter à se faire une toile, Lenny est le personnage auquel on se raccroche durant 1h30. Mais à côté de ça, le cinéaste se prend pour un Tarantino nordique – un autre metteur en scène qui a appris son boulot en visionnant des films – en se focalisant sur une poignée de personnages qui attendent le moindre petit dérèglement de leur triste vie, pour expulser tout leur mal-être et leur violence jusqu’ici contenue.

Manque de bol, cette étincelle va venir de Louise, qui annonce à son compagnon Leo qu’elle est enceinte et qu’elle souhaite garder l’enfant. Visiblement déjà au bord de la crise de nerfs, Leo devient de plus en plus agressif, jusqu’à atteindre le point de non-retour. Il s’en prend physiquement à sa compagne. Alors certes, NWR montre des personnages vieillis déjà avant trente ans et englués dans un quotidien morne, mais comme dans la plupart de ses films, la violence frontale demeure gratuite. Il est tellement facile de choquer les spectateurs en montrant un homme frapper à coups de pied le ventre d’une femme enceinte, scène particulièrement insoutenable. Manquant particulièrement de « finesse », le réalisateur en fait toujours trop, en privilégiant la forme (caméra à l’épaule très immersive) au fond, toujours limité avec « jamais d’amour sans violence », en se servant du cinéma comme d’un punching-ball, afin de purger ses propres désirs frustrés et refoulés, d’autant plus que Bleeder apparaît comme étant son film le plus autobiographique.

Fondamentalement, Nicolas Winding Refn est un habile « maker » ou faiseur, largement influencé par ses cinéastes de prédilection (Wong Kar-wai, Mario Bava, Martin Scorsese et Dario Argento par exemple), mais il lui manque un univers qui lui est propre et qui aujourd’hui demeure encore bien trop calqué ses modèles. Bleeder pose les bases des films du réalisateur qui suivront. C’est une oeuvre puzzle, patchwork à la Trainspotting, auquel on pense beaucoup avec ses personnages adulescents qui déambulent dans des rues tristes aux murs tagués, à laquelle on accroche bien plus que ses œuvres contemporaines gloubi-boulga à l’esthétique Fashion TV.

NWR gagnerait à revenir à ce genre de film sobre et simple, nettement plus empathique et accessible, plutôt que de vouloir flatter ses pairs, la critique élitiste et une niche de cinéphiles, dans le seul but unique et par ailleurs avoué de se faire mousser. Aujourd’hui Nicolas Winding Refn est devenu NWR, une marque de fabrique, un groupe industriel spécialisé dans les néons auquel on préférait largement l’époque où il ne s’agissait encore que d’une petite usine, où l’ombre ou le reflet d’une caméra (c’est le cas dans Bleeder) touchait bien plus qu’une exposition de tableaux chromatiques parfaitement symétriques.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Bleeder, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition Digibook se compose de l’édition HD, du DVD ainsi que d’un livret de 32 pages. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Avis aux amateurs de Nicolas Winding Refn, l’éditeur propose une très longue (euphémisme) interview-fleuve en anglais du réalisateur, en compagnie de Mads Mikkelsen (48’). Réalisé en mars 2017 à Copenhague, cet entretien durant lequel les questions (basiques) apparaissent sous la forme de carton écrit sur fond rouge, revient sur les conditions de tournage, les intentions et les partis pris de Bleeder, mais aussi sur la rencontre artistique des deux hommes sur Pusher, ainsi que sur leurs autres associations. Nous le savions déjà, mais NWR aime parler de lui – « Absolument, je suis totalement narcissique […] Je voulais le top du top, je voulais devenir une légende […] je voulais devenir un mythe, encore maintenant » – devant un Mads Mikkelsen simple, visiblement amusé devant les propos démesurément égocentriques du cinéaste.

Particulièrement lent, ce supplément filmé sur un fond gris et triste, se suit avec difficulté et même avec pas mal d’ennui, mais on peut s’amuser du côté gamin pourri-gâté capricieux du réalisateur de 47 ans. Nous retiendrons essentiellement toutes les interventions de Mads Mikkelsen, qui évoque ses débuts devant la caméra et dont la modestie n’a d’égale que son immense talent.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Bleeder connaît non pas une cure de jouvence, mais une véritable résurrection. Le master HD présenté ici est issu du négatif original restauré 4K, qui avait bénéficié d’une exploitation dans les salles françaises en octobre 2016, transféré en 2K pour sa sortie dans les bacs. Le cadre large est évidemment respecté, tout comme le grain original, magnifiquement géré et restitué. La propreté remarquable de la copie participe à la (re)découverte du second long métrage de Nicolas Winding Refn, dont la mise en scène parfois heurtée pourrait donner du fil à retordre à l’encodage, ce qui n’est absolument pas le cas. L’image est superbe, les couleurs disparates et éclatantes (beaucoup de rouge, teinte de prédilection du réalisateur), le piqué est ciselé, les contrastes denses et les détails abondants. Un titre qui intègre facilement le Top Démo du mois de novembre 2017.

Point de version française à l’horizon, mais qui s’en plaindra franchement ? En revanche, l’éditeur propose un inattendu mixage danois DTS-HD Master Audio 5.1. Si l’on pouvait craindre un rendu artificiel, il n’en est rien et la spatialisation demeure puissante et très efficace. Cela tient en partie grâce à la B.O énergique du film, qui profite de l’ouverture des frontales et des latérales, mais aussi du caisson de basses. Les dialogues sont solidement plantés sur la centrale, les effets concrets et quelques séquences, notamment celles de règlements de comptes avec l’usage d’armes à feu, sont particulièrement frappantes. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 s’en sort également très bien et contentera ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © La Rabbia / M6 vidéo / Bac Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / Le Procès du siècle, réalisé par Mick Jackson

LE PROCÈS DU SIÈCLE (Denial) réalisé par Mick Jackson, disponible en DVD et Blu-ray le 6 septembre 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs :  Rachel Weisz, Tom Wilkinson, Timothy Spall, Andrew Scott, Jack Lowden, Caren Pistorius, Alex Jennings, Harriet Walter, Mark Gatiss…

Scénario :  David Hare d’après le livre History on Trial: My Day in Court with a Holocaust Denier de Deborah Lipstadt

Photographie : Haris Zambarloukos

Musique : Howard Shore

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Deborah Lipstadt, historienne et auteure reconnue, défend farouchement  la mémoire de l’Holocauste. Elle se voit confrontée à un universitaire extrémiste, avocat de thèses controversées sur le régime nazi, David Irving, qui la met au défi de prouver l’existence de la Shoah. Sûr de son fait, Irving assigne en justice Lipstadt, qui se retrouve dans la situation aberrante de devoir prouver l’existence des chambres à gaz. Comment, en restant dans les limites du droit, faire face à un négationniste prêt à toutes les bassesses pour obtenir gain de cause, et l’empêcher de profiter de cette tribune pour propager ses théories nauséabondes ?

« Le film le plus important de l’année » scandait l’affiche française à la sortie du Procès du siècle en avril 2017. Certes, le sujet est capital, mais on pouvait en espérer un bien meilleur traitement au cinéma. Sur un scénario de David Hare, spécialisé dans les récits quelque peu balourds et ampoulés du style The Hours et The Reader, le réalisateur Mick Jackson, 74 ans au compteur, sort de sa retraite 14 ans après son dernier film The First $20 Million Is Always the Hardest, pour « mettre en images » l’histoire ahurissante et pourtant vraie de Deborah Lipstadt. Alors qu’elle mène une conférence sur l’Holocauste, la professeur en études juives met en cause les négationnistes qui douteraient de l’existence des chambres à gaz. Elle s’attaque à la propagande de David Irving, un universitaire extrémiste. Or celui-ci est dans la salle et la met au défi de trouver des preuves de ce qu’elle avance. Il la poursuit même en justice et l’historienne doit étayer ses convictions devant la cour. Elle se rend au camp d’extermination d’Auschwitz, en compagnie de son avocat Richard Rampton, afin de préparer sa défense. Un procès au long cours commence le 11 janvier 2000.

Mick Jackson ne s’est jamais vraiment relevé du carton planétaire de Bodyguard en 1992. Son blockbuster Volcano s’était soldé par un four (à lave) en 1997 et le cinéaste s’est ensuite tourné vers la télévision. On ne sait comment le projet du Procès du siècleDenial a pu lui arriver dans les mains, toujours est-il qu’on attendait une mise en scène plus impliquée plutôt qu’une illustration technique d’un scénario pourtant brillant et passionnant, adapté de l’ouvrage History on Trial: My Day in Court with a Holocaust Denier dans lequel l’historienne américaine Deborah Lipstadt revenait en détails sur le procès en diffamation intenté à son encontre par l’auteur britannique David Irving, qu’elle désignait comme négateur de la Shoah. Après trois mois de procès à Londres, de janvier à avril 2000, le verdict avait été rendu favorable à Deborah Lipstadt, le juge Charles Gray ayant désigné Irving coupable d’avoir délibérément manipulé des faits historiques à des fins idéologiques personnelles.

Du point de vue cinématographique, Le Procès du siècle ne fait certes pas d’esbroufe inutile, mais la mise en scène est bien trop paresseuse et repose entièrement sur le jeu des comédiens. Comme d’habitude, nous n’avons d’yeux que pour Rachel Weisz (Hilary Swank avait été longtemps envisagée), sublime, quasiment de tous les plans, qui s’empare de son rôle avec force. Si Tom Wilkinson et Andrew Scott tirent facilement son épingle du jeu, Timothy Spall dans le rôle de l’adversaire de Deborah Lipstadt, grimace constamment. Son monstrueux personnage, puant et suintant de prétention, n’avait pas besoin que l’acteur en rajoute avec un côté théâtral agaçant, dont il abuse d’ailleurs régulièrement. Heureusement, l’histoire est suffisamment prenante du début à la fin, même si l’ensemble manque finalement de surprises, et on apprécie que David Hare ait respecté à la lettre les archives officielles et les procès-verbaux originaux.

Malgré sa mise en scène fonctionnelle, son manque de rythme et ses quelques écarts – on ne sait combien de fois le personnage de Deborah Lipstadt est filmé en train de faire son jogging – pour combler les trous entre deux plaidoiries, Le Procès du siècle ne laisse évidemment pas indifférent, notamment la visite de l’ancien camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, même si du point de vue formel rien ne le distingue de la multitude des « films de procès ».

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Procès du siècle, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Pour la sortie du film de Mick Jackson dans les bacs, l’éditeur n’a heureusement pas repris le visuel hideux de l’affiche française d’exploitation, mais s’est inspiré de celui de l’affiche du film Amen de Costa-Gavras, en plaçant les visages des trois comédiens principaux. Le menu principal est animé et musical.

M6 Vidéo va au plus simple en livrant quatre entretiens promotionnels avec le réalisateur Mick Jackson accompagné du scénariste David Hare (6’), l’historienne Deborah Lipstadt (7’), Timothy Spall (7’) et Tom Wilkinson (7’). On sent les interviews chronométrées et réalisées à la chaîne avec les mêmes sempiternelles questions sur l’histoire vraie narrée dans le film, les partis pris, sur le jeu et la préparation de Rachel Weisz. Si les trois premiers jouent le jeu en se contentant de faire des phrases toutes faites, les deux comédiens ne cachent pas leur ennui, en particulier Tom Wilkinson qui baille d’ailleurs plusieurs fois devant la journaliste. Quelque peu bougon, il regarde son interlocutrice (hors-champs), d’autant plus qu’elle n’a de cesse de le flatter, tout en faisant les questions et les réponses.

Nous trouvons également une mini-featurette (3’30), composée de rapides propos des comédiens et d’images de tournage. Sans intérêt.

L’Image et le son

La photo du Procès du siècle est signée Haris Zambarloukos, chef opérateur éclectique de Mamma Mia !, The Other Man, Thor et Locke. Les partis pris sont plutôt élégants et trouvent en HD un écrin parfait, les contrastes sont solides et la clarté évidente. Si le rendu est parfois un peu doux et le piqué pas aussi incisif qu’espéré, la définition demeure quasi-optimale, les détails ciselés, la colorimétrie est flatteuse et le codec AVC fait ardemment son boulot.

Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0. Les 5.1. imposent une petite spatialisation discrète mais bel et bien palpable avec diverses ambiances et surtout la très présente musique d’Howard Shore qui percent les enceintes latérales, en plongeant directement le spectateur au beau milieu du procès éponyme. Certes, le film repose en grande partie sur les dialogues, mais il serait dommage de se priver de ce petit plus. Saluons également la tonicité des deux pistes 2.0 qui contenteront aisément ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SquareOne/Universum / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Don’t Kill It, réalisé par Mike Mendez

DON’T KILL IT réalisé par Mike Mendez, disponible en DVD le 6 septembre 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs :   Dolph Lundgren, Kristina Klebe, Elissa Dowling, Billy Slaughter, Michael Aaron Milligan, Tara Cardinal…

Scénario :  Dan Berk, Robert Olsen

Photographie : Jan-Michael Losada

Musique : Juliette Beavan,  Sean Beavan

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un démon antique est accidentellement libéré dans une petite ville dépeuplée du Mississippi. Le seul espoir de survie repose entre les mains d’un chasseur de démons et d’un agent du FBI.

Dolph Lundgren peut encore compter sur la fidélité de nombreux fans, y compris pour ses productions qui sortent directement dans les bacs. C’est le cas ici de Don’t Kill It. Si la carrière du comédien reste aujourd’hui marquée par quelques obscures séries B et Z, Les Maîtres de l’univers, Punisher, Universal Soldier, Au-dessus de la loi, Pentathlon ou encore Johnny Mnemonic, les épisodes de la franchise Expendables – Unité spéciale ont démontré qu’il restait une «  icône  » du genre dans le cinéma d’action. Né le 3 novembre 1957, Dolph Lundgren obtient une maîtrise en chimie après avoir suivi les cours du prestigieux Institut royal de technologie de sa ville natale Stockholm. Le nez plongé dans les livres et se consacrant à de hautes études, il souhaite devenir ingénieur comme son père. À 16 ans, il découvre les arts martiaux, le judo et le karaté, et commence la compétition de haut niveau en 1979, deux ans avant de devenir ceinture noire. Son gabarit et sa taille (1m96) impressionnent. Il participe au deuxième championnat du monde, emmagasine les titres nationaux au début des années 80. C’est alors qu’il rencontre Warren Robertson, professeur d’art dramatique, disciple de l’imminent Lee Strasberg. C’est une révélation, il décide de devenir comédien.

Il fait ainsi sa première apparition en 1985 dans le dernier James Bond de Roger Moore, Dangereusement vôtre. S’il n’est qu’une silhouette derrière Grace Jones, sa compagne d’alors, Lundgren enchaîne les auditions. Il passe celle pour Rambo II (la mission), mais Stallone l’imagine d’emblée pour incarner le rival de Rocky dans le quatrième opus. En 1985, Rocky IV sort sur les écrans et c’est un triomphe international. Acteur-phénomène, il est remarqué par les célèbres Menahem Golan et Yoram Globus, qui lui proposent le premier rôle dans l’adaptation live des Maîtres de l’univers. Le film est un échec critique et commercial, mais les années en ont fait un vrai objet de culte. Dolph Lundgren rebondit aussitôt et se voit offrir le scénario du Scorpion rouge que doit mettre en scène Joseph Zito, porté par les succès de Vendredi 13 – Chapitre 4 : Chapitre final, ainsi que Portés disparus et Invasion U.S.A. avec Chuck Norris. Les années 1990 sourient alors au comédien, mais les années 2000 seront difficiles et comme beaucoup de ses confrères spécialisés dans l’action (dont un certain Steven S à la coupe de cheveux en triangle), il enchaîne les films, la plupart du temps à petit budget, destinés au marché du DVD. Malgré cette période, Dolph Lundgren conserve aujourd’hui toute la sympathie des spectateurs nostalgiques de ce genre de divertissements et se voit souvent inviter par quelques réalisateurs qui ont grandi avec ses films. Il parvient d’ailleurs à tirer profit de ce regain de popularité puisqu’il est dernièrement apparu dans la série Arrow, et qu’il est déjà annoncé au casting d’Aquaman de James Wan et de Creed 2 dans lequel il reprendra son rôle mythique d’Ivan Drago ! Mais le film qui nous intéresse, Don’t Kill It, est une petite production au budget de 3,5 millions de dollars, qui intègre le haut du panier dans les DTV de l’ami Dolph, en l’occurrence une pure série B, une comédie fantastique et d’horreur, souvent gore, qui n’a pas peur du ridicule puisque le grotesque est volontaire.

Un mal très ancien sévit dans une petite ville du Mississippi, passant d’un hôte à un autre à la manière du Témoin du mal de Gregory Hoblit (1998), et semant mort et destruction sur son chemin. Seul espoir de survie, un grisonnant chasseur de démons ayant déjà fait face à cette horreur par le passé. Accompagné d’un agent du FBI réticent (Kristina Klebe), Jebediah doit découvrir comment détruire ce démon qui a la capacité de prendre possession de son tueur. Voilà. En partant sur un principe simple et usé jusqu’à la moelle, Don’t Kill It remplit son contrat et s’avère un film d’action bien bourrin et sanglant, qui repose autant sur la décontraction et le charisme buriné de Dolph Lungren, que sur d’efficaces effets de possession et les carnages qui s’ensuivent à coup de tronçonneuse, de machette et de coups de fusil à pompe.

Bien mieux et emballant que Le Dernier chasseur de sorcières avec Vin « Baboulinet » Diesel et animé par un amour contagieux de la série B, Don’t Kill It est l’oeuvre de Mike Mendez, découvert en 2000 avec Le Couvent et le déjà culte Big Ass Spider ! (2013), monteur, acteur, scénariste, le genre de type qui s’est fait tout seul, qui n’a jamais eu la prétention de révolutionner le cinéma, mais qui s’éclate à en faire et qui souhaite faire plaisir aux spectateurs. Et ça fonctionne ! Le scénario est généreux et ne se prend pas au sérieux une seconde. Dolph Lundgren s’éclate du début à la fin. Vêtu d’un long manteau usé jusqu’à la moelle, de boots et d’un chapeau de cowboy, il arbore des grigris autour du cou et vapote sa pipe électronique. Il est prêt à affronter le mal avec ses pétoires, son lance-filet à air comprimé et ses pièges à loups (oui), mais finalement, son personnage ne fait pas grand-chose à part observer le carnage tandis que le mal passe d’un flic à une grand-mère, en passant par un chasseur, une petite fille, un chien, etc. Son personnage de pistolero, il aurait d’ailleurs été un parfait Roland dans La Tour Sombre, reste cool et intervient finalement quand on le laisse en placer une, s’il n’est pas assommé avant.

Tourné en trois semaines, Don’t Kill It est une réussite dans le genre décomplexé et qui va droit à l’essentiel en à peine 80 minutes grâce à une mise en scène bien tenue, une photographie qui a de la gueule et un montage tonique. Très drôle et attachant, on en vient même à vouloir une suite, d’autant plus que la scène finale promet un affrontement plutôt…mordant.

LE DVD

Le test du DVD de Don’t Kill It, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est légèrement animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche américaine.

Aucun supplément à part la bande-annonce en version française.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Don’t Kill It, ce qui est d’autant plus dommage que le DVD proposé s’avère très médiocre. Cela faisait d’ailleurs longtemps que nous n’avions pas vu une copie aussi moche à vrai dire. Le premier plan sur la forêt donne le ton avec des couleurs délavées, des pixels à foison, un piqué émoussé, des contrastes aléatoires, des fourmillements, des moirages, tout y passe. On se demande même si le film n’a pas été tourné avec une Smartphone ou un appareil photo. Ceci dit, voir le film dans ces conditions rajoute presque un côté cradingue qui renforce l’aspect série B de Don’t Kill It. Certaines séquences semblent voilées, d’autres se révèlent plus claires et aiguisées.

Sans réelle surprise, la piste DTS 5.1 anglaise se révèle nettement plus homogène, naturelle et dynamique que les deux pistes Dolby Digital 5.1 française et également anglaise disponibles. Sans aucune commune mesure, le spectacle est beaucoup plus fracassant sur la première option acoustique que sur les deux autres, paresseuses, déséquilibrées et qui peinent à instaurer une spatialisation digne de ce nom. La version originale DTS 5.1 n’est pas avare en effets sur les scènes de carnage avec un grand soutien du caisson de basses et des latérales qui délivrent une musique qui risque d’alarmer vos voisins. Les sous-titres français sont de couleur jaune.

Crédits images : © Koch Films / M  Vidéo / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Brimstone, réalisé par Martin Koolhoven

BRIMSTONE réalisé par Martin Koolhoven, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Guy Pearce, Dakota Fanning, Carice van Houten, Kit Harington, Emilia Jones, Ivy George…

Scénario : Martin Koolhoven

Photographie : Rogier Stoffers

Musique : Junkie XL

Durée : 2h29

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle. Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une vie paisible auprès de sa famille. Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance…

Depuis dix ans, rares sont les westerns qui ont su en plus marquer les cinéphiles. Citons pêle-mêle L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’Andrew Dominik (2007), 3h10 pour Yuma de James Mangold (2008), Appaloosa d’Ed Harris (2008), Blackthoarn de Mateo Gil (2010), True Grit des frères Coen (2010), Shérif JacksonSweetwater des frères Miller (2013), Gold de Thomas Arslan (2013), The Salvation de Kristian Levring (2014) et Bone Tomahawk de S. Craig Zahler (2015). Le Django Unchained de Quentin Tarantino s’avérait plus une parodie qu’un véritable western pur et dur comme pouvait l’être Les Huit Salopards en 2016. Dans cette poignée de films, trois se démarquent par la nationalité de leurs réalisateurs et donc par leur interprétation singulière du mythe américain, entre l’espagnol Mateo Gil, l’allemand Thomas Arslan et le danois Kristian Levring. Il faudra désormais compter sur le néerlandais Martin Koolhoven qui signe et réalise avec Brimstone un très grand film, un western à la frontière de plusieurs genres, qui n’est pas sans rappeler La Nuit du Chasseur de Charles Laughton (1955).

Sélectionné en compétition officielle à la Mostra de Venise en 2016 et interdit en salles aux moins de 16 ans en France, Brimstone voit ses 150 minutes divisées en quatre chapitres, Revelation, Exodus, Genesis et Retribution (Châtiment), qui racontent l’histoire à rebours. En se servant du western comme support et repères, Martin Koolhoven déjoue les codes et livre en réalité une redoutable et admirable relecture du boogeyman, ici caractérisé par le personnage d’un pasteur fou à lier, qui a décidé d’épouser sa propre fille et d’avoir des enfants avec elle.

Brimstone est un véritable jeu de pistes dans lequel la jeune Liz se retrouve comme enfermée dans un labyrinthe avec un prédateur lancé à sa poursuite. Le prêcheur déviant et conforté dans ses noirs desseins par la religion, du moins par sa manière d’interpréter les textes sacrés, est incarné par Guy Pearce. Acteur caméléon, passant d’un registre à l’autre, la théâtralité de son jeu a souvent créé un décalage inquiétant comme dans Des hommes sans loi de John Hillcoat. Ridicule et pathétique, il est aussi et surtout immonde, terrifiant et angoissant dans Brimstone, avançant comme un monstre invulnérable, bien décidé à rattraper sa fille qui s’est échappée après la mort brutale de sa mère, interprétée ici par Carice Van Houten.

Liz est aussi le rôle d’une résurrection, celle de Dakota Fanning. Alors que sa sœur Elle enchaîne les projets, celle qui avait estomaqué la planète entière à travers ses prestations dans Man on fire de Tony Scott (2004) et La Guerre des mondes de Steven Spielberg (2005), se faisait plus rare sur les écrans. A part quelques apparitions dans la saga Twilight et une première tentative pour sortir du carcan de l’enfant-comédien dans Les Runaways de Floria Sigismondi, Dakota Fanning avait quelque peu disparu du devant de la scène. Elle crève à nouveau l’écran dans Brimstone dans un rôle quasi-muet. N’oublions pas la grande performance de la jeune Emilia Jones, qui interprète le même personnage enfant et au stade de l’adolescence. Seul bémol au tableau avec la participation du falot Kit Harington (plus connu sous le nom de Jon Snow dans la série événement Game of Thrones), qui promène son absence de charisme et une mauvaise imitation de Woody Harrelson dans quelques séquences.

Magnifiquement photographié par le chef opérateur Rogier Stoffers (Rock academy, Je te promets) et sans oublier la composition hypnotique de Junkie XL, ce western crépusculaire, quasi-fantastique, brutal et très violent – certaines scènes demeurent déconseillées aux spectateurs les plus sensibles – réalisé d’un point de vue féminin, récit initiatique, drame psychologique et fable sur le fanatisme religieux subjugue du début à la fin, s’avère aussi éprouvant que puissant et flamboyant.

LE BLU-RAY

L’édition HD de Brimstone a été réalisée à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Celles et ceux qui auraient été subjugués par Brimstone, devront se ruer sur les scènes coupées (14’). Ces séquences auraient pu tout à fait être intégrées au montage final et ont sûrement été mises de côté en raison de la durée déjà conséquente du film. Quelques scènes sont introduites par le clap et la voix du réalisateur Martin Koolhoven, notamment lors de la scène alternative du duel dans la rue. D’autres séquences appuient le caractère rebelle du beau-fils de Liz à son égard (il demande à son père qu’elle s’en aille de la maison), ou bien prolongent la pendaison de la prostituée où toutes ses amies lui rendent hommage à travers une prière.

Le meilleur de cette interactivité demeure l’interview de Martin Koolhoven (23’), qui posément évoque la genèse de Brimstone (né après son refus de réaliser une comedie-romantique !) et la longue et difficile gestation de son western qu’il voulait personnel et original. Il évoque également la forme du récit, le désir de jouer avec les genres, ses références (Il était une fois dans l’Ouest est le film qui lui a donné envie de faire du cinéma), la façon d’aborder la violence à l’écran, le casting et le travail avec les comédiens, les personnages et leur évolution et les lieux de tournage en Hongrie, en Espagne, en Allemagne et en Autriche.

L’éditeur propose également un document (36’) essentiellement destiné aux musiciens ainsi qu’aux passionnés de musiques de films. Junkie XL de son vrai nom Tom Holkenborg, est le compositeur de la musique de Brimstone. On lui doit également les musiques de Deadpool, La Tour Sombre, Batman v Superman: L’aube de la justice et Mad Max: Fury Road. Filmé par plusieurs caméras et entouré d’ordinateurs, Junkie XL s’adresse directement à ses confrères, aux débutants et tout simplement aux plus curieux, dans le but de détailler toutes les étapes qui ont mené à l’un des thèmes principaux du film de Martin Koolhoven. Si l’entreprise est à saluer, ce module est beaucoup trop long et des néophytes risquent de décrocher rapidement, d’autant plus que Junkie XL utilise un jargon réservé aux initiés.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos du film et du tournage.

Signalons que l’édition 2 DVD contient en plus des entretiens avec Dakota Fanning, Guy Pearce et Kit Harington !

L’Image et le son

M6 Vidéo signe un sans-faute avec ce master HD immaculé de Brimstone. Tout d’abord, c’est la clarté et le relief des séquences diurnes qui impressionnent et flattent la rétine. Les couleurs sont chatoyantes puis deviennent de plus en plus froides jusqu’à la partie enneigée, le piqué est vigoureusement acéré, les détails abondent aux quatre coins du cadre large, restituant admirablement la beauté des paysages et les contrastes affichent une densité remarquable. Ajoutez à cela une profondeur de champ constante, des ambiances tamisées séduisantes et des teintes irrésistibles et vous obtenez le nec plus ultra de la Haute-Définition. Un transfert très élégant mais rien de très étonnant quand on sait que Brimstone a été tourné avec la caméra numérique Arri Alexa XT.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement riches et instaurent un large confort acoustique. En version originale, les dialogues auraient néanmoins mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, mais nous vous conseillons d’éviter l’horrible doublage français. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas tandis que le caisson de basses intervient à bon escient. Deux DTS-HD Master Audio 2.0, forcément moins enveloppantes, sont également disponibles, ainsi que les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © The jokers / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Baby Phone, réalisé par Olivier Casas

BABY PHONE réalisé par Olivier Casas, disponible en DVD le 12 juillet 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Medi Sadoun, Anne Marivin, Pascal Demolon, Lannick Gautry, Michel Jonasz, Marie-Christine Adam, Barbara Schulz…

Scénario : Olivier Casas, Serge Lamadie, Audrey Lanj

Photographie : Sylvain Rodriguez

Musique : Laurent Aknin

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Au détour d’un dîner, les révélations faites à travers le baby-phone d’une chambre d’enfant vont créer un véritable cataclysme au sein d’une famille et d’un groupe d’amis…

A l’origine de Baby Phone il y a un court-métrage du même nom réalisé par Olivier Casas en 2014, qui reprend exactement le même point de départ. Si l’idée était séduisante et convenait parfaitement à un format court, on ne peut vraiment pas en dire autant pour la version long métrage qui ne fonctionne pas du tout et ce dès les premières minutes. Autant le dire d’emblée, Baby Phone est une catastrophe sur le fond comme sur la forme. Ben est marié Charlotte, avec qui il vient d’avoir une petite fille. Jeune compositeur en mal de reconnaissance, il décide de demander à leur ami d’enfance, manager d’une chanteuse très connue, de devenir le parrain de leur fille, dans l’espoir de dynamiser sa carrière. Pour le convaincre de venir chez eux, lors d’un dîner de famille, et réunir le quatuor d’amis qu’ils formaient à l’époque, il fait croire que son père est sur le point de mourir. De quiproquos en malentendus, la soirée se transforme vite en cauchemar pour Ben. Jusqu’au point de non-retour, quand le futur parrain et l’autre vieux pote se rendent dans la chambre du bébé et entament une série de mauvaises blagues. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que le baby phone est branché dans le salon et que tout le monde profite de leur conversation.

Si les comédiens font le boulot, en particulier Medi Sadoun (très sobre), Pascal Demolon (agité, comme d’habitude) et Michel Jonasz (qui détient les meilleures scènes), ils sont tous au service d’une mécanique qui tourne à vide et sont malheureusement peu aidés par des dialogues d’une platitude confondante avec un pauvre « Elle a fait caca ? » récurrent. Ils valent tellement mieux que ça ! Les décors, le rythme, le montage, la mise en scène sont franchement atroces et on a très vite de la peine de voir ces acteurs, que l’on aime habituellement, se débattre comme ils le peuvent pour faire exister ces personnages sans aucune consistance. Par ailleurs, le pitch n’a rien de bien nouveau et la mixture finale s’apparente à une salade composée d’Un air de famille de Cédric Klapisch, de Cuisine et dépendances de Philippe Muyl, du Prénom d’Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte, mais aussi sur le méconnu et sympathique Les Meilleurs amis du monde de Julien Rambaldi. En effet, dans ce dernier, à la suite d’une mauvaise manipulation téléphonique, un couple entendait aussi ce que leurs amis pensaient réellement d’eux. Rien de nouveau dans Baby phone donc, qui se contente d’enchaîner les scènes sans enjeux et de façon répétitive. De plus, Baby Phone n’est pas vraiment une comédie, on esquisse à peine deux sourires, mais instaure un véritable malaise, d’une part en raison de son ratage technique, mais également par ses situations qui n’ont rien de drôles.

Olivier Casas, réalisateur, producteur et scénariste, racle les fonds de tiroir pour étendre son film sur 81 minutes (génériques compris) avec ses sept personnages enfermés dans un appartement. L’émotion est poussive (la chanson finale), artificielle, tandis que l’histoire se clôt de façon gratuite et bien trop facile après une succession de saynètes empilées à la va comme je te pousse. Mauvaise pièce de boulevard filmée, Baby phone compile donc toutes les tares du cinéma français dans ce qu’il peut faire de pire et l’on se demande parfois comment des projets aussi paresseux sur le papier et aussi pauvres techniquement réussissent encore à voir le jour. Très embarrassant.

LE DVD

Le test du DVD de Baby Phone, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé sur une musique guillerette et ne reflète pas du tout le film.

Chose étonnante pour un petit film de cet acabit, nous trouvons un commentaire audio du réalisateur Olivier Casas accompagné pour l’occasion de l’excellent Pascal Demolon. Si la complicité entre les deux hommes, visiblement amis, est évidente, on ne peut pas dire que ce commentaire vole bien haut et l’intérêt demeure très limité. Ce n’est pas que le commentaire soit désagréable, mais les deux intervenants paraissent eux-mêmes conscients de ne pas avoir grand-chose à dire sur le tournage de Baby Phone. On y évoque parfois le casting et les conditions des prises de vues, la musique, le court-métrage à l’origine de Baby Phone (déjà avec Pascal Demolon et Marie-Christine Adam) et on apprend que le comédien a fumé beaucoup de cigares et mangé beaucoup de quiches pour les besoins du tournage. Rien de passionnant donc.

Le making of (18’) est plutôt sympathique. Olivier Casas et sa compagne Audrey Lanj (tous les deux scénaristes) reviennent sur la genèse de Baby Phone, les comédiens présentent les personnages et l’histoire, tandis que des images dévoilent l’envers du décor. Dommage que le film ne soit pas à la hauteur des propos intelligents, des compliments tenus ici par les acteurs et de la rigueur apparente du réalisateur.

S’ensuivent trois scènes coupées (5’) qui n’apportent évidemment rien à l’ensemble, si ce n’est une fin alternative plutôt pas mal et qui aurait pu être gardée tant elle se révèle bien plus réussie et mise en scène par rapport à celle finalement gardée au montage final.

L’Image et le son

Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres et s’accompagnent de moirages ainsi que de saccades.

Baby Phone n’est pas un film à effets et le mixage Dolby Digital 5.1 assure le service minimum. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des très rares séquences en extérieur s’accompagne inévitablement d’ambiances naturelles. Il en est de même pour la musique systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes. Les voix sont solidement délivrées par la centrale. La piste Stéréo saura contenter ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. Pas de sous-titres pour les spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © La Belle Company / M6 Vidéo / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr