Test Blu-ray / Une nuit mouvementée, réalisé par Mario Bava

UNE NUIT MOUVEMENTÉE (Quante volte… quella notte) réalisé par Mario Bava, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Daniela Giordano, Brett Halsey, Dick Randall, Valeria Sabel, Rainer Basedow, Brigitte Skay, Calisto Calisti, Pascale Petit…

Scénario : Mario Moroni, Charles Ross & Guido Leoni

Photographie : Antonio Rinaldi

Musique : Coriolano Gori

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Dragueur invétéré, Gianni Prada sillonne les rues de Rome, à la recherche de quelques jolies filles. Il finit par repérer, puis aborder dans un parc une jeune femme attrayante, Tina. Le soir même, il passe la chercher chez sa mère qui, malgré quelques réticences, les laisse sortir en discothèque. Après quoi, Gianni prend l’initiative de la ramener chez lui, prétextant un coup de fil important. Le couple passe la nuit ensemble dans l’appartement du jeune homme. Au matin, Tina retourne chez sa mère, la robe déchirée. Elle affirme que Gianni a tenté de la violer.

Qui parmi les fans (et Dieu sait s’il y en a) de Mario Bava (1914-1980) se souvient encore d’Une nuit mouvementée Quante volte…quelle notte ? Cette comédie érotique dissimulée entre La Baie sanglante Reazione a catena, Baron vampire Gli orrori del castello di Norimberga et Lisa et le diable Lisa e il diavolo est la seule incursion dans ce genre du maître italien, qui ne portait pas le registre humoristique dans son coeur et qu’il n’hésitait pas à renier par la suite, au même titre que l’improbable (mais recommandé) L’Espion qui venait du surgeléLe Spie vengono dal semifreddo (1966). Pourtant, même si effectivement Une nuit mouvementée ne restera pas dans les annales et a peu marqué les mémoires, il y a toujours quelque chose de bon à prendre dans cet opus et la star du film demeure incontestablement Mario Bava. Ce dernier fait honneur à la couleur dans Quante volte…quelle notte et s’associe une fois de plus avec le chef opérateur Antonio Rinaldi pour « peindre » directement sur la pellicule et ce dès le générique qui rappelle celui de La Panthère rose de Blake Edwards. Cette explosion de couleurs est l’un des gros points forts d’Une nuit mouvementée, bel objet cinématographique à étudier pour les amateurs et les passionnés de Mario Bava. Mais l’autre atout, non négligeable, est la présence en haut de l’affiche de la sublime Daniela Giordano, miss Italie 1966, très convoitée par les réalisateurs, qui porte le film sur ses belles épaules dénudées. Assurément une curiosité dans la carrière du cinéaste.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Une nuit mouvementée, réalisé par Mario Bava »

Test 4K Ultra-HD / Les Yeux sans visage, réalisé par Georges Franju

LES YEUX SANS VISAGE réalisé par Georges Franju, disponible en Combo 4K Ultra HD & Blu-ray, et en Box Ultra Collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray + Livre chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Pierre Brasseur, Alida Valli, Édith Scob, Juliette Mayniel, Alexandre Rignault, Béatrice Altariba, Claude Brasseur, Michel Etcheverry, Yvette Etiévant, René Génin, Lucien Hubert, Marcel Pérès, François Guérin…

Scénario : Pierre Boileau, Thomas Narcejac, Jean Redon, Claude Sautet & Pierre Gascar, d’après le roman de Jean Redon

Photographie : Eugen Schüfftan

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Le Docteur Génessier, chirurgien renommé et spécialiste des greffes de la peau, retient prisonnière sa fille Christiane, défigurée à la suite d’un grave accident de voiture. Louise, son assistante, qui lui est totalement dévouée, sert de rabatteuse et ramène à Génessier des jeunes femmes qui seront sacrifiées dans son laboratoire dissimulé dans une vaste propriété, isolée en banlieue parisienne. Mais la découverte de l’une des victimes, dans une rivière, déclenche une enquête de police. Après plusieurs échecs ayant entraîné une nécrose de la peau, le chirurgien parviendra-t-il à redonner enfin un visage à Christiane ?

C’est une œuvre matricielle, qui n’a eu de cesse d’inspirer les réalisateurs et qui reste d’ailleurs encore une source de création pour de nombreux cinéastes. Les Yeux sans visage est le second long-métrage de Georges Franju, son film le plus connu et le plus prisé des cinéphiles, ainsi que la deuxième association entre le metteur en scène et Pierre Brasseur, quelques mois seulement après La Tête contre les murs. Alors que le comédien interprétait précédemment un inquiétant directeur d’asile psychiatrique, il incarne ici un chirurgien de renom, spécialisé dans les greffes de peau et la régénérescence cellulaire. Le monstre du film, c’est bien lui, un être froid, glacial, peu loquace, Prométhée moderne, qui à l’instar du docteur Frankenstein, va (re)créer le visage défiguré de sa fille victime d’un accident, créature qui finira par lui échapper. D’après un scénario signé Boileau et Narcejac (Sueurs froides, Les Diaboliques), avec la collaboration de Georges Franju et de Claude Sautet (également assistant réalisateur), adapté d’un roman de Jean Redon, Les Yeux sans visage est une pierre fondatrice du cinéma d’épouvante international, dont on ne compte plus les admirateurs, de Pedro Almodóvar (La Piel que habito) à John Woo (Volte/Face), en passant par Leos Carax (Holy Motors) et George Romero (Bruiser). Un modèle de mise en scène, aussi magistrale qu’épurée, un mètre-étalon, une référence ultime, un vrai film culte.

Continuer la lecture de « Test 4K Ultra-HD / Les Yeux sans visage, réalisé par Georges Franju »

Test 4K Ultra-HD / Action mutante, réalisé par Álex de la Iglesia

ACTION MUTANTE (Acción mutante) réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en Combo 4K Ultra HD & Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Antonio Resines, Álex Angulo, Frédérique Feder, Juan Viadas, Karra Elejalde, Saturnino García, Fernando Guillén Cuervo, Jaime Blanch, Ion Gabella…

Scénario : Jorge Guerricaechevarría & Álex de la Iglesia

Photographie : Carles Gusi

Musique : Def Con Dos

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Dans le futur, la société ne prend en compte que les personnes favorisées et marginalise tous les autres. Action Mutante, un groupuscule réunissant des personnes handicapées, décide de passer à… l’action. Emmené par Ramon Yarritu, le groupe kidnappe la fille d’un riche industriel…

En 1991, Álex de la Iglesia réalise son premier court-métrage, Mirindas asesinas, qu’il parvient à présenter à Pedro Almodóvar. Ce dernier tombe sous le charme de cette histoire, une série de meurtres qui se déroule dans un bar, en raison d’un homme qui refuse de payer son soda. Les cadavres s’accumulent sur les lieux, tandis que les clients routiniers passent sans se rendre compte des corps qui les entourent. Résultat des courses, ce cher Pedro, alors en plein tournage de Talons aiguilles Tacones lejanos, accepte de produire le premier long-métrage de ce trublion qui semble en avoir sous le capot. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Almodóvar a eu du pif ! Action Mutante voit le jour et ce coup d’essai s’avère un véritable coup de maître ! TOUT de la Iglesia est déjà dans Acción mutante, une hystérie unique et reconnaissable, une ode au mauvais goût, un chaînon manquant entre les opus du tandem Caro/Jeunet et ceux de John Waters. Si Action Mutante devait être un manège dans une fête foraine, ce serait une attraction hybride, entre le rollercoaster et le train-fantôme. On en ressort comme si on avait ingurgité des packs de Redbull, le sourire aux lèvres, les yeux révulsés (ça bouge dans tous les coins), la tête agitée de tics nerveux, mais on est heureux, rassasiés et on en redemande. Cela tombe bien, car après avoir reçu trois Goyas (meilleurs effets spéciaux, meilleur maquillage et meilleure direction de production), Álex de la Iglesia allait enchaîner avec Le Jour de la bêteEl día de la bestia, pour un délire encore plus grand. Un auteur est né, un immense cinéaste aussi.

Continuer la lecture de « Test 4K Ultra-HD / Action mutante, réalisé par Álex de la Iglesia »

Test Blu-ray / Une vraie jeune fille, réalisé par Catherine Breillat

UNE VRAIE JEUNE FILLE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Charlotte Alexandra, Hiram Keller, Rita Maiden, Bruno Balp, Georges Guéret, Shirley Stoler…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Le Soupirail

Photographie : Pierre Fattori & Patrick Godaert

Musique : Mort Shuman

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Alice Bonnard vient passer ses vacances chez ses parents dans les Landes. Ils possèdent une scierie ou ils emploient un jeune garcon, Jim. Alice se sent très attirée par le jeune homme.

Nous sommes à la moitié des années 1970 et Catherine Breillat se voit offrir l’opportunité de réaliser l’adaptation de son quatrième roman intitulé Le Soupirail (éditions Guy Authier, 1974). Ce premier long-métrage, intitulé Une vraie jeune fille ne pourra pas sortir sur les écrans comme prévu (classé X, le film perd son distributeur et son producteur fait faillite) et devra pour cela attendre une vingtaine d’années. Quand on découvre Une vraie jeune fille quasiment cinquante ans après sa confection, on se rend compte que TOUT Breillat est déjà dans cette première œuvre coup de poing (certains diront même un fist), redoutablement transgressive, (dé)culottée, qui s’inscrit de façon indélébile dans la mémoire des cinéphiles, trop heureux de pouvoir enfin analyser, vivre, ressentir cette pierre fondatrice, matricielle d’une des filmographies les plus singulières du cinéma hexagonal.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Une vraie jeune fille, réalisé par Catherine Breillat »

Test Blu-ray / Anatomie de l’enfer, réalisé par Catherine Breillat

ANATOMIE DE L’ENFER réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Amira Casar, Rocco Siffredi, Alexandre Belin, Manuel Taglang, Jacques Monge, Claudio Carvalho, Carolina Lopes, Diego Rodrigues…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Pornocratie

Photographie : Giorgos Arvanitis & Guillaume Schiffman

Musique : D’Julz

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2004

LE FILM

Au bord de l’ennui, une femme seule et déprimée paie un homosexuel pour qu’il se joigne à elle pour une exploration audacieuse de la sexualité qui durera quatre jours et au cours de laquelle tous deux rejetteront toutes les conventions et briseront toutes les frontières, enfermés à l’écart de la société dans un domaine isolé. Ce n’est qu’en affrontant les aspects les plus inavouables de leur sexualité que l’homme et la femme parviendront à une compréhension pure de la façon dont les sexes se perçoivent l’un l’autre.

Anatomie de l’enfer est le dixième long-métrage de Catherine Breillat et sa seconde collaboration avec Rocco Siffredi, cinq ans après Romance, avec lequel la star du porno faisait ses premiers dans le cinéma dit « traditionnel ». La réalisatrice profite du charisme indéniable de sa tête de bite d’affiche et lui offre un rôle étonnant, évidemment à mille lieues de ce qu’il exécute habitetuellement (décidément), avec lequel il prouve une fois de plus un vrai talent dramatique. Le pari était pourtant risqué, d’autant plus qu’il donne la (douloureuse) réplique à Amira Casar, comédienne éclectique, aussi à l’aise chez Thomas Gilou (les trois premiers volets de La Vérité si je mens!) que chez Anne Fontaine (Comment j’ai tué mon père). Celle-ci commençait à prendre un virage dans sa carrière, se tournant de plus en plus vers le cinéma d’auteur (Carlos Saura, Gaël Morel, les frères Larrieu), Anatomie de l’enfer marquant définitivement un carrefour, une rupture dans sa filmographie. On pourra cette fois encore reprocher à la cinéaste un côté hermétique de certains dialogues (« La fragilité des chairs féminines impose le dégoût et la brutalité »), partis-pris qui pourront faire rire de nombreux spectateurs peu habitués à l’univers de Catherine Breillat, mais aussi cette mauvaise habitude de montrer du doigt les hommes qui salissent tout ce qu’ils touchent, les femmes en particulier et même en premier lieu. Mais Anatomie de l’enfer, film à la durée ramassée (1h15 montre en main) parvient sans mal à créer un état d’hypnose, un engourdissement (pour ne pas une dire une léthargie pour certains), pour que l’on puisse aller au bout de cette « expérience » menée à la fois par la réalisatrice, mais aussi de ses personnages-marionnettes.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Anatomie de l’enfer, réalisé par Catherine Breillat »

Test Blu-ray / Ratman, réalisé par Giuliano Carnimeo

RATMAN (Quella villa in fondo al parco) réalisé par Giuliano Carnimeo, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : David Warbeck, Janet Agren, Eva Grimaldi, Luisa Menon, Werner Pochath, Nelson de la Rosa, Anna Silvia Grullon, Pepito Guerra…

Scénario : Dardano Sacchetti

Photographie : Roberto Girometti

Musique : Stefano Mainetti

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Le corps d’un mannequin, dévoré par des rats, est retrouvé sur une île des Caraïbes. Terry, la sœur de la victime, arrive sur les lieux et enquête avec l’aide d’un auteur de romans policiers rencontré à l’aéroport. Personne ne sait que le meurtrier est un mutant féroce, mi-singe, mi-rat.

(Voix grave et basse) In a world where…non, dans un monde où la peur peut prendre toutes les apparences possibles et imaginables, rien n’a pu vous préparer à celle de…Ratman ! Oui, Ratman (ou Quella villa in fondo al parco en version originale), l’avant-dernier long-métrage de Giuliano Carnimeo (1932-2016), réalisateur de l’excellent Les Rendez-vous de Satan Perché quelle strane gocce di sangue sul corpo di Jennifer? (1972) avec la sublime Edwige Fenech, mais surtout d’une pelletée de westerns aux titres qui fleurent bon le cinéma italien d’alors, Bonnes funérailles, amis, Sartana paieraBuon funerale amigos! paga Sartana (1970) et Quand les colts fument, on l’appelle CimetièreGli fumavano le Colt… lo chiamavano Camposanto (1971) avec Gianni Garko, Django arrive, préparez vos cercueilsC’è Sartana… vendi la pistola e comprati la bara (1970) avec George Hilton. Un metteur en scène qui comme de nombreux confrères savait s’adapter aux goûts du public en passant d’un genre à l’autre, avec une certaine efficacité technique, mais sans toutefois imprimer une griffe reconnaissable. Et ce n’est pas ce Ratman, film « d’épouvante » tardif qui aura permis à Giuliano Carnimeo de passer à la postérité…C’est bien simple, rien ne fonctionne dans cet opus mal torché fagoté, risible, tombé directement dans la benne des nanars, pour ne plus jamais en sortir. Car évidemment, il ne faut pas s’attendre à avoir des sueurs froides devant Ratman, durant lequel il ne se passe pas grand-chose, en dehors de la sculpturale Eva Grimaldi qui s’époumone (et elle a tout ce qu’il faut pour le faire) constamment, tandis que la « créature » interprétée par Nelson de la Rosa, acteur dominicain mesurant 71 centimètres, fait peine à voir, mais arrachera beaucoup de sourire à chaque apparition. Ce n’est pas mauvais, c’est très mauvais comme disait Louis de Funès dans La Grande vadrouille, mais on le savait d’entrée de jeu en enclenchant le bouzin. Pervers que nous sommes et nous savons que vous l’êtes aussi si vous lisez cet article, nous allons jusqu’au bout tout de même, sommes récompensés par une scène de douche totalement gratos et rions souvent de bon coeur devant l’ineptie totale de cette mauvaise entreprise.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Ratman, réalisé par Giuliano Carnimeo »

Test Blu-ray / Le Coeur fou, réalisé par Jean-Gabriel Albicocco

LE COEUR FOU réalisé par Jean-Gabriel Albicocco, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michel Auclair, Ewa Swann, Madeleine Robinson, Brigitte Auber, Jean-Claude Michel, Maurice Garrel, Daniel Cauchy, Marc Michel…

Scénario : Jean-Gabriel Albicocco, Philippe Dumarçay & Pierre Pelegri

Photographie : Quinto Albicocco

Musique : Jean-Pierre Bourtayre

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Journaliste de profession, Serge travaille dans la presse à sensation. Rendant visite à Cécile, son ex-femme, actrice, en cure de repos dans un hôpital psychiatrique, dans le but d’obtenir d’elle une interview,, il fait la rencontre de Clo, une jeune et jolie pyromane. Tombé fou amoureux d’elle, Serge l’aide à s’enfuir. Mais peu à peu, le journaliste perd lui aussi la raison, tandis que les incendies se multiplient au long de leur cavale.

On peut le dire, c’est un choc. On ne s’attendait pas à prendre Le Coeur fou en pleine tronche, en plein estomac aussi. Le quatrième long-métrage de Jean-Gabriel Albicocco (1936-2001) demeure encore aujourd’hui totalement méconnu, pour ne pas dire tout simplement inconnu. Sorti en 1970 dans l’indifférence générale, Le Coeur fou est un drame passionnel violent, romanesque, qui s’apparente à un film échappé du Nouvel Hollywood. Chaînon manquant entre Bonnie & Clyde d’Arthur Penn et Breezy de Clint Eastwood (qui n’apparaîtra pourtant sur les écrans que trois ans plus tard), avec une touche de Cinq Pièces faciles Five Easy Pieces de Bob Rafelson sorti la même année, Le Coeur fou n’a probablement pas d’équivalent en France et l’ancien assistant de Jules Dassin livre une prodigieuse fuite en avant, une cavale sans issue, une balade sauvage magistralement mise en scène et interprétée par le couple vedette Michel Auclair et Eva Swann. Une perle, un bijou noir et pourtant aussi incandescent que les flammes que les deux personnages principaux n’ont de cesse de laisser derrière eux. À voir, à connaître et à relayer autour de vous dans votre réseau cinéphile. Chef d’oeuvre.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Coeur fou, réalisé par Jean-Gabriel Albicocco »

Test Blu-ray / L’Enfant de Satan, réalisé par Mario Bianchi

L’ENFANT DE SATAN (La Bimba di Satana) réalisé par Mario Bianchi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jaqueline Dupré, Marina Hedman, Aldo Sambrell, Giuseppe Carbone, Giancarlo Del Duca, Alfonso Gaita, Mariangela Giordano…

Scénario : Piero Regnoli, d’après une histoire originale de Gabriele Crisanti

Photographie : Franco Villa & Angelo Lannu

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Suite à la mort de sa mère, Miria commence à agir bizarrement. Tour à tour, les proches de la famille et les anciens amants de sa mère disparaissent mystérieusement. Serait-ce son fantôme qui revient d’entre les morts pour se venger, ou son mari qui, par jalousie, décide de faire payer tous ceux qui l’ont rendu cocu ?

Mario Bianchi (1939-2022). Ce nom ne vous dira peut-être rien, mais ce réalisateur a su oeuvrer de longues années dans le domaine du cinéma populaire italien, y compris dans le registre pornographique (quelques titres explicites du genre Analità profondaOrgasmi del secondo canale, L’Ultimo tango anale, Francesca: Sinfonia anale). Ce qui nous intéresse aujourd’hui – les plus pervers devront attendre encore un peu pour en savoir plus sur sa collaboration avec Rocco Siffredi, la Cicciolina et Roberto Malone – est donc la « première » partie de sa carrière, autrement dit celle où le cinéaste tâtait du western spaghetti (Au nom du père, du fils et du colt…, Poker d’as pour un gringo), du poliziottesco (Provinzia violenta, Les Cinq de la section spéciale) et – un peu plus tardivement – du giallo (Non aver paura della zia Marta). Le film dont nous allons parler s’intitule L’Enfant de SatanLa Bimba di Satana est se situe juste avant que le signore Bianchi se lance à corps perdu dans le X. Thriller surnaturel et horrifique, cet opus ne manque pas d’attraits, d’une part en raison de ses actrices dénudées (souvent sans raison, mais on ne va pas se plaindre), d’autre part pour ses personnages peu aimables, dont on attend patiemment qu’ils se fassent tous assassiner. C’est le cas de l’acteur espagnol Aldo Sambrell, gueule récurrente du cinéma d’exploitation (Tender Flesh de Jess Franco, Les Cruels et Navajo Joe de Sergio Corbucci), mais vu aussi chez Jackie Chan (l’immense Opération Condor), Lucio Fulci (Selle d’argent), Don Chaffey (Charley le Borgne), Tom Gries (Les 100 fusils), Romain Gary (Kill) et même chez Richard Fleischer (Les Complices de la dernière chance). Ce dernier vole la vedette dans la peau du salopard, qui se comporte en seigneur et maître du château, un être impitoyable, omnipotent, prétentieux, prêt à violer une religieuse, sous prétexte que « profaner un temple » a toujours été son rêve. Si le rythme est sans doute un peu lent, la très courte durée du film (73 minutes, génériques compris) fait qu’on ne s’ennuie pas, les meurtres et rebondissements s’enchaînent et l’ambiance est suffisamment immersive pour qu’on se prenne au jeu. Un bon cru.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Enfant de Satan, réalisé par Mario Bianchi »

Test Blu-ray / Neuf invités pour un crime, réalisé par Ferdinando Baldi

NEUF INVITÉS POUR UN CRIME (Nove ospiti per un delitto) réalisé par Ferdinando Baldi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Arthur Kennedy, John Richardson, Caroline Laurence, Massimo Foschi, Loretta Persichetti, Sofia Dionisio, Dana Ghia, Rita Silva, Venantino Venantini…

Scénario : Fabio Pittorru

Photographie : Sergio Rubini

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Alors qu’ils passent des vacances sur une île méditerranéenne isolée, neuf invités d’une famille bourgeoise sont traqués et tués un par un mystérieux tueur.

Ils étaient dix, pardon, Dix petits Nègres demeure l’un des plus célèbres romans d’Agatha Christie. Depuis 1939, année de sa première publication au Royaume-Uni, ce livre mythique a très tôt intéressé le monde du théâtre et du cinéma. Si la première mouture sur scène, par ailleurs adaptée par l’auteure elle-même, estimant être la mieux placée pour transposer l’une de ses œuvres, date de 1943, il faudra attendre 1945 pour que Dix petits nègres débarque sur le grand écran et ce sous la direction de René Clair. Ainsi le titre devient Dix petits indiensAnd Then There Were None et réunit Walter Huston, Barry Fitzgerald et Louis Hayward. D’autres adaptations officielles verront le jour (y compris à la télévision), dont la plus connue restera probablement celle signée Peter Collinson, production franco-britannico-italo-germano-espagnol sortie en 1974, qui convoque entre autres Charles Aznavour, Oliver Reed, Stéphane Audran, Gert Froebe, Herbert Lom, Adolfo Celi et la voix d’Orson Welles. D’autres longs-métrages s’inspireront (pour ne pas dire pilleront ouvertement) le roman d’Agatha Christie, de Mario Bava (L’Île de l’épouvante 5 bambole per la luna d’agosto) à James Mangold (Identity). Neuf invités pour un crime Nove ospiti per un delitto fait partie du lot. Plus connu pour ses westerns, parmi lesquels le fabuleux Texas adios, Blindman, le justicier aveugle, Pendez-le par les pieds, Le Dernier des salauds, Le Salaire de la haine et autres réjouissances, Ferdinando Baldi et son scénariste Fabio Pittorru (L’Appel de la chair, La Dame rouge tua sept fois) suivent la trame de Dix petits Nègres et emmènent leur équipe de tournage en Sardaigne, près de la ville de Sassari. Ce thriller « estival » s’avère un divertissement on ne peut plus plaisant, porté par des comédiens judicieusement choisis – en gros, pas un personnage n’est attachant, ce qui ajoute au plaisir de les voir se faire trucider l’un après l’autre – qui prennent un malin plaisir à se voler dans les pattes, jusqu’à ce qu’un assassin décide de parasiter leurs vacances. Solidement mis en scène, Neuf invités pour un crime est hautement conseillé.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Neuf invités pour un crime, réalisé par Ferdinando Baldi »

Test Blu-ray / La Malédiction des morts-vivants, réalisé par Raffaele Picchio

LA MALÉDICTION DES MORTS-VIVANTS (Curse of the Blind Dead) réalisé par Raffaele Picchio, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Aaron Stielstra, Alice Zanini, Francesca Pellegrini, Bill Hutchens, Fabio Testi, David White, Jennifer Mischiati, Douglas Dean…

Scénario : Lorenzo Paviano, Raffaele Picchio & Alessandro Testa, d’après les personnages de Gustavo Adolfo Bécquer et Amando de Ossorio

Photographie : Alberto Viavattene

Musique : Andrea C. Pinna

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Au XIVe siècle, un rituel mené par un groupe d’adorateurs de Satan connus sous le nom des Templiers se solde par leur capture et leur brutale exécution par les habitants. Avant leur mise à mort, les chevaliers font le serment de revenir d’entre les morts pour hanter à jamais le village et la forêt avoisinante. Des siècles plus tard, dans un futur post-apocalyptique, un homme et sa fille luttent pour leur survie, affrontant les Chevaliers morts-vivants ainsi qu’une secte dirigée par un prédicateur dément.

En voilà une bonne découverte ! La Malédiction des morts-vivants Curse of the Blind Dead est une production essentiellement italienne, réalisée par Raffaele Picchio, dont on ne sait pas grand-chose, mise à part sa nationalité et les titres de ses précédents longs-métrages, Morituris : Legions of the Dead (2011, sorti dans les bacs français chez Elephant Films en 2013), Sangue misto (2016, film collectif), The Blind King (2016) et donc cette Malédiction des morts-vivants (2020). Comme les Templiers de son film, il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que ce qui anime ce jeune cinéaste est le genre, l’horreur, le gore, son cinéma étant irrigué par des codes issus de l’épouvante rétro-vintage. C’est encore une fois le cas pour Curse of the Blind Dead, à voir comme une suite-reboot-remake de la légendaire tétralogie dite « des Templiers » de l’espagnol Amando de Ossorio (1918-2001), constituée de La Révolte des morts-vivants La Noche del terror ciego (1971), Le Retour des morts-vivants El Ataque de los muertos sin ojos (1973), Le Monde des morts-vivants El Buque maldito (1974) et La Chevauchée des morts-vivants La Noche de las gaviotas (1975). S’il n’est pas réussi tout du long, cet opus vaut absolument le coup d’oeil, ne serait-ce que pour son prologue, ébouriffant, sans doute l’une des séquences les plus dingues qu’il nous ait été donnés de voir depuis des lustres, suivi d’un générique chiadé et prometteur. Évidemment, il est dommage que le reste ne soit pas à la hauteur, même si La Malédiction des morts-vivants demeure souvent ponctué par des fulgurances d’hémoglobine. Au final, on est tellement emballé que l’on souhaiterait revoir ces Templiers à l’oeuvre !

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Malédiction des morts-vivants, réalisé par Raffaele Picchio »