Test Blu-ray / Liquid Sky, réalisé par Slava Tsukerman

LIQUID SKY réalisé par Slava Tsukerman, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anne Carlisle, Paula E. Sheppard, Susan Doukas, Otto von Wernherr, Bob Brady, Elaine C. Grove, Stanley Knapp, Jack Adalist…

Scénario : Slava Tsukerman, Anne Carlisle & Nina V. Kerova

Photographie : Yuri Neyman

Musique : Brenda I. Hutchinson, Clive Smith & Slava Tsukerman

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

Dans le New-York branché du début des années 1980, Margaret est mannequin et vit chez son amie Adrian, musicienne électro rêvant d’un succès international. Dans leur quotidien évolue Jimmy, mannequin homme, qui partage leur attirance pour l’héroïne, ainsi que la mère de Jimmy qui tente de séduire un prétendu scientifique est-allemand venu étudier les extra-terrestres qui se sont posés au-dessus de l’appartement d’Adrian afin de se gaver des drogues sécrétées par le cerveau humain durant l’orgasme, opération ayant pour effet secondaire la mort du sujet. Les orgasmes étant nombreux au domicile d’Adrian, les morts le deviennent en proportion. À l’inverse de ses partenaires, Margaret ne meurt pas, étant frigide. Mais voulant connaître l’orgasme, elle s’injecte de l’héroïne et meurt à son tour de par le fait des extra-terrestres.

Si vous n’avez jamais pris de drogue (on l’espère pour vous hein) et que vous voulez connaître au moins une fois ce que certaines substances chimiques peuvent faire à votre cerveau et vous faire (faussement) ressentir, alors Liquid Sky est fait pour vous. Nous sommes ici en pleine science-fiction, indépendante, donc autant vous dire que les moyens sont très limités et l’on parle même d’un budget de seulement 500.000 dollars. Contre toute attente, Liquid Sky deviendra le film « indé » le plus rentable de l’année 1983, en engrangeant près de deux millions de billets verts américains dans le monde. Si vous désirez réaliser un trip doublé d’un voyage dans le temps, placez-vous confortablement devant votre écran et plongez dans Liquid Sky, considéré comme ayant influencé un mouvement musical apparu au début des années 2000, à Brooklyn, mais aussi dans différentes capitales européennes (de Londres à Paris, en passant par Berlin), appelé Electroclash. Il y a de tout dans Liquid Sky, et pourtant on serait tenté de dire qu’il n’y a rien, ou presque. Ce premier long-métrage réalisé par Slava Tsukerman est un fourre-tout complètement dingue de ce que l’on pouvait trouver dans le milieu underground punk et new wave, avec toutes les couleurs fluorescentes, les coupes improbables et les maquillages à la truelle que cela comporte. LA grande révélation de ce coup d’essai est incontestablement Anne Carlisle, dans sa première apparition au cinéma, que l’on reverra peu par la suite, mais qui marquera certains films (Recherche Susan désespérément, Crocodile Dundee), et qui deviendra art-thérapeute. Son charisme rare, son talent inné, ses jambes interminables et son look androgyne font la substantifique moelle de Liquid Sky, qui sans elle ne serait rien d’autres qu’une succession de séquences (interminables et bavardes) qui n’ont ni queue ni tête. Il faut souvent s’armer de patience pour aller jusqu’au bout de ce délire coloré et nawak, qui ne mène nulle part et qui se termine d’ailleurs en eau de boudin, mais rien que pour la (double) présence explosive d’Anne Carlisle, parfaite dans son double rôle, Liquid Sky mérite d’être vu au moins une fois dans sa vie de cinéphile.

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Test Blu-ray / La Maison au fond du parc, réalisé par Ruggero Deodato

LA MAISON AU FOND DU PARC (La Casa sperduta nel parco) réalisé par Ruggero Deodato, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : David Hess, Annie Belle, Christian Borromeo, Giovanni Lombardo Radice, Marie Claude Joseph, Gabriele Di Giulio, Lorraine De Selle, Karoline Mardeck, Brigitte Petronio…

Scénario : Gianfranco Clerici & Vincenzo Mannino

Photographie : Sergio D’Offizi

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Alex, voyou et violeur, tient sous sa coupe Ricky, un peu simplet. Tous deux travaillent dans un garage aux affaires douteuses. Alors qu’ils s’apprêtent à sortir en boîte, ils dépannent la voiture d’un couple de jeunes bourgeois qui, pour les remercier, les invite à une soirée dans leur villa. Si Ricky s’y amuse, Alex réalise vite que l’assemblée cherche à les humilier. Énervé, il sort son rasoir et prend la soirée en main…

La Maison au fond du parcLa Casa sperduta nel parco est né de l’argent qui restait à disposition aux deux producteurs Franco Di Nunzio et Franco Palaggi, après le tournage de Cannibal Holocaust. En effet, le réalisateur Ruggero Deodato ayant été encore plus radical et rapide que prévu en Colombie, celui-ci se voit proposer d’emballer un autre film avec ce qui reste alors dans la tirelire mise à disposition. Seule recommandation, le metteur en scène doit filmer lui-même quelques scènes à New York, afin d’y ancrer l’histoire de son nouvel opus, les scènes d’intérieur étant prévues en studio en Italie. Le montage prendra le relais pour faire croire que tout se déroule à New York et dans ses environs. Gianfranco Clerici (La Longue nuit de l’exorcisme, MurderRock, L’Éventreur de New York) et Vincenzo Mannino (Formule pour un meurtre, Les Prédateurs du futur, L’Antéchrist), se mettent à l’écriture et livrent ce qui sera La Maison au fond du parc, qui appartient au genre rape & revenge, tout droit hérité de La Dernière maison sur la gauche (1972) de Wes Craven. Non seulement la trame narrative et l’intrigue sont très proches de ce film devenu immédiatement une référence et un modèle à plagier, mais David Hess, qui incarnait le fameux Krug Stillo, tient également le haut de l’affiche dans cette Casa sperduta nel parco. Le sieur Deodato devait démarrer les prises de vue alors que son odyssée sanglante dans la forêt amazonienne n’était pas encore sortie sur les écrans, avec le scandale qui allait l’accompagner. Rétrospectivement, La Maison au fond du parc est sans doute l’un des meilleurs opus du maestro. Impeccablement emballé, ce thriller demeure une oeuvre très violente, sans concession, morbide, cruelle, dérangeante, à l’érotisme malsain, mais génialement réalisée, photographiée, cadrée, montée et interprétée, le tout en trois semaines seulement et dont la rapidité (pour ne pas dire l’urgence) d’exécution se ressent à l’écran. À ne pas mettre devant tous les yeux toutefois. Il faut dire que Ruggero Deodato n’y va pas de main-morte et met souvent tout humour de côté, aucune soupape permettant au spectateur de reprendre son souffle devant ce spectacle transgressif, sulfureux et subversif. Un chaînon manquant, toutes proportions gardées bien sûr, ne hurlez pas, entre La Maison des otagesThe Desperate Hours (1955) de William Wyler (que refera Michael Cimino au début des années 1990) et Orange mécanique A Clockwork Orange (1971) de Stanley Kubrick.

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Test Blu-ray / La Queue du scorpion, réalisé par Sergio Martino

LA QUEUE DU SCORPION (La Coda dello scorpione) réalisé par Sergio Martino, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : George Hilton, Anita Strindberg, Alberto de Mendoza, Janine Reynaud, Luis Barboo, Tom Felleghy, Lisa Leonardi, Tomás Picó, Ida Galli, Luigi Pistilli…

Scénario : Ernesto Gastaldi

Photographie : Emilio Foriscot

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Suite au décès de son mari, Kurt, dans l’explosion d’un avion, Lisa Baumer hérite d’un million de dollars qu’elle ne pourra toucher qu’en quittant Londres pour se rendre à Athènes. Sur place, elle est suivie par Peter Lynch, dépêché par la compagnie d’assurances, ainsi que par John Stanley, un policier. Peu après, la riche héritière croise la route d’une ex-maîtresse de son mari, Lara Florakis. Flanquée de Sharif, son homme de main, celle-ci lui réclame la moitié du pactole, sous peine de représailles…

C’est on peut le dire la plus grande période de la carrière éclectique et prolifique de Sergio Martino (né en 1938), puisque La Queue du scorpion La Coda dello scorpione (1971) prend place entre L’Étrange Vice de madame WardhLo Strano vizio della Signora Wardh et Toutes les couleurs du viceTutti i colori del buio. Nous sommes donc en plein giallo, genre qui fait habituellement fuir les critiques de cinéma et qui remplit pourtant les salles. Point d’Edwige Fenech au générique, pour cause d’heureux événement à venir, la magnifique actrice a dû laisser sa place à sa consœur suédoise Anita Strindberg, précédemment à l’affiche du Venin de la peurUna lucertola con la pelle di donna de Lucio Fulci et qui en l’espace de trois ou quatre ans marquera les esprits en enchaînant Qui l’a vue mourir ?Chi l’ha vista morire? d’Aldo Lado, Tropique du Cancer Al tropico del cancro de Gian Paolo Lomi et Edoardo Mulargia et L’Antéchrist L’Anticristo d’Alberto de Martino, pour ne citer que ceux-là et c’est déjà pas mal. Sergio Martino et Anita Strindberg, qui se retrouveront tout de suite après pour le légendaire (c’est toujours un plaisir d’écrire ce titre) Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la cléIl tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave, tournent La Queue du scorpion, thriller italo-espagnol, avec une petite touche de moussaka et de pudding, le film allant se faire voir chez les grecs dans la seconde partie et de l’autre côté de la Manche pour deux ou trois scènes ajoutées en raison d’une durée jugée trop courte pour l’exploitation du film. La Queue du scorpion est un parfait représentant du giallo avec son intrigue « tarabiscotée » (rien de péjoratif ici), ses femmes fatales, ses beaux gosses ténébreux, son tueur masqué, vêtu de noir, l’arme blanche empoignée par une main endossée d’un gant en cuir, ses victimes passant de vie à trépas dans d’atroces douleurs et le plus souvent dans un bain de sang bien rouge ketchup ou sauce barbecue si la lame atteint le foie. Le spectacle demeure total, excellemment mis en scène par des plus grands et habiles artisans en la matière. Une vraie référence non usurpée.

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Test Blu-ray / Aenigma, réalisé par Lucio Fulci

AENIGMA (Ænigma) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jared Martin, Lara Naszinsky, Milijana Zirojevic, Ulli Reinthaler, Sophie d’Aulan, Jennifer Naud, Riccardo Acerbi, Kathi Wise…

Scénario : Lucio Fulci & Giorgio Mariuzzo

Photographie : Luigi Ciccarese

Musique : Carlo Maria Cordio

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Boston, années 1980 – Au sein du collège Saint Mary’s, Kathy subit les moqueries de la part d’un groupe d’élèves et d’un professeur de gymnastique. Un soir, à la suite d’une très mauvaise plaisanterie, l’adolescente, humiliée, est renversée par une voiture et tombe dans un coma profond. À l’hôpital, victime d’un arrêt cardiaque, une partie de son esprit sort de son corps. Un peu plus tard, une nouvelle élève, Eva, arrive dans l’établissement. Kathy la possède. Elle deviendra l’instrument de sa vengeance.

Il en est où ce bon vieux Lucio Fulci en 1987 ? Tout juste âgé de soixante ans, le cinéaste s’est tenu éloigné des studios en raison d’une maladie déclarée après la sortie de MurdeRock, succès en Europe, mais échec en Italie. Revenu avec Le Miel du diable Il Miele del diavolo, le maestro s’adonne désormais à des productions de moindre envergure, peu aidées par des budgets très limités et des conditions drastiques de tournage. C’est le cas pour Aenigma, qui n’est assurément pas l’opus le plus connu de son auteur, mais qui n’en est pas moins dépourvu de quelques séquences particulièrement réjouissantes et qui témoignent que Lucio Fulci en avait encore sous le capot. Son style inimitable est reconnaissable à plusieurs reprises, quand bien même le cinéaste s’inspire ouvertement et très largement de Suspiria et de Phenomena, réalisés par Dario Argento, avec une touche de Carrie au bal du diable de Brian De Palma, ou même encore de Patrick de Richard Franklin, qui avait connu une suite (non autorisée et donc opportuniste) en Italie, Patrick vive ancora, mis en scène par Mario Landi. Tout cela pour dire que Aenigma est un pot-pourri de tout ce qui se faisait alors dans le genre horrifique, avec tous les codes du slasher qui arrivait franchement en bout de course. Et pourtant, cela fonctionne bien, Lucio Fulci conduit son train-fantôme comme une véritable attraction où certaines surprises font leur effet, d’autres non évidemment, mais on est à l’arrivée ravis d’y avoir pris place.

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Test Blu-ray / Un escargot dans la tête, réalisé par Jean-Étienne Siry

UN ESCARGOT DANS LA TÊTE réalisé par Jean-Étienne Siry, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florence Giorgetti, Renaud Verley, Jeanne Allard, Jean-Claude Bouillon, Marcel Gassouk, Charles Dubois, Hélène Hily, Rose Thiéry…

Scénario : Jean-Étienne Siry

Photographie : François About

Musique : Didier Vasseur

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Hélène Gallois traverse une période de dépression à la suite de son divorce. Lors de son séjour dans une clinique spécialisée, elle fait la connaissance d’Édouard Fournier, artiste peintre en proie à l’alcoolisme. Une amitié naît entre eux et ils décident de séjourner dans une ferme appartenant à Édouard. Cependant, l’ambiance oppressante du lieu ravive leurs traumatismes passés, les confrontant à leurs propres démons intérieurs.

« Entre le rêve et la réalité, il existe une frontière que personne ne devrait jamais franchir… ». Ainsi débute Un escargot dans la tête, dernier long-métrage et par ailleurs ultime film de Jean-Étienne Siry (1940-2019). Ce dernier est surtout connu pour son premier court, le légendaire Poing de force (1976), œuvre sur le sadomasochisme, provenant en réalité du banc de montage de Mâles Hard Corps, que le réalisateur avait signé la même année avec Norbert Terry. Si son nom ne vous dit rien, il en est tout autre pour son travail. Car si vous n’avez pas encore vu Poing de force, vous connaissez les affiches de cinéma dont il est le créateur : Les Tontons flingueurs, Les Monstres, La Tulipe Noire, Le Corniaud, Quoi de neuf, Pussycat ?, Bunny Lake a disparu, Les Centurions, La Carapate…tous ces visuels entrés dans la conscience des spectateurs et cinéphiles sont l’oeuvre de Jean-Étienne Siry. Ce dernier passe une dernière fois derrière la caméra pour Un escargot dans la tête, titre ô combien giallesque, qui n’est autre qu’un remarquable drame psychologique sur le thème de la dépression et celui du trauma. Cet Objet Filmique Non-Identifié sorti en 1980, repose sur l’intense interprétation d’une comédienne aujourd’hui complètement oubliée, Florence Giorgetti (1943-2019), qui passait sa vie professionnelle sur les planches (pendant près d’un demi-siècle), à la télévision et bien sûr au cinéma (Massacre pour une orgie, La Grande Bouffe), tout en prêtant parfois sa voix singulière à Vanessa Redgrave, Anne Bancroft, Susan Sarandon…Dans Un escargot dans la tête, elle incarne magistralement Hélène, internée après avoir mélangé alcool et barbituriques, suite à un divorce malheureux. Dans l’établissement psychiatrique, elle fait la connaissance d’un jeune homme, qui lui aussi a de nombreuses plaies à panser…La suite ? Il vous faudra la découvrir sans trop divulguer ce qui se déroule, tant Jean-Étienne Siry ne cesse d’emmener les spectateurs là où ils s’y attendent le moins. Avec cette ressortie inattendue en 2025 et en Haute-Définition chez Le Chat qui fume, Un escargot dans la tête est non seulement une des expériences les plus originales que vous verrez cette année, mais aussi une véritable expérience de cinéma, dont l’audace manque cruellement au septième art hexagonal contemporain.

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Test Blu-ray / Chassés-croisés sur une lame de rasoir, réalisé par Maurizio Pradeaux

CHASSÉS-CROISÉS SUR UNE LAME DE RASOIR (Passi di danza su una lama di rasoio) réalisé par Maurizio Pradeaux, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Robert Hoffmann, Nieves Navarro, Jorge Martín, Anuska Borova, Serafino Profumo, Simón Andreu, Anna Liberati, Rosita Torosh…

Scénario : Alfonso Balcázar, Arpad DeRiso, Jorge Martín & Maurizio Pradeaux

Photographie : Jaime Deu Casas

Musique : Roberto Pregadio

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Alors que Kathy et ses parents, Suédois venus lui rendre visite à Rome, attendent l’arrivée d’Alberto Morosini, son fiancé, pour repartir à l’aéroport, celle-ci, guettant sa venue au moyen d’une longue-vue panoramique, est alors témoin du meurtre à l’arme blanche d’une jeune femme dans un appartement. De retour de l’aéroport, Kathy et Alberto se rendent au poste de police, où elle est interrogée par le commissaire Merughi. Peu de temps après, deux témoins potentiels qui se trouvaient non loin de la scène du crime, un vendeur de marrons et une femme de ménage, sont sauvagement assassinés. Kathy sera-t-elle la prochaine victime ?

Moui…mouarf…Chassés-croisés sur une lame de rasoirPassi di danza su una lama di rasoio, comme son titre vous l’a peut-être indiqué, ou bien encore Devil Blade pour sa sortie VHS hexagonale, est un giallo méconnu, sorti en 1973 et réalisé par un certain Maurizio Pradeaux (1931-2022), jusqu’à présent inconnu pour l’auteur de ces mots. Assistant de production, il passe derrière la caméra en 1966 avec Ramon le MexicainRamon il messicano, western avec Claudio Undari. Puis, le metteur en scène et scénariste va suivre les genres à succès du moment, entre le film de casse (Un casse pour des clous28 minuti per 3 milioni du dollari), le film de guerre (Les Léopards de Churchill I Leopardi di Churchill), la comédie (I Figli di Zanna Bianca), puis enfin le giallo. Chassés-croisés sur une lame de rasoir sort sur les écrans alors que la mode est déjà au poliziottesco. Folie meurtrière de Tonino Valerii, Toutes les couleurs du vice de Sergio Martino, Mais… qu’avez-vous fait à Solange ? de Massimo Dallamano, À la recherche du plaisir de Silvio Amadio, Qui l’a vue mourir ? d’Aldo Lado, La Longue Nuit de l’exorcisme de Lucio Fulci et quelques autres pointures sont sorties l’année précédente, mais le thriller horrifique arrive quelque peu en bout de course. Peu de choses distinguent l’opus de Maurizio Pradeaux du tout-venant, à part sans doute la participation de la magnifique Susan Scott aka Nieves Navarro (d’où une coproduction hispano-italienne), l’une des plus belles créatures du cinéma italien d’exploitation après Edwige Fenech. Tout y est, un tueur vêtu d’un grand manteau noir, la tête surmontée d’un chapeau, les mains glissées dans des gants, arme blanche au poing, tandis qu’une caméra subjective adopte son point de vue. Et les meurtres de se succéder. Pour quelle raison ? La résolution (forcément décevante) sera dévoilée dans les toutes dernières minutes. Pas déshonorant, mais franchement peu excitant, Passi di danza su una lama di rasoio demeure complètement anecdotique et s’oublie immédiatement après visionnage. Au suivant !

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Test Blu-ray / Tracking, réalisé par Pierre B. Reinhard

TRACKING réalisé par Pierre B. Reinhard, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Marie-Isabelle Heck, Geneviève Lesourd, Laurence Molinatti, Natasha Davidson, Annick Chatel…

Scénario : Jean-Philippe Berger

Photographie : Henry Froger

Musique : Christian Bonneau

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Trois copines – Lisa, Nathalie et Stéphanie – sont réunies dans un grand manoir appartenant aux parents de Lisa. Après une soirée arrosée à se raconter des histoires, le trio commence à être victime d’hallucinations dans lesquelles elles sont violées et torturées par le fantôme d’un militaire. Mais s’agit-il vraiment d’une illusion ou de la réalité ?

La même année que La Revanche des mortes-vivantes, le réalisateur Pierre B. Reinhard (né en 1951) se voit proposer un nouveau long métrage, non pas pornographique, domaine dans lequel il multipliait aussi les ré-jouissances (Délires sodos, Chattes salées prêtes à baiser, Le marteau-pilon anal, Profondes Sodomies pour fêlées du cul) sous le pseudonyme de Mike Strong, mais un thriller psychologique et paranoïaque intitulé Tracking. Certes, les trois jeunes comédiennes sont dénudées à la moindre occasion, mais le tournage emballé avec trois francs six sous (150.000 francs exactement) et les étonnantes ambitions que ce film affiche le rendent éminemment sympathique. Marie-Isabelle Heck, Laurence Molinatti et Natasha Davidson sont les trois vedettes (éphémères) de Tracking. Sorties de nulle part, elles s’en sortent très bien et se voient plonger dans un quasi-huis clos, se déroulant dans une maison trouvée dans la Sarthe, où un homme vêtu en soldat s’en prend au trio, en les violant tour à tour. Mais tout ceci n’est-il qu’une hallucination collective ? Sur un scénario de Jean-Philippe Berger (Le Diable Rose du même metteur en scène), Pierre B. Reinhard brouille les pistes, les repères, prend des risques en perdant les spectateurs, qui ne s’attendaient sûrement pas à ce qu’on leur raconte cette histoire, tout en flattant leurs hormones. Une indéniable découverte, qu’une voix-off « certifie » être inspirée d’une histoire vraie.

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Test Blu-ray / Sex is Comedy, réalisé par Catherine Breillat

SEX IS COMEDY réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anne Parillaud, Grégoire Colin, Roxane Mesquida, Ashley Wanninger, Dominique Colladant, Bart Binnema, Yves Osmu, Elisabete Piecho…

Scénario : Catherine Breillat

Photographie : Laurent Machuel

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2002

LE FILM

Jeanne réalise un long métrage intitulé Scènes intimes. Elle doit filmer une scène d’amour entre son acteur et son actrice principale. Jeanne doit gérer leurs sentiments pour les préparer au mieux à cette scène difficile, aidée par son assistant réalisateur qui lui sert de confident. Mais les comédiens ne semblent pas s’entendre et l’acteur rechigne à suivre les instructions de Jeanne.

Au début des années 2000, Catherine Breillat enchaîne les tournages. Portée par ce qui sera alors son plus grand succès, Romance (près de 350.000 entrées), la réalisatrice signe À ma sœur !, présenté à la Berlinale et récompensée dans de nombreux autres festivals, puis elle se tourne vers la télévision, pour le compte d’Arte, avec Brève Traversée. Catherine Breillat revient très vite au cinéma avec Sex is Comedy, dont le X est mis en surbrillance rouge sur l’affiche, comme il surmontait déjà le titre sur celle de Romance. Rétrospectivement, cet opus est sans aucun doute le plus autobiographique de son auteure, puisqu’elle se représente elle-même sur un plateau, en ayant recours à une « doublure », en l’occurrence la magnifique Anne Parillaud, dans un de ses meilleurs rôles. On pense à Prenez garde à la sainte putainWarnung vor einer heiligen Nutte (1971) de Rainer Werner Fassbinder, dans lequel une équipe de cinéma, lors d’un tournage, se trouve en butte à des difficultés de toutes sortes allant du retard du réalisateur, au défaut de matériel, de la jalousie, des conflits multiples. C’est une évidence, Catherine Breillat devait connaître ce grand classique du sulfureux cinéaste allemand avant d’entreprendre Sex is Comedy. Pour ce dernier, elle retrouve Roxane Mesquida, qu’elle avait déjà dirigé dans son précédent long-métrage et qui reprend plus ou moins le même rôle ici, avec une touche forcément méta. Si cette dernière n’a pas beaucoup de dialogues et passe la plus grande partie du film allongée sur un lit ou sur le sable, l’actrice, âgée de 21 ans crève l’écran par sa sensibilité à fleur de peau et sa beauté froide. Mais Anne Parillaud se taille évidemment la part du lion en clone de Catherine Breillat, boss du plateau qui peut être à la fois glaciale et vulgaire, comme extrêmement chaleureuse et tactile avec son équipe et sa distribution. Bien sûr, il y a beaucoup d’ego dans Sex is Comedy et l’on pourra souvent critiquer le fait que Breillat a dressé un autoportrait comme elle le souhaitait, sans contrepoint, mais elle le fait avec honnêteté, en ne se « montrant » pas non plus sous son meilleur jour, ni sous son meilleur profil. Sex is Comedy demeure l’un de ses films les plus accessibles, n’est pas exempt d’humour (loin de là), divertit et s’avère un beau témoignage sur une femme de cinéma.

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Test Blu-ray / 36 fillette, réalisé par Catherine Breillat

36 FILLETTE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Delphine Zentout, Étienne Chicot, Olivier Parnière, Jean-Pierre Léaud, Berta Domínguez D., Jean-François Stévenin, Diane Bellego…

Scénario : Catherine Breillat & Roher Salloch, d’après le roman de Catherine Breillat

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Maxime Schmitt

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Lili, quatorze ans, passe ses vacances dans un camping avec ses parents et son frère. Un soir, elle rencontre Maurice, personnage cynique de quarante ans qui cherche à la séduire. Une relation ambiguë s’installe alors.

À cause de la faillite de son producteur, le premier long-métrage de Catherine Breillat, Une vraie jeune fille, tourné en 1975, ne pourra être distribué que près d’un quart de siècle plus tard. En 1979, sort sur les écrans Tapage nocturne, ou l’histoire d’une femme, mariée et mère d’une petite fille, qui recherche constamment l’amour fou et va d’aventure en aventure au rythme de deux ou trois rendez-vous par soirée, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse jusqu’à la passion. On reconnaît bien là les thèmes, les obsessions de la réalisatrice. 180.000 spectateurs auront la curiosité d’aller voir ce second film. Après cela, Catherine Breillat officiera exclusivement comme scénariste, pour Lilaiana Cavani (La Peau), Marco Bellocchio (Les Yeux, la bouche), Maurice Pialat (Police), et ne fera son retour derrière la caméra qu’en 1988 avec 36 fillette. Rétrospectivement, ce dernier est assurément l’un des meilleurs opus de la cinéaste, qui se place dans la droite lignée d’Une vraie jeune fille, avec lequel 36 fillette partage de nombreux motifs, tout en prolongeant certains questionnements, notamment cette dichotomie entre le corps et l’esprit. Remarquablement interprété par Delphine Zentout et Étienne Chicot, 36 fillette n’est évidemment pas à mettre devant tous les yeux, mais s’avère un fascinant objet de cinéma pour les autres, doublé d’un passionnant sujet de réflexion.

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Test Blu-ray / Nightmare Concert, réalisé par Lucio Fulci

NIGHTMARE CONCERT (Un gatto nel cervello) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Lucio Fulci, Jeoffrey Kennedy, Malisa Longo, Paola Cozzo, Robert Egon, David L. Thompson, Shilett Angel…

Scénario : Lucio Fulci, Giovanni Simonelli & Antonio Tentori

Photographie : Alessandro Grossi

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Réalisateur de films d’horreur, Lucio Fulci vit un véritable cauchemar. Poursuivi par les personnages de ses films et transporté dans les scènes les plus horribles, il croit devenir fou ! Conscient de ses obsessions, il consulte un psychiatre qui pratique l’hypnose. Mais une succession de meurtres bien réels sont alors commis et il devient de plus en plus difficile de distinguer la fiction de la réalité…

Nightmare Concert, ou Un gatto nel cervello, ou littéralement Un chat dans le cerveau est l’un des derniers longs-métrages de Lucio Fulci (1927-1996). En réalité, il s’agit d’un patchwork, d’un opus composé de scènes tirées de téléfilms supervisés ou adoubés plutôt par le maître de l’horreur dans le cadre de son anthologie Lucio Fulci presenta. Ainsi outre des extraits des Fantômes de SodomeIl fantasma di Sodoma et de Soupçons de mort Quando Alice ruppe lo specchio, sortis en 1988, on reconnaît des images tirées de Bloody Psycho de Leandro Lucchetti (1989), de Hansel e Gretel de Giovanni Simonelli (1990), de Massacre d’Andrea Bianchi (1989), de Blood Moon/Death Escape d’Enzo Milioni et de The Murder SecretNon Avere Paura Della Zia Martade Mario Bianchi (1988). Là-dessus, Lucio Fulci himself sert de fil rouge, à travers une histoire « méta », où le cinéaste se retrouve à la merci de visions cauchemardesques, qui lui font perdre le sens des réalités. Le cinéaste a une vraie gueule de cinéma et s’en tire bien dans le « rôle » de Lucio Fulci et d’entrée de jeu, celui-ci est montré à l’oeuvre, en train d’écrire, d’imaginer comment une femme peut passer de vie à trépas. Tous les moyens sont bons, à coups de hache, étranglée, pendue, coupée en morceaux avec une tronçonneuse, noyée dans l’eau bouillante, égorgée par un chat sauvage, brûlée vive, enterrée vivante, torturée, les yeux percés, poignardée, sciée en deux, crucifiée, décapitée…voilà ce qui triture les méninges de Lucio Fulci, son cerveau ne le laissant pas en paix, comme si un chat lui lacérait ou lui rongeait la matière grise, ce que le générique nous dévoile d’ailleurs littéralement. Si Nightmare Concert comporte évidemment de nombreux défauts, cette plongée dans les méandres de l’esprit du cinéaste est un petit bonus sympathique pour ses très nombreux admirateurs et ce voyage n’est franchement pas déplaisant.

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