Test Blu-ray / Tracking, réalisé par Pierre B. Reinhard

TRACKING réalisé par Pierre B. Reinhard, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Marie-Isabelle Heck, Geneviève Lesourd, Laurence Molinatti, Natasha Davidson, Annick Chatel…

Scénario : Jean-Philippe Berger

Photographie : Henry Froger

Musique : Christian Bonneau

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Trois copines – Lisa, Nathalie et Stéphanie – sont réunies dans un grand manoir appartenant aux parents de Lisa. Après une soirée arrosée à se raconter des histoires, le trio commence à être victime d’hallucinations dans lesquelles elles sont violées et torturées par le fantôme d’un militaire. Mais s’agit-il vraiment d’une illusion ou de la réalité ?

La même année que La Revanche des mortes-vivantes, le réalisateur Pierre B. Reinhard (né en 1951) se voit proposer un nouveau long métrage, non pas pornographique, domaine dans lequel il multipliait aussi les ré-jouissances (Délires sodos, Chattes salées prêtes à baiser, Le marteau-pilon anal, Profondes Sodomies pour fêlées du cul) sous le pseudonyme de Mike Strong, mais un thriller psychologique et paranoïaque intitulé Tracking. Certes, les trois jeunes comédiennes sont dénudées à la moindre occasion, mais le tournage emballé avec trois francs six sous (150.000 francs exactement) et les étonnantes ambitions que ce film affiche le rendent éminemment sympathique. Marie-Isabelle Heck, Laurence Molinatti et Natasha Davidson sont les trois vedettes (éphémères) de Tracking. Sorties de nulle part, elles s’en sortent très bien et se voient plonger dans un quasi-huis clos, se déroulant dans une maison trouvée dans la Sarthe, où un homme vêtu en soldat s’en prend au trio, en les violant tour à tour. Mais tout ceci n’est-il qu’une hallucination collective ? Sur un scénario de Jean-Philippe Berger (Le Diable Rose du même metteur en scène), Pierre B. Reinhard brouille les pistes, les repères, prend des risques en perdant les spectateurs, qui ne s’attendaient sûrement pas à ce qu’on leur raconte cette histoire, tout en flattant leurs hormones. Une indéniable découverte, qu’une voix-off « certifie » être inspirée d’une histoire vraie.

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Test Blu-ray / Sex is Comedy, réalisé par Catherine Breillat

SEX IS COMEDY réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anne Parillaud, Grégoire Colin, Roxane Mesquida, Ashley Wanninger, Dominique Colladant, Bart Binnema, Yves Osmu, Elisabete Piecho…

Scénario : Catherine Breillat

Photographie : Laurent Machuel

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2002

LE FILM

Jeanne réalise un long métrage intitulé Scènes intimes. Elle doit filmer une scène d’amour entre son acteur et son actrice principale. Jeanne doit gérer leurs sentiments pour les préparer au mieux à cette scène difficile, aidée par son assistant réalisateur qui lui sert de confident. Mais les comédiens ne semblent pas s’entendre et l’acteur rechigne à suivre les instructions de Jeanne.

Au début des années 2000, Catherine Breillat enchaîne les tournages. Portée par ce qui sera alors son plus grand succès, Romance (près de 350.000 entrées), la réalisatrice signe À ma sœur !, présenté à la Berlinale et récompensée dans de nombreux autres festivals, puis elle se tourne vers la télévision, pour le compte d’Arte, avec Brève Traversée. Catherine Breillat revient très vite au cinéma avec Sex is Comedy, dont le X est mis en surbrillance rouge sur l’affiche, comme il surmontait déjà le titre sur celle de Romance. Rétrospectivement, cet opus est sans aucun doute le plus autobiographique de son auteure, puisqu’elle se représente elle-même sur un plateau, en ayant recours à une « doublure », en l’occurrence la magnifique Anne Parillaud, dans un de ses meilleurs rôles. On pense à Prenez garde à la sainte putainWarnung vor einer heiligen Nutte (1971) de Rainer Werner Fassbinder, dans lequel une équipe de cinéma, lors d’un tournage, se trouve en butte à des difficultés de toutes sortes allant du retard du réalisateur, au défaut de matériel, de la jalousie, des conflits multiples. C’est une évidence, Catherine Breillat devait connaître ce grand classique du sulfureux cinéaste allemand avant d’entreprendre Sex is Comedy. Pour ce dernier, elle retrouve Roxane Mesquida, qu’elle avait déjà dirigé dans son précédent long-métrage et qui reprend plus ou moins le même rôle ici, avec une touche forcément méta. Si cette dernière n’a pas beaucoup de dialogues et passe la plus grande partie du film allongée sur un lit ou sur le sable, l’actrice, âgée de 21 ans crève l’écran par sa sensibilité à fleur de peau et sa beauté froide. Mais Anne Parillaud se taille évidemment la part du lion en clone de Catherine Breillat, boss du plateau qui peut être à la fois glaciale et vulgaire, comme extrêmement chaleureuse et tactile avec son équipe et sa distribution. Bien sûr, il y a beaucoup d’ego dans Sex is Comedy et l’on pourra souvent critiquer le fait que Breillat a dressé un autoportrait comme elle le souhaitait, sans contrepoint, mais elle le fait avec honnêteté, en ne se « montrant » pas non plus sous son meilleur jour, ni sous son meilleur profil. Sex is Comedy demeure l’un de ses films les plus accessibles, n’est pas exempt d’humour (loin de là), divertit et s’avère un beau témoignage sur une femme de cinéma.

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Test Blu-ray / 36 fillette, réalisé par Catherine Breillat

36 FILLETTE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Delphine Zentout, Étienne Chicot, Olivier Parnière, Jean-Pierre Léaud, Berta Domínguez D., Jean-François Stévenin, Diane Bellego…

Scénario : Catherine Breillat & Roher Salloch, d’après le roman de Catherine Breillat

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Maxime Schmitt

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Lili, quatorze ans, passe ses vacances dans un camping avec ses parents et son frère. Un soir, elle rencontre Maurice, personnage cynique de quarante ans qui cherche à la séduire. Une relation ambiguë s’installe alors.

À cause de la faillite de son producteur, le premier long-métrage de Catherine Breillat, Une vraie jeune fille, tourné en 1975, ne pourra être distribué que près d’un quart de siècle plus tard. En 1979, sort sur les écrans Tapage nocturne, ou l’histoire d’une femme, mariée et mère d’une petite fille, qui recherche constamment l’amour fou et va d’aventure en aventure au rythme de deux ou trois rendez-vous par soirée, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse jusqu’à la passion. On reconnaît bien là les thèmes, les obsessions de la réalisatrice. 180.000 spectateurs auront la curiosité d’aller voir ce second film. Après cela, Catherine Breillat officiera exclusivement comme scénariste, pour Lilaiana Cavani (La Peau), Marco Bellocchio (Les Yeux, la bouche), Maurice Pialat (Police), et ne fera son retour derrière la caméra qu’en 1988 avec 36 fillette. Rétrospectivement, ce dernier est assurément l’un des meilleurs opus de la cinéaste, qui se place dans la droite lignée d’Une vraie jeune fille, avec lequel 36 fillette partage de nombreux motifs, tout en prolongeant certains questionnements, notamment cette dichotomie entre le corps et l’esprit. Remarquablement interprété par Delphine Zentout et Étienne Chicot, 36 fillette n’est évidemment pas à mettre devant tous les yeux, mais s’avère un fascinant objet de cinéma pour les autres, doublé d’un passionnant sujet de réflexion.

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Test Blu-ray / Nightmare Concert, réalisé par Lucio Fulci

NIGHTMARE CONCERT (Un gatto nel cervello) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Lucio Fulci, Jeoffrey Kennedy, Malisa Longo, Paola Cozzo, Robert Egon, David L. Thompson, Shilett Angel…

Scénario : Lucio Fulci, Giovanni Simonelli & Antonio Tentori

Photographie : Alessandro Grossi

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Réalisateur de films d’horreur, Lucio Fulci vit un véritable cauchemar. Poursuivi par les personnages de ses films et transporté dans les scènes les plus horribles, il croit devenir fou ! Conscient de ses obsessions, il consulte un psychiatre qui pratique l’hypnose. Mais une succession de meurtres bien réels sont alors commis et il devient de plus en plus difficile de distinguer la fiction de la réalité…

Nightmare Concert, ou Un gatto nel cervello, ou littéralement Un chat dans le cerveau est l’un des derniers longs-métrages de Lucio Fulci (1927-1996). En réalité, il s’agit d’un patchwork, d’un opus composé de scènes tirées de téléfilms supervisés ou adoubés plutôt par le maître de l’horreur dans le cadre de son anthologie Lucio Fulci presenta. Ainsi outre des extraits des Fantômes de SodomeIl fantasma di Sodoma et de Soupçons de mort Quando Alice ruppe lo specchio, sortis en 1988, on reconnaît des images tirées de Bloody Psycho de Leandro Lucchetti (1989), de Hansel e Gretel de Giovanni Simonelli (1990), de Massacre d’Andrea Bianchi (1989), de Blood Moon/Death Escape d’Enzo Milioni et de The Murder SecretNon Avere Paura Della Zia Martade Mario Bianchi (1988). Là-dessus, Lucio Fulci himself sert de fil rouge, à travers une histoire « méta », où le cinéaste se retrouve à la merci de visions cauchemardesques, qui lui font perdre le sens des réalités. Le cinéaste a une vraie gueule de cinéma et s’en tire bien dans le « rôle » de Lucio Fulci et d’entrée de jeu, celui-ci est montré à l’oeuvre, en train d’écrire, d’imaginer comment une femme peut passer de vie à trépas. Tous les moyens sont bons, à coups de hache, étranglée, pendue, coupée en morceaux avec une tronçonneuse, noyée dans l’eau bouillante, égorgée par un chat sauvage, brûlée vive, enterrée vivante, torturée, les yeux percés, poignardée, sciée en deux, crucifiée, décapitée…voilà ce qui triture les méninges de Lucio Fulci, son cerveau ne le laissant pas en paix, comme si un chat lui lacérait ou lui rongeait la matière grise, ce que le générique nous dévoile d’ailleurs littéralement. Si Nightmare Concert comporte évidemment de nombreux défauts, cette plongée dans les méandres de l’esprit du cinéaste est un petit bonus sympathique pour ses très nombreux admirateurs et ce voyage n’est franchement pas déplaisant.

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Test Blu-ray / Une nuit mouvementée, réalisé par Mario Bava

UNE NUIT MOUVEMENTÉE (Quante volte… quella notte) réalisé par Mario Bava, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Daniela Giordano, Brett Halsey, Dick Randall, Valeria Sabel, Rainer Basedow, Brigitte Skay, Calisto Calisti, Pascale Petit…

Scénario : Mario Moroni, Charles Ross & Guido Leoni

Photographie : Antonio Rinaldi

Musique : Coriolano Gori

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Dragueur invétéré, Gianni Prada sillonne les rues de Rome, à la recherche de quelques jolies filles. Il finit par repérer, puis aborder dans un parc une jeune femme attrayante, Tina. Le soir même, il passe la chercher chez sa mère qui, malgré quelques réticences, les laisse sortir en discothèque. Après quoi, Gianni prend l’initiative de la ramener chez lui, prétextant un coup de fil important. Le couple passe la nuit ensemble dans l’appartement du jeune homme. Au matin, Tina retourne chez sa mère, la robe déchirée. Elle affirme que Gianni a tenté de la violer.

Qui parmi les fans (et Dieu sait s’il y en a) de Mario Bava (1914-1980) se souvient encore d’Une nuit mouvementée Quante volte…quelle notte ? Cette comédie érotique dissimulée entre La Baie sanglante Reazione a catena, Baron vampire Gli orrori del castello di Norimberga et Lisa et le diable Lisa e il diavolo est la seule incursion dans ce genre du maître italien, qui ne portait pas le registre humoristique dans son coeur et qu’il n’hésitait pas à renier par la suite, au même titre que l’improbable (mais recommandé) L’Espion qui venait du surgeléLe Spie vengono dal semifreddo (1966). Pourtant, même si effectivement Une nuit mouvementée ne restera pas dans les annales et a peu marqué les mémoires, il y a toujours quelque chose de bon à prendre dans cet opus et la star du film demeure incontestablement Mario Bava. Ce dernier fait honneur à la couleur dans Quante volte…quelle notte et s’associe une fois de plus avec le chef opérateur Antonio Rinaldi pour « peindre » directement sur la pellicule et ce dès le générique qui rappelle celui de La Panthère rose de Blake Edwards. Cette explosion de couleurs est l’un des gros points forts d’Une nuit mouvementée, bel objet cinématographique à étudier pour les amateurs et les passionnés de Mario Bava. Mais l’autre atout, non négligeable, est la présence en haut de l’affiche de la sublime Daniela Giordano, miss Italie 1966, très convoitée par les réalisateurs, qui porte le film sur ses belles épaules dénudées. Assurément une curiosité dans la carrière du cinéaste.

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Test 4K Ultra-HD / Les Yeux sans visage, réalisé par Georges Franju

LES YEUX SANS VISAGE réalisé par Georges Franju, disponible en Combo 4K Ultra HD & Blu-ray, et en Box Ultra Collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray + Livre chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Pierre Brasseur, Alida Valli, Édith Scob, Juliette Mayniel, Alexandre Rignault, Béatrice Altariba, Claude Brasseur, Michel Etcheverry, Yvette Etiévant, René Génin, Lucien Hubert, Marcel Pérès, François Guérin…

Scénario : Pierre Boileau, Thomas Narcejac, Jean Redon, Claude Sautet & Pierre Gascar, d’après le roman de Jean Redon

Photographie : Eugen Schüfftan

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Le Docteur Génessier, chirurgien renommé et spécialiste des greffes de la peau, retient prisonnière sa fille Christiane, défigurée à la suite d’un grave accident de voiture. Louise, son assistante, qui lui est totalement dévouée, sert de rabatteuse et ramène à Génessier des jeunes femmes qui seront sacrifiées dans son laboratoire dissimulé dans une vaste propriété, isolée en banlieue parisienne. Mais la découverte de l’une des victimes, dans une rivière, déclenche une enquête de police. Après plusieurs échecs ayant entraîné une nécrose de la peau, le chirurgien parviendra-t-il à redonner enfin un visage à Christiane ?

C’est une œuvre matricielle, qui n’a eu de cesse d’inspirer les réalisateurs et qui reste d’ailleurs encore une source de création pour de nombreux cinéastes. Les Yeux sans visage est le second long-métrage de Georges Franju, son film le plus connu et le plus prisé des cinéphiles, ainsi que la deuxième association entre le metteur en scène et Pierre Brasseur, quelques mois seulement après La Tête contre les murs. Alors que le comédien interprétait précédemment un inquiétant directeur d’asile psychiatrique, il incarne ici un chirurgien de renom, spécialisé dans les greffes de peau et la régénérescence cellulaire. Le monstre du film, c’est bien lui, un être froid, glacial, peu loquace, Prométhée moderne, qui à l’instar du docteur Frankenstein, va (re)créer le visage défiguré de sa fille victime d’un accident, créature qui finira par lui échapper. D’après un scénario signé Boileau et Narcejac (Sueurs froides, Les Diaboliques), avec la collaboration de Georges Franju et de Claude Sautet (également assistant réalisateur), adapté d’un roman de Jean Redon, Les Yeux sans visage est une pierre fondatrice du cinéma d’épouvante international, dont on ne compte plus les admirateurs, de Pedro Almodóvar (La Piel que habito) à John Woo (Volte/Face), en passant par Leos Carax (Holy Motors) et George Romero (Bruiser). Un modèle de mise en scène, aussi magistrale qu’épurée, un mètre-étalon, une référence ultime, un vrai film culte.

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Test 4K Ultra-HD / Action mutante, réalisé par Álex de la Iglesia

ACTION MUTANTE (Acción mutante) réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en Combo 4K Ultra HD & Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Antonio Resines, Álex Angulo, Frédérique Feder, Juan Viadas, Karra Elejalde, Saturnino García, Fernando Guillén Cuervo, Jaime Blanch, Ion Gabella…

Scénario : Jorge Guerricaechevarría & Álex de la Iglesia

Photographie : Carles Gusi

Musique : Def Con Dos

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Dans le futur, la société ne prend en compte que les personnes favorisées et marginalise tous les autres. Action Mutante, un groupuscule réunissant des personnes handicapées, décide de passer à… l’action. Emmené par Ramon Yarritu, le groupe kidnappe la fille d’un riche industriel…

En 1991, Álex de la Iglesia réalise son premier court-métrage, Mirindas asesinas, qu’il parvient à présenter à Pedro Almodóvar. Ce dernier tombe sous le charme de cette histoire, une série de meurtres qui se déroule dans un bar, en raison d’un homme qui refuse de payer son soda. Les cadavres s’accumulent sur les lieux, tandis que les clients routiniers passent sans se rendre compte des corps qui les entourent. Résultat des courses, ce cher Pedro, alors en plein tournage de Talons aiguilles Tacones lejanos, accepte de produire le premier long-métrage de ce trublion qui semble en avoir sous le capot. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Almodóvar a eu du pif ! Action Mutante voit le jour et ce coup d’essai s’avère un véritable coup de maître ! TOUT de la Iglesia est déjà dans Acción mutante, une hystérie unique et reconnaissable, une ode au mauvais goût, un chaînon manquant entre les opus du tandem Caro/Jeunet et ceux de John Waters. Si Action Mutante devait être un manège dans une fête foraine, ce serait une attraction hybride, entre le rollercoaster et le train-fantôme. On en ressort comme si on avait ingurgité des packs de Redbull, le sourire aux lèvres, les yeux révulsés (ça bouge dans tous les coins), la tête agitée de tics nerveux, mais on est heureux, rassasiés et on en redemande. Cela tombe bien, car après avoir reçu trois Goyas (meilleurs effets spéciaux, meilleur maquillage et meilleure direction de production), Álex de la Iglesia allait enchaîner avec Le Jour de la bêteEl día de la bestia, pour un délire encore plus grand. Un auteur est né, un immense cinéaste aussi.

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Test Blu-ray / Une vraie jeune fille, réalisé par Catherine Breillat

UNE VRAIE JEUNE FILLE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Charlotte Alexandra, Hiram Keller, Rita Maiden, Bruno Balp, Georges Guéret, Shirley Stoler…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Le Soupirail

Photographie : Pierre Fattori & Patrick Godaert

Musique : Mort Shuman

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Alice Bonnard vient passer ses vacances chez ses parents dans les Landes. Ils possèdent une scierie ou ils emploient un jeune garcon, Jim. Alice se sent très attirée par le jeune homme.

Nous sommes à la moitié des années 1970 et Catherine Breillat se voit offrir l’opportunité de réaliser l’adaptation de son quatrième roman intitulé Le Soupirail (éditions Guy Authier, 1974). Ce premier long-métrage, intitulé Une vraie jeune fille ne pourra pas sortir sur les écrans comme prévu (classé X, le film perd son distributeur et son producteur fait faillite) et devra pour cela attendre une vingtaine d’années. Quand on découvre Une vraie jeune fille quasiment cinquante ans après sa confection, on se rend compte que TOUT Breillat est déjà dans cette première œuvre coup de poing (certains diront même un fist), redoutablement transgressive, (dé)culottée, qui s’inscrit de façon indélébile dans la mémoire des cinéphiles, trop heureux de pouvoir enfin analyser, vivre, ressentir cette pierre fondatrice, matricielle d’une des filmographies les plus singulières du cinéma hexagonal.

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Test Blu-ray / Anatomie de l’enfer, réalisé par Catherine Breillat

ANATOMIE DE L’ENFER réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Amira Casar, Rocco Siffredi, Alexandre Belin, Manuel Taglang, Jacques Monge, Claudio Carvalho, Carolina Lopes, Diego Rodrigues…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Pornocratie

Photographie : Giorgos Arvanitis & Guillaume Schiffman

Musique : D’Julz

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2004

LE FILM

Au bord de l’ennui, une femme seule et déprimée paie un homosexuel pour qu’il se joigne à elle pour une exploration audacieuse de la sexualité qui durera quatre jours et au cours de laquelle tous deux rejetteront toutes les conventions et briseront toutes les frontières, enfermés à l’écart de la société dans un domaine isolé. Ce n’est qu’en affrontant les aspects les plus inavouables de leur sexualité que l’homme et la femme parviendront à une compréhension pure de la façon dont les sexes se perçoivent l’un l’autre.

Anatomie de l’enfer est le dixième long-métrage de Catherine Breillat et sa seconde collaboration avec Rocco Siffredi, cinq ans après Romance, avec lequel la star du porno faisait ses premiers dans le cinéma dit « traditionnel ». La réalisatrice profite du charisme indéniable de sa tête de bite d’affiche et lui offre un rôle étonnant, évidemment à mille lieues de ce qu’il exécute habitetuellement (décidément), avec lequel il prouve une fois de plus un vrai talent dramatique. Le pari était pourtant risqué, d’autant plus qu’il donne la (douloureuse) réplique à Amira Casar, comédienne éclectique, aussi à l’aise chez Thomas Gilou (les trois premiers volets de La Vérité si je mens!) que chez Anne Fontaine (Comment j’ai tué mon père). Celle-ci commençait à prendre un virage dans sa carrière, se tournant de plus en plus vers le cinéma d’auteur (Carlos Saura, Gaël Morel, les frères Larrieu), Anatomie de l’enfer marquant définitivement un carrefour, une rupture dans sa filmographie. On pourra cette fois encore reprocher à la cinéaste un côté hermétique de certains dialogues (« La fragilité des chairs féminines impose le dégoût et la brutalité »), partis-pris qui pourront faire rire de nombreux spectateurs peu habitués à l’univers de Catherine Breillat, mais aussi cette mauvaise habitude de montrer du doigt les hommes qui salissent tout ce qu’ils touchent, les femmes en particulier et même en premier lieu. Mais Anatomie de l’enfer, film à la durée ramassée (1h15 montre en main) parvient sans mal à créer un état d’hypnose, un engourdissement (pour ne pas une dire une léthargie pour certains), pour que l’on puisse aller au bout de cette « expérience » menée à la fois par la réalisatrice, mais aussi de ses personnages-marionnettes.

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Test Blu-ray / Ratman, réalisé par Giuliano Carnimeo

RATMAN (Quella villa in fondo al parco) réalisé par Giuliano Carnimeo, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : David Warbeck, Janet Agren, Eva Grimaldi, Luisa Menon, Werner Pochath, Nelson de la Rosa, Anna Silvia Grullon, Pepito Guerra…

Scénario : Dardano Sacchetti

Photographie : Roberto Girometti

Musique : Stefano Mainetti

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Le corps d’un mannequin, dévoré par des rats, est retrouvé sur une île des Caraïbes. Terry, la sœur de la victime, arrive sur les lieux et enquête avec l’aide d’un auteur de romans policiers rencontré à l’aéroport. Personne ne sait que le meurtrier est un mutant féroce, mi-singe, mi-rat.

(Voix grave et basse) In a world where…non, dans un monde où la peur peut prendre toutes les apparences possibles et imaginables, rien n’a pu vous préparer à celle de…Ratman ! Oui, Ratman (ou Quella villa in fondo al parco en version originale), l’avant-dernier long-métrage de Giuliano Carnimeo (1932-2016), réalisateur de l’excellent Les Rendez-vous de Satan Perché quelle strane gocce di sangue sul corpo di Jennifer? (1972) avec la sublime Edwige Fenech, mais surtout d’une pelletée de westerns aux titres qui fleurent bon le cinéma italien d’alors, Bonnes funérailles, amis, Sartana paieraBuon funerale amigos! paga Sartana (1970) et Quand les colts fument, on l’appelle CimetièreGli fumavano le Colt… lo chiamavano Camposanto (1971) avec Gianni Garko, Django arrive, préparez vos cercueilsC’è Sartana… vendi la pistola e comprati la bara (1970) avec George Hilton. Un metteur en scène qui comme de nombreux confrères savait s’adapter aux goûts du public en passant d’un genre à l’autre, avec une certaine efficacité technique, mais sans toutefois imprimer une griffe reconnaissable. Et ce n’est pas ce Ratman, film « d’épouvante » tardif qui aura permis à Giuliano Carnimeo de passer à la postérité…C’est bien simple, rien ne fonctionne dans cet opus mal torché fagoté, risible, tombé directement dans la benne des nanars, pour ne plus jamais en sortir. Car évidemment, il ne faut pas s’attendre à avoir des sueurs froides devant Ratman, durant lequel il ne se passe pas grand-chose, en dehors de la sculpturale Eva Grimaldi qui s’époumone (et elle a tout ce qu’il faut pour le faire) constamment, tandis que la « créature » interprétée par Nelson de la Rosa, acteur dominicain mesurant 71 centimètres, fait peine à voir, mais arrachera beaucoup de sourire à chaque apparition. Ce n’est pas mauvais, c’est très mauvais comme disait Louis de Funès dans La Grande vadrouille, mais on le savait d’entrée de jeu en enclenchant le bouzin. Pervers que nous sommes et nous savons que vous l’êtes aussi si vous lisez cet article, nous allons jusqu’au bout tout de même, sommes récompensés par une scène de douche totalement gratos et rions souvent de bon coeur devant l’ineptie totale de cette mauvaise entreprise.

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