Test Blu-ray / La Nonne, réalisé par Corin Hardy


LA NONNE (The Nun) réalisé par Corin Hardy, disponible en DVD et Blu-ray chez Warner Bros. le 23 janvier 2019

Acteurs : Taissa Farmiga, Demian Bichir, Jonas Bloquet, Bonnie Aarons, Ingrid Bisu, Charlotte Hope, Sandra Teles, August Maturo…

Scénario : Gary Dauberman

Photographie : Maxime Alexandre

Musique : Abel Korzeniowski

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Quand on apprend le suicide d’une jeune nonne dans une abbaye roumaine, la stupéfaction est totale dans l’Église catholique. Le Vatican missionne aussitôt un prêtre au passé trouble et une novice pour mener l’enquête. Risquant leur vie, les deux ecclésiastiques doivent affronter une force maléfique qui bouscule leur foi et menace de détruire leur âme. Bientôt, l’abbaye est en proie à une lutte sans merci entre les vivants et les damnés…

En 2013, Conjuring : Les dossiers Warren, produit avec un budget modeste de 13 millions de dollars en rapporte 318 millions dans le monde. Bien que surestimé, le film de James Wan (Saw, Insidious 1 et 2) casse la baraque y compris en France avec plus d’1,1 million d’entrées. Annabelle n’est pas une suite, mais un spin-off préquel dirons-nous puisque l’action se déroule avant celle de Conjuring et se focalise sur « l’origine » de la poupée maléfique aperçue dans la salle des trophées du couple d’exorcistes dans l’oeuvre de James Wan. Un film à tout petit budget (5 millions de dollars !) pour surfer allègrement sur le triomphe de Conjuring et en espérant amasser le plus possible de billets verts. Avec 245 millions de dollars de recette et 1,5 million d’entrées en France, la mission est réussie. 2016, James Wan donne suite aux aventures des Warren avec Conjuring 2 : Le Cas Enfield : 315 millions de dollars récoltés. La Warner n’allait pas laisser passer l’opportunité de surfer sur le succès d’Annabelle en lui donnant une suite, une préquelle plutôt avec Annabelle 2 : La Création du mal, qui se permet de surpasser le premier volet au box office avec 305 millions de dollars de recette pour un budget de 15 millions. Une entreprise très lucrative. James Wan et les studios ont le nez fin. Sachant que le personnage de la Nonne maléfique de Conjuring 2 : Le Cas Enfield avait fait sensation auprès des spectateurs, un nouveau spin-off est encore imaginé. Voici donc tout simplement La Nonne The Nun, « premier » volet dans l’ordre chronologique des événements de la franchise et qui est devenu le plus grand succès commercial de la saga. S’il n’a rien de bien innovant, La Nonne est cependant une agréable surprise avec ses superbes décors gothiques, une photo élégante et une solide interprétation.

Par une sombre nuit de l’année 1952, deux nonnes terrifiées se rendent dans les catacombes de leur abbaye de Saint-Carta, en Roumanie. Après avoir ouvert une sinistre porte sur laquelle sont gravés les mots « Finit hic deo » (Dieu s’arrête ici), l’une des nonnes disparaît dans l’obscurité, tandis que l’autre, après s’être enfuie, finit par se pendre en se jetant par une fenêtre de l’abbaye. La nouvelle de sa mort se répand rapidement après la découverte de son corps pas un jeune paysan des environs. Or, le suicide étant considéré par l’Eglise comme un péché envers Dieu, un prêtre au passé trouble et une sœur novice sont missionnés par le Vatican pour mener l’enquête. Une fois sur place, les deux ecclésiastiques constatent que malgré son passé glorieux, l’abbaye est devenu un lieu sinistre et délabré, craint par les habitants de la région. Seul le paysan ayant découvert le corps de la nonne, un Québécois installé sur place depuis plusieurs années, accepte de les y accompagner. Leur première impression se révèle rapidement exacte puisqu’à peine arrivés sur place, après avoir été « accueillis » par la mère supérieure du couvent dissimulée sous un voile noir, le paysan se fait attaquer sur le chemin du retour par la nonne suicidée revenue d’entre les morts. Le prêtre et la novice ne sont pas non plus épargnés, puisque le premier, réveillé par l’apparition d’un jeune garçon qu’il n’a pu sauver quelques années auparavant, est enterré vivant, puis sauvé par la novice, elle-même attaquée à son tour par une nonne malfaisante. Il semble donc clair que de sombres forces sont à l’œuvre et les deux ecclésiastiques décident de mener l’enquête chacun de leur côté. Le prêtre s’occupe de rassembler des informations sur la présence maléfique, tandis que la novice part à la recherche des Sœurs.

Avec son personnage de religieuse peu catholique, son prologue et son épilogue, La Nonne fait évidemment le lien avec les autres épisodes et notamment le premier opus réalisé par James Wan. Non seulement ça, le personnage principal Sister Irene est interprété à l’écran par…Taissa Farmiga, la sœur de Vera Farmiga, alias Lorraine Warren dans les deux épisodes Conjuring. Un lien qui n’est pourtant pas utilisé dans le récit, mais qui n’en demeure pas moins troublant. D’ailleurs, en ce qui concerne les acteurs, outre l’excellente Taissa Farmiga (vue dans The Bling Ring de Sofia Coppola et La Mule de Clint Eastwood), nous retrouvons également le comédien mexicain Demián Bichir, qui plongé dans la pénombre rappelle un peu notre Gilles Lellouche national et qui s’impose dans le rôle du Père Burke. N’oublions pas le belge Jonas Bloquet, aperçu et apprécié chez Joachim Laosse (Elève libre), Guillaume Brac (Tonnerre) et Paul Verhoeven (Elle), dont la carrière internationale s’ouvre toujours un peu plus après un détour chez Luc Besson (Malavita, Valérian et la Cité des mille planètes) et McG (3 Days to Kill).

Nettement plus solide qu’Annabelle, La Nonne flatte les rétines avec ses décors naturels filmés en Roumanie, mais aussi son atmosphère et ses ambiances réussies. Le récit rappelle parfois Sanctuaire de Michele Soavi, chose amusante quand on sait que le premier long métrage du réalisateur Corin Hardy s’intitulait…Le Sanctuaire. Si les autres spin-off étaient également des projets bâtis uniquement pour remplir le tiroir-caisse de la Warner, La Nonne (à qui l’impressionnante Bonnie Aarons prête son visage émacié) peut compter sur la passion pour le genre horrifique du réalisateur.

S’il reste avare en scènes fortes et marquantes, le dernier tiers enchaîne les sursauts attendus et efficaces, après une longue, lente, mais maîtrisée exposition qui ne manque certainement pas de charme. En attendant un retour prévisible de la Nonne sur les écrans, nous pourrons découvrir d’ici là le troisième volet d’Annabelle, le troisième de Conjuring, tandis qu’un autre spin-off, consacré cette fois au Crooked-Man, l’Homme tordu aperçu dans Conjuring 2 : Le cas Enfield est en préparation. Le producteur James Wan a du pain sur la planche !

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Nonne, disponible chez Warner Bros., repose dans un boîtier classique de couleur bleue et écolo (moins de plastique). Le menu principal est fixe et musical.

Une toute petite interactivité consacrée au dernier-né de la franchise Conjuring !

Le premier module de 5 minutes se contente de mettre en valeur la « nouvelle icône » du cinéma d’horreur, qui donne son titre au spin-off de la franchise Conjuring. James Wan, mais aussi les comédiens, le scénariste Gary Dauberman (lui-même à la barre du prochain Annabelle) et le réalisateur Corin Hardy présentent ce préquel de la saga, en se penchant surtout sur les conditions de tournage.

Le supplément suivant se concentre lui sur les lieux de tournage en Roumanie (6’), les décors naturels, ainsi que ceux reconstitués afin de donner vie à l’univers de La Nonne.

Le troisième bonus replace tout naturellement La Nonne dans l’univers cinématographique de Conjuring (4’).

L’interactivité se clôt sur 12 minutes de scènes coupées, intéressantes et qui auraient mérité d’être incluses au montage final.

L’Image et le son

On frôle l’excellence : relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes, désaturées pour donner un aspect fifties, et chaque détail aux quatre coins du cadre large est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par un encodage AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Heureusement, les scènes sombres sont logées à la même enseigne. Ce master HD de La Nonne permet de se plonger dans le film dans de superbes conditions.

Le spectateur est littéralement plongé dans l’atmosphère du film grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 et Dolby Atmos anglais. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces options sonores ne font pas dans la dentelle. En effet, la composition est parfois trop mise à l’avant pour en mettre plein les oreilles et aurait mérité d’être un peu plus équilibrée sur l’ensemble des enceintes. Mais bon, nous sommes en plein « conte » fantastique et les latérales, ainsi que les frontales et le caisson de basses remplissent parfaitement leur fonction, à savoir distiller un lot conséquent d’effets qui font sursauter, même à bas volume. Les conditions acoustiques sont donc soignées, amples, précises, les voix des comédiens jamais noyées par tout le fracas sonore annexe. La version française bénéficie d’une piste Dolby Digital 5.1 qui parvient également à tirer son épingle du jeu même si l’ensemble se révèle évidemment en deçà de son homologue en terme de fluidité et d’homogénéité.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Maximum Overdrive, réalisé par Stephen King

MAXIMUM OVERDRIVE réalisé par Stephen King, disponible en DVD et Blu-ray le 8 janvier 2019 chez ESC Editions

Acteurs : Emilio Estevez, Pat Hingle, Laura Harrington, Christopher Murney, Yeardley Smith, J.C. Quinn, Holter Graham, Frankie Faison, Giancarlo Esposito, Marla Maples, Stephen King…

Scénario : Stephen King

Photographie : Armando Nannuzzi

Musique : AC/DC

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

En 1986, la comète Rhéa-M gravite autour de la Terre. Aussitôt, toutes les machines sur la surface du globe sont déréglées : un distributeur de billets insulte les clients, une enseigne lumineuse invite les passants à aller se faire voir… La situation devient tragique lorsqu’un pont mobile échappe à tout contrôle. Désormais, toutes les mécaniques sont autonomes et ne semblent poursuivre qu’un seul but : débarrasser la surface du globe de toute présence humaine…

Depuis la publication de son premier roman Carrie, mais surtout depuis son adaptation au cinéma par Brian De Palma en 1976, l’écrivain Stephen King devient un phénomène mondial. Suivent rapidement Salem, Shining, l’enfant lumière, Le Fléau, Dead Zone, Charlie, Cujo, Christine…que des best-sellers. Hollywood s’est donc très vite emparé des écrits de Stephen King. En 1980, l’immense Stanley Kubrick livre Shining, acclamé par la critique, succès commercial, mais rejeté par le romancier. Ce dernier retrousse ses manches et écrit le scénario de Creepshow, film à sketches composé des adaptations de ses nouvelles La Caisse et Mauvaise Herbe , ainsi que de trois parties originales, le tout réalisé par George A. Romero, qui devient un ami proche. C’est en 1983 que tout s’accélère avec Cujo (Lewis Teague) et Christine (John Carpenter). Le grand producteur italien Dino De Laurentiis est conscient de cet engouement et finance Dead Zone de David Cronenberg. Bien décidé à profiter de la popularité de Stephen King, le producteur prévoit alors coup sur coup les sorties dans les salles de Charlie (Mark L. Lester), Cat’s Eye (Lewis Teague) et Peur bleue (Daniel Attias). C’est alors que l’idée lui vient de proposer à Stephen King lui-même d’écrire et de mettre en scène la transposition de sa nouvelle Poids lourds, issue du recueil Danse macabre. Après quelques hésitations, l’écrivain accepte de relever le pari. Plus de trente ans après et malgré son relatif échec dans les salles, Maximum Overdrive est devenu un vrai film culte, un nanar de luxe, réalisé à la va comme je te pousse, mais animé par une envie de s’éclater, de se marrer et de faire rire les spectateurs. C’est sûrement pour cela que le film a su et pu traverser les années puisqu’il est aujourd’hui très prisé par les amateurs de mauvais films sympathiques. Et puis ce n’est pas tous les jours qu’un délire assumé repose également en grande partie sur une musique composée par AC/DC (l’album Who Made Who) , aujourd’hui dans toutes les mémoires, ce qui renforce encore plus cette idée d’attraction de fête foraine, pour toute la famille.

Dès la première séquence, Stephen King plante le décor à travers un panneau introductif, qui indique que tout ce qui va suivre n’est pas du tout sérieux. Alors qu’une comète passe près de la Terre (voir la planète entourée d’une sorte d’aurore boréale), des machines prennent soudainement vie. Tout commence par des incidents sans gravité : un distributeur de billets insulte les clients (dont Stephen King lui-même qui se fait traiter de connard), une enseigne lumineuse invite les passants à aller se faire foutre. La situation devient tragique lorsqu’un pont basculant se soulève pendant la circulation intense, ce qui fait que tous les véhicules alors sur le pont tombent dans la rivière ou entrent en collision. On pense alors au prologue d’un épisode de Destination finale. Le chaos s’installe alors que des machines de toutes sortes commencent à attaquer les humains. À un relais routier juste à l’extérieur de Wilmington, en Caroline du Nord, un employé, Duncan Keller, est aveuglé après qu’une pompe à essence lui a pulvérisé du diesel dans les yeux. Une serveuse est blessée par un couteau électrique, et un jeu d’arcade électrocute un homme. L’employé et ex-taulard Bill Robinson soupçonne que quelque chose ne va pas. Pendant ce temps, lors d’un match de Little League Baseball, un distributeur de boissons tue l’entraîneur en tirant des canettes à bout portant dans son crâne. Un rouleau compresseur écrase l’un des enfants en fuite, mais Deke Keller (le fils de Duncan) parvient à s’échapper. On passe alors à un couple de jeunes mariés, Connie et Curtis. Ce dernier s’arrête à une station-service, où un camion tente de l’écraser, mais lui et Connie s’échappent dans leur voiture. Deke se promène dans sa ville alors que des gens sont brutalement tués par des tondeuses à gazon, des tronçonneuses, des sèche-cheveux électriques, des radios de poche et des voitures télécommandées. Au relais routier, un camion Western Star arborant un masque géant du Green Goblin sur sa calandre tue le père de Deke et un vendeur de Bibles. Plus tard, plusieurs camions encerclent le relais routier. Tous les personnages parviennent alors à trouver refuge au relais. Mais les camions semblent bien déterminer à faire d’eux leurs esclaves.

On le voit, Stephen King ne manque pas d’imagination et son film regorge de trucs nawak en tous genres. Un camion BIC vient constamment faire son placement de produit, tandis que le grand Pat Hingle, qui incarne ici le boss Hendershot, sort quelques roquettes M72 LAW qu’il avait comme par hasard stockées dans un bunker caché sous son restaurant, pour affronter les nombreux camions. Les survivants tentent de trouver une sortie à l’insu des véhicules blindés, qui semblent suivre les directives du Green Goblin. Les comédiens sont chouettes et font le taf, tout en se doutant qu’ils ne sont pas en train de tourner le chef d’oeuvre du siècle. En première ligne, Emilio Estevez, qui sortait du carton d’Outsiders de Francis Ford Coppola et surtout de The Breakfast Club de John Hughes, assure en mode petit bad-ass qui roule des mécaniques, pris au dépourvu par celles des camions qui veulent sa peau. Dans le genre « nana qui hurle durant tout le film », Yeardley Smith s’impose comme une référence, la comédienne ayant été ensuite repéré par Matt Groening, qui allait lui confier la voix de Lisa Simpson, qu’elle interprète depuis maintenant plus de trente ans. Tout ce beau petit monde est bien obligé de se serrer les coudes et de trouver de nouvelles idées pour sortir de ce merdier, autour duquel les camions, bulldozers et autres véhicules militaires se rapprochent sans cesse.

Pendant ce temps, Stephen King s’amuse (aidé en cela par l’alcool et la cocaïne) avec les moyens mis à sa disposition par Dino De Laurentiis, près de dix millions de dollars donc, en multipliant quelques scènes d’horreur amusantes dans la première partie (mention spéciale à la scène du stade de baseball) et sa vision des rues dévastées annoncent quelque part celles de Derry dans Ça, qu’il était d’ailleurs en train d’écrire entre deux prises. En plus de cela, Maximum Overdrive a franchement de la gueule grâce à la photographie du chef opérateur italien Armando Nannuzzi, qui avait travaillé avec Luchino Visconti (Sandra), Luigi Comencini (L’Incompris), Mauro Bolognini (Le Bel Antonio), rien que ça ! A sa sortie, Stephen King est nommé pour le Razzie Award du pire réalisateur. Il dira durant la promotion qu’il s’agit d’un « film débile » et qu’il ne savait pas du tout ce qu’il faisait car toujours sous substance ou l’emprise de la bibine, ce qui n’a rien de mensonger. L’accueil est plutôt désastreux, mais l’entreprise est rentable commercialement.

Mine de rien, on prend un grand plaisir devant Maximum Overdrive, spectacle généreux de science-fiction vintage qui enchaîne les scènes de poursuites, les explosions, les effets sanglants, les répliques amusantes. En 1997, une autre version de la nouvelle de Stephen King voit le jour à la télévision, Trucks : Les Camions de l’enfer, mais Maximum Overdrive est restée une œuvre culte.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Maximum Overdrive, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Plus de quatre heures de suppléments ! QUATRE HEURES !!! Pour Maximum Overdrive, excusez du peu ! Assurément la grande édition du mois de janvier !

Julien Sévéon propose une brillante et passionnante analyse du film qui nous intéresse ici (29’). En toute honnêteté, cette présentation aurait largement suffit si l’éditeur n’avait disposé que de ce bonus. En effet, l’auteur de l’ouvrage George A. Romero : Révolutions, Zombies et Chevalerie (Popcorn, 2017) revient sur TOUS les aspects de Maximum Overdrive. La genèse du projet, la nouvelle Trucks, les précédentes adaptations de Stephen King, l’engagement de ce dernier au poste de réalisateur, les conditions de tournage, la musique d’AC/DC, la sortie et ce qui reste de Maximum Overdrive, tout y est abordé comme d’habitude avec une passion contagieuse.

Nous trouvons un commentaire audio (vostf) de l’acteur Jonah Ray et du producteur Ryan Turek. On se demande pourquoi ces deux types ont été invités pour parler de Maximum Overdrive. Le premier n’avait que quatre ans à la sortie du film et n’est apparu que dans des trucs que personne n’a jamais vus, tandis que le second, plus « en phase » avec le film, est producteur du génial Happy Birthdead, d’Action ou vérité et du Halloween version 2018. Comme ils le disent eux-mêmes « Je ne garantis pas que ce commentaire complète quoi que ce soit ! » « C’est clair, t’as pas tort ! ». En effet, durant près d’1h40, les deux hommes ont beau être complices et raconter des vannes, nous n’apprendrons rien ou presque sur Maximum Overdrive. Quand c’est le cas, il s’agit d’anecdotes glanées ici là au fil de cette interactivité. Pour autant, le commentaire n’est pas déplaisant, dans le sens où les deux intervenants, qui se demandent constamment ce qu’ils font derrière le micro, passent le temps en passant du coq à l’âne, la plupart du temps sans aucun rapport avec Maximum Overdrive.

L’éditeur propose ensuite plusieurs interviews des comédiens du film. Laura Harrington (10’), Yeardley Smith et John Short (18’) et Holter Graham (17’). La première revient sur son parcours et surtout sur son personnage dans Maximum Overdrive, tout en parlant du travail avec ses partenaires et Stephen King. Les effets spéciaux et les lieux de tournage sont également abordés. Au cours de leur interview croisée, Yeardley Smith et John Short évoquent comment ils ont été recrutés pour Maximum Overdrive et se penchent un peu plus sur le travail de Stephen King derrière la caméra. Chacun parle évidemment de l’alchimie avec son partenaire et l’on regrette que les deux acteurs n’aient pas été enregistrés ensemble. On apprend qu’Emilio Estevez recevait la visite de son pote Tom Cruise sur le plateau, ainsi que de sa petite-amie Demi Moore. Les souvenirs de tournage sont amusants et les deux comédiens, peu dupes quant au produit fini, s’étonnent que le film soit devenu culte trente ans après sa sortie. L’entretien avec Holter Graham, onze ans au moment du tournage, croise rapidement quelques images d’une de ses interviews à la sortie de Maximum Overdrive, avec celle réalisée à l’occasion de son édition en Haute-Définition. Holter Graham se souvient de son désir d’être acteur, de ses premières auditions (grâce au soutien de Sissy Spacek), dont celle pour le film de Stephen King, son premier rôle à l’écran. Même chose que ses anciens partenaires, il partage ses souvenirs et anecdotes sur le film.

Du point de vue technique, n’hésitez pas à écouter l’intervention de Dean Gates, responsable des maquillages sur Maximum Overdrive (16’30), le film de sa carrière dont on lui parle le plus. C’est là que l’on apprend que le film aurait pu être beaucoup plus gore et sanglant (notamment pour la scène du rouleau compresseur), si Stephen King ne s’était pas fait réprimander par la production ! Quelques photos de tournage prouvent tout cela, à l’instar du coach de baseball qui se fait fracasser la tête à coups de canettes. Les conditions de tournage, le travail avec Stephen King et bien d’autres sujets sont abordés au cours de cet entretien, l’un des meilleurs de cette interactivité.

Que les fans de hard rock soient rassurés, la musique de leur groupe préféré AC/DC est largement évoquée au cours de l’interview de Murray Engleheart, co-auteur du livre AC/DC: Maximum Rock & Roll (6’30). Ce dernier replace les diverses compositions du groupe pour Maximum Overdrive, au moment où leur carrière battait de l’aile. De là à dire que la B.O a eu plus de succès que le film, il n’y a qu’un pas.

Ceux qui ont gardé beaucoup d’affection pour Maximum Overdrive, se souviennent évidemment du Green Goblin qui orne la calandre d’un des camions principaux du film. Au fait, qu’est devenu ce personnage à part entière ? Le dénommé Tim Shokey explique comment il a pu récupérer la carcasse explosée du Green Goblin après le tournage pour décorer son vidéo-club, avant de le restaurer réellement en 2011 (deux ans de boulot) afin de pouvoir en faire profiter les fans du film lors des conventions.

En 1980, Martha De Laurentiis est cofondatrice de la société de production Dino De Laurentiis Company (DDLC) avec son partenaire puis mari, Dino De Laurentiis. Elle revient ici sur l’aventure Maximum Overdrive (16’). Les souvenirs et anecdotes entendus ici se recoupent avec tous les précédents témoignages et la productrice n’admettra jamais que son film est un nanar.

En fait, ce qui éclaire le plus sur l’envers du décor reste le module intitulé The Wilmington Factor (30’). N’attendez pas les témoignages des comédiens, mais des habitants de cette petite ville de Caroline du Nord qui avaient pu trouver un emploi dans les années 1980, grâce à l’installation des studios de Dino De Laurentiis, alors le troisième plus grand studio du pays. Un décorateur, un reporter du coin, un régisseur devenu finalement maquilleur sur le plateau et quelques autres participants au tournage de Maximum Overdrive expliquent comment Hollywood a su s’implanter dans leur petite bourgade et comment ils ont pu bénéficier de cette part de rêve. Jusqu’à ce que les Républicains arrivent à la tête de l’état et décident de fermer les studios en supprimant les subventions pour les tournages. Un impact que les habitants n’ont pas oublié, dont ils regrettent la frénésie, le tout agrémenté par des anecdotes de tournage. Chacun donne également son avis sur le film. Mention spéciale à l’un des témoins qui indique « Je suis très doué pour travailler sur des films très mauvais ».

Seul bonus non sous-titré, mais cela n’a pas d’importance puisque le son est quasiment étouffé, « Les Coulisses » (9’) donne un aperçu du tournage à travers quelques images filmées sur le plateau.

L’interactivité se clôt (ouf !) sur la bande-annonce (VF et VO) qui est un supplément à part entière puisque présentée par Stephen King lui-même ! N’oublions pas les spots TV.

Probablement l’édition la plus impressionnante consacrée à un nanar !

L’Image et le son

Voilà une édition chiadée de A à Z ! En effet, outre la tonne de suppléments, le Blu-ray de Maximum Overdrive ne déçoit pas et il est même dingue de (re)découvrir le film de Stephen King dans ces conditions techniques. La clarté est éloquente, tout comme la propreté et la stabilité de la copie, les contrastes affichent une vraie solidité, le piqué est agréable, le grain original respecté. Quelques scènes sont certes moins définies, surtout les séquences sombres ou nocturnes, mais le résultat est là, ce master HD tient ses promesses avec notamment des couleurs ravivées, comme le vert du Green Goblin.

La version française vaut son pesant et de ce point de vue-là la stéréo assure et fait son office avec un petit cachet nanar fort sympathique. La piste originale bénéficie elle à la fois d’une DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. La première instaure surtout une spatialisation musicale avec les compositions d’AC/DC délivrées sur toutes les enceintes. La Stéréo anglaise est un poil étouffée, mais se révèle suffisante pour ce spectacle.

Crédits images : © ESC Editions / ESC Distribution Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Hell Fest, réalisé par Gregory Plotkin

HELL FEST réalisé par Gregory Plotkin, disponible en DVD et Blu-ray le 19 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Reign Edwards, Bex Taylor-Klaus, Tony Todd, Amy Forsyth, Michael Tourek, Courtney Dietz, Christian James, Matt Mercurio, Elle Graham…

Scénario : Seth M. Sherwood, Blair Butler, Akela Cooper

Photographie : José David Montero

Musique : Bear McCreary

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Natalie est lycéenne. Elle rend visite à sa meilleure amie Brooke et à son colocataire Taylor. Les trois amis décident alors de se rendre dans un parc d’attractions, Hell Fest. Mais, pour un des visiteurs, ce n’est pas une fête foraine mais un terrain de chasse…

Difficile de faire sa place au cinéma dans un genre d’exploitation sans doute éculé et qui repose aujourd’hui essentiellement sur moult références. Pourtant, Hell Fest de Gregory Plotkin est un slasher qui parvient à créer la surprise ! Prenant comme lieu d’action un parc d’attraction placé sous le signe de la terreur et de l’épouvante, le réalisateur réussit à faire de son film un vrai manège dans lequel le spectateur se laisse prendre au jeu durant 90 minutes. Préférant miser sur la forme, plutôt que sur les effets sanglants gratuits, il y en a d’ailleurs très peu, Gregory Plotkin suit le chemin balisé par Wes Craven (on pense beaucoup à Scream), John Carpenter (le récit se déroule durant Halloween) et Tobe Hooper (Massacre dans le train fantôme n’est évidemment pas loin) et son Hell Fest s’impose comme l’un des meilleurs thrillers-slashers vus depuis quelques mois.

Bienvenue au Hell Fest. Dans ce train fantôme géant à ciel ouvert, on vient pour se faire peur. Décors  angoissants, mises en scènes effrayantes, les visiteurs rivalisent d’invention pour se terroriser les uns et l’autres. Ca crie, ça hurle et ça se poignarde… pour de faux bien sûr ! Sauf qu’un tueur, bien réel lui, a décidé de faire du parc son terrain de chasse. Il prend pour cible un groupe d’amis venus fêter leurs retrouvailles… Comment convaincre les autorités qu’un serial killer sème la mort autour de lui quand la mort est l’attraction la plus festive du lieu ? Au Hell Fest, tout le monde vous entend crier, mais personne ne vous croira !

Les producteurs de la série The Walking Dead et le réalisateur de Paranormal Activity: Ghost Dimension livrent un ride jubilatoire, aux décors superbes et à la photographiée très travaillée. Egalement monteur de quatre épisodes de la franchise Paranormal Activity (Zzz Zzzz Zzz), du surestimé et oscarisé Get Out, mais aussi des formidables Happy Birthdead (vivement la suite prévue en 2019) et Game Night, Gregory Plotkin possède une solide expérience du genre. Dans Hell Fest, le metteur en scène se lâche et fait enfin preuve de ses acquis avec une virtuosité qu’on ne lui connaissait pas. Alors non, ce slasher ne révolutionne rien, mais sa beauté plastique l’emporte sur les partis pris souvent sans imagination des thrillers d’épouvante qui fleurissent chaque année. Le travail sur les couleurs du directeur de la photographie José David Montero (Seven Sisters) est très impressionnant du début à la fin. Les personnages baignent dans des teintes chromatiques qui émanent des néons omniprésents et donnent à Hell Fest une véritable identité. Non seulement ça, les décors macabres sont également très impressionnants et parviennent à rendre crédible un terrain de jeu pourtant improbable sur le papier.

A cela s’ajoute un casting également à la hauteur, porté par la ravissante Amy Forsyth et la déjantée Bex Taylor-Klaus (vue dans les séries Scream et Arrow), qui deviennent les proies de l’inquiétant The Other. Derrière le masque à la Michael Myers, se dissimule un serial-killer (le cascadeur Stephen Conroy) calme et réfléchi, qui chantonne un petit air avant d’éclater la tête d’un jeune homme à coup de masse, ou bien avant de décapiter une donzelle qui souhaitait juste avoir quelques sueurs froides. L’autre bonne idée du film, c’est que le tueur se fond dans le décor et que ses meurtres passent pour une mise en scène avec deux acteurs venus là pour assurer le spectacle.

On se perd donc volontiers dans ce plateau de jeu gigantesque et labyrinthique, où les victimes sont certes peu nombreuses, mais inattendues et exécutées brutalement. Le rythme est soutenu, le suspense s’installe progressivement après un prologue extrêmement efficace, les personnages sont attach(i)ants comme il se doit pour que l’on puisse frissonner pour et avec eux. Hell Fest est une indéniable réussite, à la fois moderne et vintage, qui aurait largement mérité d’être exploité dans nos salles.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Hell Fest, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical. Par ailleurs, mention spéciale à la création originale de ce menu qui propose le choix des langues sous l’appellation « Hurlements », suivi de « Screams » ou « Cris » ! N’oublions pas le chapitrage présenté à travers le plan du parc ! Un chapitrage plus « classique » s’y trouve également. En revanche, aucun menu pop-up disponible durant le visionnage.

Pour agrémenter le film, Metropolitan nous livre un making of (16’) très sympa, qui croise les interviews de l’équipe (producteurs, acteurs, réalisateur, décorateur, costumière) et les images de tournage. L’ensemble s’attarde sur l’alchimie des comédiens, visiblement très complices, le travail sur les décors, les effets visuels mécaniques (les prothèses notamment) et la figure de The Other. Attention aux nombreux spoilers !

A vous de trouver les quatre bonus cachés, deux bandes-annonces dont une « vintage », un montage de 7 minutes centré sur les acteurs qui s’amusent à se faire peur, ainsi qu’une featurette de deux minutes en compagnie de la productrice et du réalisateur, mais aussi les comédiens, qui présentent le film.

L’Image et le son

C’est une explosion de couleurs ! Tout d’abord, l’apport HD est aussi omniprésent qu’indispensable ! Hormis la présentation des personnages, Hell Fest se déroule uniquement de nuit et au sein du parc d’attractions. La photo fait la part belle aux néons verts, rouges, bleus, mauves, on en prend plein les yeux. Tout droit sorti de l’écurie Metropolitan avec son cheval ailé, ce Blu-ray est une très grande réussite technique. Le piqué est sans cesse aiguisé, les contrastes affichent une solidité jamais démentie avec des noirs d’une densité remarquable, les détails sont légion. En un mot, c’est superbe.

Que votre choix se soit porté sur la version française ou la version originale DTS-HD Master Audio 5.1., le confort acoustique est total et la piste anglaise l’emporte du point de vue homogénéité des voix et des effets annexes. Le pourvoir immersif des deux mixages est fort plaisant. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets sont souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Jackals, réalisé par Kevin Greutert

JACKALS réalisé par Kevin Greutert, disponible en DVD et Blu-ray le 2 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Stephen Dorff, Deborah Kara Unger, Johnathon Schaech, Chelsea Ricketts, Alyssa Julya Smith, Nick Roux, Jason Scott Jenkins, Cassie Hernandez…

Scénario : Jared Rivet

Photographie : Andrew Russo

Musique : Anton Sanko

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans les années 1980, Jimmy Levine est un psychologue spécialisé dans l’aide aux victimes de sectes. Il est engagé par une famille dont le fils est sous l’emprise d’un culte satanique pour sauver leur enfant. Levine parvient à le récupérer mais les membres du culte sont bien décidés à le reprendre. Pour cela, ils sont prêts à tout.

Jackals (« Quoi ? On dit des chacaux ? ») est le cinquième long métrage de Kevin Greutert. Ce nom ne vous dit sans doute rien, pourtant, ce dernier est un habitué du thriller d’épouvante puisqu’il s’agit du monteur des cinq premiers opus de la franchise Saw, de The Strangers, mais aussi le réalisateur des épisodes Saw VI et Saw VII (à prononcer en français, c’est plus amusant) aka Saw 3D le supposé « Chapitre final », pas franchement les meilleurs épisodes de la franchise Jigsaw (euphémisme). Egalement responsable de Jessabelle, tentative ratée de film de genre se déroulant les bayous de la Louisiane, avec Sarah Snook (révélation de l’incroyable Predestination des frères Spierig), Kevin Greutert aura également mis en scène un Visions, inédit dans les salles et sorti directement dans les bacs chez nous en 2015. Son nouveau bébé Jackals arrive une fois de plus dans nos contrées en DVD et Blu-ray. En dépit d’un casting peu enthousiasmant et mollement dirigé, ce thriller « réaliste » est probablement le meilleur film du réalisateur.

Mars 1983. Jimmy Levine est un spécialiste dans l’extraction de sectes, n’hésitant pas à recourir à la violence si nécessaire pour désendoctriner les « nouveaux adeptes ». La famille Powell fait appel à ses services pour enlever et déprogrammer leur fils Justin, sous l’emprise d’un culte satanique indéterminé et extrêmement violent. Levine tend un piège à Justin, le kidnappe et la ramène au bercail où le jeune homme est solidement attaché à une chaise. Justin a subi un lavage de cerveau et ne reconnaît pas les siens. Un affrontement psychologique démarre dans cette famille dysfonctionnelle. A la nuit tombée, les membres du culte encerclent le chalet des Powell, perdu au fond des bois. Leur but ? Délivrer Justin, devenu « Thanatos », par n’importe quel moyen et si possible sanglant. La nuit va être longue.

Après un début très prometteur filmé en caméra subjective et en plan-séquence, durant lequel un autre jeune membre de la secte des Jackals décime sa propre famille en pleine nuit, le film de Kevin Greutert prend son temps, sans doute trop et peine à instaurer un malaise quelconque ou même un semblant d’intérêt. La séquence de l’enlèvement étonne et perd les spectateurs, qui ne sont alors pas encore au fait des évènements. Puis, Jackals repose sur le face à face entre Justin (vénéneux Ben Sullivan) et le spécialiste des sectes Jimmy Levine (impeccable Stephen Dorff), ancien membre des Marines, qui utilise la manière forte pour chambouler les anciens membres de cultes obscurs afin de les ramener à la raison. Le premier acte est donc assez prenant. Le problème, c’est que le scénario de Jared Rivet, inspiré par une histoire vraie survenue en Californie, se perd ensuite dans les problèmes de la famille Powell avec un père volage et absent (Johnathon Schaech, grand habitué des nanars et des « numéro 2 de films à succès destinés au marché de la vidéo »), une mère devenue alcoolique (Deborah Kara Unger, défigurée par la chirurgie plastique), un fils aîné (Nick Roux) en manque d’amour (mais qui a été violent envers son cadet, sans doute par jalousie), ainsi que l’ex-compagne de Kevin (Chelsea Ricketts, une nana de 30 ans qui joue une ado de 17 ans) qui a donné naissance à leur petite fille après que ce dernier ait été embringué dans son groupe de déglingués.

Il faut donc se farcir des reproches, des non-dits, des larmes, des verres d’alcool, des coups de gueule, pendant que Levine essaye de remettre les méninges de Kevin à l’endroit. C’est alors qu’apparaissent les Jackals, qui ont de la gueule filmés dans la pénombre avec leurs masques et leurs costumes taillés sur mesure. Le film mute alors en home-invasion, ou plutôt en tentative puisque les Jackals, muets et qui économisent leurs actions, vont alors tout faire pour entrer dans le chalet. Le spectateur doit prendre son mal en patience et faire fi de personnages assez ridicules (mention spéciale à la belle-fille) puisque Jackals fait partie de ces films qui s’améliorent et deviennent intéressants au fur et à mesure du récit. La dernière partie est d’ailleurs particulièrement brutale, sèche, frontale et donc inattendue après un ventre mou d’une bonne demi-heure, soit un gros tiers du film.

Alors oui Jackals est une œuvre bancale, qui peut faire sourire devant le caractère souvent absurde de ses protagonistes, mais comme le film se déroule durant les années bénies du slasher, un agréable parfum vintage s’en dégage et parvient à sauver l’entreprise. Sans oublier un troisième acte malsain et prenant qui fait donc pencher Jackals, série B qui ne s’en cache pas, du bon côté de la balance.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Jackals, DTV disponible chez Metropolitan, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

Le film de Kevin Greutert est accompagné de bandes-annonces, ainsi que d’un faux making of (20’) composé uniquement d’interventions du réalisateur, du producteur Tommy Alastra, des comédiens Stephen Dorff, Ben Sullivan, Nick Roux, Johnathon Schaech, Chelsea Ricketts, Deborah Kara Unger et du scénariste Jared Rivet. Durant la première moitié de ce supplément, les invités se contentent de raconter tout le film, avant de passer à la psychologie des personnages. Autant dire que ce supplément n’a malheureusement aucun intérêt.

L’Image et le son

On peut trouver des défauts à Jackals, plusieurs même, nombreux diront certains, mais la photographie du chef opérateur Andrew Russo est l’un des atouts de ce thriller. Les contrastes sont tranchés en Haute-Définition avec des noirs d’une densité jamais démentie, les jeux de lumière rappellent parfois ceux de Fog de John Carpenter et les détails ne manquent pas, y compris dans les séquences les plus sombres. D’ailleurs, étrangement, ces scènes s’en sortent mieux que celles tournées en plein jour où l’on pouvait attendre un piqué plus ciselé. Toutefois, le cadre large n’est pas avare en détails, surtout sur les gros plans des acteurs et à ce titre, ce qui nous fait le plus peur reste probablement le visage massacré de Deborah Kara Unger…

L’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent sur les scènes d’affrontements, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets secs et percutants.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Maison qui tue, réalisé par Peter Duffell

LA MAISON QUI TUE (The House That Dripped Blood) réalisé par Peter Duffell, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2018 chez ESC Editions

Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Jon Pertwee, Joanna Lumley, Ingrid Pitt, Denholm Elliott, John Bennett, Tom Adams, Joss Ackland, Nyree Dawn Porter…

Scénario : Robert Bloch

Photographie : Ray Parslow

Musique : Michael Dress

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Un inspecteur de Scotland Yard enquête sur quatre cas de meurtres mystérieux qui se sont passés dans une maison inoccupée. Ce qui donne prétexte à un film à sketchs.

Nous en avons déjà parlé, mais petit rappel sur la Amicus, cette société de production cinématographique britannique née dans les années 1960, spécialisée dans les films d’horreur. Fondée par les américains Milton Subotsky et Max J.Rosenberg, la Amicus a voulu concurrencer la célèbre Hammer sur son propre territoire et dans le reste du monde. Dans cette optique, les pontes décident d’offrir quelque chose de différent aux spectateurs, notamment des histoires d’épouvante contemporaines. Pour La Maison qui tue The House That Dripped Blood (1971), pas de Freddie Francis à la barre cette fois ! Le réalisateur du Train des épouvantesDr. Terror’s House of Horrors, Histoire d’outre-tombeTales from the Crypt, Le Crâne maléfiqueThe Skull, Le Jardin des tortures Torture Garden et bien d’autres réjouissances laisse cette fois la place à un confrère inconnu venu de la télévision, Peter Duffell (1922-2017), qui a officié sur les séries L’Homme à la valise et Strange Report. La Maison qui tue est un film à sketches qui se compose de quatre segments reliés par un fil rouge, tous réalisés par le même metteur en scène. Aujourd’hui, cette House That Dripped Blood vaut surtout pour ses interprètes et son atmosphère toujours plaisante.

Un acteur a mystérieusement disparu sans laisser de trace. L’inspecteur Holloway, mandaté par Scotland Yard, se rend immédiatement sur place pour enquêter. Il rencontre des membres de la police locale, ainsi que l’agent immobilier mister Stoker (évidemment un clin d’oeil à Bram Stoker, auteur de Dracula) et entend de curieuses histoires sur les précédents occupants de la demeure : la première concerne un écrivain confronté à un étrangleur sorti de ses récits. La deuxième histoire met en scène deux hommes en visite dans un musée de cire qui sont obsédés par la statue d’une femme qui leur rappelle une ancienne maîtresse commune. La troisième parle d’un père veuf et de sa fillette mélancolique qui semble s’intéresser de très près à la sorcellerie. La quatrième revient sur le sort de l’acteur disparu (Jon Pertwee, le troisième Doctor Who de l’histoire), qui, vêtu d’une cape à l’occasion du tournage d’un film d’épouvante, a l’impression de se transformer réellement en vampire.

Quatre sketches forcément inégaux comme bien souvent dans ce genre de production, mais qui n’en restent pas moins élégants, souvent jubilatoires, bien rythmés, concis, même si prévisibles. S’ils apparaissent tous les deux au même générique de plus d’une vingtaine de films, les immenses Christopher Lee et Peter Cushing ne se donnent pas la réplique dans La Maison qui tue, chacun étant la vedette d’un segment disparate. Notre préférence se porte sur celui avec Christopher Lee, en prise avec un enfant démoniaque ! Si Peter Cushing est comme d’habitude excellent, son sketch vaut surtout pour ses éclairages baroques qui rappellent cette fois les gialli de Mario Bava et les chefs d’oeuvre de la Hammer quand son personnage se perd dans le musée de cire. Denholm Elliott, très classe, perd pied quand l’un de ses personnages créés sur le papier, semble lui apparaître et s’en prendre à son entourage, ainsi qu’à sa femme (Joanna Dunham). La dernière partie, qui s’inscrit plus dans le genre fantastique, permet d’admirer le charme et les courbes de la mythique Ingrid Pitt. L’épilogue est certes attendu, mais plutôt efficace.

Au-delà de son prestigieux générique, la qualité d’écriture de The House That Dripped Blood est indéniable. On doit ces récits au grand Robert Bloch (1917-1994), l’auteur du roman Psychose, mais aussi d’une quantité phénoménale de nouvelles. A l’adolescence, l’écrivain avait entretenu une correspondance avec Howard Phillips Lovecraft, qui l’encourageait à mettre son imagination débordante au profit de la littérature. L’ombre de Lovecraft plane sur La Maison qui tue, comme d’ailleurs moult écrits de Robert Bloch. Son style, son épure et sa radicalité avaient déjà fait le bonheur des spectateurs pour la série Alfred Hitchcock présente dans les années 1960. Puis, Robert Bloch entamait une collaboration fructueuse avec la Amicus. En plus des comédiens iconiques, le scénariste est comme qui dirait l’autre star de La Maison qui tue.

Même si la mise en scène n’a rien d’exceptionnel et n’a pas l’efficacité des travaux de Freddie Francis (pas de gouttes de sang ici, tout est suggéré), The House That Dripped Blood conserve encore un charme britannique inaltérable, l’humour noir fonctionne bien aussi bien que l’ironie mordante, les retournements de situations et les twists, tandis qu’on se délecte de passer d’un récit à l’autre.

LE BLU-RAY

La Maison qui tue intègre tout naturellement la collection « British Terrors » d’ESC Editions, qui comprend déjà les titres Le Caveau de la terreur, Le Train des épouvantes, Asylum, Les Contes aux limites de la folie et Histoires d’outre-tombe. Cette édition Mediabook se compose du DVD et du Blu-ray du film, ainsi que d’un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec. Le menu principal est animé et musical.

L’intervention de Laurent Aknin se déroule en deux temps. Dans le premier module, l’historien et critique de cinéma raconte l’histoire de la Amicus (5’). Sa création, les producteurs, les titres les plus célèbres de la firme, ses intentions et ses influences sur les réalisateurs des années 1980-90 sont donc abordés de façon concise et passionnante.

Le deuxième segment se focalise sur La Maison qui tue (17’). De la même manière que pour son exposé précédent, Laurent Aknin est toujours aussi attachant, enjoué et informatif sur la genèse du film de Peter Duffell, sur le casting et le scénariste Robert Bloch.

L’Image et le son

Hormis un générique aux légers fourmillements, le transfert est irréprochable, le master immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie est volontairement froide et fanée. La gestion des contrastes est également très solide. Ce master HD est également présenté dans son format d’origine 1.85. Le Blu-ray est au format 1080p.

Le film de Peter Duffell bénéficie d’un doublage français. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française au doublage réussi s’accompagne de quelques chuintements et les dialogues sont souvent mis trop en avant. La version anglaise DTS-HD Master Audio 2.0 est plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Distribution /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / American Guinea Pig : Bloodshock, réalisé par Marcus Koch

AMERICAN GUINEA PIG : BLOODSHOCK réalisé par Marcus Koch, disponible en DVD le 2 octobre 2018 chez Uncut Movies

Acteurs : Norm J. Castellano, Barron Christian, Dan Ellis, Alberto Giovannelli, Lillian McKinney, Gene Palubicki, Maureen Pelamati, Shiva Rodriguez…

Scénario : Stephen Biro

Photographie : Donald Donnerson

Musique : Kristian Day

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Un homme anonyme se réveille dans une cellule et prend conscience qu’il a été kidnappé pour subir des expériences médicales par une bande de tortionnaires et de forcenés. Il reçoit alors un mot d’une autre prisonnière, victime elle aussi de nombreuses impudicités. L’infortuné comprend alors que son calvaire ne fait que commencer. 

Ah oui d’accord ! Alors comment dire euh… Je ne sais trop que dire, ni par où commencer (air connu). Quand on ne sait rien de cet American Guinea Pig : Bloodshock, le choc est disons, brutal. En fait, ce film réalisé par Marcus Kosh est le deuxième volet d’une franchise intitulée American Guinea Pig, elle-même l’adaptation d’une saga japonaise des années 1980 réputée pour ses partis pris ultra-gore. American Guinea Pig : Bloodshock est donc la suite du premier opus sous-titrée Bouquet of Guts and Gore, grand succès dans les festivals et mis en scène par Stephen Biro en 2014 et dont les effets spéciaux et maquillages étaient réalisés par…ah bah tiens Marcus Kosh. Producteur de la franchise américaine, le premier décide donc de confier les rênes au second. Nouvel épisode, mais aussi nouvelle identité, nouveau style et nouvelle thématique pour American Guinea Pig : Bloodshock ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce film d’horreur extrême n’est certainement pas à mettre devant tous les yeux et demeure réservé à un public trèèèèès averti. Bon, maintenant, à l’instar de l’auteur de ces mots, il n’est pas interdit de rire devant un tel spectacle outrancier.

Un homme se réveille dans une pièce complètement blanche, aux murs capitonnés et vides de tout contenu. Il va rapidement comprendre qu’il a été kidnappé et qu’il est désormais séquestré dans le seul but de servir de cobaye humain à un groupe de tortionnaires sadiques. A chaque nouvelle expérience menée sur lui, ses bourreaux vont de plus en plus loin dans l’horreur et rien ne semble pouvoir mettre un terme au calvaire sanglant qu’il subit. Alors que sa raison commence à vaciller face aux atroces sévices qu’exécutent sur lui ses tortionnaires, il reçoit dans sa geôle un message provenant d’une jeune femme qui semble connaître de son côté le même destin funeste que lui. Qui est-elle et qui sont ces sadiques dénués apparemment de toute conscience et de toute empathie pour leurs victimes ? S’agit-il de fous psychopathes simplement excités par l’idée de faire couler le sang ou au contraire s’agit-il de membres d’un réseau organisé travaillant dans une optique bien précise ?

Pauvre type…même s’il ne dit rien ou pas grand-chose, surtout qu’on lui coupe la langue dans la première séquence, ce patient se fait quand même recoudre à vif, fracasser la tronche par un colosse, marteler les rotules, lacérer le dos, taillader la plante des pieds au rasoir, se fait arracher plusieurs dents, ouvrir le crâne et d’autres réjouissances. Pourquoi ? Ça on le saura à la fin. Du moins un peu, tout n’est pas expliqué et libre au spectateur de se faire sa propre opinion. Surtout qu’un personnage féminin apparaît également en cours de route et subit également la même chose que son voisin de cellule.

Bienvenue dans un monde de cinglés ! L’image N&B (le film a été tourné en couleur puis converti en post-production) rappelle involontairement la vidéo de l’autopsie de l’extraterrestre de Roswell, mais aussi son « bêtisier » fait par Les Guignols de l’info dans les années 1990. Le côté dérangeant provient surtout de son montage, de plus en plus frénétique, jusqu’à la séquence finale où la couleur réapparaît, le rouge surtout, jusqu’au malaise. C’est finalement cette scène glauque et surréaliste mêlant sexe, hémoglobine, orgasme, cannibalisme, donne vraiment la nausée, même aux spectateurs les plus coriaces.

Le reste du temps, on ne va pas dire qu’on s’ennuie, mais la mécanique tourne rapidement en rond. Comme dans un Saw ou dans une épreuve de Fort Boyard, on se demande à quelle sauce le personnage principal va être mangé. Marcus Kosh ne joue pas la surenchère puisque tous les actes commis ici sont immondes. Les nerfs sont autant mis à rude épreuve qu’exposés lors des opérations du Docteur Maboul dans le film. C’est froid, c’est glacial, c’est monstrueux et on se demande jusqu’où le metteur en scène va aller, même sans scénario ou alors écrit sur une feuille de papier OCB.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que même si l’on se fout royalement des protagonistes (aucune empathie, juste de la chair à triturer), Marcus Kosh a un vrai sens de l’image, du cadre, des effets malsains. American Guinea Pig : Bloodshock est une œuvre totalement expérimentale, un torture porn cradingue, gore, choquant, austère, qui ne laisse certainement pas le spectateur indemne ou tout du moins indifférent.

LE DVD

Uncut Movies est de retour avec une édition DVD Collector limitée et numérotée à 1000 exemplaires de American Guinea Pig : Bloodshock ! Le disque repose dans un sublime mediabook constitué d’un livret de 16 pages merveilleusement illustré, avec en introduction un mot de l’éditeur et la présentation du label Uncut Movies, puis un petit focus sur la franchise américaine American Guinea Pig. Sans oublier un petit poster collector du film. Le menu principal est animé et musical. Un très bel objet de collection.

N’hésitez pas à compléter la projo du film par les interviews présentes en bonus sur cette édition. Plus d’une heure d’entretiens au programme avec le réalisateur Marcus Koch (30’30), le producteur et scénariste Stephen Biro (12’) et le comédien Andy Wintron (10’). Les deux premiers interviennent sur le premier volet réalisé par Stephen Biro lui-même, grand succès des festivals de films de genre qui a donné suite à American Guinea Pig : Bloodshock. Les partis pris, les intentions, les thèmes, les effets visuels, le rapport au spectateur, le casting, les conditions de tournage sont longuement évoqués, entre deux gorgées de bière, et un entrain communicatif.

Tout ce beau petit monde, auxquel se rajoutent d’autres intervenants dont le nom n’est pas indiqué, intervient ensuite au cours d’un module intitulé Dissection du film (12’). Chacun y va de sa propre interprétation sur le(s) sujet(s) évoqué(s) dans American Guinea Pig : Bloodshock, tout comme la nature des protagonistes.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Difficile de juger une image comme celle de American Guinea Pig : Bloodshock…Si le film a été tourné en couleur, il a ensuite été converti en N&B. Nous dirons donc que le master restitue les partis pris originaux avec un grain aléatoire, souvent épais, renforçant l’aspect craspec de l’ensemble. Les images dans les cellules sont plus lisses, sans aspérité, les blancs lumineux, cassés, les noirs denses. Quelques flous inhérents aux conditions de tournage sont donc bruts. Quand vient la couleur, le piqué est plus incisif et le spectateur se prend les teintes rouges en pleine figure, jusqu’au malaise renforcé par le montage.

Une seule piste au programme. La Stéréo privilégie surtout la musique de Kristian Day, qui participe également à l’expérience proposée par American Guinea Pig : Bloodshock. Les rares dialogues sont étonnamment très bas. Les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © Unearthed Films / Uncut Movies / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Prédateur, réalisé par Dick Maas

PRÉDATEUR (Prooi) réalisé par Dick Maas, disponible en DVD et Blu-ray le 27 octobre 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Sophie van Winden, Mark Frost, Britte Lagcher, Abbey Hoes, Victor Löw, Mike Libanon, Kees Boot, Julian Looman…

Scénario : Dick Maas

Photographie : Lennert Hillege

Musique : Dick Maas

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Vétérinaire au zoo d’Amsterdam, Lizzy est appelée par la police : on vient de découvrir les cadavres atrocement mutilés d’une famille. La jeune femme comprend rapidement que ces morts ont été causées par un fauve d’une taille et d’une férocité exceptionnelles. Alors que d’autres victimes sont découvertes, Lizzie fait appel à l’un de ses vieux amis, un ancien chasseur de lions. Mais le prédateur reste insaisissable et continue de semer la terreur…

Nous sommes en pleine série B. Seulement voilà, ce n’est pas n’importe quel réalisateur aux commandes. PrédateurProoi en version originale, est mis en scène par le célèbre Dick Maas, cinéaste culte pour beaucoup et précurseur du film d’épouvante aux Pays-Bas, l’auteur de L’Ascenseur (1983), Grand Prix au Festival d’Avoriaz en 1984, de sa suite réalisée en 2001 et surtout d’Amsterdamned (1988). Né en 1951, Dick Maas fait son retour derrière la caméra quatre ans après Quiz avec un petit film de genre bourré d’humour. Si l’on accepte le fait qu’un lion de 300 kilos et mesurant plus de deux mètres puisse se cacher dans les fourrés et échapper au système de surveillance le plus perfectionné, alors Prédateur est un vrai et génial divertissement. Le film a vraiment de la gueule et crée une vraie complicité avec son public.

La trentaine, Lizzy est vétérinaire au zoo d’Amsterdam. Un matin, la jeune femme est contactée par un policier, Olaf, qui sollicite son aide pour enquêter sur le massacre d’une famille d’agriculteurs. Selon elle, les victimes ont été attaquées par un lion mangeur d’hommes. Plus tard, un golfeur est retrouvé mutilé à son tour, également tué par l’animal sauvage. Alors que les morts s’accumulent et que la rumeur circule dans la ville, le chef de la police refuse de croire qu’un gigantesque lion est responsable de cette hécatombe et choisit de ne pas communiquer sur l’affaire. Malgré elle, Lizzy se retrouve à la tête d’une gigantesque battue organisée à travers la capitale néerlandaise afin de capturer ou anéantir à tout prix la bête surdimensionnée et sanguinaire. La vétérinaire contacte son ancien compagnon, un Britannique chasseur de fauves, pour mettre fin à ses agissements.

Prédateur est le film d’un vieux briscard qui connaît par coeur les rouages pour faire peur et surtout pour faire plaisir aux spectateurs avides de sensations fortes. Certes, ce qui faisait peur jadis prête souvent à rire aujourd’hui, c’est pour cela que Prooi mélange habilement et judicieusement effets gore et humour noir souvent jubilatoire. Rien de tout ceci n’est sérieux, Dick Maas le prévient d’emblée à l’instar de cette séquence en ouverture où un père de famille, se lève après avoir entendu un bruit étrange et aperçoit sa fille aînée dans la pénombre. Si le spectateur comprend qu’elle est en train de se faire dévorer, le père pense qu’elle est en train de faire une fellation à son petit-ami. Il n’est donc pas interdit de rire, surtout pas, c’est fait exprès et Dick Maas – également compositeur ici – a réalisé son film dans ce sens.

Amsterdam devient un plateau de jeu idéal pour y déplacer ses personnages et surtout son lion entièrement conçu – ou presque – en images de synthèse. Les effets spéciaux sont d’ailleurs fort limités, pour ne pas dire mauvais, mais peu importe puisque les apparitions du fauve se déroulent principalement de nuit avec juste les lampadaires pour l’éclairer fugitivement. Au passage, nul n’est épargné, y compris les enfants. Du point de vue des comédiens, nous retiendrons surtout la belle Sophie van Winden, qui rappelle à la fois Rachel McAdams et Kristin Scott Thomas, sur laquelle repose une très grande partie du film. Une actrice à connaître. Ses partenaires, l’anglais Mark Frost (impeccable en Indiana Jones improbable et pourtant spécialiste des félins) et le néerlandais Julian Looman, très amusant en caméraman chaud comme la braise, assurent également le spectacle.

Dick Maas est un malin. Pour son scénario, il s’inspire en grande partie du premier Jurassic Park et adapte littéralement les plus grands moments de ce film avec le lion qui remplace les dinosaures comme la poursuite de la jeep par le T-Rex, avec ici le félin qui court après un scooter (avec le reflet dans le rétro qui crée l’angoisse), la partie de cache-cache avec les raptors dans la cuisine et même l’appeau des brachiosaures qui fait écho ici dans la scène où le braconnier tente d’appâter le lion dans le parc. Cette relecture à la sauce hollandaise du chef d’oeuvre de Steven Spielberg ne révolutionne rien, mais démontre toute l’étendue du talent du réalisateur du début à la fin et l’ambiance est particulièrement prenante. Une réussite donc et un film fort sympathique.

LE BLU-RAY

Rimini Editions a eu la très bonne idée de sortir Prédateur dans les bacs, en DVD et Blu-ray. L’édition HD est disponible dans un boîtier classique de couleur noire et au visuel très attractif avec un lion qui « n’a pas une gueule de porte-bonheur ». Le menu principal est kitsch, animé et musical.

Seule la bande-annonce est disponible comme supplément, dommage.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080i. Le film de Dick Maas est joliment photographié par Lennert Hillege et cette édition HD délivre son lot de couleurs vives et chatoyantes sur les séquences diurnes. Les détails sont convaincants aux quatre coins du cadre large et le piqué évident (surtout sur les teintes froides), même si les contrastes pèchent parfois par un manque de concision sur les scènes sombres. Certains flous sporadiques tout comme de sensibles fourmillements sont constatables (surtout sur les scènes avec le lion en CGI), notamment au niveau des visages des comédiens, mais demeurent subliminaux et n’entravent en rien le visionnage. La clarté est de mise, le relief notable, la propreté incontestable et la définition élégante. Que demander de plus ?

Pas de pistes 5.1 pour les langues néerlandaise et française. Juste de la Stéréo, mais heureusement, le confort acoustique est assuré avec une belle délivrance de la musique de Dick Maas, des grognements du félin, des dialogues et des effets particulièrement dynamiques. La version originale est évidemment à privilégier. 

Crédits images : © Shooting Star Filmcompany & Parachute Pictures 2016 / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Aux frontières de l’aube, réalisé par Kathryn Bigelow

AUX FRONTIÈRES DE L’AUBE (Near Dark) réalisé par Kathryn Bigelow, disponible en combo Blu-ray/DVD le 25 septembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Adrian Pasdar, Jenny Wright, Lance Henriksen, Bill Paxton, Jenette Goldstein, Tim Thomerson…

Scénario : Kathryn Bigelow, Eric Red

Photographie : Adam Greenberg

Musique : Tangerine Dream

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Dans une petite bourgade de l’Oklahoma, un soir, Caleb fait la rencontre d’une étrange fille, Mae, qui va bouleverser son existence. En effet, Mae est vampire. Caleb se retrouve alors parmi une redoutable « meute » de tueurs-vampires qui ne sévissent que la nuit car ils craignent les mortels rayons du soleil.

S’il n’a eu aucun succès dans les salles américaines à sa sortie en 1987 malgré son petit budget de 5 millions de dollars, Aux frontières de l’aubeNear Dark est pourtant devenu une œuvre culte, reconnue, une référence du genre fantastique, une étape fondamentale du film de vampires. Il s’agit également du premier long métrage mis en scène en solo par l’immense Kathryn Bigelow, six ans après The Loveless, qu’elle avait coréalisé avec Monty Montgomery. Si Aux frontières de l’aube est un chef d’oeuvre aujourd’hui cité et plagié, le film possède également la particularité de reprendre trois comédiens d’Aliens, le retour de James Cameron, Lance Henriksen, Bill Paxton et Jenette Goldstein, réalisé l’année précédente et dont le titre apparaît d’ailleurs sur la devanture d’un cinéma dans Near Dark. Quatre ans avant le succès mondial de Point Break, Kathryn Bigelow installe déjà les composantes de son cinéma, précipité de violence, d’adrénaline (la véritable drogue de tous les personnages chez la cinéaste), de testostérone et de fureur.

Une nuit, Caleb, un jeune fermier candide de l’Oklahoma, rencontre la belle Mae. Fasciné, il tente de la séduire et obtient d’elle un baiser qui devient une morsure. Ce contact va entraîner Caleb dans le monde des compagnons de Mae, des vampires. Il devra apprendre à tuer pour s’abreuver du sang de ses victimes.

Priez pour que l’aube arrive…

Il y a eu définitivement un an avant et un après Les Frontières de l’aube. Si le mot vampire n’est jamais utilisé durant le film, la troupe, on peut même parler de famille reconstituée, de Near Dark appartient bel et bien à ces créatures. S’ils se trouvent dépourvus de canines affûtées, ils se nourrissent quand même du sang de leurs victimes croisées sur les routes désertiques, dans quelques motels glauques qui jonchent les chemins poussiéreux de l’Amérique profonde ou dans quelques bars crasseux où leur dégaine ne passe pas inaperçue dans ces contrées reculées.

Le souhait original de Kathryn Bigelow et de son coscénariste Eric Red (l’auteur du mythique Hitcher de Robert Harmon) était de faire un véritable western, la réalisatrice étant une grande admiratrice du cinéma de Sam Peckinpah, en particulier de La Horde sauvage. Essuyant le refus des producteurs qui prétextaient alors que le genre était démodé et peu amène d’attirer les spectateurs dans les salles, les deux associés changent leur fusil d’épaule en combinant le western et le fantastique.

Western horrifique, Aux frontières de l’aube ne s’embarrasse pas de la mythologie originale. Pas de gousses d’ail ici, ni de crucifix, encore moins d’eau bénite et de cercueils. Demeure l’intolérance au soleil, qui reste fatal pour ces créatures pourtant immortelles. Si la figure du vampire a toujours été accompagnée d’un érotisme latent, Kathryn Bigelow et Eric Red narrent une véritable histoire d’amour, celle entre Caleb (Adrian Pasdar, vu dans Top Gun et dans L’Impasse) et Mae (Jenny Wright), à la dimension Shakespearienne, puisque les deux familles des intéressés vont s’interposer comme dans Roméo & Juliette.

La nuit a son prix…

Après leur mutation, ils représentent ce qu’il y a encore d’humain avec l’amour qu’ils ressentent l’un pour l’autre, alors que ceux qui les entourent ne cessent de s’acharner sur leurs proies, dans le sang et la peur. A ce titre, celui qui tire indéniablement son épingle du jeu est le grand et regretté Bill Paxton. Complètement azimuté, explosif, déchaîné, bestial, son personnage Severen, sourire vicieux et sadique collé au visage, adore provoquer ses futures victimes, les pousser à bout, pour ensuite mieux se jeter sur elles et se repaître de leur hémoglobine. Plus « sage » en apparence, mais tout aussi monstrueux, impitoyable et machiavélique, Lance Henriksen campe une variation ténébreuse et sanguinaire de son Bishop d’Aliens, le retour. Son look de gourou des temps modernes, ancien soldat sudiste qui ne cesse d’évoquer sa « mort », est aussi inoubliable.

Réalisé à la fin des années 1980, Aux frontières de l’aube peut se voir comme une parabole sur l’épidémie mondiale du SIDA, avec la peur que la maladie entraîne chez ceux qui en ont « entendu parler » et qui repoussent ceux qui en seraient atteints. Au-delà de cette réinterprétation personnelle du film de vampires, Aux frontières de l’aube est un objet plastique crépusculaire fascinant. Dès sa sublime introduction, avec son montage percutant, la beauté de la photographie d’Adam Greenberg (Terminator, ouvertement cité lors de la scène du poids lourd dans le dernier acte) et la musique toujours enivrante de Tangerine Dream, Near Dark attrape le spectateur pour ne plus le lâcher. Tel un opéra-rock, le film enchaîne les morceaux de bravoure, sanglants ou furieusement romantiques avec une touche de mélancolie, doux et ultra-violents, jusqu’à l’époustouflant final.

Near Dark s’inspire lui-même du roman original d’Anne Rice, Entretien avec un vampire, publié à la fin des années 1970, pour ce qui touche au personnage d’Homer, adulte coincé dans un corps d’enfant. Mais, Aux frontières de l’aube donnera également naissance à d’autres films de genre réalisés dans les années 1990 avec bien évidemment Une nuit en enfer de Robert Rodriguez (1996) et surtout Vampires de John Carpenter (1998) dont certaines scènes renvoient directement au film de Kathryn Bigelow. Lauréat du Corbeau d’argent au Festival international du film fantastique de Bruxelles en 1988, Grand Prix et Licorne d’or pour Jenny Wright au Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction la même année, Aux frontières de l’aube est aujourd’hui unanimement reconnu comme un jalon important du genre. Du sang neuf dont se sont abreuvés les vampires à l’approche du XXIe siècle.

LE BLU-RAY

Aux frontières de l’aube est le numéro 2 de la collection Make my Day supervisée par l’un de nos meilleurs critiques cinéma, Jean-Baptiste Thoret. Comme pour Sans mobile apparent, Six femmes pour l’assassin, Max mon amour et La Mort a pondu un œuf, Studiocanal permet enfin de (re)découvrir Aux frontières de l’aube dans une édition digne de ce nom. Le film de Kathryn Bigelow est présenté ici dans un combo Blu-ray/DVD, disposés dans un Digipack, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est sobre, très légèrement animé et musical.

Jean-Baptiste Thoret présente tout naturellement le film qui nous intéresse au cours d’une préface en avant-programme (7’30). Comme il en a l’habitude, le critique replace de manière passionnante Aux frontières de l’aube dans son contexte, dans la filmographie et le parcours de Kathryn Bigelow. Il évoque également les conditions de tournage, la genèse et les thèmes du film, la musique de Tangerine Dream, mais également le casting. Tout cela est abordé sans pour autant spoiler le film pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu.

Cette édition comprend une interview de Kathryn Bigelow, réalisée pour l’émission française Rapido, diffusée sur Canal+ à l’occasion de la sortie française du film en 1988 (25’). Présenté sans coupes, l’entretien est parfois interrompu en raison d’un bruit parasite ou pour demander à la réalisatrice de se replacer face à la caméra. La cinéaste revient sur ses études, son expérience dans la peinture, les partis pris d’Aux frontières de l’aube (« rendre la nuit séduisante »), le travail avec le chef opérateur Adam Greenberg et son coscénariste Eric Red, les conditions de tournage (essentiellement de nuit pendant un mois et demi), les personnages et le casting. Kathryn Bigelow évoque également James Cameron (« Je suis une très grande fan de son cinéma »), ainsi que ses intentions, l’attrait de la violence au cinéma et ses aspirations pour les années à venir. Un document précieux à découvrir.

L’éditeur propose également un documentaire rétrospectif sur Aux frontières de l’aube, Living in Darkness, réalisé en 2002 et invitant une partie du casting, la réalisatrice, les producteurs et le chef opérateur Adam Greenberg (47’). Les anecdotes passionnantes s’enchaînent sur un rythme soutenu, ainsi que les souvenirs de tournage et les conditions des prises de vue. Chacun aborde également la psychologie des personnages et la relecture du mythe du vampire proposée par Near Dark. Des storyboards, ainsi que des photos de plateau illustrent ces propos.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Cette édition Haute-Définition d’Aux frontières de l’aube confortera à la fois les puristes, soucieux de retrouver la patine clairement indépendante de cette œuvre devenue culte, et les adeptes du support Blu-ray. Sans jamais dénaturer le grain original, parfois plus appuyé sur certaines séquences sombres, Studiocanal a trouvé le compromis entre le respect des volontés artistiques originales et l’upgrade numérique. Les contrastes sont au beau fixe (certains trouveront peut-être l’image trop sombre), les noirs denses, la copie stable et d’une propreté immaculée et les couleurs ravivées. Les scènes diurnes sont lumineuses et le piqué est inédit. Tourné avec un budget minuscule de 5 millions de dollars, Aux frontières de l’aube est un tout petit film et ses partis pris occasionnent quelques plans flous, qui apparaissent encore ainsi en HD. La restauration est donc éloquente, très plaisante et surtout très réussie, faisant oublier illico le DVD édité en 2010, au master aujourd’hui complètement obsolète.

La version originale aux sous-titres français imposés est proposée en DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. La première option se contente de spatialiser le score hypnotique de Tangerine Dream, ainsi que des ambiances dynamiques sur les scènes agitées du dernier acte notamment. Les voix auraient toutefois mérité d’être un peu plus relevées sur la centrale. La piste 2.0 est de fort bon acabit, sans doute plus homogène dans son rendu et souvent percutante. Plus anecdotique, la version française est parfois plus sourde, feutrée et couverte, notamment dans son rendu des dialogues (très mauvais doublage) et des bruitages.

Crédits images : © Near Dark Joint Venture / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Histoires d’outre-tombe, réalisé par Freddie Francis

HISTOIRES D’OUTRE-TOMBE (Tales from the Crypt) réalisé par Freddie Francis, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 18 septembre 2018 chez ESC Editions

Acteurs : Ralph Richardson, Joan Collins, Peter Cushing, Ian Hendry, Richard Greene, Nigel Patrick, Patrick Magee…

Scénario : Milton Subotsky d’après une histoire originale de Al Feldstein, Johnny Craig et William M. Gaines

Photographie : Norman Warwick

Musique : Douglas Gamley

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Dans les catacombes, cinq personnes entrent dans une pièce dont la porte se referme sur eux. Aux visiteurs, sachant que tous nourrissent de noirs desseins, le gardien de la crypte pose la question : « Quels sont vos projets d’avenir quand vous sortirez ? » Entre une meurtrière en prise avec un Père Noël psychopathe, le propriétaire puni par le fantôme du vieillard qu’il aura délogé, l’homme d’affaires piégé par trois vœux, un accidenté de la route appelé à revivre la même situation et le directeur d’un institut pour aveugles confronté à la colère de ses pensionnaires, chacun teste le monstre qui se cache en lui.

Entrez ! Entrez, âmes damnées ! Soyez les bienvenus chez Amicus, cette société de production cinématographique britannique née dans les années 1960, spécialisée dans les films d’horreur. Fondée par les américains Milton Subotsky et Max J.Rosenberg, la Amicus a voulu concurrencer la célèbre Hammer sur son propre territoire et dans le reste du monde. Dans cette optique, les pontes décident d’offrir quelque chose de différent aux spectateurs, notamment des histoires d’épouvante contemporaines. Un nom devient alors récurrent, celui du réalisateur Freddie Francis (1917-2007), à qui l’on doit déjà quelques fleurons de la Hammer comme Paranoïaque (1963), qui était à l’époque un chef opérateur très convoité. Il avait entre autres signé les images inoubliables des Innocents de Jack Clayton (1961) et avait auparavant travaillé Jack Cardiff sur Amants et filsSons and Lovers (1960), pour lequel il avait remporté l’Oscar de la meilleure photographie. Après cette récompense suprême, Freddie Francis décide de passer à la réalisation. Il signera L’Empreinte de Frankenstein, Dracula et les femmes et Meurtre par procuration, pour le compte de la Hammer. S’il mettra en scène d’autres films dans les années 1970-80, Freddie Francis réalisera également les inoubliables photographies d’Elephant Man, Dune et Une histoire vraie pour David Lynch, mais aussi celle du remake des Nerfs à vif par Martin Scorsese, ainsi que celle de Glory d’Edward Zwick, qui lui vaudra un second Oscar. Mais pour l’heure, Histoire d’outre-tombeTales from the Crypt démontre une fois de plus tout son savoir-faire derrière la caméra.

L’aventure de Freddie Francis avec la Amicus démarre en 1965 avec Le Train des épouvantesDr. Terror’s House of Horrors. Les autres séries B d’horreur s’enchaînent avec des titres aussi explicites que Le Crâne maléfiqueThe Skull (1965), Poupées de cendreThe Psychopath (1966), The Deadly Bees (1967), They Came from Beyond Space (167), Le Jardin des tortures Torture Garden (1967), puis le film qui nous intéresse, Histoires d’outre-tombe en 1972. Ce film à sketches se compose de cinq segments reliés par un fil rouge, tous réalisés par le même metteur en scène, avec le même directeur de la photographie, ce qui assure une véritable cohérence stylistique.

Le postulat de départ est simple : Au cours d’une visite dans des catacombes, cinq personnes, quatre hommes et une femme, soudainement isolées, se retrouvent en présence d’un moine étrange qui leur dévoile à chacun leur destin. Bien avant la célèbre série créée en 1989, le film s’inspire des bandes dessinées publiées par EC Comics au début des années 1950, Les Contes de la Crypte, et reprend cinq histoires disparates écrites par William Gaines et Al Feldstein. Cinq sketches forcément inégaux comme bien souvent dans ce genre de production – même les plus grands n’y échappaient pas comme en Italie où c’était devenu une spécialité (Les Monstres, Sept fois femme) – mais qui n’en restent pas moins élégants, souvent jubilatoires, bien rythmés, concis, même si prévisibles. Ce qui fait également le sel de ce genre de production c’est également le casting et de ce point de vue-là nous sommes gâtés ici. Le gardien de la crypte est interprété par le grand Ralph Richardson, puis interviennent tour à tour Joan Collins, Peter Cushing (sublime), Patric Magee, ainsi que des têtes parfaitement reconnaissables et symboliques de la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent ».

La mort est évidemment au centre de chaque segment, mais chacun reflète également la bassesse de l’être humain, prêt à tout pour son satisfaire son propre bonheur personnel et surtout sa réussite sociale. A sa sortie en France, le film passe totalement inaperçu. Pourtant, Histoires d’outre-tombe conserve encore un charme dingue malgré les années, la poésie macabre est au rendez-vous et on se délecte de passer d’un récit à l’autre, même si notre préférence se tourne vers les segments un (avec Joan Collins), trois (avec Peter Cushing) et cinq (avec Patrick Magee). Rétrospectivement, il s’agit également de la source d’inspiration de Creepshow (1982) de Stephen King et George A. Romero. Alors pourquoi hésiter plus longtemps ?

LE BLU-RAY

ESC Distribution ne manque décidément pas de nouveaux projets. Histoires d’outre-tombe inaugure une nouvelle collection de l’éditeur, la « British Terrors » qui comprendra entre autres Le Caveau de la terreur, Le Train des épouvantes, Asylum et Les Contes aux limites de la folie. Cette édition se compose du DVD et du Blu-ray du film, ainsi que d’un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec. Le menu principal est animé et musical.

L’intervention de Laurent Aknin se déroule en deux temps. Dans le premier module, l’historien et critique de cinéma raconte l’histoire de la Amicus (5’). Sa création, les producteurs, les titres les plus célèbres de la firme, ses intentions et ses influences sur les réalisateurs des années 1980-90 sont donc abordés de façon concise et passionnante.

Le deuxième segment se focalise sur Histoires d’outre-tombe (13’30). De la même manière que pour son exposé précédent, Laurent Aknin est toujours aussi attachant, enjoué et informatif sur la genèse du film de Freddie Francis, sur l’adaptation des célèbres Contes de la Crypte, sur le casting et les partis pris.

L’Image et le son

Le transfert est irréprochable, le master immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie est volontairement froide et fanée. Les décors dépouillés sont omniprésents et les personnages n’ont aucun mal à ressortir devant un fond uni, avec de très beaux gros plans. La gestion des contrastes est également très solide. Malgré un très léger voile apparent, ainsi que de menus changements chromatiques au cours d’une même séquence et un grain parfois trop lissé, ce master HD présenté dans son format d’origine 1.85 ne manque pas d’attraits. Le Blu-ray est au format 1080p.

Le film de Freddie Francis bénéficie d’un doublage français. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française au doublage réussi s’accompagne de quelques chuintements et les dialogues sont souvent mis trop en avant. La version anglaise DTS-HD Master Audio 1.0 est plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Distribution /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / The Strangers : Prey at Night, réalisé par Johannes Roberts

THE STRANGERS : PREY AT NIGHT réalisé par Johannes Roberts, disponible en DVD et Blu-ray le 21 août 2018 chez TF1 Studios

Acteurs :  Christina Hendricks, Martin Henderson, Bailee Madison, Lewis Pullman, Damian Maffei, Emma Bellomy…

Scénario : Bryan Bertino

Photographie : Ryan Samul

Musique : Adrian Johnston

Durée : 1h25

Année de sortie : 2018

LE FILM

Une famille s’arrête pour la nuit dans un parc de mobile home isolé qui semble complètement désert. Une jeune femme étrange frappe à leur porte…. C’est le début d’une terrible nuit d’horreur : pris pour cible et poursuivis sans relâche par trois tueurs masqués, chacun devra lutter pour sauver sa peau dans un jeu de cache-cache impitoyable.

The Strangers : Prey at Night est la suite de The Strangers de Bryan Bertino (ici scénariste et producteur), grand succès critique et commercial de l’année 2008 (82 millions de dollars de recette pour un budget de 10 millions), même si le film était resté inédit dans les salles françaises. Dix ans plus tard, les producteurs décident de faire revenir leurs psychopathes masqués, qui s’en prennent cette fois-ci à toute une famille, deux parents et leurs deux enfants étudiants, dans une unité de lieu (un parc isolé) et de temps (une nuit). Pour ce nouvel opus au budget plus conséquent, la mise en scène a été confiée au réalisateur Johannes Roberts, remarqué en 2012 avec Storage 24 et son film à requins 47 Meters Down en 2017. S’il ne révolutionne rien dans le genre, The Strangers : Prey at Night ne se fout pas de la tronche des spectateurs et réserve son lot de séquences impressionnantes, violentes et graphiques, qui le placent bien au-dessus de la moyenne des productions du même acabit qui pullulent dans les salles au sol jonché de popcorn.

Inspiré de faits réels…

Johannes Roberts revendique ses influences, en particulier John Carpenter. Christine et Halloween : La Nuit des masques notamment, mais avec également une touche de Scream de Wes Craven et du premier Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. A l’instar de David Robert Mitchell pour son incroyable It Follows, le cinéaste parvient à digérer ses références, à se les approprier, sans les singer. Grâce à sa maîtrise formelle, Johannes Roberts réussit à nous faire accepter le comportement souvent invraisemblable des personnages, qui aurait pu rendre ridicule toute l’entreprise de ce slasher et survival. The Strangers : Prey at Night est constamment ponctué par des scènes marquantes avec une subtile utilisation de la profondeur de champ, du cadre, de la photographie très contrastée et du décalage constant avec la bande-originale très eighties qui convoque à la fois Kim Wilde (Kids in America en intro, Cambodia), Air Supply et Bonnie Tyler. Par ailleurs, la séquence de la piscine (comme It Follows) où l’un des protagonistes affronte le tueur masqué, sur fond du cultissime Total Eclipse of the Heart de Bonnie Tyler est l’un des grands moments du film, celui dont parlent tous les spectateurs à la fin, probablement le passage qui restera. Du point de vue interprétation, les comédiens font le boulot sans se forcer, mais cela reste très plaisant de revoir Christina Hendricks, éternelle Joan de la série Mad Men.

« Pourquoi faites-vous ça ? »

« Pourquoi pas ? »

Le fait de réduire les protagonistes et victimes potentielles à quatre, entraîne une plus grande empathie des spectateurs pour les personnages. Contrairement à la plupart des films du même acabit, nous n’attendons pas avec impatience comment un tel va être trucidé, mais plutôt comment l’individu en danger pourrait s’en sortir, en espérant qu’il y arrive. Les assassins masqués quasi-mutiques sont menaçants à souhait, notamment les deux nanas, alias Dollface et la Pin-up, les sursauts sont fréquents sans que le réalisateur ait recours au sempiternel jump scare gratuit. N’oublions pas l’excellente utilisation du décor, un parc de mobile homes déserté, qui devient un terrifiant plateau de jeu géant, où se retrouvent pourchassés les personnages par des tueurs qui semblent n’avoir aucune autre motivation que de les massacrer les uns après les autres. The Strangers : Prey at Night est au final un film d’horreur fort sympathique, divertissant, élégant, en un mot réussi.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Strangers : Prey at Night, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé musical.

L’interactivité démarre par un vidéoclip de Tiffany, intitulé I Think We’re Alone Now. Tourné en caméra subjective, nous suivons deux des tueurs du film se préparer avant d’aller terroriser leurs victimes (2’30).

S’ensuit un module consacré à la bande-originale du film (2’45) au cours duquel le réalisateur Johannes Roberts évoque son admiration pour John Carpenter et l’utilisation des chansons des années 1980 afin de créer le malaise avec ce qui déroule à l’écran.

L’interactivité se clôt sur un court segment (3’45) constitué d’interviews de l’équipe, qui se contente principalement de présenter les enjeux de cette suite et les personnages.

L’Image et le son

On frôle l’excellence : relief, piqué, contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes et chaque détail aux quatre coins du cadre large est saisissant. Ce transfert immaculé soutenu par un encodage AVC solide comme un roc laisse pantois. Le master HD permet de se plonger dans le film dans les meilleures conditions possibles. La majeure partie du film se déroulant dans le noir, nous vous conseillons de le visionner dans une pièce très sombre.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets percutants. Les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : © TF1 Studios / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr