Test Blu-ray / Les Centurions, réalisé par Mark Robson

LES CENTURIONS (Lost Command) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 7 novembre 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  Anthony Quinn, Alain Delon, George Segal, Michèle Morgan, Claudia Cardinale, Maurice Ronet, Grégoire Aslan, Jean Servais…

ScénarioNelson Gidding d’après le roman de Jean Lartéguy

Photographie : Robert Surtees

Musique : Franz Waxman

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Fait prisonnier en Indochine en 1954, le lieutenant-colonel Raspéguy, qui avait auprès de lui les jeunes capitaines Esclavier et Boisfeuras et le lieutenant d’origine arabe Mahidi, supporte mal l’humiliation de la défaite. Relevé de son commandement pour insubordination, il obtient, grâce à la comtesse de Clairefons, un nouveau poste, cette fois-ci en Algérie…

Quand Hollywood se penche sur l’Histoire française. Si Mark Robson (1913-1978) est un réalisateur inégal, il n’en demeure pas moins un très bon artisan et technicien. Ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson, ses meilleurs opus demeurent La Septième victime, Plus dure sera la chute (l’un des plus beaux rôles d’Humphrey Bogart), Le Champion, L’Express du colonel Von Ryan, La Vallée des poupées et même Tremblement de terre, un des fleurons du genre catastrophe dans les années 1970. S’il n’est pas un grand film de guerre, Les CenturionsLost Command (1966) reste non seulement l’un des films les plus connus de Mark Robson, mais également un très bon divertissement emblématique du savoir-faire, ainsi que de l’éclectisme du cinéaste.

Après la déroute de Diên Biên Phu et quatre mois de captivité en Indochine, le lieutenant-colonel Raspeguy (Anthony Quinn), secondé par ses fidèles camarades, obtient grâce à l’influence de la comtesse de Clairefons, veuve d’un de ses hommes tué en Indochine, le commandement du dixième régiment de parachutistes en Algérie, Les Lézards, où des troubles viennent d’éclater. Mais, très vite, des conflits, tant idéologiques que stratégiques, éclatent entre ses amis de toujours. Ainsi, Ben Mahidi, l’un de ses anciens officiers passé à la rébellion, a rejoint les rangs du FLN. Il est d’ailleurs devenu le chef des rebelles terroristes.

Ainsi donc, le cinéma américain décide de s’inspirer des guerres de décolonisation. C’est sans doute pour cela que le film est encore aujourd’hui plutôt mal vu dans nos contrées, en dépit d’un gros succès populaire à sa sortie avec 4,3 millions de spectateurs. Les Centurions est la libre adaptation du roman de Jean Lartéguy publié en 1960, par le scénariste Nelson Gidding (Le Coup de l’escalier, La Maison du diable, Le Mystère Andromède). Ancien soldat volontaire en 1939, officier dans les commandos d’Afrique au sein de l’armée française de la Libération, puis blessé en Corée, plusieurs fois décoré (Légion d’honneur, Croix de guerre 1939-1945, Croix de guerre TOE), Jean Lartéguy a connu la guerre de près, puis devient correspondant de guerre pour Paris Match, pour ensuite devenir grand reporter à Paris-Presse à partir de 1952. Il reçoit le Prix Albert-Londres en 1955. L’un de ses sujets de prédilection est la décolonisation, qu’il a longtemps traitée à travers de multiples reportages. Les Centurions, vendu à plus d’un million d’exemplaires, est son roman le plus célèbre et inspiré de son propre vécu en Algérie.

Le personnage du lieutenant-colonel Raspéguy est fortement inspiré de Marcel Bigeard, dont le nom reste associé aux guerres d’Indochine et d’Algérie. Qui de mieux qu’Anthony Quinn pour incarner un soldat buriné ? De par sa stature, son charisme imposant et son timbre grave, le comédien n’a que peu à faire pour incarner l’autorité. L’histoire d’un simple berger du Pays basque qui s’est fait tout seul et grimpé les échelons, en devenant un vrai meneur d’hommes. Production internationale, Les Centurions convoque quelques comédiens français prestigieux, Alain Delon, Maurice Ronet, Jean Servais, Jacques Marin, sans oublier le charme sensuel de Claudia Cardinale. Le duo Quinn-Delon fonctionne très bien, le premier dans le rôle du militaire qui obéit aveuglément aux ordres, dans le but de grimper l’échelle sociale, tandis que l’autre tombe amoureux sans le savoir de la sœur de Mahidi et supporte de moins en moins les pratiques répressives douteuses de ses compagnons d’armes, en particulier l’usage de la torture. Ou comment une histoire d’amitié est gangrenée par le sens du devoir.

Difficile pour Mark Robson de concilier à la fois le divertissement grand public et de rester attacher aux faits tels qu’ils se sont passés. Pourtant, même si le film paraît continuellement hésiter quant au point de vue à adopter, le réalisateur s’en tire fort honorablement en ne prenant finalement pas parti, mais en montrant les deux côtés de la barrière. Si l’on peut déplorer que Mahidi et ses troupes ne soient pas interprétés par des acteurs maghrébins, que le récit prenne forcément quelques libertés avec l’Histoire (mais il ne s’agit pas d’un documentaire) et bien sûr que tout ce beau monde s’exprime dans la langue de Shakespeare, Les Centurions peut compter sur une mise en scène dynamique, un montage vif et surtout de gros moyens pour plonger les spectateurs dans des scènes d’affrontements particulièrement explosifs.

Il serait dommage de ne pas saluer l’entreprise des Centurions, surtout que le personnage d’Alain Delon, qui pourrait passer pour le beau gosse de service sans conscience ni morale, se révèle être le plus humain et réfléchi, face à un Maurice Ronet jusqu’au-boutiste qui ne crache pas sur les moyens les plus abjects pour faire parler l’ennemi. On est donc loin d’un film à la gloire des paras comme certains ont pu le clamer, même si l’on est clairement dans le domaine de la série B gonflée aux hormones.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition Haute-Définition des Centurions, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Seul à bord, Patrick Brion prend la défense des Centurions au cours de sa présentation (21’). L’historien du cinéma indique que cette adaptation du roman de Jean Lartéguy, dont il dresse d’ailleurs le portrait, est encore curieusement mal considérée en France. Patrick Brion avance donc des arguments pour soutenir le film de Mark Robson en indiquant que la France est un pays qui a toujours été dans l’incapacité à regarder, à assumer et à parler de sa propre Histoire, et surtout qu’elle a toujours vu d’un mauvais œil qu’un autre pays se permette de le faire. L’historien dresse rapidement un panel de films engagés (R.A.S. d’Yves Boisset) ou plus classiques (Diên Biên Phu de Pierre Schoendoerffer), ainsi que la poignée de films sur la Première Guerre mondiale, avant de se pencher plus sur Les Centurions, dont il dit à plusieurs reprises qu’il s’agit d’un film «très juste et objectif».

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos, la bande-annonce et un petit making of d’époque (4’30), en N&B et qualité médiocre, qui insiste sur l’investissement des comédiens dans les scènes d’action réalisées dans des conditions difficiles. C’est aussi l’occasion d’apercevoir Anthony Quinn réaliser son célèbre sirtaki de Zorba le Grec devant ses camarades.

L’Image et le son

Jusqu’alors disponible en DVD chez Sony Pictures, Les Centurions se refait une beauté en Haute-Définition grâce aux bons soins de Sidonis Calysta. Le cadre large retrouve de sa superbe, la clarté est de mise, la restauration de haut niveau et le grain original conservé. Le générique en ouverture semble plus grumeleux, mais cela s’arrange après. En revanche, les contours des visages restent flous, comme si la mise au point n’arrivait pas à se faire. Quelques baisses de la définition sporadiques émaillent cette édition, tout comme une gestion aléatoire des contrastes, ainsi que des pixels (36’40) avec une saute d’image. Le piqué est en revanche vif et acéré sur les séquences diurnes et le relief est très appréciable.

L’éditeur propose les versions anglaise et française en DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Cette dernière bénéficie d’un doublage old-school très réussi (les acteurs français se doublent eux-mêmes), et le report des voix s’avère plus mordant qu’en version originale. Sur les deux pistes, les effets annexes sont ardents, surtout sur les séquences d’affrontements avec les rafales et les explosions à foison. Dynamiques et vives, tout comme le score de Franz Waxman, les deux options acoustiques ne déçoivent pas.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Homme de guerre, réalisé par Perry Lang

L’HOMME DE GUERRE (Men of War) réalisé par Perry Lang, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Dolph Lundgren, Charlotte Lewis, B.D. Wong, Anthony John Denison, Tiny « Zeus » Lister, Tim Guinee…

Scénario :  John Sayles, Ethan Reiff, Cyrus Voris d’après une histoire originale de Stan Rogow

Photographie : Rohn Schmidt

Musique : Gerald Gouriet

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Ne supportant plus son retour à la vie civile, Nick Gunar, un ancien mercenaire, accepte à contre-cœur un contrat très spécial : convaincre, par la force si nécessaire, les habitants d’une île paradisiaque de céder leurs terres et ses richesses à une multinationale. Nick réunit autour de lui d’anciens compagnons de combat entraînés et investit l’île. Mais au contact des indigènes de ce paradis perdu, le suédois entrevoit une nouvelle vie et renonce à sa mission. Son équipe de mercenaires ne l’entend pas ainsi et une guerre impitoyable éclate…

Ceux qui voudraient en savoir plus sur les débuts de Dolph Lundgren peuvent se tourner vers notre critique/chronique d’un de ses derniers films, l’excellente série B Don’t Kill It de Mike Mendez. L’ami Dolph est à la fête puisque l’éditeur Metropolitan Vidéo vient d’éditer un Blu-ray qui réunit deux des films les plus célèbres du comédien, L’Homme de guerre de Perry Lang et État d’urgence de Frédéric Forestier. Nous verrons le second très prochainement, pour nous concentrer uniquement sur le premier, Men of War, réalisé par Perry Lang en 1994, considéré à juste titre comme l’un des meilleurs opus de l’acteur suédois. Très bien mis en scène, écrit et photographié, L’Homme de guerre reste un très bon divertissement, généreux en scènes d’action et fusillades, en particulier durant son dernier tiers explosif et très brutal.

Nick Gunar, encore appelé « le Suédois », ancien militaire des Forces Spéciales, a loué son impressionnante force physique et son goût du meurtre sur tous les champs de carnage du monde. Il voit avec frayeur s’approcher l’heure de la retraite et, plutôt que de passer un autre Noël solitaire dans son appartement de Chicago, dans l’insupportable douceur hivernale, il décide de prêter main-forte à la Nitro Mine Corporation, qui a maille à partir avec une poignée d’indigènes récalcitrants, sur une île paradisiaque de la mer de Chine. Après avoir accepté de travailler comme mercenaire pour deux industriels, Gunar part en compagnie de six confrères et débarque sur les lieux où la bande commence à massacrer en gros. Il découvre rapidement qu’il a affaire à forte partie. La population n’est pas prête à céder ses droits. Parallèlement à sa carrière d’acteur (1941, L’Echelle de Jacob), Perry Lang passe à la mise en scène au début des années 1990 avec Little Vegas, puis signe son deuxième long métrage L’Homme de guerre quatre ans plus tard. Bien qu’il ait principalement fait sa carrière à la télévision à travers une multitude de séries (Dawson, Alias, Urgences), le réalisateur soigne vraiment son cadre et Men of War étonne par la beauté de ses plans, ce qui lui donne un cachet supplémentaire.

Le scénario de John Sayles (Piranhas, Hurlements), également script-doctor réputé, coécrit avec Ethan Reiff et Cyrus Voris (Robin des Bois de Ridley Scott), s’avère une réflexion sur les moyens utilisés par des hommes d’affaires peu scrupuleux, bien décidés à arriver à leurs fins, quitte à décimer une population entière afin de s’emparer de leurs ressources. Si le film s’ouvre une musique bien patriotique, le récit prend le temps d’installer les personnages et les enjeux, avec quelques touches d’humour et des répliques soignées (« pour cette mission ce qu’il nous faut c’est le doigté d’un poète ! »), un badguy bien cinglé (Trevor Goddard), tandis que Gunar (très bon Dolph Lundgren) constitue son équipe à l’instar des 12 Salopards, concept souvent repris dans le cinéma d’action, comme dernièrement dans le troisième opus de la franchise Expendables de Patrick Hughes.

L’histoire se resserre progressivement autour de deux bandes rivales, qui se disputent finalement la richesse ultime qui se révèle être de la fiente d’oiseaux. C’est là toute l’ironie de L’Homme de guerre, montrer des hommes qui explosent tout autour d’eux et qui déciment des autochtones qui refusent de se soumettre, afin d’acquérir…du guano. L’Homme de guerre est donc une agréable surprise, franchement divertissante avec ce festival de tronches patibulaires armées jusqu’aux dents (et le charme de Charlotte Lewis en bonus) et qui n’oublie pas de faire passer un message loin d’être idiot, sans omettre l’émotion.

LE BLU-RAY

Après une édition en DVD en 2002, L’Homme de guerre fait tout naturellement sa réapparition dans les bacs chez le même éditeur et cette fois en Haute-Définition ! Metropolitan Vidéo n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs de Dolph Lundgren puisque L’homme de guerre est accompagné d’État d’urgence pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme et Albert Pyun, deux films avec Dolph Lundgren se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test d’ État d’urgence suivra très prochainement. En attendant, une fois le disque inséré, un menu fixe et muet nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré. Notons que L’Homme de guerre est annoncé dans sa version uncut.

En ce qui concerne L’Homme de guerre, seule une présentation du film par Jérémie Damoiseau est proposée (4’). Ce spécialiste de Dolph Lundgren et auteur du livre Punisher : l’histoire secrète (Broché), explique pourquoi selon-lui L’Homme de guerre est un des meilleurs films du comédien suédois. Jérémie Damoiseau donne quelques indications sur les scénaristes, en particulier John Sayles (script-doctor chez Ron Howard, Steven Spielberg), l’histoire du film, le tout ponctué par quelques anecdotes de production et illustré de photos.

L’Image et le son

Si l’apport HD demeure parfois limité, force est de constater que le master affiche une stabilité fort plaisante. Bien que divers points, griffes et tâches subsistent (même un petit raccord de montage à la 39e minute, scène la plus abimée), la restauration est évidente, la colorimétrie retrouve une vraie vivacité, les contrastes et les détails sont bien renforcés, le grain cinéma est respecté, même si la gestion vacille sur les séquences sombres à l’instar de la séquence dans le night-club (à 15’). Certains arrière-plans fourmillent quelque peu, mais la définition contentera les grands fans de L’Homme de guerre. Un vrai plaisir de le posséder en HD, d’autant plus que le cadre large y est resplendissant ! Ce Blu-ray est au format 1080p.

En ce qui concerne le son, nous avons évidemment le choix entre la version originale et la version française en DTS-HD Master Audio 2.0 ! Le doublage français que nous connaissons tous (le grand Daniel Beretta prête son timbre grave à Dolph Lundgren) est évidemment respecté (mention aux accents asiatiques) et cette piste s’avère aussi claire et dynamique que la version originale. Les ambiances, la musique, les déflagrations et les dialogues sont aussi riches, même si la piste anglaise l’emporte probablement au niveau des effets. Les sous-titres ne sont pas imposés sur cette piste et le changement de langue n’est pas verrouillé.

Crédits images : © Dimension Films / Metropolitan Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Chiens, à vous de créver !, réalisé par Frank Wisbar

CHIENS, À VOUS DE CREVER ! (Hunde, wollt ihr ewig leben) réalisé par Frank Wisbar, disponible en DVD le 11 juillet 2017 chez Movinside

Acteurs : Joachim Hansen, Peter Carsten, Wolfgang Preiss, Horst Frank, Wilhelm Borchert, Carl Lange, Richard Münch, Günter Pfitzmann…

Scénario : Frank Wisbar, Frank Dimen, Fritz Wöss, Heinz Schröter

Photographie : Helmuth Ashley

Musique : Herbert Windt

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Octobre 1942. Le général Friedrich Paulus qui commande la 6ème Armée obéit aveuglement à Hitler qui exige, coûte qui coûte, qu’il tienne Stalingrad et résiste par tous les moyens à l’encerclement des troupes soviétiques. Dans les rangs allemands, les soldats privés d’armes et de vivres commencent à prendre conscience de la folie mégalomane du Führer. Parmi eux, le lieutenant Wisse, le sergent Böse, le caporal Krämer et un aumônier, redécouvrent des valeurs humaines que la guerre avait annihilé.

Hormis le film soviétique Stalingradskaja Bitva (The Battle of Stalingrad) réalisé en 1949 de Vladimir Petrov, restauré il y a une dizaine d’années par l’International Historique Films, Chiens, à vous de crever !Hunde, wollt ihr ewig leben ! de Frank Wisbar est le premier long métrage allemand à parler de la débâcle allemande lors de la bataille de Stalingrad. De son vrai nom Frank Wysbar (1899-1967), le cinéaste né à Tilsit alors en Prusse-Orientale livre un très grand film de guerre malheureusement et injustement oublié aujourd’hui. Il est donc grand temps de réhabiliter Chiens, à vous de crever ! qui aborde frontalement et avec objectivité l’une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale, qui a opposé l’armée soviétique à l’armée allemande de juillet 1942 à février 1943.

Le film adopte le point de vue de l’armée allemande et montre comment les soldats et leurs supérieurs ont été tout simplement abandonnés par Adolf Hitler, qui promettait alors de les ravitailler en nourriture, en armes et en hommes. L’histoire s’attache à une poignée de personnages livrés à eux-mêmes, affamés, démunis, rongés par le froid (on brûle les photos encadrées du Führer pour se réchauffer) et la maladie, tandis que les cadavres s’amoncellent sur leur chemin, avant de se retrouver encerclés dans la ville de Stalingrad alors à feu et à sang. Dès la première séquence, Frank Wisbar montre une armée triomphante qui défile sous les yeux brillants du Führer, tandis qu’une voix-off vient couper court à cette parade en commentant des images du front dévasté, des soldats allemands morts au combat : « Jusqu’à ce que la neige et le vent recouvrent les cadavres et fassent oublier l’entrée triomphale. Le soldat mort n’a que faire de l’issue victorieuse ou non de la guerre ». Sur un montage percutant et fluide, Chiens, à vous de crever ! intègre d’incroyables et impressionnants stockshots, parfois très difficiles et violents, qui rend compte des tensions et des divisions au sein de la 6e armée envoyée sur le front de l’Est.

Avec des moyens plutôt conséquents, Frank Wisbar rend compte de la situation sur le front qui n’a de cesse de se dégrader (un soldat allemand meurt toutes les 7 secondes), tandis que les russes mieux équipés, resserrent leurs unités jusqu’à étouffer littéralement leurs adversaires. Adolf Hitler apparaît de dos principalement, tandis que sa voix exprime clairement son désintérêt pour ces hommes qui seraient très vite remplacés s’ils devaient tous tomber. De leur côté, Goebbels déclare déjà la victoire allemande sur Stalingrad et Göring s’époumone à la radio pour célébrer le dixième anniversaire de la prise du pouvoir. Jusqu’à la reddition des troupes allemandes après plus de six mois de combats, plus de 800.000 pertes soviétiques (civils et soldats) et 400 000 militaires allemands, roumains, italiens, hongrois et croates.

S’il démarre comme un documentaire, Chiens, à vous de crever ! s’avère un film maîtrisé et épatant, aussi passionnant sur le fond que sur la forme, porté par de remarquables comédiens et qui s’avère un témoignage sans concession ni faux héroïsme, qui colle au plus près de la vérité. C’est le cas de la séquence où durant une courte trêve demandée entre les deux armées afin d’aller récupérer leurs soldats décédés sur le front, un officier allemand trouve un piano dans les décombres recouvertes de neige et commence à jouer une sonate de Beethoven.

Sorti en France en 1960, le film de Frank Wisbar attire plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles, et se voit récompenser par de nombreux prix en Allemagne, dont le meilleur réalisateur et le Deuxième meilleur film aux Prix du film allemand. Il faudra attendre 1989 et le film russe Stalingrad de Youri Ozerov pour que le cinéma s’intéresse à nouveau à cet épisode clé de la Seconde Guerre mondiale.

LE DVD

Chiens, à vous de crever ! intègre la collection Grands films de guerre disponible chez Movinside. Aucun supplément ni de chapitrage, le menu principal, animé et musical, ne propose que le choix des langues avant le lancement du film. Si l’éditeur aurait pu proposer une présentation de Chiens, à vous de crever ! par un historien du cinéma, la grande rareté du film l’emporte sur l’absence des suppléments.

L’Image et le son

La restauration est impressionnante ! Movinside a pu mettre la main sur un master qui permet de (re)découvrir Chiens, à vous de crever ! dans de très bonnes conditions. Certes, les stockshots n’ont évidemment pas été restaurés et détonnent avec les images filmées par Frank Wisbar, mais la copie s’avère propre, stable, les contrastes sont bien gérés, les noirs sont denses et certaines séquences s’avèrent lumineuses. Quelques points blancs et rayures verticales ont pu échapper au nettoyage, mais dans l’ensemble l’image est de fort bon acabit.

La version originale est proposée dans son intégralité avec des sous-titres français non imposés. La piste est étonnamment propre, ne serait-ce que deux ou trois craquements, sans souffle parasite et sans bruits de fond. Le confort acoustique est donc assuré. Une piste française est également au programme, un peu plus sourde, mais qui ne démérite pas.

Crédits images : © BETA FILM. / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Chiens sont lâchés, réalisé par Falk Harnack

LES CHIENS SONT LÂCHÉS (Unruhige Nacht) réalisé par Falk Harnack, disponible en DVD le 11 juillet 2017 chez Movinside

Acteurs : Bernhard Wicki, Ulla Jacobsson, Hansjörg Felmy, Anneli Sauli, Erik Schumann, Werner Hinz, Richard Münch…

Scénario : Horst Budjuhn, Albrecht Goes

Photographie : Friedl Behn-Grund

Musique : Hans-Martin Majewski

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

En Russie, pendant la Deuxième Guerre mondiale, un pasteur est désigné pour assister un soldat condamné à mort pour désertion. Ce soldat est un très jeune homme, presque encore un adolescent, tendre, doux et buté… Il doit être exécuté le lendemain matin. Le pasteur, en possession du dossier de Boranovski, compte passer la nuit à l’étudier, ignorant encore qu’il ne sera pas seul dans sa chambre d’auberge : un jeune capitaine. Von Arnim, doit la partager avec lui. Celui-ci lui dit qu’il vient d’être désigné pour Stalingrad, d’où on ne revient pas, et qu’il a demandé à sa fiancée, infirmière, de venir passer avec lui cette nuit-là, qui sera bien vraisemblablement leur première et aussi leur dernière nuit…

Grand succès du box-office allemand, Les Chiens sont lâchésUnruhige Nacht est l’oeuvre du réalisateur Falk Harnack (1913-1991), qui fut très actif dans la résistance allemande durant la période nazie. Il est issu d’une famille de savants, d’artistes et de scientifiques, dont plusieurs ont payé de leur vie leur résistance antinazie. En 1943, il déserte pour rejoindre la Grèce où il s’allie au Greek People’s Liberation Army, avant de cofonder plus tard et de diriger le « comité antifasciste pour une Allemagne libre ». Les Chiens sont lâchés, réalisé en 1958, est symbolique de son combat et de son cinéma. Poignant, ce drame de guerre est une véritable révélation. Falk Harnack met en scène une poignée de soldats allemands, plongés en plein coeur de la Seconde Guerre mondiale, au cours de la bataille de Stalingrad. Un pasteur militaire parcourt le dossier d’un soldat allemand condamné à mort pour désertion après être tombé amoureux d’une jeune ukrainienne.

L’aumônier Brunner est interprété par le grand acteur allemand Bernhard Wicki, vu dans La Nuit de Michelangelo Antonioni et Paris, Texas de Wim Wenders. Il est également réalisateur et on lui doit entre autres les parties allemandes du Jour le plus long ou bien encore le célèbre film Le Pont, mis en scène en 1959. Dans Les Chiens sont lâchés, sa prestation tout en colère rentrée et immense délicatesse foudroie le spectateur. Son empathie et son amour pour ce jeune homme prénommé Fedor Boranovski (Hansjörg Felmy), dont le recours en grâce a été rejeté une dernière fois, sont traités avec finesse et intelligence. Malgré l’apparente austérité des décors et la sécheresse du montage, la mise en scène est très inspirée (très beaux mouvements de caméra) et l’émotion affleure progressivement, au fur et à mesure que le pasteur découvre l’histoire de celui qu’il doit informer de son exécution, en essayant de lui apporter une tranquillité d’esprit. L’aumônier arrive sur place en fin d’après-midi et découvre que Boranovski, accusé d’avoir déserté (plus de 200.000 jeunes soldats allemands avaient déserté) en ayant profité de la confusion d’une attaque aérienne, doit se faire fusiller le lendemain matin à l’aube.

Durant la nuit, alors qu’il partage sa chambre avec un capitaine sur le point d’être envoyé sur le champ de bataille à Stalingrad et sa fiancée Melanie, Brunner découvre l’histoire de Boranovski. Falk Harnack use alors de récents flashbacks qui dressent le portrait d’un jeune homme qui n’inspirait qu’à vivre comme n’importe quel être humain, qui a rencontré l’amour auprès d’une jeune mère et veuve ukrainienne. Un petit homme moustachu à frange en a décidé autrement. Par ailleurs, ce dernier apparaît seulement en fond sonore pendant un discours, comme si sa présence, ou plutôt son omniprésence était tellement devenue banale qu’on ne faisait même plus attention à lui. Tandis qu’il s’époumone sur la victoire qu’il sent « imminente », les soldats vaquent à leurs occupations, laissant ce chien aboyer dans le vide. Falk Harnack livre un film pacifiste, antimilitariste et antinazi, fortement engagé, beau et très attachant.

LE DVD

Les Chiens sont lâchés intègre la collection Grands films de guerre disponible chez Movinside. Aucun supplément ni de chapitrage, le menu principal, animé et musical, ne propose que le choix des langues (version originale avec ou sans sous-titres français) avant le lancement du film. Si l’éditeur aurait pu proposer une présentation des Chiens sont lâchés par un historien du cinéma, la grande rareté du film l’emporte sur l’absence des suppléments.

L’Image et le son

Movinside propose Les Chiens sont lâchés dans son format original 1.33 (4/3). Le grain original a été lissé quasiment entièrement, la copie a subi un certain dépoussiérage, même si des rayures verticales, points noirs, tâches et raccords de montages demeurent visibles. L’image est stable, divers moirages sont constatés, notamment sur les galons des officiers, sans oublier les décrochages sur les fondus enchaînés. Le N&B est lumineux, la gestion des contrastes équilibrée. Malgré les défauts énumérés, découvrir le film de Falk Harnack est une chance inespérée et nous ne pouvons que saluer l’éditeur pour cette ambitieuse sortie dans les bacs.

Seule la version originale est proposée avec des sous-titres français non imposés. La piste est étonnamment propre, ne serait-ce que deux ou trois craquements, sans souffle parasite et sans bruits de fond. Le confort acoustique est donc assuré.

Crédits images : © BETA FILM. / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Seul dans Berlin, réalisé par Vincent Pérez

SEUL DANS BERLIN (Alone in Berlin) réalisé par Vincent Pérez, disponible en DVD le 1er juillet 2017 chez Pathé

Acteurs : Emma Thompson, Daniel Brühl, Brendan Gleeson, Mikael Persbrandt, Louis Hofmann, Katharina Schüttler, Godehard Giese, Jacob Matschenz

Scénario : Achim von Borries, Vincent Perez, Bettine von Borries d’après le roman Seul dans Berlin de Hans Fallada

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Alexandre Desplat

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Berlin, 1940. Otto et Anna Quangel, un couple d’ouvriers, vivent dans un quartier modeste où, comme le reste de la population, ils tentent de faire profil bas face au parti nazi. Mais lorsqu’ils apprennent que leur fils unique est mort au front, les Quangel décident d’entrer en résistance.

Espoir du cinéma français dans les années 1990 après avoir enchaîné Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, Le Voyage du capitaine Fracasse de Ettore Scola, Indochine de Régis Wargnier, La Reine Margot de Patrice Chéreau, Le Bossu de Philippe de Broca ou bien encore Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz et une incursion américaine dans le rôle-titre de The Crow, la cité des anges de Tim Pope, le comédien suisse Vincent Perez a ensuite connu bien des bas. Mis à part Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk, les années 2000 n’ont guère brillé pour lui. Entre les comédies navrantes (Epouse-moi, Le Libertin, Bienvenue en Suisse) et les films de genre ratés (Les Morsures de l’aube, La Reine des Damnés, Le Pharmacien de garde), Vincent Perez n’aura vraiment participé qu’à un seul bon film, le méconnu Demain dès l’aube… de Denis Dercourt (2009). Bien décidé à rebondir, il s’essaye à la mise en scène avec son premier long métrage, Peau d’ange (2002), avec Guillaume Depardieu. En 2007, il se tourne vers le genre fantastique et les Etats-Unis pour son second film en tant que réalisateur, Si j’étais toi, avec David Duchovny, Lili Taylor et Olivia Thirlby. Dix ans plus tard, il signe son troisième long métrage, Seul dans Berlin, adaptée de l’oeuvre de Hans Fallada publiée en 1947 à Berlin-Est. Ce célèbre roman – Jeder stirbt für sich allein (titre original)évoque la résistance allemande face au régime nazi et les conditions de survie des citoyens allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Déjà transposé à la télévision en 1962 et 1970, puis au cinéma en 1975, avant de faire l’objet d’un documentaire en 2013 pour France 3 (Seul contre Hitler), ce livre devenu best-seller international est fondé sur la véritable histoire d’Otto Hampel (rebaptisé Quangel dans le film de Vincent Pérez) et de sa femme Elise, exécutés le 8 avril 1943 pour des actes de résistance antinazie. Seul dans Berlin propose une version quelque peu édulcorée du roman et s’avère une adaptation trop propre, même si le film ne laisse évidemment pas indifférent. En 1940, à Berlin, ville paralysée par la peur, Anna et Otto Quangel ne vivent que pour avoir des nouvelles de leur fils, enrôlé dans l’armée allemande. Quand on leur annonce la mort de leur enfant, leur monde s’écroule. Alors que Hitler est au sommet de sa gloire, ils décident, brisés par le désespoir, d’ébranler le régime nazi à leur façon. Ils disséminent dans toute la ville des pamphlets. Les autorités, irritées par cet acte de rébellion, chargent un certain Escherich de découvrir qui se cachent derrière ces cartes postales. L’étau se resserre peu à peu autour du couple Quangel.

Alors que le roman proposait une description de la barbarie et de la cruauté du Troisième Reich et de la vie des habitants de Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale, le film de Vincent Pérez repose sur une reconstitution classique et académique avec des rues clinquantes et des costumes flambants neufs. L’ensemble fait toc, mais ce n’est rien à côté de l’utilisation de la langue anglaise qui rend l’ensemble artificiel, même si Vincent Pérez s’est visiblement battu pour tourner son film en allemand, sans succès et à sa grande déception. Si Emma Thompson et Brendan Gleeson sont comme d’habitude excellents, Vincent Pérez aurait vraiment gagné à tourner son film avec un couple de comédiens allemands et surtout dans la langue de Goethe. Seul dans Berlin s’apparente plus à une illustration qu’à une véritable adaptation. Toutefois, après une première partie maladroite et qui peine à trouver son rythme, la seconde se montre plus passionnante puisqu’elle repose à la fois sur les actes de résistances du couple principal et l’enquête d’Escherich (Daniel Brühl dans la peau d’un agent de la Gestapo qui s’exprime en anglais en forçant l’accent teuton) qui tente de mettre la main sur l’individu qui rédige et dépose des cartes aux messages antinazis aux quatre coins de Berlin.

Seul dans Berlin échoue dans son désir d’émouvoir les spectateurs à cause de sa facture télévisuelle et de ses décors tape-à-l’oeil (le film a essentiellement été tourné à Görlitz, à la frontière polonaise), mais parvient finalement à capter l’attention du spectateur en instaurant un suspense dès l’entrée en scène du personnage d’Escherich qui commence sa chasse à l’homme. Certes, Seul dans Berlin permettra à certains de connaître l’histoire du couple Hampel, mais le film laisse toutefois un sentiment d’inachevé puisque les personnages manquent de chair et que l’empathie – l’émotion donc – peine à prendre.

LE DVD

Après un passage éclair dans les salles françaises en novembre 2016, Pathé édite le film de Vincent Pérez uniquement en DVD. Le disque repose dans un boîtier classique transparent et la jaquette reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément au programme.

L’Image et le son

Faites confiance à Pathé pour assurer le service après-vente ! Le film de Vincent Pérez n’a certes connu aucun succès dans les salles mais se trouve choyé par l’éditeur. Le master tient toutes ses promesses, la colorimétrie froide souvent désaturée est superbe, les contrastes denses, les détails ciselés sur le cadre large et le relief étonnant. Si la définition n’est pas optimale – certaines séquences en intérieur sont plus douces – le piqué est fort acceptable, et la photo du chef opérateur Christophe Beaucarne (Mal de pierres, La Chambre bleue) est admirablement restituée.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages anglais et français, Dolby Digital 5.1, aussi probants dans la scène d’ouverture que dans les séquences plus calmes. La première séquence peut compter sur une balance assez percutante des frontales comme des latérales, avec des coups de feu très présents. Les effets annexes sont palpables et souvent dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des séquences au moment opportun. La spatialisation musicale – composition d’Alexandre Desplat – est probante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue impossible à la volée.

Crédits images : © Christine Schroeder / Marcel Hartman / X Verleih / Pathé / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Bourreaux meurent aussi, réalisé par Fritz Lang

LES BOURREAUX MEURENT AUSSI (Hangmen Also Die!) réalisé par Fritz Lang, disponible en DVD et Blu-ray 13 juin 2017 chez Movinside

Acteurs : Brian Donlevy, Anna Lee, Walter Brennan, Hans Heinrich von Twardowski, Nana Bryant, Margaret Wycherly

Scénario : John Wexley, Bertolt Brecht, Fritz Lang

Photographie : James Wong Howe

Musique : Hanns Eisler

Durée : Version intégrale (2h15), Version française (2h)

Date de sortie initiale : 1943

LE FILM

Dans Prague occupée par les Nazis. Le 27 mai 1942, le Reich Protektor Heydrich est grièvement blessé par une bombe (il meurt une semaine plus tard). L’auteur de l’attentat, le professeur Svoboda, se réfugie par hasard chez le professeur Novotny. Celui-ci est arrêté comme otage par la Gestapo. Marcia, la fille du professeur se rend à la Gestapo. Elle a l’intention de dénoncer Svoboda pour faire libérer son père. Mais Svoboda, devenu héros national, est aidé par les résistants tchèques. Elle se tait mais attire l’attention des S.S. qui la font suivre par l’Inspecteur Grüber. Svoboda feint d’être l’amant de Marcia, pour détourner les soupçons de Grüber qui les suit dans la chambre où se cache le chef de la résistance, blessé. Jan Horek, le fiancé de Marcia, se rend compte du subterfuge et joue également la comédie à Grüber. Par la suite, il rejoint Svoboda à temps et ils tuent Grüber…

Grand amateur du travail de Sigmund Freud, Fritz Lang n’aura de cesse au cours de sa longue et prolifique carrière, de se pencher sur la question du meurtre, des assassins, de la culpabilité. En 1933, Joseph Goebbels propose au cinéaste le poste de directeur du département cinématographique de son ministère, celui de la propagande. Fritz Lang refuse. La légende dit que le réalisateur aurait déclaré à Goebbels que sa mère était juive. Il s’enfuit en France avant de s’installer aux Etats-Unis. Furie, son premier film américain et réquisitoire contre le lynchage, montre l’engagement du réalisateur. Suivront J’ai le droit de vivre (1937), Casier judiciaire (1938), Le Retour de Frank James (1940), Les Pionniers de la Western Union (1941) puis Chasse à l’homme la même année. Avec ce film, Fritz Lang entame une tétralogie antinazie avec Les Bourreaux meurent aussi, Espion sur la Tamise (1944) et Cape et Poignard (1946).

Après Chasse à l’homme, la carrière américaine de Fritz Lang patine et ses projets n’aboutissent pas. Le cinéaste milite pour aider ses compatriotes intellectuels à venir se réfugier aux Etats-Unis. Au même moment, Reinherd Heydrich, protecteur adjoint du Reich en Bohême-Moravie, adjoint d’Himmler, surnommé « le Bourreau », meurt dans un attentat organisé par la résistance tchèque le 4 juin 1942. Fritz Lang décide d’en faire le sujet de son prochain film et de rendre ainsi un vibrant hommage à la résistance. Les Bourreaux meurent aussiHangmen Also Die!, longtemps envisagé sous le titre Never Surrender ou tout simplement No Surrender (repris dans la dernière séquence du film avec le célèbre « NOT THE END » dans le montage intégral) est réalisé en 1943 sur un scénario écrit par John Wexley et surtout l’immense dramaturge Bertolt Brecht, également allemand exilé aux Etats-Unis, dont il s’agit de l’unique collaboration avec Hollywood. Toutefois, il n’est pas mentionné en tant que scénariste au générique suite à une décision du syndicat des scénaristes américains.

L’action se déroule en mai 1942. Dans Prague occupé par la Wehrmacht, le docteur Franticek Svoboda (Brian Donlevy) tue Reinhard Heydrich, alias le Bourreau, un nazi fanatique. Traqué par la Gestapo, il bénéficie aussitôt de l’aide de Mascha Novotny (Anne Lee) qui, orientant ses poursuivants dans une mauvaise direction, l’accueille dans sa famille. Un geste lourd de conséquences car, peu après, la police du Reich arrête son père (Walter Brennan) et plusieurs de ses étudiants. Un communiqué est diffusé dans la ville selon lequel des otages seront fusillés tous les jours tant que le meurtrier de Heydrich ne sera pas retrouvé. Parallèlement, le réseau de Résistance auquel appartient Svoboda (qui signifie « liberté » en tchèque) est noyauté par un riche brasseur, Emil Czaka (Gene Lockhart). Grâce à une série complexe d’événements et la complicité active de nombreux pragois, la Résistance parvient à faire croire que c’est Czaka qui a assassiné Heydrich, mais pas avant que les nazis n’aient exécuté un grand nombre des otages.

Si les faits réels ont été adaptés pour la fiction, Reinhard Heydrich a en fait été tué par trois parachutistes tchécoslovaques, les nazis ayant ensuite massacré toute la population du village de Lidice en guise de représailles avant de le rayer de la carte (sujet du film Hitler’s Madman de Douglas Sirk, sorti également en 1943), Fritz Lang signe un film percutant et une référence du cinéma de propagande. En France, les spectateurs ne bénéficieront que d’une version tronquée de vingt minutes en août 1947. Le film de Fritz Lang est alors perdu au milieu de tout un tas de films américains suspendus durant la guerre. Ce montage circulera en France durant de nombreuses années, jusqu’à ce que le cut original soit présenté pour la première fois en 1963 avec l’aval de Fritz Lang. Pourtant, même si le septième film américain de Fritz Lang n’est pas non plus son plus réussi, la version intégrale US des Bourreaux meurent aussi est un trésor incontestable et s’avère tout aussi indispensable que le reste de la filmographie du cinéaste allemand. Plus ample et fluide, rarissime, le film est encore plus passionnant que ce montage français malmené.

Les coupes interviennent notamment sur les quatre intrigues entrelacées et certaines scènes suggérées dans la version française prennent tout leur sens dans le montage intégral. Les scènes supplémentaires mettent notamment en valeur la résistance des femmes (dont une qui crache au visage du personnage de Czaka interprété par Gene Lockhart), pour ainsi dire inexistantes dans la version française. Le récit s’attarde également sur le quotidien et l’organisation de la Résistance, les exécutions et les passages à tabac. Les dialogues y sont également plus crus et la violence explicite, à l’instar du suicide du chauffeur de Svoboda, arrêté par la Gestapo, qui se défenestre dans la version intégrale et dont le geste fatal est juste évoqué en version française. Autre exemple de scène coupée. Après l’annonce de la mort d’Heydrich dans une salle de cinéma, le corps de l’allemand est montré sur un lit d’hôpital. Dans la version longue, l’assistance applaudie dans la salle de cinéma à l’annonce de l’attentat, un agent de la Gestapo placé au fond de la salle demande qu’on rallume la lumière et à chacun de lui présenter ses papiers. Personne ne l’écoute et l’agent reçoit même un poing dans la figure. Les spectateurs sortent tranquillement de la salle puis un fondu enchaîne avec le corps d’Heydrich à l’hôpital.

Compromis entre réalité historique et divertissement hollywoodien, le film de Fritz Lang traite de la traque de l’assassin de Reinhard Heydrich sous forme d’une fiction prétexte à mettre en valeur le courage de chaque homme, femme et enfant, tous unis contre le Troisième Reich. Fritz Lang instaure une atmosphère oppressante, où la résistance s’organise à chaque coin de rue. Reposant sur un casting exceptionnel où trône le génial et caméléonesque Walter Brennan (le Stumpy de Rio Bravo), Les Bourreaux meurent aussi est une œuvre captivante et formidable, noire et âpre, au suspense haletant, à la frontière de l’expressionnisme et du cinéma hollywoodien classique, mais profondément européenne dans l’âme.

LE BLU-RAY

Le superbe digibook des Bourreaux meurent aussi édité par Movinside dans la collection Les Films de ma vie, renferme le Blu-ray du film. Le petit livret de 32 pages richement illustré délivre quelques notes de production signées Marc Toullec. Le menu principal de cette édition est animé et musical.

Aucun supplément vidéo.

L’Image et le son

En 2008, Carlotta Films éditait en DVD les deux versions des Bourreaux meurent aussi. Mais contrairement à l’édition Movinside proposée ici, il s’agissait bien de la version vue dans les salles françaises, avec le générique dans la langue de Molière, tout comme les inserts (les télégrammes entre autres) réalisés exprès pour cette version, ainsi que le dernier plan qui indiquait un banal « Fin » alors que la version intégrale se terminait sur « NOT » qui emplissait l’écran, suivi de « THE END ». Pour cette sortie en Haute-Définition, Movinside propose certes les deux montages du film, mais il s’agit du même master qui a été tout simplement calé sur le mixage français existant. Exit donc les génériques en français, les inserts et tout simplement la copie qui circulait en 1943. Non seulement ce montage tronqué déséquilibrait le film, mais la copie était également fortement abîmée, tout comme l’était d’ailleurs celle de la version intégrale qui contenait encore de très nombreuses poussières, griffures rayures et autres scories. Le master proposé ici a été restauré en 2012 par la Restoration Department des Studios Pinewood à partir des meilleurs éléments existants dont quelques éléments originaux nitrate. Ce Blu-ray au format 1080p (AVC) propose Les Bourreaux meurent aussi dans son format respecté 1.33 et rend caduque celui édité par Carlotta Films il y a presque dix ans. Le master se révèle souvent pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté (l’éclat des yeux des comédiens) et de relief. La propreté de la copie est évidente, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Fritz Lang, la photo entre ombre et lumière signée James Wong Howe (Le Grand chantage, L’Adorable voisine) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé. Seuls petits accrocs constatés : des petits points noirs et blancs, des contrastes peut-être un peu trop poussés sur certaines séquences, de légers tremblements, des effets de pompage. Mais les fondus enchaînés sont plus ou moins stables et toutes les séquences en extérieur profitent de cette nouvelle promotion en Haute-Définition. Il s’agit sans nul doute de la plus belle copie des Bourreaux meurent aussi disponible à ce jour, même si la véritable version française demeure celle disponible en DVD chez Carlotta Films.

Il ne faut pas trop en demander concernant les mixages…La version d’origine est disponible en français et en anglais, tandis que le montage américain intégral est uniquement présenté dans la langue de Shakespeare. Dans les deux cas, l’écoute demeure souvent confinée, sourde, couverte, même si le mixage de la version intégrale s’en sort globalement mieux en dépit d’un souffle chronique. Mais pour les deux versions, les dialogues demeurent souvent étouffés, la bande-son craque, les voix des comédiens saturent quelque peu. Néanmoins, la restauration de la langue anglaise (et allemande dans ce cas précis) est plus évidente. Les crépitations ne sont pas rares pour la langue de Molière, y compris une présence musicale aléatoire, généralement médiocre.

Crédits images : © Arnold Productions / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Baron Rouge, réalisé par Roger Corman

LE BARON ROUGE (Von Richthofen and Brown) réalisé par Roger Corman, disponible en DVD et Blu-ray le 23 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : John Phillip Law, Don Stroud, Barry Primus, Corin Redgrave, Karen Ericson, Hurd Hatfield, Stephen McHattie

Scénario : John William Corrington, Joyce Hooper Corrington

Photographie : Michael Reed

Musique : Hugo Friedhofer

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

En 1916, dans la France occupée, une forte rivalité oppose d’un côté le baron von Richthofen, surnommé le « Baron Rouge », qui est à la tête de l’escadrille allemande et de l’autre l’as canadien Roy Brown.

Découvreur de talents (Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Joe Dante, Ron Howard, Jonathan Demme, Jack Nicholson, Monte Hellman, Curtis Hanson), Pape de la série B, le prolifique Roger Corman (né en 1926), aujourd’hui producteur de plus de 400 films, a réalisé près d’une cinquantaine de longs métrages de 1955 à 1990. Mis en scène en 1971, Le Baron RougeVon Richthofen & Brown est rétrospectivement un de ses derniers films en tant que réalisateur. Quand il entreprend ce drame de guerre, Roger Corman a déjà 45 films derrière-lui – tournés en 15 ans donc, un record – et se trouve dans un état de fatigue extrême. Le cinéaste avoue d’ailleurs avoir souffert pendant les prises de vues du Baron Rouge, surtout en raison des pressions de la United Artists qui ne lui laisse pas entièrement carte blanche. A l’issue du tournage, suite à cette expérience, Roger Corman crée sa propre société de production et de distribution, New World Pictures, décide d’arrêter la mise en scène et prend même une année sabbatique. Il y reviendra toutefois en 1978 avec Les Gladiateurs de l’an 2000 puis en 1980 avec Les Mercenaires de l’espace, bien qu’il ne soit pas crédité, avant un dernier baroud d’honneur à la caméra en 1990 avec La Résurrection de Frankenstein. Le film qui nous intéresse, Le Baron Rouge, est un formidable opus et typique de l’école Corman.

Le cinéaste fait fi d’un budget somme doute modeste (sa spécialité), moins d’un million de dollars, pour livrer un film de guerre généreux en scènes d’affrontements, qui sont restés célèbres pour ses très nombreuses séquences de combats aériens. En embarquant réellement ses comédiens (et ses caméras) dans les avions d’époque, sans utiliser de transparences qui auraient ruiné l’ensemble, Roger Corman obtient un réalisme inattendu. Une bonne moitié du film se déroule dans les airs où les prestations demeurent particulièrement bluffantes, authentiques et impressionnantes.

1916. Le baron Manfred von Richthofen rejoint le major Oswald Boelcke et son escadrille en France occupée. Cet homme, à la volonté farouche de gagner la guerre et âgé de 23 seulement, appartient pourtant à la vieille école : il se montre chevaleresque et aristocrate dans sa façon de mener le combat. Son attitude est plutôt mal ressentie par plusieurs de ses compagnons, dont Hermann Goering. Dès son arrivée, von Richthofen fait repeindre l’escadrille en couleurs vives, ce qui lui vaut le surnom de «Baron Rouge». Bientôt, la rivalité entre le pilote canadien Roy Brown et le baron se transforme en véritable massacre. Les deux hommes iront jusqu’au bout et n’hésiteront pas à se battre par armées interposées.

L’acteur américain John Phillip Law (Barbarella) campe un Baron Manfred von Richthofen froid voire glacial, mais parvient à rendre son personnage humain, sans pour autant le rendre attachant. Véritable machine de guerre, qui agit pour son pays et qui prend soin des hommes de son escadrille, il imprime la pellicule de ses traits figés et de son regard perçant. Son adversaire, le canadien Roy Brown est interprété par l’Hawaïen Don Stroud, grand habitué des séries B, vu dernièrement dans Django Unchained de Quentin Tarantino et le chef d’oeuvre de la saga James Bond, Permis de tuer. Evidemment plus « détendu » que son homologue allemand, Roy Brown n’en demeure pas moins aussi dangereux une fois installé aux commandes de son avion. Ce qui fait la particularité du Baron Rouge, c’est que Roger Corman n’appuie pas le côté « méchant » des allemands ou au contraire le côté « héroïque » des Alliés, comme certains de ses confrères. Les deux camps sont montrés à égalité. Patriotes, engagés dans cette guerre qu’ils espèrent gagner, les allemands et les anglais subissent autant de pertes et prennent conscience que la mort peut frapper à n’importe quel moment.

Roger Corman soigne sa mise en scène, enchaîne les rebondissements, les scènes de fusillades et d’explosions avec une redoutable efficacité, sans aucun temps mort, même si le film prend beaucoup de libertés avec la véritable histoire, en privilégiant l’action. Alors embarquez sans hésiter dans ce duel sans merci entre deux pilotes légendaires, car Le Baron Rouge reste un formidable spectacle !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Baron Rouge, disponible chez Movinside, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé sur une séquence du film. L’éditeur inaugure ici une nouvelle collection consacrée aux films de guerre.

Aucun supplément sur cette édition. Néanmoins, signalons que Le Baron Rouge est le premier Blu-ray d’un film réalisé par Roger Corman édité en France !

L’Image et le son

Movinside présente Le Baron Rouge en Blu-ray au format 1080p et dans son cadre respecté 1.85. Le générique aérien est marqué par un grain très prononcé, quelques instabilités et une colorimétrie terne. Dès la fin des credits, la copie retrouve une nouvelle fraîcheur. La propreté est de mise, toutes les poussières ont disparu, ainsi que les dépôts résiduels et autres scories. La stabilité est indéniable et les teintes s’avèrent plus naturelles du début à la fin. Mention spéciale au ballet des avions fraîchement repeints, dont le zinc rouge du Baron, particulièrement éclatant. Les divers plans flous sont d’origine et la gestion des contrastes renforcée par la Haute-Définition.

La bande-son semble avoir été restaurée. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, sauf sur la version française où les voix sont trop mises en avant, un très léger souffle est parfois audible, mais le confort acoustique est appréciable. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © United Artists / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Alliés, réalisé par Robert Zemeckis

ALLIÉS (Allied) réalisé par Robert Zemeckis, disponible en DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K le 4 avril 2017 chez Paramount Pictures

Acteurs : Brad Pitt, Marion Cotillard, Jared Harris, Lizzy Caplan, Daniel Betts, Matthew Goode, Camille Cottin, Thierry Frémont

Scénario : Steven Knight

Photographie : Don Burgess

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Casablanca 1942.  Au service du contre-espionnage allié, l’agent Max Vatan rencontre la résistante française Marianne Beauséjour lors d’une mission à haut risque. C’est le début d’une relation passionnée. Ils se marient et entament une nouvelle vie à Londres. Quelques mois plus tard, Max est informé par les services secrets britanniques que Marianne pourrait être une espionne allemande. Il a 72 heures pour découvrir la vérité sur celle qu’il aime.

Après sa période « Cinema – Motion Capture » composée du Pôle Express, La Légende de Beowulf et du Drôle de Noël de Scrooge, Robert Zemeckis, l’un des plus grands storytellers du cinéma américain, avait fait un comeback autant apprécié par la critique que des spectateurs avec Flight (2012). Ce drame catastrophe avait été nommé deux fois aux Oscars. Même s’il était très réussi sur la forme, The Walk : Rêver plus haut, biopic sur le funambule Philippe Petit qui avait traversé les deux tours du World Trade Center en marchant sur un filin en acier, s’est en revanche soldé par un échec en ne récoltant « que » 52 millions de dollars dans le monde, pour un budget de 35 millions. Pour son retour à un spectacle plus populaire, Robert Zemeckis accepte de mettre en scène Alliés, sur un scénario écrit par Steven Knight, l’auteur des Promesses de l’ombre de David Cronenberg et lui-même metteur en scène (Crazy Joe avec Jason Statham et Locke avec Tom Hardy), un drame sur fond de guerre, d’espionnage et de paranoïa. Ayant grandi avec les récits se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale, Robert Zemeckis y voit l’occasion de rendre un vibrant hommage au cinéma qui lui a donné la passion du 7ème art et sa vocation. Nanti d’un budget confortable de 85 millions de dollars, le cinéaste engage deux stars internationales pour porter ce projet, Brad Pitt et Marion Cotillard.

A Casablanca en 1942, l’agent Max Vatan du SOE (Special Operations Executive), service secret britannique créé par Winston Churchill et la résistante française Marianne Beauséjour font équipe lors d’une mission périlleuse. Max tombe amoureux de la jeune femme et lui propose de le suivre à Londres. Sur place, ils se marient et fondent une famille. Vatan est persuadé d’avoir trouvé le bonheur. Ses supérieurs le convoquent et l’informent que son épouse est en fait un agent double, au service des nazis. Vatan est sommé d’éliminer Marianne. Or, il ne peut croire à la culpabilité de la mère de son enfant, tente de la sonder et va tout tenter pour prouver son innocence. Le réalisateur de la trilogie Retour vers le futur, Contact, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? et autres classiques/chef d’œuvres du cinéma était le parfait candidat pour raconter cette histoire d’amour insolite, romanesque et dramatique. Devenu l’un des plus grands spécialistes du cinéma pour utiliser les effets spéciaux au profit de l’histoire qu’il raconte, Robert Zemeckis empoigne son récit avec sérieux, sans doute trop, au premier degré et livre un film souvent fascinant sur la forme, agaçant dans sa lenteur dramaturgique, irritant en raison de l’interprétation improbable de Brad Pitt, balai bien placé, yeux mi-clos et victime d’un ravalement de façade qui fige encore plus que d’habitude ses expressions faciales. Le comédien fait peine à voir, notamment quand il s’exprime dans la langue de Molière – son personnage est franco-canadien – qui s’apparente à du yaourt coupé au muesli. Faisant partie de ces acteurs « beaux gosses » qui s’avèrent beaucoup plus attachants et crédibles quand ils font les marioles, Brad Pitt, regard vide, moue boudeuse, fait pâle figure face à sa partenaire et malheureusement aucune alchimie ne se crée, ce qui est embêtant pour une histoire d’amour.

En tout point remarquable, magnétique, énigmatique, Marion Cotillard trouve un de ses meilleurs rôles à Hollywood avec The Immigrant de James Gray et Public Enemies de Michael Mann. Elle est la raison d’être du film, du début à la fin. Le 18e long métrage de Zemeckis bénéficie d’effets visuels extraordinaires, qui cloue le spectateur à son fauteuil pendant deux heures et qui se font oublier grâce à la virtuosité du réalisateur, à laquelle s’ajoutent un classicisme assumé, la beauté des décors, l’élégance des costumes, tout comme celle de la photographie du chef opérateur Don Burgess, marquée par le spectre de Casablanca de Michael Curtiz et des Enchaînés d’Alfred Hitchcock.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Alliés, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Paramount Pictures demeure l’un des derniers grands représentants de suppléments dignes de ce nom dans le monde de la vidéo. Comme sur de nombreux titres dont il a la charge, l’éditeur livre près d’1h10 de bonus très bien réalisés, denses, informatifs. Le cinéphile curieux aura de quoi faire à travers dix modules largement illustrés d’images de plateau, de tournage, d’interviews de l’équipe avec notamment Marion Cotillard et Lizzy Caplan, mais aussi le directeur de la photographie Don Burgess, les producteurs, le scénariste Steven Knight, la costumière Joanna Johnston, le réalisateur Robert Zemeckis, les responsables des effets visuels, l’armurier du film, le chef décorateur Gary Freeman, le compositeur Alan Silvestri et bien d’autres intervenants.

Cette section se compose donc des éléments suivants : L’histoire d’Alliés (5’13), Des plateaux au Sahara : les décors d’Alliés (10’10), À travers l’objectif : la réalisation avec Robert Zemeckis (8’49), Coudre le passé : les costumes d’Alliés (8’40), Jusqu’à ce que la mort nous sépare : Max et Marianne (5’52), Garçons et filles : la distribution (5’22), Lumière, pixels, ACTION ! Les effets visuels d’Alliés (9’33), Au volant : les véhicules d’Alliés (3’30), Feu à volonté : les armes d’Alliés (3’35), Ça swingue : la musique d’Alliés (7’06). Possibilité d’enclencher la lecture enchaînée de ces segments riches et passionnants qui dissèquent l’oeuvre de Robert Zemeckis sous toutes les coutures. Aucune trace de Brad Pitt dans les interviews, probablement trop occupé à retirer son balai bien placé.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur Paramount Pictures soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans précis, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Robert Zemeckis, tourné avec la caméra RED «Weapon» 8K, et profiter de la très belle photographie – avec un léger grain – inspirée du Technicolor des années 1950, signée Don Burgess, immense chef-opérateur qui avait déjà collaboré avec le cinéaste sur Forrest Gump, Contact, Apparences, Seul au monde et Flight. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable et certaines séquences s’avèrent même ébouriffantes de beauté.

La version française doit se contenter d’une piste Dolby Digital 5.1 et c’est bien dommage car l’environnement acoustique est tout aussi soigné que la photographie. Heureusement, la version originale jouit d’un écrin DTS-HD Master Audio 5.1 particulièrement enivrant, immersif et riche dans les scènes agitées. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient souvent et à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. La précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles, à l’instar de la scène d’amour dans la voiture plongée dans la tempête de sable. La bande-son, constamment spatialisée, est superbe.

Crédits images : © Paramount Pictures. All Rights Reserved. / Daniel Smith / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Alvarez Kelly, réalisé par Edward Dmytryk

ALVAREZ KELLY réalisé par Edward Dmytryk, disponible en DVD et Blu-ray le 23 janvier 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : William Holden, Richard Widmark, Janice Rule, Patrick O’Neil, Victoria Shaw, Roger C. Carmel, Richard Rust

Scénario : Franklin Coen, Elliott Arnold, Franklin Coen

Photographie : Joseph MacDonald

Musique : Johnny Green

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

1864. L’éleveur mexicano-irlandais Alvarez Kelly est chargé de livrer à l’armée nordiste un troupeau de 2500 têtes mais les Sudistes qui manquent eux aussi de vivres sont décidés à s’emparer du troupeau. Grâce à Charity Warwick, une belle Sudiste, Kelly tombe dans un piège et se retrouve prisonnier du colonel Rossiter. Ce dernier lui conseille de changer de camp et de voler le troupeau pour le compte des Sudistes. Kelly étant réticent, Rossiter lui promet de lui amputer un doigt pour chaque jour de retard. Kelly est donc obligé d’accepter.

Un bandeau déroulant à l’écran annonce « Dans chaque guerre, à chaque époque, l’arme oubliée est la nourriture car pour tuer les soldats doivent manger, et pour vivre ils doivent manger. Un troupeau de vaches est aussi vital qu’une batterie de canons ». Là-dessus démarre la chanson des Brother Four « Alvarez Kelly rode over the rise, With a heart full of blarney and a gleam in his eyes, And wherever he stopped the gals kept droppin’ like flies, Till a lady from Richmond cut him down to size ». Formidable western réalisé par Edward Dmytryk (1908-1999) en 1966, Alvarez Kelly demeure un des plus grands films du cinéaste américain dont la carrière reste ponctuée par de nombreuses pépites comme Ouragan sur le Caine (1954), La Lance brisée (1954), La Main gauche du Seigneur (1955) et La Rue chaude (1962).

Edward Dmytryk, sympathisant de la gauche politique américaine, adhérant au parti communiste américain, figure parmi les célèbres Dix d’Hollywood. Convoqué par la Commission des Activités Anti-Américaines, il est condamné à six mois de prison, 500 dollars d’amende, puis s’exile en Grande-Bretagne à la fin des années 1940. Il revient peu de temps après aux USA, purge sa peine de prison et à l’instar d’Elia Kazan dénonce finalement certains acteurs, réalisateurs et scénaristes afin de s’affranchir des soupçons qui pèsent sur lui. C’est un scandale, sa carrière ne s’en remettra jamais totalement. Néanmoins, le cinéaste n’aura jamais arrêté de tourner jusqu’à la fin des années 1970. Alvarez Kelly est un divertissement élégant, qui repose à la fois sur le jeu et l’immense talent de ses deux têtes d’affiche, William Holden et Richard Widmark, qui rivalisent de charisme, mais aussi sur la beauté des paysages et des décors naturels de la Louisiane, où le film a été tourné intégralement.

A la fois western et film de guerre, Alvarez Kelly s’attache à un personnage qui ne fait pas de politique et qui vend ses services de spécialiste réputé dans la conduite du bétail, à celui qui saura lui offrir la plus grosse somme d’argent. C’est qu’en temps de guerre, l’approvisionnement en nourriture des troupes est un élément important et stratégique pour la victoire, ainsi qu’un aspect finalement peu traité au cinéma. A l’instar d’un mercenaire, Alvarez Kelly (William Holden) est un pro dans son boulot et ne se pose pas de question quant à celui qui l’embauche. Ainsi, il conduit depuis le Texas un important troupeau de bétail aux abords d’une plantation située près de Richmond (capitale des Sudistes), pendant la guerre de Sécession en 1864, pour le compte des Nordistes où sont implantés le Major Stedman (Patrick O’Neal) et ses troupes. Mais les Confédérés sont aux aguets et décident de s’emparer de cet approvisionnement pour leur compte. Leur armée se fait nécessiteuse, cette nourriture en abondance devient un enjeu important mais il leur faut aussi l’homme qui a les qualifications nécessaires pour convoyer le troupeau. Alvarez Kelly est enlevé par le colonel Tom Rossiter (Richard Widmark), borgne et hargneux. Ce dernier lui ordonne de détourner le troupeau au profit des Sudistes. Devant les hésitations de Kelly, Rossiter menace de lui sectionner un doigt pour chaque jour de retard, s’il n’accepte pas de former ses hommes.

William Holden se délecte dans la peau de ce profiteur de guerre, qui n’hésite pas à s’enrichir grâce à ce conflit qui s’enlise et qui affame les soldats dans les deux camps. Et si quelques dames croisent son chemin, c’est un petit plus non négligeable. Excellent technicien, Edward Dmytryk réalise ici son troisième western après La Lance brisée et L’Homme aux colts d’or, les deux films déjà interprétés par Richard Widmark. Le sujet, fondé sur des faits réels, est aussi passionnant que remarquablement traité, à la fois grand spectacle et drame intimiste, marqué par des dialogues souvent cinglants. De plus, la photo somptueuse et le cadre large participent également à la grande réussite de cette étrange chevauchée, dont l’impressionnante dernière séquence, celle de la ruée de bétail sur les troupes nordistes, reste dans toutes les mémoires.

Le western a changé en 1966 et Alvarez Kelly peut se targuer d’être un opus flamboyant, drôle, mélancolique, bourré d’aventures, remarquablement interprété et mis en scène.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’Alvarez Kelly, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Dans sa présentation (10’), Patrick Brion avoue avoir toujours été déçu par le film d’Edward Dmytryk. L’historien du cinéma commence tout d’abord par faire un tour d’horizon du western en cette année 1966, marquée notamment par l’hégémonie du genre en Italie, qu’affectionne également peu Patrick Brion. Ce dernier évoque les westerns réalisés par Edward Dmytryk, avant d’expliquer pour il trouve Alvarez Kelly peu réussi malgré un sujet formidable. Néanmoins, le critique loue cette édition Blu-ray qui permet de revoir le film dans de superbes conditions techniques, ce qui selon lui n’est pas sans redonner un intérêt à Alvarez Kelly.

Sidonis Calysta a réussi à mettre la main sur un documentaire d’une heure consacré à la vie et la carrière de William Holden. Intitulé William Holden : The Golden Boy, ce module réalisé en 1989, compile les témoignages de comédiens et réalisateurs prestigieux, tels que Robert Mitchum, Glenn Ford, Blake Edwards, Robert Wagner, Sidney Lumet, Robert Wise, Cliff Robertson, posés sur de nombreux extraits des films les plus célèbres de William Holden, sans oublier les archives personnelles commentées par Scott Holden, l’un des fils du comédien. De facture classique, ce documentaire oublie de nombreux films, y compris le magnifique Breezy de Clint Eastwood. Il n’en demeure pas moins informatif.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos et d’affiches.

L’Image et le son

Quelle restauration ! Ce master HD (1080p) permet aux spectateurs de redécouvrir Alvarez Kelly dans de superbes et inédites conditions techniques, même si les puristes risquent de rechigner devant le lissage parfois excessif du grain original. Les volontés artistiques du mythique chef opérateur Joseph MacDonald (La Poursuite infernale, Niagara, La canonnière du Yang-Tsé) sont néanmoins respectées et nous avons l’impression de redécouvrir complètement ce western d’Edward Dmytryk. La copie est souvent sidérante de beauté et de stabilité, le nouvel éclat des couleurs est saisissant. Les noirs sont concis, le piqué vif et acéré, la propreté impressionnante, les détails sur le cadre large sont légion et les contrastes pointus, y compris sur les séquences en intérieur. Les gammes chatoyantes sont harmonieuses et le relief omniprésent. Signalons tout de même quelques plans où le grain semble plus appuyé, visiblement sur des stock-shots, tout comme de sensibles fourmillements durant les scènes où les comédiens ont tourné devant une transparence.

Malgré la réussite du doublage français, privilégiez évidemment la version originale, plus dynamique et équilibrée que son homologue, notamment en ce qui concerne la délivrance des dialogues. La piste française place les voix trop en avant, au détriment des effets annexes et de la musique. L’éditeur a quand même mis le paquet en proposant deux pistes DTS-HD Master audio bien nettoyées, bien que l’ensemble puisse paraître « trop » propre et artificiel. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / USS Indianapolis, réalisé par Mario Van Peebles

USS Indianapolis (USS Indianapolis: Men of Courage) réalisé par Mario Van Peebles, disponible en DVD et Blu-ray le 4 janvier 2017 chez Marco Polo Production

Acteurs : Nicolas Cage, Tom Sizemore, Thomas Jane, James Remar, Matt Lanter, Brian Presley

Scénario : Cam Cannon, Richard Rionda Del Castro

Photographie : Andrzej Sekula

Musique : Laurent Eyquem

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Juillet 1945. Le navire USS INDIANAPOLIS, commandé par le Capitaine McVay, avec à son bord 1196 marins, doit livrer des composants de la bombe atomique. Sur le retour, le navire est torpillé par un sous-marin japonais et sombre dans l’Océan Pacifique en moins de 12 minutes. 300 marins périssent sur le coup. Le reste de l’équipage affronte, pendant plus de 5 jours, les attaques de requins, la déshydratation, la faim, les hallucinations et le désespoir. Seuls 317 survivants sont alors secourus. Le lendemain, Hiroshima est bombardée. 10 jours plus tard, la Seconde Guerre mondiale prend fin. En novembre, le capitaine McVay est envoyé devant la cour martiale.

Mesdames, messieurs, Nicolas Cage est de retour aux affaires. Après le très bon Le Casse des frères Brewer et le très recommandable The Runner d’Austin Stark, Nicolas Cage semble avoir repris les choses en main. Certes, cela ne veut pas dire que l’un des meilleurs comédiens du monde ne se vautrera pas à nouveau dans le navet improbable ou dans le nanar fauché, mais notre bien-aimé Nicolas Kim Coppola, né le 7 janvier 1964 à Long Beach en Californie, signe dans Uss Indianapolis une excellente performance. Si les Direct-To-Video mettant en scène Nicolas Cage sont la plupart du temps risibles de nullité, à l’instar de Tokarev, The Wicker Man, Croisades et Le Chaos, USS Indianapolis est encore une fois très encourageant et aurait même mérité une sortie dans les salles.

Réalisé par Mario Van Peebles en 2015, le film raconte l’histoire du croiseur lourd USS Indianapolis pendant la Seconde Guerre mondiale, le fameux navire coulé par un sous-marin de la Marine impériale japonaise en 1945 dont Quint / Robert Shaw narre le récit dans Les Dents de la mer. Si le budget d’USS Indianapolis est estimé à 40 millions de dollars, la qualité des effets spéciaux laisse franchement à désirer, mais heureusement l’intérêt du film n’est pas là. Le film est avant tout une histoire humaine bien racontée, qui se focalise sur une poignée de personnages très attachants. Si Nicolas Cage a effectivement le premier rôle et s’en acquitte admirablement, il est excellemment entouré de Tom Sizemore, Thomas Jane, Matt Lanter, James Remar et bien d’autres jeunes comédiens très convaincants. Bien sûr, certains tiqueront devant le copier-coller de la scène du naufrage qui plagie ouvertement celle de Titanic, pas avec les mêmes moyens certes, mais quasiment plan par plan au moment où le navire se brise en deux, puis se redresse avant de sombrer.

Puis, le film prend des allures de survival puisque les 900 survivants (sur un équipage de 1200 hommes) se retrouvent au beau milieu de l’Océan Pacifique, livrés à eux-mêmes, entourés de requins. Le jour suivant, il ne reste plus que 692 hommes et les effets de la déshydratation se font ressentir. Les requins sont toujours plus nombreux. Le troisième jour, près de 200 soldats périssent à leur tour. Les secours arriveront par hasard au bout du cinquième jour. 317 âmes seront sauvées. Dans la première partie du film, Mario Van Peebles prend le temps de présenter les personnages sur lesquels l’action se focalisera, à l’instar du jeune Bama (Matt Lanter), qui pense épouser la femme qu’il aime à son retour de mission. La reconstitution est simple, mais efficace. La mise en scène est soignée et malgré un rythme inégal et quelques redondances, l’intérêt demeure soutenu grâce à l’interprétation tendue et le suspens entretenu.

Nicolas Cage n’est pas là pour tirer la couverture et laisse donc largement de la place à ses partenaires. Mais il faut bien dire que nous n’avons d’yeux que pour lui, surtout dans la dernière partie quand son personnage est traduit en justice. En effet, le Captain McVay a été accusé d’avoir mis le navire en péril en négligeant d’adopter la manœuvre adéquate et en donnant trop tard l’ordre d’abandonner le navire. La séquence qui s’ensuit est difficile et Nicolas Cage, magnifique, émeut aux larmes. Drame historique, USS Indianapolis est un très beau film qui mérite vraiment l’attention des spectateurs et qui saura autant combler les fans de Nicolas Cage que les passionnés d’Histoire.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’USS Indianapolis, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. Le visuel de la jaquette se concentre sur Nicolas Cage et saura attirer l’oeil de ses admirateurs les plus fervents. Aucun supplément.

L’Image et le son

USS Indianapolis bénéficie d’un master HD 1080p qui remplit son cahier des charges sans se forcer, mais avec efficacité. Le piqué est probant et acéré, les effets numériques paraissent bien artificiels et ressemblent à des animatiques figés. Les séquences en extérieur sont mieux définies avec une profondeur de champ palpable, des contrastes assurés, une luminosité aveuglante et une colorimétrie riche, froide et métallique. Certains plans sont étrangement floutés, l’image est plus douce sur les scènes agitées qui entraînent une légère perte de la définition, mais ce serait vraiment chipoter car la compression AVC consolide l’ensemble avec brio et les détails sont légion sur le cadre large.

L’ensemble des enceintes sur les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent lors des attaques, la musique de Laurent Eyquem bénéficie d’un traitement de faveur avec une belle ouverture, plongeant constamment le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne manquent pas d’ardeur sur la centrale qui délivre les voix avec plus de peps. Les effets sont souvent balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce petit spectacle acoustique sur les séquences opportunes avec un beau fracas. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée. La version française n’est pas québécoise et Dominique Collignon-Maurin double une fois de plus Nicolas Cage.

Crédits images : © Marco Polo Production / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr