TERMINAL réalisé par Vaughn Stein, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2018 chez Metropolitan Vidéo
Acteurs : Margot Robbie, Simon Pegg, Dexter Fletcher, Max Irons, Mike Myers, Katarina Čas, Nick Moran…
Scénario : Vaughn Stein
Photographie : Christopher Ross
Musique : Anthony Clarke, Rupert Gregson-Williams
Durée : 1h36
Année de sortie : 2018
LE FILM
Dans un terminal de gare comme coupé du monde où des assassins viennent chercher le contrat de leur prochaine mission débarque une femme fatale passée maître dans l’art du déguisement. Tueuse à gages, serveuse ou strip-teaseuse, la blonde létale use de tous les artifices pour se débarrasser de cette fourmilière du crime.
Etrange film que ce Terminal, premier long métrage de Vaughn Stein, ancien assistant et réalisateur de seconde équipe sur des films aussi variés que Pirates des Caraïbes: La fontaine de jouvence, Blanche-Neige et le chasseur, World War Z et Grimsby – Agent trop spécial. Tout ce « pot-pourri » d’influences a probablement nourri son désir de passer lui-même derrière la caméra. Scénariste et metteur en scène, Vaughn Stein livre donc Terminal, une œuvre atypique, qui lorgne sur Sin City de Frank Miller et Robert Rodriguez, mais aussi sur Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, Dark City d’Alex Proyas, Usual Suspects de Bryan Singer, tout en s’appropriant d’autres codes du film noir américain des années 1940-1950. On pense également à La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix avec ses personnages romanesques, son esthétique bigarrée et ses ruelles sombres, ici magnifiquement photographié par Christopher Ross (London to Brighton). Des références bien digérées. En dépit d’un manque de rythme et de dialogues abondants, on ne pourra pas reprocher à Terminal son originalité et surtout son incroyable maîtrise formelle qui comblera de nombreux cinéphiles.
Deux assassins professionnels sont engagés dans une mission suicide par un mystérieux employeur qui paye bien. Mais en route, le duo rencontre Annie, peut-être plus impliquée dans leur mission qu’elle ne le dit. Un scénario classique de film noir, mais ici bariolé avec des néons à profusion qui mettent en lumière les incroyables décors de cette œuvre qui s’inspire de la littérature et du cinéma dystopiques. Tourné en Bulgarie dans de véritables bâtiments laissés à l’abandon, Terminal foudroie d’emblée par son approche stylistique où chaque plan est savamment étudié. On plonge donc volontiers dans cet univers singulier, d’autant plus que l’on est invité à suivre la divine Margot Robbie, également productrice. Blonde platine, cigarette au bec, voix rauque, véritable femme fatale, la comédienne joue avec les clichés liés à son personnage, tout en y apportant une touche d’érotisme, pour ne pas dire de sexualité, qui font se damner les hommes qui croisent sa route.
Simon Pegg trouve l’un de ses rôles les plus ambigus, loin de sa gaudriole habituelle et prouve une fois de plus son immense talent. Outre la prestation vénéneuse de Dexter Fletcher (Arnaques, Crimes et Botanique, Kick-Ass) et celle de Max Irons (Les Âmes Vagabondes), jeune recrue au coeur qui saigne pour la blonde aux yeux verts, celui qui tire indéniablement son épingle du jeu est Mike Myers, dont la dernière apparition au cinéma remontait à 2009 dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino. Il est de retour ici dans un rôle à sa mesure, incroyablement grimé et métamorphosé. Seulement voilà, sans vraiment dévoiler l’épilogue, on se doute rapidement de la véritable nature de son personnage et le pseudo-climax ou twist tombe quelque peu à l’eau. Même chose, Vaughn Stein se perd malheureusement dans des dialogues bien trop explicatifs, là où il aurait gagné à laisser planer le mystère sur de nombreux points, comme l’identité de son personnage principal.
Mais bien qu’on se dise « finalement tout ça pour ça », Terminal est un coup d’essai très intéressant, d’autant plus que le réalisateur ne se laisse pas aller à la facilité, en perdant volontairement les spectateurs dans un récit kafkaïen. Pour résumer, Vaughn Stein a sans doute voulu mettre trop de choses dans son premier film. L’absence d’action et le manque de rythme pourront déstabiliser une audience en droit d’attendre que tout ce petit monde s’agite. Pour cela, il faut attendre une bonne heure, une fois que tous les éléments ont été mis en place comme des pièces sur un échiquier, pour que les protagonistes s’affrontent enfin. Les plus téméraires, ou tout simplement ceux qui auront été captivés par la beauté des images, seront alors bien récompensés puisque le dernier tiers réserve son lot de surprises et de règlements de comptes. Terminal dévoile un auteur et un réalisateur ambitieux, à surveiller de près.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Terminal, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal, légèrement animé et bruité, reprend le visuel de la jaquette.
Sur ce DTV, l’éditeur joint deux modules de six minutes chacun, consacrés aux décors du film, puis aux personnages. Les comédiens et le réalisateur, mais aussi le chef opérateur Christopher Ross et les décorateurs interviennent brièvement pour évoquer les intentions et les partis pris de Terminal. Les propos sont évidemment élogieux, tout le monde est en mode promo, tandis que diverses images dévoilent l’envers du décor.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Terminal a été intégralement tourné en numérique. L’édition Blu-ray est donc tout indiquée et même indispensable pour découvrir le film de Vaughn Stein, d’autant plus que cette édition HD est en tout point renversante de beauté. Les partis pris stylisés de la photographie signée Christopher Ross, sont magnifiquement restitués à travers ce transfert qui s’impose comme un disque de référence. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes sont spectaculairement denses, le relief omniprésent, le piqué acéré comme la lame d’un scalpel et l’étalonnage spécifique des couleurs est conservé. Le codec AVC consolide tout cela avec une belle fermeté. Resplendissant. L’apport HD demeure omniprésent.
Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique très présente bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’action. Les dialogues, y compris les voix-off, ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières.
Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr