Test Blu-ray / A la recherche du plaisir, réalisé par Silvio Amadio

A LA RECHERCHE DU PLAISIR (Alla ricerca del piacere) réalisé par Silvio Amadio, disponible en Édition Collector limité (1000ex) Blu-ray + DVD + CD le 15 juin 2017 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Barbara Bouchet, Farley Granger, Rosalba Neri, Nino Segurini, Dino Mele, Umberto Raho, Patrizia Viotti

Scénario : Silvio Amadio

Photographie : Aldo Giordani

Musique : Teo Usuelli

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Greta Franklin s’établit sur une île près de Venise et entre en contact avec Richard Stuart, qui vit dans une magnifique maison en compagnie de son épouse Elonora. Elle est engagée comme nouvelle secrétaire par Richard, la précédente ayant disparu dans d’étranges circonstances. Richard et Eleonora ignorent que Greta a une bonne raison d’accepter ce job : elle connaissait personnellement Sally…

L’oeuvre éclectique du réalisateur italien Silvio Amadio (1926-1995) n’est pas restée dans la mémoire des cinéphiles. Il faut dire que ses derniers films aux titres fleuris et explicites comme Comment faire cocu les maris jaloux, Les Polissonnes excitées, Si douce, si perverse ou bien encore La Lycéenne a grandi ont souvent éclipsé d’autres opus nettement plus intéressants. C’est le cas d’A la recherche du plaisir Alla ricerca del piacere (1972), également connu sous le titre américain Amuck ! ou bien encore Maniac Mansion, superbe variation du giallo, qui s’avère avant tout un drame-thriller psychologique et érotique brillant et passionnant. La sublime Barbara Bouchet, au sommet de sa carrière (la même année que La Longue nuit de l’exorcisme de Lucio Fulci) et de sa beauté, qui enchaînait alors les tournages en Italie depuis la fin des années 1960, porte le film sur ses belles épaules – et quelle chute de reins mamma mia ! – et inspire Silvio Amadio.

Greta Franklin (Barbara Bouchet) part en Italie suite à son embauche comme secrétaire auprès de l’écrivain notoire Richard Stuart (Farley Granger), qui possède un vaste domaine isolé sur une île aux alentours de Venise. Mais son but premier est de retrouver Sally, son amie, son amante, disparue alors qu’elle occupait le même poste. Eleonora (Rosalba Neri), la femme de Stuart, bisexuelle, lui fait bientôt des avances, puis la drogue pour assouvir ses désirs. Lors d’une soirée décadente, Stuart diffuse un petit film amateur dans lequel Greta reconnaît Sally. Décidée à enquêter sur ce couple sulfureux, elle ne s’aperçoit pas qu’elle tombe dans le piège qu’il lui tend. Un piège dangereux, peut-être même mortel.

A la recherche du plaisir n’est pas un énième film de genre, bâclé et réalisé à la va-vite. Certes, nous sommes en plein cinéma d’exploitation, mais Silvio Amadio soigne chaque plan, instaure une atmosphère trouble et troublante du début à la fin, pour ne pas dire jusqu’à la toute dernière seconde. Dès le générique, le cinéaste transporte le spectateur à Venise, avec Barbara Bouchet qui découvre la ville. Puis, le personnage s’en éloigne pour finalement débarquer sur une petite île près de la Sérénissime, dans une grande demeure. En quelques minutes, le réalisateur a donc dressé le tableau et isole cette jeune secrétaire. A la recherche du plaisir s’avère un véritable jeu de pistes, reposant sur la mise en scène (toute l’investigation de Greta est vraiment une référence), l’étrangeté et la beauté des décors, sans oublier la peur distillée par celles et ceux qui gravitent autour de Greta.

Découvert chez Alfred Hitchcock dans La Corde (1948) et L’Inconnu du Nord-Express (1951), premier rôle chez Luchino Visconti dans Senso en 1954, Farley Granger sort de quinze ans d’apparitions à la télévision, avant d’être à nouveau appelé par le cinéma italien au début des années 1970. Il apporte à Amuck ! son charme venimeux, suintant et semble se délecter de ce personnage ambigu et machiavélique. N’oublions pas la sensuelle Rosalba Neri (La Polak dans la saga Angélique, Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle, Les Vierges de la pleine Lune) et son regard troublant, peu avare de ses charmes, dont la scène saphique avec Barbara Bouchet, tournée au ralenti sur une musique envoûtante de Teo Usuelli (Le Lit conjugal, Dilinger est mort) reste probablement la plus célèbre du film.

A la recherche du plaisir combine de façon assez virtuose le film d’enquête et l’histoire d’amour, en jouant avec les codes du giallo sans pour autant entrer dans cette catégorie puisqu’il n’y a ici aucun tueur ganté, ni crime à l’arme blanche réalisé en caméra subjective, juste une brute épaisse au cerveau en compote qui utilise ses mains pendant une partie de jambes en l’air qui tourne mal. Ce qui n’empêche pas A la recherche du plaisir d’être une immense réussite, anxiogène, culte auprès des amateurs, aussi rare que précieux, d’autant plus que le film n’est jamais sorti en France.

LE BLU-RAY

Que dire si ce n’est que Le Chat qui fume nous offre une nouvelle fois un magnifique objet qui devrait intégrer la DVD-Bluraythèque de tout cinéphile qui se respecte ! Le combo Digipack à trois volets de ce nouveau titre « Exploitation italienne », renferme à la fois le DVD du film, le Blu-ray et également le CD de la bande originale de Teo Usuelli, que l’auteur de ces mots écoute d’ailleurs en fond pendant qu’il écrit cette chronique. Sur le verso des volets, nous trouvons l’affiche américaine du film (Amuck !), ainsi que deux visuels provenant de l’exploitation italienne. L’ensemble se glisse dans un fourreau cartonné du plus bel effet, au visuel superbe, jaune « giallo » et attractif. Cette édition collector est limitée à 1000 exemplaires. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Après avoir écouté ces 52 minutes de musique enivrante, regardons ce que le Chat nous propose en guise de suppléments.

On commence par l’excellente interview de la comédienne Rosalba Neri (16’). Visiblement heureuse et émue de partager ses souvenirs liés à A la recherche du plaisir, l’actrice évoque le tournage à Venise et dans ses environs, y compris dans la villa de la styliste Roberta di Camerino. Rosalba Neri en vient ensuite à sa collaboration avec le réalisateur Silvio Amadio, « un homme et cinéaste très dur, qui inspirait la crainte », parle de son personnage et de ses partenaires, sans oublier les conditions des prises de vues de la célèbre séquence saphique avec Barbara Bouchet.

Cette dernière prend ensuite la parole dans un entretien (19′) plus détaché que celui de Rosalba Neri, comme si la comédienne gardait un souvenir amer de « jouer à peu près toujours le même personnage » et qu’elle voulait être mieux considérée que pour sa participation aux films d’exploitation. En italien, la comédienne indique que l’année 1972 fut pourtant la plus intense de sa carrière – « Souvent, je ne savais même pas dans quel film j’étais en train de jouer ! » – avec plus de 8 films tournés quasi-simultanément. Barbara Bouchet ne parvient pas à réaliser que « ce genre de film » ait pu traverser les décennies et déclare que c’est à Quentin Tarantino – qui avait voulu la rencontrer lors de sa venue au Festival de Venise – que l’on doit entre autres ce regain de popularité. Contrairement à sa partenaire, l’actrice décrit Silvio Amadio comme un homme assez calme et doux, qui ne s’agitait jamais, toujours très gentil et aimable, dont elle garde un très bon souvenir. Barbara Bouchet parle ensuite du travail du réalisateur, du tournage à Venise et des scènes érotiques, de ses partenaires.

Nous passons à l’entretien avec Stefano Amadio (22’), fils du réalisateur Silvio Amadio, qui propose un portrait de son père et un panorama de sa carrière. Son enfance, ses débuts dans le cinéma grâce à son beau-frère Massimo Girotti et à Luchino Visconti, ses premières mises en scène, ses succès et les genres abordés (péplum, western, policier, comédie) sont évoqués. Puis Stefano Amadio aborde A la recherche du plaisir à travers des anecdotes amusantes (celle sur Barbara Bouchet nue sur le plateau, devant le regard médusé des techniciens) et souvenirs divers. Quand on lui demande quelle empreinte  a laissé son père dans le cinéma italien, Stefano Amadio répond « une petite empreinte, mais son sérieux et son professionnalisme demeurent auprès de ceux qui ont travaillé avec lui ».

Le supplément qui suit donne la parole à l’excellent Philippe Chouvel, journaliste chez Psychovision, qui propose une présentation d’A la recherche du plaisir (« pas un des meilleurs gialli, mais un thriller de bonne facture qui possède de nombreuses qualités »), tout en revenant sur l’ensemble de la carrière de Silvio Amadio (24’). Ce bonus complète parfaitement ce qui a déjà été entendu précédemment et propose de nombreux éléments pertinents, d’autant plus que l’énumération des films du cinéaste (dont les quatre comédies grivoises avec Gloria Guida) donne sérieusement envie de redécouvrir cette oeuvre. Philippe Chouvel s’extasie – on le comprend – sur la scène saphique entre Barbara Bouchet et Rosalba Neri et se dit ravi que le film soit enfin disponible dans les meilleures conditions possibles.

Le dernier bonus de cette section est désormais le rendez-vous incontournable où l’éditeur demande à un invité de donner ses trois gialli préférés. C’est au tour du directeur de la Cinémathèque Jean-François Rauger de s’y coller (12’), d’expliquer sa vision du giallo et de parler de l’évolution du genre. L’intéressé donne plus que trois titres, à savoir Les Frissons de l’angoisseProfondo Rosso de Dario Argento (dont il défend la version courte), Six femmes pour l’assassinSei donne per l’assassino, Cinq filles dans une nuit chaude d’été5 bambole per la luna d’agosto et La Baie sanglanteReazione a catena de Mario Bava, L’Emmurée vivanteSette note in nero de Lucio Fulci, Les Rendez-vous de SatanPerché quelle strane gocce di sangue sul corpo di Jennifer ? de Giuliano Carnimeo.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces de films disponibles ou prochainement prévus chez Le Chat qui fume. Par ailleurs, le trailer d’A la recherche du plaisir vaut le coup d’oeil pour son (faux ?) micro-trottoir de spectateurs (« Ceux qui ont fait ce film devraient être arrêtés ! », « Je n’ai jamais vu autant de sexe et de nudité dans un film ! ») réalisé après une projection du film de Silvio Amadio. Certains jubilent, d’autres sont choqués. La bande-annonce insiste bien sur le caractère sexuel du film pour appâter, tandis qu’une voix annonce que des coupes ont dû être faites (malgré un aperçu de la scène saphique), mais que le film sera bien présenté dans sa version intégrale dans les salles. « Un film si réaliste et troublant, que vous aurez envie de quitter la salle, mais vous n’en serez pas capable ! ».

L’Image et le son

L’élévation HD (1080p) magnifie les partis pris esthétiques de la photographie signée Aldo Giordani, chef opérateur culte à qui l’on doit les images de On l’appelle Trinita et de sa suite, ou bien encore Dommage que tu sois une canaille et Moi, moi, moi et les autres d’Alessandro Blasetti. La photo éthérée d’A la recherche du plaisir baigne dans des teintes brunes du plus bel effet. Le piqué dépend des volontés artistiques originales et s’avère plus incisif sur toutes les lumineuses séquences tournées en extérieur. La copie est très propre, la restauration est superbe, aucune poussière n’est à signaler, les contrastes sont concis, les noirs souvent denses, les couleurs éclatantes. La gestion du grain original est équilibrée mais tend à être plus appuyé sur les scènes sombres et nocturnes. Mais le codec AVC consolide l’ensemble avec brio, les arrière-plans sont stables, la profondeur de champ est indéniable et les détails d’une richesse incontestée sur le magnifique cadre large. Un très beau Blu-ray qui permet de (re)découvrir totalement le film, présenté en version intégrale, de Silvio Amadio !

Comme pour l’image, le son a également été restauré. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien DTS-HD Master Audio Mono, pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, même si les voix des comédiens, enregistrées en postsynchronisation, peuvent parfois saturer ou apparaître en très léger décalage avec le mouvement des lèvres. La composition de Teo Usuelli est excellemment délivrée. Notons que les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Cantique des cantiques, réalisé par Rouben Mamoulian

LE CANTIQUE DES CANTIQUES (The Song of Songs) réalisé par Rouben Mamoulian, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 7 février 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Marlene Dietrich, Brian Aherne, Lionel Atwill, Alison Skipworth, Hardie Albright, Helen Freeman

Scénario : Leo Birinsky, Samuel Hoffenstein d’après le roman de de Hermann Sudermann

Photographie : Victor Milner

Musique : Karl Hajos, Herman Hand, Bernhard Kaun, Milan Roder

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1933

LE FILM

Une jeune paysanne orpheline, Lily, part vivre à Berlin chez sa tante, une libraire au tempérament bien trempé. Rapidement, elle fait la connaissance de Richard, un séduisant sculpteur dont l’atelier se trouve en face de la librairie. Charmé par les formes de la jeune femme, il lui propose de poser pour lui.

Le Cantique des cantiquesSong of songs, également connu sous un autre titre français, Cantique d’amour, est le premier film que Marlene Dietrich tourne avec un autre réalisateur que Josef von Sternberg depuis son arrivée et son triomphe aux Etats-Unis. Ce mélodrame est mis en scène par Rouben Mamoulian (1897-1987), cinéaste et producteur géorgien, d’origine arménienne. Eclectique, il commence sa carrière à la fin des années 1920 avec Applause, puis enchaîne quasiment un film par an jusqu’à la fin des années 1930. Rouben Mamoulian n’a que quatre films à son actif, dont la comédie musicale Aimez-moi ce soir avec Maurice Chevalier et surtout le film d’épouvante Docteur Jekyll et M. Hyde avec Fredric March dans le(s) rôle(s) titre(s), quand il se voit confier Le Cantique des cantiques. Marlene Dietrich connaît son premier revers avec Vénus Blonde, qui n’a pas convaincu la critique et encore moins les spectateurs. On lui propose alors une nouvelle adaptation – la troisième, après deux transpositions en 1918 et 1924 – du roman Das Hohelied (1908) de Hermann Sudermann (L’Aurore) et de la pièce de théâtre d’Edward Sheldon qui en a découlé. D’abord très réticente, tout comme Rouben Mamoulian qui détestait l’histoire originale, la comédienne accepte finalement le rôle de Lily, une jeune paysanne qui vient de perdre son père.

Lily quitte la campagne afin d’être recueillie par sa tante, Madame Rasmussen, libraire à Berlin, une femme autoritaire, rigide et légèrement portée sur l’alcool. De la fenêtre de sa chambre, Lily aperçoit un atelier de sculpteur qui la fascine. Un jour, Richard le sculpteur entre dans la librairie et semble captivé par le corps de Lily, il la persuade de venir poser pour elle. Elle accepte après avoir hésité et déjoue la surveillance de sa tante pour se rendre chez Richard qui la convainc de se déshabiller pour prendre la pose. Bientôt une très belle sculpture prend forme et les deux jeunes gens entament une idylle. Survient alors le vieux Baron von Merzbach, mécène de Richard et colonel des hussards, qui tombe en admiration devant la statue et de son modèle. Il demande à être présenté à Lily. Très vite, le Baron souhaite littéralement « s’emparer » de la jeune femme.

Manifeste féministe et critique de la femme-objet, Le Cantique des cantiques apparaît tout d’abord léger dans le ton adopté et dans l’interprétation de Marlene Dietrich, qui en fait même un peu trop dans le rôle de l’ingénue. Son personnage candide, qui n’a jamais quitté son foyer, est obligée de rejoindre la grande ville. Innocente, elle ne sait pas qu’elle risque de devenir l’objet de toutes les convoitises, même si elle dissimule son corps sous 9 jupons. Mais sa vieille tante, délaissée par ses propres enfants et qui souhaite la traiter comme sa fille, la rappelle à l’ordre et l’avertit que ses formes peuvent rendre les hommes fous. C’est alors qu’un sculpteur, Richard Waldow (Brian Aherne) rentre dans sa vie et tombe sous le charme de Lily, ou plutôt de son corps qu’il souhaite immédiatement reproduire pour une sculpture qu’un Baron (Lionel Atwill, génialement abject) lui a commandée. Lors d’une visite, ce dernier tombe lui aussi amoureux de Lily, ou plutôt de sa reproduction. Le Cantique des cantiques dresse alors le portrait d’une femme convoitée pour son corps et non pour ce qu’elle est.

Lily, rêvant du grand amour absolu, passionnée et espérant que l’homme qui l’aimera pour son âme apparaîtra un jour devant elle, se retrouve entre deux hommes. Le premier a d’abord aimé son corps avant de tomber amoureux d’elle, le second demeure fasciné par l’oeuvre d’art inspirée par le corps de Lily et jette son dévolu sur la jeune femme. Le Baron rappelle d’ailleurs à Richard que quand il souhaite acquérir quelque chose, il finit toujours par l’obtenir d’une façon ou d’une autre. Devant se résoudre à laisser partir Lily, Richard lui laisse un mot et l’informe qu’il la quitte, ne pouvant lui offrir la vie qu’elle mérite d’avoir. Cela laisse le chemin libre pour le Baron, qui épouse rapidement Lily et en fait très vite sa « chose » en lui faisant apprendre le piano et le français, mais aussi en la violant la nuit de noces en la faisant boire. Lily devient son « singe savant » qu’il exhibe avec fierté devant ses invités.

Remarquable plaidoyer pour la condition des femmes et le droit à disposer d’elles-mêmes, Le Cantique des cantiques est un film élégamment mis en scène, comprenant quelques scènes d’un érotisme rare et osé pour un film de 1933. C’est le cas du sculpteur qui caresse de façon très suggestive sa statue en regardant le corps nu de son modèle. Juste avant l’instauration du tristement célèbre Code Hays, Marlene Dietrich apparaît ici très dénudée. On comprend au final ce qui a séduit la comédienne dans cette histoire prônant l’indépendance des femmes.

LE BLU-RAY

Disponible en DVD chez Universal depuis 2005 sous le titre Cantique d’amour, Le Cantique des cantiques atterrit dans l’escarcelle d’Elephant Films, en combo Blu-ray-DVD qui plus est ! Le titre intègre l’impressionnante et sublime collection Cinéma MasterClass de l’éditeur. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Dans un premier temps, le journaliste et critique de cinéma Xavier Leherpeur propose un portrait de Marlene Dietrich (12’30). Visiblement fasciné par la comédienne – qui ne le serait pas – l’intéressé évoque les grandes étapes de sa carrière avec ce qu’il faut de propos dithyrambiques. Certes, Xavier Leherpeur est passionné par son sujet, mais il se contente essentiellement de dresser une liste de ses films les plus célèbres, ceux tournés avec Josef von Sternberg (L’Ange bleu en Allemagne, les autres aux Etats-Unis) et les artistes qui se sont inspirés du mythe Dietrich (Lauren Bacall, Rita Hayworth…Madonna), tout en évoquant brièvement le caractère farouche, indépendant et sexuel de la comédienne qui en a fait l’un des premiers modèles du mouvement féministe. Un portrait simple, pour ne pas dire simpliste, anecdotique, même si sympathique.

En revanche, la présentation du film par le même Xavier Leherpeur (13’) manque singulièrement d’intérêt. Le journaliste et critique de cinéma ne fait que paraphraser ce qui se déroule dans le film en indiquant ici et là une petite information anecdotique, en indiquant qu’il trouve la scène « formidable », sans jamais revenir une seule fois sur les conditions de tournage ou sur le fait que ni Rouben Mamoulian ni Marlene Dietrich ne voulaient au départ faire le film. En introduction, un panneau indique que des éléments de certaines scènes clés sont dévoilés. En réalité il n’y a que cela, le tout entrecoupé d’extraits beaucoup trop longs du film.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et une galerie de photos.

L’Image et le son

Le master HD au format 1080p du Cantique des cantiques n’est pas aussi convaincant que celui de Vénus Blonde. Cette édition pourtant restaurée contient encore quelques points, griffures, rayures et poussières, surtout durant le générique en ouverture, avec diverses instabilités. Signalons que ces défauts tendent à s’amenuiser au fil du visionnage. Si le N&B retrouve une certaine fermeté, une clarté plaisante et une densité indéniable, le piqué et la gestion du grain restent aléatoires. Au début du film, Rouben Mamoulian use de certains stockshots qui n’ont évidemment pas été restaurés comme le reste du film et se voient donc comme le nez au milieu de la figure. Des fondus enchaînés décrochent, un bruit vidéo est notable mais aidé par un encodage solide, un effet de pompage peut agacer sur les scènes sombres, tandis que d’autres sortent du lot et se révèlent particulièrement belles – la superbe photo diffuse est signée Victor Milner (Haute pègre, L’odyssée du docteur Wassell) – détaillées et dignes du support Blu-ray made in Elephant. La copie est proposée dans son format 1.33 respecté.

La bande-son semble avoir été restaurée également car peu de craquements sont à déplorer. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur cette piste unique DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est audible du début à la fin, mais le confort acoustique est appréciable. Précisons que le spectateur devra actionner lui-même les sous-titres français en début de film et que la dernière réplique n’a pas été traduite !

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Silence, réalisé par Martin Scorsese

SILENCE réalisé par Martin Scorsese, disponible en DVD et Blu-ray le 15 juin 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson, Tadanobu Asano, Ciarán Hinds, Issei Ogata

Scénario : Jay Cocks, Martin Scorsese d’après le roman de Shûsaku Endô

Photographie : Rodrigo Prieto

Musique : Kathryn Kluge, Kim Allen Kluge

Durée : 2h40

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.

Dire que Silence s’avère le projet le plus personnel de Martin Scorsese depuis des années, serait un vrai raccourci et de toute façon un argument irrecevable. Son merveilleux épisode pilote de la série Vinyl, Le Loup de Wall Street, Hugo Cabret, Shutter Island ont tous démontré que Martin Scorsese s’est toujours impliqué personnellement dans ses projets, même les plus « commerciaux » et qu’il demeure l’un des plus grands réalisateurs en activité. D’autant plus que le cinéaste a toujours su se remettre en question, tout en avouant apprendre encore aujourd’hui de nouvelles choses sur son métier. Silence est l’adaptation du roman du même nom écrit en 1966 par Shūsaku Endō, écrivain catholique japonais, basé sur des faits historiques réels, qui avait déjà été transposée au cinéma par Masahiro Shinora en 1971 et sélectionné à Cannes l’année suivante. Le « silence » éponyme, renvoie à celui de Dieu face aux souffrances vécues en son nom.

Au XVIIe siècle, les jésuites Rodrigues et Garupe sont envoyés au Japon afin de retrouver le père Ferreira, leur mentor qui les a guidés sur le chemin de la spiritualité. Celui-ci se cache-t-il, a-t-il été exécuté, s’est-il marié ou alors s’est-il converti au bouddhisme ? Rodrigues et Ferreira vont devoir le découvrir, à leurs risques et périls. Sur place, c’est un choc pour eux. Ils affrontent des seigneurs féodaux qui voient d’un mauvais oeil l’arrivée des deux hommes d’Eglise. Au moindre faux pas, Rodrigues et Garupe risquent de mourir noyés, brûlés ou crucifiés. C’est le sort funeste qu’ont déjà subi les Japonais convertis. Depuis 1988, Martin Scorsese essayait de porter ce projet à l’écran. Tout d’abord annoncé avec les comédiens Daniel Day-Lewis, Gael García Bernal, Ken Watanabe et Benicio Del Toro, Silence, avant que le projet soit suspendu, annulé, repris pour être encore reporté, réunit finalement Liam Neeson (sublime), Andrew Garfield, Adam Driver, Issey Ogata (l’empereur Hirohito dans Le Soleil d’Alexander Sokurov, incroyable ici dans le rôle du vieil Inquisiteur), Yosuke Kubozuka et Tadanobu Asano. Après de multiples réécritures et plusieurs tentatives jusqu’alors avortées de rentrer en production faute de financements, Silence a enfin pu voir le jour.

Ce n’est évidemment pas la première fois que Martin Scorsese se penche sur la question de la foi et de la religion. Si les thèmes apparaissent souvent en filigrane, y compris dans ses films sur la mafia, ils demeurent essentiels et le fondement de La Dernière tentation du Christ (1988) et de Kundun (1997). Silence apparaît comme étant un troisième volet d’une trilogie sur le sujet. Animé par la force et la virtuosité de son metteur en scène, ainsi que sur l’investissement viscéral de ses comédiens, Silence, drame historique d’une beauté visuelle incomparable, ne peut laisser le spectateur indifférent. Certes, le sujet peut ne pas créer d’empathie, mais la beauté souvent irréelle des images (tournées en 35mm), des décors, des costumes, laisse pantois d’admiration. Après avoir incarné un homme animé par la parole du Christ dans l’incroyable film de Mel Gibson, Tu ne tueras point Hacksaw Ridge, Andrew Garfield récidive ici et interprète un prêtre jésuite. Quelque peu illuminé, le comédien s’est longuement préparé pour son rôle en s’isolant au Pays de Galles pour une retraite spirituelle et en faisant vœu de silence durant une semaine. Durant près d’un an, il a également étudié le jésuitisme, tout en perdant beaucoup de poids, comme son partenaire Adam Driver.

Silence est une œuvre complexe, difficile d’accès de par son sujet, à la fois universel et hermétique (la persécution des missionnaires jésuites dans le Japon du XVIIème siècle), très lente et qui peut mettre à rude épreuve la patience des spectateurs. Mais chaque plan, chaque seconde est d’une beauté à couper le souffle et emporte l’adhésion, d’autant plus que le sujet abordé est atypique et porté par un Scorsese littéralement habité. Sa passion s’avère contagieuse et le spectateur qui saura pleinement plonger dans cette histoire connaîtra une véritable et unique expérience physique (les séquences de tortures et de crucifixion sont viscérales) et sensorielle. Si l’on excepte l’improbable coupe de cheveux d’Andrew Garfield (et sa tendance à avoir l’air ahuri), visiblement prise en charge par David Beckham, Silence foudroie et le spectateur est placé en tant que troisième témoin de cette histoire dense, aux côtés des personnages interprétés par Andrew Garfield et Adam Driver.

Silence est un film que s’approprie le spectateur, qui parlera différemment à chacun, qui interroge sur la définition de la foi, sur le doute et la croyance. Ce 24e long métrage de fiction de Martin Scorsese est aussi et surtout une extraordinaire leçon de cinéma qui touche à la fois le coeur, l’âme et l’esprit.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Silence, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, légèrement animé et musical.

On pouvait s’attendre à plus, mais le seul supplément disponible sur cette édition, le making of de 24 minutes, s’avère excellent, très bien réalisé et documenté. De nombreuses images montrent Martin Scorsese à l’oeuvre avec ses comédiens et son équipe technique. Un metteur en scène qui doute, anxieux derrière son combo, mais aussi heureux sur le plateau et qui s’avère toujours autant passionné, voire transcendé par le cinéma. De multiples interventions de l’équipe (réalisateur, acteurs, directeur de la photographie, monteuse, producteurs, scénariste, historiens, un prêtre jésuite) s’entrecroisent. La genèse et la longue gestation de Silence sont abordées, tout comme les conditions des prises de vues, le casting, la préparation des comédiens, les personnages, les partis pris, les thèmes sont passés au peigne fin.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

L’univers visuel foisonnant de Martin Scorsese sied à merveille au support Blu-ray. Metropolitan livre un magnifique master HD. Les sublimes partis pris esthétiques du chef opérateur mexicain Rodrigo Prieto (8 mile, 21 grammes, Argo, Le Loup de Wall Street) passent remarquablement le cap du petit écran et les détails foisonnent aux quatre coins du cadre large. Les contrastes affichent une densité impressionnante, le piqué est tranchant comme un scalpel y compris sur les scènes sombres habituellement plus douces. La profondeur de champ demeure abyssale, les détails se renforcent et abondent en extérieur jour, la colorimétrie est vive, bigarrée et étincelante dès la première séquence, le relief demeure palpable tout du long. Un transfert estomaquant de beauté, un léger grain cinéma respecté (tournage en 35mm), une clarté voluptueuse, le tout conforté par un encodage AVC solide comme un roc, voilà un nouveau Blu-ray de démonstration. Le label rouge Metropolitan en quelque sorte.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais d’une très grande finesse. La balance des frontales comme des latérales est impressionnante, les effets annexes sont omniprésents dès l’ouverture, les voix solidement exsudées par la centrale (le timbre unique de Liam Neeson), tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun (le fracas des vagues), tout comme celles de l’hypnotique et envoûtante bande originale. La spatialisation est luxuriante. Metropolitan livre également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Kerry Brown / Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / La Famille Fang, réalisé par Jason Bateman

LA FAMILLE FANG (The Family Fang) réalisé par Jason Bateman, disponible en DVD le 22 juin 2017 chez Metropolian Vidéo

Acteurs : Nicole Kidman, Jason Bateman, Christopher Walken, Kathryn Hahn, Marin Ireland, Michael Chernus, Harris Yulin, Alexandra Wentworth

Scénario : David Lindsay-Abaire d’après le roman de Kevin Wilson

Photographie : Ken Seng

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

De retour dans la maison familiale, Baxter et Annie soignent les cicatrices d’une éducation qui échappe aux conventions. Lorsque leurs parents, des artistes célèbres pour élaborer des canulars en public, disparaissent dans des circonstances troublantes, le frère et la soeur mènent l’enquête, indécis quant à la raison de cette disparition : est-ce un jeu stupide ou une ruse élaborée ? Rien ne pouvait les préparer à ce qu’ils vont finir par découvrir.

Comédien aussi talentueux qu’attachant, Jason Bateman demeure pourtant méconnu dans nos contrées. Les spectateurs français l’ont néanmoins vu dans de nombreuses comédies à succès, Dodgeball – Même pas mal !, Starsky et Hutch, La Rupture, Juno, Paul, Hancock, les deux Comment tuer son boss ?, sans toutefois parvenir à retenir son nom, pourtant facile à mémoriser. Ayant commencé sa carrière quand il avait une dizaine d’années, notamment dans La Petite maison dans la prairie dans le rôle de James Cooper Ingalls, Jason Bateman n’a jamais arrêté de tourner pour le cinéma et la télévision. Parallèlement à sa carrière d’acteur, il a également fait ses premiers pas derrière la caméra en réalisant quelques épisodes des séries Valerie, La Vie de famille, Un frère sur les bras, Les Jumelles s’en mêlent, avant de mettre en scène son premier long métrage pour le cinéma avec Bad Words, sorti directement en DVD et Blu-ray en France en 2014. En 2015, il signe son deuxième film La Famille Fang, toujours inédit en France, adaptation du roman éponyme de Kevin Wilson.

Caleb (Christopher Walken) et Camille Fang (Maryann Plunkett) sont des artistes qui ont dédié leur vie à la performance et aux happenings. Annie (Nicole Kidman) et Buster (Jason Bateman), leurs deux enfants, ont toujours fait partie – parfois contre leur gré – de leurs œuvres filmées à l’insu des passants choqués. Pas facile de grandir avec des parents pareils. Une fois adultes, ils s’aperçoivent que le chaos de leur enfance les a rendus quelque peu inadaptés à la société. Annie est une comédienne qui enchaîne les mauvais films, qui doit se résoudre à tourner topless pour relancer sa carrière, tandis que Buster est un écrivain raté en manque d’inspiration. Le poids des parents pèse sur ces deux quadras. Alors quand Baxter a un petit accident de pomme de terre – lancée dans la figure par un patator – et qu’il apprend que son père et sa mère débarquent pour le soutenir, les souvenirs d’une enfance marquée par l’excentricité de leurs parents artistes, qui les utilisaient comme cobayes et complices malgré eux de leurs performances, reviennent vite à la surface. La Famille Fang est un film délicat et amer sur l’héritage et les relations familiales. Formidablement interprétée, notamment par Jason Bateman lui-même et Nicole Kidman (productrice et qui a acquis les droits du livre pour le cinéma), capable d’illuminer le moindre petit film de sa présence malgré son visage quelque peu figé en raison de chirurgie plastique, cette comédie-dramatique est typique du cinéma indépendant américain.

On connaît la musique, mais La Famille Fang fonctionne grâce à son approche mélancolique et à la complexité des personnages. Jusqu’où des artistes peuvent-ils aller pour l’amour de leur art et pour faire bouger les consciences ? Doivent-ils mettre en péril leur propre famille ? Et comment les enfants peuvent-ils accepter de passer au second plan dans la vie de leurs parents ? La Famille Fang passe du passé au présent, montrant les parents et leurs rejetons dans leurs performances, entre amusement pour le « bien-être personnel » et la « révolution » pour inciter les témoins de leurs happenings à réfléchir sur la condition humaine. Le malaise s’installe quand les parents organisent un nouveau coup fourré en obligeant A et B (surnoms des gamins en raison de la première lettre de leurs prénoms respectifs, encore une blague) à jouer Roméo et Juliette, où les deux ados doivent alors s’embrasser sur scène.

Sur un scénario écrit par David Lindsay-Abaire (l’excellent Rabbit Hole de John Cameron Mitchell, avec Nicole Kidman), La Famille Fang ne joue pas sur l’empathie immédiate et montre les fêlures de ses personnages, qui se dévoilent par strates. C’est là toute la réussite du film difficile à cerner de Jason Bateman, qui mérite vraiment d’être découvert.

LE DVD

Le test du DVD – pas d’édition HD pour ce titre – de La Famille Fang, disponible chez Metropolitan, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Aucun supplément en dehors d’un lot de bandes-annonces de titres disponibles chez l’éditeur.

L’Image et le son

Pour son second long-métrage, Jason Bateman jouit d’un atout de taille en la personne de Ken Seng, directeur de la photographie de Deadpool, Projet X et Disconnect. Le master SD concocté par Metropolitan restitue joliment la colorimétrie originale, même si les contrastes auraient gagné à être plus renforcés. Un très léger grain se fait ressentir, les scènes diurnes sont claires mais le piqué n’est pas aussi ciselé qu’espéré. Signalons quelques artefacts de compression visibles durant les scènes se déroulant en intérieur, sans toutefois que les conditions de visionnage s’en trouvent affectées. La définition n’est certes pas optimale, mais solide et largement suffisante pour découvrir ce film singulier.

En anglais comme en français, les pistes Dolby Digital 5.1 remplissent aisément leur office et même, plongent le spectateur dans une ambiance musicale inattendue. D’entrée de jeu, les effets naturels se font entendre sur l’ensemble des enceintes et bénéficient d’une belle ouverture frontale et latérale. Les voix sont solidement plantées sur la centrale et le confort acoustique est assuré du début à la fin.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Vénus Blonde, réalisé par Josef von Sternberg

VÉNUS BLONDE (Blonde Venus) réalisé par Josef von Sternberg, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 7 février 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Marlene Dietrich, Herbert Marshall, Cary Grant, Dickie Moore, Gene Morgan, Rita La Roy

Scénario : Jules Furthman, S.K. Lauren d’après une idée originale de Josef von Sternberg

Photographie : Bert Glennon

Musique : W. Franke Harling, John Leipold, Paul Marquardt, Oscar Potoker

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1932

LE FILM

Edward Faraday, un chimiste américain, est tombé follement amoureux d’une chanteuse de cabaret allemande, Helen, qu’il a aperçue se baignant dans un lac de montagne. Il a tant et si bien fait qu’il l’a épousée et que le couple s’est installé aux Etats-Unis. Helen a abandonné la scène et se consacre entièrement à leur fils, Johnny. Elle apprend un jour qu’Edward a été victime de radiations, dans son laboratoire et qu’il doit partir en Europe pour une cure. Le traitement que le malheureux doit subir s’avère très onéreux et Helen décide de reprendre son ancien métier. Elle fait alors la connaissance d’un séduisant milliardaire qui lui fait une cour pressante…

En 1930, L’Ange bleuDer blaue Engel marque non seulement la première collaboration entre Marlene Dietrich (1901-1992) et le réalisateur Josef von Sternberg (1894-1969), mais aussi le sacre pour la comédienne et chanteuse qui explose alors aux yeux des spectateurs. Parallèlement, c’est aussi le premier film parlant du cinéma allemand. Alors que la Paramount souhaite trouver une actrice concurrente à Greta Garbo choyée par la Metro-Goldwyn-Mayer, Josef von Sternberg recommande au studio sa nouvelle protégée avant même que L’Ange bleu ne sorte sur les écrans. Marlene Dietrich signe un contrat de 1250 dollars la semaine avec la Paramount et débarque aux Etats-Unis. Josef von Sternberg va largement contribuer à créer le mythe Marlene Dietrich, alors quasi-inconnue chez l’Oncle Sam. Le cinéaste et son actrice tourneront six films aux Etats-Unis : Cœurs brûlésMorocco (1930), Agent X 27Dishonored (1931), Shanghaï Express (1932), Vénus Blonde (1932), Le Cantique des cantiquesSong of Songs (1933), L’Impératrice rougeThe Scarlet Empress (1934) et La Femme et le PantinThe Devil is a Woman (1935). Marlene Dietrich devient très vite une star et obtient même une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice pour son premier film en langue anglaise. Les films suivants ne vont faire qu’accroître sa célébrité, tandis que les spectateurs demeurent fascinés par la femme derrière l’actrice. Le film qui nous intéresse, Vénus Blonde, est donc la cinquième collaboration Sternberg/Dietrich.

S’il n’obtiendra pas le même succès que les précédents, ce long métrage n’en demeure pas moins une immense réussite. Un magnifique portrait de femme, transcendé par la prestation de sa comédienne qui enflamme la pellicule. De son côté, Josef von Sternberg, toujours inspiré par sa muse, signe une de ses plus belles mises en scène. Si les spectateurs n’ont pas accueilli ce film comme il le méritait, c’est parce que le cinéaste a voulu montrer une autre facette de la comédienne, loin de la femme fatale que l’audience adorait retrouver. Marlene Dietrich interprète ici Helen, une ancienne danseuse de cabaret venue d’Allemagne, mariée à un chimiste américain, Edward Faraday (Herbert Marshall), malheureusement gravement irradié par du radium. Pour gagner de l’argent dans le but de soigner son mari en Europe, Helen retourne sur scène, dans le rôle de « la Vénus blonde », et obtient chaque nuit un vif succès, y compris lors de son numéro où elle apparaît…déguisée en gorille. Après un striptease des plus affriolants, elle revêt une perruque blonde afro avant d’entamer sa chanson. Elle se sent aussi très attirée par un fringant homme politique, Nick Townsend (Cary Grant dans un de ses premiers films), captivé par la Vénus blonde, qui va lui offrir un soutien financier. Elle fait alors croire à Edward d’avoir obtenu une avance. Grâce à cet argent, Edward peut partir en Allemagne avec l’espoir d’être sauvé par la médecine. Durant son absence, Helen tombe dans les bras de Townsend. Mais Edward revient plus tôt que prévu et découvre son appartement vide et comprend la situation. Helen s’enfuit avec leur fils.

On admire Marlene Dietrich incarner une mère au foyer, aimante, dévouée à son mari, qui a dû arrêter sa carrière pour s’occuper de leur fils, tout en assistant parfois son mari dans ses recherches. Vénus Blonde montre ensuite une femme qui reprend progressivement son indépendance, certes par amour, mais qui décide par elle-même, qui assume ses choix et la conséquence de chacun de ses actes, y compris lorsque ceux-ci s’avèreront mauvais et les conduiront à la rue elle et son enfant de cinq ans. Helen ne baissera jamais les bras, parviendra à s’en tirer un temps en se livrant à la prostitution, mais devra se résoudre à laisser son mari reprendre leur fils. Film à ellipses, Vénus Blonde suit l’itinéraire du personnage d’Helen, son nouveau succès, sa déchéance, sa nouvelle rédemption. Josef von Sternberg ne lâche jamais Marlene Dietrich, filme son corps quasi-nu dans sa première scène (le Code Hays n’entrera en vigueur que deux ans plus tard), son merveilleux visage, ses traits et expressions, sauf quand le personnage doit se résoudre à l’inévitable. La comédienne est alors filmée de dos, le visage dissimulé par un chapeau. Sans une larme et sans un cri.

Vénus Blonde est un très grand film et probablement un des plus beaux rôles féminins du cinéma des années 1930. Mais aucune actrice n’aurait pu l’interpréter comme Marlene Dietrich, dont la véritable personnalité sert ici de terreau à l’incarnation d’Helen. C’est là toute la magie de l’éternelle Marlene, incarner un nouveau personnage tout en étant elle-même à l’écran. On ne voit « qu’elle » quand elle chante Hot Voodoo, You Little So-and-so et I Couldn’t Be Annoyed vêtue d’un smoking blanc et d’un haut-de-forme, mystérieuse, déterminée, indomptable. Vénus Blonde évite le côté mélo larmoyant grâce à la sublime et intense interprétation de Marlene Dietrich et la mise en scène sans cesse inspirée, exceptionnelle et d’une modernité à couper le souffle.

LE BLU-RAY

Disponible en DVD chez Universal depuis 2005, Vénus Blonde atterrit dans l’escarcelle d’Elephant Films, en combo Blu-ray-DVD qui plus est ! Le film intègre l’impressionnante et sublime collection Cinéma MasterClass de l’éditeur. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Dans un premier temps, le journaliste et critique de cinéma Xavier Leherpeur propose un portrait de Marlene Dietrich (12’30). Visiblement fasciné par la comédienne – qui ne le serait pas – l’intéressé évoque les grandes étapes de sa carrière avec ce qu’il faut de propos dithyrambiques. Certes, Xavier Leherpeur est passionné par son sujet, mais il se contente essentiellement de dresser une liste de ses films les plus célèbres, ceux tournés avec Josef von Sternberg (L’Ange bleu en Allemagne, les autres aux Etats-Unis) et les artistes qui se sont inspirés du mythe Dietrich (Lauren Bacall, Rita Hayworth…Madonna), tout en évoquant brièvement le caractère farouche, indépendant et sexuel de la comédienne qui en a fait l’un des premiers modèles du mouvement féministe. Un portrait simple, pour ne pas dire simpliste, anecdotique, même si sympathique.

Xavier Leherpeur est de retour pour présenter Vénus Blonde (12’). La plupart du temps, le journaliste se contente de paraphraser les quelques grandes séquences du film, y compris la fin. Même si l’éditeur indique que ce module contient quelques spoilers, dont le dénouement de l’intrigue, nous vous conseillons évidemment de visionner cette « introduction » après le film. Xavier Leherpeur remet Vénus Blonde dans son contexte, ainsi que dans la carrière de Marlene Dietrich et de Josef von Sternberg. Il évoque également les thèmes, la mise en scène, la photographie, l’échec commercial du film et tente de comprendre ce qui a pu décontenancer les spectateurs américains à sa sortie, tout en abordant la psychologie du personnage principal.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et une galerie de photos.

L’Image et le son

Vénus Blonde fait peau neuve en Haute-Définition chez Elephant Films, dans un magnifique Blu-ray au format 1080p. Si le générique reste très légèrement marqué par des rayures verticales, le N&B s’impose immédiatement avec une clarté étonnante, des contrastes denses, une large palette de gris, un grain cinéma excellemment géré. L’image est d’une stabilité à toute épreuve, hormis d’inévitables décrochages sur les nombreux fondus enchaînés et divers stockshots visibles avec un aspect plus grumeleux. Toujours est-il que Vénus Blonde, présenté ici dans son format respecté 1.33, ne fait vraiment pas ses 85 ans ! Ce master offre de formidables conditions pour (re)découvrir le film de Josef von Sternberg. On ne saurait faire mieux.

Seule la version originale est disponible en DTS-HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique et les chansons, demeurent propres et distincts. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est parfois audible, mais rien d’important. Le confort acoustique reste très appréciable.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Empereur du Nord, réalisé par Robert Aldrich

L’EMPEREUR DU NORD (Emperor of the North) réalisé par Robert Aldrich, disponible Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Lee Marvin, Ernest Borgnine, Keith Carradine, Charles Tyner, Malcolm Atterbury, Simon Oakland

Scénario : Christopher Knopf

Photographie : Joseph F. Biroc

Musique : Frank De Vol

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Etats-Unis, années 30. La Grande Dépression plonge des millions d’Américains dans la misère. Des vagabonds arpentent le pays à la recherche d’un emploi ou d’une simple soupe. Certains tentent de voyager clandestinement à bord des trains de marchandises. Le plus convoité est celui de la ligne 19. Mais la splendide locomotive est gardée par Shack, une brute sanguinaire et sadique, qui n’hésite pas à s’attaquer sauvagement à tous les « trimardeurs » qui osent monter sur sa machine. Seul un vagabond légendaire, appelé « Numéro 1 », ose défier le chef de train. L’affrontement devient inévitable…

Quand il réalise L’Empereur du Nord en 1973, le cinéaste Robert Aldrich a déjà les 3/4 de sa carrière derrière lui. L’auteur de Bronco Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesse, Le Grand couteau, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, Chut… chut, chère Charlotte, Les Douze Salopards, Plein la gueule et bien d’autres films qui sont autant de grands classiques et chefs d’oeuvre, s’empare d’un scénario de Christopher Knopf. Inspiré des aventures de Leon Ray Livingston, le film est aussi et surtout une libre adaptation de La Route : Les Vagabonds du rail de Jack London (1907), ouvrage dans lequel l’écrivain relatait son errance aux côtés de vagabonds qui « brûlaient le dur », en d’autres termes qui voyageaient comme passagers clandestins sur le toit des trains. Si L’Empereur du Nord ne possède pas – à tort – le même statut que ses autres films, Robert Aldrich y fait pourtant preuve d’une indéniable virtuosité, sa direction d’acteurs est toujours extraordinaire et ce qui a souvent frappé dans son cinéma, sa spontanéité, son énergie et son élégance, se retrouve dans ce film méconnu.

Ses deux têtes d’affiche, Lee Marvin et Ernest Borgnine, rivalisent de charisme et de talent, tout en prenant un malin et contagieux plaisir à jouer au chat et à la souris, jusqu’à l’affrontement brutal, par coups de marteau, de chaînes et de poutres interposés. Si le premier n’a qu’à se placer devant la caméra pour s’imposer immédiatement avec ses yeux de félins, sa voix caverneuse et son visage buriné, véritable étendard d’une communauté et symbole du défi à l’autorité, le second se taille part du lion dans le rôle du sadique Shack, qui n’hésite pas à assommer les vagabonds d’un coup de marteau, tout en jubilant de les voir se faire écraser sous les roues du train lancé à pleine vitesse. Leur affrontement durant deux heures font tout le sel de ce film, qui n’a connu aucun succès dans les salles, mais qui est ensuite devenu culte. C’est la quatrième fois que les deux comédiens sont réunis à l’écran après Un homme est passé de John Sturges (1955), Les Inconnus dans la ville de Richard Fleischer (1955) et bien sûr Les Douze Salopards de Robert Aldrich (1966).

Quasi-inclassable, résolument moderne, oscillant entre plusieurs genres, L’Empereur du Nord se démarque par un soin particulier à reconstituer l’Amérique du début des années 1930. Comme l’indique un panneau en introduction, durant le pic de la Grande Dépression, les vagabonds parcourent le territoire en train, désespérément en quête d’un travail. Rejetés par la société, ils deviennent une espèce à part. Des nomades qui méprisent la loi et imposent la leur. « L’Homme du rail » se consacre à leur extermination. Il se dresse entre eux et leur seul moyen de survivre, le train. Puis ouverture à l’iris, comme si Robert Aldrich débutait un conte. S’ensuit une chanson légère, racontant le lien entre l’homme et le train, quand le récit est soudain parasité par le personnage de Shack qui se débarrasse sauvagement d’un vagabond ayant pris le train en marche. Puis la musique guillerette de reprendre.

Aldrich n’aura de cesse de casser le rythme de son film, en alternant des séquences douces-amères au temps quasi-suspendu, des scènes de violences sèches ou tout simplement éthérées comme cette longue séquence plongée dans le brouillard. Les dialogues sont très soignés, les personnages animés par une violence primaire, la mise en scène enlevée, le rythme soutenu, l’humour noir efficace, les acteurs parfaits jusqu’aux seconds rôles – excellent Keith Carradine, qui souhaite devenir calife à la place du calife – aux gueules patibulaires. L’Empereur du Nord s’inscrit parmi les grandes réussites du mythique réalisateur et demeure un immense plaisir de cinéphile, spectaculaire, singulier, provocateur, magistralement mis en scène (le train devient un véritable personnage à part entière), mis en musique par Frank De Vol et interprété par des comédiens, des monstres sacrés d’une classe folle avec les paysages de l’Oregon comme toile de fond. Un pur spectacle à redécouvrir.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition de L’Empereur du Nord se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 86 pages, spécialement écrit par Doug Headline (co-fondateur de la revue Starfix), illustré de photos d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément disponible dans la section Interactivité est un entretien avec le scénariste Christopher Knopf réalisé en 2015 (19’). Né en 1927, notre interlocuteur parle tout d’abord de ses débuts dans le milieu du cinéma et ses premiers scénarios adaptés, Le Voleur du Roi (1955) et surtout À des millions de kilomètres de la terre de Nathan Juran (1957), pour lequel il se souvient surtout du travail et de son amitié avec Ray Harryhausen. Pour la télévision, Christopher Knopf signe ensuite des épisodes pour les séries western The Restless Gun et Au nom de la loi sur laquelle il rencontre Steve McQueen. Le scénariste déclare avoir traversé les années 1960 pour le compte de la petite lucarne, jusqu’à ce que le réalisateur Robert Aldrich- après les désistements de Martin Ritt et de Sam Peckinpah – jette son dévolu sur son histoire de L’Empereur du Nord, inspirée par un des récits de Jack London sur la vie des hobos durant la Grande Dépression.

Dans un second temps, Christopher Knopf aborde la psychologie des personnages de L’Empereur du Nord, les recherches effectuées afin de coller au plus près de la réalité, le travail des comédiens et les différences entre son scénario original et celui finalement tourné par Robert Aldrich. Ce dernier explique Knopf, ne voulait pas de sa présence sur le plateau et lui a demandé de réécrire la fin. La conclusion prévoyait que Shack et A No. 1 tombent tous les deux du train, laissant finalement Cigaret seul à bord, terrifié, prenant ainsi la place tant convoitée de la légende. Sachant que Lee Marvin n’accepterait pas un tel épilogue, le cinéaste a donc demandé au scénariste de le changer. Enfin, Christopher Knopf revient sur l’échec du film, son préféré, malgré les bonnes critiques. Le scénariste se dit heureux que cette œuvre soit enfin reconnue et même devenue culte avec les années. N’oublions pas de mentionner les précieuses images de tournage qui viennent illustrer le documentaire. L’occasion de voir Ernest Borgnine et Lee Marvin en pleine répétition du combat final, sous l’oeil attentif de Robert Aldrich !

L’Image et le son

La qualité de ce nouveau master HD issu de la restauration 4K réalisée par la Fox au format 1.85 respecté est exceptionnelle et le film de Robert Aldrich renaît littéralement devant nos yeux. Les contrastes affichent d’emblée une densité inédite, la copie est d’une propreté immaculée, aucune scorie n’a survécu au lifting numérique, le piqué est fort impressionnant sur les gros plans (la sueur, la rosacée de Lee Marvin) et les détails abondent surtout sur les plans diurnes en extérieur qui sont à couper le souffle. Si l’on excepte deux ou trois plans flous sur la séquence où les personnages sont longtemps plongés dans un brouillard à couper au couteau, ces menus accrocs sont bien trop anecdotiques compte tenu de la clarté éblouissante, des noirs concis, du grain cinéma respecté, de la colorimétrie vive et du relief inattendu. Enfin, l’ensemble est consolidé par une compression AVC de haute tenue. Magnifique Blu-ray.

L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode les pistes originale et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, qui se concentre essentiellement sur le report des voix parfois au détriment de certains effets annexes. Les dialogues sont d’ailleurs trop élevés sur certaines séquences, même à faible volume, mais l’écoute demeure propre et nette. Elle n’est pas en revanche aussi fluide et homogène que la version originale, même si le report des dialogues aurait pu être plus ardent. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, les séquences de train lancé à fond sur les rails sont merveilleusement restituées, dynamiques et vives, tout comme le score de Frank De Vol, collaborateur fidèle de Robert Aldrich, qui profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres sont imposés sur la version originale.

Crédits images : ©-1973-Twentieth-Century-Fox-Film-Corporation.-Renewed-©-2001-Twentieth-Century-Fox-Film-Corporation.-Tous-droits-réservés / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Phantasm, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et combo DVD/Blu-ray le 6 juin 2017 chez ESC Editions & Sidonis Calysta

Acteurs : A. Michael Baldwin, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Bill Thornbury, Kathy Lester, Terrie Kalbus, Kenneth V. Jones, Susan Harper, Lynn Eastman-Rossi

Scénario : Don Coscarelli

Photographie : Don Coscarelli

Musique : Fred Myrow, Malcolm Seagrave

Durée : 1h29

LE FILM

Le jeune Mike, treize ans, assiste en cachette à l’enterrement d’un ami. Après la cérémonie, il voit un colosse s’emparer du cercueil, qu’il soulève comme une plume. Le soir venu, Mike s’introduit dans le grand bâtiment au centre du cimetière et y découvre des activités déconcertantes. Il fait part de ses soupçons à son grand frère Jody, qui retourne avec lui au mausolée. Les deux frères acquièrent la conviction que des forces inconnues s’emparent des défunts dans un but innommable.

Phantasm est l’oeuvre de toute une vie, celle du scénariste et réalisateur américain Don Coscarelli. Né en 1954 à Tripoli, le cinéaste signe d’abord deux longs métrages en 1976, Jim the World’s Greatest, sur lequel il rencontre le comédien Angus Scrimm, puis Kenny & Company. Passionné par le cinéma d’horreur, Don Coscarelli se lance dans l’écriture d’un film de genre en s’isolant au milieu de nulle part, une situation qui lui permet de coucher ses peurs et ses névroses sur le papier. La suite appartient à la légende. Phantasm est un chef d’oeuvre du film fantastique et d’épouvante de la fin des années 1970, un succès qui engendrera quatre suites (1988, 1994, 1998, 2015), dont trois mises en scène par Don Coscarelli lui-même. S’il est également célèbre pour avoir réalisé Bubba Ho-tep en 2002 avec Bruce Campbell dans le rôle d’Elvis qui combat les momies, le cinéaste – qui compte aujourd’hui dix longs métrages à son actif – demeure avant tout le créateur de cette saga mythique.

Egalement producteur, monteur et directeur de la photographie, Don Coscarelli crée un monde foisonnant et virtuose, peuplé de nains dissimulés sous des capuches, un boogeyman gigantesque au teint blafard et à la force herculéenne, un monde parallèle au ciel embrasé, du sang jaune, des doigts coupés qui s’agitent seuls, des mouches géantes, une sphère métallique volante qui se plante dans la tête de la victime et qui la perce à l’aide d’un foret pour y pomper le cerveau. Tout cela pourrait facilement tomber dans l’absurde, mais Don Coscarelli embrasse son sujet avec autant de sérieux que d’humour et parvient à rendre son histoire réaliste et donc emphatique. Plusieurs choses viennent immédiatement en mémoire quand on évoque ce grand classique qu’est Phantasm, mais parmi ce kaléidoscope d’images inoubliables, c’est bel et bien la figure du Tall Man qui vient à l’esprit. Incarné par Lawrence Rory Guy, plus connu sous le nom d’Angus Scrimm (1926-2016), ce croquemitaine ou ce croque-mort plutôt, s’inscrit parmi les personnages les plus emblématiques et énigmatiques du genre aux côtés de Michael Myers, Freddy Krueger, Leatherface et Pinhead. Sa démarche, ses regards, son costume et sa voix (« Booooooy ? ») ont fait de lui une icône de l’épouvante.

Parallèlement à ce boogeyman, Phantasm s’avère un vrai film dramatique qui parle du deuil impossible d’un jeune adolescent pour ses parents et pour son frère aîné. Près de 40 ans après le film nous pouvons nous permettre de dévoiler que le film se révèle être une plongée dans l’imaginaire (quoique…) de Mike. A l’instar du merveilleux film de J.A. Bayona sorti début 2017, Quelques minutes après minuit, Phantasm s’attache à un jeune homme plongé malgré lui dans un monde cauchemardesque pour pouvoir, sans doute, affronter la réalité. Comme dans le Bayona dans lequel un jeune garçon avait recours malgré lui au pouvoir de l’imaginaire pour pouvoir admettre la mort prochaine de sa mère et à préparer son deuil, celui de Phantasm erre dans un cauchemar dans lequel il affronte un croquemitaine aux côtés de son frère aîné Mike. L’épilogue joue alors la carte de la frontière fragile entre le rêve et la réalité, quand les deux mondes rentrent en collision au point de se fondre l’un dans l’autre. La fin reste ouverte et de nombreuses questions en suspens. Si Don Coscarelli n’avait peut-être pas l’intention d’y répondre, du moins immédiatement puisque le second opus ne sera réalisé que dix ans après, on plonge à fond dans cet univers riche et singulier, unique, qui n’a de cesse de surprendre, animé par une passion contagieuse pour le genre, qui enchaîne les scènes anthologiques comme des perles sur un collier en se permettant même quelques soupapes d’humour noir, sans omettre l’émotion.

On ne peut s’empêcher de penser à certaines œuvres de Stephen King, à tel point que si Phantasm avait été une adaptation d’un livre de l’auteur de Carrie, le film se classerait parmi les meilleures transpositions d’une de ses œuvres au cinéma. En s’inscrivant pleinement dans le surréalisme et parfois le macabre diurne (ce qui est assez rare), Phantasm n’est pas sans rappeler Un chien andalou de Luis Buñuel, non seulement en raison de son atmosphère onirique, mais également par son montage de scènes étranges qui fait penser à un puzzle pour lequel chacune des pièces serait caractérisée par un mauvais rêve. Un jeu éclaté et pourtant conduit de main de maître du début à la fin, tandis que l’envoûtante musique de Fred Myrow et Malcolm Seagrave berce les spectateurs comme une comptine entêtante.

A sa sortie, Phantasm est un succès critique et commercial. Le film rapporte près de 12 millions de dollars au box-office nord-américain et attire plus de 500.000 spectateurs en France où il obtient également le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d’Avoriaz. Le budget de 300.000 dollars est donc largement rentabilisé. Toutefois, Don Coscarelli ne reviendra à Phantasm qu’en 1988, réalisant entre-temps un film d’heroic fantasy, Dar l’invincibleThe Beastmaster.

LE BLU-RAY

C’est un grand jour pour les cinéphiles ! ESC Editions et Sidonis Calysta s’associent pour nous offrir le tant attendu Phantasm en Haute-Définition ! Le film est disponible en DVD, mais aussi en combo Blu-ray/DVD (édition limitée), disposés dans un boîtier métal avec effet arrondi en 3D. Le menu principal est élégant, animé sur des images du film et son célèbre thème principal.

Le premier supplément disponible sur cette édition est une interview croisée (21’) de Guy Astic (Directeur des éditions Rouge Profond, corédacteur en chef de la revue de cinéma Simulacres, parue de novembre 1999 à mai 2003) et de Julien Maury (scénariste et réalisateur, A l’intérieur). Cette présentation souvent passionnante de Phantasm vaut essentiellement pour l’intervention de Guy Astic, qui convoque à la fois le fond et la forme du film de Don Coscarelli, tandis que Julien Maury, qui introduit et clôt ce module, partage surtout ses souvenirs liés à la découverte de ce grand classique quand il était adolescent. Guy Astic revient sur les débuts de Don Coscarelli, sur les partis pris, les intentions du réalisateur, sa façon d’aborder le fantastique, les thèmes (Astic rapproche également Phantasm de Quelques minutes après minuit de J.A. Bayona), la figure du Tall Man, les effets visuels, la séquence de la sphère métallique. Si les propos de Julien Maury s’avèrent donc plutôt anecdotiques bien que passionnés, ceux de Guy Astic méritent l’attention des cinéphiles et des passionnés du genre.

Le supplément suivant est un document d’archives, avec son image vidéo typique de l’époque. Invités sur le plateau d’une émission réalisée pour une chaîne de télévision en Floride, le réalisateur, scénariste, monteur et producteur Don Coscarelli et le comédien Angus Scrimm répondent aux questions de l’animateur George Capwell (28’). Alors que Phantasm vient tout juste de sortir dans les salles, les deux intervenants réalisent la promotion du film. Le réalisateur aborde la genèse du projet, les conditions de production et de tournage (Coscarelli a été obligé d’emprunter de l’argent à son père), son amour pour les films d’horreur, comment le film a ensuite été acheté, les origines du titre. De son côté, en mode Tall Man, Angus Scrimm raconte l’histoire à sa manière, ses débuts au théâtre et au cinéma, mais aussi comment il a créé son personnage grâce à son costume (plus large que sa morphologie), des chaussures compensées, le maquillage et sa voix.

Angus Scrimm est de retour dans le bonus suivant dans lequel le comédien intervient à la convention Fangoria en 1989, un an après la sortie de Phantasm 2 (10’). A la manière de Gollum qui discute avec Sméagol, Angus Scrimm laisse parfois le Tall Man prendre le dessus, quand il ne dialogue tout simplement pas avec lui-même, pour le plus grand plaisir des spectateurs hilares. Entre deux délires très réussis, Angus Scrimm s’exprime sur ce rôle, celui de sa vie et s’amuse du peu de dialogues qu’il possède dans les deux films. Par ailleurs, il reprend chaque réplique déclamée sur le ton de son personnage, cinq pour Phantasm et dix pour sa suite. Booooooooy ????!!!!

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale et une galerie de photos.

Dommage de ne pas retrouver les commentaires audio du réalisateur accompagné de ses acteurs d’un côté et des producteurs de l’autre, les scènes coupées et le module sur les effets spéciaux pourtant présents sur l’édition américaine. Mais ce serait faire la fine bouche, car notre édition est vraiment formidable.

Egalement au programme mais non reçu pour ce test, vous trouverez un livret de Marc Toullec intitulé « Au coeur du Phantasm », réalisé à l’occasion de cette édition.

L’Image et le son

ESC Editions / Sidonis Calysta nous livre la tant attendue nouvelle copie tirée d’un master restauré en 4K par Bad Robot, la société de production de J.J. Abrams. Alors, si les puristes risquent de tiquer devant le lissage parfois excessif du grain original, force est de constater que Phantasm renaît bel et bien de ses cendres ! Totalement invisible en France depuis une vingtaine d’années, le film de Don Coscarelli bénéficie enfin d’une édition digne de ce nom. La propreté du master est ébouriffante. Toutes les scories, poussières, griffures ont été purement et simplement éradiquées grâce au scalpel numérique. Ce Blu-ray au format 1080p (AVC) s’avère tout autant saisissant dans son rendu des scènes diurnes que pour les séquences sombres, l’image est souvent éclatante avec un piqué inédit, une profondeur de champ impressionnante et un relief des textures que nous n’attendions pas. Les couleurs retrouvent une deuxième jeunesse, à tel point que l’on pourrait même distinguer le maquillage outrancier du Tall Man. Hormis le manque de patine argentique sur certains plans qui pourrait parfois donner un côté artificiel à l’entreprise (même si on a déjà vu bien pire dans le genre), l’élévation HD pour Phantasm est indispensable et le lifting de premier ordre.

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition enivrante de Fred Myrow et Malcolm Seagrave d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’atmosphère du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique. Les fans de la version française devront se contenter d’une piste mono DTS-HD Master Audio. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement grinçants. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © ESC Editions / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, réalisé par J.A. Bayona

QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT (A Monster Calls) réalisé par J.A. Bayona, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Ben Moor, James Melville

Scénario : Patrick Ness, d’après son roman « Quelques minutes après minuit » (A Monster Calls)

Photographie : Oscar Faura

Musique : Fernando Velázquez

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

Juan Antonio García Bayona est un génie et le mot n’est pas galvaudé. Ces dix dernières années, moult réalisateurs ont été qualifiés de « nouveau Spielberg », notamment Jeff Nichols, mais s’il y a bien un cinéaste, qui allie à la fois le coeur, l’âme et la virtuosité comme l’auteur d’E.T. l’extra-terrestre, c’est bel et bien le cinéaste et scénariste espagnol né en 1975 à Barcelone. Lauréat du Goya du meilleur nouveau réalisateur en 2008 pour son premier film, le chef d’oeuvre L’OrphelinatL’Orfanato, J.A. Bayona a ensuite confirmé avec son second long métrage The Impossible, pour lequel il bénéficiait des stars Naomi Watts et Ewan McGregor comme têtes d’affiche. Avec A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, le réalisateur clôt une trilogie sur le rapport mère-fils avec des personnages pris dans une situation anxiogène et sur lesquels plane l’ombre de la mort.

Conor, 13 ans, souffre beaucoup de voir sa mère affaiblie par le cancer. Alors que celle-ci vient de commencer un nouveau traitement, l’adolescent redoute la nuit et ses cauchemars. Harcelé à l’école, délaissé par un père absent et habitant aux Etats-Unis, il subit également l’autorité de sa grand-mère. A minuit sept, un monstre, qui a l’apparence d’un if gigantesque, vient le voir. Grâce au monstre, Conor gagne en maturité, apprend le courage, à dépasser son chagrin et à affronter la cruelle vérité. A l’origine, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit est un roman inachevé de l’auteure britannique Siobhan Dowd, décédée des suites d’un cancer en 2007. L’écrivain anglo-américain Patrick Ness, spécialisé dans la littérature pour enfants, s’est vu proposer de reprendre cette histoire. C’est d’ailleurs ce dernier qui adapte le récit pour le cinéma. Porté par un casting exceptionnel, de Sigourney Weaver (la classe absolue) en passant par Felicity Jones (sublime), Toby Kebbell, Liam Neeson, qui prête non seulement sa voix au monstre, mais également sa prestation physique grâce à la motion-capture, sans oublier la performance de la grande révélation du film, le jeune Lewis MacDougall, vu dans Pan de Joe Wright dans lequel il interprétait le personnage de Nibs, le troisième film de J.A. Bayona subjugue par sa beauté plastique et foudroie par son ouragan d’émotions.

Comment rester de marbre devant cette histoire universelle magnifiquement interprétée, réalisée, écrite, photographiée et narrée ? Le deuil est personnel, unique, propre à chaque individu. De quelle façon aborder ce sujet à travers les yeux d’un enfant qui n’est pas encore entré dans le monde adulte ? Grâce à la force et au pouvoir de l’imagination, du conte, de l’animation, du dessin, de la création. A Monster Calls – Quelques minutes après minuit use du fantastique pour faire avancer Conor lancé malgré lui dans son premier parcours initiatique. Refusant de voir la vérité en face, il préfère convoquer indirectement un monstre-arbre grâce à la pointe de son fusain. Débarquant un soir de la colline voisine sur laquelle il surplombe le cimetière d’une petite ville, cet if géant entreprend de lui raconter trois contes (superbe animation) afin de l’aider à affronter la réalité, la vérité, sa propre vérité : accepter de laisser partir sa mère, tout en disant adieu au monde innocent de l’enfance.

Avec ce drame intimiste sur la transmission, J.A. Bayona touche au sublime. Pudique et extrêmement délicat, complexe et psychologique, passionnant, envoûtant et déchirant, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit fait oublier la semi-déception du Bon Gros Géant de Steven Spielberg en 2016 avec lequel il partage beaucoup d’éléments – décidément les deux metteurs en scène sont liés – et s’inscrit directement parmi les plus grandes réussites de ces quinze dernières années. Le final, bouleversant, vous fera pleurer toutes les larmes de votre corps et s’inscrira définitivement dans vos mémoires. Reste à espérer que le talent de J.A. Bayona ne soit pas trop parasité par Hollywood, puisque le cinéaste espagnol prépare actuellement Jurassic World 2 !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Quelques minutes après minuit, disponible chez Metropolitan Vidéo et rebaptisé A Monster Calls – Quelques minutes après minuit pour sa sortie dans les bacs, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobrement animé et musical.

La section des suppléments s’ouvre sur un formidable commentaire audio du réalisateur J.A. Bayona, disponible en espagnol sous-titré en français. Pendant près de deux heures, le cinéaste aborde à la fois le fond et la forme de son œuvre, sans aucun temps mort. Malin, J.A. Bayona donne de nombreuses indications pour aider les spectateurs à mieux comprendre son film, tout en dissimulant quelques éléments afin de laisser leur imagination faire le reste. Le casting, le livre original et son adaptation par Patrick Ness lui-même, la mise en scène, les thèmes, les partis pris, le travail de Liam Neeson en motion-capture, les effets visuels, l’animation, la psychologie des personnages, la photo, la musique, tout y est posément analysé. Un commentaire indispensable.

Dommage que l’éditeur n’ait pas sous-titré le commentaire du scénariste et écrivain Patrick Ness ! Réservé uniquement aux plus anglophiles.

S’ensuivent diverses séquences coupées (6’), très réussies, mais qui s’avèrent sans doute redondantes ou inutiles au récit. C’est le cas de la scène de Connor et de son père qui partent de la fête foraine sous un ciel gris, ou bien celle de la grand-mère encore sous le choc après avoir découvert sa maison saccagée par Connor, et qui ne lui adresse plus la parole en l’emmenant à l’école. La plus belle scène laissée sur le banc de montage demeure celle de Connor avec sa mère, qui préparent le petit-déjeuner, avant que celle-ci lui indique sa grand-mère viendra habiter chez eux quelques jours.

L’éditeur joint également un making of traditionnel – en fait plusieurs featurettes mises bout à bout – composé de nombreuses images du tournage et d’interviews de toute l’équipe (20’). Nous en avions déjà appris beaucoup en écoutant le commentaire audio de J.A. Bayona et ce documentaire met ces propos en images.

Dans l’atelier des effets spéciaux et de la capture de mouvements, les animatroniques et les maquettes sont dévoilés, tandis que les comédiens, le scénariste, les producteurs et le cinéaste présentent le film et ses enjeux.

Avant de terminer par des liens internet et un lot de bandes-annonces, n’oubliez pas de visionner le module intitulé Le Dessous des contes (8’), un remarquable montage qui dissèque les différentes phases de l’animation créée par les studios GlassWorks, afin d’illustrer les contes narrés à Conor par le Monstre.

L’Image et le son

Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur surdoué Oscar Faura, à qui l’on doit les images des précédents films de J.A. Bayona. Quant aux séquences réalisées en animation, elles sont tout simplement stupéfiantes et élèvent cette édition HD au rang de disque de démonstration. Nous l’avons déjà dit, mais nous le répétons, Métropolitan Vidéo demeure sur la première marche des éditeurs français.

Les versions française et anglaise sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale (la voix de Liam Neeson en particulier), les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches (les grincements et craquements des branches de l’arbre), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle habilement à l’ensemble, notamment quand le géant se déplace. Un grand spectacle acoustique !

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Neruda, réalisé par Pablo Larraín

NERUDA réalisé par Pablo Larraín, disponible en DVD et Blu-ray le 31 mai 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Luis Gnecco, Gael García Bernal, Mercedes Morán, Diego Muñoz, Pablo Derqui, Jaime Vadell

Scénario : Guillermo Calderón

Photographie : Sergio Armstrong

Musique : Federico Jusid

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire.

Sélectionné pour représenter le Chili dans la course à l’Oscar du Meilleur film étranger en 2017, Neruda confirme le talent et la singularité de son réalisateur Pablo Larraín. Le metteur en scène de Tony Manero (2008), Santiago 73, post mortem (2010), No (2012) et El Club (2015) se penche cette fois sur la figure de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes Basoalto, poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien plus connu sous son nom de plume Pablo Neruda (1904-1973), Prix Nobel de littérature en 1971. Toutefois, le cinéaste ne signe pas un biopic, mais ce qu’on pourrait appeler un « anti-biopic », une évocation par la fiction d’un épisode de la vie de Neruda. Un acte « cinématographique » par excellence puisqu’il s’agit de la fuite du poète, durant laquelle son poème emblématique et épique de 15 000 vers, Canto General, verra le jour.

Présenté au 69e Festival de Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs, Neruda n’a pas la prétention de brosser le portrait « réaliste » de l’écrivain puisque selon le réalisateur le défi serait impossible à relever en raison de la démesure du personnage. Le scénario de Guillermo Calderón (Violeta) est sans cesse inventif et s’inspire de la véritable histoire, mais parvient à s’inscrire dans le film de genre, notamment le film d’espionnage. Si Neruda s’avère le personnage principal, parfois montré sous son aspect calculateur, égocentrique et bon vivant, sans oublier ses escapades dans les bordels, celui qui retient également l’attention est celui campé par un excellent Gael García Bernal. Cinq ans après No, le comédien retrouve Pablo Larraín pour un de ses meilleurs rôles, celui d’Óscar Peluchonneau, le policier lancé aux trousses de Neruda. A l’instar d’un récit à la Spike Jonze mâtiné de Paolo Sorrentino, Pablo Larraín fait prendre conscience à Peluchonneau, qu’il n’est certes qu’un personnage secondaire dans l’histoire, mais qu’il a enfin l’occasion de briller dans cette traque, que Neruda n’hésite pas à mettre en scène afin de la rendre «sauvage», pour passer peut-être au premier plan. Peluchonneau devient un personnage tout droit tiré d’un film noir américain avec ses costumes tirés à quatre épingles, filmé à contre-jour, sa voix-off omniprésente et son appartement rempli d’affiches de cinéma.

De son côté, Neruda, brillamment campé par Luis Gnecco, s’amuse presque de cette situation en laissant même quelques indices derrière lui pour l’inspecteur Peluchonneau, en l’occurrence quelques romans policiers – dont Neruda était réellement friand – sur lesquels il laisse une petite dédicace. Si Peluchonneau peut enfin briller, il ne demeure pas dupe sur le fait que Neruda tire lui-même les ficelles pour ainsi nourrir sa propre légende. Et si le film n’était en réalité qu’une pure invention et raconté par Neruda lui-même ?

Le contexte politique et social est bel et bien présent, mais Pablo Larraín fait preuve d’ironie et d’humour noir pour narrer cette partie importante de la vie de Neruda. Ludique et inventif, le film est également un superbe objet cinématographique. Le décalage se fait à travers la sublime et sophistiquée photographie rosée du chef opérateur Sergio Armstrong, collaborateur fidèle de Pablo Larraín, qui magnifie les nombreux décors naturels. Neruda est également un road movie, avec des personnages insaisissables, en mouvement, perdus sur des pistes sans cesse brouillées, conscients de leur propre figure romanesque. Par ailleurs, les séquences tournées en voiture ou à moto sur fond de transparences visibles, renvoient à cette idée de fiction, Pablo Larraín appuyant le côté artificiel de son faux biopic inspiré de faits réels.

Oeuvre follement ambitieuse, Neruda subjugue du début à la fin. Le fond incroyablement intelligent, riche, vertigineux et abyssal et la forme virtuose d’une beauté à couper le souffle, font de ce film un vrai chaînon manquant entre le cinéma et la poésie. Neruda est inclassable et un incontournable de l’année 2017 au cinéma.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Neruda, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Passons rapidement sur les six premiers segments qui s’avèrent en réalité six mini-featurettes d’une minute en moyenne. Ces petits documents donnent rapidement la parole au scénariste, au réalisateur, aux producteurs, aux comédiens, qui présentent les personnages et l’histoire du film. Quelques images de tournage glanées ici et là sont essentiellement reprises du making of.

Le making of susmentionné (38’) compile donc tous les éléments précédents, mais en version longue et donc le supplément s’avère beaucoup plus intéressant, notamment les propos du réalisateur Pablo Larraín. Nous retrouvons les mêmes intervenants que dans les premiers bonus. De nouvelles images de tournage viennent illustrer ces propos souvent passionnants sur les intentions du réalisateur (un voyage à travers l’illusion), les partis-pris esthétiques (des vieux objectifs placés sur des caméras HD), la représentation de Neruda à l’écran, la reconstitution des années 1940, les aléas suite aux intempéries (fortes chutes de neige et pluie abondante), sans oublier un petit tour du côté des costumes et des véhicules.

Avant de conclure sur la bande-annonce en version française et les credits du disque, Wild Side livre également un entretien avec Alain Sicard, professeur émérite de littérature hispano-américaine à l’université de Poitiers (31’). Ce dernier raconte sa rencontre avec Pablo Neruda en 1965 (il se souvient être allé voir Goldfinger au cinéma avec lui et sa femme), qui allait devenir son ami, mais avec lequel il n’a jamais parlé de son œuvre ni même de littérature. Avant le mythe, Alain Sicard dresse avant tout le portrait de l’homme, tout en parlant de ses engagements politiques. Puis notre interlocuteur en vient au film qui nous intéresse et n’hésite pas à se montrer critique envers certains partis pris, tout en reprochant à Pablo Larraín de ne pas être empathique envers son personnage et de trop verser dans le grotesque. Alain Sicard défend plus la représentation faite par Michael Radford dans son film Le FacteurIl Postino (1994), dans lequel Philippe Noiret interprétait le poète aux côtés de Massimo Troisi.

L’Image et le son

Wild Side prend soin du film de Pablo Larraín et livre un master HD irréprochable au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques originales, la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes rosées et froides, le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, la colorimétrie est joliment laquée, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Un service après-vente remarquable.

Neruda n’est pas vraiment le film avec lequel vous pourrez épater la galerie et faire une démonstration de gros son. Les versions française et espagnole sont certes proposées en DTS HD Master Audio 5.1, mais les latérales ne servent réellement qu’à instaurer quelques ambiances naturelles et à spatialiser la musique du compositeur Federico Jusid. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.

Crédits images : © Wild Bunch / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Clan des irréductibles, réalisé par Paul Newman

LE CLAN DES IRREDUCTIBLES (Sometimes a Great Notion) réalisé par Paul Newman, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 2 mai 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Paul Newman, Henry Fonda, Lee Remick, Michael Sarrazin, Richard Jaeckel, Linda Lawson

Scénario : John Gay d’après le roman « Sometimes a Great Notion » de Ken Kesey

Photographie : Richard Moore

Musique : Henry Mancini

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Les Stamper sont une famille de bûcherons vivant dans une petite ville de l’Oregon. Le village est en faillite et les autres bûcherons entrent en grève. Mais Hank Stamper pousse sa famille à poursuivre le travail, ce qui provoque l’animosité des autres…

En 1971, Paul Newman signe Le Clan des irréductibles, son deuxième long métrage en tant que metteur en scène après Rachel, Rachel (1968) et avant le merveilleux De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites (1972). Bien que le cinéaste l’ait ensuite renié après avoir remplacé Richard A. Colla qui avait commencé à réaliser le film, mais qui s’est désisté en plein tournage en raison de divergences artistiques avec l’acteur principal, Sometimes a Great Notion s’avère une véritable pépite cachée au sein de la filmographie déjà impressionnante de Paul Newman, également producteur avec son associé John Foreman.

Ce film magnifique est l’adaptation du livre engagé et militant de Ken Kesey, l’auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou. En mettant sa mise en scène au service de l’histoire et des comédiens, sans effets ostentatoires, Paul Newman réalise un très grand film mélancolique marqué par ses thèmes de prédilection, la jeunesse perdue, les idéaux qui se sont envolés, les rapports père/fils, le quotidien social tourmenté et la solitude d’une famille tout en dressant un constat amer social, économique et politique de l’entrée des Etats-Unis dans les années 70 après la guerre du Vietnam. Reposant sur un casting quatre étoiles (et aux yeux bleus), dont le cinéaste lui-même, Henry Fonda, Lee Remick, Richard Jaeckel, Michael Sarrazin, Le Clan des irréductibles démontre une fois de plus le grand directeur d’acteurs qu’était Paul Newman. Entre sensibilité à fleur de peau et bouillonnements intérieurs, le récit dévoile la richesse des personnages, leurs tourments, leurs secrets, à travers des non-dits, des regards, des conversations avortées. Mais Le Clan des irréductibles subjugue également par son ton quasi-documentaire du quotidien d’une famille de bûcherons sur le chantier d’abattage (ou symboles d’une Amérique qui s’effondre), de 4h30 du matin jusqu’à la tombée de la nuit.

Au milieu des immenses forêts de l’Oregon, les Stamper, bûcherons de père en fils, possèdent une entreprise indépendante d’abattage de bois. Henry (Henry Fonda), le chef de famille, décide, avec son fils Hank (Paul Newman) et son gendre Joe Ben (Richard Jaeckel, nommé à juste titre pour l’Oscar du meilleur second rôle masculin), de ne pas s’associer au mouvement de grève lancé par les bûcherons syndiqués de la ville de Wakonda pour défendre leur activité contre l’arrivée d’un conglomérat. Les Stamper se heurtent alors à l’hostilité de la population alentour. Lorsque Leeland (Michael Sarrazin, découvert dans On achève bien les chevaux), le second fils d’Henry, débarque dans la demeure familiale après dix ans d’absence (une séquence qui fait écho à l’ouverture du premier Rambo), il admet difficilement cette situation, d’autant plus que sa présence fait remonter à la surface de pénibles souvenirs familiaux. De son côté, Viv (Lee Remick, magnétique), la femme de Hank et sensible au charme de Leeland, supporte de plus en plus mal la domination brutale des hommes de la maison et pense peut-être quitter la maison. Malgré les épreuves et les menaces, les liens du clan Stamper se resserrent à travers la lutte qui l’oppose aux grévistes.

Paul Newman plonge ses personnages – qu’il ne ménage pas et qui n’inspirent pas forcément la sympathie – au milieu de paysages sublimes, les montre en plein travail à travers une mise en scène sans cesse inspirée, délicate, caressante. Soutenu par la magnifique photographie du chef opérateur Richard Moore (Virages), le metteur en scène instaure un spleen qui lui est propre et qui prendra tout son essor dans De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. Il y a du John Ford chez Paul Newman – on pense alors à Qu’elle était verte ma vallée ou bien encore aux Raisins de la colère avec Henry Fonda qui fait le lien – qui montre également la violence et les risques du métier de manière frontale, à l’instar de cette séquence hallucinante où un arbre se fend et entraîne avec lui Henry et Joe Ben. Quand ce dernier, probablement empalé sur un tronc flottant, se retrouve à la merci de la montée des eaux et que Hank tente de l’en sortir, le suspense est à son comble. Cette scène très difficile est déconseillée aux âmes sensibles. Un extraordinaire moment de mise en scène et d’émotions. On se dit d’ailleurs que c’est peut-être une des plus grandes séquences dramatiques jamais tournées.

Sur la superbe composition d’Henry Mancini, la beauté et la violence des dialogues, ce diamant brut, pudique, psychologique, brutal, complexe et pourtant non dépourvu d’humour cynique et d’espoir, qui s’impose de minute en minute, de scène en scène, est à redécouvrir de toute urgence.

LE BLU-RAY

Le Clan des irréductibles est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

En guise de suppléments, outre une galerie de photos, un lot de bandes-annonces et les credits du Blu-ray, Elephant Films convoque Sophie Serbinide, journaliste à SFR Sport, ainsi que son confrère Charles Alf Lafon de So Film. Dans ces entretiens croisés, les deux journalistes proposent un portrait de Paul Newman (15’). L’homme engagé, le mari, le père, l’acteur, le réalisateur, le sportif, toutes ces facettes sont abordées en un petit quart d’heure plutôt plaisant qui donne envie de se refaire une petite rétrospective consacrée à ce monstre hollywoodien.

L’Image et le son

Que dire si ce n’est que nous nous trouvons devant une remarquable restauration du film de Paul Newman. On oublie rapidement les deux ou plans plus flous ou grumeleux, car dès la première séquence, le master HD du Clan des irréductibles en met plein la vue et permet d’apprécier la sensationnelle photographie du chef opérateur Richard Moore ainsi que les extraordinaires paysages naturels de l’Oregon. Le piqué est constamment ciselé, la texture du grain toujours palpable, la luminosité chronique (mention spéciale aux scènes d’abattage) et les détails omniprésents aux quatre coins du cadre large. Les contrastes affichent également une solidité à toutes épreuves sur les scènes nocturnes et diurnes, le relief est indéniable, la colorimétrie est chatoyante et la profondeur de champ impressionnante. Un lifting de très grande classe.

Le Clan des irréductibles est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française se focalise souvent sur les voix au détriment des ambiances environnantes, même si le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr