Test 4K Ultra-HD / Rambo, réalisé par Ted Kotcheff

RAMBO (First Blood) réalisé par Ted Kotcheff, disponible en Coffret Trilogie (4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook) le 14 novembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy, David Caruso, Jack Starrett, Bill McKinney, Michael Talbott…

Scénario : Michael Kozoll, William Sackheim, Sylvester Stallone d’après le roman Le Premier sang – First Blood de David Morrell

Photographie : Andrew Laszlo

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

John Rambo est un héros de la Guerre du Vietnam errant de ville en ville à la recherche de ses anciens compagnons d’armes. Alors qu’il s’apprête à traverser une petite bourgade pour s’y restaurer, le Shérif Will Teasle l’arrête pour vagabondage. Emprisonné et maltraité par des policiers abusifs, Rambo devient fou furieux et s’enfuit dans les bois après avoir blessé de nombreux agents. Traqué comme une bête, l’ex-soldat est contraint de tuer un policier en légitime défense. Dès lors, la police locale et la garde nationale déploient des moyens considérables pour retrouver le fugitif. Le Colonel Trautman, son mentor, intervient et essaie de dissuader les deux camps de s’entre-tuer pendant que Rambo, acculé et blessé, rentre en guerre contre les autorités.

Welcome to Hope !

Après Rocky, Rambo est bien évidemment le second personnage mythique interprété par Sylvester Stallone. Intitulé First Blood en version originale (ou le premier sang versé causé par celui qui ouvre les hostilités), Rambo dans nos contrées et Rambo : Le Dévastateur chez nos amis du Québec, est un grand classique et même un chef d’oeuvre absolu du cinéma américain des années 1980. Au-delà de son importance historique de par son sujet abordé des anciens soldats revenus du Vietnam et affrontant la haine de leurs concitoyens, Rambo, produit par Mario Kassar et Andrew G. Vajna, est également le film matriciel de tout le cinéma d’action qui allait envahir les salles du monde entier en faisant d’Arnold Schwarzenegger, Jean-Claude Van Damme et consorts les plus grandes stars de la décennie. Si la réputation du premier opus a pâti d’un second épisode nawak et parfaite antithèse du premier volet, Rambo est aujourd’hui considéré à l’unanimité comme une référence et n’a pas à rougir d’être cité aux côtés d’oeuvres emblématiques comme Voyage au bout de l’enfer, Taxi Driver, Platoon sans oublier le méconnu et pourtant précurseur Les Visiteurs d’Elia Kazan (1972). Alors en attendant de découvrir cette année le cinquième et dernier combat de John Rambo intitulé Last Blood, il est toujours bon de réviser ses classiques.

John Rambo, un ancien Béret vert et héros de la guerre du Vietnam, erre sans but de ville en ville depuis son retour aux Etats-Unis. En voulant rendre visite au dernier de ses anciens compagnons d’armes encore en vie, il apprend la mort de celui-ci des suites d’un cancer. Reprenant sa route, il arrive dans une petite ville d’une région montagneuse, afin de s’y restaurer. Mais le shérif de la ville, Will Teasle, prétextant ne pas vouloir de vagabonds dans sa ville, le raccompagne à la sortie de l’agglomération. Ulcéré, Rambo tente de faire demi-tour, mais il est alors arrêté sans ménagement par le shérif. Jeté en prison pour vagabondage et refus d’obtempérer, il est maltraité par un des policiers, Galt, qui le prend en grippe dès son arrivée. Rambo se révolte et, après une violente bagarre, s’enfuit du commissariat au guidon d’une motocyclette volée. Après avoir semé le shérif Teasle lors de sa dangereuse course-poursuite en voiture, Rambo se réfugie dans les bois qui garnissent la montagne. Traqué comme un animal par le shérif qui a rameuté ses troupes, Rambo est contraint à la défensive. Usant ensuite de son expérience des ruses de guerre, de la guérilla et des pièges acquise dans la jungle vietnamienne, il neutralise un à un les subordonnés de Teasle lancés à sa poursuite. Ignorant la menace, Teasle, après être revenu en ville, fait appel à la Garde nationale. Des moyens considérables sont alors déployés pour retrouver le fugitif. Le colonel Samuel Trautman, ancien mentor de Rambo, arrive sur les lieux et intervient pour convaincre Teasle d’abandonner un combat perdu d’avance : face au soldat surentraîné, ils n’auraient aucune chance.

Rambo est adapté du roman de David Morrell, Le Premier sang, publié en 1972, l’un des premiers ouvrages consacrés à la difficile réinsertion des vétérans ayant quitté l’Amérique de JFK sûrs de leur bon droit, pour retrouver une Amérique hippie et moralisatrice qui formulait de sévères critiques à leur encontre. Les sujets alors tabous de la dénonciation des horreurs de la guerre et surtout des troubles de stress post-traumatique sont également au centre de l’ouvrage. Projet passé dans les mains de réalisateurs frileux préférant repasser le scénario à un confrère et des acteurs de renom (Dustin Hoffman, Al Pacino, Steve McQueen, Clint Eastwood, Nick Nolte, Jeff Bridges, Robert De Niro, Michael Douglas, Terence Hill) refusant poliment, le script de Rambo est envoyé par Ted Kotcheff, finalement retenu, à Sylvester Stallone.

Révélé au monde entier avec Rocky en 1976, notre ami Sly est tout de suite passé à la mise en scène avec l’attachant La Taverne de l’enferParadise Alley, qui s’est soldé par un échec. Rocky II était déjà sur les rails, ce qui le maintenait à flot au box-office. Les Faucons de la nuitNighthawks de Bruce Malmuth et A nous la victoire de John Huston se ramassent également dans les salles. Pas de problème, Sly nous sort un Rocky III au triomphe international. Et c’est alors que Rambo arrive dans la vie du comédien. Derrière la caméra, le canadien Ted Kotcheff hérite donc du bébé. Essentiellement connu pour le frappadingue Réveil dans la terreurWake in fright (1971), ainsi que les excellentes comédies caustiques Touche pas à mon gazon (1977) et La Grande cuisine (1978), le réalisateur signera ici son film le plus célèbre. Quant à Sylvester Stallone, ce rôle, pour lequel il a réécrit une bonne partie du scénario original (dans lequel Rambo était décrit comme un vrai psychopathe et qui tuait sans aucun recul) afin de mieux se l’approprier, lui permet de livrer l’une de ses plus grandes prestations dramatiques.

John J. Rambo est un personnage éminemment tragique. Un jeune soldat transformé en machine à tuer, un monstre, un chien enragé qui se retrouve abandonné par ses « maîtres » une fois sa mission terminée. Le retour à la vie « normale » est donc difficile, voire impossible malgré les apparences. Les regards furieux dirigés contre lui en disent long sur la frustration des américains quant à leur défaite au Vietnam. Rambo est devenu le punching-ball idéal contre lequel les Etats-Unis vont s’acharner afin de mieux oublier l’issue de cette guerre. Les tortures et humiliations subies par le personnage principal apparaissent sous forme de flashbacks, des réminiscences plutôt, de façon sèche et quasi-subliminale, qui reflètent instantanément la psyché perturbée de Rambo. Stallone a donc réussi à faire passer son personnage du côté des victimes de l’armée, de la politique et de la société, plutôt que d’en faire un monstre décérébré ou un Terminator humain.

Le comédien n’est pas seul en piste dans ce premier volet et se voit solidement épaulé par le grand – au sens propre comme au figuré – Brian Dennehy, véritablement flippant dans le rôle du shérif Teasle, lui-même ancien de la Guerre de Corée, alors quasi-oubliée de la conscience collective et qui voit en Rambo un moyen cathartique de se livrer une violence jusqu’alors contenue. Quant au rôle du célèbre Colonel Trautman, un temps envisagé pour Kirk Douglas, Lee Marvin ou Gene Hackman, c’est finalement Richard Crenna qui l’endosse et qu’il reprendra dans les deux films suivants et pour ainsi dire dans le cultissime Hot Shots 2. Un certain David Caruso (sans ses lunettes de soleil, mais déjà roux) apparaît également dans l’un de ses premiers rôles au cinéma.

Tourné dans les magnifiques paysages sauvages de la province de Colombie-Britannique, Rambo combine à la fois le drame psychologique et le survival, le thriller et le film de guerre. Véritablement investi, Sylvester Stallone, pas encore bodybuildé à l’extrême parvient à rendre extrêmement fragile son personnage, créant immédiatement l’empathie pour cet être ravagé de l’intérieur, qui souhaite trouver le repos ou une main tendue qu’on lui refuse. Dans le premier montage livré aux spectateurs lors d’une projection-test, Rambo parvenait à détourner l’attention de Trautman pour que ce dernier l’assassine. Devant ce rejet unanime, le final est retourné, celui où Rambo est finalement se rend aux autorités (sur la sublime musique de Jerry Goldsmith) après s’être écroulé en pleurs dans les bras de celui qui a fait de lui ce qu’il est devenu.

Contre toute attente, y compris Sylvester Stallone qui ne croyait pas au personnage durant une bonne partie du tournage, Rambo est un succès dans le monde entier. Tourné pour un budget de 15 millions de dollars, le film en rapporte près de 50 millions sur le sol américain, 80 à l’étranger et attire plus de 3 millions de français dans les salles. Mais ce hit ne sera rien comparé à celui de Rambo II – La MissionFirst Blood Part 2…(à suivre)

LE 4K UHD

Studiocanal regroupe les trois premiers opus de la saga Rambo dans un boîtier Steelbook. Cette édition se compose des Blu-ray 4K empilés sur le côté gauche du coffret et des Blu-ray traditionnels empilés sur la droite. Certains apprécieront, la plupart regretteront ce choix qui abîme les galettes. Autrefois apparu sous la forme d’une boîte de rationnement militaire ou même sous la forme d’une grenade, le coffret présenté ici est plus sobre, aux reflets verdâtres-argentés. Les seuls suppléments disponibles sur les disques UHD sont les commentaires audio, tout le reste est disposé sur les Blu-ray standard. Le menu principal est animé et musical.

Rambo dispose de deux commentaires audio, disponible en version originale sous-titrée en français. Le premier est réalisé par l’auteur David Morrell, déjà disponible auparavant. Un excellent supplément, clair, net, précis, sans aucun temps mort, dans lequel David Morrell revient notamment sur la genèse de son roman, mais aussi sur les différences entre le film et son best-seller. Le tout parsemé d’anecdotes sur le tournage.

Le second commentaire est évidemment indispensable pour tous les fans puisque mister Sylvester Stallone prend le micro durant 1h30 pour évoquer TOUT ce qui concerne Rambo, la genèse (Sly ne voulait pas le faire, trouvant l’idée du film très mauvaise et le personnage repoussant), le tournage, sa préparation pour le rôle, mais aussi ses doutes, la réécriture du scénario, les conditions des prises de vue (marquées par des températures glaciales), la psychologie du personnage, les accessoires, le casting, les scènes coupées au montage, ses nombreuses blessures (« Les urgences en avaient marre de me voir tous les jours ! »), sa condition physique et le phénomène mondial qui allait être amplifié avec la sortie du deuxième épisode. Etrangement, Sylvester Stallone parle très peu de la mise en scène et de sa collaboration avec Ted Kotcheff. Mais le comédien considère Rambo comme le meilleur film d’action de sa carrière, raison pour laquelle il a voulu enregistrer ce commentaire audio assez exceptionnel.

Divisé en trois parties, l’acte I du nouveau documentaire intitulé Rambo, symbole des années 80 (18’) donne la parole à l’écrivain David Morrell, aux monteurs Adam Woodward et Joe Mackertich, au comédien Chris Murkey, au réalisateur Peter Macdonald (Rambo III), ainsi qu’à d’autres intervenants (des critiques notamment), qui replacent Rambo dans son contexte cinématographique, mais également historique et politique, ainsi que dans la carrière de Sylvester Stallone. Quelques arguments font écho avec ce qui a déjà pu être entendu dans les deux commentaires audio précédents, mais les propos tenus ici sont souvent passionnants.

Repris des éditions précédentes, le making of Avant que le sang ne coule (22’30) réalisé pour le vingtième anniversaire de Rambo, est composé d’interviews des comédiens, de David Morrell et des producteurs qui reprennent plus ou moins les mêmes anecdotes et souvenirs de tournage déjà racontés précédemment. Ce qui n’empêche pas ce documentaire d’être très bon.

Vous découvrirez ensuite la fameuse fin rejetée par les premiers spectateurs, celle où Rambo parvient à détourner l’attention de Trautman, pour que celui-ci lui tire dessus. « Vous m’avez créé, vous devez me tuer ». Curieux de voir le personnage s’écrouler et mourir à l’écran et surtout de constater que Trautman n’a finalement aucun remords en voyant Rambo décéder à ses pieds (2’).

La séquence inédite suivante (1’) reprend plus ou moins la précédente, mais Trautman refuse cette fois de pointer son arme sur Rambo. Cette séquence se termine par une petite blague de Sylvester Stallone qui fait rire l’équipe et son partenaire.

La scène coupée (2’30) évoquée lors des commentaires audio, se déroule après que Rambo ait tué le sanglier. Prenant un peu de repos à côté de son feu de camp, le personnage se remémore soudain sa rencontre avec une prostituée vietnamienne, une passion éphémère dans un bar, avant de retourner au combat.

L’éditeur propose ensuite un comparatif avant/après la restauration (1’30).

Place à un documentaire déjà vu sur les anciennes éditions, intitulé Le vrai Vietnam par ceux qui l’ont vécu (27′). Une archive qui combine les interviews de militaires (anciens officiers des renseignements de l’armée américaine, soldats) et de militants pour la paix, avec des images et photos hallucinantes du vrai conflit.

Si Rambo vous a donné envie de vous enrôler chez les Bérets verts – Green Berets, ne manquez pas La Formation des héros (10’), autrement dit un spot de propagande sur cette entité faisant partie des forces spéciales de l’United States Army (armée de terre américaine).

On termine par une séance de musculation ! Ne riez pas car Franco Columbu, alors âgé de 70 ans en 2011, va vous apprendre à devenir Rambo (14’). Dans sa salle de sport, le coach et docteur en chiropratique et nutrition raconte comment il a entraîné Sylvester Stallone et propose de nous montrer les exercices auxquels s’est plié le comédien au fil du tournage des trois épisodes.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces.

L’Image et le son

Ça va péter mon colonel ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce transfert UHD tient toutes ses promesses. Le négatif original a été scanné en 4K chez Technicolor Hollywood avant d’être pris en charge par l’indispensable laboratoire Eclair pour sa remasterisation. Alors certes, le résultat à l’écran n’est pas aussi flagrant que pour Rambo 2 – La Mission et encore moins que pour Rambo III à qui cette promotion 4K sied le plus, mais toujours est-il que nous n’avions jamais vu le chef d’oeuvre de Ted Kotcheff dans ces conditions. Voilà probablement l’édition Ultime de Rambo. Il serait en effet difficile de faire mieux pour cet opus sans en dénaturer les volontés artistiques originales du chef opérateur Andrew Laszlo (Les Guerriers de la nuit, Massacre dans le train fantôme). L’attente a donc été longue, mais ceux qui auront acheté les différentes éditions de Rambo sur tous les supports l’auront constaté, la qualité allait toujours en s’améliorant. Cette édition 4K Ultra-HD labellisée Dolby Vision HDR 10 est l’apogée. La palette chromatique n’a jamais été aussi suintante avec ses nuances de verts et de bleus, des teintes froides voire glaciales, tandis que les explosions finales n’ont jamais été aussi luminescentes. La propreté de l’image est remarquable, tout comme sa clarté, la gestion du grain argentique et des noirs. Le cadre large est loin d’être avare en détails sur les paysages sauvages avec notamment une profondeur exceptionnelle.

Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Bon, ceux qui auront découvert le film dans la langue de Molière et qui restent attachés au doublage risquent d’être déçus devant le manque d’ampleur de cette option acoustique. Le report des voix est trop léger ou sourd, tout comme la balance frontale. La piste originale est mieux lotie, même si cette fois encore le spectacle ne peut évidemment pas rivaliser avec les standards actuels. C’est dynamique, puissant même, surtout durant le dernier tiers où Rambo fait tout exploser, mais ne vous attendez pas à un fracas de tous les diables. La spatialisation reste dans la moyenne et profite surtout à la composition de l’immense Jerry Goldsmith.

Crédits images : © Studiocanal/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Flash, saison 4

FLASH – SAISON 4, disponible en DVD et Blu-ray  le 28 novembre 2018 chez Warner Bros.

Acteurs : Grant Gustin, Candice Patton, Danielle Panabaker, Carlos Valdes, Tom Cavanagh, Jesse L. Martin, Keiynan Lonsdale, Neil Sandilands, Hartley Sawyer…

Musique : Blake Neely

Durée : 22 épisodes de 43 minutes + 4 épisodes du crossover Crisis on Earth-X (avec Supergirl, Arrow et DC’s Legends of Tomorrow)

Date de sortie initiale : 2017-2018

LA SAISON 4

Après avoir été libéré de la prison dans la Vitesse Pure par ses amis, Barry Allen reprend du service en tant que Flash en combattant les méta-humains. Il s’avère rapidement que son retour a été orchestré par son nouvel adversaire, Clifford DeVoe, qui possède une intelligence qui dépasse l’imagination.

Flash, quatrième ! Après trois saisons menées tambour battant et près de 70 épisodes, la série Flash se devait de placer la barre très haute pour sa fournée 2017-2018. Si cette saison 4 déçoit par le manque d’envergure et de charisme de son bad-guy DeVoe – The Thinker (Neil Sandilands), évoqué durant la saison 3 par Savitar, Flash reste incontestablement au-dessus du lot de toutes les séries DC grâce à ses formidables comédiens, des histoires originales, des personnages très attachants, des effets visuels spectaculaires, un rythme trépidant, des scènes d’action souvent dantesques et un humour bien dosé. Grant Gustin est toujours aussi impérial dans le rôle principal et ne tire jamais la couverture à ses camarades de jeu. D’ailleurs, la « famille » s’agrandit avec l’arrivée d’un nouveau personnage, Ralph Dibny alias Elongated Man, ou l’Homme-élastique, génialement interprété par Hartley Sawyer, véritable révélation. Loin d’Arrow qui à ce moment-là entamait péniblement sa sixième saison et qui ne cesse encore aujourd’hui de racler les fonds de tiroir pour subsister, Flash peut compter sur l’intelligence de vrais scénaristes, qui font la part belle à la fantaisie, tout en comblant les téléspectateurs avides de divertissements colorés et débridés.

Six mois après l’emprisonnement de Barry dans la Vitesse Pure, Wally et Cisco ont repris le flambeau. Ce sont les nouveaux défenseurs de Central City. Après avoir mis hors d’état de nuire Peak-a-Boo, le duo est confronté à Samouroïd, un nouveau super vilain qui lance un ultimatum à l’équipe : il veut détruire la ville si Flash ne lui est pas livré. L’équipe Flash doit trouver un moyen de le libérer de sa prison. Malgré le fait qu’Iris ne voit pas d’un très bon œil le fait de le sortir de la Vitesse Pure en mettant en danger la ville entière de Central City, le jeune scientifique poursuit son idée et va retrouver Caitlin qui désormais travaille comme barman dans un pub malfamé. Elle accepte de l’aider. Après avoir informé Wally et Joe, le duo fait une percée dans le ciel avec un canon de leur fabrication et un Flash apparaît. Barry est ramené au poste de police. Tous ses amis le retrouvent mais il a changé, il a vieilli et porte une barbe et a un comportement étrange : il ne cesse de gribouiller des signes et parle comme un dément. Samouroïd refait son apparition. Comme Barry n’est pas en état de se battre, Wally prend sa place dans le costume de Flash mais il est rapidement battu et blessé à la jambe droite. Iris décide de se livrer au robot ce qui a pour réflexe de sortir Barry de sa catatonie. Il reprend confiance et affronte le robot. Il sauve Iris et retrouve l’équipe à Star Labs.

Le mystérieux inventeur du robot fait son apparition dans son repaire high-tech, il s’agit du Penseur secondé par son assistante, The Mechanic. De son côté, Caitlin doit composer avec son double Killer Frost et parvient petit à petit à l’apprivoiser. Iris, qui dans l’équipe devient pour ainsi dire l’équivalent de Felicity dans Arrow, commence les préparations de son mariage avec Barry, tant attendu par les fans. Quant à Cisco, il se retrouve poursuivi pendant un délai de 24h par Breacher (Danny Trejo lui-même!), le père ultra-protecteur de la sexy Gypsy.

Après une troisième saison plus sombre durant laquelle Barry devait affronter son double maléfique Savitar, les showrunners ont décidé de revenir à une veine plus humoristique et les fonctionnalités du nouveau costume de Barry offrent à cette occasion quelques gags pour le moins inattendus et burlesques. Du coup, le début de la saison 4 peut sembler un poil longuet puisque les épisodes se suivent de façon plus ou moins indépendante, sans réelles connexions, même si le personnage du Penseur apparaît progressivement. Il faut véritablement attendre l’incroyable crossover en quatre parties, se déroulant sur Terre-X, avec respectivement les épisodes 8 de Supergirl-Saison 3, Arrow-Saison 6, Flash-Saison 4 et DC’s Legends of Tomorrow-Saison 3 pour que toute la mécanique se mette en marche. En attendant, nous faisons donc la connaissance de nouveaux méta-humains, « créés » par le Penseur, dans le but de s’approprier leurs pouvoirs, nécessaires dans sa quête finale. C’est le cas de Ralph Dibny. En cherchant parmi les passagers du bus touchés par la matière noire, Barry retrouve le nom de cet ancien policier corrompu devenu détective privé. L’homme est menacé mais s’en sort grâce à son corps devenu élastique à souhait. Dibny trouve refuge à Star-Labs. Barry va alors tenter de le former et de lui montrer ce que la vie de héros implique. L’ancien détective prend souvent les missions à la légère, négligeant les victimes pour arrêter une nouvelle méta-humaine, une descendante des Sioux capable d’animer les statues et mannequins humains.

Pour trouver DeVoe, Harry convoque les hologrammes de trois doubles dimensionnels de lui-même mais ils se révèlent vite incapables de s’entendre et de combiner leurs génies. Et ainsi de suite, de rebondissement en rebondissement avec notamment Iris qui se retrouve momentanément avec les pouvoirs de Barry ou bien ce dernier qui doit faire face à une explosion nucléaire et qui pour cela doit quasiment arrêter le temps grâce à un nouveau pouvoir acquis dans la Vitesse Pure. Un épisode 15 exceptionnel. A noter également la nouvelle participation de Kevin Smith qui réalise l’épisode 17, dans lequel il fait également une apparition dans la peau d’un agent de sécurité muet nommé Bob, aux côtés de son ami Jason Mewes, qui incarne son collègue Jay. Les cinéphiles apprécieront également les références explicites à Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, quand Barry se retrouve face à une armée de clones de DeVoe au moment où il doit s’extraire de l’esprit du Penseur dans l’épisode final. Tout cela sans oublier le charme de Candice Patton et Danielle Panabaker, la folie comique de Tom Cavanagh qui s’en donne à coeur joie, l’ambiguïté de Kim Engelbrecht, la frappadingue Katee Sackhoff (Amunet Black) et l’apparition en pointillés de Jessica Parker Kennedy qui installe l’actuelle saison 5. Bref, cette saison 4 est du même acabit que les précédentes, une très grande réussite.

LE BLU-RAY

La quatrième saison de Flash en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments et des acteurs de la série. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette. Signalons que l’éditeur a eu la bonne idée de proposer l’intégralité de l’épisode crossover divisé sur les quatre séries DC. Cette édition se compose donc de 26 épisodes de 42 minutes.

Dispersées au fil des quatre disques, nous trouvons huit séquences coupées (9’) qui présentées ainsi n’ont forcément pas beaucoup d’intérêt. Nous retiendrons quand même une scène plus intimiste que d’habitude entre Barry et Iris, qui prennent le temps de faire un câlin le matin.

Un bêtisier amusant se trouve sur le premier disque (9’).

Le second Blu-ray contient un débat bien rythmé entre les producteurs des séries DC, qui répondent aux questions de l’animateur Hector Navarro (42’) sur la création de l’énorme crossover, Crisis on Earth-X, composé des épisodes 8 de Supergirl, Arrow, Flash et DC’s Legends of Tomorrow. C’est ici que vous apprendrez chacune des étapes ayant conduit à cette histoire de tentative d’invasion de la Terre par des soldats nazis issus d’un monde dystopique appelé Terre-X. Les spoilers sont évidemment au rendez-vous. Chacun aborde la difficulté d’écrire pour une vingtaine de personnages réunis à l’écran et sur les défis finalement relevés.

Le disque 3 propose un reportage sur la création du personnage Ralph Dibny aka Elongated Man, incarné à l’écran par Hartley Sawyer (10’), qui apparaît dans la saison 4 afin de donner une nouvelle énergie comique après une troisième saison plutôt sombre.

Même chose, la même galette dispose d’un commentaire audio/vidéo de la comédienne Katee Sackhoff, en compagnie du coproducteur exécutif et scénariste Eric Wallace et du scénariste Starling Gates (13’). L’actrice s’amuse derrière le micro et indique comment elle a créé le personnage d’Amuneth Black avec les costumiers et les maquilleurs.

L’éditeur joint également un module consacré au Thinker (16’), composé des propos des showrunners, qui reviennent à tour de rôle sur la psychologie du personnage et la raison pour laquelle Barry l’affronte dans cette saison en particulier.

L’interactivité se clôt sur un best-of du Comic-Con 2017 avec notamment un résumé des présentations des nouvelles saisons de Supergirl, Flash, Arrow, DC’s Legends of Tomorrow et Gotham (58’).

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches bleutées. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de cette nouvelle saison de Flash dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / DC Comics / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Emmanuelle et Françoise, réalisé par Joe D’Amato

EMMANUELLE ET FRANÇOISE (Emmanuelle e Françoise – Le Sorelline) réalisé par Joe D’Amato, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  George Eastman, Rosemarie Lindt, Annie Carol Edel, Patrizia Gori, Maria Rosaria Riuzzi, Massimo Vanni, Eolo Capritti, Giorgio Fieri…

Scénario : Joe D’Amato, Bruno Mattei

Photographie : Joe D’Amato

Musique : Gianni Marchetti

Durée : 1h37

Année de sortie : 1975

LE FILM

Humiliée jour après jour par son petit ami Carlo, Françoise finit par se suicider. Venue reconnaître le corps de sa sœur, Emmanuelle récupère une lettre dans laquelle Françoise relate toutes les souffrances endurées auprès de l’homme qu’elle aimait. Dès lors, Emmanuelle va tout mettre en œuvre pour retrouver Carlo et se venger de la plus cruelle des façons.

Quel film de cinglé ! Emmanuelle et Françoise aka Le Sorelline en version originale, est réalisé en 1975 par le prolifique Joe D’Amato, l’un des multiples pseudonymes (on lui en prête une bonne cinquantaine) du cinéaste, directeur de la photographie, cadreur et scénariste italien Aristide Massaccesi (1936-1999). Près de deux cent films en 27 ans de carrière (de l’horreur, du porno, du western…), un vrai record. 1975 est une « petite » année pour Joe D’Amato, puisqu’il ne réalise que deux longs métrage, là où il est parfois habitué à en boucler plus de vingt en douze mois ! Bill Cormack le fédéré est le premier et le second est bien évidemment celui qui nous intéresse. Emmanuelle et Françoise est un film d’exploitation, sorte de vigilante movie mâtiné de rape & revenge, d’érotisme et d’une touche de cannibalisme, séquence qu’affectionnait le sous-genre de la nazisploitation. Mais pas de relecture du IIIème Reich ici hein, Le Sorelinne est un film bien contemporain et cette séquence de boustifaille pas très catholique, même si évidemment gratuite, n’est là que pour illustrer la psyché chamboulée par la drogue du prisonnier qui perd alors complètement les pédales. Emmanuelle et Françoise est bien sûr un film réservé à un public savamment averti, devant lequel il n’est pas interdit de prendre son pied devant « l’hénaurmité » de la chose. Joe D’Amato ne recule devant aucune faute de (mauvais) goût pour satisfaire alors une audience venue voir le film pour cette raison.

Emmanuelle est bien décidée à venger sa soeur, qui s’est suicidée après avoir réussi à échapper à Carlo, un admirateur sadique et pervers. Après avoir capturé Carlo, elle l’enferme dans une cave, le drogue, et le force à observer des actes sexuels. Carlo, sous l’emprise des drogues, commence à avoir des hallucinations et à rêver de cannibalisme…

Voilà. Le synopsis permet à Joe D’Amato de s’en donner à coeur joie en nous montrant des viols, des boobs, des fesses rebondies, mais aussi des bites, des torses velus, de la sueur. Non seulement ça, le bougre se permet d’éclairer joliment tout ce bazar avec une photo aussi soignée que le cadre. Si ce qui est montré à l’écran est parfois dégueulasse, on ne peut pas dire que la forme le soit. Chef opérateur avant tout, l’ami Joe s’amuse à nous raconter une fable perverse, dépravée, vicieuse, cynique et malsaine, avec sûrement un grand sourire derrière la caméra. De plus, le récit prend son temps sans ennuyer.

La première partie essentiellement constituée de flashbacks retrace l’existence douloureuse de Françoise (belle et fragile Patrizia Gori) auprès de son amant Carlo (vénéneux et puant George Eastwman), qui ne cesse d’abuser d’elle, de l’humilier, de l’exposer, de la prostituer et de la mettre dans les bras d’autres hommes, en guise de monnaie d’échange ou pour rembourser ses dettes de jeu qui s’accumulent. Jusqu’au jour où Françoise, surprenant Carlo dans les bras d’une nouvelle conquête, arrive au bout du rouleau et décide de se jeter sous un train. Elle laisse alors à sa sœur Emmanuelle (Rosemarie Lindt, vue dans Qui l’a vue mourir ? d’Aldo Lado) une lettre où elle lui explique tout. Emmanuelle prépare alors sa vengeance et décide de séduire Carlo en le menant par le bout de la queue, du nez pardon, jusqu’à son habitation où elle parvient à l’enfermer dans une pièce dissimulée et insonorisée derrière un miroir sans tain. Attaché, drogué, Carlo perd pied, mais arrivera-t-il à s’évader ?

Joe D’Amato installe tranquillement ses personnages, avant de se lâcher dans le deuxième acte qui démarre quand Carlo se retrouve prisonnier. Cette fois, le réalisateur (aidé par son coscénariste Bruno Mattei, d’après un film grec de 1969, The Wild Pussycat) en vient aux choses sérieuses, autrement dit aux nanas qui se mettent à oilp, un trio saphique fait place à une séquence hallucinante (sous hallucinogène pourrait-on dire) où des convives commencent à se masturber mutuellement pendant qu’ils dévorent des organes humains, ainsi que quelques membres comme une main ou un pied, devant un George Eastman qui en fait des caisses, les yeux révulsés, la bave aux lèvres. Osons le dire, Emmanuelle et Françoise, considéré comme l’un des meilleurs films de son auteur, est une bonne série B, parfois limite série Z il est vrai, mais qui remplit aisément le contrat signé avec les spectateurs, qui en ont pour leur argent en ce qui concerne le spectacle peu ragoutant et qui permet en même temps de se rincer l’oeil.

C’est là toute la maestria d’un expert en la matière, qui connaissait son taf, qui le faisait bien, qui savait ce qu’on attendait de lui et qui donnait tout pour ne décevoir personne, afin de passer au projet suivant. Mesdames et messieurs, saluons Joe D’Amato.

LE BLU-RAY

Vous avez entre les mains l’édition limitée à 1000 exemplaires d’Emmanuelle et Françoise, destinée à un « public averti et pervers » comme c’est indiqué sur l’étui cartonné ! Le chat qui fume a de nouveau sorti les griffes avec ce superbe Digipack 3 volets, où sont confortablement logés le Blu-ray et les deux DVDs. Le menu principal est animé sur la scène du repas. Le visuel est quant à lui magnifique.

Plus de 2h45 de suppléments au programme !

On commence par un entretien avec le comédien Luigi Montefiori, véritable nom de George Eastman (24’). Egalement scénariste sur une soixantaine de films et réalisateur, l’intéressé ne mâche pas ses mots sur son complice Joe D’Amato, pour lequel il avait une grande affection, qu’il encense en tant que cadreur et directeur de la photographie, mais dont il regrette l’appât du gain qui a eu raison de sa carrière. George Eastman déclare : «Aristide aurait pu s’élever, mais il a au contraire régressé car il se contentait des miettes et restait finalement toujours en ligue 2. Même en Nationale. Je voyais son potentiel, mais ses projets restaient toujours de bas étage». Leurs multiples associations sont passées au peigne fin, ainsi qu’Emmanuelle et Françoise, film qu’il n’apprécie pas beaucoup en raison de ses scènes trash et pour lequel il a repris une grande partie du scénario. Le casting est aussi abordé.

Place à Maria Rosaria Riuzzi, actrice qui incarne Pamela dans Emmanuelle et Françoise, l’une des trois participantes au threesome. Cette interview (14’30) a peu d’intérêt puisque le personnage est évidemment mineur (au sens propre comme au figuré d’ailleurs), mais l’invitée est sympathique et donne quelques informations sur les conditions de tournage.

Ne manquez pas la géniale intervention de Sébastien Gayraud (49’), auteur de Joe D’Amato : Le réalisateur fantôme (dispo chez Artus Films). C’est ici que vous en apprendrez énormément sur le maître de l’horreur et de l’érotisme à l’italienne. Anthropophagous, Blue holocaust, Horrible, références incontournables du gore, la série des Black Emanuelle, icône des années 70, autant de titres connus dans une filmographie inconnue qui traverse tous les genres : western, péplum, Mondo movie, sous Mad Max, héroïc fantasy et jusqu’au porno hard. Des années 60 aux années 90 (tout le monde ou presque se souvient de ses téléfilms érotiques diffusés en troisième partie de soirée le dimanche sur M6), une œuvre  étrange, excessive, outrancière, traversée de bout en bout par une dose de folie. Sexe, violence, démence macabre sont au rendez-vous de cette présentation exceptionnelle sur l’une des références mondiales, Joe D’Amato. Tout cela ne serait pas complet sans l’analyse d’Emmanuelle et Françoise, où les thèmes récurrents du réalisateur comme la frustration, la castration, le voyeurisme sont analysés.

Last but not least, Le Chat qui fume nous offre 79 minutes en compagnie de monsieur Aristide Massaccesi aka Joe D’Amato ! Dans cette émission ponctuée d’extraits et d’une interview de George Eastman, le réalisateur est visiblement très heureux de revenir sur la partie de son incroyable carrière consacrée aux films d’horreur. Quelques-uns de ses plus grands titres sont abordés, les anecdotes s’enchaînent, tout comme les propos sur les acteurs et ses collaborateurs. Les fans vont être aux anges.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Joe D’Amato était avant tout directeur de la photographie. Et mine de rien, Emmanuelle et Françoise est un film qui adopte de très beaux partis pris. Le Chat qui fume transcende les volontés artistiques originales à travers un superbe master HD. Rien à redire et nous commençons à manquer d’arguments pour louer la qualité des copies proposées par l’éditeur. La propreté est évidemment au rendez-vous, tout comme la stabilité. Le générique est en langue française. L’aspect est parfois sensiblement voilé, l’éclairage luminescent, tandis que certaines scènes paraissent légèrement grisâtres ou moins définies avec des visages blafards. Les plans flous sont d’origine. C’est au final un ravissement pour les mirettes.

En italien (aux sous-titres imposés) comme en français, le confort acoustique est conséquent avec une excellente restitution des dialogues et de la musique de Gianni Marchetti. Pas de souffle constaté, c’est fluide et dynamique.

Crédits images : © LE CHAT QUI FUME / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Miss Daisy et son chauffeur, réalisé par Bruce Beresford

MISS DAISY ET SON CHAUFFEUR (Driving Miss Daisy) réalisé par Bruce Beresford, disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7 novembre 2018 chez Pathé

Acteurs : Morgan Freeman, Jessica Tandy, Dan Aykroyd, Patti LuPone, Esther Rolle, Jo Ann Havrilla, William Hall Jr., Alvin M. Sugarman…

Scénario : Alfred Uhry d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Peter James

Musique : Hans Zimmer

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

À la fin des années 1940, miss Daisy, une vieille dame juive vivant à Atlanta en Géorgie, institutrice à la retraite, se retrouve dans l’incapacité de conduire sa voiture sans l’endommager. Son fils, Boolie, patron d’une filature de coton, décide d’embaucher un chauffeur, malgré les réticences de sa mère. Son choix se porte sur Hoke, un homme noir chrétien d’une cinquantaine d’années, volontaire et sympathique. Néanmoins, Boolie prévient Hoke qu’il restera sous son autorité afin de lui éviter d’être congédié pour une raison futile par sa mère, une femme au caractère acariâtre. Au fil du temps, le chauffeur parvient à apprivoiser sa patronne, et c’est ainsi que va se tisser une amitié sincère qui durera 25 ans.

A sa sortie aux Etats-Unis en décembre 1989, Miss Daisy et son chauffeur Driving Miss Daisy est LE film phénomène. A l’origine, la MGM devait investir plus de 15 millions de dollars dans ce projet, avant de se retirer devant l’engagement de deux têtes d’affiche méconnues du grand public. Produit finalement pour un petit budget de 7 millions de dollars, le film en rapporte plus de 100 millions rien que sur le sol américain. Très vite, les spectateurs ont le coup de foudre pour les personnages merveilleusement incarnés par Morgan Freeman, Jessica Tandy et Dan Aykroyd. Portée par l’engouement de la presse et des spectateurs, cette production Richard D. Zanuck se permettra même d’aller jusqu’aux Oscars, où le film raflera quatre statuettes dont celles convoitées de la meilleure actrice pour Jessica Tandy, qui à 80 ans devient alors la lauréate la plus âgée de l’histoire, ainsi que celle du meilleur film face au Cercle des poètes disparus de Peter Weir, My Left Foot de Jim Sheridan et Né un 4 juillet d’Oliver Stone.

Morgan Freeman, habitué des deuxièmes voire des troisièmes rôles au cinéma, devient une star du jour au lendemain, même s’il venait juste de se faire remarquer (et récompenser à juste titre) dans La RueStreet Smart de Jerry Schatzberg. Suite à ce triomphe qui lui vaut un Golden Globe, l’Ours d’argent de la meilleure distribution (partagé avec sa partenaire) et une nomination aux Oscars, il est ensuite appelé par Edward Zuick, Brian De Palma, Kevin Reynolds, Clint Eastwood et Frank Darabont. Sa vraie carrière sur grand écran commençait véritablement. Aujourd’hui, Miss Daisy et son chauffeur est ce qu’on appelle vulgairement un feel-good movie. Sa réputation n’est plus à faire, son aura est toujours intacte trente ans après et le film reste très chéri par les spectateurs du monde entier.

Oublions les discours et certaines mauvaises langues qui dénigrent le film de Bruce Beresford en prétextant que le film passe quasiment sous silence la véritable condition des afro-américains aux Etats-Unis de la fin des années 1940 au début des années 1970. Certes, Miss Daisy et son chauffeur ne s’encombre pas réellement de discours politique. Cela étant, le contexte social est bel et bien présent, d’autant plus que le personnage magnifiquement interprété par Jessica Tandy, révélation tardive au cinéma grâce à Cocoon de Ron Howard, se rend à un discours de Martin Luther King dans la dernière partie. Le réalisateur australien Bruce Beresford (Son alibi avec Tom Selleck) et le scénariste Alfred Uhry, également l’auteur de la pièce de théâtre originale qui lui vaudra le prix Pulitzer en 1987, ne sont pas là pour retracer l’histoire de la ségrégation raciale américaine. Les deux hommes en sont évidemment conscients et ce qui leur importe ici est de raconter une histoire d’amitié inattendue entre deux individus d’âge mûr, opposés par leur religion, leur statut social et leur couleur de peau. Un récit étalé sur un quart de siècle, aux ellipses soudaines, avec un vieillissement des personnages assez réussi, sans tomber dans le piège souvent récurrent des maquillages outranciers. La performance des trois comédiens principaux, car il ne faut pas oublier le superbe Dan Aykroyd, prime sur les cheveux blanchis, sur les rides creusées artificiellement, sur les lunettes aux verres grossissants.

Les dialogues sont aussi imparables que justes. On suit allègrement Hoke Colburn (Morgan Freeman donc) essayer de gagner pas à pas la confiance de Daisy Werthan, tout en ayant le soutien et la confiance du fils de cette dernière. Cette dame et son chauffeur doivent affronter tous les deux le regard des antisémites pour la première et celle des racistes pour le second. Ce qui sera un premier pas vers l’entente et le respect. Si le film ne brille pas par sa mise en scène, la photographie de Peter James reste très belle et sensiblement surannée. Ce qui importe ici est réellement le lien des personnages, dont la psychologie se dessine à travers leurs regards, leurs anecdotes qu’ils racontent sur la route, sur leurs gestes esquissés. Le grand succès de Miss Daisy et son chauffeur est dû à la combinaison de talents qui ont cru en ce petit film où même la composition de Hans Zimmer, quand il n’était pas encore occupé à faire du boucan dans les blockbusters hollywoodiens, semble inspirée par l’âme chaleureuse de cette histoire aux beaux et bons sentiments. C’est dire qu’il faut croire à certains miracles hollywoodiens.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Miss Daisy et son chauffeur, disponible chez Pathé, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

A l’occasion de cette sortie en Blu-ray, Pathé est allé à la rencontre de Bruce Beresford (22’). Le réalisateur australien revient sur chaque étape difficile de production de son film le plus célèbre. Il évoque notamment l’investissement du producteur Richard D. Zanuck qui s’est battu pendant deux ans pour trouver l’argent nécessaire à la mise en route de Miss Daisy et son chauffeur, après le désistement de la MGM le jour de la signature du contrat. Le cinéaste parle de la pièce de théâtre originale (jouée également par Morgan Freeman), de son adaptation pour le cinéma, avant d’en venir plus précisément au casting du film. Bruce Beresford exagère en disant que Morgan Freeman n’avait fait qu’un seul film avant le sien, tout comme lorsqu’il déclare que Miss Daisy et son chauffeur a récolté cinq Oscars, alors qu’il n’en a reçu « que » quatre. Quelques photos de tournage viennent illustrer cet entretien sympathique.

Afin de replacer Miss Daisy et son chauffeur dans son contexte, Pathé livre deux petits modules d’actualités de 1965 (7’ et 8’) sur « l’Amérique noire », qui abordent le thème du racisme et de la ségrégation aux Etats-Unis. Les commentaires reflètent un esprit « très français » (voir OSS 117 : Le Caire, nid d’espions) et se contentent souvent de donner quelques chiffres.

Le dernier module d’actualité est consacré à la mort de Martin Luther King, le 4 avril 1968 (3’).

L’Image et le son

Le master HD présenté ici est issu de la numérisation et de la restauration 4K réalisées par l’incontournable laboratoire de L’image Retrouvée (Paris/Bologne) à partir des négatifs originaux. On sent que les partis pris du chef opérateur Peter James ont donné pas mal de fil à retordre aux responsables de ce lifting puisque de nombreux plans s’avèrent étonnamment flous lors d’un champ-contrechamp, tandis que la gestion de la patine argentique reste aléatoire sur les séquences sombres notamment. Parfois stable, de temps en temps très appuyé, souvent grumeleux, le grain est là, mais déséquilibré. Même chose, surtout durant la première partie du film, les comédiens semblent entourés d’une aura luminescente, cette fois encore en raison des volontés artistiques du directeur de la photo. La copie est propre, c’est indéniable, aucune pétouille n’a survécu à ce nettoyage en bonne et due forme. Les couleurs sont belles, même si un peu pâles de temps à autre, et le piqué est satisfaisant.

Les mixages DTS-HD Master Audio Stéréo français et anglais instaurent un bon confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec suffisamment d’ardeur et de clarté, sans doute trop sur la VF, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. Les versions 5.1 sont plus anecdotiques étant donné que le film repose avant tout sur les échanges entre les personnages. Une spatialisation musicale certes, mais les pistes Stéréo sont largement suffisantes pour un film de cet acabit. Signalons tout de même une police de sous-titres français vraiment trop petite.

Crédits images : © Pathé / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Sans un bruit, réalisé par John Krasinski

SANS UN BRUIT (A Quiet Place) réalisé par John Krasinski, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra-HD le 30 octobre 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs : Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds, Noah Jupe, Cade Woodward, Leon Russom, Doris McCarthy…

Scénario : Bryan Woods, Scott Beck, John Krasinski

Photographie : Charlotte Bruus Christensen

Musique : Marco Beltrami

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Une famille tente de survivre sous la menace de mystérieuses créatures qui attaquent au moindre bruit. S’ils vous entendent, il est déjà trop tard.

Le comédien John Krasinski n’a jamais vraiment brillé au cinéma. Son charisme lisse et passe-partout a pourtant été vu dans Dr Kinsey et Dreamgirls de Bill Condon, Jarhead et Away We Go de Sam Mendes. C’est surtout à la télévision aux côtés de Steve Carell que les spectateurs l’auront remarqué au cours des neuf saisons de la série The Office. Prenant de la bouteille, John Krasinski fait partie de ces acteurs qui deviennent intéressants en arrivant à la quarantaine. Après une participation à Detroit, la dernière bombe de Kathryn Bigelow et Jack Ryan dans la série du même nom saluée par la critique, John Krasinski réalise son troisième long métrage après Brief Interviews with Hideous Men (2009) et La Famille Hollar (2016), inédits dans les salles françaises. Sans un bruitA Quiet Place lui permet non seulement de briller derrière la caméra où il fait preuve d’un réel talent de metteur en scène, mais aussi devant où il donne pour la première fois la réplique à son épouse, la magnifique Emily Blunt, tout en signant sa meilleure prestation à ce jour. Non seulement ça, Sans un bruit est rapidement devenu un phénomène aux Etats-Unis, en rapportant la bagatelle de 190 millions de dollars sur le sol américain pour une mise de départ de 17 millions. Un triomphe inattendu, mais mérité car A Quiet Place peut se targuer d’être l’un des meilleurs films de 2018 et assurément l’une des plus grandes expériences sensorielles vécues au cinéma cette année avec Hérédité d’Ari Aster.

2020. Dans un monde post-apocalyptique, les rares survivants vivent sous la menace de créatures très sensibles aux sons. Ils doivent ainsi demeurer dans le silence. Une famille du Midwest va devoir lutter pour survivre, avec une mère sur le point d’accoucher.

Alors oui Sans un bruit n’invente rien et ne révolutionne pas le genre. On pense à Alien de Ridley Scott, La Guerre des mondes de Steven Spielberg, Signes de M. Night Shyamalan et bien d’autres dont le récent 10 Cloverfield Lane de Dan Trachtenberg. Mais tout de même, les références sont digérées et nous ne sommes pas ici dans le plagiat éhonté et encore moins l’ersatz. Sur un scénario co-écrit avec le tandem Scott Beck et Bryan Woods, John Krasinski est bien décidé à montrer ce qu’il a sous le capot en tant que réalisateur et s’en sort admirablement, à tel point que la maturité d’ensemble ne cesse d’étonner. Il est surtout très bien épaulé avec Charlotte Bruus Christensen à la photographie, grande cheffe opératrice danoise remarquée en 2012 avec ses partis pris glacials et charbonneux sur La Chasse de Thomas Vinterberg, ainsi que sur Life d’Anton Corbijn. Pour autant, John Krasinski ne cherche pas à épater la galerie gratuitement. Sans un bruit est un vrai film d’épouvante qui réserve son lot d’émotions fortes.

Malgré son économie de dialogues – à peu près 80 % du film repose sur le silence et le langage des signes – A Quiet Place reste passionnant du début à la fin. Les séquences d’affrontements – soulignées par une composition pour une fois « discrète » du bourrin Marco Beltrami – avec les créatures (dont l’origine restera inexpliquée) s’entrecroisent avec les scènes intimistes centrées sur la famille Abbott. Emily Blunt y enflamme l’écran. A la fois mère protectrice d’une douceur infinie avec ses enfants et bad-ass quand elle prend la pétoire, la comédienne britannique prouve une fois de plus qu’elle est et reste l’une des plus grandes actrices de ces quinze dernières années. John Krasinski a également eu la bonne idée de confier le rôle de Regan à la jeune et impressionnante Millicent Simmonds, magnétique et bouleversante actrice de 13 ans réellement atteinte de surdité, révélation du splendide Musée des Merveilles de Todd Haynes. Découvert dans Bienvenue à Suburbicon de George Clooney et dans Wonder de Stephen Chbosky, Noah Jupe est également très prometteur. La scène effrayante et étouffante du silo à grains où les deux jeunes têtes d’affiches se retrouvent enfermées reste l’un des grands moments de Sans un bruit.

Remarquable réussite, avec également un travail sur le son à se damner, ce troisième long métrage de John Krasinski a donc emporté tous les suffrages en récoltant 350 millions de dollars dans le monde et en attirant près de 650.000 français dans les salles. Une suite ou une préquelle, toujours produite par la société Platinum Dunes de Michael Bay, est en cours d’écriture. Nous serons au rendez-vous.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sans un bruit, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check disc. Le menu principal est fixe et…muet, forcément.

Le film de John Krasinski méritait mieux que trois petits documentaires consacrés à la genèse et à la production de Sans un bruit (15’), mais aussi à la création de l’environnement sonore (12’) et des effets visuels (7’30). Les comédiens, le réalisateur, les scénaristes, le décorateur, les producteurs, les créateurs d’ILM et les responsables du son interviennent à tour de rôle afin de partager leurs impressions de tournage. De multiples images de plateau viennent illustrer tous ces propos, par ailleurs très intéressants.

L’Image et le son

Sans un bruit est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la magnifique photo de la cheffe opératrice Charlotte Bruus Christensen. Les volontés artistiques sont respectées mais entraînent quelques légers fléchissements de la définition dans quelques scènes moins éclairées. Néanmoins, cela reste anecdotique, car ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre large n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie est optimale surtout sur les scènes en extérieur avec également de sublimes couchers de soleil. Le film a bénéficié de prises de vue en 35mm. Son léger grain très élégant est donc volontaire.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes de la piste anglaise Dolby Atmos (testée en 5.1) est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances sont efficaces (le grincement du bois, les craquements du parquet, les pieds nus dans le sable) et bénéficient d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant constamment le spectateur dans l’atmosphère, avec des silences angoissants dynamités ensuite par une ribambelle d’effets excellemment balancés de gauche à droite et des enceintes avant vers les arrières quand les créatures apparaissent. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets souvent étonnants sur les séquences opportunes, à l’instar de l’acte final. Totalement immersif. Est-il utile d’évoquer la petite Dolby Digital 5.1 ? Elle assure mais n’arrive pas à la cheville de la version originale.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Book Club, réalisé par Bill Holderman

LE BOOK CLUB (Book Club) réalisé par Bill Holderman, disponible en DVD et Blu-ray le 9 octobre 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs : Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen, Mary Steenburgen, Andy Garcia, Craig T. Nelson, Don Johnson, Alicia Silverstone, Richard Dreyfuss, Ed Begley Jr., Wallace Shawn…

Scénario : Bill Holderman, Erin Simms

Photographie : Andrew Dunn

Musique : Peter Nashel

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Quatre amies de toujours se retrouvent, comme chaque semaine, au sein de leur club de lecture, lorsque l’une d’entre elles propose de découvrir ‘’50 nuances de Grey’’ ! Elles ont réussi leur vie et elles comptent bien continuer à en profiter, et vivre de nouvelles expériences ! Célibataire depuis peu, Diane va connaître le coup de foudre. La toujours séduisante Vivian renoue avec un amour passé. Sharon découvre les sites de rencontre sur internet. Et Carol essaie de redonner du piment à son couple. En ravivant la flamme ou en vivant une nouvelle aventure amoureuse, chacune d’elles va écrire le nouveau chapitre de sa vie. Peut-être le meilleur…

Le Book Club ou bien tout simplement Book Club en version originale, est le premier long métrage de l’inconnu Bill Holderman. Complice de l’immense Robert Redford, ce réalisateur de 41 ans aura surtout officié comme producteur sur Lions et agneaux, La Conspiration et Sous surveillance. Avec sa compagne Erin Simms, Bill Holderman signe Le Book Club, inspiré par quelques membres de leur famille. Si l’on peut avoir peur devant le pitch du film en raison de la place accordée dans l’histoire au roman érotique Cinquante nuances de Grey, Le Book Club s’éloigne finalement rapidement de cette promotion détournée pour les best-sellers de E. L. James (le film a été écrit avant les adaptations de l’oeuvre « sulfureuse »), qui fait d’ailleurs un petit caméo, pour se concentrer sur ses quatre personnages principaux, quatre femmes, quatre actrices merveilleuses et non des moindres, Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen et Mary Steenburgen. Si la réalisation est au point mort, cette comédie douce-amère fonctionne grâce au tempérament, à l’immense talent et à la beauté de ses têtes d’affiche qui s’amusent, sans oublier de nous amuser avec elles.

Nous voici donc en compagnie de quatre femmes mûres, amies de longue date, qui se retrouvent fréquemment pour leur club de lecture. Un jour, leur quotidien (et leur libido) est bouleversé par la lecture du livre Cinquante nuances de Grey. La bonne surprise du film, c’est que cette découverte va leur permettre de faire un point sur leur vie personnelle. Diane (Diane Keaton) est veuve et ses deux filles (dont la revenante Alicia Silverstone) la forcent à déménager près de chez elles. Jusqu’au jour où elle rencontre un élégant pilote d’avion incarné par Andy Garcia, qui retrouve sa partenaire du Parrain 3, 28 ans après le film de Francis Ford Coppola et dans lequel il jouait…son neveu. Vivian (Jane Fonda), la doyenne du groupe, fortunée, n’a jamais cessé de passer d’un homme à l’autre, sans regarder en arrière et sans envisager l’avenir à deux. Un ancien amant, Arthur (Don Johnson, la super classe), qui avait voulu l’épouser il y a quarante ans, réapparaît dans sa vie. Sharon (Candice Bergen), divorcée depuis de nombreuses années, a voué son existence à son travail de juge. Elle décide de s’inscrire sur un site de rencontre et accepte l’invitation d’un dénommé George, interprété par Richard Dreyfuss. Carol (Mary Steenburgen), mariée depuis toujours à Bruce (Craig T. Nelson, hilarant), tente par tous les moyens de relancer sa vie sexuelle avec son époux qui préfère bichonner sa moto.

Sans aucune vulgarité, Le Book Club, sorte de Sex and the City du troisième âge, se penche sur la délicate question de la sexualité, de la séduction, de l’amour et du désir à plus de 65 ans. Parmi les quatre actrices principales, Jane Fonda, âgée de 80 ans, laisse pantois par son élégance, son sex-appeal, son franc-parler et son naturel confondant dans un rôle d’ailleurs pas si éloigné de sa véritable personne. On peut également penser au film Et si on vivait tous ensemble ? de Stéphane Robelin, succès surprise français de l’année 2012, qui avait également cartonné en Allemagne, dans lequel Jane Fonda donnait la réplique à Pierre Richard, Guy Bedos et Claude Rich. Un long métrage qui posait peu ou prou les mêmes questions que Le Book Club en mettant en scène des seniors.

Dans le film de Bill Holderman, tous ces caractères bien trempés s’accordent et les comédiennes ont finalement peu à faire pour nous faire croire à leurs longues années d’amitié. Aucune ne tire la couverture, l’écriture est bien dosée et chacune possède sa petite histoire. Le Book Club se suit donc sans aucune difficulté, chaque personnage est attachant, y compris les compagnons de ces dames. Dommage que la technique soit finalement très (trop) pauvre et que la réalisation se contente la plupart du temps du champ-contrechamp dans une esthétique de sitcom. Mais malgré les clichés forcément attendus, comme l’indispensable viagra dissimulé dans un verre d’alcool, Le Book Club reste un bon et joli moment léger, intelligent, formidablement interprété et romantique.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD du Book Club, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check disc. Le menu principal est fixe et musical.

Comme d’habitude, l’éditeur divise un long making of en plusieurs segments dans le but de gonfler sa quantité de suppléments. Mais les modules Tout a commencé par un livre (11’), Le casting (14’), Les lieux de tournage (10’) et Un nouveau chapitre (9’), forment bel et bien un seul documentaire de près de 45 minutes. Le réalisateur Bill Holderman, la co-scénariste Erin Simms, les producteurs et l’ensemble des comédiens du film reviennent sur la genèse du Book Club, sur le combat mené par le metteur en scène pour conserver les droits sur son histoire (Hollywood voulait remanier le scénario pour des jeunes actrices), les conditions de tournage et les thèmes du film. Le tout est largement illustré par des images du plateau où la bonne humeur semblait régner.

L’interactivité se clôt sur l’enregistrement de la chanson du film par Katharine McPhee (4’) et diverses scènes coupées, alternatives ou rallongées (11’) sans véritable intérêt.

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p du Book Club ne manque pas d’attraits… La clarté est bienvenue, la colorimétrie chatoyante, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Remarqué pour son travail sur Le Majordome, Madame Henderson présente et Ordinary Decent Criminal, le chef opérateur Andrew Dunn voit ses partis pris esthétiques respectés via un Blu-ray qui frôle la perfection. Le cadre fourmille de détails et les contrastes affichent une constante solidité.

La version française doit se contenter d’une toute petite piste Dolby Digital 5.1, qui reste néanmoins suffisante pour un film de cet acabit. La version originale bénéficie d’un écrin DTS HD Master Audio 5.1 forcément plus riche et immersif. La balance frontale est dynamique et les latérales soutiennent l’ensemble sur quelques séquences, comme lors de la virée en avion. Les dialogues restent toujours ardents sur la centrale et la précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son est quant à elle constamment spatialisée.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Extraordinaire voyage du Fakir, réalisé par Ken Scott

L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DU FAKIR réalisé par Ken Scott, disponible en DVD et Blu-ray le 2 octobre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Dhanush, Bérénice Bejo, Erin Moriarty, Barkhad Abdi, Gérard Jugnot, Ben Miller, Abel Jafri, Sarah-Jeanne Labrosse…

Scénario : Luc Bossi, Romain Puértolas, Ken Scott, Jon Goldman d’après le roman « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa » de Romain Puértolas

Photographie : Vincent Mathias

Musique : Nicolas Errera

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Aja, un jeune arnaqueur de Mumbai entame, à la mort de sa mère, un extraordinaire voyage sur les traces du père qu’il n’a jamais connu. Il rencontre l’amour à Paris dans un magasin de meubles suédois, le danger en compagnie de migrants somaliens en Angleterre, la célébrité sur une piste de danse à Rome, l’aventure dans une montgolfière au-dessus de la Méditerranée, et comprend finalement ce qu’est la vraie richesse et qui il souhaite devenir.

En 2012, Starbuck de Ken Scott est comme qui dirait le sleeper de l’été 2012 en France. Cette géniale comédie québécoise emporte tout sur son passage et attire près d’un demi-million de spectateurs dans son sillage. Suivront un remake aux Etats-Unis, Delivery Man, mis en scène par Ken Scott lui-même avec Vince Vaughn, Chris Pratt et Cobie Smulders, un autre en France sous le titre Fonzy avec José Garcia, et un dernier en Inde, Vicky Donor. Le réalisateur s’associe à nouveau avec Vince Vaughn pour un film beaucoup moins convaincant, Jet Lag. Le cinéaste essaye de revenir par la grande porte avec une production destinée au marché international, L’Extraordinaire Voyage du fakir, adapté du roman de Romain Puértolas, L’Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, best-seller de l’année 2013, traduit dans une trentaine de pays. Pour sa transposition au cinéma, le titre du livre perd la marque de la célèbre entreprise suédoise, bien qu’elle apparaisse évidemment dans une scène centrale du film. Malgré son envie de toucher un large public, le soin apporté aux couleurs et aux décors, L’Extraordinaire Voyage du fakir manque sérieusement d’âme et d’intérêt. Cela n’empêche pas de constater que Ken Scott est un cinéaste solide, capable de porter un film au budget conséquent puisque malgré ses très nombreux points faibles, l’argent se voit à l’écran du début à la fin.

Ajatashatru est fakir. Un jour, il quitte New Delhi pour la France. Il y rencontre rapidement une américaine, dont il tombe amoureux. Mais Ajatashatru est accidentellement expulsé avec des clandestins africains. Envoyé aux quatre coins de l’Europe, il va tenter de retrouver celle qu’il aime.

Le premier acte est gênant puisque L’Extraordinaire Voyage du fakir rappelle furieusement Slumdog Millionnaire de Danny Boyle dans son traitement des couleurs, ses partis pris, sa mise en scène, le jeu des comédiens, cette succession de vignettes à la Marjane Satrapi, par ailleurs envisagée un temps à la réalisation. Le film pâtira de cette comparaison jusqu’au dénouement. Véritable star du cinéma tamoul et parfait inconnu du public français, le comédien – mais aussi chanteur, réalisateur et producteur – Dhanush est très attachant, drôle et émouvant. C’est grâce à lui que l’on tient jusqu’au bout du récit. L’ensemble prend la forme d’une fable qui rappelle parfois le cinéma de Costa-Gavras, notamment Eden à l’ouest avec Riccardo Scamarcio. L’histoire joue avec les clichés, parfois trop, puisque l’arrivée en France d’Ajatashatru s’accompagne d’un air d’accordéon. Débarque alors un Gérard Jugnot en anglais dans le texte, dans le rôle d’un chauffeur de taxi qui arnaque bien évidemment les passagers étrangers. Comme il y a plus quarante ans dans La Coccinelle à Monte-Carlo dans lequel il faisait une apparition en serveur parigo, Gérard Jugnot représente ici le franchouillard gouailleur et colérique, qui n’apparaît que quelques minutes à l’écran. Bérénice Bejo, dans un rôle envisagé pour Uma Thurman, est mieux servie et se débrouille mieux en anglais. Sa scène de danse à la Bollywood arrive certes comme un cheveu sur la soupe, mais reste probablement la meilleure du film et ses trois heures d’entraînement par jour pendant un mois sont gratifiantes.

L’Extraordinaire Voyage du fakir est constamment ponctué de petits moments sympathiques et fantaisistes de ce genre, à l’instar de l’instant comédie-musicale où des officiers de police, dont le génial Ben Miller, se mettent à chanter et à danser en parlant de l’émigration, des réfugiés et des sans-papiers. En fait, le film parle de problèmes de société, mais le fond n’est jamais convaincant, tout comme cette pseudo-romance bourrée de clichés. Finalement, ce qui importe le plus est le voyage d’Aja, qui se révélera initiatique malgré-lui. C’est ce côté Jules Verne, à mi-chemin entre Les Tribulations d’un Chinois en Chine et Le Tour du monde en 80 jours qui retient l’attention. Mais c’est malheureusement trop peu et ce feel good movie déçoit sévèrement, même si l’on garde confiance en Ken Scott.

LE BLU-RAY

Malgré son échec cinglant, L’Extraordinaire Voyage du fakir dispose d’une édition HD. Le test du Blu-ray disponible chez TF1 Studio a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, lumineux et musical.

Un seul supplément au programme avec un making of (22’) très plaisant, animé et blindé d’images de tournage. Le réalisateur, les acteurs, le directeur de la photographie, la costumière, le compositeur et bien d’autres interviennent afin de parler des personnages, des conditions de prises de vues, des lieux de tournage et du roman original.

L’Image et le son

Le master HD restitue solidement les volontés artistiques du chef opérateur Vincent Mathias, césarisé pour Au revoir là-haut. Ken Scott a filmé son film entièrement en numérique via la caméra RED Weapon DRAGON 6K. La patine est donc bien laquée, les couleurs vives, chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre, le piqué aiguisé et la copie éclatante. C’est superbe.

L’Extraordinaire Voyage du fakir n’est pas un film à effets et les mixages français et multilingue DTS-HD Master Audio 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur entraînent inévitablement des ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la bande-son souvent explosive, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes comme lors de la séquence « Bollywood ». Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, tandis que le caisson de basses accompagne joyeusement les scènes appropriées. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © BrioFilms@Sébastien Bossi / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Vikings, réalisé par Richard Fleischer

LES VIKINGS (The Vikings) réalisé par Richard Fleischer, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 4 décembre 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Kirk Douglas, Tony Curtis, Ernest Borgnine, Janet Leigh, James Donald, Alexander Knox, Maxine Audley, Frank Thring…

Scénario : Calder Willingham, Dale Wasserman d’après le roman « The Vikings » de Edison Marshall

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Mario Nascimbene

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Au Xè siècle, les Vikings sèment la terreur le long des côtes anglaises. Au cours d’une attaque, le chef viking Ragnar tue le roi d’Angleterre et viole la reine. De ce viol naîtra Eric, qui sera capturé par les vikings et élevé comme un esclave, dans le village où vivent son père et son demi-frère, Einar. Ignorant leur lien de parenté, Eric et Einar se vouent une haine farouche.

Quel chef d’oeuvre ! Comment ne pas s’extasier encore et toujours devant cette référence ultime du film d’aventure qui a su traverser les décennies et conquérir le coeur de plusieurs générations de cinéphiles ?! Les Vikings The Vikings, réalisé par l’immense Richard Fleischer est un triomphe au cinéma en 1958. Porté par le producteur Kirk Douglas, qui avait créé sa société Bryna à cette occasion et venait d’enchaîner La Vie passionnée de Vincent van Gogh de Vincente Minnelli, Règlements de comptes à OK Corral de John Sturges et Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, Les Vikings est la résultante de l’association de multiples talents et artisans, qui ont cru en ce projet ambitieux. Soixante ans après sa sortie, Les Vikings n’a pas pris une seule ride. Pourquoi ? En raison du souci d’authenticité désiré par ses créateurs, qui ont voulu respecter au maximum les us et coutumes d’une civilisation alors récupérée et bouleversée par certains contes et des légendes narrées depuis dix siècles. Aujourd’hui, revoir Les Vikings c’est quelque part retrouver son âme d’enfant, mais aussi avoir la certitude de se retrouver devant un gigantesque spectacle, une valeur sûre, LE film parfait, magnifiquement interprété et mis en scène par l’un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du cinéma.

Vers 900, les Vikings, adorateurs d’Odin, menés par leur chef Ragnar ravagent régulièrement la Northumbrie en Angleterre. Au cours d’un raid, le roi d’Angleterre est tué et Ragnar viole la reine Enid. De cette union illégitime naîtra Éric. L’enfant est enlevé par Brown, un Viking, alors qu’il allait être emmené en Italie pour être protégé du roi Albert. Éric échoue comme esclave dans le village dirigé par son père et de son demi-frère Einar, le fils légitime de Ragnar. Eric et Einar, qui ne savent rien sur leurs liens du sang, deviennent rivaux et se disputent violemment la conquête de la belle Morgana, princesse galloise promise au roi Aella, un fourbe d’envergure, et que les Vikings ont enlevée dans l’espérance d’une rançon.

Les Vikings…souvenir d’enfance dans les années 80-90 lors d’une diffusion du film sur M6. Scotché devant l’écran devant la beauté des acteurs, troublé surtout par le costume moulant arboré par Janet Leigh – à l’érotisme insolent – qui a dû faire frémir la censure. Mais aussi les couleurs étincelantes, les costumes dont on pouvait sentir les matières et la crasse, l’envie d’essayer de courir sur les rames du drakkar, d’aller ripailler à plein ventre avec ces « bons hommes » qui buvaient à l’aide d’une corne et qui mangeaient le gibier avec les doigts. Subjugué également par le thème musical Mario Nascimbene, effrayé par la scène où Ragnar (Ernest Borgnine, quel putain d’acteur) souhaite mourir l’épée à la main, avant de se jeter dans la fosse aux loups en criant « Odin ! ». Séquence suivie par celle où Eric se fait trancher la main. Mon inconscient avait été tellement marqué par ces images, que j’étais certain d’avoir réellement vu le corps du Viking se faire déchiqueter par les canidés, tout comme j’étais sûr que le réalisateur montrait le moignon ensanglanté de Tony Curtis. La magie de l’effet suggéré de Richard Fleischer. Bref, l’auteur de ces mots pourrait continuer longtemps ainsi, tant Les Vikings est un film qui l’a marqué à vie.

C’est donc toujours difficile de parler d’une oeuvre importante dans l’existence d’un cinéphile. Il y a tout d’abord le divertissement dans ce qu’il a de plus noble, de plus pur. Les Vikings transporte les spectateurs dans un autre monde, le fait voyager dans le passé et lui fait traverser l’écran grâce au format Technirama et au Technicolor. Pointilleux, Richard Fleischer, ainsi que toute son équipe, dont le chef opérateur Jack Cardiff (Le Narcisse noir, Les Chaussons rouges, L’Odyssée de l’African Queen) et Kirk Douglas lui-même, auront passé toute une année entière à faire des recherches et à étudier le mode de vie des Vikings. Puis, l’équipe s’est mise à la recherche des lieux de tournage, avant de jeter leur dévolu sur la Norvège pour y construire le village, la Bretagne (pour son final à Fort la Latte) et l’Allemagne pour les intérieurs. Une année de préparation, huit mois de tournage, soit près de deux ans. Les moyens conséquents se voient à l’écran, chaque seconde.

Richard Fleischer y démontre une fois de plus sa virtuosité, son art immense du storytelling, sa solide direction d’acteurs et sa maîtrise totale de la technique mise à sa disposition. Devant la caméra, Kirk Douglas, Tony Curtis, Janet Leigh et Ernest Borgnine rivalisent de charisme (qu’est-ce qu’ils sont beaux) et de talent. Engagé pour permettre à Kirk Douglas de bénéficier d’un budget plus conséquent, Tony Curtis, qui sortait du sublime Grand ChantageSweet Smell of Success d’Alexander Mackendrick, ne se laisse pas bouffer par son aîné et sa prestation est tout aussi impressionnante que celle de son producteur. Ce dernier, en très grande forme, explose l’écran une fois de plus dans le rôle d’Einar, Viking balafré et borgne, au sourire carnassier, qui ressent malgré lui l’amour pour son demi-frère, chose qui le perdra lors du duel final qui reste dans toutes les mémoires.

Sans aucun temps mort, le scénario de Calder Willingham (Les Sentiers de la gloire) et Dale Wasserman, adapté du roman d’Edison Marshall, enchaîne les séquences cultes et épiques comme des perles sur un collier, soignant autant la psychologie des personnages que les passages attendus comme les différentes batailles (navales et à l’épée), les scènes de beuverie, les divertissements des guerriers et leurs sentiments amoureux. De l’ouverture-prologue avec la voix d’Orson Welles (non crédité), en passant par l’attaque du faucon qui crève un œil à Einar, le regard foudroyant de tendresse et de reconnaissance de Ragnar envers Eric avant d’aller rejoindre le Valhalla, le corset déchiré de Morgana, les drakkars perdus dans la brume, le spectaculaire assaut du château fort, tous ces moments, cette magnificence de chaque instant font de cette fresque l’un des plus grands films de tous les temps et encore aujourd’hui un modèle du genre, vanté notamment par les auteurs de la série Game of Thrones. C’est dire si Les Vikings n’a pas fini de faire de nouveaux adeptes auprès des jeunes passionnés par le septième art !

LE BLU-RAY

Il aura fallu attendre quinze ans pour qu’une édition digne de ce nom du chef d’oeuvre de Richard Fleischer voit enfin le jour en France. Et nous devons ce miracle à l’éditeur Rimini. Exit donc le DVD MGM sorti en avril 2003, place à ce merveilleux coffret ! Cette édition se compose d’un Digipack à deux volets glissé dans un surétui cartonné au visuel attractif, comprenant le Blu-ray et le DVD, avec au verso deux photogrammes tirés du film sur fond de ciel orageux. Egalement présent, un passionnant et exclusif livre de plus de 160 pages, L’Enigme Richard Fleischer, rédigé par Christophe Chavdia, qui revient en détails sur la longue et prolifique carrière du réalisateur, puis plus précisément sur Les Vikings dans une seconde partie. L’historien du cinéma Stéphane Chevalier prend ensuite la relève pour un entretien avec trois Norvégiens ayant assisté au tournage des Vikings. La préface de ce merveilleux ouvrage est rédigée par Bruce et Mark Fleischer, les fils du cinéaste, qui partagent leurs souvenirs de tournage. Le menu principal est quant à lui animé sur le cultissime thème musical de Mario Nascimbene. Mention spéciale à la calligraphie qui reprend la forme de l’alphabet runique. Cette édition française, limitée à 3000 exemplaires, est au final plus conséquente que les disques américains et anglais.

Le premier des suppléments – Un conte norvégien – est un entretien avec le grand Richard Fleischer réalisé en 2002 (27’). Quel plaisir d’écouter le cinéaste raconter ses anecdotes de tournage à travers de multiples photos prises sur le plateau ! Richard Fleischer évoque tour à tour la genèse du projet, l’année de préparation nécessaire afin d’offrir aux spectateurs le spectacle le plus authentique possible, le soin particulier apporté au moindre petit détail voulu historiquement exact, la fabrication de trois drakkars à taille réelle réalisés à partir des plans originaux trouvés au musée d’Oslo. Les lieux de tournage en Norvège et en France sont également évoqués, ainsi que le travail avec le chef opérateur Jack Cardiff et les acteurs. Les souvenirs foisonnent et Richard Fleischer semble très heureux de revenir sur ce film qui était l’un de ses préférés, ainsi que le plus difficile à réaliser d’un point de vue logistique avec son 20.000 lieues sous les mers.

L’éditeur a ensuite mis la main sur une interview de Kirk Douglas (6’) donnée à la télévision belge à l’occasion de la sortie des Vikings. Le comédien, très à l’aise, élégant, souriant, lumineux et laissant échapper quelques mots en français, indique que tourner un film sur les Vikings était l’un de ses rêves depuis toujours. A cette occasion, Kirk Douglas explique avoir fondé sa société de production afin de s’y investir totalement et avec suffisamment d’indépendance. L’acteur se penche également sur la notion du divertissement au cinéma, avant de parler de son prochain film, Spartacus.

Le bonus suivant, intitulé Les Vikings, de la réalité au rêve (20’), croise les témoignages de Mark et Bruce Fleischer, enregistrés lors d’un entretien téléphonique. Sur un montage compilant photos et images du tournage en Bretagne, ainsi que quelques images récentes de Fort la Latte, les deux frères partagent leurs souvenirs liés au tournage des Vikings. Si la prise de son est un peu chaotique pour Bruce, les propos n’en sont pas moins passionnants et émouvants, surtout lorsque les deux intervenants parlent de leur père et de la passion pour le cinéma qui l’animait.

Enfin, et c’est une exclusivité pour le Blu-ray, Rimini Editions inclut également un autre entretien avec Richard Fleischer (28’), cette fois mené par l’historien du cinéma Christophe Champclaux à Los Angeles en 1996. Calme, doux, ému quand il évoque ses souvenirs, Richard Fleischer aborde chaque aspect du tournage de ce film dont il était – à juste titre – très fier. Ce module parvient à compléter celui en début de programme et nous en apprenons encore et toujours sur la genèse des Vikings, le travail sur le scénario et les recherches effectuées, le travail avec le directeur de la photographie Jack Cardiff, le casting, la violence et la censure, le tournage à Fort la Latte…

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale.

Voilà donc le cadeau parfait pour le Noël 2018 des cinéphiles !

L’Image et le son

Rimini Editions reprend le même master restauré par la MGM édité aux Etats-Unis chez Kino Lorber. Même source, donc partis pris identiques provenant de la restauration. L’éditeur a décidé de ne pas intervenir sur la copie déjà existante afin de – je cite Jean-Pierre Vasseur, directeur général de Rimini – « ne pas en atténuer le grain ou chercher à corriger les quelques défauts ». Alors oui, certains pourront tiquer devant quelques plans étonnamment lisses, mais Rimini n’allait pas « rajouter » une patine argentique artificielle ! Si divers points blancs et petites tâches demeurent (le plan à effets spéciaux lors de la manifestation divine), la propreté est éloquente (les raccords de changement de bobines dits « brûlures de cigarettes » chers à Tyler Durden ont été effacés) force est d’admettre que nous n’avions jamais vu le chef d’oeuvre de Richard Fleischer dans ces conditions. La luminosité des séquences diurnes frappe d’emblée, comme le retour des Vikings au village ou l’assaut final. Ce master HD rend enfin hommages aux volontés artistiques originales, à l’instar de la composition des plans du cinéaste, avec une profondeur de champ inédite. Les détails foisonnent aux quatre coins du cadre large, y compris sur les gros plans des comédiens. L’occasion d’apprécier la tronche balafrée de Kirk Douglas, ainsi que son œil laiteux, sous toutes les coutures. Le décolleté (mais pas que) de Janet Leigh ne manque pas de relief, et seules les scènes brumeuses, qui donnent toujours du fil à retordre à la compression, surtout sur les films du patrimoine, entraînent une baisse de la définition. Signalons quelques menus décrochages sur les fondus enchaînés, ainsi que des flous intempestifs. Mais absolument rien de rédhibitoire. On lève donc notre corne de bière à Rimini !

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Dans les deux cas, l’espace phonique se révèle probant et dynamique, le confort est indéniable, et les dialogues sont clairs, nets, précis. Sans surprise, au jeu des comparaisons, la piste anglaise s’avère plus naturelle et harmonieuse.. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière (excellent doublage), aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Brynaprod / MGM / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Tulip Fever, réalisé par Justin Chadwick

TULIP FEVER réalisé par Justin Chadwick, disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Alicia Vikander, Dane DeHaan, Christoph Waltz, Judi Dench, Holliday Grainger, Zach Galifianakis, Cara Delevingne, Jack O’Connell…

Scénario : Deborah Moggach, Tom Stoppard d’après le roman « Le Peintre des vanités » – « Tulip Fever » de Deborah Moggachd

Photographie : Eigil Bryld

Musique : Danny Elfman

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Amsterdam – 1636.
La ville est plongée dans une fièvre spéculative autour du commerce de la tulipe.
Un riche marchand décide d’engager un célèbre portraitiste pour immortaliser la beauté de sa jeune femme. Au premier coup de pinceau, une passion dévorante débute entre la jeune Sophia et le séduisant peintre.
Alors qu’une liaison torride et fougueuse s’installe, les jeunes amants cherchent à se débarrasser du mari envahissant et à s’enfuir. Une soif de liberté qui aura un prix, aussi précieux que celui d’une tulipe..

Tulip Fever est un film qui revient de loin. Il aura fallu près de dix ans pour que cette adaptation du roman Le Peintre des vanitésTulip Fever de Deborah Moggach (1999) puisse voir le jour dans les salles ou en e-cinéma. A l’origine prévue avec Jude Law et Keira Knightley sous la direction de John Madden (Shakespeare in love, Miss Sloane), cette romance historico-dramatique aura connu moult déboires et notamment des changements de règles fiscales dans la production de film au Royaume-Uni. Résultat, cette histoire est restée dans les tiroirs jusqu’au jour où le réalisateur Justin Chadwick (Deux sœurs pour un roi, Mandela : Un long chemin vers la liberté) mette la main dessus et parvienne à réunir les fonds nécessaires. Tous deux oscarisés, la sylphide Alicia Vikander (pour Danish Girl) et Christoph Waltz (pour Inglourious Basterds et Django Unchainded) héritent des deux rôles principaux, tandis que Dane Dehaan interprète le jeune peintre qui va troubler l’existence de Sophia. Le film est tourné en 2014, mais restera bloqué jusqu’en 2017.

Metteur en scène du mal aimé et pourtant très réussi Deux sœurs pour un roi, qui réunissait Scarlett Johansson et Natalie Portman, Justin Chadwick prouve une fois de plus que la reconstitution historique lui sied à ravir avec une direction artistique solide, des décors et des costumes soignés, ainsi qu’une photo rappelant certaines œuvres de Rembrandt et de Vermeer. Tulip Fever peut paraître académique, mais on croit et l’on plonge volontiers dans cette ville d’Amsterdam du XVIIe siècle, marquée par la folie du commerce des tulipes, qui se revend à prix d’or, surtout lorsque l’une d’entre elles est marquée par une anomalie chromatique, comme la tant convoitée tulipe marbrée. Tel un bulbe en pleine éclosion, Sophia, délicatement incarnée par la sublime Alicia Vikander donc, va commencer à s’épanouir quand elle rencontre un artiste venu lui tirer le portrait avec son époux (Christoph Waltz), fortuné, d’âge mûr, veuf. Sans enfant, décédé lors de l’accouchement de son épouse, qui n’a également pas survécu, Cornelis Sandvoort « achète » Sophia, orpheline, pour qu’elle lui donne un héritier. Mais les mois passent et la jeune femme ne tombe pas enceinte. C’est alors que le film prend une tournure digne d’un boulevard avec la servante des Sandvoort (Holliday Grainger), enceinte des œuvres du poissonnier, qui par peur d’être renvoyée va finalement accepter la proposition de Sophia.

Cette dernière ayant une liaison avec l’artiste Jan Van Loos, s’est fait remarquée par la servante Maria. En échange de son silence, Sophia décide de faire semblant d’être enceinte, tandis que Maria devra dissimuler sa grossesse. A la naissance du bébé, Sophia adoptera l’enfant et Maria, dont le fiancé demeure mystérieusement introuvable, conservera son travail. Justin Chadwick joue avec les genres, avec les tons et l’empathie des spectateurs pour les personnages. Si Cornelis Sandvoort est d’abord présenté comme un négociant en épices riche et froid, l’homme se révélera attentionné, amoureux de sa femme, voulant à tout prix être père. Christoph Waltz domine la distribution du début à la fin. Alicia Vikander, tour à tour ingénue et stratège, crève l’écran une fois de plus par sa beauté diaphane, sa fragilité et sa sensualité. Seule ombre au tableau, Dane DeHaan reste bien fade face à ses partenaires, semblant constamment avoir été tiré du lit juste avant de tourner. Mais bon, nous n’aurions rien gagné au change puisque le monolithique Matthias Schoenaerts avait un temps été envisagé.

Finalement, l’aspect romantique l’emporte moins que la psychologie du personnage formidablement interprété par Christoph Waltz, de loin son meilleur rôle depuis longtemps. Alors certes, Tulip Fever part un peu dans tous les sens, ne sait pas quelle position adoptée et a souvent du mal à trouver une identité propre, mais ses petites imperfections (multiplication des rebondissements, fin expédiée) sont attachantes et les comédiens formidables (dont Zack Galifianakis et Dame Judi Dench) emportent facilement l’adhésion.

LE DVD

Après un détour par la case e-cinéma, Tulip Fever est arrivé dans les bacs en DVD et Blu-ray. Le test de l’édition SD dispinible chez TF1 Studio a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur accompagne le film de Justin Chadwick d’un making of (15’). De facture classique, ce documentaire se compose d’images de tournage, mais surtout des propos des comédiens et du réalisateur. Les intervenants ne font jamais mention de très longue gestation du film (dix ans en raison de problèmes financiers) et font surtout l’éloge de toute l’équipe, tout en parlant des personnages et du contexte social à Amsterdam au XVIIe siècle.

L’Image et le son

L’éditeur ne nous a pas fourni l’édition HD et c’est bien dommage. Nous aurions bien voulu découvrir les partis pris du directeur de la photographie danois Eigil Bryld (Bons baisers de Bruges) dans les meilleures conditions possibles. Il faudra se contenter d’un DVD très moyen, à la compression souvent hasardeuse et aux couleurs fanées. La définition est parfois médiocre, les contrastes limités, les flous occasionnels et le visage des comédiens paraît trop cireux pour être honnête.

Bien qu’elle soit essentiellement musicale, la spatialisation instaure un réel confort acoustique. Par ailleurs, les quelques effets glanés ici et là sur les enceintes arrière permettent de plonger le spectateur dans l’atmosphère du film comme sur les canaux bondés de marchands ou lors des transactions enflammées. Les voix sont solidement plantées sur la centrale en anglais comme en français avec un net avantage pour la première piste. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © TF1 Studio / The Weinstein Company / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Dernier des géants, réalisé par Don Siegel

LE DERNIER DES GÉANTS (The Shootist) réalisé par Don Siegel, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 26 novembre 2018 chez Sidonis Calysta

Acteurs : John Wayne, Lauren Bacall, Ron Howard, James Stewart, Richard Boone, Hugh O’Brian, Scatman Crothers, Richard Lenz…

Scénario : Miles Hood Swarthout, Scott Hale d’après le roman de Glendon Swarthout

Photographie : Bruce Surtees

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Précédé de sa réputation de justicier infaillible dans les duels au pistolet, John Bernard Books arrive à Carson City dans le Nevada. Tandis que plusieurs de ses vieux ennemis entendent bien lui faire payer une dette ancienne, Books oublie la menace pour consulter son ami, le Dr. Hostetler. Diagnostic : une longue maladie au stade terminal. Vénéré par le fils de sa logeuse, Books se refuse au désespoir, à la résignation. Quitte à mourir, autant mourir les bottes aux pieds et le colt arraché à son fourreau.

Chant du cygne du Duke, Le Dernier des géants aka The Shootist (1976), n’est certes pas le film le plus célèbre de Don Siegel, mais assurément l’un de ses plus émouvants et ceci à plus d’un titre. D’une part parce qu’il s’agit d’un western crépusculaire qui signe véritablement la fin d’un genre et d’une époque, d’autre part parce que l’immense John Wayne, alors rongé par une maladie qui allait l’emporter trois ans plus tard, livre ici une prestation bouleversante, sa dernière face à la caméra, dans le rôle d’un cowboy d’âge mûr, condamné par un cancer foudroyant. Un dernier baroud d’honneur souligné par la composition d’Elmer Bernstein, avec en filigrane tout un pan du cinéma hollywoodien en voie de disparition. Le dernier film d’un géant, le testament d’un mythe, le salut d’un monstre sacré.

Atteint d’une maladie incurable, John Bernard Books, le dernier des professionnels légendaires de la gâchette, rentre calmement à Carson City pour recevoir des soins de son vieil ami le Dr Hostetler. Sachant que ses jours sont comptés, il trouve confort et tranquillité dans une pension tenue par une veuve et son fils. Mais « Books » n’est pas destiné à mourir en paix; devant les perspectives de la déchéance physique et d’une agonie atroce, il choisit de partir comme il a toujours vécu, les armes à la main, dans un dernier combat.

L’action se passe au tout début du XXe siècle. l’automobile fait son apparition devant des yeux interloqués, les publicités Coca Cola sont accrochées sur les devantures des saloons, l’électricité arrive dans les chaumières, tout comme l’eau courante. Le monde change et entre dans l’ère moderne. D’entrée de jeu, Don Siegel nous montre un vieux bonhomme sur son cheval. Les yeux bleus délavés, la mine fatiguée. Alors qu’il arrive en ville, un jeune brigand tente de le détrousser. Mais le vieux briscard a encore quelques réflexes et parvient à se débarrasser facilement du bandit. Juste avant cela, un montage réalisé à partir de photographies et d’extraits en noir et blanc tirés des plus grands films de John Wayne (La Piste des géants, Rio Bravo, El Dorado, La Rivière rouge…) résumait en quelques secondes la vie de Books faite de règlements de comptes et d’affrontements avec la vermine de l’Ouest. Trente ans après ses premiers exploits, Books arrive à l’âge où il devrait penser à se ranger. Mais la maladie le rattrape et le cowboy n’aura pas le temps de profiter d’une retraite bien méritée. D’ailleurs, aurait-il pu profiter de ses vieux jours, lui dont la vie a toujours été marquée par l’action ?

John Wayne apporte avec lui cinquante ans de cinéma dont 45 années passées en haut de l’affiche. John Ford, Raoul Walsh, George Sherman, Howard Hawks, Henry Hathaway, Andrew V. McLaglen ne sont plus que des spectres qui rodent autour de John Wayne et leurs présences se ressentent autour du personnage de Books, qui galope désormais en solitaire. C’est donc ce côté méta (mais pas que) qui fait du Dernier des géants bien plus qu’une simple curiosité.

Quand Books va consulter son médecin le docteur Hostetler, nous voyons bien évidemment John Wayne face à James Stewart, mais également L’homme qui tua Liberty Valance. Deux hommes âgés qui approchent des 70 ans, qui se regardent avec nostalgie, mais aussi un immense respect et une évidente complicité. De son côté, Don Siegel déçoit avec une mise en scène bien trop classique, une photographie signée Bruce Surtees (Les Proies, Lenny) qui donne à son film un côté série télévisée et une reconstitution standard, comme si là encore le grand spectacle n’était plus et que le divertissement devait se contenter d’un cadre plus restreint et de couleurs fanées. Loin de son précédent western Sierra torride (1970), le cinéaste paraît bien plus intéressé, et on le comprend, par ses comédiens qu’il dirige d’une main de maître. Outre le duo de légendes susmentionné, les tronches de John Carradine, Scatman Crothers et de Richard Boone sont marquantes, mais une autre star tout aussi splendide donne la réplique au Duke, la grande Lauren Bacall dans le rôle de la veuve Rogers, qui aurait pu représenter une fin paisible pour Books, s’il n’avait pas été condamné par le « Big C » comme l’acteur appelait le « crabe ».

Le Dernier des géants suit donc les derniers jours d’un ancien tireur d’élite de l’Ouest, chaque jour étant d’ailleurs indiqué comme un compte à rebours. Des personnages satellites tentent de s’approprier l’ancien prestige du pistolero comme un journaliste peu scrupuleux avide d’écrire ses mémoires, ou bien encore une ancienne prostituée qui le demande en mariage dans le but d’hériter de ses biens. Sans compter un maire qui se prépare déjà à placarder un écriteau « Ici est mort John Bernard Brooks » à l’entrée de la ville et un shérif qui ferait tout pour accélérer le trépas de cet anachronisme puisqu’il rappelle une époque sanglante régie par la loi du talion. La relève est néanmoins bien là, incarnée par le jeune Ron Howard – qui avait déjà tâté du western avec Du sang dans la poussière de Richard Fleischer – mais nul ne remplacera Books, ce temps est révolu.

Profondément mélancolique, Le Dernier des géants vaut donc largement le coup d’oeil pour ces multiples raisons et pour accompagner le Duke vers sa dernière demeure. Enfin, la même année, sort sur les écrans Josey Wales hors-la-loi de et avec Clint Eastwood. Un renouveau pour une nouvelle légende déjà en devenir et qui signera lui aussi l’un des plus grands westerns crépusculaires de l’histoire du cinéma, ImpitoyableUnforgiven (1992).

LE BLU-RAY

Depuis le mois d’octobre, Sidonis Calysta a changé les visuels de ses sorties. Le Dernier des géants est disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD. Le test de l’édition HD a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

On pouvait s’attendre à plus de monde pour parler du dernier film de John Wayne.

L’indéboulonnable Patrick Brion a répondu à l’appel de l’éditeur (8’). Comme d’habitude, l’historien du cinéma replace le film qui nous intéresse dans le genre et son contexte. Un procédé mécanique et redondant d’un film à l’autre, mais pourquoi pas. Cependant, Patrick Brion peine à trouver les arguments pour parler du Dernier des géants et passe son temps à parler du mythe John Wayne, irremplaçable dans le western. C’est dans les deux dernières minutes que notre interlocuteur en vient plus précisément sur le film de Don Siegel en parlant des partis pris du réalisateur, de l’interprétation de John Wayne et du parallèle fait avec sa propre vie.

L’éditeur reprend l’intervention du cinéaste John Landis (2006-4’), qui commente en réalité la bande-annonce originale du Dernier des géants. « C’est presque un bon film » dit le réalisateur de The Blues Brothers, qui revient notamment sur le casting et indique au passage avoir assisté au tournage de la scène finale.

On apprécie surtout le petit module tourné sur le plateau au moment des prises de vue de la dernière séquence du film (5’). L’occasion de voir Don Siegel et John Wayne avant le clap, ou le comédien taper la discute avec quelques admirateurs, auprès desquels il se confie sur la maladie « J’ai eu une année pourrie, mais je me sens mieux déjà ».

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

On a plus l’impression d’un DVD sensiblement amélioré qu’une édition HD digne ce nom. Les couleurs sont guère reluisantes, la copie reste marquée par des tâches et des points (sur les stockshots du début, mais pas seulement), la gestion du grain reste aléatoire et les détails sont parasités par des flous intempestifs. Le piqué manque à l’appel et même si certaines scènes sortent un peu du lot, comme toutes les séquences en extérieur, la restauration paraît bien datée. Demeure la stabilité d’ensemble, bien plus convaincante que sur l’ancienne édition DVD Seven7 sortie en 2004.

La piste française DTS-HD Master Audio 2.0 est nettement moins percutante que la version originale DTS-HD Master Audio 2.0. Du point de vue harmonie, cette dernière l’emporte aisément car plus aérée, fluide, dynamique, alliant les dialogues avec la musique et les effets avec une redoutable efficacité. Dans les deux cas, la propreté est de mise, la partition d’Elmer Bernstein est excellemment délivrée et les gunfights saisissants dans la dernière partie. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. Notons également quelques trous dans la VF qui passe directement en version originale sous-titrée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr