Test Blu-ray / Sing Street, réalisé par John Carney

SING STREET réalisé par John Carney, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor, Maria Doyle Kennedy, Aidan Gillen, Kelly Thornton

Scénario : John Carney

Photographie : Yaron Orbach

Musique : John Carney, Gary Clark

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

A Dublin, dans les années 1980. A court d’argent, les parents de Conor décident de l’envoyer dans une école publique. Sur place, il doit supporter la discipline de fer d’un prêtre retors et subit les brimades d’une petite brute. Il rencontre Raphina, une jeune fille sans famille qui veut revenir à Londres. Immédiatement amoureux, il lui demande de participer au clip de son groupe, groupe qui n’existe pas encore ! Aidé par son frère Brendan, grand amateur de musique, il décide de se lancer avec des camarades du lycée. Ils cherchent leur style et finissent par écrire quelques chansons. Pendant ce temps, Raphina n’a pas abandonné ses rêves…

Le réalisateur-scénariste (et bassiste) irlandais John Carney a fait ses classes dans le clip vidéo. Il met en scène deux courts-métrages avant de signer son premier long en 1996 avec November Afternoon, coréalisé avec Tom Hall, élu Meilleur film irlandais par le Irish Times. En 2001, il crée la série télévisée irlandaise Bachelors Walk, énorme succès de la télévision irlandaise RTÉ.

Il faudra attendre 2007 pour que John Carney soit enfin reconnu dans le monde entier grâce à son film Once, une comédie musicale savoureusement spleen, interprétée par Glen Hansard, leader des Frames, et Markéta Irglova, une musicienne tchèque. Ce petit bijou d’émotions à la BO subjuguante (Oscar de la meilleure chanson pour Falling Slowly en 2008 !) s’est vu couronner par un succès international mérité et porté par une critique élogieuse. En 2014, il revient avec New York Melody, une nouvelle comédie musicale délicate, génialement campée par Keira Knightley – que nous n’avions pas connu aussi attachante et naturelle – et Mark Ruffalo dans les rôles principaux, soutenus par la prometteuse Hailee Steinfeld (True Grit), Adam Levine (le chanteur à la voix de canard du groupe Maroon 5) et la grande Catherine Keener.

Après s’être intéressé à un couple de musiciens, John Carney propose un petit voyage dans le temps avec Sing Street puisque l’action de son nouveau film musical se déroule dans les années 1980 à Dublin. La pop, le rock, le métal, la new wave passent en boucle sur les lecteurs K7, vibrent dans les écouteurs des walkmans et le rendez-vous hebdomadaire devant «Top of the Pops» est incontournable. Conor, un lycéen dont les parents sont au bord du divorce, est obligé à contrecoeur de rejoindre les bancs de l’école publique dont les règles d’éducation diffèrent de celles de l’école privée qu’il avait l’habitude de fréquenter. Il se retrouve au milieu d’élèves qui le malmènent et de professeurs exigeants qui lui font rapidement comprendre qu’en tant que petit nouveau, il va devoir filer doux. Afin de s’échapper de cet univers violent, il n’ a qu’un objectif : impressionner la plus jolie fille du quartier, la mystérieuse Raphina. Il décide alors de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers où il ne connaît rien, ni personne, à part les vinyles de sa chambre d’adolescent. Afin de la conquérir, il lui propose de jouer dans son futur clip.

Sing Street est ce qu’on appelle désormais un feel-good movie qui joue sur la nostalgie des spectateurs tout en le caressant dans le sens du poil. Inoffensif et très attachant, Sing Street repose sur l’énergie des comédiens, sur l’atmosphère d’une époque spécifique bien retranscrite avec les costumes, les décors et bien évidemment la musique qui tient une fois de plus une place prépondérante dans l’histoire en se focalisant cette fois sur un groupe d’adolescents paumés.

Si John Carney reprend quelques motifs de ses précédents films, à l’instar des morceaux joués dans la rue, ses personnages sont ici plus jeunes, plus innocents, qui rêvent de partir de Dublin, touché par une grave récession économique, pour aller tenter leur chance à Londres. Encore faut-il avoir un projet et surtout avoir le courage de traverser ce bras de mer qui les sépare du Pays de Galles ! Le réalisateur dirige sa troupe, excellente, avec tendresse et une énergie contagieuse. Les jeunes comédiens sont excellents et très spontanés. Ferdia Walsh-Peelo, vu dans la série Vikings et Lucy Boynton, prochainement dans la version du Crime de l’Orient-Express de Kenneth Branagh sont très prometteurs, tout comme leurs partenaires qui composent le groupe Sing Street, sans oublier le génial personnage de Brendan, le grand frère de Conor, incarné par Jack Reynor.

La BO est une fois de plus très soignée (on y entend Duran Duran, The Cure, A-ha), les chansons (essentiellement écrites par John Carney et Gary Clark) entraînantes et entêtantes, la mise en scène demeure élégante et les dialogues très bien écrits. C’est très sympa, follement attachant et léger comme une bulle de savon, avec ce qu’il faut d’émotion pour emporter totalement l’adhésion. Récompensé par le Hitchcock d’or et prix du scénario au Festival du film britannique de Dinard en 2016, Sing Street est un récit initiatique que l’on voit et qui restera probablement dans un coin de la tête. Une nouvelle réussite à inscrire au palmarès de John Carney !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sing Street, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Les suppléments déçoivent à plus d’un titre puisque nous ne trouvons que trois minuscules featurettes (10 minutes au total) et deux clips vidéo !

Les trois petits modules reviennent rapidement sur le casting du film, la création des chansons et de la musique de Sing Street et sur le tournage proprement dit. Quelques propos du réalisateur John Carney, du chanteur et compositeur Adam Levine, leader du groupe Maroon 5 (vu dans le précédent film du metteur en scène) et des comédiens illustrent des images tirées du plateau.

L’éditeur joint donc également le clip de Go now (4’) et celui de Drive It Like You Stole It (4’).

L’Image et le son

Après un passage plutôt discret dans les salles françaises, Sing Street est pris en main par TF1 vidéo pour sa sortie dans les bacs. Nous sommes devant un très beau master HD. La définition est optimale, la luminosité affirmée, ainsi que le relief, la gestion des contrastes et le piqué sans cesse affûté. L’apport HD est constant et renforce la colorimétrie pétillante, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails fourmillent sur le cadre, et toutes les séquences de jour tournées en extérieur sont magnifiques de précision.

Comme pour l’image, l’apport HD pour Sing Street permet de profiter à fond de la bande originale. En version originale, comme en français, les deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 s’en donnent à coeur joie en ce qui concerne la spatialisation de la musique. Chaque enceinte est remarquablement mise à contribution, précise dans les effets, avec une impressionnante balance frontales-latérales et une fluidité jamais démentie. Le caisson de basses participe évidemment à ces numéros, nous donnant d’ailleurs le rythme pour taper du pied en cadence.

Maintenant, au jeu des comparaisons, la piste française s’avère un cran en dessous la version originale du point de vue de la délivrance des dialogues. Dans les deux cas, les ambiances naturelles ne manquent pas, les effets sont concrets et immersifs. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue à la volée est verrouillé.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Captain Fantastic, réalisé par Matt Ross

CAPTAIN FANTASTIC réalisé par Matt Ross, disponible en DVD et Blu-ray le 14 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay, Samantha Isler, Annalise Basso, Nicholas Hamilton, Shree Crooks, Charlie Shotwell, Ann Dowd, Erin Moriarty, Missi Pyle

Scénario : Matt Ross

Photographie : Stéphane Fontaine

Musique : Alex Somers

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.

C’est l’un des succès surprises de l’année 2016. Captain Fantastic, réalisé par Matt Ross, aura attiré près de 600.000 spectateurs français dans les salles à sa sortie. Ben et sa femme détestaient la société consumériste et ont donc tout quitté pour aller vivre dans les bois. Alors que son épouse est à l’hôpital, Ben continue à enseigner à ses six enfants comment vivre en communion avec la nature et les forme aux techniques de survie. Ils les entraînent à chasser, à pratiquer l’escalade, les arts martiaux, les langues étrangères, le tir à l’arc, les poussent à dépasser leurs limites physiques et leur fait l’école, tout en célébrant chaque année l’anniversaire du linguiste et philosophe Noam Chomsky. Leur monde s’écroule quand leur mère, bipolaire, se suicide. Ben découvre le testament de son épouse. Il est bien décidé à ce que ses dernières volontés soient respectées. Le père de la défunte, qui menace de faire arrêter Ben s’il se rend à la cérémonie, compte bien enterrer sa fille alors que la jeune femme voulait être incinérée.

Acteur vu dans la série Silicon Valley, mais aussi au cinéma dans L’Armée des douze singes, Volte/Face, Les Derniers jours du Disco et même dans Les Visiteurs en Amérique, Matt Ross signe son premier long métrage en 2012, 28 Hotel Rooms, inédit dans nos contrées. Son deuxième film en tant que réalisateur, Captain Fantastic, récompensé par le Prix de la mise en scène dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes, sans oublier le Prix du jury et celui du public au Festival du cinéma américain de Deauville, est un petit bijou indépendant. Inspiré par la propre enfance du metteur en scène passée dans quelques communautés de Californie du Nord et de l’Oregon, éloigné de toute technologie, du confort moderne et de la télévision, Captain Fantastic se penche sur les modes de vie et l’éducation alternatifs au XXIe siècle, avec notamment les choix qu’imposent les parents à leurs enfants, dans un environnement éloigné de la société de consommation.

Dans Captain Fantastic, le père de famille est sublimement incarné par Viggo Mortensen, dans un rôle taillé sur mesure, qui a pris en charge l’éducation de ses six enfants. Bo (excellent George MacKay), le fils aîné, maoïste, commence à ressentir un manque social et à s’intéresser aux filles de son âge, d’autant plus qu’il est accepté à Harvard et Yale, sans que son père le sache. Dans un contexte difficile – leur mère vient de décéder – Bo se rebiffe quelque peu et pour la première fois Ben (Mortensen) voit ses idéaux remis en question. On pense souvent au désormais classique Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris, avec quelques motifs semblables, la famille réunie dans un véhicule lancé sur les routes américaines, un décès, quelques enfants rebelles. Viggo Mortensen, radieux, est formidablement entouré par un jeune casting très impliqué, mention spéciale aux plus jeunes, d’un naturel confondant.

Doux-amer, pudique et à la fois frontal, joliment mis en scène et photographié par le chef opérateur français Stéphane Fontaine (De battre mon coeur s’est arrêté, De rouille et d’os, Elle), Captain Fantastic émeut, fait rire et réfléchir, interroge sur notre propre rapport à la société et ravit les sens. Le message passe, sans jamais tomber dans la démonstration gratuite et laisse le spectateur se faire sa propre opinion sur ce choix de vie en usant habilement de la fable et de la poésie.

LE DVD

Le test du DVD de Captain Fantastic, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation française.

Un tout petit making de 4 minutes, montre rapidement les comédiens sur le tournage, le tout ponctué par les propos du réalisateur Matt Ross et des acteurs Viggo Mortensen et Frank Langella. Les personnages sont abordés, tout comme l’histoire et les thèmes. Viggo Mortensen évoque rapidement sa préparation dans le nord de l’Idaho, où il a passé son enfance, dans un lieu proche de celui où habite la famille Cash dans le film.

A travers une interview réalisée – le 7 décembre, jour de l’anniversaire de Noam Chomsky ! – par Didier Allouch, le réalisateur Matt Ross revient sur tous les aspects de Captain Fantastic, à l’occasion de la sortie de son film en France (25’). La genèse, les thèmes, ses intentions, les personnages, le casting, le travail avec les enfants et le chef opérateur Stéphane Fontaine, les partis pris, la préparation de Viggo Mortensen, le montage (il existe une version de 3h30 !), sont analysés point par point, le tout illustré par quelques extraits tirés du film en version française et d’images de tournage.

Nous retrouvons le même Didier Allouch, mais cette fois à l’occasion de la présentation de Captain Fantastic au Festival de Sundance (7’). Les comédiens, dont Viggo Mortensen (en français dans le texte), répondent aux questions du journaliste sur le tapis rouge.

L’Image et le son

Seule l’édition DVD a pu être testée. Evidemment, le piqué n’est pas aussi pointu qu’en Blu-ray et la colorimétrie peut avoir tendance à baver quelque peu, mais cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la beauté des paysages naturels dans la première partie. La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition sur les plans plus agités filmés en caméra portée.

Les versions anglaise et française bénéficient de mixages Dolby Digital 5.1. Afin de se plonger véritablement dans l’ambiance du film, nous vous conseillons d’oublier immédiatement le doublage français, totalement inapproprié, même si les effets latéraux sont aussi dynamiques qu’en version originale. La piste anglaise est plus homogène et l’exploitation des enceintes arrière judicieuse sur les séquences en extérieur. Le confort acoustique et musical y est cependant plus délicat et posé, tout à fait dans le ton du film. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo de fort bon acabit, ainsi qu’une piste Audiodescription et les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Films / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Radin !, réalisé par Fred Cavayé

RADIN ! réalisé par Fred Cavayé, disponible en DVD et Blu-ray le 31 janvier 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidt, Patrick Ridremont, Christophe Favre, Karina Marimon

Scénario : Fred Cavayé, Laurent Turner, Nicolas Cuche

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Klaus Badelt

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

François Gautier est radin ! Economiser le met en joie, payer lui provoque des suées. Sa vie est réglée dans l’unique but de ne jamais rien dépenser. Une vie qui va basculer en une seule journée : il tombe amoureux et découvre qu’il a une fille dont il ignorait l’existence. Obligé de mentir afin de cacher son terrible défaut, ce sera pour François le début des problèmes. Car mentir peut parfois coûter cher. Très cher…

Pour elle (2008) et A bout portant (2010) s’imposent parmi les plus grandes réussites du polar populaire français de ces dix dernières années. Le réalisateur Fred Cavayé a su d’emblée imposer une marque de fabrique, proposer aux spectateurs un thriller allant à fond la caisse pendant 1h30, sans lui laisser de temps mort du début à la fin, comme une véritable course contre-la-montre, en prenant modèle sur les films de genre américains. Son troisième long métrage Mea Culpa, qui réunissait les têtes d’affiches de ses précédents films, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, a été une immense déception, tant critique que commerciale et s’est soldée par un échec retentissant. Fred Cavayé avait donc besoin de se refaire et a donc accepté Radin !, une œuvre de commande.

Engager Fred Cavayé pour une comédie, sa première en l’occurrence, est peut-être étonnant mais sûrement pas une mauvaise idée car le cinéaste y démontre une nouvelle fois son savoir-faire technique, notamment un sens du rythme servi par un excellent montage. Cavayé s’en sort donc beaucoup mieux, sans aucune commune mesure d’ailleurs, que ses confrères estampillés « réalisateurs de thrillers » comme Florent Siri avec son pathétique Pension complète et Jean-François Richet avec Un moment d’égarement. Radin ! s’avère une comédie inspirée par le genre transalpin des années 1950-60, dans laquelle le rôle principal aurait pu être interprété par Alberto Sordi ou Vittorio Gassman. Nous ne faisons pas là une comparaison entre Dany Boon, roi du box-office dans nos contrées et ses confrères italiens, mais le personnage « hénaurme » qu’il interprète lorgne sur le côté satirique qu’affectionnait tout particulièrement la comédie italienne.

Ceci dit, Dany Boon ne démérite pas dans Radin !. Il signe par ailleurs une de ses meilleures compositions, un hargneux pète-sec qui dissimule en fait un mal-être et une douloureuse solitude. Le comédien s’en donne à coeur joie et parvient même à émouvoir en laissant petit à petit transparaître la sensibilité, la tendresse et même la gravité de son personnage au premier abord antipathique. Si l’intrigue autour de la fille, interprétée par Noémie Schmidt, révélée dans L’Étudiante et Monsieur Henri d’Ivan Calbérac, manque d’intérêt et s’avère trop appuyée, les dialogues sont amusants, les quiproquos s’enchaînent sans aucun temps mort et Dany Boon ne tire jamais la couverture à ses partenaires, notamment à l’excellente Laurence Arné, que l’on a toujours plaisir à retrouver. Elle est ici très délicate et touchante dans le rôle de Valérie, violoncelliste hyper sensible, peu adaptée au monde moderne, qui tombe amoureuse de François. Le duo fonctionne très bien à l’écran et certaines séquences comme celle du restaurant de fruits de mer ou du concert accéléré où François interprète l’intégralité des Quatre Saisons en dix minutes sont vraiment tordantes.

Il en est de même pour le quotidien dépeint du personnage de François, de son enfance à la quarantaine, qui renvoie parfois au monde de la bande dessinée, effet accentué par la mise en scène dynamique de Fred Cavayé. Si l’histoire part un peu dans tous les sens et malgré une fin quelque peu décevante car mélo et trop attendue, Radin ! s’avère une des meilleures comédies avec Dany Boon, décidément toujours meilleur dans un film qu’il ne dirige pas. Radin ! est un très bon divertissement, qui a attiré 3 millions de spectateurs au cinéma en 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Radin !, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Le making of (18’) joint à cette édition est classique, mais remplit parfaitement son contrat à travers des propos précis du réalisateur Fred Cavayé et de ses comédiens, le tout illustré par de nombreuses images du plateau. On y découvre la préparation des acteurs, notamment celle de Dany Boon, coaché au violon par Sarah Nemtanu, premier violon de l’Orchestre National de France. Les répétitions et les scènes ratées sont également de la partie.

Trois petites séquences coupées (6’) sont ensuite proposées. Très réussies on y voit entre autres François (Dany Boon) donner quelques conseils avisés à une vieille dame faisant ses courses, pour mieux choisir son paquet de biscottes.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Laurent Dailland (L’hermine, Le Concert, Welcome) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version DTS-HD Master Audio 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique de Klaus Badelt et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / Brice 3, réalisé par James Huth

BRICE 3 réalisé par James Huth, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Bruno Salomone, Alban Lenoir, Noëlle Perna, Louis-Do de Lencquesaing

Scénario : Jean Dujardin, James Huth, Christophe Duthuron, Laurent Baffie

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Brice est de retour. Le monde a changé, mais pas lui. Quand son meilleur ami, Marius, l’appelle à l’aide, il part dans une grande aventure à l’autre bout du monde… Les voyages forment la « jaunesse » mais restera-t-il le roi de la casse ?

Après 4,5 millions de spectateurs et plus de onze ans après la sortie du premier volet, Brice (de Nice) est de retour. A l’exception des Petits mouchoirs, film choral, Brice de Nice demeure à ce jour le plus grand succès de Jean Dujardin au cinéma en France. Depuis, la carrière du comédien s’est envolée: Prix d’interprétation masculine à Cannes en 2011 et l’Oscar du meilleur acteur pour The Artist en 2012. Lui qui a toujours déclaré n’avoir jamais eu de plan de carrière, s’est retrouvé là où il n’aurait même pas pu l’imaginer. Cumulant près de 50 millions d’entrées en une trentaine de films, Jean Dujardin, un peu dépassé par les événements (euphémisme), a souhaité revenir à son personnage fétiche pour lâcher du lest. Ce qui donne Brice 3 avec son sous-titre « Parce-que le 2 je l’ai cassé ! ». James Huth est de retour derrière la caméra, ainsi que Clovis Cornillac dans le rôle de Marius de Fréjus, Bruno Salomone dans celui d’Igor d’Hossegor, ici supplanté par un nouveau venu, Gregor d’Hossegor, interprété par Alban Lenoir. Le budget a été multiplié par trois et le tournage s’est installé en Thaïlande pour les scènes supposées se dérouler à Hawaï.

Brice, le surfeur niçois excellant dans l’art de brocarder les autres, vit désormais seul dans une paillote sur la plage. Si le monde n’est assurément plus le même, lui n’a pas changé et semble se satisfaire de son quotidien routinier dans l’attente d’une immense vague pour surfer. Un jour, il découvre une bouteille à la mer avec un message de Marius. Son ami lui demande de prendre le premier avion pour lui venir en aide. Chassé de sa cabane par les autorités locales, Brice se hâte de partir à l’autre bout du monde à la recherche de son meilleur copain. Mais lors de leurs retrouvailles, le surfeur apprend qu’il est lui aussi en danger. Soyons honnêtes, tout est ici prétexte à un déferlement de blagues décérébrées, potaches et assumées, volontairement loufoque et bas de plafond, qui feraient un malheur dans les bacs à sable, mais tout est mené avec un tel entrain, une telle énergie et l’envie de foutre le bordel que cela devient très vite contagieux. Seulement voilà, il y a deux films dans Brice 3.

La première partie, celle où l’on retrouve le personnage, son quotidien et le début de son voyage est vraiment drôle, réussie, jubilatoire et le plaisir de suivre Brice à nouveau dans ses aventures n’est franchement pas déplaisant. Seulement voilà, pile-poil à la moitié du film, tout part en sucette dès que le surfeur arrive sur l’île où il retrouve son pote Marius, mais aussi un usurpateur. Ce double maléfique, également interprété par Jean Dujardin, s’est non seulement approprié son identité, mais règne également sur ses sujets dans un environnement forcément « yellow » placé sous le signe de la fête à la David Guetta et des battle de casses. Brice 3 devient alors exténuant. L’hystérie cartoonesque échappe alors au réalisateur et à son interprète principal et devient une arme de destruction neurologique qui fait pleurer des larmes de sang. Alors que quelques apartés montrent un Brice âgé de 115 ans (maquillage bluffant de Dujardin) qui raconte – à sa sauce – l’histoire à des enfants peu dupes de ses mensonges, on comprend ce qui a poussé Jean Dujardin à retrouver son alter ego qu’il interprétait déjà dans les cabarets. L’acteur a voulu profiter de ce film pour s’auto-psychanalyser en se retrouvant face à une version de lui-même qui aurait pété un câble. Histoire de remettre les pieds sur terre avec beaucoup d’autodérision, Jean Dujardin s’est donc tourné à nouveau vers ce personnage avec lequel tout a commencé, histoire de pouvoir déconner à fond.

Brice n’a donc pas changé et s’avère même plus touchant que dans le premier volet puisque l’enfant demeure dans le corps d’un homme âgé maintenant de plus de 40 ans. Les dialogues vachards et la connerie innocente de Brice fonctionnent à plein régime, du moins dans la première partie. Si Jean Dujardin avait envie d’incarner un Brice âgé de 50 ans, espérons qu’il ait appris de ces maladresses et de ce trop-plein exténuant (Brice se transforme même en personnage de manga à la Dragon Ball Z !) qui ont rebuté une bonne partie des spectateurs, puisque Brice 3 n’a même pas fait la moitié des entrées du premier opus.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Brice 3, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend également le DVD de Brice 2, dont nous vous parlons plus bas. Le menu principal, animé et musical, est forcément dans le ton du personnage de Brice, comme si le surfeur niçois l’avait customisé à sa sauce.

Brice apparaît dès les bandes-annonces en avant-programme. Entre deux trailers, Brice s’adresse au spectateur « Pourquoi tu passes pas l’annonce ? Ah tu préfères me regarder moi ! Moi aussi j’aime bien m’regarder ! »…Même chose pour le panneau d’avertissement détourné par Brice.

Puis vous arrivez enfin au menu principal « Brisland » où toutes les options sont dissimulées sous divers noms :

« Montage du film sur moi » : Démarre le film

« Gage Stripteasage – mets-toi tout nu pour voir le film » : Nous trouvons sous cet onglet un premier module intitulé « Avant que le film sur moi il sorte » (2’), qui compile des images de l’avant-première de Brice 3 au Grand Rex pour une projo des deux films en présence de toute l’équipe. L’occasion pour Jean Dujardin et James Huth de « casser » Brice 2 une bonne fois pour toutes devant des centaines de spectateurs gonflés à bloc.

Dans la même section les « scènes Kassées » (7’) s’avèrent évidemment les séquences coupées. On y voit Brice faire sa lessive le soir dans la mer où il lave ses t-shirts jaunes roulés en boule, puis Brice commenter une personne en train de recycler ses bouteilles en verre (cassées, pas cassées…). Une autre montre Brice raconter une histoire à toute une horde de jeunes femmes suspendues à ses lèvres, tandis que la dernière scène propose une version longue de l’arrivée du faux Brice sur son éléphant et de la fiesta qui s’ensuit.

Enfin, nous trouvons également le making of (36’). Intéressant, bien réalisé, dynamique, ce documentaire donne la parole à toute l’équipe où chacun revient essentiellement sur les raisons de cette suite tardive, les conditions de tournage (le décor qui s’est écroulé en Thaïlande en raison des fortes intempéries), sans oublier les très nombreuses images de plateau (délirantes), les nouveaux personnages, le maquillage pour transformer Jean Dujardin en Brice de 115 ans. Un excellent supplément.

Le reste sur ce disque n’est que du remplissage :

« Jouage » : un extrait du film

« Kassage de film » : Chapitrage du film, présenté dans une version « cassée », en d’autres termes, désordonnée.

« Bronzage » : Réplique du film

« Nightclubbage » : accès aux pistes sonores du film

« Humiliage » : scène du filmo

Ne soyez pas étonnés de trouver une galette Brice 2. En octobre 2016, soit quelques jours avant la sortie nationale du film, une vidéo présentée comme étant « Brice 3, le film complet » apparaît sur You Tube. Il s’agit en réalité d’un canular de l’équipe du film qui présente Brice 3 comme s’il s’agissait d’une version piratée. Au bout de trois minutes, la vidéo est parasitée par Jean Dujardin alias Brice lui-même, qui se moque du spectateur en lui disant « Oh non ! T’as cru que t’allais voir tout le film ! ». Mais la vidéo présente en réalité un plan fixe chez Brice, durant laquelle, soit pendant 1h20, on voit le surfeur regarder la télévision, dormir, faire une « slow casse » (qui dure à peu près 20 minutes), se moquer de James Huth installé sur un sofa, casser les bibelots, passer le balai. Pour remercier le spectateur de « rester », Brice offre quelques images tirées « de son film sur lui » et clôt cette vidéo tout naturellement par le véritable générique de fin du long-métrage. Cette vidéo approche aujourd’hui les 5,5 millions de vues. On ne saurait mieux faire en matière de promotion !

L’Image et le son

Ce transfert HD (1080p, AVC) est superbe. L’univers cartoon de James Huth est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs chaudes, vives et pétillantes (les teintes bleue et jaune foisonnent), les contrastes sont au beau fixe, la profondeur de champ abyssale et le piqué agréable. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails foisonnants, les séquences de plage sont magnifiques et étincelantes.

Dès la première séquence, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une spatialisation constante et soignée. Ce mixage fait la part belle à la musique, (trop) présente pendant tout le film, soulignant presque systématiquement chaque gag ou chaque haussement de sourcil destiné à faire rire. Comme pour le premier film, les cris se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets frappants (la fiesta sur l’île, la descente à ski, le rêve sur l’aile de l’avion) tandis que les ambiances naturelles demeurent constantes. Un spectacle acoustique souvent étourdissant. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Christine Tamalet / 2016 Mandarin Production – JD Prod / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Nuits de cauchemar, réalisé par Kevin Connor

NUITS DE CAUCHEMAR (Motel Hell) réalisé par Kevin Connor, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Rory Calhoun, Paul Linke, Nancy Parsons, Nina Axelrod, Wolfman Jack, Elaine Joyce

Scénario : Robert Jaffe, Steven-Charles Jaffe

Photographie : Thomas Del Ruth

Musique : Lance Rubin

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Bienvenue dans ce petit motel accueillant, un peu à l’écart des grandes artères routières, tenu par un couple des plus folkloriques, Vincent et Ida Smith. Ici on offre tout pour attirer le client en manque de tranquillité et de dépaysement. En prime, la maison fabrique un superbe saucisson, dont la qualité est reconnue dans toute la région environnante. Mais les paisibles tenanciers ont une drôle de recette secrète pour obtenir avec amour et dévouement le plus succulent des produits régionaux !

Un souvenir d’enfance revenait souvent dans la tête de l’auteur de ces mots. Agé de dix ans, je passe devant la télévision où passait un film étrange. Les images montraient des personnes enterrées dans une sorte de jardin, où ne dépassaient que leurs têtes. A cela s’ajoutaient les râles et grognements, comme si ces personnes, visiblement prisonnières, ne pouvaient plus parler. Ces images sont restées très longtemps dans ma mémoire et m’avaient valu quelques mauvais rêves. Quelques années plus tard, au fil de recherches grâce aux débuts d’internet, j’avais pu enfin mettre un titre sur ce film. Mais il aura fallu attendre 2017 pour que je puisse enfin voir ce long métrage d’horreur qui s’intitule Nuits de cauchemar ou Motel Hell en version originale. Moi qui croyais que Nuits de cauchemar était un film d’épouvante, je suis finalement tombé sur une vraie comédie d’horreur, réalisée par le cinéaste, producteur et scénariste britannique Kevin Connor, né en 1937, dont le premier film Frissons d’outre-tombeFrom Beyond the Grave démontrait déjà son goût pour le cinéma de genre. Metteur en scène touche-à-tout, capable de passer d’un film d’horreur à la série télévisée L’Amour en héritage, Kevin Connor est appelé pour réaliser Nuits de cauchemar, après que les producteurs aient un temps envisagé de faire appel à Tobe Hooper. Le cinéaste accepte à condition que le scénario très premier degré soit revu et surtout que de l’humour soit injecté. Les studios United Artists acceptent. Pour le meilleur et pour le rire.

Vincent Smith et sa sœur Ida sont des fermiers qui tiennent par ailleurs un motel, attenant à leur ferme. Vincent propose en outre à la vente de la viande fumée très réputée. Mais l’origine de sa viande est inhabituelle, car il s’agit en fait de viande humaine qu’il arrive à se procurer en kidnappant puis en tuant des touristes de son motel. Vincent, c’est Rory Calhoun (1922-1999), mythique comédien de westerns de séries B vu dans Le Gaucho de Jacques Tourneur, Crépuscule sanglant de Jack Arnold, Vengeance à l’aube de George Sherman, et deux fois aux côtés de Marilyn Monroe dans Comment épouser un millionnaire et La Rivière sans retour. S’il s’est fait plus rare dans les années 1970, le comédien trouve dans Nuits de cauchemar ce qui est considéré par certains cinéphiles comme étant son plus grand rôle. Il faut dire qu’il est excellent, brillant, charismatique en diable avec son sourire chevalin inquiétant et qu’il a l’air de prendre un malin plaisir à jouer ce redneck, accueillant au premier abord, qui se révèle être un psychopathe et tueur en série. On le voit kidnapper les clients de son motel (le fantôme de Norman Bates n’est pas loin), les endormir, leur couper les cordes vocales et les planter comme des carottes dans son potager pour ensuite les gaver comme des oies, afin de les dépecer ensuite avec l’aide de sa sœur Ida (démente Nancy Parsons), pour transformer les corps en viande fumée, particulièrement appréciée dans toute la région.

Rapidement devenu un film culte, Nuits de cauchemar a profité des belles heures de la VHS. Plus de 35 ans après la sortie du film, l’humour noir et sarcastique fonctionne encore à plein régime, la photo de Thomas Del Ruth (Breakfast Club, Running Man) est très riche et participe, comme la musique de Lance Rubin, à la plongée du spectateur dans ce coin paumé et glauque de l’Amérique profonde. Motel Hell est un film qui ne se prend pas au sérieux, mais qui n’est en rien bâclé malgré son manque évident de moyens. On rit tout autant qu’on frissonne et l’affrontement final à la tronçonneuse dans l’abattoir peut autant faire glousser que donner la chair (fumée) de poule quand on voit le fermer péter littéralement les plombs – alors qu’il pensait avoir trouvé la solution pour lutter contre la surpopulation et le manque de nourriture – et arborer une tête de porc en poussant un rire machiavélique.

Le film de Kevin Connor tient une place à part dans le coeur des cinéphiles, d’autant plus qu’il traverse les années sans prendre de rides et qu’il peut être vu encore différemment à l’heure où les Etats-Unis viennent de commencer un nouveau et angoissant chapitre.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Nuits de cauchemar, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des nombreux fans du film de Kevin Connor, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Un seul supplément au programme, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec. L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies passe en revue l’histoire de Nuits de cauchemar, les références à Massacre à la tronçonneuse et à Psychose, la genèse du film, le fait que Tobe Hooper ait été un temps pressenti pour le réaliser, le choix de Kevin Connor pour le remplacer, la révision du scénario par celui-ci, qu’il trouvait trop déviant (la sœur couchait avec un porc et un dindon) et l’ajout d’humour noir, sans oublier le casting (Harry Dean Stanton a été envisagé) et les conditions de tournage. Ne visionnez pas ce bonus si vous n’avez jamais vu Nuits de cauchemar puisque Marc Toullec évoque de nombreuses séquences y compris le dénouement de l’intrigue.

L’Image et le son

Cette édition HD redonne un petit coup de jeune à Motel Hell, tout en respectant son caractère vintage. La restauration de ce master au format 1080p – AVC, 1.85 compatible 16/9, semble dater et quelques tâches et points subsistent, surtout lors du générique en ouverture. Le grain est heureusement conservé, la plupart du temps bien géré, sauf sur divers plans, plus grumeleux, en particulier lors des séquences plus sombres. Nuits de cauchemar est un film essentiellement nocturne, mais les couleurs froides signées Thomas Del Ruth, à tendance verdâtre et jaune, sont bien restituées, à l’instar de l’éclairage spécifique du potager. La stabilité est de mise, les noirs profonds, l’ensemble est plus que correct, comme les contrastes, même s’il ne faut pas non plus demander des miracles pour un film tourné avec peu de moyens et doté d’une image déjà « sale » à l’origine. Mais le confort de visionnage est indéniable.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie d’un doublage très réussi et amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets, la délivrance de la musique et des grognements contestataires de nos pauvres touristes enterrés. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Movinside – MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Elsie, monogame en série, réalisé par Christina Zeidler et John Mitchell

ELSIE, MONOGAME EN SERIE (Portrait of a Serial Monogamist) réalisé par John Mitchell et Christina Zeidler, disponible en DVD le 24 février 2017 chez Outplay

Acteurs : Diane Flacks, Carolyn Taylor, Vanessa Dunn, Robin Duke, Gavin Crawford, Sabrina Jalees

Scénario : John Mitchell, Christina Zeidler

Photographie : Celiana Cárdenas

Musique : Don Pyle

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Elsie, la quarantaine, est productrice de télévision dont les relations sont plutôt agitées. Pour elle, les ruptures sont devenues une routine, et trouver une nouvelle petite-amie – et tout de suite ! – est aussi une pratique bien rodée. Elle a enfin une relation sérieuse avec Robyn, jusqu’à ce qu’elle décide encore de rompre. Elle réalise petit à petit qu’elle pourrait avoir quitté le grand amour…

Vous êtes fan de comédies-romantiques, mais vous en avez marre de voir toujours la même histoire ? Ça tombe bien Elsie, monogame en série change de l’ordinaire et pourrait faire votre bonheur. Réalisé par John Mitchell et Christina Zeidler et financé en partie par la communauté lesbienne/queer de Toronto, Portrait of a Serial Monogamist est un premier long métrage qui suit le terrain balisé de la rom-com américaine, sauf que l’on suit le personnage d’Elsie, productrice d’une émission de radio et lesbienne jusqu’alors heureuse en couple avec Robyn. Mais depuis son plus jeune âge, comme nous le montre divers flashbacks désopilants, Elsie n’a qu’une peur, être larguée. Du coup, persuadée que sa compagne souhaite rompre après cinq ans de vie commune, Elsie préfère prendre les devants et rompt de manière maladroite. Elsie, la quarantaine, se retrouve seule, paumée, et va trouver le réconfort auprès de ses copines, tout en se demandant si elle n’a pas agi sur un coup de tête, effrayée à l’idée d’avoir fait déguerpir l’amour de sa vie.

Elsie, monogame en série est tout d’abord l’occasion de découvrir une actrice formidable et pétillante, Diane Flacks, créatrice de la série The Kids in the Hall et comédienne vue dans le superbe Take This Waltz de sa compatriote canadienne Sarah Polley. Elle porte le film sur ses épaules avec un naturel confondant et campe un personnage immédiatement attachant, qui n’est pas sans rappeler celui tenu par Sarah Jessica Parker dans la série Sex and the City, le bling-bling en moins. Drôle, enlevé, le film est également dépaysant puisque l’histoire se situe au sein de la communauté queer de la ville de Toronto. Diane Flacks donne la savoureuse et intelligente réplique à d’autres comédiennes tout aussi excellentes, notamment la divine Vanessa Dunn, Carolyn Taylor et bien d’autres malheureusement inconnues dans nos contrées et que l’on a plaisir à découvrir.

Si le film n’est pas parfait (le personnage qui brise le quatrième mur pour s’adresser directement aux spectateurs est un peu lassant), s’égare parfois et accuse quelques baisses de rythme, notamment quand l’action se focalise sur le travail d’Elsie, la simplicité et la fraîcheur avec lesquelles est jouée cette comédie décalée et dans l’air du temps fait du bien et saura toucher tous les spectateurs qui voudront bien accorder 80 minutes de leur temps à Elsie et ses déboires sentimentaux.

LE DVD

Le DVD d’Elsie, monogame en série, disponible chez Outplay, repose dans un boîtier classique avec une jaquette au visuel attractif. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur n’est pas venu les mains vides et même si la durée de chaque supplément n’excède pas 4 minutes.

Quelques séquences coupées sont proposées, tout comme un petit bêtisier peu drôle, une séquence issue des répétitions entre Diane Flacks et Vanessa Dunn, ainsi qu’une vidéo promotionnelle réalisée par certaines comédiennes pour récolter des fonds pour le film.

L’Image et le son

Elsie, monogame en série débarque en DVD dans un format 1.77 (16/9 compatible 4/3). Le transfert est classique, clair, les contrastes soignés. La définition n’est certes pas optimale avec un piqué sans doute trop lisse à notre goût, mais le confort de visionnage est suffisamment assuré.

Elsie, monogame en série n’est pas un film à effets et le mixage anglais Dolby Digital 5.1 ne fait pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est souvent canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne systématiquement d’ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la musique du film, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes. Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, et le caisson de basses libère quelques vibrations bien senties aux moments opportuns. La piste Stéréo est également de fort bon acabit et les sous-titres français non verrouillés. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Outplay / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Chansons du deuxième étage, réalisé par Roy Andersson

CHANSONS DU DEUXIEME ETAGE (Sånger från andra våningen) réalisé par Roy Andersson, disponible en Blu-ray le 6 décembre 2016 chez Potemkine Films

Acteurs : Lars Nordh, Stefan Larsson, Tommy Johansson, Jöran Mueller, Torbjörn Fahlström

Scénario : Roy Andersson

Photographie : István Borbás, Jesper Klevenås

Musique : Benny Andersson

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Un soir quelque part dans notre hémisphère, une série d’événements étranges s’enchaînent sans logique apparente : un employé est licencié de façon humiliante, un immigré est violemment agressé dans la rue… Parmi ces personnages singuliers se détache Karl, au visage couvert de cendres. Il vient de mettre le feu à son magasin de meubles afin de toucher la prime d’assurance. Cette nuit-là, personne ne parvient à trouver le sommeil. Le lendemain, les signes d’un chaos imminent commencent à apparaitre. Karl prend conscience de l’absurdité du monde et combien il est dur d’être humain.

A ce jour, le cinéaste suédois Roy Andersson compte à son actif cinq longs métrages depuis ses débuts en 1970 avec le très remarqué Une histoire d’amour suédoise (Grand Prix du Festival de Berlin 1970), qu’il autofinance grâce à ses spots publicitaires. Ingmar Bergman le considérait d’ailleurs comme le plus grand réalisateur dans ce domaine. Pourtant, son travail dans le cinéma est tout aussi indispensable. 

Sorti en 2000, Chansons du deuxième étage marque le retour de Roy Andersson au cinéma, 25 ans après son deuxième long métrage réalisé en 1975, Giliap. C’est aussi le premier volet de la « Trilogie des Vivants ou comment être un être humain ». Alors que le soir tombe, une grande ville de l’hémisphère Nord devient le théâtre d’événements plus ou moins bizarres, parfois cruels, souvent inquiétants. Un vieil homme qui vient d’être licencié s’accroche désespérément aux pieds de son patron, sous les regards presque indifférents de ses collègues. Un immigré est tabassé en pleine rue, sans raison apparente, par des loubards aux allures de gentlemen. Un magicien qui devait «couper» un homme en deux rate son tour. Un homme visiblement épuisé met le feu à sa propre boutique dans le but de toucher l’assurance. Désormais sans travail, il erre dans les rues de la ville, paralysée par des embouteillages monstres…

Prix du Jury au Festival de Cannes en 2000, Chansons du deuxième étage installe ce qui sera désormais le style Andersson : succession de cadrages fixes, en grand angle et en une quarantaine de longs plans-séquences sophistiqués tournés en studio dans des décors stylisés, qui s’apparentent à des tableaux vivants. Andersson travaille comme un peintre et utilise sa caméra comme un pinceau. Il recherche constamment le plan parfait, tout comme la profondeur de champ et la perspective. Pas étonnant que le tournage de Chansons du deuxième étage se soit étendu sur quatre années ! Roy Andersson a pour habitude de ne jamais utiliser de scénario, ni de se reposer sur un planning de tournage. Le réalisateur préfère élaborer et peaufiner les scènes au fil de nombreuses répétitions, avec l’aide de ses comédiens, la plupart du temps non-professionnels, préférant les «gens authentiques et qui ont une véritable présence à l’écran». Ces délais hors-normes de production, sans compter le manque d’argent qui a occasionné plusieurs arrêts des prises de vue, font la marque de fabrique de Roy Andersson. Chaque couche doit être visible, du premier au dernier plan.

A l’instar des deux volets suivants, Nous, les vivants (2007) et Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (Lion d’or à la Mostra de Venise 2014), les œuvres des peintres allemands Otto Dix et Georg Scholz ont influencé le cadre et l’atmosphère : le visage des comédiens est blafard et fardé ; les couleurs sont ternes et désaturées ; l’ambiance est froide, parfois glaciale, et lugubre ; l’humour noir ironique et ravageur prédomine, même quand la mort est présente. Une fois ces partis pris acceptés par le spectateur, l’ensemble respire, vit, nous touche et une mélancolie transpire à chaque plan.

En outre, cet humour burlesque et poétique, que n’auraient pas renié Jacques Tati, Eugène Ionesco ou Pierre Etaix, naît de cette bizarrerie finalement quotidienne, alors que le monde semble être au bord du chaos. Roy Andersson est un humaniste, même s’il est réputé comme un artisan acharné, parfois tyrannique, lorsqu’il lui faut obtenir ce qu’il estime être la perfection. Dans ce conte moral constitué d’une suite de sketchs, il s’intéresse à la confrontation des êtres, à leur conversation ou plutôt à l’absence de communication, voire au dialogue de sourds. Mais il croit en cette interaction, au bonheur et au rire.

Le style singulier de Roy Andersson met ainsi en relief l’absurdité de la vie, de la solitude, des désirs inassouvis et du manque d’amour dans un monde quasi incolore, funèbre et déprimant. Malgré tout, l’espoir de s’en sortir, de trouver l’interlocuteur et de penser que demain sera un autre jour, ne cessent de démentir toutes ces premières impressions. Chansons du deuxième étage est un bijou froid totalement inclassable qui trouve dès lors le moyen de réchauffer le cœur tout en incitant à la réflexion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Chansons du deuxième étage, disponible chez Potemkine, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

En 2001, Arte Vidéo avait édité Chansons du deuxième étage en DVD. Une galette qui comprenait moult suppléments : un commentaire audio du réalisateur, un documentaire sur le réalisateur : « Obsessions du deuxième étage », deux courts-métrages Monde de gloire et Quelque chose est arrivé, un making of, des scènes inédites, des tests et une scène alternative. Si le film fait peau neuve en Haute-Définition chez Potemkine, les suppléments de l’ancienne édition ont tous disparu ! Il faut se contenter d’un rapide entretien avec Roy Andersson (4’) durant lequel le cinéaste évoque l’humour particulier du film, l’envie de surprendre les spectateurs, le travail avec les acteurs non-professionnels.

Nous trouvons également deux publicités réalisées (en plan-séquence) par Roy Andersson, la première pour Trygg Hansa, une société d’assurance (44 secondes), le second pour HSB, une coopérative immobilière (30 secondes).

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Les rares scènes diurnes tournées en extérieur s’accompagnent d’un piqué aussi pointilleux que possible. La photo particulière est ici conforme aux souhaits du réalisateur, les contrastes sont aléatoires, les noirs denses, les teintes bleutées, froides, grisâtres et vertes sont merveilleusement mises en valeur. La copie est très propre et parvient à tirer quelques avantages de la Haute-Définition.

L’éditeur dispose d’un mixage suédois DTS-HD Master Audio 5.1. La piste ne déçoit pas par son envergure et son entrain, tant au niveau de la délivrance des dialogues que des effets latéraux. La balance frontale est riche et plonge facilement le spectateur dans l’ambiance surprenante du film.

Crédits images : © Potemkine Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Kids in love, réalisé par Chris Foggin

KIDS IN LOVE réalisé par Chris Foggin, disponible en DVD le 18 janvier 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Will Poulter, Alma Jodorowsky, Cara Delevingne, Sebastian De Souza, Preston Thompson, Jamie Blackley, Pip Torrens, Geraldine Somerville

Scénario : Sebastian De Souza, Preston Thompson

Photographie : Dirk Nel

Musique : Rael Jones

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Refusant de suivre le chemin tout tracé par ses parents, Jack voit ses repères chamboulés lorsqu’il rencontre la belle Evelyn. À ses côtés, il va s’immerger dans l’univers des soirées sélectives de la scène londonienne, suivant ses nouveaux amis, dont la pétillante Viola. Dans ce quotidien tourbillonnant, de fêtes en festivals, à l’aube de l’âge adulte, Jack va devoir déterminer qui il est, et, surtout, qui il veut devenir.

Il y a des petits films, sortis en catimini, dont nous n’attendions rien, qui ne révolutionneront pas le cinéma certes, mais qui méritent d’être vus au moins une fois. Kids in love ne laissera pas un grand souvenir, mais s’avère une très agréable comédie romantique destinée aux jeunes spectateurs. Tourné durant l’été 2013 pendant quatre petites semaines, à Londres, avec notamment le carnaval de Notting Hill en fond et le quartier de Soho, Kids in love ne propose pas une amourette vulgaire ou bas de plafond, mais s’avère mature, mélancolique, avec des personnages très attachants et réalistes.

Chris Foggin, jeune réalisateur né en 1985, signe ici son premier long métrage après avoir fait ses classes en tant que troisième assistant sur des films aussi divers que W.E. de Madonna (2011), le magnifique Deep Blue Sea de Terence Davies (2011), My Week with Marilyn de Simon Curtis (2011) et Le Dernier pub avant la fin du monde d’Edgar Wright (2013). Après quelques courts métrages, il décide d’adapter un scénario écrit par ses amis Sebastian De Souza et Preston Thompson, qui se sont également réservés les rôles respectifs de Milo, le petit ami d’Evelyn, et de Cassius, le pote bon vivant. Au générique, si le nom de Will Poulter ne dira pas forcément grand-chose aux spectateurs, ils reconnaîtront immédiatement sa tête (et ses sourcils) s’ils ont vu Les Miller, une famille en herbe, dans lequel il jouait le simplet Kenny. Vu depuis dans Le Labyrinthe et The Revenant, prochainement chez David Michôd et Kathryn Bigelow (excusez du peu), il porte ici brillamment le film sur ses épaules. Il fait dire qu’il est aussi très bien accompagné, puisque l’objet de son affection n’est autre que la divine Alma Jodorowsky, petite-fille d’Alejandro Jodorowski, aperçue dans La Vie d’Adèle et Juillet août de Diastème. Notons également la participation de Cara Delevingne, dans un rôle très secondaire, mais dont le visage désormais connu (tous comme les sourcils elle aussi) aide aujourd’hui à la distribution de Kids in love.

Ce qui fait la qualité de Kids in love, c’est le portrait juste et mélancolique d’une génération, prise entre le monde adolescent qu’ils viennent de quitter et le monde adulte qu’ils ne savent pas comment aborder. Jack (Will Poulter) est admis à Bristol et pense étudier l’histoire et le droit, pour devenir avocat. Du moins c’est ce que ses parents envisagent pour lui. Mais avant cela il décide de s’offrir une année sabbatique avec un de ses potes d’enfance. C’est alors qu’il rencontre Evelyn, jeune parisienne qui suit ses études à Londres, mais qui préfère faire la fête, profiter de la nuit et de ses amis bohèmes. Troublé, Jack découvre qu’il peut devenir maître de propre vie et ne pas se laisser dicter ses choix, quitte à décevoir ses parents. En d’autres termes, Jack devient un adulte.

Si le film peut parfois être redondant quand Jack et ses nouveaux amis passent de fiesta en fiesta, Kids in love se révèle être un film tendre, bien écrit et interprété, qui révèle la sensibilité d’un nouveau réalisateur et de ses scénaristes. Un bon et sympathique divertissement pour résumer.

LE DVD

Le test du DVD de Kids in love, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Pour la sortie de ce DTV dans les bacs, l’éditeur a honteusement mis Cara Delevingne au centre de la jaquette, où elle prend d’ailleurs tout le verso ! Mention spéciale au verso qui stipule « Après La Face cachée de Margo, l’égérie Chanel et Burberry, Cara Delevingne, se dévoile à nouveau dans un rôel qui lui colle à la peau ». Will Poulter et Alma Jodorowski doivent se contenter d’une toute petite apparition sur les angles supérieurs. L’arnaque de l’année quoi. Le menu principal est animé et musical.

Les suppléments se résument à la bande-annonce du film.

L’Image et le son

Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, aux teintes pastel, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres.

Kids in love n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares et le caisson de basses s’anime lors des scènes de fiesta. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long. Même chose pour les deux pistes Stéréo. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

Crédits images : © Capelight pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Victoria, réalisé par Justine Triet

VICTORIA réalisé par Justine Triet, disponible en DVD et Blu-ray le 18 janvier 2017 chez Le Pacte

Acteurs : Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaux, Laure Calamy, Alice Daquet, Sophie Fillières

Scénario : Justine Triet, Thomas Lévy-Lasne

Photographie : Simon Beaufils

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime.
Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu’elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria.

Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, la jeune réalisatrice et scénariste Justine Triet (née en 1978) signe en 2013 son premier long métrage avec La Bataille de Solférino, aboutissement et synthèse de ses courts et moyens métrages, Sur place (2006), Des ombres dans la maison (2009) et Vilaine fille mauvais garçon (2012). Son univers ? Basculer fréquemment d’un ton à l’autre au coeur de chaque scène, d’une situation familière à un événement collectif, tout en s’interrogeant sur la place de l’individu au sein d’un groupe. Etrange symbiose de comédie, de drame et de film à suspense, La Bataille de Solférino s’avérait beaucoup plus réussi dans son dispositif – une fiction plongée dans la véritable foule réunie devant le siège du Parti Socialiste au moment de l’annonce de la victoire de François Hollande le 6 mai 2012 – que dans son histoire centrée sur des personnages dont on ne parvenait pas vraiment à s’attacher, malgré d’excellents comédiens. Trois ans après, la réalisatrice transforme ce coup d’essai avec Victoria, une succulente comédie et offre son plus beau rôle à la délicieuse Virginie Efira.

L’actrice belge interprète Victoria, une jeune avocate en pleine tourmente. Alors qu’elle assiste à un mariage, une jeune femme est blessée d’un coup de couteau et c’est l’un de ses amis (le compagnon de la femme) qui est accusé. Bien que gênée à l’idée de défendre l’une de ses connaissances, elle accepte finalement l’affaire. Dans le même temps, débordée par la gestion de son quotidien, elle embauche Sam, un ancien dealer qu’elle a défendu, comme « homme au pair » pour garder ses deux petites filles. Elle découvre par ailleurs que son ex, qui ambitionne d’être écrivain, a publié sur internet un récit inspiré de leur histoire en l’accablant de tous les maux. Malgré son dynamisme, Victoria est au bord de la crise, tant professionnellement que sentimentalement.

Justine Triet dresse un formidable portrait de femme moderne en télescopant à la fois la vie intime et la vie professionnelle de son héroïne. Un nouveau rôle en or pour Virginie Efira après le récent Caprice d’Emmanuel Mouret qu’elle illuminait à chaque apparition. En inscrivant son histoire dans le registre de la comédie burlesque aux dialogues raffinés, Justine Triet se penche sur les problèmes sentimentaux et sexuels d’une pré-quadra d’aujourd’hui, prise malgré elle dans un quotidien tourbillonnant avec la préparation du procès durant lequel elle doit défendre son ami Vincent (Melvil Poupaud), ou bien encore le harcèlement de son ex David, qui s’inspire des affaires personnelles de Victoria pour nourrir ses histoires publiées sur un blog à succès, sans oublier Samuel (Vincent Lacoste), qui l’encourage à vivre sa vie de femme. Aux côtés de tout ce beau monde, sans oublier l’indispensable Laure Calamy, Virginie Efira crève l’écran dans la peau de cette femme complexe, au bout du rouleau, mais maman célibataire dévouée, qui se retrouve à un carrefour de sa vie. Ou quand la vie professionnelle fait imploser la vie personnelle.

Malgré toutes ces catastrophes qui lui tombent dessus en même temps, Victoria ne s’avoue pas vaincu et va enfin pouvoir renaître. De l’aveu même de Justine Triet, ses références vont de Billy Wilder à Howard Hawks, en passant par Blake Edwards, James L. Brooks et Woody Allen. La réalisatrice a bien digéré ces illustres modèles pour les transposer en comédie française, décalée, sophistiquée, sociale et très attachante, tout en marquant le film de petites touches surréalistes, à l’instar de la scène du procès en présence d’animaux, notamment un dalmatien appelé à la barre, que Victoria semble bien décider à démontrer que son témoignage ne tient pas debout. Ou couché c’est selon.

Radieuse, sexy, naturelle, émouvante et évidemment très drôle, Virginie Efira, en état de grâce, ne fait qu’une avec Victoria, un rôle qui va définitivement marquer sa carrière et pour lequel elle devrait logiquement être nommée aux César de la meilleure actrice en 2017.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Victoria, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissée dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité démarre tout d’abord par le making of (21’) composé évidemment d’images du tournage et d’interviews de la réalisatrice et des comédiens. Justine Triet revient sur la genèse de Victoria, les thèmes qu’elle a voulu explorer, tandis que les acteurs abordent la psychologie des personnages. Ce segment se clôt sur des images de la présentation de Victoria à l’UGC Ciné Cité les Halles.

En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint également quelques scènes coupées, certaines visiblement improvisées où Virginie Efira a du mal à se retenir de rire face à Vincent Lacoste. D’autres petites scènes montrent Victoria jouer du piano et chanter quelques airs mélancoliques (14’).

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p de Victoria ne manque pas d’attraits… La clarté est bienvenue, la colorimétrie chatoyante, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Remarqué ces dernières années pour ses superbes photographies de Fidelio, l’odyssée d’Alice de Lucie Borleteau et Les Opportunistes de Paolo Virzì, le chef opérateur Simon beaufils voit ses partis pris esthétiques savamment respectés. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes affichent une constante solidité et l’encodage AVC emballe l’ensemble avec brio.

Nous trouvons ici une piste française DTS-HD Master Audio 5.1. Disons le d’emblée, le soutien des latérales est anecdotique pour un film de cet acabit. Les enceintes arrière servent essentiellement à spatialiser la musique du film et quelques ambiances naturelles. Les dialogues et la balance frontale jouissent d’une large ouverture, et parviennent à instaurer un confort acoustique suffisant. La Stéréo est également très bonne et contentera largement ceux qui ne seraient équipés uniquement que sur la scène avant. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ecce Films – Audoin Desforges / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Roi de coeur, réalisé par Philippe de Broca

LE ROI DE COEUR réalisé par Philippe de Broca, disponible en DVD et Blu-ray le 24 janvier 2017 chez L’Atelier d’images

Acteurs : Alan Bates, Pierre Brasseur, Jean-Claude Brialy, Geneviève Bujold, Michel Serrault, Adolfo Celi, Françoise Christophe, Julien Guiomar, Micheline Presle, Jacques Balutin, Marc Dudicourt…

Scénario : Daniel Boulanger et Philippe de Broca, d’après une idée de Maurice Bessy

Photographie : Pierre Lhomme

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Octobre 1918, le soldat britannique Charles Plumpick est envoyé comme éclaireur dans une petite ville française récemment évacuée. Il découvre que les habitants de l’hôpital psychiatrique sont restés, et qu’ils ont investi la ville selon leur fantaisie. Loin de la guerre, un général Géranium, un Duc de Trèfle ou une délicieuse Coquelicot l’accueillent chaleureusement comme « Roi de Coeur » dans leur univers…

« Vous voyez bien qu’il y a une barrière entre ce monde et nous ! »

En 1960, Philippe de Broca signe son premier film, Le Farceur. Il collabore à nouveau avec Jean-Pierre Cassel pour Les Jeux de l’amour (1960) et L’Amant de cinq jours (1961), avant de connaître son premier très grand succès avec Cartouche (1962). Suivront deux sketches réalisés pour les films collectifs Les Sept péchés capitaux (1962) et Les Veinards (1963), le triomphe international de L’Homme de Rio (1964), puis une nouvelle comédie avec Jean-Pierre Cassel, Un monsieur de compagnie (1964) et un autre grand succès avec Jean-Paul Belmondo, Les Tribulations d’un Chinois en Chine (1965), d’après Jules Verne. Le cinéaste a donc le vent en poupe quand il s’attaque à son projet le plus personnel, Le Roi de coeur, qu’il coécrit avec Daniel Boulanger, d’après une idée de Maurice Bessy.

Les soldats allemands et écossais s’affrontent près de Marville, un petit village du nord de la France dans les derniers mois de la Première Guerre mondiale. Menacé de destruction par les allemands, qui ont prévu de tout faire exploser quand sonnera minuit, le village est abandonné par l’occupant et ses habitants. Seuls les fous internés dans l’asile restent dans les lieux, qu’ils vont investir le temps d’une véritable récréation, sous les yeux éberlués des militaires. Avertis, les alliés chargent le soldat britannique Plumpick (Alan Bates) de trouver les explosifs et de les désamorcer. Les aliénés l’accueillent à bras ouverts, notamment Xénophon alias le duc de Trèfle (Jean-Claude Brialy), le Général Géranium (Pierre Brasseur), l’évêque Marguerite (Julien Guiomar), monsieur Marcel le coiffeur (Michel Serrault), la tenancière de la maison close madame Eglantine (Micheline Presle) et l’une de ses pensionnaires, la jeune et ravissante Coquelicot (Geneviève Bujold). Ils reconnaissent en lui leur roi bien-aimé. Il est désormais le Roi de Coeur. Le sacre se prépare à la cathédrale, mais bien qu’il s’attache rapidement à ces habitants insolites, Plumpick n’oublie pas sa mission, surtout que le compte à rebours a commencé.

« Vous ne voyez pas comment ils sont méchants de ce côté-là ? »

La critique française a été glaciale à la sortie du film en décembre 1966, qui résumait Le Roi de coeur à une « histoire avec des fous ». Totalement incomprise dans nos contrées où l’échec commercial atteint profondément le réalisateur (au point qu’il envisage d’arrêter le cinéma), qui avait produit son film pour la première fois de sa carrière, l’oeuvre de Philippe de Broca est cependant un immense succès aux Etats-Unis – il reste près de dix ans en exclusivité à Boston – et demeure aujourd’hui un vrai film culte. Il faudra attendre 2016-2017 pour que Le Roi de coeur soit enfin considéré à sa juste valeur en France, à savoir un des chefs d’oeuvre oubliés du maître de Broca. Car il faut bien avouer que ce long métrage anticonformiste et antimilitariste est un véritable bijou à réhabiliter de toute urgence. Le cinéaste fait de ses fous de véritables héros, qui ont su affronter le conflit armé en préférant se réfugier dans leur univers. Les aliénés forment une véritable communauté faite d’entraide et d’amitié, où chacun vit heureux et libre.

« Le merlan aime la friture…« 

Le casting est exceptionnel puisque les personnages sont interprétés par de véritables monstres du cinéma. Alan Bates (bondissant, malgré une cheville cassée sur le tournage !), Micheline Presle (sublime), Michel Serrault (dont le personnage annonce celui de La Cage aux folles), Pierre Brasseur (truculent), Julien Guiomar (hilarant), Jean-Claude Brialy (raffiné), Françoise Christophe (élégante), Geneviève Bujold (lumineuse et sensuelle), sans oublier Adolfo Celi dans le rôle inattendu d’un colonel écossais.

A mi-chemin entre le cinéma d’Ernst Lubitsch et de Blake Edwards, Le Roi de coeur, comédie décalée et sophistiquée est trop en avance pour les spectateurs de 1966. C’est dire l’importance de (re)découvrir aujourd’hui cette fantaisie poétique, intelligente et mélancolique, qui va à cent à l’heure, illuminée par la photographie de Pierre Lhomme et portée par la sublime partition de Georges Delerue, dont le thème du « Retour à l’asile » risque de s’inscrire pour longtemps dans la mémoire des cinéphiles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray « Edition Royale » du Roi de coeur, disponible chez L’Atelier d’images, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné très élégant, reprenant le visuel de l’affiche réalisée pour la ressortie du film au cinéma dans sa version restaurée en janvier 2017. Le menu principal est animé et musical.

Dans un premier segment, le grand directeur de la photographie Pierre Lhomme (La Vie de château, Mortelle randonnée, Cyrano de Bergerac) revient sur son amitié et sa collaboration avec Philippe de Broca. Au fil de cet entretien (10’), illustré par d’exceptionnelles images du tournage (avec le réalisateur à l’oeuvre) du Roi de coeur dénichées par Jérôme Wybon, le chef opérateur évoque leurs débuts respectifs dans le monde du cinéma, les conditions de tournage du film qui nous intéresse, le tout ponctué par quelques anecdotes liées aux conditions des prises de vue et sur la sortie du film en France (un échec cuisant) et aux Etats-Unis (un film culte).

Le bonus suivant est composé de séquences du film montées sur un témoignage audio de Michelle de Broca (9’). Epouse du cinéaste de 1958 à 1961, productrice du Roi de coeur, Michelle de Broca se penche sur le tournage du film, l’accident d’Alan Bates survenu pendant les prises de vue (l’acteur s’est cassé la cheville), la mauvaise promo du film en France à sa sortie et l’excellent accueil critique et public du Roi de coeur aux Etats-Unis, porté par les étudiants américains qui voyaient dans cette histoire un parallèle avec la Guerre du Viêt Nam.

Document réalisé le 13 août 1966, un module d’archives compile les propos de certains comédiens du Roi de coeur sur le plateau. Jean-Claude Brialy, Julien Guiomar, Pierre Brasseur, Alan Bates, Michel Serrault, Geneviève Bujold, Micheline Presle et Marc Dudicourt. A tour de rôle, les acteurs évoquent le style de Broca, le rythme et l’univers du cinéaste et dressent au final un formidable portrait du réalisateur.

Un segment d’archives propose également un extrait d’interview de Philippe de Broca, réalisée le 6 février 1967 (1’30). Le cinéaste y parle de sa condition de metteur en scène et de son art qui lui permet de voyager dans l’univers du rêve, de l’irréel et de l’irrationnel, afin d’échapper au quotidien.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Roi de coeur a été restauré en 2015 par Technicolor pour Alex Productions. Les travaux de restauration et d’étalonnage ont été réalisés en 4K à partir du négatif original monté en 35mm Techniscope, sous la supervision du chef opérateur Pierre Lhomme. Et c’est superbe ! Dès le premier plan, l’image affiche une stabilité jamais démentie, un sublime grain original heureusement conservé et surtout excellemment géré. La propreté du master est tout simplement hallucinante, aucune scorie n’a survécu au nettoyage numérique. Ce Blu-ray au format 1080p, redonne aux couleurs une nouvelle harmonie ainsi qu’un éclat inédit, le cadre large n’est pas avare en détails, les contrastes sont denses. On en prend plein les yeux et ce master HD permet de redécouvrir ce film maudit de Philippe de Broca dans les meilleures conditions techniques. Nous ne pouvions pas rêver mieux !

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Georges Delerue trouve un nouvel et remarquable écrin phonique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © L’Atelier d’images / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr