Test DVD / Tout de suite maintenant, réalisé par Pascal Bonitzer

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TOUT DE SUITE MAINTENANT réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD le 8 novembre 2016 chez Ad Vitam

Acteurs : Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Bacri, Julia Faure, Pascal Greggory, Virgil Vernier

Scénario : Pascal Bonitzer, Agnès de Sacy

Photographie : Julien Hirsch

Musique : Bertrand Burgalat

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Nora Sator, jeune trentenaire dynamique, commence sa carrière dans la haute finance.
Quand elle apprend que son patron et sa femme ont fréquenté son père dans leur jeunesse, elle découvre qu’une mystérieuse rivalité les oppose encore.
Ambitieuse, Nora gagne vite la confiance de ses supérieurs mais entretient des rapports compliqués avec son collègue Xavier, contrairement à sa sœur Maya qui succombe rapidement à ses charmes…
Entre histoires de famille, de cœur et intrigues professionnelles, les destins s’entremêlent et les masques tombent.

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S’il n’a pas battu le record d’entrées de Rien sur Robert (1999), le réalisateur Pascal Bonitzer a connu un de ses plus grands succès en 2012 avec l’excellent Cherchez Hortense, coécrit avec la scénariste Agnès de Sacy. Les deux amis et collaborateurs se retrouvent naturellement pour Tout de suite maintenant. Le cinéaste s’entoure de comédiens qu’il connaît déjà comme Jean-Pierre Bacri (Cherchez Hortense) et Lambert Wilson (Le Grand alibi), mais bénéficie également du talent d’autres grands acteurs, Isabelle Huppert et Pascal Greggory, nouveaux dans son univers. S’il retrouve également sa fille Agathe, présente dans quatre de ses précédents longs métrage, Pascal Bonitzer engage la jeune génération, le désormais incontournable Vincent Lacoste et la délicieuse Julia Faure.

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Agathe Bonitzer est Nora Sator, recrutée dans une société qui gravite dans la haute finance.  Incidemment, elle découvre que son directeur (Lambert Wilson) et son père (Jean-Pierre Bacri) se sont fréquentés dans leur jeunesse. Une rivalité semble encore les opposer. Au fil des semaines, Nora acquiert la confiance de la direction mais ses rapports avec son collègue direct, Xavier (Vincent Lacoste, impeccable), sont compliqués. Ce dernier séduit Maya (Julia Faure), la sœur de Nora. Les vieilles histoires de famille et les antagonismes professionnels vont bientôt se révéler au grand jour.

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Avec Tout de suite maintenant, Pascal Bonitzer a voulu aborder le monde de la finance et ses « requins ». Désireux de saisir l’esprit d’une époque dans chacun de ses films, le réalisateur et prolifique scénariste cristallise le rythme trépidant de ce monde à travers le titre du film Tout de suite maintenant, qui ne laisse aucun moment de répit à ses « acteurs » principaux. La caméra ne quitte pour ainsi dire jamais Agathe Bonitzer, magnétique, qui trouve ici son premier vrai rôle de femme et qui s’en acquitte merveilleusement. Pour l’anecdote, la jeune comédienne incarnait déjà la fille de Jean-Pierre Bacri dans Les Sentiments (2006) de Noémie Lvovski. Le titre Tout de suite maintenant correspond également à la volonté de tout obtenir, l’argent, la réussite, le respect, le succès, la célébrité et l’amour dans les plus brefs délais, de plus en plus jeune.

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Agathe Bonitzer et Vincent Lacoste incarnent de jeunes loups plongés dans ce monde sans foi ni loi, elle la fille d’un ancien homme d’affaires, lui issu d’un milieu modeste qui est prêt à tout pour s’élever socialement. Mais si le monde de l’entreprise n’a pas changé ou s’est encore plus endurci, la nouvelle génération semble moins « monstrueuse » que l’était celle de leurs aînés. Nora est sans doute pleine d’ambition, prête à tout pour réussir et être reconnue pour son travail plutôt que par son nom, ses projets vont tout de même être perturbés par les sentiments qui vont naître entre elle et son collègue Xavier, même s’il commence à flirter avec sa sœur, chanteuse-serveuse dans une boîte de nuit. C’est la première fois que le cinéaste centre son récit autour d’une jeune femme, même si les personnages satellites, Bacri (impérial), Huppert (sublime), Wilson et Greggory (décalés et formidables) s’avèrent typiques de Pascal Bonitzer, à savoir des êtres en plein spleen, désenchantés, fatigués avant l’âge. Ce que ces personnages ont vécu, ce pourquoi ils se sont confrontés, disputés, déchirés, se répercute inévitablement sur la génération suivante, qui l’apprend à son corps défendant.

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Là où Jean-Pierre Bacri incarnait un fils écrasé par l’aura d’un père important et très demandé dans Cherchez Hortense, l’acteur le devient ici malgré lui puisque son nom devient un fardeau pour sa fille Nora. Même s’il n’appartient plus à ce monde, son fantôme demeure dans les couloirs froids et aseptisés désormais arpentés par sa fille. Mais les requins qui lui tournent autour semblent également la convoiter et Nora devient malgré elle le nouveau centre névralgique de toutes les frustrations et des occasions manquées, qui demeuraient jusqu’alors enfouies. Le désir de s’affirmer, de s’affranchir d’un nom célèbre dans le même milieu professionnel, tout cela fait évidemment écho avec Agathe Bonitzer, fille de Pascal Bonitzer et de Sophie Fillières. Elégamment écrit et interprété, Tout de suite maintenant confirme la fraîcheur du cinéma de Pascal Bonitzer, qui parvient à accrocher les wagons entre les générations, qui questionne le passé pour mieux comprendre le présent. Une grande réussite, intelligente et bourrée de charme.

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LE DVD

Le test du DVD de Tout de suite maintenant, disponible chez Ad Vitam, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

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L’éditeur joint un entretien intéressant de 28 minutes avec Pascal Bonitzer et sa coscénariste Agnès de Sacy. Les deux amis et collaborateurs, qui avaient déjà signé Cherchez Hortense en 2012, reviennent sur la genèse de Tout de suite maintenant, la difficulté rencontrée à l’écriture en raison de leur méconnaissance du monde de l’entreprise, les personnages, l’évolution du scénario, les thèmes explorés et inspirés par le livre autobiographique d’Anne Lauvergeon, La Femme qui résiste, dans lequel elle raconte ses débuts comme conseillère de Mitterrand. Le travail avec les comédiens, la musicalité des dialogues et les quelques coupes au montage sont également abordés.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le master d’A tout de suite maintenant est très propre et lumineux, détaillé à souhait et toujours plaisant pour les mirettes. Les séquences diurnes sont les mieux loties avec un piqué plus incisif et une colorimétrie pétillante. Les contrastes sont au beau fixe, tout comme les nombreux gros plans d’une précision sans failles. Mention spéciale aux ambiances tamisées du plus bel effet.

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Immersion totale que cette piste Dolby Digital 5.1 qui offre un confort sonore dynamique et un bel écrin acoustique. Les dialogues sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontale est ardente et les ambiances en extérieur ne sont jamais oubliées à l’instar des scènes en bord de mer. La piste stéréo est également impressionnante et propose un confort suffisant pour qui n’est pas équipé en 5.1. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en audiodescription.

atdm9Crédits images : © Ad Vitam / Captures du DVD et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Petite voleuse, réalisé par Claude Miller

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LA PETITE VOLEUSE réalisé par Claude Miller, disponible en Blu-ray et DVD le 25 octobre 2016 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Didier Bezace, Simon de La Brosse, Clotilde de Bayser, Raoul Billerey, Chantal Banlier, Nathalie Cardone

Scénario : Claude Miller, Luc Béraud, Annie Miller d’après une histoire originale de François Truffaut et Claude de Givray

Photographie : Dominique Chapuis

Musique : Alain Jomy

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Une petite ville du centre de la France dans les années cinquante. Janine en sortant de l’école vole un paquet de cigarettes dans une voiture de l’armée américaine et un vêtement aux « Folies de Paris ». Le directeur de cet établissement arrive chez ses parents adoptifs et découvre le butin. Un jour, Janine rencontre Raoul, jeune couvreur, en train de voler. La complicité, puis l’amour va lier ces deux jeunes gens en rébellion contre leur monde.

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En juillet 1983, François Truffaut travaille sur le scénario de La Petite voleuse, quand il est victime d’une première attaque cérébrale. Il est atteint d’une tumeur, qui l’affaiblira de plus en plus. Le cinéaste s’éteint le 21 octobre 1984 à l’âge de 52 ans. Ami cinéphile de François Truffaut et surtout directeur de production de La Sirène du Mississippi (1969) à L’Histoire d’Adèle H. (1975), Claude Miller décide après le triomphe de L’Effrontée, de reprendre le scénario coécrit par François Truffaut et Claude de Givray, et de l’adapter avec l’aide de sa femme Annie et de Luc Béraud. Pour ce pendant féminin des 400 coups, le réalisateur jette une fois de plus son dévolu sur Charlotte Gainsbourg. Du haut de ses 17 ans, elle porte désormais entièrement le film sur ses épaules. Bien qu’elle se défende face aux journalistes de ne pas penser à devenir actrice, force est de constater que Charlotte Gainsbourg est devenue une comédienne professionnelle en peu de temps et son talent éclate une fois de plus à l’écran à travers le rôle de Janine Castang.

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En 1950, dans une petite bourgade paumée du centre de la France, cette adolescente, fruit d’une liaison entre une mère qui l’a abandonné sans explication il y a cinq ans et un officier allemand qu’elle n’a pas connu, Janine est élevée par son oncle (Raoul Billerey) et sa tante ingrate (Chantal Banlier) qui la laissent vivre et se débrouiller seule. A l’instar du personnage de Charlotte dans L’Effrontée, Janine Castang (qui a d’ailleurs le même nom de famille que Charlotte) étouffe dans cette petite maison en ruines, mais aussi à l’école et rêve de liberté. Pour tromper son ennui, elle vole tout ce qui se présente à elle, des cigarettes, de la lingerie fine, des bijoux, tout ce qui peut lui donner l’impression d’être déjà la femme qu’elle souhaite devenir, pour accélérer le temps. Elle fréquente aussi le cinéma (comme Antoine Doinel), avec une prédilection pour les histoires d’amour et les opérettes. Un soir, elle s’endort (ou feint de s’endormir ?) sur l’épaule de Michel (superbe Didier Bezace), un poète et musicien, marié et père d’une jeune fille qui a le même âge que Janine. Ils font connaissance. Janine s’éprend très vite de cet homme qui visiblement connaît tout de la vie et qui en parle bien. Si Michel est très vite attiré par Janine, c’est cette dernière qui fera le premier pas et le couple commence à se fréquenter.

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Janine souhaite devenir une femme et devenir indépendante. Elle trouve un travail de bonne chez un couple bourgeois. Mais si Janine commence à déambuler dans le monde qu’elle s’est longtemps imaginée, elle souhaite également en devenir une des actrices principales. Elle rencontre alors Raoul (Simon de La Brosse), également voleur à ses heures. Les deux jeunes gens se trouvent et Janine, pour la première fois de sa vie, tombe réellement amoureuse. Mais combien de temps encore peut-elle s’obstiner à vouloir aller plus vite que la vie ?

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Magnétique, drôle et bouleversante, Charlotte Gainsbourg accroche la pellicule, tout comme ses partenaires, Didier Bezace et Simon de La Brosse. L’écriture est délicate, la reconstitution des années 1950 est soignée, les dialogues percutants. Une actrice née sous nos yeux. Charlotte Gainsbourg réalise sa première performance et même si sa vraie personnalité est encore visible, Janine Castang est son premier vrai personnage original. Les spectateurs suivent émus cette jeune femme, immédiatement attachante, découvrir l’amour, la sexualité, le monde du travail, l’amitié, l’entraide, à travers un récit d’apprentissage doux, pudique, parfois cruel, toujours humain. Claude Miller parvient à s’approprier l’histoire originale de François Truffaut, tout en rendant quelques hommages au cinéma de ce dernier à travers quelques clins d’oeil. La Petite voleuse sort juste avant Noël 1988. S’il ne connaît pas le même succès que L’Effrontée, le film réalise tout de même un score fort honorable d’1,8 millions d’entrées.

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LE BLU-RAY

Contrairement aux éditions Blu-ray de Garde à vue et de Mortelle randonnée, et à l’instar de celle de L’Effrontée, l’édition Blu-ray de La Petite voleuse s’avère plus basique puisque le disque repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une séquence du film.

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On commence les suppléments par le documentaire rétrospectif de 25 minutes intitulé Sur les traces de François Truffaut, coréalisé par Olivier Curchod et Luc Béraud. Ce dernier, collaborateur et ami de Claude Miller, également coscénariste de La Petite voleuse, intervient dans ce module. Il semble que les protagonistes n’aient pas grand-chose à dire ici, surtout que la réalisation de ce documentaire s’avère bien plate et basique. Nous retrouvons Nathan Miller, fils de Claude Miller, assistant-réalisateur sur La Petite voleuse, Annie Miller (la femme du cinéaste et coscénariste), Jean-Louis Livi (producteur), Guillaume Schiffman (deuxième assistant caméra), Jacqueline Bouchard (costumière), Alain Jomy (compositeur) et Nadine Muse (monteuse son).

screenshot001screenshot002Les intervenants ont l’air parfois gênés d’évoquer ce film, surtout quand on leur demande ce qui appartient à François Truffaut (qui a écrit le scénario original et qui aurait fait ce film s’il n’était pas tombé gravement malade) ou à Claude Miller. Du coup, les propos manquent souvent d’intérêt. Chacun évoque un tournage très agréable malgré une production plus lourde en raison du caractère « historique » et des reconstitutions nécessaires. La production, les conditions des prises de vues, le casting (avec évidemment le retour de Charlotte Gainsbourg) et la création de l’affiche sont abordés, mais sans véritable entrain.

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De son côté, le réalisateur Stéphane Brizé (Je ne suis pas là pour être aimé, Mademoiselle Chambon, La Loi du marché) se penche sur la psychologie des personnages dans le cinéma de Claude Miller (8’). Pour lui, La Petite voleuse fait écho à L’Effrontée et à Thérèse Desqueyroux avec cette jeune femme « qui refuse sa condition et qui n’accepte pas le monde étroit dans lequel elle vit ». Brizé évoque ensuite le thème récurrent de l’abandon dans les films de Miller, puis se penche un peu plus sur le jeu de Charlotte Gainsbourg qui l’impressionne toujours autant.

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Après avoir partagé ses souvenirs pour L’Effrontée, Charlotte Gainsbourg revient ici sur La Petite voleuse (17’), film pour lequel elle a refusé une proposition de Miloš Forman. Dans cette interview divisée en « 10 chapitres », la comédienne déclare n’avoir jamais lu le scénario original de François Truffaut, parle des essayages des costumes, de sa relation avec Claude Miller (« plus professionnelle que sur L’Effrontée »), le travail avec ses partenaires et le chef opérateur. Charlotte Gainsbourg semble nostalgique de la façon dont on faisait du cinéma à l’époque, quand « le réalisateur était derrière la caméra et pas dans un coin dissimulé derrière son combo ».

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L’Image et le son

Le master HD de La Petite voleuse tient ses promesses, même si le Blu-ray demeure parfois perfectible. La restauration est très appréciable et rares sont les tâches subsistantes. Toutefois, seules les séquences tournées en extérieur demeurent les plus lumineuses de ce transfert. La profondeur de champ déçoit quelque peu, le piqué est moins pointu sur les scènes en intérieur et les noirs manquent de consistance. Le grain original est heureusement conservé et bien géré. Beaucoup de séquences sortent du lot et font honneur au support. La colorimétrie retrouve une nouvelle fraîcheur, le relief des matières est palpable, le rendu des visages est plaisant et les fourmillements limités grâce à un encodage AVC de fort bon aloi. Quant aux contrastes, ils demeurent plutôt solides pour un rendu homogène.

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Ce mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique probant, riche et solide. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, sans souffle parasite. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

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Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures Blu-ray et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / La Femme du dimanche, réalisé par Luigi Comencini

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LA FEMME DU DIMANCHE (La donna della domenica) réalisé par Luigi Comencini, disponible en DVD le 25 octobre 2016 chez Tamasa Diffusion

Acteurs : Jacqueline Bisset, Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant, Aldo Reggiani, Maria Teresa Albani, Omero Antonutti

Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli d’après le roman La Femme du dimanche (La Donna della domenica) de Carlo Fruttero et Franco Lucentini

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Garrone, un riche et célèbre architecte turinois, a été retrouvé chez lui, brutalement assassiné à l’aide d’un phallus en pierre retrouvé sur les lieux. L’inspecteur Santamaria est chargé de l’enquête. Originaire d’une famille modeste du sud de l’Italie, il navigue avec difficulté dans la haute bourgeoisie de Turin. Les suspects sont nombreux : Anna-Carla Dosio, la veuve désoeuvrée d’un industriel, oisive et séduisante, Massimo Campi, un ami homosexuel de Garrone et Lello Riviera, son amant, un petit fonctionnaire, sont tour à tour soumis aux questions pertinentes de Santamaria. L’assassinat de Riviera, qui menait sa propre enquête, brouille les pistes…

la-femme-du-dimanche6Dans les années 1970, le réalisateur Luigi Comencini a déjà bien entamé la cinquantaine et met les bouchées doubles. Loin des comédies de mœurs mégères qui ont fait sa renommée dans les années 1950-60, le cinéaste mythique de Pain, Amour et Fantaisie, Mariti in città, À cheval sur le tigre, Le Commissaire, La Ragazza, L’Incompris, Casanova, un adolescent à Venise et bien d’autres chefs-d’oeuvre entame une décennie placée sous le titre de la réflexion sur la dégradation des rapports entre individus, la bassesse de l’être humain, l’amertume et la haine qui a pourri toutes les couches sociales comme une véritable gangrène. Sur le fil entre le divertissement populaire et le drame policier ironique, La Femme du dimanche est le parfait reflet de la désillusion du cinéaste transalpin qui transparaît derrière les échanges des protagonistes, désabusés et dépassés par une enquête où tout le monde ou presque pourrait être le meurtrier d’un minable architecte libidineux et mondain, retrouvé le crâne fracassé par…un phallus en pierre.

la-femme-du-dimanche5Corrosif, La Femme du dimancheLa Donna della domenica l’est assurément. Passionnant ? Peut-être dans les débats qu’il entraîne après visionnage, beaucoup moins pendant à cause d’un rythme souvent poussif et inégal. Cette méditation amère et désenchantée – mais trop bavarde – sur les rapports de classe et la petite bourgeoisie mesquine peut tout d’abord apparaître froide, mais c’est sans compter sur le génie de Comencini qui ne nous jette pas une explicite radiographie des rapports sociaux sous les yeux. En vieux briscard et croyant en l’intelligence du spectateur, Comencini fait confiance à son audience pour décrypter ce qu’il y a au-delà, tout en respectant le livre phénomène de Carlo Fruttero et Franco Lucentini, adapté par le célèbre duo Age & Scarpelli. C’est là toute l’acuité d’un réalisateur arrivé au sommet de son art qui utilise l’art cinématographique comme objet d’analyse puisque le temps du divertissement – l’enquête n’intéresse pas Comencini – semble révolu. Mais le film vaut aussi pour son incroyable casting qui réunit Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset.

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lfdd2Le premier est comme d’habitude parfait dans le rôle de Santamaria, le flic chargé de l’enquête. Officier méridional, il regarde le monde turinois d’un œil narquois. Ses premiers soupçons se portent sur la séduisante Anna Carla Dosio, campée par la magnifique Jacqueline Bisset. Elle est l’auteur d’une lettre où elle disait vouloir se débarrasser de Garrone, l’architecte assassiné. Mais c’est en réalité toute la bonne société et la grande bourgeoisie de la ville qui vont bientôt se retrouver dans son collimateur, pour une enquête sulfureuse où il sera question de jalousie, de prostitution et d’homosexualité. C’est là que rentre en scène Massimo Campi (Trintignant, superbe), ami et confident d’Anna Carla, qui vit secrètement avec un homme dans sa garçonnière.

la-femme-du-dimanche3Le réalisateur s’amuse à dépeindre des bourgeois décadents qui s’ennuient – ils passent leur temps à prononcer Boston à l’anglaise plutôt qu’à l’italienne – et qui profitent de la mort d’autrui pour en tirer du plaisir en jouant notamment à l’apprenti détective. C’est le cas d’Anna Carla, qui n’hésite pas à interférer dans l’enquête de Santamaria, quelque peu dépassé par les événements et les dessous insoupçonnés d’une ville corrompue. Il est aidé par son collègue De Palma (hilarant Pino Caruso), seul personnage vraiment attachant de toute cette cohue. Réalisé entre Les Aventures de Pinocchio (1975) et le film à sketchs Mesdames et messieurs bonsoir (1976), La Femme du dimanche n’est sans doute pas un grand Comencini, mais reste symbolique du cinéma italien qui n’hésitait pas à s’engager derrière les apparences de la comédie ou du film de genre, par ailleurs merveilleusement mis en musique ici par le maestro Ennio Morricone aux accents de giallo qui remplissait alors les salles. Mais mineur ou pas, La Femme du dimanche demeure une sympathique curiosité à connaître absolument.

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LE DVD

Le DVD disponible chez Tamasa Diffusion repose dans un slim digipack cartonné qui comprend également un petit livret de 12 pages illustré et signé Jean A. Gili, critique cinématographique et historien du cinéma, spécialisé dans le cinéma italien. En guise d’interactivité nous trouvons une galerie de photos et d’affiches, ainsi que la bande-annonce. Aucune trace des filmographies mentionnées sur le verso. Le menu principal fixe et musical.

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L’Image et le son

Posséder La Femme du dimanche en DVD était inespéré. Le film de Luigi Comencini renaît donc de ses cendres chez Tamasa dans une copie – présentée dans son format 1.66 – d’une propreté souvent hallucinante. Point d’artefacts de la compression à signaler, aucun fourmillement, les couleurs se tiennent, sont ravivées, le master est propre, immaculé, stable, les noirs plutôt concis et les contrastes homogènes. Hormis divers moirages, le cadre fourmille souvent de détails, le piqué est joliment acéré, le relief et la profondeur de champ permettent d’apprécier la ville de Turin présentée sous tous les angles, les partis pris du célèbre directeur de la photographie Luciano Tovoli (Suspiria, Nous ne vieillirons pas ensemble) sont divinement bien restitués. Certains plans rapprochés tirent agréablement leur épingle du jeu avec une qualité technique quasi-irréprochable. Une véritable redécouverte, merci Tamasa !

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Seule la version originale aux sous-titres français (peu élégants) amovibles est disponible. Ce mixage demeure consistant et le souffle aux abonnés absents. Comme de coutume, la bande-son a été entièrement retravaillée en post-production, d’autant plus que Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset ne parlaient évidemment pas italien. On peut d’ailleurs repérer que Marcello Mastroianni donne la réplique en français à Trintignant.

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Crédits images : © Tamasa Diffusion

Test Blu-ray / Love & Friendship, réalisé par Whit Stillman

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LOVE & FRIENDSHIP réalisé par Whit Stillman, disponible en DVD et Blu-ray le 2 novembre 2016 chez Blaq Oout

Acteurs : Kate Beckinsal, Chloé Sevigny, Tom Bennett, Jenn Murray, Lochlann O’Mearáin, Sophie Radermacher

Scénario : Whit Stillman, d’après le roman Love & Friendship de Jane Austen

Photographie : Richard Van Oosterhout

Musique : Benjamin Esdraffo

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Angleterre, fin du XVIIIe siècle : Lady Susan Vernon est une jeune veuve dont la beauté et le pouvoir de séduction font frémir la haute société. Sa réputation et sa situation financière se dégradant, elle se met en quête de riches époux, pour elle et sa fille adolescente.
Épaulée dans ses intrigues par sa meilleure amie Alicia, une Américaine en exil, Lady Susan Vernon devra déployer des trésors d’ingéniosité et de duplicité pour parvenir à ses fins, en ménageant deux prétendants : le charmant Reginald et Sir James Martin, un aristocrate fortuné mais prodigieusement stupide…

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En 2011, soit 13 ans après son dernier film The Last Days of Disco (1998), le cinéaste Whit Stillman signait son retour derrière la caméra avec Damsels in Distress. Metropolitan (1990) avait fait de lui l’un des réalisateurs du cinéma indépendant les plus en vue et s’était vu auréolé d’une nomination pour l’Oscar du meilleur scénario original en 1991. Après Les Derniers jours du disco, le réalisateur américain s’était trouvé en manque d’inspiration. Parallèlement à la novélisation de son précédent long métrage, Whit Stillman, installé à Paris, travaille sur l’adaptation de Lady Susan, un roman de jeunesse épistolaire méconnu écrit (et inachevé) par Jane Austen à la fin du XVIIIe siècle, mais publié vers 1870.

Location images of Love & Friendship, a Jane Austen film adaptation starring Kate Bekinsdale and Chloe Sevigny, directed by Whit Stillman. CHURCHILL PRODUCTIONS LIMITED. Producers Katie Holly, Whit Stillman, Lauranne Bourrachot. Co-Producer Raymond Van Der Kaaij. Also Starring: Xavier Samuel, Emma Greenwell & Morfydd Clark

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Nous sommes en 2003 et Whit Stillman souhaite confier le rôle principal à la comédienne britannique Kate Beckinsale, qu’il avait dirigée dans The Last Days of Disco. Mais l’actrice âgée de 25 ans était encore bien trop jeune pour incarner Lady Susan Vernon. Les années passent, Damsels in Distress sort sur les écrans et Whit Stillman peut enfin se concentrer sur cette libre transposition. Love & Friendship est caractéristique du réalisateur. Une comédie quasi inclassable qui se déroule dans l’Angleterre du XVIIIe et prenant pour cible un groupe de personnages dont la plupart voient leurs repères ébranlés et bouleversés par l’arrivée d’une femme, veuve, précédée d’une réputation peu flatteuse, à la recherche d’un nouvel époux fortuné, tout en cherchant à marier sa propre fille. Tous les coups sont permis, mais en restant classe bien entendu et en tâchant d’éveiller le moins possible les soupçons de son ex-belle famille.

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Comme souvent chez Whit Stillman, il faut s’armer de patience pour pouvoir entrer véritablement dans l’univers qu’il nous dépeint et même certains spectateurs risquent de passer complètement à côté en raison de son abondance des dialogues et de personnages multiples qui se croisent et s’entrecroisent entre rires et pleurs, calèches qui stoppent et qui s’ébranlent, prétendants qui arrivent le sourire aux lèvres et qui repartent la queue entre les jambes. Malgré une présentation drôle, intelligente et théâtrale des protagonistes principaux, il n’est pas certain de parvenir à tous les relier entre eux. Mais pour les spectateurs les plus investis, Love & Friendship apparaîtra comme une vraie comédie finaude, charmante, sophistiquée et singulière, qui certes repose plus sur l’énergie, l’immense talent et le charisme de ses interprètes que sur son histoire à tiroirs proprement dite. Les spectateurs habitués aux adaptations des œuvres de Jane Austen, pour la télévision et le cinéma, vont sans doute être bousculés puisque le ton est ici drôle, cynique, ironique et décalé, bref un excellent remède contre la morosité.

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Les dialogues, certes omniprésents, sont déclamés à une vitesse folle par les acteurs, sublimes, où trône la merveilleuse Kate Beckinsale, formidable en garce pourtant attachante, que nous n’avions pas vue à pareille fête depuis…toujours ? Par conséquent, l’audience est emportée par ce cyclone de femmes opportunistes issues de la petite bourgeoisie déchue, qui s’attaquent à la fortune des autres pour pouvoir survivre. Kate Beckinsale retrouve Chloë Sevigny, sa partenaire des Derniers jours du Disco, et donne la formidable réplique à une ribambelle de comédiens (Stephen Fry, Xavier Samuell et la révélation Tom Bennett) en très grande forme, pour ne pas dire exceptionnels, qui prennent un plaisir évident à se renvoyer la balle.

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Tous les thèmes récurrents de l’oeuvre de Jane Austen, y compris les émois et les tourments des personnages sont bel et bien présents, mais le ton, ouvertement cynique est radicalement différent. Love & Friendship est donc une vraie comédie menée à cent à l’heure (le tournage s’est d’ailleurs déroulé en 26 jours seulement), élégante, raffinée, intelligente et follement moderne. Un vrai régal.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Love & Friendship, disponible chez Blaq Out, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

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Voici une édition soignée avec quelques suppléments fort sympathiques à se mettre sous la dent.

On commence par un entretien avec le réalisateur Whit Stillman (11′) qui revient dans un premier temps sur la longue gestation de Love & Friendship, projet qui remonte à 2003 et pour lequel il voulait déjà Kate Beckinsale dans le rôle principal. La trouvant encore trop jeune à l’époque, le film est ensuite resté dans les tiroirs, à une époque où le cinéaste se trouvait en panne d’inspiration après son dernier film Les Derniers jours du disco en 1998. Après son comeback en 2011 avec Damsels in distress, Whit Stillman peut enfin se consacrer à cette libre adaptation de Jane Austen. Il indique ensuite la difficulté d’adaptation de cette œuvre épistolaire et évoque son humour inattendu (qu’il compare à celui d’Oscar Wilde). Les personnages sont passés au peigne fin, tandis que le réalisateur avoue son attachement aux écrits de Jane Austen en rappelant qu’on lui avait proposé l’adaptation de Raisons et sentiments, finalement réalisé par Ang Lee en 1995.

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C’est au tour de Sophie Demir, docteur en littérature britannique et auteure de Jane Austen : Une poétique du différend (PU Rennes), de parler de l’univers, des thèmes puis des personnages et de la singularité de cette adaptation de l’oeuvre de Jane Austen. Un exposé brillant de dix minutes, qui donne envie de se (re)plonger dans toutes ces histoires souvent transposées au cinéma et à la télévision.

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S’ensuit un making of (10′) dynamique qui donne un bel aperçu du tournage. Les comédiens et le réalisateur se confient sur cette libre adaptation et sur l’humour qui s’en dégage à travers les dialogues et le cynisme des personnages.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Voilà une belle édition HD ! Sans pour autant être un disque de démonstration, Blaq Out livre un objet élégant qui respecte toutes les volontés artistiques du chef opérateur Richard Van Oosterhout. Les couleurs sont froides et la luminosité parfois très poussée. Soutenus par un codec solide, ces partis pris esthétiques auraient pu donner du fil à retordre pour le passage du film en Blu-ray, mais l’écrin est beau, tout comme ce léger grain qui se fait parfois sentir sur les scènes en extérieur. Le piqué est suffisamment tranchant (comme les dialogues), les contrastes solides et les détails appréciables.

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Seule la version originale est disponible. Franchement, qui s’en plaindra ? Car Love & Friendship est un film à découvrir et à savourer uniquement en anglais puisque la langue et l’accent britannique font partie intégrante de la réussite du film de Whit Stillman ! Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle ample et dynamique. La spatialisation musicale est omniprésente, les dialogues percutants sur la centrale, la balance frontale est riche et les effets annexes ne manquent pas. Le mixage ne tombe jamais dans la surenchère. La Stéréo est tout aussi riche et contentera ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène avant. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

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Copyright Blaq Out / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Everybody Wants Some !!, réalisé par Richard Linklater

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EVERYBODY WANTS SOME !! réalisé par Richard Linklater, disponible en Blu-ray et DVD le 20 août 2016 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Blake Jenner, Ryan Guzman, Tyler Hoechlin, Zoey Deutch, Glen Powell, Wyatt Russell, Will Brittain

Scénario : Richard Linklater

Photographie : Shane F. Kelly

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans les années 80, suivez les premières heures de Jake sur un campus universitaire. Avec ses nouveaux amis, étudiants comme lui, il va découvrir les libertés et les responsabilités de l’âge adulte. Il va surtout passer le meilleur week-end de sa vie…

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Richard Linklater est un des réalisateurs indépendants américains les plus prolifiques et éclectiques du cinéma contemporain. On lui doit notamment un des plus beaux triptyques de ces quinze dernières années Before SunriseBefore SunsetBefore Midnight (1995-2004-2013) et dernièrement Boyhood, oeuvre exceptionnelle tournée par intermittence sur une période de douze ans, de 2002 à 2013, avec la même distribution et la même équipe technique. Son nouveau film, Everybody Wants Some !! apparaît comme une suite spirituelle à Génération rebelle (Dazed and Confused, 1993) et à Boyhood, et pose les mêmes questions, à savoir qu’est-ce que grandir et comment devient-on un adulte ? Si le premier se déroulait le dernier jour de classe de l’année et si Boyhood suivait l’évolution et le parcours d’un adolescent depuis son enfance jusqu’à son entrée à l’université, Everybody Wants Some !! se focalise sur un groupe de jeunes sportifs et le film démarre trois jours avant leur entrée en faculté. Un long week-end durant lequel le spectateur est invité à faire connaissance avec toute une bande de joyeux drilles qui comptent bien profiter des dernières heures de l’été. En suivant ces personnages, tout interprétés par des comédiens peu connus voire non professionnels, Richard Linklater nous renvoie à notre propre vie, au temps qui passe, sujet alors récurrent chez le cinéaste.

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Le titre est tiré d’une chanson du groupe Van Halen. Everybody Wants Some !! compile une flopée de titres rock, disco, country, metal, punk, new-wave avec notamment The Knack, Sugar Hill Gang, Sniff ‘n’ The Tears, ZZ Top, Cheap Trick, Blondie, Jermaine Jackson, Kool & The Gang, Donna Summer, Queen, Dire Straits, The Cars et bien d’autres. Mais plutôt que d’illustrer cette chronique d’adolescents qui se déroule à la fin du mois d’août 1980, cette bande originale s’avère une composante du scénario à part entière puisque les jeunes (et les autres) écoutaient constamment ces tubes et allaient danser dessus dans les discothèques aux éclairages fluo. Pour Richard Linklater, le titre résume à lui seul l’état d’esprit du film, en grande partie inspiré de souvenirs autobiographiques, et de ses personnages : « La chanson exprime parfaitement le sens de l’humour et l’obsession pour le sexe des garçons de 18 ans. Quand on est jeune et fougueux, on veut tout, tout de suite. On considère qu’on y a droit parce que, quand on est jeune, on ne se pose pas de question ».

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Linklater filme l’âge où tout est possible. Un pied encore dans l’enfance, l’autre déjà en avant vers le monde adulte. Les personnages se raccrochent encore aux vannes potaches et se comportent encore souvent comme des lycéens voire des collégiens, en ne pensant qu’à draguer les filles, à boire des coups et à faire la fête. Mais Jake (Blake Jenner), fraîchement débarqué sur le campus, révèle une autre sensibilité. S’il ne manque pas l’occasion de s’amuser avec ses nouveaux potes de l’équipe de baseball, il est surtout intéressé par une fille en particulier, Beverly (la délicieuse Zoey Deutch), qu’il aborde avec douceur et romantisme. Ce qu’il y a d’agréable dans le monde cinématographique de Richard Linklater, ce sont ses personnages qui souvent ne jugent pas les autres malgré leurs différences. Ainsi, si Jake ne la joue pas rentre-dedans comme ses amis, ceux-ci ne se moquent pas, respectent, même s’ils ne manquent pas l’occasion d’envoyer quelques vannes bon-enfant. Mais il y a toujours le risque que le groupe éclate. Chacun doit y penser, mais préfère profiter du moment présent.

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Avec ses couleurs pétillantes et sa légèreté, Everybody Wants Some !! fait souvent penser à une bande dessinée avec des personnages bien spécifiques et dépeints, qui forment un groupe bien soudé, qui danse ensemble, qui se bastonne, qui drague et qui joue. Tout le monde est logé à la même enseigne car tous sont dans la même galère, avec les mêmes peurs, que la fiesta et les danses endiablées peuvent dissimuler, mais pour un temps limité seulement. Alors, comme la rentrée est proche pourquoi ne pas en profiter à fond ?

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Everybody Wants Some !! agit comme un véritable feel good movie généreux et chaleureux. La reconstitution des années 1980 est très soignée et participe à la grande réussite du film avec notamment sa garde-robe pas piquée des hannetons et ses moustaches duveteuses. Mais on retient surtout l’énergie contagieuse de tous les comédiens, excellents, drôles, complices, spontanés, merveilleusement dirigés. A l’instar du formidable The Myth of the American Sleepover de David Robert Mitchell (It Follows), Everybody Wants Some !! est la parfaite antithèse des teen-movies, loin des films graveleux (même si drôles) à la American Pie et autres films comparant les nanas à une tarte aux pommes tièdes. L’oeuvre de Richard Linklater peut paraître simple, mais comme toujours chez le cinéaste, la sensibilité et la nostalgie y sont universelles et la grande réussite est encore une fois au rendez-vous.

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LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Everybody Wants Some !!, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est étonnamment fixe et muet.

ewsTout d’abord, l’éditeur propose de visionner le film avec l’option Liner notes, qui donne quelques détails sur toutes les chansons de la bande-son au moment où elles sont entendues, à savoir le nom de l’interprète, le titre, son histoire… Cette option pop-up est disponible sur les deux langues. A noter que le chapitrage est également proposé à travers le titre de ces chansons réparties selon les jours de la semaine !

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everybody13Le style des années 80 (4′) : Un des points forts d’Everybody Wants Some !! est sa reconstitution des années 1980. Ce petit module se focalise sur la (re)création des costumes, le maquillage, les décors et les accessoires, en compagnie des comédiens du film sur le plateau où règne une ambiance très détendue.

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Les talents en vidéo (5′) : Pour organiser son casting, le réalisateur Richard Linklater a demandé aux personnes intéressées de filmer leur talent au baseball. Ce montage compile les vidéos tournées par les comédiens finalement retenus.

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Rickipedia (4′) : Ce segment réalisé au fil du tournage, montre Richard Linklater à l’oeuvre avec ses comédiens, qui les dirige et leur donne des conseils quant au comportement et au langage appropriés à utiliser puisque les jeunes acteurs n’étaient pas nés dans les années 1980 ! Une authenticité qui repose entre autres sur l’excellente mémoire du réalisateur, qui épate constamment l’ensemble du cast.

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Des trucs qui ne sont pas dans le film (25′) : Comme son titre l’indique, ce supplément est constitué de scènes ratées, prolongées ou coupées, d’improvisations des acteurs, de bêtisier et d’images du dernier jour, ou plutôt la dernière nuit de tournage.

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Les joueurs de baseball savent danser (7′) : De retour avec les jeunes comédiens d’Everybody Wants Some !! qui sont réunis cette fois pour prendre quelques cours de danse après leur entraînement au baseball. Entre le disco, la country et le funk, les acteurs ont fort à faire, mais ne reculent devant rien, d’autant plus qu’ils se trouvent ici en charmante compagnie. Mais les chorégraphes les surveillent de près !

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L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet. 

L’image et le son

Le master HD restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Shane F. Kelly (Boyhood). Point de grain vintage comme on pouvait s’y attendre, Richard Linklater a filmé son film entièrement en numérique via l’Arri Alexa. La patine est donc bien laquée, les couleurs chaudes et clinquantes, les contrastes léchés et le relief constamment palpable. Ces partis pris esthétiques bigarrés sont savamment pris en charge par une compression sans failles, la définition demeure exemplaire sur tous les plans et tout du long, sur les scènes sombres comme sur les lumineuses séquences diurnes. Les détails sont légion sur le cadre, le piqué aiguisé et la copie éclatante. C’est superbe.

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Everybody Wants Some !! n’est pas un film à effets et les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne inévitablement de petites ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour l’incroyable bande-son, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes, mais qui aurait pu être encore plus dynamique. Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, bien que la version française (au doublage réussi) demeure moins ardente que son homologue et trop axée sur les voix.

everybody14everybody16Copyright Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Folles de joie, réalisé par Paolo Virzì

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FOLLES DE JOIE (La Pazza goia) réalisé par Paolo Virzì, disponible en Blu-ray et DVD le 2 novembre 2016 chez Bac Films

Acteurs : Micaela Ramazzotti, Valeria Bruni Tedeschi, Valentina Carnelutti, Marco Messeri, Bob Messini, Roberto Rondelli, Anna Galiena

Scénario : Paolo Virzì, Francesca Archibugi

Photographie : Vladan Radovic

Musique : Carlo Virzì

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Beatrice est une mythomane bavarde au comportement excessif. Donatella est une jeune femme tatouée, fragile et introvertie. Ces deux patientes de la Villa Biondi, une institution thérapeutique pour femmes sujettes à des troubles mentaux, se lient d’amitié. Une après-midi, elles décident de s’enfuir bien décidées à trouver un peu de bonheur dans cet asile de fous à ciel ouvert qu’est le monde des gens « sains».

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Le réalisateur Paolo Virzì ne s’est pas reposé sur ses lauriers après le triomphe mérité à la fois de la critique et du public de son excellent précédent film Les Opportunistes, une des plus grandes réussites du cinéma transalpin de ces dernières années qui s’est vu récompensé par 7 David di Donatello Awards en 2014 et plus d’une quarantaine de prix à l’international ! Il revient avec Folles de joieLa Pazza goia et délaisse le côté thriller, saga familiale et chronique de mœurs teintée d’humour noir des Opportunistes pour livrer une œuvre ensoleillée, drôle et très émouvante, qui rappelle les grandes heures du cinéma italien de Dino Risi, Mario Monicelli et Luigi Comencini.

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Si les liens familiaux ont souvent tenu une part importante dans son cinéma, Paolo Virzì s’attache ici à deux femmes, inadaptées, solitaires, deux marginales. Beatrice la bonde pulpeuse, exubérante, bourgeoise déchue d’une quarantaine d’année, radieuse, qui ne s’arrête jamais de parler et de s’inventer une vie. Elle rencontre Donatella, la trentaine, brune, dépressive, maigre, tatouée, fragile, mutique, visiblement chargée de médicaments qui l’empêchent de s’automutiler et de s’autodétruire comme l’attestent diverses cicatrices. Elles se retrouvent toutes les deux à la Villa Biondi, institut psychiatrique pour femmes mentalement instables et sujettes à des troubles mentaux, qui tentent de retrouver le goût à la vie, entourées d’arbres séculaires et de pépinières. Tout semble les opposer et pourtant Beatrice et Donatella vont rapidement devenir complices, au point de réussir à se faire la malle pour profiter du soleil radieux qui inonde la Toscane.

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Dans son cinéma, Paolo Virzì a souvent privilégié les valeurs simples et essentielles et livre cette fois encore un film extrêmement chaleureux, formidablement interprétée par Valeria Bruni Tedeschi, qui retrouve le réalisateur après Les Opportunistes, et Micaela Ramazzotti, compagne de Paolo Virzì, qui tenait déjà l’affiche de Tutta la vita davanti (2008) et La Prima cosa bella (2010), pour lequel elle avait obtenu le David di Donatello de la meilleure actrice. Les deux comédiennes sont exceptionnelles et l’alchimie est évidente.

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Oeuvre furieusement attachante, pleine de pudeur, qui repose sur la folle énergie, le charme, le naturel confondant et l’immense sensibilité de ses comédiennes, Folles de joie est un road movie d’une justesse confondante, qui s’attache à deux désaxées lancées à fond la caisse pour oublier leur mal-être et la difficulté d’un monde qui ne les laisse pas s’exprimer ou tout simplement vivre dans le leur. Celui qu’elles se sont construits pour se protéger d’une douleur insupportable liée à un passé trouble. Mais les psychiatres, psychotérapeutes et même la police sont lancées à leurs trousses.

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Animé d’une énergie contagieuse, sans pathos, mais avec une émotion, une délicatesse, un humour et une mélancolie qui vont droit au coeur des spectateurs, Folles de joie, sélectionné en Compétition officielle dans la section la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2016, chaînon manquant entre Une journée de fous de Howard Zieff et Thelma et Louise de Ridley Scott, est assurément un des plus beaux films de l’année.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Folles de joie, disponible chez Bac Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

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Grande déception, nous ne trouvons qu’un lot de bandes-annonces en guise de bonus.

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Le Blu-ray de Folles de joie est au format 1080i.. Malgré cette déconvenue, les détails sont aiguisés et bien définis sur le cadre large. Que l’on soit en plan serré ou en plan large, la définition demeure quasi-optimale et le piqué acéré. Si les séquences en intérieur se révèlent plus douces, l’ensemble est consolidé par une compression AVC de haute volée restituant le soleil plombant de la Toscane, la végétation environnante et le bleu azur du ciel comme si on y était. La colorimétrie vive et saturée réalisée par le chef opérateur Vladan Radovic est superbement restituée, les contrastes concis même s’ils auraient pu l’être davantage, les noirs sont d’une densité exemplaire.

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Les mixages italien et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement sobres, mais instaurent un confort acoustique suffisant. En version originale, les dialogues sont solidement plantés sur l’enceinte centrale et nous vous conseillons d’éviter le doublage français. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version italienne.

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Crédits images : © Bac Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / La Loi de la jungle, réalisé par Antonin Peretjatko

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LA LOI DE LA JUNGLE réalisé par Antonin Peretjatko, disponible en DVD le 18 octobre 2016 chez Orange Studio

Acteurs : Vincent Macaigne, Vimala Pons, Pascal Légitimus, Mathieu Amalric, Fred Tousch, Rodolphe Pauly, Jean-Luc Bideau

Scénario : Antonin Peretjatko, Frédéric Ciriez

Photographie : Simon Roca

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Marc Châtaigne, stagiaire de 35 ans au Ministère de la Norme, est envoyé en Guyane pour la mise aux normes européennes du chantier GUYANEIGE : première piste de ski indoor d’Amazonie destinée à relancer le tourisme en Guyane. De mésaventure en mésaventure, on lui affuble un coéquipier. Pas de chance c’est une pin-up. Pire : elle a du caractère.

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Ce film est fait pour vous ! (extrait de la bande-annonce)

En 2013, à la sortie de La Fille du 14 juillet, l’auteur de ces mots avait écrit « Antonin Peretjatko. Retenez bien ce nom car il se pourrait bien que ce jeune scénariste-réalisateur-monteur signe un jour une grande comédie populaire. Son premier long métrage La Fille du 14 juillet s’inscrit dans le même esprit que ses excellents courts-métrages (Changement de trottoir, French Kiss, Paris Monopole, Les Secrets de l’invisible), avec des personnages poétiques et doux-dingues déambulant dans un monde complètement barré. ». Si La Loi de la jungle n’a pas dépassé les 100.000 entrées France, au moins le score a doublé entre le premier et le second film ! Antonin Peretjatko se lâche encore plus et signe une immense comédie estivale, complètement givrée, génialement dialoguée et interprétée cette fois encore par la talentueuse et sexy (à se damner même) Vimala Pons, l’indispensable (et non moins talentueux) Vincent Macaigne et bien d’autres électrons qui viennent circuler autour du noyau central (Pascal Légitimus, Mathieu Amalric, Jean-Luc Bideau), que l’on suit tout au long de leurs péripéties, parfois surréalistes, toujours réjouissantes, dans une jungle «hostile » de la Guyane.

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Là où La Fille du 14 juillet renvoyait au cinéma de Jacques Tati, Jacques Rozier, les premiers Godard made in Paris et même, osons le dire, aux films de Max Pécas qui ont fait les belles heures de M6, La Loi de la jungle fait penser aux comédies de Claude Zidi, Francis Veber et de Philippe de Broca avec un ton toujours aussi personnel et singulier, un joyeux bordel encore plus maîtrisé, des gags plus dingues (la baston va devenir culte !), bref c’est un vrai coup de maître. Sur une b.o. qui convoque à la fois les thèmes de Goldorak ou de l’ORTF (en fait le Te Deum de Charpentier mais c’est moins facile à retenir), Antonin Peretjatko livre un vrai film d’aventures qui ne ménage pas ses acteurs, réellement investis, qui descendent de vrais rapides sans doublures ou effets spéciaux, qui pataugent jusqu’aux genoux dans la boue la plus immonde, qui affrontent des araignées, des serpents, tout un tas d’insectes divers et variés, qui mangent des larves, ou même Vincent Macaigne qui doit résister à une Vimala Pons sous l’emprise d’un aphrodisiaque ultra-puissant qui tourne autour de lui en petite culotte. Pas certain qu’il puisse tenir longtemps.

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La Loi de la jungle est un film franchement hilarant, inclassable, animé par une folle énergie contagieuse, bourré de charme, qui fait du bien dans la comédie hexagonale et même pour le cinéma français en général. Jetez-vous sur ce sublime OVNI potache, malin, réjouissant et fantaisiste – qui aurait pu s’appeler Les Bronzés font du ski en Guyane – car il s’agit d’une des meilleures comédies de l’année avec Ma Loute de Bruno Dumont !

LE DVD

Le DVD de La Loi de la jungle, disponible chez Orange Studio, repose dans un boîtier classique. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

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Peu de suppléments sur cette édition, mais ils s’avèrent dans le ton du film.

On commence par quatre scènes coupées (7’), présentées avec une colorimétrie et un mixage son non finalisés. Si vous avez été conquis par La Loi de la jungle, jetez-vous sur ces séquences délirantes, à l’instar des turbulences rencontrées par Châtaigne lors de son voyage en avion vers la Guyane, ou bien encore une scène d’ouverture alternative qui oppose la jungle guyanaise « enragée » avec la jungle parisienne également sans pitié.

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Un mini making-of (2’20) montre les acteurs tourner leurs scènes avec les animaux, un boa bien dodu mis autour du cou de Vincent Macaigne, et Vimala Pons qui enchaîne les prises où son personnage goûte des larves vivantes.

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Le module intitulé Bestiaire (2’) est un montage de plans montrant quelques réjouissants insectes et reptiles de la jungle, comme l’impressionnant serpent grage à petits carreaux, les fourmis Atta, le magnifique papillon morpho ou l’impressionnante araignée Nephila clavipes.

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L’éditeur joint également un reportage sur le tournage du film (3’18), qui croise les propos du réalisateur Antonin Peretjatko et de la productrice Alice Girard, qui reviennent sur les conditions de tournage et les intentions du film, avec de rapides images des prises de vues.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Avec à peine 100.000 entrées, il semble qu’Orange n’ait pas jugé bon de sortir La Loi de la jungle en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là, d’autant plus que le film a été tourné en numérique. Les couleurs sont bien loties, chaleureuses et bigarrées, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants. Les détails ne manquent pas sur le cadre, les noirs sont denses. Que demander de plus ?

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Deux choix possibles, une écoute frontale riche et dynamique en Stéréo, ou bien une spatialisation solide et un plus grand confort acoustique en Dolby Digital 5.1. Dans les deux cas, l’écoute demeure ardente, fait une large place aux dialogues tout en mettant à l’avant la musique du film. Les effets latéraux et ambiances naturelles pointent habilement le bout de leur nez. Les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.

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Crédits images : © Haut et Court / Captures du DVD : Franck Brissard

 

Test Blu-ray / Café Society, réalisé par Woody Allen

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CAFE SOCIETY réalisé par Woody Allen, disponible en Blu-ray et DVD le 13 septembre 2016 chez Studiocanal

Acteurs : Jesse Eisenberg, Kristen Stewart,Steve Carell, Blake Lively, Parker Posey, Corey Stoll, Ken Stott, Anna Camp

Scénario : Woody Allen

Photographie : Vittorio Storaro

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d’étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l’engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n’est pas libre et il doit se contenter de son amitié.
Jusqu’au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l’horizon s’éclaire pour Bobby et l’amour semble à portée de main…

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La vie est une comédie écrite par un auteur sadique 

Oublions l’escapade italienne de To Rome With Love, car Woody Allen a prouvé qu’il en avait encore sérieusement sous le capot avec Blue Jasmine, tourné durant l’été 2012, qui s’est avéré être un nouveau chef d’oeuvre à accrocher à son palmarès, en plus de valoir à Cate Blanchett l’Oscar de la meilleure actrice. Les deux comédies suivantes avec la lumineuse Emma Stone, la première légère Magic in the Moonlight et la seconde plutôt noire et grinçante L’Homme irrationnel, ont également été d’excellents crus, confirmant la bonne santé et l’inspiration toujours galopante de Woody Allen. A l’instar de Blue Jasmine, son dernier-né Café Society, expression qui renvoie au milieu des mondains, artistes et personnalités qui fréquentaient les cafés et les restaurants à la mode à New York, Paris et Londres, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, fait la navette entre la Californie et New York, mais en emmenant les spectateurs dans les années 1930, plus précisément dans le monde du cinéma.

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Après L’Homme irrationnel, Parker Posey est de retour devant la caméra du cinéaste mais dans un rôle secondaire, au contraire de Jesse Eisenberg qui apparaissait dans un segment de To Rome With Love et qui devient ici la tête d’affiche. Blake Lively et Kristen Stewart font leur première apparition devant la caméra de Woody Allen. De son côté, l’excellent Steve Carell remplace finalement Bruce Willis qui a « officiellement » lâché l’équipe quatre jours après le début du tournage pour aller créer à Boradway la pièce Misery adaptée du roman de Stephen King. En réalité, le comédien a purement et simplement été viré par Woody Allen en raison d’un comportement inapproprié et de son incapacité à se souvenir de ses répliques. Présenté au Festival de Cannes 2016 hors-compétition, Café Society n’est pas un mauvais film du plus célèbre réalisateur new-yorkais, mais le casting féminin est un des plus faibles de toute sa filmographie. Gros mauvais point pour Kristen Stewart, qui n’a pas l’aura d’une jeune femme des années 1930, qui semble constamment embarrassée de ses bras et dont le jeu bourré de tics agace profondément. Si leurs collaborations fonctionnaient dans Adventureland : Un job d’été à éviter (2012) et American Ultra (2015), les retrouvailles Stewart/Eisenberg ne fonctionnent pas ici. Là où la première est constamment empruntée et pour ainsi dire anachronique, Jesse Eisenberg lui se fond parfaitement dans son rôle avec un jeu très inspiré du cinéaste lui-même. Par conséquent, les scènes où Stewart/Eisenberg se donnent la réplique paraissent déséquilibrées et sonnent faux tout du long.

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Histoire divisée en deux parties, entre Hollywood et New York, Café Society marque la première association entre Woody Allen et le chef opérateur Vittorio Storaro, oscarisé pour Apocalypse Now, Reds et Le Dernier Empereur, mais c’est aussi le premier film du cinéaste tourné au format 2.00:1 et surtout le premier réalisé en numérique ! A 80 ans, Woody Allen parvient encore à se renouveler. Heureusement, Café Society ne se résume pas à cette dimension technique et à sa beauté plastique, puisque même si Kristen Stewart s’avère un choix hasardeux et que Blake Lively manque également de crédibilité, beaucoup d’éléments sont très réussis comme les dialogues irrésistibles et le portrait de Bobby. Jeune homme timide de confession juive, il quitte le Bronx pour la Californie, plein de bonnes volontés afin de trouver un job auprès de Phil (Steve Carell), son oncle, puissant imprésario. Bobby tombe rapidement amoureux de Vonnie, la secrétaire de Phil. Mais il ne sait pas que Vonnie est en réalité la maîtresse de son oncle. Bobby ira d’espoirs en désillusions, sur le monde du spectacle mais également sur les relations amoureuses et décide de rentrer sur la côte Est pour ouvrir un club à la mode avec son frère en plein centre de Manhattan. Jesse Eisenberg porte le film d’un bout à l’autre grâce à son immense talent, son charisme, son énergie, sa sensibilité qui emportent tout. Retenons également la formidable séquence, sans doute la meilleure du film, où Bobby se retrouve face à Candy, interprétée par l’excellente Anna Camp, une des révélations des deux Pitch Perfect. Candy est une jeune prostituée, en réalité une aspirante actrice obligée de se lancer dans cette activité pour payer son loyer, étant également mise face aux réalités quant au mythe Hollywoodien. Désarçonné, Bobby décide de l’aider, puis les deux entament une conversation désopilante, véritable court-métrage à part entière au milieu de l’intrigue.

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Le dernier tiers new-yorkais est également le plus marquant avec un final bouleversant, mélancolique, inattendu, qui rattrape les quelques points faibles mentionnés précédemment. Café Society est une œuvre élégante mais cynique sur le monde du cinéma – d’ailleurs Woody Allen en assure lui-même la narration en voix-off – et sur ses mirages qui entament les sentiments les plus purs.

LE DISQUE

Le test de l’édition HD de Café Society a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

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Pas même une bande-annonce n’est disponible en guise de supplément.

L’Image et le Son

Studiocanal se devait d’offrir un service après-vente remarquable pour la sortie dans les bacs du premier film de Woody Allen réalisé en numérique avec la caméra Sony CineAlta. L’éditeur prend soin de Café Society et livre un master HD (1080p) quasi-irréprochable au transfert immaculé. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par l’immense directeur de la photographie Vittorio Storaro (L’oiseau au plumage de cristal, 1900, Ladyhawke, la femme de la nuit), la copie de Café Society se révèle un petit bijou technique avec des teintes chaudes, ambrées et dorées, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un encodage de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont riches et tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants. Hormis quelques légers fléchissements sur les scènes sombres, cette édition Blu-ray en met souvent plein la vue.

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Deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais. L’apport des latérales demeure complètement anecdotique. Si les dialogues de la version française sont dynamiques, ils tendent à prendre le pas sur les ambiances annexes et l’ensemble manque de naturel. La piste anglaise est évidemment celle à privilégier, d’autant plus que la musique, les voix, les ambiances et effets s’accordent avec une réelle homogénéité, mais essentiellement sur la scène frontale. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

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Crédits images : © Studiocanal

Chronique du Blu-ray / Plus fort que le diable, réalisé par John Huston

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PLUS FORT QUE LE DIABLE (Beat the Devil) réalisé par John Huston, disponible en combo Blu-ray/DVD le 14 juin 2016 chez Rimini Editions..

Acteurs : Humphrey Bogart, Jennifer Jones, Gina Lollobrigida, Robert Morley, Peter Lorre, Edward Underdown, Ivor Barnard…

Scénario : Truman Capote, John Huston

Photographie : Oswald Morris

Musique : Franco Mannino

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Quatre aventuriers cherchent à s’approprier un gisement d’uranium. Billy Dannreuther, cinquième larron de la bande, attend ses associés en compagnie de son épouse Maria dans un petit port italien : c’est là que tous devront embarquer sur un bateau à destination de l’ Afrique. En attendant le départ, chacun essaie de tuer le temps. Billy et Maria font la connaissance de Harry Chelm et de son épouse. Chelm est un escroc notoire, et les associés de Billy s’imaginent qu’ils sont en train de se faire rouler.

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En 1953, John Huston et Humphrey Bogart ont envie de s’amuser. C’est ce qu’on se dit en voyant Plus fort que le diable, Beat the Devil, tourné entre Moulin Rouge et Moby Dick. Dernière collaboration entre le cinéaste et le comédien après Le Faucon maltais (1941), Griffes jaunes (1942), Le Trésor de la Sierra Madre (1948), Key Largo (1948) et L’Odyssée de l’African Queen (1951, Oscar du meilleur acteur pour Bogey), Plus fort que le diable est une comédie aussi délirante qu’élégante écrite par John Huston et Truman Capote, d’après le roman de James Helvick.

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Bogart donne la réplique à Jennifer Jones (Madame Bovary dans le film éponyme de Vincente Minnelli), Gina Lollobrigida (juste avant Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini), Robert Morley et Peter Lorre qui interprètent des escrocs bouffons à la petite semaine, qui se réunissent en Italie pour un coup fumant autour de mines africaines d’uranium. Soyons honnêtes, tout est ici prétexte pour réunir quelques excellents comédiens et amis dans le but de prendre du bon temps dans de merveilleux paysages naturels. Rétrospectivement, Plus fort que le diable est sans doute un des films mineurs de l’immense carrière de John Huston. S’il était excellent romancier, Truman Capote n’était pas fait pour le cinéma en raison d’une surabondance de dialogues qui peuvent vraiment plomber l’histoire, quelque peu confuse, comme ce sera le cas également pour Diamants sur canapé en 1961. Le film paraît souvent étouffant et il n’est pas rare de perdre le fil. Mais comme c’était déjà le cas avec Le Faucon maltais, ce qui intéresse le plus John Huston (et donc les spectateurs) est l’énergie que déploient les comédiens, l’atmosphère, les sentiments des personnages, le jeu du chat et de la souris, les retournements de situation, les coups bas, la valse des sentiments (et des genres entre film noir, comédie, aventures), le burlesque du quotidien, la cupidité et la stupidité des hommes dont l’ambition va les mener à l’échec.

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Même s’il n’en a pas tourné beaucoup, Humphrey Bogart était un sublime comédien comique (Echec à la Gestapo, Sabrina) et force est de constater qu’il se délecte ici d’un rôle taillé sur mesure, d’autant plus qu’il est également producteur non crédité et que c’est l’acteur lui-même, sur les conseils de John Huston, qui possédait les droits du roman de James Helvick. Pince sans rire, l’oeil pétillant et rictus toujours affiché, il est irrésistible ici dans Plus fort que le diable. Ses partenaires ne sont pas en reste et affichent tous une énergie revigorante, visiblement heureux de faire partie de cette entreprise récréative.

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Alors certes, le rythme est inégal, parfois poussif, certaines séquences paraissent souvent bien trop longues en raison de dialogues encombrants bien que merveilleusement cyniques (la marque de fabrique de Truman Capote), mais il serait dommage de se priver de cette bouffée d’air frais quasi-inclassable dans la carrière de John Huston habituellement marquée par la mort et la noirceur de l’âme humaine.

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LE BLU-RAY

Le combo Blu-ray-DVD de Plus fort que le diable, édité chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné du plus bel effet. La jaquette saura attirer les fans de Bogey et des classiques des années 1950. Le menu principal est élégant, animé et musical.

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A l’instar de ses formidables éditions en Blu-ray de La Main gauche du Seigneur, Bas les masques et Quelque part dans la nuit, Rimini Editions a mis les petits plats dans les grands pour la sortie de Plus fort que le diable en Haute-Définition.

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On commence par une formidable présentation du film de John Huston par le grand Patrick Brion (35’). L’historien du cinéma, auteur d’un ouvrage sur le réalisateur de Quand la ville dort, replace tout d’abord Plus fort que le diable dans la carrière du cinéaste américain avant d’en venir à la genèse, puis à la production du film qui nous intéresse ici. Patrick Brion évoque le roman de James Helvick, le tournage en Italie, le casting, l’ambiance sur le plateau, la collaboration Huston-Capote, tout en donnant son propre avis sur ce film pour lequel il a beaucoup d’affection.

On continue sur cette lancée avec un module rétrospectif sur la vie et la carrière du mythique John Huston (46’), réalisé en 2012. Ce documentaire se compose d’extraits et de bandes-annonces, mais aussi de photos, d’images de tournage et surtout de commentaires informatifs sur les grandes étapes de la carrière du cinéaste. Curtice Taylor (photographe), Ian Nathan (critique), Barry Navici (producteur), Oswald Morris (chef opérateur sur huit films de John Huston), Eli Wallach (comédien dans Les Désaxés) évoquent à la fois le metteur en scène et l’homme qu’était John Huston, son rapport avec les femmes, ses enfants, Humphrey Bogart, Marilyn Monroe, son amour pour le Mexique, sa face sombre et ses colères sur les plateaux.

L’Image et le son

C’est vers cette édition qu’il faudra vous tourner si vous désirez revoir le film de John Huston dans les meilleures conditions techniques possibles. Fort d’un master au format 1.33 respecté (16/9 compatible 4/3) et d’une compression solide comme un roc, ce Blu-ray au format 1080p s’avère lumineux. La définition est très belle et la restauration numérique HD se révèle étincelante. Les contrastes sont denses, les noirs profonds et le grain original heureusement préservé, sans lissage excessif. En dehors d’une ou deux séquences peut-être moins définies, ainsi que des rayures verticales, points et autres poussières qui subsistent parfois, les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes plus claires, le piqué est aussi tranchant qu’inédit, la stabilité de mise, les détails étonnent par leur précision.

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L’unique version anglaise est proposée en DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Point de remixage superflu à l’horizon, l’écoute demeure fort appréciable en version originale (avec sous-titres français non imposés), avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées, sans aucun souffle.

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Crédits images : © Rimini Editions


Chronique du Blu-ray / Grimsby – Agent trop spécial, réalisé par Louis Leterrier

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GRIMSBY – AGENT TROP SPECIAL (Grimsby) réalisé par Louis Leterrier, disponible en Blu-ray et DVD le 24 août 2016 chez Sony Pictures

Acteurs : Sacha Baron Cohen, Mark Strong, Isla Fisher, Rebel Wilson, Gabourey Sidibe, Penélope Cruz, Annabelle Wallis, Ian McShane

Scénario : Sacha Baron Cohen, Phil Johnston, Peter Baynham

Photographie : Oliver Wood

Musique : David Buckley, Erran Baron Cohen

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Nobby Butcher n’a pas de boulot, mais cela ne l’empêche pas d’être heureux. Il a tout ce dont il peut rêver dans la vie : le foot, une petite amie géniale… et neuf gamins. Pour que son bonheur soit complet, il ne lui manque que son petit frère, Sebastian, dont il a été séparé quand ils étaient enfants.
Après trente ans de recherches, Nobby retrouve finalement la trace de Sebastian à Londres. Il ignore que celui-ci est devenu le meilleur agent du MI6…
Leurs retrouvailles tournent à la catastrophe, et voilà les deux frères en cavale. C’est alors qu’ils découvrent un complot visant à détruire le monde…
Pour sauver l’humanité – et son frère – Nobby va devoir se lancer dans sa plus grande aventure. Pourra-t-il passer de l’état de bouffon niais à celui d’agent secret ultrasophistiqué sans faire trop de dégâts ?

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Le réalisateur français Louis Leterrier (Le Transporteur et sa suite, Danny the Dog, L’Incroyable Hulk) est aussi « insaisissable » que le titre de son dernier carton au box-office mondial et son plus grand succès en France. Sur le tournage d’Insaisissables, il rencontre Sacha Baron Cohen, venu rendre une petite visite à sa femme, la délicieuse Isla Fisher. Il lui propose de mettre en scène le scénario qu’il a coécrit avec Phil Johnston (Zootopie, Les Mondes de Ralph) et Peter Baynham (Hôtel Transylvanie), celui de Grimsby, comédie d’espionnage nécessitant le savoir-faire d’un réalisateur spécialisé dans les scènes d’action. Louis Leterrier accepte. Il ne pouvait pas mieux tomber que sur Sacha Baron Cohen pour l’emmener sur de nouveaux territoires !

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L’acteur, scénariste et humoriste découvert dans les années 1990 dans la peau du personnage Ali G, qui aura d’ailleurs son propre film en 2002, mais qui a véritablement explosé en 2006 avec Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, a ensuite confirmé son goût (et son talent) pour camper des personnages controversés et haut en couleur comme Brüno en 2009 et The Dictator en 2012. Dix ans après Borat, Sacha Baron Cohen débarque avec une sorte de parodie de James Bond qui semble vouloir repousser toutes les limites. Grimbsy – Agent trop spécial va à fond dans le vulgaire et n’a pas peur d’y aller ou même de s’y vautrer. Au contraire, le sperme (d’éléphant), les testicules (où s’est plantée une fléchette empoisonnée et dont il faut sucer le venin), un étron (long comme un anaconda, mais que nous ne verrons pas à l’écran ceci dit), l’anus (dans lequel on plante des fusées de feu d’artifice) tiennent autant de place dans l’intrigue que les retrouvailles de deux frères fusionnels, séparés pendant leur enfance. Si Nobby (SBC) est resté dans la ville ouvrière paumée de Grimsby dans l’est de l’Angleterre, son frère Sebastian (Mark Strong, qui s’amuse encore plus que dans Kingsman : Services secrets), dont il n’a pas de nouvelles depuis près de 30 ans, est devenu un des meilleurs agents du MI6. Nobby vit avec ses neuf enfants et sa compagne (Rebel Wilson en mode Sharon Stone dans Basic Instinct) et passe sa journée à boire avec ses potes hooligans au pub au lieu de chercher du boulot. Sebastian est seul et ne vit que pour son boulot, qui de toute façon lui laisse peu de temps pour construire une famille. Par un concours de circonstances, les deux frères se retrouvent au cours d’une mission périlleuse de Sebastian. Alors que ce dernier tente de prendre la fuite, Nobby est cette fois bien décidé à ne plus perdre de vue son petit frère qui lui a tant manqué.

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Et c’est parti pour 1h20 de quiproquos hallucinants. On y croise un sosie de Daniel Radcliffe qui se fait accidentellement contaminer par le sang d’un jeune malade du SIDA, qui contaminera à son tour un homme politique américain à perruque en passe d’accéder à la Maison-Blanche. Le studio Sony aurait d’ailleurs tenté de saborder la promotion du film aux Etats-Unis en raison de cette scène. Mais ce n’est pas la séquence la plus dingue (euphémisme) de Grimbsy – Agent trop spécial. Celle que l’on retiendra longtemps c’est celle où les deux frangins, poursuivis en Afrique du Sud par une bande de tueurs implacables, trouvent refuge…dans l’utérus d’une femelle éléphant. Oui. Bien cachés, ils attendent patiemment que les tueurs s’en aillent. C’est alors qu’un troupeau d’éléphants en rut s’amène, tous bien décidés à féconder cette femelle en question. Les deux frères se retrouvent pris au piège et ne peuvent que subir…non, mieux vaut arrêter là, puisque de toute façon cette scène est à voir pour le croire. C’est d’ailleurs tout le film qu’il faut visionner impérativement tant ces 80 minutes donnent la patate et musclent les abdominaux.

Initialement prévu dans les salles françaises et américaines en juillet 2015, Grimbsy – Agent trop spécial s’est vu décalé en mars 2016 aux USA et en avril 2016 chez nous. Sorti en catimini, le film s’est soldé par un échec aussi cuisant qu’injuste au box-office avec seulement 6 millions de dollars de recette sur le sol américaine et 16 millions dans le reste du monde. Le premier bide pour Louis Leterrier, qui de son côté livre pourtant de formidables scènes d’action, notamment celle qui introduit le personnage de Sebastian dans ses œuvres filmées en caméra subjective.

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Dommage pour ce rejet du public et de la critique, car nous aurions aimé une suite déjantée à l’instar d’Austin Powers et retrouver les frangins de Grimsby dans de nouvelles aventures hilarantes et trash.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Grimsby – Agent trop spécial repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette diffère de l’affiche française, en se concentrant uniquement sur les deux frères. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.

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L’essentiel de l’interactivité de ce Blu-ray repose sur les scènes supprimées (2’), coupées (9’) et étendues (9’).

Dans le premier cas, il s’agit essentiellement d’improvisations de Sacha Baron Cohen, qui essaye diverses répliques.

En ce qui concerne les 3 scènes coupées, précipitez-vous sur l’entretien d’embauche de Nobby, qui tente de faire bonne figure devant l’employé de l’agence pour l’emploi, ou bien celle hilarante mettant en scène un membre de l’équipe scientifique qui aime goûter les substances non-identifiées récoltées sur le terrain. Autant dire qu’il contracte un bel herpès en savourant les « traces » laissées par Nobby.

Les séquences étendues valent surtout pour celle déjà culte de l’éléphant. Si vous croyiez avoir tout vu au cinéma, détrompez-vous. Les deux compères allaient encore plus loin, au point d’être littéralement noyés dans…vous savez. La scène où Nobby apprend à Sebastian à devenir un vrai hooligan est aussi géniale.

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Le making of (12’) remplit efficacement son contrat avec de nombreux propos du réalisateur Louis Leterrier, des comédiens et des producteurs. Les images de tournage abondent et montrent l’ambiance qui régnait sur le plateau, surtout lors des prises de vues de la « cachette » dans l’éléphant, avec un réalisateur vêtu d’une combi de plongée et aussi noyé que ses acteurs. Ce qui ne manque pas de déplaire à Sacha Baron Cohen.

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Evidemment, la séquence de l’éléphant possède son module à part (4’) avec les mêmes intervenants et d’autres images de tournage, aussi poilantes que la séquence finale. Mention spéciale à l’équipe technique qui a procédé à différents tests afin d’obtenir la bonne texture pour le sperme de l’éléphant.

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L’interactivité se clôt sur un bêtisier (2’) et un lot de bandes-annonces.

L’image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur Sony soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de formidables conditions pour découvrir cette comédie survoltée et profiter de la belle photographie signée Oliver Wood, chef-opérateur talentueux de Volte/face, U-571 et les trois premiers Jason Bourne.

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Dans les séquences d’action et même dans celles où Nobby fait la fête avec ses amis, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières, à l’instar de la scène finale dans le stade, de l’explosion de la chambre et des diverses bastons. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle souvent à ce spectacle acoustique.

grimsby-agent-trop-special3Crédits images : © Sony Pictures