Test Blu-ray / Le Piège du diable, réalisé par Frantisek Vlácil

LE PIÈGE DU DIABLE (Dáblova past) réalisé par Frantisek Vlácil, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 février 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Vítezslav Vejrazka, Miroslav Machácek, Cestmír Randa, Vít Olmer, Karla Chadimová, Vlastimil Hasek, Frantisek Kovárík, Jaroslav Moucka…

Scénario : Frantisek A. Dvorák & Milos Václav Kratochvíl, d’après le roman d’Alfred Technik

Photographie : Rudolf Milik

Musique : Zdenek Liska

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Moravie, fin du XVIe siècle. Entre deux ravages des troupes suédoises et des périodes de sécheresse, le meunier Mlynár jouit d’une certaine popularité auprès des habitants de son pays. Il est serviable, et a, en outre, le don de trouver les sources. Le régent Valce, jaloux de la position du meunier, va faire courir des rumeurs sur ce dernier : il ne peut qu’être épaulé par le Diable. De plus, il va mandater un prêtre, Probus, afin de mener une enquête sur lui et sa famille.

Il est là, le premier volet de ce que la critique baptisera plus tard la Trilogie historique de Frantisek Vlácil (1924-1999). Le Piège du diable Ďáblova past (1962), qui sera donc suivi Marketa Lazarová (1967), adaptation du roman de Vladislav Vančura et de La Vallée des abeilles Údolí včel (1968) est une plongée directe dans un « conte étrange » comme nous le présente une voix-off en début de film, un de ceux où le Diable joue avec le destin des hommes. En découvrant l’une des œuvres charnières du cinéaste tchèque, on se rend compte à quel point le cinéma d’Ingmar Bergman a été non seulement un catalyseur, mais aussi une référence pour Frantisek Vlácil. Le réalisateur suédois avait déjà signé Le Septième Sceau Det Sjunde inseglet, La Source Jungfrukällan et L’Œil du diable Djävulens öga auxquels les cinéphiles les plus pointus penseront forcément devant Le Piège du diable. Regorgeant d’idées de mise en scène, aujourd’hui encore ébouriffantes, à l’instar de ces plans où la caméra semble voler et qui annoncent certains plans-signatures à la Sam Raimi ou Jan Kounen, Le Piège du diable est un cadeau pour les grands amateurs de septième art, où la forme l’emporte sûrement sur le fond, qui peut rester hermétique.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Piège du diable, réalisé par Frantisek Vlácil »

Test Blu-ray / La Colombe blanche, réalisé par Frantisek Vlácil

LA COLOMBE BLANCHE (Holubice) réalisé par Frantisek Vlácil, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 février 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Katerina Irmanovová, Karel Smyczek, Vjaceslav Irmanov, Gustav Püttjer, Hans-Peter Reinecke, Frantisek Kovárík, Ladislav Fialka, Jirí Patocka…

Scénario : Frantisek Vlácil & Otakar Kirchner

Photographie : Jan Curík

Musique : Zdenek Liska

Durée : 1h07

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Au nord de la Belgique, un lâcher de pigeons voyageurs est organisé. Au même moment, sur les bords de la mer Baltique, la petite Susanne attend le retour de sa colombe blanche. Mais l’oiseau a été dérouté par une tempête et se retrouve à Prague, se reposant sur un toit. Un jeune garçon infirme, Michal, tire l’oiseau à la carabine. Pris de regrets, il l’emmène au peintre Martin qui va tenter de le soigner. La guérison de l’oiseau ira de pair avec celle de Michal, tandis que Susanne, ne le voyant pas revenir, se met à dépérir.

Les présentations avec le réalisateur tchèque František Vláčil (1924-1999) ayant déjà été faites lors des sorties en HD de Marketa Lazarova et La Vallée des abeilles, nous voilà débarrassés du superflu on va pouvoir aborder l’essentiel (petit hommage à Bertrand Blier en passant). HolubiceLa Colombe blanche est le premier long-métrage du cinéaste, avec lequel celui-ci pose les bases de son univers pictural. Magistralement photographié en N&B par Jan Curik, ce superbe objet de cinéma d’une durée resserrée de 65 minutes est une invitation au rêve, au fantasme, au voyage, à l’imaginaire. D’entrée de jeu, la composition du cadre laisse pantois et le lâcher de pigeons voyageurs réalisé entre Charleroi, Liège, Mons et Valenciennes n’est qu’un bref aperçu de la beauté hypnotique du film. Évidemment, si La Colombe blanche demeure avant tout conseillée aux cinéphiles les plus pointus, les autres pourront se laisser porter par le magnétisme d’une mise en scène fabuleuse.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Colombe blanche, réalisé par Frantisek Vlácil »

Test Blu-ray / Dans la poussière des étoiles, réalisé par Gottfried Kolditz

DANS LA POUSSIÈRE DES ÉTOILES (Im Staub der Sterne) réalisé par Gottfried Kolditz, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Jana Brejchová, Alfred Struwe, Ekkehard Schall, Milan Beli, Silvia Popovici, Violeta Andrei, Leon Niemczyk, Regine Heintze…

Scénario : Joachim Hellwig & Gottfried Kolditz

Photographie : Peter Süring

Musique : Karl-Ernst Sasse

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Ayant reçu un appel de détresse provenant de la planète TEM4, le vaisseau spatial Cyrno parvient à s’y rendre, non sans difficultés. Sur place, on fait comprendre à l’équipage qu’il s’agissait d’une erreur. Le chef de la planète invite alors tous les membres du Cyrno à une fête. Seul Suko reste méfiant, et à juste titre : les mines de TEM4 ont besoin d’esclaves…

« Dans la poussière d’étoiles » chantait Jasmine à Aladdin sur le tapis volant…Mais une quinzaine d’années auparavant, dans une autre partie du monde, un autre rêve, non pas bleu, mais rouge, débarquait au cinéma, Dans la poussière des étoiles donc, ultime film de science-fiction allemand produit par la légendaire DEFA. Si l’étoile rouge à cinq branches reste le symbole des États communistes, celles explorées dans cette superproduction est-allemande par Gottfried Kolditz (1922-1982) sont bel et bien celles de l’espace. Déjà à l’oeuvre sur Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer, le réalisateur s’en sort beaucoup mieux, quand bien même les effets spéciaux s’avèrent ici limités. On retrouve par ailleurs les mêmes tares, à savoir des acteurs peu charismatiques, un rythme lent, mais cette fois la pilule passe, sans doute en raison de certaines scènes psychédéliques à la limite du nanar, des coupes de cheveux et des costumes invraisemblables (les pattes d’eph dans l’espace, c’est quelque chose!), mais aussi et contre toute attente grâce à son scénario généreux en rebondissements et en nawak complètement assumé. Si la dernière partie traîne un peu en longueur, Dans la poussière des étoiles est un divertissement désuet qui ne manque pas de charme.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Dans la poussière des étoiles, réalisé par Gottfried Kolditz »

Test Blu-ray / Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche

EOLOMEA réalisé par Herrmann Zschoche, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Cox Habbema, Ivan Andonov, Rolf Hoppe, Vsevolod Sanaev, Petar Slabakov, Wolfgang Greese, Holger Mahlich, Benjamin Besson…

Scénario : Willi Brückner, d’après le roman d’Angel Wagenstein

Photographie : Günter Jaeuthe

Musique : Günther Fischer

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Dans un futur proche, les hommes ont colonisé la Lune et d’autres étoiles. La station Margot est le centre de relais le plus important de ces colonies. Un jour, huit astronefs partis en exploration disparaissent, et la liaison avec la station est rompue. Après avoir reçu un message codé déclarant « Eolomea », le professeur Maria Scholl, représentant le Conseil Suprême, ordonne un couvre-feu pour tous les vaisseaux, et se rend elle-même sur Margot pour découvrir ce qui se passe.

Après L’Étoile du silence Der schweigende Stern (1960) de Kurt Maetzig et Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer (1970) de Gottfried Kolditz, la science-fiction allemande n’avait pas dit son dernier mot. Pour preuve, en 1972 débarque Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche, qui prend les manettes de cette grosse production de science-fiction tournée en 70mm. Malheureusement, nous sommes loin de la réussite de la sympathique Étoile du silence et donc plus proche du lénifiant Signal, une aventure de l’espace. La raison? Beaucoup de blablas, une abondance de dialogues qui s’étirent et qui s’avèrent souvent étranges (en bref, qui évoquent une certaine idéologie, sans la nommer ouvertement, mais qui n’en pense pas moins), des répliques hermétiques récitées par des comédiens sans véritable charisme (les coiffures et les costumes n’arrangent rien), qui prennent l’air sérieux, en pensant donner le change. Mais rien n’y fait, on s’ennuie devant Eolomea, dont le charme des effets spéciaux demeure malgré tout, mais qui se perd dans un premier degré qui fait plus bâiller que rire. Dommage…

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche »

Test Blu-ray / Trois noisettes pour Cendrillon, réalisé par Václav Vorlíček

TROIS NOISETTES POUR CENDRILLON (Tri orísky pro Popelku) réalisé par Václav Vorlíček, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 novembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Libuse Sáfranková, Pavel Trávnícek, Carola Braunbock, Rolf Hoppe, Karin Lesch, Dana Hlavácová, Jan Libícek, Vítezslav Jandák…

Scénario : Frantisek Pavlícek, d’après le conte de Bozena Nemcová

Photographie : Josef Illík

Musique : Karel Svoboda

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Suite à la mort de son père, Cendrillon est contrainte à devenir une domestique. Elle doit également subir sa belle-mère opiniâtre ainsi que ses demi-soeurs. Un jour, alors qu’elle se promène dans les bois sur son cheval blanc, elle rencontre un beau prince qui se prépare pour le bal du château. Mais celui-ci doit choisir sa future femme parmi les invités…

Tout le monde connaît l’histoire de Cendrillon, conte repris dans le monde entier, réinterprété et dont la version la plus célèbre demeure sans doute celle de Charles Perrault, puis celle des frères Grimm. Outre des opéras, des ballets, des pièces de théâtre, le cinéma s’est aussi très vite emparé de cette histoire, dès les débuts du cinématographe en fait (même Georges Méliès avait livré son interprétation), dont la version la plus connue reste probablement celle des studios Disney sortie en 1950. Si elle est forcément moins connue en France, la production germano-tchécoslovaque réalisée par Václav Vorlíček (1930-2019) et sortie en 1973, Trois noisettes pour Cendrillon Drei Haselnüsse für Aschenbrödel (en allemand) et Tři oříšky pro Popelku (en tchèque) est un véritable film culte, au point d’être systématiquement diffusé à la télévision en Norvège, en Allemagne, en Slovaquie, en Suède, en Espagne, en République tchèque et même en Suisse, lorsque les fêtes de fin d’année arrivent. C’est donc avec une vraie curiosité que l’on découvre Trois noisettes pour Cendrillon, transposition légère comme une bulle de savon, solidement interprétée par le couple formé par Libuše Šafránková (dans sa première apparition au cinéma) et Pavel Trávníček (également au début de sa carrière), qui incarnent parfaitement Cendrillon et son prince charmant. Dépaysant, curieux et un beau spectacle au final.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Trois noisettes pour Cendrillon, réalisé par Václav Vorlíček »

Test Blu-ray / Coeur de pierre, réalisé par Paul Verhoeven

COEUR DE PIERRE (Das kalte Herz) réalisé par Paul Verhoeven, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 novembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Lutz Moik, Hanna Rucker, Paul Bildt, Paul Esser, Lotte Loebinger, Alexander Engel…

Scénario : Marieluise Steinhauer, Paul Verhoeven, Wolff von Gordon d’après le conte de Wilhelm Hauff

Photographie : Ernst Kunstmann & Bruno Mondi

Musique : Herbert Trantow

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Le charbonnier Peter Munch travaille dans la Forêt-Noire. Pauvre, sale et négligé, il est la risée des habitants du pays, et la main de la belle Lisbeth lui est refusée. Il va alors demander de l’aide au bon esprit de la forêt. Ce dernier lui accorde la richesse, qui va hélas considérablement changer son comportement.

À la base de Coeur de pierre, sous-titré La Légende de la Forêt Noire pour sa sortie en Blu-ray/DVD dans nos contrées, il y a un conte de l’écrivain et poète Wilhelm Hauff (1802-1827), dont on connaissait la transposition d’un autre récit, L’Histoire du Petit Muck, réalisé en 1953 par Wolfgang Staudte. On retrouve dans Das kalte Herz (littéralement « le coeur froid »), ou Peter le charbonnier (en Belgique), ou bien encore A Lenda da Floresta La Légende de la forêt (au Portugal), les mêmes ingrédients, à savoir un récit initiatique marqué par des éléments fantastiques. Réalisé par Paul Verhoeven, évidemment non pas celui de RoboCop et Total Recall, mais son homologue allemand né au début du vingtième siècle, Coeur de pierre est un spectacle impressionnant (plus de quatre millions de marks ont été alloués à la production du film), qui s’adresse toutefois à un public averti, en raison d’éléments sombres, qui pourraient heurter la sensibilité des plus jeunes. L’esthétique renvoie parfois à un cauchemar éveillé, le personnage principal devient antipathique et glacial, un meurtre est commis, l’ambiance n’est pas à la gaudriole, mais le propos demeure universel et intemporel. Impeccablement mis en scène, très élégant, original, Coeur de pierre apparaît comme un chaînon manquant entre les univers de Charles Dickens et Roald Dahl, preuve de son indéniable qualité et mérite d’être découvert par le plus grand nombre.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Coeur de pierre, réalisé par Paul Verhoeven »

Test Blu-ray / Un homme à genoux, réalisé par Damiano Damiani

UN HOMME À GENOUX (Un uomo in ginocchio) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, Eleonora Giorgi, Michele Placido, Tano Cimarosa, Ettore Manni, Luciano Catenacci, Nello Pazzafini, Fabrizio Forte…

Scénario : Damiano Damiani & Nicola Badalucco

Photographie : Ennio Guarnieri

Musique : Franco Mannino

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Sorti de prison, Nino, un petit truand sans envergure, a décidé de se ranger. Mais quand il se rend compte que, dans son quartier, rôde un tueur à gages, il est convaincu d’en être la cible. Il va devoir renouer avec son passé criminel pour faire face à ce danger.

Goodbye & Amen, Comment tuer un juge, Nous sommes tous en liberté provisoire, La Mafia fait la loi, Amityville II – Le Possédé, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, El Chuncho, Seule contre la mafia…on pourrait continuer encore longtemps comme ça. Autant de titres qui font vibrer le cinéphile féru de cinéma italien et tous imputables à un réalisateur, Damiano Damiani (1922-2013). Un uomo in ginocchio, traduit littéralement en français par Un homme à genoux pour sa sortie en DVD et Blu-ray dans nos contrées en 2024, était alors inédit dans notre pays, probablement en raison de son important échec de l’autre côté des Alpes. Pourtant, de l’aveu même de son auteur, il s’agissait peut-être de son film le plus personnel, ou tout du moins l’un de ses préférés. Merveilleusement incarné par l’immense Giuliano Gemma, Un homme à genoux est le long-métrage qui clôt les années 1970 pour le cinéaste et on ne peut pas dire qu’il se montre optimiste quant à la nouvelle décennie qui s’annonce. Fondamentalement sombre et alarmiste, profondément mélancolique, inquiet, triste, Un uomo in ginocchio rend compte d’un monde qui s’est arrêté de tourner pour la plupart des petites gens en Sicile, qui (sur)vivent comme ils le peuvent, quitte à tomber dans la criminalité. C’est le cas pour Nino, repris de justice, libéré pour bonne conduite après deux années de prison, après avoir été arrêté pour vol de voitures. Marié, deux enfants, Nino est placé en liberté conditionnelle et a misé le peu d’argent qu’il avait avec son épouse dans un petit kiosque. Comme le destin s’acharne souvent, le petit débit de boissons est situé en face d’un entrepôt à poissons où s’est récemment déroulé le rapt de la femme d’un avocat de renom et lié à la mafia. Soupçonné d’avoir été mêlé à cette affaire, Nino est condamné à mort par des mafieux qui le soupçonnent d’avoir fait partie du kidnapping. C’est donc seul contre tous que Nino va tenter de s’innocenter…Sur un scénario aussi virtuose que labyrinthique coécrit par Damiano Damiani et Nicola Badalucco (Black Journal de Mauro Bolognini, Mort à Venise et Les Damnés de Luchino Visconti), Un homme à genoux prend aux tripes du début à la fin, embarque le spectateur dans la spirale infernale dans laquelle est plongé malgré lui le personnage principal, une réaction en chaîne dont on ne connaît jamais réellement quel est le premier maillon, ni le dernier. Une magistrale démonstration de force d’un réalisateur au sommet de son art pour un chef d’oeuvre à découvrir enfin en France dans une copie restaurée 4K grâce aux bons soins d’Artus Films.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Un homme à genoux, réalisé par Damiano Damiani »

Test Blu-ray / La Montagne du dieu cannibale, réalisé par Sergio Martino

LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE (La Montagna del dio cannibale) réalisé par Sergio Martino, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia, Lanfranco Spinola, Carlo Longhi, Luigina Rocchi…

Scénario : Sergio Martino & Cesare Frugoni

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h39 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Accompagnée par son frère Arthur, Susan Stevenson arrive en Nouvelle-Guinée et y organise une expédition afin de retrouver son mari disparu en pleine jungle. Elle obtient l’aide d’Edward Foster, un guide réputé. Ils vont devoir se rendre sur l’île de Roka où le mari de Susan était parti à la recherche de la mythique montagne Rarami, laquelle, selon les légendes, servirait de repère à la tribu cannibale des Pouka.

Contrairement à ce que beaucoup de spectateurs pensent, La Montagne du dieu cannibaleLa Montagna del dio cannibale ne surfe pas sur le succès international de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato, puisque tout simplement le film de Sergio Martino est sorti sur les écrans deux ans avant. Néanmoins, le sieur Deodato avait déjà tourné Le Dernier monde cannibaleUltimo Mondo Cannibale l’année précédente, tandis qu’en 1972, Umberto Lenzi signait le film précurseur avec Cannibalis : Au pays de l’exorcismeIl Paese del sesso selvaggio. Rendons donc à César (à Cesare devrait-on dire) ce qui lui appartient. La Montagne du dieu cannibale sort en 1978, quelques mois après Emanuelle et les derniers cannibalesEmanuelle e gli ultimi cannibali de Joe d’Amato, avec lequel il partage de nombreux points communs. Rétrospectivement, La Montagna del dio cannibale est assurément l’un des meilleurs opus du genre, Sergio Martino étant un metteur en scène plus « rigoureux » qu’Umberto Lenzi et moins rentre-dedans que Ruggero Deodato et Joe d’Amato. Par ailleurs, en dehors de quelques scènes totalement gratuites et infectes, montrant le sacrifice de véritables animaux (on assiste malheureusement à la mort insoutenable d’un singe, avalé par un python, à l’éventration d’un iguane…), reniées par le cinéaste par la suite, La Montagne du dieu cannibale apparaît avant tout comme un film d’aventure à part entière durant près d’une heure. Bénéficiant d’un casting haut de gamme, mêlant Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli et Antonio Marsina, Sergio Martino ne plonge pas ses stars internationales dans le gore, mais crée un survival non seulement très bien mis en scène, mais aussi et surtout prenant, passionnant à suivre et beau à regarder. Évidemment, le dernier tiers, quasi-muet, compile les séquences « attendues » avec une castration filmée en gros plan, un repas placé sous le signe du steak tartare (viande allant directement du producteur au consommateur), tandis qu’Ursula Andress, nous gratifie de sublimes plans topless (ainsi que d’un full frontal) et qui à 41 ans avait de quoi faire des envieuses. Bref, La Montagne du dieu cannibale est un savoureux tour de force, un divertissement réservé à un public averti, qui fonctionne encore aujourd’hui à plein régime. Une grande référence, un mètre étalon.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Montagne du dieu cannibale, réalisé par Sergio Martino »

Test Blu-ray / L’Avion de l’apocalypse, réalisé par Umberto Lenzi

L’AVION DE L’APOCALPYSE (Incubo sulla città contaminata) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 septembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Maria Rosaria Omaggio, Francisco Rabal, Sonia Viviani, Eduardo Fajardo, Stefania D’Amario, Ugo Bologna, Sara Franchetti, Manuel Zarzo…

Scénario : Antonio Cesare Corti, Luis María Delgado & Piero Regnoli

Photographie : Hans Burmann

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Un avion sorti de nulle part atterrit sur la piste d’aéroport d’une grande ville. Il en sort une horde de zombies aux visages défigurés et affamés de chair et de sang humain. Et de là l’épidémie commença…

Cannibales au low-cost. Moui…elle était facile c’est vrai…mais comment résumer L’Avion de l’apocalypse Incubo sulla città contaminata (littéralement Cauchemar sur la ville contaminée) ou bien encore L’Invasion des zombies (titre de sortie sur les écrans français), réalisé, ou plutôt commis par Umbert Lenzi en 1980, entre La Secte des cannibales Mangiati vivi! et le légendaire Cannibal Ferox ? Emballé avec peu de moyens, ce cargo pesant peine à décoller (pourtant il vole hein) et son scénario demeure au ras du bitume (du tarmac plutôt, ok on arrête) du début à la fin, en compilant les scènes de massacre à la va-comme-je-te-pousse (“Mon Dieu, c’est incroyable, c’est absurde” s’exclame le personnage principal devant la première attaque, il n’a pas tort), en offrant aux spectateurs ce qu’il est venu chercher, mais sans jamais chercher à aller plus loin ou trouver une originalité quelconque. Vraisemblablement peu concerné par ce qu’il fait, Umberto Lenzi semble en pilotage automatique, remplit le cahier des charges qui lui a été confié, et officie comme technicien uniquement, en attendant que ça se passe. Le public pervers, dont nous faisons partie, pourrait y trouver quelques éléments à sauver, notamment cette propension à y aller à fond dans les scènes gores, mais tout y est malheureusement déjà vu et revu. Néanmoins, et c’est là l’ironie, on ne s’ennuie pas devant L’Avion de l’apocalypse, sans doute grâce à un montage alerte, qui parvient à coudre les scènes ensemble, en faisant croire que tout ce que l’on voit à l’écran à un sens et qu’une dramaturgie est en cours devant nos yeux révulsés. C’est là qu’on reconnaît la patte Lenzi, sûrement pas un manchot, mais qui “confectionne” son opus d’épouvante de deux mains gauches.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Avion de l’apocalypse, réalisé par Umberto Lenzi »

Test Blu-ray / Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, réalisé par Sergio Martino

TON VICE EST UNE CHAMBRE CLOSE DONT MOI SEUL AI LA CLÉ (Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Edwige Fenech, Anita Strindberg, Luigi Pistilli, Ivan Rassimov, Angela La Vorgna, Enrica Bonaccorti, Daniela Giordano, Ermelinda De Felice, Marco Mariani, Nerina Montagnani, Franco Nebbia…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Adriano Bolzoni & Sauro Scavolini, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Oliviero est un ancien grand écrivain qui a perdu son inspiration et vit dans une ferme avec sa femme, tandis que sa mère décédée domine son existence et son imagination. Parallèlement, il a des liaisons avec une ancienne écolière et la servante de leur maison. Lorsque son ancienne élève est retrouvée assassinée, la police le considère comme le suspect numéro un. Les choses se compliquent encore lorsque sa jeune, belle et confiante nièce, Floriana, vient vivre avec eux. Au milieu de tout cela, le chat noir d’Oliviero, qui fait horreur à sa femme Irène, joue un rôle curieux.

Dernier volet de la trilogie informelle dite « du vice » avec Edwige Fenech dirigée par Sergio Martino, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la cléIl tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (ou L’Œil du chat noir, ou bien encore L’Escalade de l’horreur) est mis en route immédiatement après Toutes les couleurs du viceTutti i colori del buio, la sortie des deux films n’étant espacée que de six mois seulement en Italie. Autant dire que le scénariste Ernesto Gastaldi, alors très occupé (huit films qu’il a écrit sortent en 1972, dont Amigo!… Mon colt a deux mots à te dire de Maurizio Lucidi, Les Rendez-vous de Satan de Giuliano Carnimeo et La Mort caresse à minuit de Luciano Ercoli), a parfois été moins inspiré et c’est étrangement le cas pour Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe. Le scénariste le reconnaîtra d’ailleurs lui-même, il s’agit là sans doute d’un des opus les plus faibles de son réalisateur, quand bien même celui-ci réserve quelques bons moments. Mais ils sont bien trop dispersés et l’ensemble manque cruellement d’originalité, surtout après la transposition de Roger Corman sortie dix années auparavant, la nouvelle de Poe ayant aussi déjà été adaptée en 1934 par Edgar G. Ulmer dans le cadre des Universal Monsters et le sera encore après par Lucio Fulci en 1981 (et 1977 si l’on compte aussi L’Emmurée vivante) et Dario Argento dans l’une des deux parties de Deux Yeux maléfiques (1990). Rétrospectivement, Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave n’a du giallo post-L’Oiseau au plumage de cristal que son tueur ganté, vêtu d’un chapeau, d’un imperméable et armé d’une lame courbée, car le dit assassin est expédié après cinquante minutes plutôt poussives. C’est alors qu’entre enfin en scène Edwige Fenech (au bout d’une demi-heure pour être exact), qui relance la machine et dont le personnage et les motivations renvoient au genre plus classique, nappé d’horreur gothique. Il faut donc attendre patiemment pour que l’histoire démarre, faire avec des protagonistes très antipathiques (à ce jeu-là, Anita Strindberg et Luigi Pistilli sont impeccables, car imbuvables) qui prennent un malin plaisir à s’humilier en permanence, même si le final s’avère décevant car trop prévisible. Demeure « la Fenech » comme on disait en Italie, qui explose une fois de plus l’écran de son talent et de son insolente sensualité.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, réalisé par Sergio Martino »