Test Blu-ray / Un homme à genoux, réalisé par Damiano Damiani

UN HOMME À GENOUX (Un uomo in ginocchio) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, Eleonora Giorgi, Michele Placido, Tano Cimarosa, Ettore Manni, Luciano Catenacci, Nello Pazzafini, Fabrizio Forte…

Scénario : Damiano Damiani & Nicola Badalucco

Photographie : Ennio Guarnieri

Musique : Franco Mannino

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Sorti de prison, Nino, un petit truand sans envergure, a décidé de se ranger. Mais quand il se rend compte que, dans son quartier, rôde un tueur à gages, il est convaincu d’en être la cible. Il va devoir renouer avec son passé criminel pour faire face à ce danger.

Goodbye & Amen, Comment tuer un juge, Nous sommes tous en liberté provisoire, La Mafia fait la loi, Amityville II – Le Possédé, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, El Chuncho, Seule contre la mafia…on pourrait continuer encore longtemps comme ça. Autant de titres qui font vibrer le cinéphile féru de cinéma italien et tous imputables à un réalisateur, Damiano Damiani (1922-2013). Un uomo in ginocchio, traduit littéralement en français par Un homme à genoux pour sa sortie en DVD et Blu-ray dans nos contrées en 2024, était alors inédit dans notre pays, probablement en raison de son important échec de l’autre côté des Alpes. Pourtant, de l’aveu même de son auteur, il s’agissait peut-être de son film le plus personnel, ou tout du moins l’un de ses préférés. Merveilleusement incarné par l’immense Giuliano Gemma, Un homme à genoux est le long-métrage qui clôt les années 1970 pour le cinéaste et on ne peut pas dire qu’il se montre optimiste quant à la nouvelle décennie qui s’annonce. Fondamentalement sombre et alarmiste, profondément mélancolique, inquiet, triste, Un uomo in ginocchio rend compte d’un monde qui s’est arrêté de tourner pour la plupart des petites gens en Sicile, qui (sur)vivent comme ils le peuvent, quitte à tomber dans la criminalité. C’est le cas pour Nino, repris de justice, libéré pour bonne conduite après deux années de prison, après avoir été arrêté pour vol de voitures. Marié, deux enfants, Nino est placé en liberté conditionnelle et a misé le peu d’argent qu’il avait avec son épouse dans un petit kiosque. Comme le destin s’acharne souvent, le petit débit de boissons est situé en face d’un entrepôt à poissons où s’est récemment déroulé le rapt de la femme d’un avocat de renom et lié à la mafia. Soupçonné d’avoir été mêlé à cette affaire, Nino est condamné à mort par des mafieux qui le soupçonnent d’avoir fait partie du kidnapping. C’est donc seul contre tous que Nino va tenter de s’innocenter…Sur un scénario aussi virtuose que labyrinthique coécrit par Damiano Damiani et Nicola Badalucco (Black Journal de Mauro Bolognini, Mort à Venise et Les Damnés de Luchino Visconti), Un homme à genoux prend aux tripes du début à la fin, embarque le spectateur dans la spirale infernale dans laquelle est plongé malgré lui le personnage principal, une réaction en chaîne dont on ne connaît jamais réellement quel est le premier maillon, ni le dernier. Une magistrale démonstration de force d’un réalisateur au sommet de son art pour un chef d’oeuvre à découvrir enfin en France dans une copie restaurée 4K grâce aux bons soins d’Artus Films.

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Test Blu-ray / La Montagne du dieu cannibale, réalisé par Sergio Martino

LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE (La Montagna del dio cannibale) réalisé par Sergio Martino, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia, Lanfranco Spinola, Carlo Longhi, Luigina Rocchi…

Scénario : Sergio Martino & Cesare Frugoni

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h39 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Accompagnée par son frère Arthur, Susan Stevenson arrive en Nouvelle-Guinée et y organise une expédition afin de retrouver son mari disparu en pleine jungle. Elle obtient l’aide d’Edward Foster, un guide réputé. Ils vont devoir se rendre sur l’île de Roka où le mari de Susan était parti à la recherche de la mythique montagne Rarami, laquelle, selon les légendes, servirait de repère à la tribu cannibale des Pouka.

Contrairement à ce que beaucoup de spectateurs pensent, La Montagne du dieu cannibaleLa Montagna del dio cannibale ne surfe pas sur le succès international de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato, puisque tout simplement le film de Sergio Martino est sorti sur les écrans deux ans avant. Néanmoins, le sieur Deodato avait déjà tourné Le Dernier monde cannibaleUltimo Mondo Cannibale l’année précédente, tandis qu’en 1972, Umberto Lenzi signait le film précurseur avec Cannibalis : Au pays de l’exorcismeIl Paese del sesso selvaggio. Rendons donc à César (à Cesare devrait-on dire) ce qui lui appartient. La Montagne du dieu cannibale sort en 1978, quelques mois après Emanuelle et les derniers cannibalesEmanuelle e gli ultimi cannibali de Joe d’Amato, avec lequel il partage de nombreux points communs. Rétrospectivement, La Montagna del dio cannibale est assurément l’un des meilleurs opus du genre, Sergio Martino étant un metteur en scène plus « rigoureux » qu’Umberto Lenzi et moins rentre-dedans que Ruggero Deodato et Joe d’Amato. Par ailleurs, en dehors de quelques scènes totalement gratuites et infectes, montrant le sacrifice de véritables animaux (on assiste malheureusement à la mort insoutenable d’un singe, avalé par un python, à l’éventration d’un iguane…), reniées par le cinéaste par la suite, La Montagne du dieu cannibale apparaît avant tout comme un film d’aventure à part entière durant près d’une heure. Bénéficiant d’un casting haut de gamme, mêlant Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli et Antonio Marsina, Sergio Martino ne plonge pas ses stars internationales dans le gore, mais crée un survival non seulement très bien mis en scène, mais aussi et surtout prenant, passionnant à suivre et beau à regarder. Évidemment, le dernier tiers, quasi-muet, compile les séquences « attendues » avec une castration filmée en gros plan, un repas placé sous le signe du steak tartare (viande allant directement du producteur au consommateur), tandis qu’Ursula Andress, nous gratifie de sublimes plans topless (ainsi que d’un full frontal) et qui à 41 ans avait de quoi faire des envieuses. Bref, La Montagne du dieu cannibale est un savoureux tour de force, un divertissement réservé à un public averti, qui fonctionne encore aujourd’hui à plein régime. Une grande référence, un mètre étalon.

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Test Blu-ray / L’Avion de l’apocalypse, réalisé par Umberto Lenzi

L’AVION DE L’APOCALPYSE (Incubo sulla città contaminata) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 septembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Maria Rosaria Omaggio, Francisco Rabal, Sonia Viviani, Eduardo Fajardo, Stefania D’Amario, Ugo Bologna, Sara Franchetti, Manuel Zarzo…

Scénario : Antonio Cesare Corti, Luis María Delgado & Piero Regnoli

Photographie : Hans Burmann

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Un avion sorti de nulle part atterrit sur la piste d’aéroport d’une grande ville. Il en sort une horde de zombies aux visages défigurés et affamés de chair et de sang humain. Et de là l’épidémie commença…

Cannibales au low-cost. Moui…elle était facile c’est vrai…mais comment résumer L’Avion de l’apocalypse Incubo sulla città contaminata (littéralement Cauchemar sur la ville contaminée) ou bien encore L’Invasion des zombies (titre de sortie sur les écrans français), réalisé, ou plutôt commis par Umbert Lenzi en 1980, entre La Secte des cannibales Mangiati vivi! et le légendaire Cannibal Ferox ? Emballé avec peu de moyens, ce cargo pesant peine à décoller (pourtant il vole hein) et son scénario demeure au ras du bitume (du tarmac plutôt, ok on arrête) du début à la fin, en compilant les scènes de massacre à la va-comme-je-te-pousse (“Mon Dieu, c’est incroyable, c’est absurde” s’exclame le personnage principal devant la première attaque, il n’a pas tort), en offrant aux spectateurs ce qu’il est venu chercher, mais sans jamais chercher à aller plus loin ou trouver une originalité quelconque. Vraisemblablement peu concerné par ce qu’il fait, Umberto Lenzi semble en pilotage automatique, remplit le cahier des charges qui lui a été confié, et officie comme technicien uniquement, en attendant que ça se passe. Le public pervers, dont nous faisons partie, pourrait y trouver quelques éléments à sauver, notamment cette propension à y aller à fond dans les scènes gores, mais tout y est malheureusement déjà vu et revu. Néanmoins, et c’est là l’ironie, on ne s’ennuie pas devant L’Avion de l’apocalypse, sans doute grâce à un montage alerte, qui parvient à coudre les scènes ensemble, en faisant croire que tout ce que l’on voit à l’écran à un sens et qu’une dramaturgie est en cours devant nos yeux révulsés. C’est là qu’on reconnaît la patte Lenzi, sûrement pas un manchot, mais qui “confectionne” son opus d’épouvante de deux mains gauches.

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Test Blu-ray / Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, réalisé par Sergio Martino

TON VICE EST UNE CHAMBRE CLOSE DONT MOI SEUL AI LA CLÉ (Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Edwige Fenech, Anita Strindberg, Luigi Pistilli, Ivan Rassimov, Angela La Vorgna, Enrica Bonaccorti, Daniela Giordano, Ermelinda De Felice, Marco Mariani, Nerina Montagnani, Franco Nebbia…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Adriano Bolzoni & Sauro Scavolini, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Oliviero est un ancien grand écrivain qui a perdu son inspiration et vit dans une ferme avec sa femme, tandis que sa mère décédée domine son existence et son imagination. Parallèlement, il a des liaisons avec une ancienne écolière et la servante de leur maison. Lorsque son ancienne élève est retrouvée assassinée, la police le considère comme le suspect numéro un. Les choses se compliquent encore lorsque sa jeune, belle et confiante nièce, Floriana, vient vivre avec eux. Au milieu de tout cela, le chat noir d’Oliviero, qui fait horreur à sa femme Irène, joue un rôle curieux.

Dernier volet de la trilogie informelle dite « du vice » avec Edwige Fenech dirigée par Sergio Martino, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la cléIl tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (ou L’Œil du chat noir, ou bien encore L’Escalade de l’horreur) est mis en route immédiatement après Toutes les couleurs du viceTutti i colori del buio, la sortie des deux films n’étant espacée que de six mois seulement en Italie. Autant dire que le scénariste Ernesto Gastaldi, alors très occupé (huit films qu’il a écrit sortent en 1972, dont Amigo!… Mon colt a deux mots à te dire de Maurizio Lucidi, Les Rendez-vous de Satan de Giuliano Carnimeo et La Mort caresse à minuit de Luciano Ercoli), a parfois été moins inspiré et c’est étrangement le cas pour Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe. Le scénariste le reconnaîtra d’ailleurs lui-même, il s’agit là sans doute d’un des opus les plus faibles de son réalisateur, quand bien même celui-ci réserve quelques bons moments. Mais ils sont bien trop dispersés et l’ensemble manque cruellement d’originalité, surtout après la transposition de Roger Corman sortie dix années auparavant, la nouvelle de Poe ayant aussi déjà été adaptée en 1934 par Edgar G. Ulmer dans le cadre des Universal Monsters et le sera encore après par Lucio Fulci en 1981 (et 1977 si l’on compte aussi L’Emmurée vivante) et Dario Argento dans l’une des deux parties de Deux Yeux maléfiques (1990). Rétrospectivement, Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave n’a du giallo post-L’Oiseau au plumage de cristal que son tueur ganté, vêtu d’un chapeau, d’un imperméable et armé d’une lame courbée, car le dit assassin est expédié après cinquante minutes plutôt poussives. C’est alors qu’entre enfin en scène Edwige Fenech (au bout d’une demi-heure pour être exact), qui relance la machine et dont le personnage et les motivations renvoient au genre plus classique, nappé d’horreur gothique. Il faut donc attendre patiemment pour que l’histoire démarre, faire avec des protagonistes très antipathiques (à ce jeu-là, Anita Strindberg et Luigi Pistilli sont impeccables, car imbuvables) qui prennent un malin plaisir à s’humilier en permanence, même si le final s’avère décevant car trop prévisible. Demeure « la Fenech » comme on disait en Italie, qui explose une fois de plus l’écran de son talent et de son insolente sensualité.

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Test Blu-ray / Toutes les couleurs du vice, réalisé par Sergio Martino

TOUTES LES COULEURS DU VICE (Tutti i colori del buio) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : George Hilton, Edwige Fenech, Ivan Rassimov, Julián Ugarte, George Rigaud, Maria Cumani Quasimodo, Nieves Navarro, Marina Malfatti, Luciano Pigozzi…

Scénario : Ernesto Gastaldi & Sauro Scavolini

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Victime d’un traumatisme dans son enfance, Jane est sujette à des cauchemars où elle se voit la proie d’un meurtrier. De plus, elle croit reconnaître cet assassin dans la personne d’un inconnu qui semble la suivre. Sa soeur Barbara lui conseille de consulter un psychiatre. Jane, entraînée par une nouvelle voisine, s’adonne à des pratiques de sorcellerie avant d’être reprise en main par le psychiatre qui la confie à un couple âgé à la campagne. Ses protecteurs ayant été tués, Jane menace de sombrer dans une dépression et songe au suicide. Son amant arrive cependant à déceler dans ces divers incidents un complot criminel ourdi pour priver Jane d’un héritage.

Sergio Martino-Edwige Fenech deuxième ! Ciak motore ! Azione ! Après le triomphe international de L’Étrange Vice de Madame Wardh, le réalisateur enchaîne avec un autre giallo, La Queue du scorpionLa Coda dello scorpione, interprété par George Hilton et la suédoise Anita Strindberg, Edwige Fenech venant de mettre au monde son unique enfant et devant alors laisser sa place à sa consœur. Qu’à cela ne tienne, la belle Edwige revient pour Toutes les couleurs du vice (ou L’Alliance invisible, titre d’exploitation hexagonal à sa sortie), sorte de relecture italienne de Rosemary’s Baby, qui imprègne non seulement le scénario d’Ernesto Gastaldi et Sauro Scavolini (Le Cynique, l’infâme, le violent, Amour et mort dans le jardin des dieux, Cité de la violence), mais aussi la mise en scène même de Sergio Martino, alors sous influence. Cette référence forcément avouée se retrouve même dans le décor principal, celui de la résidence de Jane, immeuble édouardien, qui rappelle fortement le Dakota Building où se déroule le chef d’oeuvre de Roman Polanski. Voulant sans cesse se renouveler, malgré les difficultés liées au genre qui demandait de respecter un cahier des charges établi dans le but de livrer aux spectateurs ce qu’ils étaient venus chercher en payant leur place de cinéma, Sergio Martino parvient à tirer son épingle du jeu, tout en reprenant les mêmes ingrédients ou presque de son modèle. En renouant avec le même trio vedette de L’Étrange Vice de Madame Wardh, Edwige Fenech, George Hilton et Ivan Rassimov, le cinéaste emmène son public et ses protagonistes sur un territoire pour le moment peu exploré, en mêlant mystère, magie et épouvante, en entremêlant le rêve et la réalité, en faisant progressivement disparaître la frontière friable entre les deux dimensions, afin de mettre en relief la psyché perturbée de son personnage central. Encore une immense réussite imputable aussi bien au réalisateur qu’à ses scénaristes.

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Test Blu-ray / L’Étrange Vice de Mme Wardh, réalisé par Sergio Martino

L’ÉTRANGE VICE DE MADAME WARDH (Lo strano vizio della Signora Wardh) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : George Hilton, Edwige Fenech, Conchita Airoldi, Manuel Gil, Carlo Alighiero, Ivan Rassimov, Alberto de Mendoza…

Scénario : Vittorio Caronia, Ernesto Gastaldi & Eduardo Manzanos Brochero

Photographie : Emilio Foriscot

Musique : Nora Orlandi

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Julie Wardh cache un secret derrière sa vie bourgeoise et son extraordinaire beauté. Pendant un séjour à Vienne avec son mari, elle doit faire face à son vice qu’elle croyait enterré dans son passé. Un mystérieux tueur au rasoir cherche à la tuer et sème la terreur dans la ville.

C’est clairement une étape, un film matriciel, une pierre angulaire. L’Étrange Vice de Madame WardhLo strano vizio della signora Wardh est le premier giallo de Sergio Martino (né en 1938), emblématique réalisateur du cinéma d’exploitation italien. Quelques titres en vrac ? Le Continent des hommes poissons L’Isola degli uomini pesce (1979), Le Grand alligator Il Fiume del grande caimano (1979), La Montagne du dieu cannibale La Montagna del dio cannibale (1978), Mort suspecte d’une mineureMorte sospetta di una minorenne (1975), Rue de la violenceMilano trema: La polizia vuole giustizia (1973), 2019 après la chute de New York 2019 – Dopo la caduta di New York (1983)…Il y en a tant, il y en a d’autres…Mais ce que les fans retiendront donc surtout en priorité de Sergio Martino, ce sont ses gialli. En l’espace de trois années, de 1971 à 1973, le cinéaste va signer cinq fleurons du genre, L’Étrange Vice de madame Wardh Lo Strano vizio della Signora Wardh, La Queue du scorpionLa Coda dello scorpione, Toutes les couleurs du vice Tutti i colori del buio, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (dont le titre « apparaît » déjà dans L’Étrange Vice… par l’intermédiaire d’une lettre) et TorsoI corpi presentano tracce di violenza carnale, dont trois avec la sublime Edwige Fenech. Cette dernière, qui sortait de L’Île de l’épouvante5 bambole per la luna d’agosto de Mario Bava, allait voir sa carrière décoller véritablement, au point de devenir une icône du genre alors en pleine explosion, depuis sa remise à neuf par Dario Argento et L’Oiseau au plumage de cristalL’uccello dalle piume di cristallo en 1970. À mi-chemin entre le giallo dit à l’ancienne et celui récemment mis au goût du jour, L’Étrange Vice de Madame Wardh est un savoureux tour de force, aussi passionnant sur le fond que sur la forme, un mètre étalon en la matière, qui réunit tous les ingrédients attendus, les triture, les malaxe, pour livrer aux spectateurs un divertissement haut de gamme qui demeure encore aujourd’hui spectaculaire.

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Test Blu-ray / Le Député, réalisé par Eloy de la Iglesia

LE DÉPUTÉ (El Diputado) réalisé par Eloy de la Iglesia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Artus Films.

Acteurs : José Sacristán, María Luisa San José, José Luis Alonso, Enrique Vivó, Agustín González, Queta Claver, Ángel Pardo, Juan Antonio Bardem…

Scénario : Eloy de la Iglesia & Gonzalo Goicoechea

Photographie : Antonio Cuevas

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Roberto Orbea est député dans un parti de gauche. Homosexuel, il a épousé une camarade du parti, en espérant rester fidèle. Mais il est emprisonné pour ses activités politiques, et il devient l’amant de Nes, un prostitué. À sa sortie de prison, Orbea est élu député, et mène une politique contre le terrorisme. Un groupe de terroriste tardofranquiste paie Nes pour qu’il piège Orbea, afin de le faire tomber politiquement.

Eloy Germán de la Iglesia (1944-2006) est à un tournant de sa carrière quand il coécrit avec son complice Gonzalo Goicoechea et met en scène Le DéputéEl Deputado à la fin des années 1970. Le cinéaste espagnol n’est pas encore pleinement inscrit dans le sous-genre dit du quinqui, sur lequel nous sommes déjà revenus à plusieurs reprises avec les sorties physiques d’El Pico, Colegas, El Pico 2 et Navajeros chez Artus Films. Néanmoins, quelques éléments commencent à apparaître dans ce remarquable drame politique, à l’instar des personnages de Nes et Juanito, deux jeunes délinquants, obligés de vendre leur cul pour survivre dans l’Espagne post-franquiste. Eloy de la Iglesia parle donc ouvertement de politique, de sexe, d’homosexualité et Le Député a fait l’effet d’une bombe à sa sortie, tandis que le cinéaste allait progressivement adopter pleinement le point de vue des outsiders deux ans plus tard dans Navajeros, tout en conservant un fond engagé. En l’état, Le Député est une étape primordiale dans la filmographie de son auteur, incontestablement un sommet, un coup de poing dans la tronche, un chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Navajeros, réalisé par Eloy de la Iglesia

NAVAJEROS réalisé par Eloy de la Iglesia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Artus Films.

Acteurs : José Luis Manzano, Isela Vega, Verónica Castro, Jaime Garza, Enrique San Francisco, María Martín, José Sacristán, José Manuel Cervino…

Scénario : Eloy de la Iglesia & Gonzalo Goicoechea

Photographie : Antonio Cuevas

Musique : Burning

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

José Manuel alias « El Jaro » vit avec sa bande de délinquants. Un jour, il rencontre Mercedes, une prostituée qui veut le ramener dans le droit chemin.

En septembre 2023, à l’occasion de la sortie du coffret Cinéma Quinqui de Eloy de la Iglesia chez Artus Films, qui comprenait Colegas, El Pico et El Pico 2, nous étions revenus très largement sur la carrière du réalisateur espagnol et plus particulièrement sur le genre quinqui. Vous savez donc ce qui vous reste à faire pour en savoir plus. L’éditeur a eu l’excellente idée de prolonger cette importante découverte, en éditant deux autres longs-métrages emblématiques du cinéaste, Le Député El diputado (1979) et Navajeros (1981). C’est le second que nous aborderons aujourd’hui. Dans le sillage du cinéma de son compatriote José Antonio de la Loma, qui avait comme qui dirait ouvert le bal du cinéma quinqui en 1977 avec Perros callejeros (« chiens errants ») et qui est depuis considéré comme étant le film fondateur du genre, Eloy de la Iglesia entend bien lui aussi dresser le portrait des jeunes délinquants livrés à eux-mêmes dans l’Espagne post-franquiste, où la dope était reine, où le boulot était inexistant, où les parents étaient complètement largués, comme si tout le monde se réveillait d’une immense gueule de bois. Navajeros, s’il n’atteint pas la réussite de Colegas et n’a pas la force implacable d’El Pico, n’en reste pas moins un mètre étalon du quinqui et compile tous les ingrédients de ce qui fait sa particularité. C’est aussi et surtout la première collaboration entre Eloy de la Iglesia et José Luis Manzano, sa muse, son amant et même sa pute, leur rencontre s’étant déroulée dans les milieux de la prostitution masculine du centre de Madrid, que le metteur en scène fréquentait alors assidûment. Ensemble, ils tourneront cinq films jusqu’à La Estanquera de Vallecas en 1987. Navajeros pose les bases de leurs futures associations, les motifs sont clairement exposés, sexe, drogue, violence, sang, et si cet opus s’avère au final plus sage, ou plutôt linéaire et didactique (les apartés d’un journaliste appuient d’ailleurs une dimension documentaire), ce drame à la frontière du thriller psychologique est clairement une étape.

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Test Blu-ray / Le Dernier Jour de la colère, réalisé par Tonino Valerii

LE DERNIER JOUR DE LA COLÈRE (I Giorni dell’ira) réalisé par Tonino Valerii, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livre le 2 avril 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Lee Van Cleef, Giuliano Gemma, Walter Rilla, Yvonne Sanson, Ennio Balbo, Andrea Rosic, Christa Linder, Lukas Ammann…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Renzo Genta & Tonino Valerii, d’après la nouvelle Des tod ritt dienstags de Ron Barker

Photographie : Enzo Serafin

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Dans la petite ville de Clifton, Scott, le fils d’une prostituée, est le souffre-douleur de la population. Un jour, Talby le pistolero arrive en ville, et tue involontairement un homme pour défendre Scott. Acquitté pour légitime défense, Talby prend alors le jeune homme sous son aile et l’initie afin de faire de lui un redoutable tueur.

Un western avec en tête d’affiche Lee Van Cleef et Giuliano Gemma, mis en scène par Tonini Valerii, le réalisateur de Mon nom est Personne ??? Cela ne se refuse pas bien sûr, d’autant plus que Le Dernier Jour de la colère I Giorni dell’ira est un remarquable opus du genre. Découvert au début des années 1950 dans Le Train sifflera trois fois High Noon de Fred Zinnemann, Lee Van Cleef va promener sa gueule de reptile et son mètre 88 dans moult films durant la décennie, chez Phil Karlson (Le Quatrième homme), Richard Fleischer (Arena), Raoul Walsh (Victime du destin), George Sherman (Vengeance à l’aube), King Vidor (L’Homme qui n’a pas d’étoile), Robert Wise (La Loi de la prairie), Samuel Fuller (Porte de Chine), Anthony Mann (Du sang dans le désert), John Sturges (Règlements de comptes à OK Corral), Henry King (Bravados) et Budd Boetticher (La Chevauchée de la vengeance). Dans le milieu, on sait qui est Lee Van Cleef, on connaît sa tronche, alors convoitée, surtout dans le western, où les cinéastes essayent de la placer en second ou troisième rang. En 1965, âgé de 40 ans, tout va changer pour le comédien grâce à Sergio Leone, qui lui offre le rôle du colonel Douglas Mortimer dans Et pour quelques dollars de plus Per qualche dollaro in più. Désormais installé en Italie, Lee Van Cleef enchaîne avec Colorado de Sergio Sollima, retrouve Sergio Leone pour Le Bon, la Brute et le Truand Il buono, il brutto, il cattivo. Alors qu’il vient de terminer La Mort était au rendez-vous Da uomo a uomo de Giulio Petroni, il donne la réplique à Giuliano Gemma dans Le Dernier Jour de la colère, devenue star grâce à Un pistolet pour Ringo de Duccio Tessari et qui depuis trône sur le box-office italien où chacun de ses films avoisine les 5 ou 6 millions d’entrées. Autant dire que le tandem fait des étincelles, que l’évidente complicité des deux associés se voit et se ressent à l’écran, tandis que Tonino Valerii se surpasse derrière la caméra. Un très bon cru à déguster sans modération.

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Test Blu-ray / Un pistolet pour Ringo, réalisé par Duccio Tessari

UN PISTOLET POUR RINGO (Une pistola per Ringo) réalisé par Duccio Tessari, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livre le 2 avril 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, Fernando Sancho, Lorella De Luca, Susan Scott, Antonio Casas, Francisco Sanz, José Manuel Martín, Manuel Muñiz…

Scénario : Duccio Tessari

Photographie : Francisco Marín

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

À la suite du hold-up d’une banque, des bandits mexicains commandés par Sancho se réfugient dans une hacienda, tenant les occupants en otage. Les notables de la ville font alors appel à Ringo pour les délivrer et régler leur compte aux bandits. Ringo va devoir user de ruse pour gagner la confiance de Sancho.

C’est avec Un pistolet pour Ringo Una pistola per Ringo que Giuliano Gemma devient une star du cinéma italien. Avant cela, acrobate et cascadeur, le comédien enchaînait les tournages depuis cinq ans, en passant discrètement devant la caméra de Mauro Bolognini, Dino Risi, William Wyler (oui, il apparaît dans Ben-Hur), Vittorio Cottafavi, Antonio Margheriti, Sergio Corbucci et même de Luchino Visconti dans Le Guépard. Mais c’est à Duccio Tessari (1926-1994) que Giuliano Gemma doit pour la première fois d’être placé en tête d’affiche pour Les Titans Arrivano i titani, avant de multiplier quelques rôles dans le péplum, genre alors à la mode (La Révolte des prétoriens, La Fureur des gladiateurs, Hercule contre les Fils du soleil). Arrive le western transalpin, qui explose avec le triomphe international de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, coécrit par Duccio Tessari. La même année que Le Dollar troué Un dollaro bucato de Giorgio Ferroni, Giuliano Gemma tient aussi le rôle-titre d’Un pistolet pour Ringo et là tout va changer pour lui. Non seulement le film est un immense succès, mais il reste encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs opus du western dit spaghetti. En totale décontraction, l’acteur, sous le pseudonyme Montgomery Wood, imposé par les producteurs dans le but de vendre Una pistola per Ringo dans le monde entier, impose un charisme hors-norme, une insolente dextérité au maniement des armes et dans les scènes d’action, dans lesquelles il réalise quasiment toutes les prouesses physiques. Bourré d’humour et d’affrontements, Un pistolet pour Ringo est une étape indispensable pour les cinéphiles épris de westerns.

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