Test Blu-ray / Imaginary, réalisé par Jeff Wadlow

IMAGINARY réalisé par Jeff Wadlow, disponible en DVD & Blu-ray le 5 juillet 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : DeWanda Wise, Tom Payne, Taegen Burns, Pyper Braun, Betty Buckley, Veronica Falcón, Samuel Salary, Matthew Sato…

Scénario : Greg Erb, Jason Oremland & Jeff Wadlow

Photographie : James McMillan

Musique : Omer Ben-Zvi, Alex Cote, Kevin Lax & Bear McCreary

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Lorsque Jessica retourne dans sa maison d’enfance avec sa famille, sa plus jeune belle-fille Alice développe un attachement étrange pour un ours en peluche qu’elle a trouvé dans le sous-sol et nommé Chauncey. Tout commence par des jeux innocents, mais le comportement d’Alice devient de plus en plus inquiétant. Jessica comprend alors que Chauncey est bien plus qu’un simple jouet…

Jason Blum a de la suite dans les idées, des concepts surtout. Les années 2020 ont vu fleurir chez Blumhouse Invisible Man de Leigh Whannel et Freaky de Christopher Landon, sans doute les meilleurs opus sortis dernièrement de cette société de production, ainsi que deux Halloween réalisés par Davd Gordon Green (sans oublier, même si on aimerait, L’Exorciste : Dévotion), des remakes-séquelles-reboots (The Craft : Les Nouvelles sorcières, Firestarter), tout en remplissant le tiroir-caisse avec les triomphes de Five Nights at Freddy’s, Insidious : The Red Door, M3gan, Black Phone. Autant dire que c’est une affaire qui roule toujours pour le producteur. Celui-ci n’a pas connu le même sort avec Imaginary, mis en scène par Jeff Wadlow, déjà passé par la même écurie avec Action ou vérité Truth or Dare (2018, près de 100 millions de dollars de recette) et Nightmare Island Fantasy Island, relecture horrifique de la série télévisée L’Île fantastique, qui n’avait pas eu le même engouement. Le réalisateur tente de se refaire avec Imaginary, qui s’est malheureusement soldé sur un semi-échec. Pourtant, ce nouveau film fantastique et d’épouvante en a sous le capot et montre le potentiel derrière la caméra de Jeff Wadlow, en dépit d’un scénario somme toute classique centré cette fois sur les amis imaginaires que peuvent se créer les enfants…

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Test Blu-ray / Fallo!, réalisé par Tinto Brass

FALLO! réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Sara Cosmi, Massimiliano Caroletti, Silvia Rossi, Max Parodi, Raffaella Ponzo, Virginia Barrett, Angela Ferlaino, Daniele Ferrari, Maruska Albertazzi, Riccardo Marino, Federica Palmer, Roberto Giulianelli…

Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani & Massimiliano Zanin

Photographie : Federico Del Zoppo

Musique : Francesco Santucci

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2003

LE FILM

MON FILM EST SANS AUCUN DOUTE PHALLOCENTRIQUE, MAIS COMME LE SOULIGNE LE POINT D’EXCLAMATION DU TITRE, BIEN PLUS PHALLOCRITIQUE QUE PHALLOCRATIQUE. » TINTO BRASS

S’il a connu son âge d’or (surtout en Italie) dans les années 1960, le film à sketches s’est certes fait plus rare, mais n’a pour autant jamais disparu. En 1995, avec La Boîte à fantasmes de Tinto BrassFermo posta Tinto Brass, le cinéaste s’amuse avec ce format et se met en scène, recevant des lettres d’admirateurs racontant leurs fantasmes et aventures érotiques, avant de les commenter et de les lire avec sa secrétaire Lucia, aux formes généreuses et sans culotte, à ses côtés. En 2003, rebelote, Tinto Brass reprend le même concept pour Fallo !, jeu de mots puisque le titre peut se traduire par « Fais-le ! », ce qui sera d’ailleurs repris au sens littéral à l’international (Do It!), et faire aussi penser au phallus, mais nullement à phallocrate, puisque contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, le cinéma de Tinto Brass a toujours démontré que les femmes étaient supérieures aux hommes. Fallo ! est une succession d’une demi-douzaine de sketches et une fois n’est pas coutume, tous sont plus ou moins égaux et réussis. Durant 90 minutes, le réalisateur s’exprime une fois de plus sur ses thèmes de prédilection, ses obsessions, la relation entre les hommes et les femmes évidemment, sur ce qui fait le sel dans un couple, maintient l’osmose sexuelle, tout en démontrant que la gent masculine, malgré ce qu’elle peut penser, n’égalera jamais l’autre sexe et ne la comprendra jamais. Comme le dit Christophe Bier, « tintophile » et cinéphile érotomane devant l’éternel, Fallo ! est une excellente entrée en matière pour celles et ceux qui n’ont jamais vu aucun film du maître du cinéma érotique et qui souhaiteraient aborder son cinéma. Alors, que trouve-t-on dans Fallo ! ?

Alibi

Cinzia fête sa lune de miel avec son mari Gianni à Casablanca : il lui offre le prix qu’elle convoite, à savoir un rapport anal avec un beau serveur marocain.

Montaggio alternato

Stefania, la femme d’un présentateur de télévision, se moque de son mari qui la trompe avec Erika ; l’amant est le réalisateur de télévision Bruno.

Due cuori e una capanna

Dans la petite pension du Tyrol du Sud où elle travaille comme serveuse, Katarina, poussée par son petit ami napolitain Ciro, satisfait les avances de Bertha, une cliente allemande sadomasochiste (accompagnée de son mari, lui aussi soumis) : l’argent « supplémentaire » l’aidera à ouvrir son propre restaurant avec Ciro.

Botte d’allegria

Sans aucun remords, Raffaella trompe son mari Ugo, faisant ainsi passer ses nombreuses aventures extraconjugales pour des fantasmes sporadiques destinés à raviver le désir obsessionnel de son conjoint.

Honni soit qui mal y pense

La Bolonaise Anna, enflammée par le climat permissif et libertin du village naturiste du Cap d’Agde, cède sans tabou à Helen et à son satirique mari écossais Noel ce paradis qu’elle a toujours refusé à son présomptueux petit ami.

Dimmi porca che mi piace

La Vénitienne Rosy est en lune de miel à Londres, où elle décide d’oser et de concéder ses propres grâces aux yeux avides et désirants d’un voyeur anglais curieux.

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Test Blu-ray / Au coeur de minuit – Heart of Midnight, réalisé par Matthew Chapman

AU COEUR DE MINUIT (Heart of Midnight) réalisé par Matthew Chapman, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Brenda Vaccaro, Jack Hallett, Nicholas Love, James Rebhorn, Tico Wells, Sam Schacht, Nina Lora, Steve Buscemi, Frank Stallone, Denise Dumont, Peter Coyote…

Scénario : Matthew Chapman

Photographie : Ray Rivas

Musique : Yanni

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Carol est une femme ayant récupéré d’une récente dépression nerveuse. Elle vient d’hériter de « Midnight », une boîte de nuit anciennement détenue par son oncle, le regretté Fletcher. Elle quitte le domicile familial et entreprend de rénover le Nightclub. Cependant, elle découvre rapidement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être… par le passé, une section du club semble avoir été réservée à une clientèle libertine et sadomasochiste.

Plus connu comme scénariste (Jeux d’adultes Consenting Adults de Alan J. Pakula, Color of Night de Richard Rush, Le Maître du jeu Runaway Jury de Gary Fleder) que comme réalisateur, Matthew Chapman (né en 1950) n’a il est vrai que peu tourné. Pourtant, dans sa poignée de films et téléfilms se distingue Au coeur de minuit Heart of Midnight, drame psychologique indéniablement sous influence de David Lynch dont le Blue Velvet a semble-t-il laissé quelques traces et qui annonce étrangement d’autres opus du cinéaste à venir comme Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001). Au centre de Heart of Midnight, une comédienne, immense, magnétique, qui aura d’ailleurs attendu 2017 (la série Twin Peaks: The Return) pour tourner pour David Lynch avec lequel elle se devait de collaborer, Jennifer Jason Leigh, qui n’a eu de cesse d’impressionner et ce depuis sa première apparition au cinéma dans Appels au meurtre – Eyes of a Stranger de Ken Wiederhorn en 1981. Elle explose littéralement durant cette décennie et se montre tout aussi géniale dans la comédie (Ça chauffe au lycée Ridgemont Fast Times at Ridgemont High d’Amy Heckerling) et l’aventure médiévale (La Chair et le Sang Flesh and Blood de Paul Verheoeven), avant de bifurquer vers le thriller avec le mythique Hitcher de Robert Harmon. Dans Heart of Midnight elle crève l’écran une fois de plus et trouve l’un de ses rôles comme qui dirait matriciel, celui d’une jeune femme névrosée, fragile, dépressive, hyper-sensible, prête à sombrer définitivement dans la folie. Avec son récit labyrinthique, écrit par Matthew Chapman lui-même, Heart of Midnight entraîne le spectateur dans une spirale infernale, une psyché perturbée, les méandres d’un esprit malade et offre indiscutablement à sa tête d’affiche l’un des plus beaux et grands rôles.

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Test DVD / Daaaaaalí !, réalisé par Quentin Dupieux

DAAAAAALÍ! réalisé par Quentin Dupieux, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juin 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Gilles Lellouche, Didier Flamand, Romain Duris, Agnès Hurstel…

Scénario : Quentin Dupieux

Photographie : Quentin Dupieux

Musique : Thomas Bangalter

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.

Daaaaaalí !, avec six o s’il vous plaît, c’est important car il y en a autant que d’interprètes qui incarnent Salvador Dalí (1904-1989) à l’écran dans le douzième long-métrage du prolifique Quentin Dupieux. Six mois après le succès de Yannick (deux fois nommé aux César) et trois mois avant celui du Deuxième acte (pour l’instant son plus gros hit au box-office), le réalisateur présentait Daaaaaalí !, qui avait connu une avant-première à la Mostra de Venise l’année précédente, avant sa sortie en salles début 2024 où il allait lui aussi rencontrer un large public avec plus de 480.000 spectateurs. Un personnage qui revenait de droit à Quentin Dupieux, c’est ce qu’on se dit après les 75 minutes de ce film complètement fou, bourré d’imagination, qui va au bout de son concept et propose surtout aux spectateurs une expérience unique comme seul le cinéma peut offrir. Jouant avec l’espace et le temps, le réel et l’imaginaire, en imbriquant les arts, le cinéaste jongle avec toutes les possibilités, ne se refuse rien, essaye, tente, fonce, réussit les trois quarts du temps ce qu’il entreprend, avec une virtuosité de chaque instant et tout cela en livrant un fabuleux portrait du peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain espagnol, représentant du surréalisme et fou chocolat Lanvin. L’un des indispensables de 2024.

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Test DVD / Une vie, réalisé par James Hawes

UNE VIE (One Life) par James Hawes, disponible en DVD & Blu-ray le 26 juin 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Anthony Hopkins, Lena Olin, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter, Tim Steed, Matilda Thorpe, Daniel Brown, Alex Sharp, Jirí Simek, Romola Garai…

Scénario : Lucinda Coxon & Nick Drake, d’après le livre de Barbara Winton, If It’s Not Impossible…: The Life of Sir Nicholas Winton

Photographie : Zac Nicholson

Musique : Volker Bertelmann

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où six cent soixante-neuf enfants juifs trouveront refuge.

Grand succès de 2024 en France avec plus d’1,5 million d’entrées, ce qui le place pour l’instant dans le top 10 de l’année, entre Bob Marley:One Love et Maison de retraite 2, Une vie One Life est le premier long-métrage de James Hawes, réalisateur ayant fait ses classes à la télévision depuis plus de trente ans. Remarqué et parfois même récompensé pour son travail sur les séries Doctor Who, Slow Horses, Snowpiercer, Penny Dreadful, Mad Dogs et Black Mirror (les épisodes Hated in the Nation de la saison 3 et Smithereens de la saison 5), ou pour son téléfilm Enid (2009) avec Helena Bonham Carter, le metteur en scène adapte le livre If It’s Not Impossible…The Life of Sir Nicholas Winton de Barbara Winton, qui narrait sur la vie de son père Nicholas Winton (1909-2015), surnommé le « Schindler britannique ». Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique, That’s Life !, invite Nicholas à témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants – désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui dans les années 1930. Certes, ce récit est incroyable, mais le film pâtit d’un académisme ronflant et bien pépère. Nous sommes ici en plein biopic réalisé en mode automatique, sans relief, sans imagination. Une mise en images fonctionnelle où rien ne dépasse, où les plans s’enchaînent comme un vulgaire téléfilm. Sir Anthony Hopkins, 86 ans au moment du tournage, n’a pas grand-chose à faire durant les trois-quarts du long-métrage, dans lequel il n’apparaît qu’en pointillés, se contentant la plupart du temps de se faire un thé, de nager, de regarder par la fenêtre. En revanche, il laisse la place à Johnny Flynn, qui incarne Nicholas Winton jeune. Essentiellement connu pour sa carrière musicale, il est également apparu au cinéma, comme à deux reprises chez Olivier Assayas (Sils Maria, Après mai). Le biopic est un genre qu’il connaît pour avoir incarné David Bowie dans Stardust (2020) de Gabriel Range et Ian Fleming dans La Ruse Operation Mincemeat (2021) de John Madden. Rebelote pour l’acteur né en 1983, qui se taille la part du lion dans Une vie et qui a plus de choses à défendre que son aîné dans le même rôle, mais à un demi-siècle de séparation. En l’état, One Life se laisse regarder et le propos interpelle forcément, mais l’ensemble ne laisse au final pas grand-souvenir, à part le moment déjà connu (celui de l’émission), dont la reconstitution apparaît quelque peu factice, comme par ailleurs le reste du film.

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Test DVD / Vivants, réalisé par Alix Delaporte

VIVANTS réalisé par Alix Delaporte, disponible en DVD & Blu-ray le 2 juillet 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Alice Isaaz, Roschdy Zem, Vincent Elbaz, Pascale Arbillot, Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet, François De Brauer, Grégoire Leprince-Ringuet, Nicolas Carpentier…

Scénario : Alix Delaporte & Alain Le Henry

Photographie : Inès Tabarin

Musique : Evgueni & Sacha Galperine

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Gabrielle vient d’intégrer une prestigieuse émission de reportages. Sans formation classique, elle doit dépasser les préjugés pour trouver sa place au sein d’une équipe de journalistes aguerris. En immersion, elle va peu à peu percer le mystère de ces grands reporters, toujours passionnés, souvent drôles, parfois blessés par la vie et le métier. Et puis il y a Vincent, le rédacteur en chef de l’émission, qu’elle ne cesse de bousculer…

En 2011, Angèle et Tony était une des plus belles surprises du cinéma français. Le très réussi premier long-métrage d’Alix Delaporte avait alors attiré plus de 225.000 spectateurs. Le second film de la réalisatrice, Le Dernier coup de marteau, réunissait à nouveau la lumineuse Clotilde Hesme et l’imposant Grégory Gadebois, César du meilleur espoir masculin de l’année 2012, mais la réalisatrice ne parvenait pas à convaincre autant avec des personnages qui manquaient de chair et ce en dépit une beauté plastique et d’une délicatesse indéniables. Il aura fallu attendre presque dix ans pour qu’Alix Delaporte fasse son retour derrière la caméra avec Vivants, très largement inspiré par ce qu’elle a vécu à ses débuts, à l’agence CAPA, où elle officiait comme journaliste-caméraman. Si celle-ci signait surtout des reportages pour l’émission culte Nulle part ailleurs sur Canal+, les personnages de son dernier opus ont été habitués à aller sur le terrain, couvrant les événements les plus importants dans le monde, les guerres notamment. Mais les temps ont changé, les moyens vont en s’amenuisant, les téléspectateurs veulent de la proximité, « l’international ne marche plus » dit d’ailleurs le « big boss ». Il faut alors se contenter des faits divers, ce qui peut entraîner de nombreuses frustrations de la part de ces anciens « héros ». Vivants ne retrouve pas l’étincelle d’Angèle et Tony, même si cette fois encore on ne peut nier la sincérité et la sensibilité de son auteure. Cependant, plonger directement dans le feu de l’action, prendre le train en marche dans leur boulot peut décontenancer et limiter l’attachement que l’on aurait pu avoir pour ces personnages. Notre point d’ancrage reste celui impeccablement campé par Alice Isaaz, dont le regard s’avère en fait celui des spectateurs, celui à travers lequel nous découvrons cet univers singulier. Vivants est une sorte de ride mené sur un rythme souvent frénétique, qui ne s’arrête quasiment jamais pendant 80 minutes, durée du film, générique de fin compris. Si l’expérience immersive fonctionne, dommage qu’il n’en soit pas de même pour l’émotion qui demeure factice et ce malgré d’excellents comédiens, comme toujours solidement dirigés par la cinéaste.

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Test Blu-ray / Retour de manivelle, réalisé par Denys de La Patellière

RETOUR DE MANIVELLE réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Michèle Morgan, Daniel Gélin, Peter van Eyck, Bernard Blier, Michèle Mercier, François Chaumette, Pierre Leproux, Jean Olivier, Hélène Roussel…

Scénario : Denys de La Patellière, d’après le roman de James Hadley Chase

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Maurice Thiriet

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Fréminger, un riche homme d’affaires se suicide après avoir supprimé la clause du suicide de son testament. Sa veuve, Hélène, tente alors de maquiller sa mort en meurtre après avoir fait croire que le défunt est encore en vie. Elle fait appel à Robert, le chauffeur, qui devient son amant. Mais le plan tourne mal…

Quand on évoque la grande carrière de Denys de La Patellière (1921-2013), le cinéphile pense instantanément à ses nombreuses et fructueuses collaborations avec Jean Gabin, six films tournés de 1958 à 1972, des Grandes familles au Tueur, près de 18 millions d’entrées au total. Parmi les autres succès du réalisateur on peut aussi citer son premier long-métrage, Les Aristocrates (2,9 millions), Un taxi pour Tobrouk (4,9 millions) et Retour de manivelle (2 millions). Moins connu que ses autres opus, ce dernier sorti en septembre 1957 apparaît comme un chaînon manquant entre Assurance sur la mort Double Indemnity (1944) de Billy Wilder et Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot. Avouez qu’on a déjà fait pire comme références, surtout que ce thriller dramatique et psychologique parvient sans mal à trouver sa propre identité et ce grâce à un formidable trio d’acteurs au sommet de leur art, Michèle Morgan, Daniel Gélin et Bernard Blier, exceptionnels et qui se délectent des répliques concoctées par Michel Audiard. Une très belle année pour le dialoguiste puisqu’il signait également en même temps celles de Trois Jours à vivre et Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier, Maigret tend un piège de Jean Delannoy et aussi celles des Grandes familles du même Denys de La Petellière. Le cinéaste n’est pas en reste et livre un quasi-huis clos étouffant, prenant du début à la fin, un film noir à la française qui vaut assurément d’être réhabilité.

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Test Blu-ray / Le Grand amour du comte Dracula, réalisé par Javier Aguirre

LE GRAND AMOUR DU COMTE DRACULA (El Gran amor del conde Drácula) réalisé par Javier Aguirre, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Paul Naschy, Rosanna Yanni, Haydée Politoff, Mirta Miller, Ingrid Garbo, Víctor Barrera, José Manuel Martín, Julia Peña…

Scénario : Paul Naschy, Javier Aguirre & Alberto S. Insúa

Photographie : Raúl Pérez Cubero

Musique : Carmelo A. Bernaola

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Vers la fin du XIXe siècle, dans la Carpate orientale, en Roumanie – Après avoir traversé le col de Borgo, un carrosse perd une roue ; les chevaux, effrayés, tuent accidentellement le cocher avant de s’enfuir. Les cinq passagers, quatre femmes (Senta, Karen, Elke et Marlene) et un homme (Imre Polvi), se retrouvent isolés en pleine forêt. Imre convainc les passagères de se diriger vers un ancien sanatorium, afin de trouver de l’aide.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Dr DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. En 1972, Paul Naschy incarne une nouvelle « créature », un être difforme, un bossu, dans une relecture horrifique de Notre-Dame de Paris et de Frankenstein intitulée justement Le Bossu de la morgue – El Jorobado de la Morgue. Réalisée par Javier Aguirre, cette oeuvre grand-guignolesque demeure réjouissante et inquiétante à plus d’un titre puisque le cinéaste et le casting ne reculent devant rien pour créer l’effroi auprès des spectateurs avides de sang. La même année, toujours sous la direction de Javier Aguirre (et avec le même compositeur, scénariste, producteur, monteur, décorateur…), Paul Naschy revêt le costume de Dracula dans Le Grand Amour du comte DraculaEl Gran amor del conde Drácula, à ne pas confondre avec Dracula contre Frankenstein (1970) ou L’Empreinte de DraculaEl Retorno de Walpurgis (1973), également portés par l’acteur. Cette fois encore, Paul Naschy s’en donne à coeur joie, du moins autant que son charisme limité lui permet, dans ce rôle mythique dont il s’acquitte honorablement (son côté énigmatique et mystérieux va d’ailleurs exciter l’une de ses invitées), mais comme d’habitude sans se forcer. Néanmoins, le film aborde le célèbre comte sous l’angle romantique, puisque l’amour qu’il porte à une femme causera tout simplement sa perte. Généreux en scènes sanglantes et en donzelles dénudées (le saphisme est aussi présent), Le Grand Amour du comte Dracula est un savoureux spectacle qui fonctionne aussi bien dans l’horreur que du point de vue dramatique.

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Test DVD / Un silence, réalisé par Joachim Lafosse

UN SILENCE réalisé par Joachim Lafosse, disponible en DVD le 21 mai 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Matthieu Galoux, Jeanne Cherhal, Louise Chevillotte, Nicolas Buysse, Karim Barras, Larisa Faber…

Scénario : Chloé Duponchelle, Paul Ismael, Joachim Lafosse, Thomas Van Zuylen, Sarah Chiche, Valérie Graeven & Matthieu Reynaert

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Ólafur Arnalds

Durée : 1h35

Année de sortie : 2024

LE FILM

Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.

Chaque film du réalisateur belge Joachim Lafosse est pour ainsi dire un événement. Nombreux sont ceux qui sont restés dans la mémoire des cinéphiles à l’instar d’À perdre la raison (2012), L’Économie du couple (2016) et dernièrement Les Intranquilles (2021). Ce ne sera probablement pas le cas pour Un silence, son dernier opus en date, inspiré par un fait divers réel, l’affaire Hissel. En 2007, Victor Hissel, ancien avocat (très présent dans les médias) des familles des victimes de Marc Dutroux, avait été inculpé pour détention de pédopornographie en 2007. Il sera condamné à 10 mois de prison. Deux ans plus tard, Roman, le fils de Hissel, poignarde son père, ancien symbole de la lutte contre les violences sexuelles en Belgique, à plusieurs reprises en 2009, le blessant grièvement. Alors pourquoi cela ne fonctionne pas cette-fois ci ? Sans doute parce qu’on a furieusement l’impression d’avoir déjà vu ce genre d’histoire et que le récit (pourtant écrit par sept scénaristes, dont le fidèle Thomas Van Zuylen) n’est guère aidé par une mise en scène non seulement redondante (toutes les scènes en voiture…), mais qui manque surtout d’originalité. Nous sommes ici entre L’Adversaire (2002) et le cinéma austère de Michael Haneke, un univers froid comme la glace, tranchant, sec, peu empathique, difficile d’accès pour certains. En fait, le problème d’Un silence est – contre toute attente – la présence de Daniel Auteuil. Si ce dernier est évidemment excellent, le comédien renvoie immédiatement au film de Nicole Garcia susmentionné, dans lequel il donnait déjà la réplique à Emmanuelle Devos, et son rôle n’est pas sans rappeler celui qu’il campait dans Au nom de ma fille (2016) et dans Le Mensonge (2020), tous les deux signés Vincent Garenq. Pas ou peu de surprises dans Un silence, où le spectateur navigue à vue, anticipe le déroulement des scènes (un long flashback, la scène finale en fondu en noir après lequel nous laissons la justice faire son travail), ainsi que les réactions (ou leur absence plutôt) des personnages, pour lesquels nous n’avons aucun attachement. Demeure le boulot de Joachim Lafosse, qui lui aussi paraît peu inspiré sur ce coup-là, joue avec les plans-séquences, le non-dit, le hors-champ et le ressenti, mais en manquant sa cible. Dommage.

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Test DVD / Les SEGPA au ski, réalisé par Ali & Hakim Bougheraba

LES SEGPA AU SKI par Ali & Hakim Bougheraba , disponible en DVD le 1er mai 2024 chez Apollo Films.

Acteurs : Moussa Maaskri, Fauve Hautot, Redouane Bougheraba, Ichem Bougheraba, Maxime Gasteuil, Camille Damour, Issa Doumbia, Emma Smet…

Scénario : Ali Bougheraba, Hakim Boughéraba & Ichem Bougheraba

Photographie : Lubomir Bakchev & Fabrice Sébille

Musique : Maxime Desprez & Michaël Tordjman

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Les Segpa se retrouvent pour une nouvelle année scolaire riche en aventures, propulsés directement en Terminale. Deux challenges majeurs les attendent : la réussite de leur bac et leur participation soudaine aux Olympiades d’hiver inter-lycées.

Attendez une minute…c’est quoi une classe SEGPA ? Selon le site Service-Public.fr, « Segpa : Section d’enseignement général et professionnel adapté, qui accueille les jeunes de la 6e à la 3e présentant des difficultés scolaires importantes. Il s’agit de difficultés ne pouvant pas être résolues par des actions d’aide scolaire et de soutien. La classe est intégrée dans un collège. Elle regroupe un petit groupe d’élèves (16 maximum) pour individualiser le parcours de chacun. La Segpa doit permettre à votre enfant d’accéder à une formation professionnelle diplômante ou à la poursuite de ses études après la 3». Pour les autres, encore mieux informés, Les SEGPA est à la base une web-série à succès créée en 2016 par Hakim Bougheraba et Ichem Boogy et disponible sur Youtube. 2022, l’équipe décide de décliner leur univers au cinéma, le tout produit (entre autres) par Cyril Hanouna, qui a eu du pif (et pas que pour sniffer cette fois). Résultat des courses, plus de 700.000 spectateurs (peut-être 699.999 entrées à Marseille et une à Paris, Hanouna sans doute) et un très bon bouche-à-oreille, ce qui forcément donné envie de mettre très vite une suite en chantier après ce succès. Rebelote, non seulement Les SEGPA au ski a connu le même engouement, mais ce second opus a même doublé le score du premier ! Une affaire on ne peut plus lucrative. Disons-le d’emblée, c’est une surprise. Nous sommes loin des deux immondes Déguns, qui avaient connu la même trajectoire (adaptation d’une web-série sur grand écran, un succès, encore plus pour le second), Marseille en toile de fond) et la mise en scène est ici plus soignée. Ensuite, la bande d’acteurs est on ne peut plus sympathique et l’on s’étonne de vouloir les suivre dans leurs aventures qui lorgne plus du côté des Sous-doués de Claude Zidi que des Profs de Pierre-François Martin-Laval. Entre le naturel d’Ichem Bougheraba et la fraîcheur d’Emma Smet (petite-fille de Johnny et fille de David), le bagou de la troupe, les quelques caméos dispersés tout du long et des seconds personnages très amusants, Les SEGPA donnait envie de les retrouver et c’est là qu’apparaît Les SEGPA au ski. Si celui-ci est moins réussi que le précédent, pas mal de gags fonctionnent malgré tout et cette suite directe ne se moque pas des spectateurs en leur offrant tout ce qui leur avait plu dans l’autre chapitre. Et pourquoi pas un troisième volet ?

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