Test Blu-ray / La Secte, réalisé par Michele Soavi

LA SECTE (La Setta) réalisé par Michele Soavi, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs : Kelly Curtis, Herbert Lom, Mariangela Giordano, Michel Adatte, Carla Cassola, Angelika Maria Boeck, Giovanni Lombardo Radice, Niels Gullov, Tomas Arana, Dario Casalini, Paolo Pranzo, Yasmine Ussani, Erica Sinisi

Scénario : Michele Soavi, Dario Argento, Gianni Romoli

Photographie : Raffaele Mertes

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h57

Année de sortie : 1991

LE FILM

1970, Californie. Une communauté hippie est massacrée par Damon et les membres de sa secte. Vingt-et-un ans plus tard, Francfort. Tandis que des crimes rituels attribués à la secte des Sans-Visage ponctuent l’actualité, Miriam Kreisl, jeune institutrice, manque de renverser un vieillard au comportement étrange. S’il refuse de se faire soigner, il accepte en revanche de se reposer quelques heures chez elle. Curieusement, Moebius semble connaître la maison et fait part à Miriam d’une mystérieuse destinée. Bientôt, des faits étranges et sanglants se produisent dans l’entourage de la jeune femme.

Auréolé du succès de Sanctuaire, son second long métrage, le réalisateur Michele Soavi s’associe à nouveau deux ans plus tard avec le producteur Dario Argento. Ce dernier cosigne également le scénario avec le metteur en scène, mais aussi Gianni Romoli, futur auteur de la mini-série culte La Caverne de la Rose d’or. Ecrit durant la période « ésotérique » du cinéaste, La SecteLa Setta manque cruellement de rythme et les années ne lui ont pas été profitables. Pourtant, Michele Soavi ne manque pas d’imagination, son style visuel est souvent percutant et l’interprétation est solide, mais le récit est à la traîne en raison d’un intérêt relatif.

1970, Californie. Une communauté hippie accueille dans son camp un voyageur, Damon, sans se douter qu’il est un fanatique. La nuit tombée, ce dernier, accompagné d’autres membres de sa secte, la massacre entièrement. 1991, Francfort. L’actualité allemande est ponctuée de crimes rituels sataniques. Un homme, Martin Romero, traque une femme, Mary Crane, dans les rues de la ville avant de l’assassiner chez elle. Face à la police, avant qu’il ne se suicide, il affirme qu’il était obligé de la tuer. Pendant ce temps, une institutrice, Miriam Kreisl, renverse un vieillard, Moebius Kelly, en voiture. Sans se douter de lui, qui refuse de se faire soigner à l’hôpital, elle accepte de l’accueillir chez elle pour le soigner. Le vieil homme étrange semble reconnaître sa maison et fait part à Miriam d’une étrange destinée. Alors qu’elle dort, il lâche un scarabée sur son corps et l’insecte pénètre son nez. Réveillée par un cauchemar, elle trouve Moebius en train de suffoquer.

La Secte est un film fourre-tout. La ravissante Kelly Curtis, tout aussi sexy que sa sœur de Jamie Lee, doit affronter un scarabée, un lapin qui zappe à la télé, un suaire maléfique, des arracheurs de visages, un docteur amoureux, le tout sur une musique au synthé de Pino Donaggio. Comme s’ils étaient eux-mêmes conscients que le genre arrivait à sa fin, ce qui sera alors le cas avec Dellamorte Dellamore, le film suivant de Michele Soavi, les auteurs peinent à se renouveler et donc décident de créer le chaos dans la vie jusqu’alors calme et bien réglée d’une simple institutrice, qui comme dans Rosemary’s Baby se retrouve à devoir enfanter l’Antéchrist.

Le premier acte est interminable. Les scènes s’étirent en longueur, les séquences s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse et la photo de Raffaele Mertes n’est guère enthousiasmante. Arrive alors Kelly Curtis, certes moins célèbre que son illustre sœur, mais qui n’en possède pas moins une belle présence face à la caméra et dont la ressemblance parfois troublante avec sa cadette rappelle parfois Laurie Strode en prise avec Michael Myers. Heureusement, La Secte va en s’améliorant. Le deuxième acte, celui où bascule l’histoire contient son lot d’émotions fortes, notamment tout ce qui concerne le puits et le suaire qui étouffe ses victimes. Divers effets gores font leur effet, surtout celui du rituel consistant à arracher le visage d’une femme innocente à l’aide de crochets « sacrés », pour ensuite le greffer sur celui du grand gourou (qui ne s’appelle pas Skippy) interprété par Herbert Lom (la franchise La Panthère Rose) et le ramener ainsi à la vie.

Michele Soavi se lâche alors dans un dernier acte beaucoup plus intéressant. Le rythme s’emballe, tout comme la mise en scène. Les angles improbables se suivent pour refléter la folie dans laquelle se retrouve plongée Miriam, le chef opérateur s’amuse avec les filtres et les spots de couleurs, l’oeuvre de Roman Polanski plane tout du long sur le final, à l’instar du récent Mother ! de Darren Aronofsky qui se révèle finalement plus proche, jusque dans son dénouement, de La Secte que de Rosemary’s Baby. C’est donc un résultat en demi-teinte pour La Secte, surtout après la grande réussite de Sanctuaire, pris entre un délire visuel et pictural inspiré et une histoire de satanisme peu convaincante.

LE BLU-RAY

La Secte est disponible dans les bacs grâce aux bons soins de ce cher Chat qui fume. Un sublime combo Blu-ray/DVD, trois disques, un Digipack trois volets quadri avec un étui cartonné du plus bel effet et au visuel intrigant. Les menus principaux sont animés sur la musique du film.

Attention, nous disposons ici d’encore plus de suppléments que pour Sanctuaire ! Près de 2h30 de bonus qui font de cette édition l’une des plus complètes de l’éditeur à ce jour.

La première partie de l’entretien avec Michele Soavi (20’) reprend les mêmes propos que celui disponible sur l’édition de Sanctuaire. Le réalisateur se remémore sa rencontre Dario Argento, dont le cinéma lui a donné la passion pour le genre quand il avait 12 ans. Le destin a finalement réuni les deux hommes qui sont rapidement devenus amis, jusqu’à ce que Dario Argento lui propose d’être son assistant sur Ténèbres (1982). Ce dernier a ensuite produit son second long métrage en tant que metteur en scène, Sanctuaire. Michele Soavi en vient ensuite plus précisément sur La Secte. La genèse (une adaptation avortée du Golem de Gustav Meyrink), les conditions des prises de vues (Soavi a tourné lui-même 90 % du film en tant que caméraman), ses inspirations (la culture celte, l’ésotérisme, Rosemary’s Baby, The Wicker Man), le casting, les symboles (l’eau notamment), la bande originale et l’accueil (frileux) du public. Michele Soavi clôt cet entretien sur une note nostalgique, en se remémorant l’époque où il était alors totalement libre derrière la caméra.

Comme pour Michele Soavi, l’intervention du chef décorateur Massimo Antonello Geleng démarre de la même façon que pour celle de Sanctuaire (23’). Après avoir évoqué sa rencontre avec le réalisateur, notre interlocuteur aborde son travail sur La Secte, un film réalisé dans de meilleures conditions que pour Sanctuaire et à 70 % dans des studios italiens. Le focus est surtout fait sur les séquences du puits, mais Massimo Antonello Geleng parle également du casting et du travail de Michele Soavi. Cet entretien se termine également sur la même conclusion que pour Sanctuaire.

Place au comédien Giovanni Lombardo Radice, qui interprète Martin Romero dans La Secte (12’). Ce n’est pas une surprise, cette interview reprend également certains propos entendus pour Sanctuaire. L’acteur revient surtout sur son amitié avec Michele Soavi, sur Dario Argento à la production, sur le fait qu’il n’aime pas les films d’horreur et n’a d’ailleurs jamais vu La Secte.

Place à un module plus inédit en la présence de Raffaele Mertes (28’). Le directeur de la photographie aborde les partis pris et les conditions de tournage de La Secte. Le travail à la steadycam, avec l’Innovision, cet objectif spécial permettant de s’incruster dans les moindres recoins (comme dans un tuyau de lavabo) sont passés en revue, tout comme le casting, l’investissement de Kelly Curtis dans les scènes difficiles et mouvementées.

Voici maintenant l’entretien indispensable de cette édition. Gianni Romoli, scénariste aux côtés de Dario Argento et Michele Soavi revient avec détails sur la genèse, le tournage et la sortie de La Secte (35’). On apprend entre autres que le projet original s’intitulait Catacombes et liait l’Italie contemporaine avec l’antiquité, où l’on suivait l’histoire horrifique d’une secte. Devant le refus de Dario Argento de produire cette histoire qu’il n’aimait pas, l’histoire est alors remaniée en conservant ce qui concerne la secte. Gianni Romoli explique ensuite ce qui a nourri le scénario et comment La Secte est finalement devenu une analyse consciente de l’évolution du genre. Diverses anecdotes liées au tournage s’enchaînent alors sur un rythme vif. Cette interview se termine sur une note assez amère, Gianni Romoli indiquant que Dario Argento les a éjecté lui et le coscénariste Franco Ferrini après avoir bien avancé sur Trauma (1993). Il indique également regretter le fait que Michele Soavi ait préféré suivre la voie du film d’auteur, plutôt que de persévérer dans la veine horrifique.

Oublié sur la liste des bonus sur le Digipack, l’immense compositeur Pino Donaggio intervient également pour parler de son travail sur La Secte (13’). Il se souvient tout d’abord de sa rencontre avec Dario Argento pour son segment de Deux yeux maléfiques, coréalisé avec George A. Romero en 1990. Puis Pino Donaggio aborde ses expérimentations au synthétiseur électronique pour La Secte, film qu’il apprécie d’ailleurs toujours autant, bien qu’il ait uniquement collaboré avec Dario Argento, alors producteur, et non pas Michele Soavi.

Tout cela se termine par l’intervention plus analytique de La Secte, par l’historien du cinéma Fabrizio Spurio (25’). C’est ici que les passionnés des critiques détaillées se dirigeront pour en savoir plus sur les intentions du réalisateur Michele Soavi, sur ses partis pris et sur les symboles (présence des insectes et des animaux, l’eau comme vecteur du mal) disséminés dans son film. Le fond et la forme sont donc habilement croisés, tandis que Fabrizio Spuro se rappelle avoir été invité à venir sur le plateau grâce au créateur des effets spéciaux Rosario Prestopino, décédé en 2008 et auquel un hommage est rendu à la fin du module. ce dernier lui avait offert un des « visages arrachés » en souvenir, que Fabrizio Spuro présente ici à la caméra.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces des films bientôt disponibles chez Le Chat qui fume.

L’Image et le son

Que voilà un superbe master ! Présenté dans son format original 1.85 respecté (16/9 compatible 4/3), La Secte brille de mille feux. La colorimétrie est riche, le piqué étonnamment aiguisé, les noirs denses, le grain argentique plaisant, les contrastes au beau fixe et la propreté irréprochable. L’apport HD est non négligeable et profite aux partis paris du chef opérateur Raffaele Mertes (Trauma) qui fait la part belle aux teintes bleutées. Le confort est donc total pour (re)découvrir La Secte et peut-être lui redonner une seconde chance.

Trois versions DTS-HD Master Audio 2.0 disponibles sur cette édition ! Quitte à choisir, sélectionnez la piste anglaise (le film a d’ailleurs été tourné dans cette langue), plus dynamique, aérée, percutante que les versions française et italienne. Cette dernière s’en tire néanmoins avec les honneurs, du moins bien mieux que la langue de Molière au spectre réduit. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © Le Chat qui fume, 1994 Mario et Vittorio Cecchi Gori – Silvio Berlusconi Communications Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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