Test DVD / Vif-argent, réalisé par Stéphane Batut

VIF-ARGENT réalisé par Stéphane Batut, disponible le 14 janvier 2020 en DVD chez Blaq Out

Acteurs : Thimotée Robart, Judith Chemla, Djolof Mbengue, Saadia Bentaïeb, Marie-José Kilolo Maputu, Cecilia Mangini, Babakar Bâ, Bernard Mazzinghi, Frédéric Bonpart…

Scénario : Stéphane Batut, Christine Dory, Frédéric Videau

Photographie : Céline Bozon

Musique : Benoit de Villeneuve, Gaspar Claus

Durée : 1h42

Année de sortie : 2019

LE FILM

Juste erre dans Paris à la recherche de personnes qu’il est seul à voir. Il recueille leur dernier souvenir avant de les faire passer dans l’autre monde. Un jour, une jeune femme, Agathe, le reconnaît. Elle est vivante, lui est un fantôme. Comment pourront-ils s’aimer, saisir cette deuxième chance ?

C’est une véritable proposition de cinéma de genre et surtout une grande déclaration d’amour au septième art. Vif-argent est le premier long métrage très prometteur de Stéphane Batut, grand directeur de casting qui officie depuis les années 1990, auteur d’un documentaire en 2014, Le Rappel des oiseaux. Auréolé du Prix Jean-Vigo en 2019, mais aussi du Prix du Jury du Film Français Indépendant au Champs-Elysées Film Festival et du prestigieux Prix Louis-Delluc du premier film, Vif-argent est une œuvre immensément poétique qui rappelle parfois l’univers de Manoel de Oliveira, à l’instar de L’Étrange Affaire Angélica (2010), où le fantastique s’immisce dans le quotidien. Georges Franju, George du Maurier et Sacha Guitry sont également remerciés dans le générique de fin par le metteur en scène. Ces références se côtoient et s’imbriquent pour donner naissance à l’un des films français les plus surprenants, mélancoliques et ambitieux de l’année passée.

Juste vient de mourir et une passeuse d’âme lui permet de rester encore un peu afin de recueillir le dernier souvenir des mourants. Il croise Agathe dans Paris qui semble le reconnaître. Pourquoi Vif-argent ? Le réalisateur explique « cela évoque un éclat furtif, quelque chose qui étincelle dans la nuit comme ce que vivent soudain Juste et Agathe dans le film. Puis le vif-argent c’est aussi le nom du mercure utilisé comme principe actif en alchimie, un agent révélateur. Et Mercure c’est aussi le messager des Dieux dans la mythologie, celui qui conduit les âmes aux enfers ». Juste, c’est Thimotée Robart, l’une des plus belles révélations de 2019, un croisement physique entre Melvil Poupaud et Damien Bonnard. Une présence indéniable et une sensibilité à fleur de peau qui foudroient d’entrée de jeu. Quasiment de tous les plans ou de toutes les scènes, le jeune comédien porte cette fable romanesque qui distille quelques gouttes de surnaturel dans un Paris nocturne magnifiquement filmé. Le 19e arrondissement resplendit comme au temps du réalisme poétique de Marcel Carné, comme dans Les Portes de la nuit auquel on pense beaucoup avec la proximité du Canal de l’Ourcq et du Bassin de la Villette qui font comme qui dirait office de Styx.

Le nouveau quotidien de Juste est bouleversé par l’arrivée inopinée d’Agathe, jeune femme fragile comme du cristal à laquelle la bouleversante Judith Chemla prête son regard triste, son teint diaphane et sa grâce de chaque instant. La rencontre entre ces deux êtres que la vie (ou la mort) semble séparer va remettre en question la condition et la mission de Juste. Thimotée Robart et Judith Chemla crèvent l’écran et élèvent ce premier film très aérien, qui n’a pas peur du romanesque et qui dresse en même temps le portrait d’une ville éternelle, loin de tous les clichés habituels, mais dont l’aura quasi-mystique (superbe photographie) demeure omniprésente et palpable.

On pense également à Ghost (1990) de Jerry Zucker avec la présence de Juste auprès d’Agathe, qui le ressent et dont l’osmose est telle que les deux êtres séparés par le trépas parviennent quand même à s’unir, à se caresser, à faire l’amour. Le parc des Buttes-Chaumont devient un no man’s land où les vivants et les personnes décédées se confrontent, errent jusqu’à leur nouvelle destination, foulent une dernière fois le sol terrestre.

Vif-argent est un bijou au charme fou qui convoque L’Aventure de Mme Muir de Joseph L. Mankiewicz et même Always de Steven Spielberg, tout en lui insufflant une folle modernité.

LE DVD

Disponible chez Blaq Out, Vif-argent bénéficie d’une sortie en DVD très soignée avec tout d’abord un très beau visuel. Le menu principal est fixe et musical.

L’éditeur propose tout d’abord un montage de séquences de Vif-argent, commentées par Stéphane Batut (4’). Le réalisateur revient sur la scène d’ouverture, la rencontre entre Juste et Agathe et la séquence de l’épingle.

Nous retrouvons ensuite Stéphane Batut et le monteur François Quiqueré, qui commentent quatre scènes coupées (Karim, Le Secret d’Alpha, La biche, La bague). Les deux collaborateurs indiquent la raison de leur éviction au montage final, leur intention et replacent ces séquences dans l’histoire du film.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Vif-argent, mais une édition standard de haut niveau, qui respecte les partis pris essentiellement nocturnes de la directrice de la photographie Céline Bozon (Exils, Transylvania, Pauline détective). Les contrastes sont fermes, le piqué acéré, les détails appréciables. Certaines petites baisses de la définition n’entament en rien le confort de visionnage.

Les ambiances naturelles sont un peu plus discrètes et finalement, l’ensemble de l’action se retrouve canalisé sur les enceintes frontales en ce qui concerne le mixage Dolby Digital 5.1. Néanmoins, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Stéréo de fort bon acabit.

Crédits images : © Blaq Out / Les Films du Losange / ESC Distribution / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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