TONI EN FAMILLE, réalisé par Nathan Ambrosioni, disponible en DVD le 10 janvier 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Camille Cottin, Léa Lopez, Thomas Gioria, Louise Labèque, Oscar Pauleau, Juliane Lepoureau, Catherine Mouchet, Guillaume Gouix…

Scénario : Nathan Ambrosioni

Photographie : Raphaël Vandenbussche

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

À 42 ans, Toni, de son vrai prénom Antonia, élève seule ses cinq enfants, un véritable travail à temps complet. Ex-vedette de télécrochet dans sa jeunesse, elle chante aussi le soir pour nourrir sa famille. Aujourd’hui, ses deux aînés s’apprêtent à partir à l’université. Toni s’interroge : que deviendra-t-elle quand tous ses enfants auront quitté le nid familial ? Lui est-il encore possible de se réinventer ?

Nathan Ambrosioni n’aura que 25 ans en 2024 et pourtant ce réalisateur autodidacte, devenu le plus jeune metteur en scène à bénéficier de l’avance sur recettes du CNC, a déjà livré deux longs-métrages d’une étonnante maturité. Le premier, Les Drapeaux de papier, sorti en 2018, réunissait Noémie Merlant, Guillaume Gouix, Jérôme Kircher et Alysson Paradis et imposait d’emblée une vraie patte d’auteur. Le second est donc Toni en famille, qui, à l’instar de son film précédent, est mis en scène, écrit et monté par Nathan Ambrosioni. Celui-ci passe la vitesse supérieure et livre une comédie-dramatique aussi drôle que délicate, tendre, percutante et bouleversante, magnifiquement interprétée par Camille Cottin, qui n’en finit plus d’étonner et qui trouve indiscutablement ici l’un de ses plus grands rôles. Elle est par ailleurs excellemment entourée par cinq jeunes acteurs exceptionnels, parmi lesquels se détachent Léa Lopez, également née en 1999, déjà pensionnaire de la Comédie-Française, vue dans les séries Clem et Nina, qui s’impose ici comme une grande révélation. Véritable coup de coeur, Toni en famille, auréolé d’un beau succès critique et public (300.000 entrées) démontre que Nathan Ambrosioni en a sérieusement sous le capot et donne sacrément envie de suivre sa carrière.

Antonia, dite Toni, élève ses cinq enfants adolescents. Elle a connu dans sa jeunesse une certaine notoriété comme chanteuse, et chante encore parfois le soir pour arrondir ses fins de mois. Mais alors que ses deux ainés s’apprêtent à passer leur baccalauréat et à suivre leur voie, elle se met à s’interroger sur sa vie et à avoir envie de lui donner une orientation qui lui convienne. Sa carrière de chanteuse n’a jamais correspondu à ses souhaits, elle n’a fait que réaliser le rêve de sa mère. L’éducation de ses enfants l’a ensuite beaucoup occupée, et l’occupe encore beaucoup, mais son véritable projet serait de devenir enseignante. Pour réaliser son rêve, elle fait un bilan de compétences, une demande de soutien financier auprès de Pôle emploi, s’inscrit à l’université. Ses enfants ne sont pas toujours très enthousiastes face à son projet, et les obstacles sont nombreux. Mais obstinément, malgré tout, elle poursuit dans la voie qu’elle a choisie.

Ça marche décidément très bien pour Camille Cottin, qui ces dernières années sera apparue devant la caméra de Tom McCarthy (Stillwater) aux côtés de Matt Damon, Ridley Scott (House of Gucci), Kenneth Branagh (Mystère à Venise), tout en multipliant les films dans nos contrées (Mon légionnaire, Coeurs vaillants et bientôt L’Empire de Bruno Dumont). La comédienne née en 1978 a pris du galon depuis le triomphe international de la série Dix pour cent et elle le démontre une fois de plus dans Toni en famille, dans lequel elle interprète le rôle-titre (un hommage à Toni Collette dixit Nathan Ambrosioni) et campe une mère de famille, veuve, qui élève seule ses cinq enfants âgés de 12 à 19 ans. Alors que ses deux aînés sont sur le point de quitter le nid, sa plus grande espérant être prise dans une école de danse basée à l’étranger et son fils se préparant à partir à Lyon pour ses études, Toni, 42 ans, ancienne vedette de la Star Academy et ayant connu la gloire avec un seul tube, se remet en question. Elle qui a consacré les vingt dernières années de son existence à faire en sorte que ses enfants ne manquent de rien et qui avait participé à ce radio-crochet sur l’insistance de sa mère, se demande si elle pourrait enfin penser à elle, s’il n’est pas trop tard pour le faire…et surtout vers quoi se diriger, elle qui parvient à joindre les deux bouts en faisant des extras, en chantant dans des restaurants où on ne l’écoute pas, ou à faire quelques apparitions dans des enterrements de vie de jeune fille. Et pourquoi pas rependre des études ? Mais ses rejetons ne voient pas forcément d’un bon œil le fait que leur mère se lance dans ce projet, car cela ne veut-il pas dire que le temps qu’elle s’accorde signifie qu’elle leur en consacre moins ?

Camille Cottin est splendide en wonder-woman du quotidien, d’un naturel confondant, à la fois forte et d’une sensibilité à fleur de peau. On passe du rire aux larmes dans Toni en famille, emportés que nous sommes par le train-train, le spectateur étant placé comme témoin ou comme un septième membre de ce foyer, où chacun tente d’exister individuellement au sein du groupe. On en ressort conquis, le coeur gros, le réalisateur évitant tout pathos et l’on se met à imaginer ce que vont devenir Toni, Mathilde (Léa Lopez), Marcus (Thomas Gioria, révélation de Jusqu’à la garde), Camille (Louise Labèque, Roulez jeunesse, Zombi Child, Coma, En thérapie), Timothée (Oscar Pauleau, Beaux-parents) et Olivia (Juliane Lepoureau, Le Voyage de Fanny, La Ch’tite famille). On leur souhaite le meilleur, probablement un signe de la grande réussite de ce superbe second long-métrage.

LE DVD

Après son joli succès rencontré dans les salles avec la barre des 300.000 spectateurs franchie, Toni en famille déboule (uniquement) en DVD chez Studiocanal. La jaquette, glissée dans un boîtier classique Amaray de couleur noire, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et muet.

On démarre la section des suppléments avec une excellente interview de Nathan Ambrosioni (7’). Le jeune réalisateur, après avoir « pitché » le film, revient sur ses intentions (« l’envie de faire une comédie-dramatique, trouver le ton entre le rire et les larmes »), les sujets abordés (la remise en question, le nouveau départ, la famille, comment trouver son individualité au sein d’un groupe), le casting (Toni en famille a été écrit spécialement pour Camille Cottin) et les premiers retours des spectateurs.

Au tour de Camille Cottin de s’exprimer sur Toni en famille (10’). La comédienne aborde la psychologie de son personnage, indique ce qui l’a intéressé à la lecture du scénario, dissèque les thèmes du film et évoque le travail avec le réalisateur et ses partenaires.

Le making of (24’) disponible, compile des instantanés de tournage, sur le plateau, sans commentaire supplémentaire que le son direct. On peut y voir Nathan Ambrosioni, qui a de l’énergie à revendre, avec les acteurs et son équipe technique, bondissant, souriant, ému pendant les prises. La complicité des comédiens est également notable entre les prises.

Le dernier bonus est un clip-karaoké de la chanson Pas qu’un peu (3’), le fameux tube d’Antonia enregistré après sa participation à la Star Academy.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray donc pour Toni en famille. Évidemment, si le piqué n’est pas aussi pointu qu’en HD, cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la photographie de Raphaël Vandenbussche (Rodéo, Garçon chiffon, Les Drapeaux de papier). La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets et les ambiances. La piste Stéréo est de fort bon acabit et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.